samedi 5 mai 2012

Syrie : "Il n'est pas surprenant de voir un cessez-le-feu précaire, de voir parfois des accès de violences" ( Robert Mood )

Des milliers de Syriens manifestaient vendredi à travers le pays pour soutenir la révolte réprimée dans le sang par le régime, mais l’ONU a dit voir de "petits signes" de respect du plan international de sortie de crise. Comme chaque vendredi depuis mars 2011, des milliers de Syriens ont défilé dans plusieurs régions à l’appel des militants pro-démocratie pour affirmer leur attachement à la révolte contre le régime de Bashar al-Assad, sous le slogan de "notre loyauté (à la révolution) est notre salut".

"La Syrie veut la liberté", "la Syrie saigne", "Bashar, dégage !" lit-on sur les pancartes brandies par les manifestants à Arbine, près de Damas, tandis que des vidéos mises en ligne par des militants montraient des foules rassemblées à Homs, Qamichli (nord-est), Idleb (nord-est) et Deraa (sud).

"Nous résisterons même s’ils occupent toutes les places", affirment des militants à Deraa, berceau de la contestation, "le peuple veut mettre à mort Bachar", clame la foule à Idleb.

Les manifestations ont lieu habituellement à la sortie des mosquées après la prière hebdomadaire, malgré le quadrillage des villes par l’armée, la répression et la militarisation de la révolte déclenchée il y a près de 14 mois.

Jeudi, les forces de sécurité ont mené une brutale attaque contre la cité universitaire d’Alep, tuant quatre étudiants et arrêtant 200, après une manifestation antirégime. Les chambres étudiantes ont été mises à sac par les troupes et l’Université a suspendu les cours jusqu’au 13 mai.
C’était, selon les militants, de la répression la plus meurtrière contre ce centre nerveux de la contestation dans la deuxième ville de Syrie, longtemps restée à l’écart de la mobilisation.
"Ils nous ont fait descendre devant le dortoir des filles et nous ont obligés à nous déshabiller et à nous mettre à plat ventre", a affirmé à l’AFP Abu Taym, étudiant de 22 ans. "Ils se sont mis à marcher sur nous en proférant des insultes". Certains étudiants ont "préféré se jeter du 3e et du 4e étage plutôt que de se faire arrêter", selon un militant.

Le chef de la mission des observateurs, qui surveillent depuis le 16 avril la trêve préconisée par le plan de l’émissaire international Kofi Annan, a estimé jeudi que c’était à l’armée syrienne de faire le premier pas pour arrêter les violences.

Interrogé sur la poursuite des violences meurtrières, le général Robert Mood a dit après avoir rencontré les rebelles à Homs : "Il n’est pas surprenant de voir un cessez-le-feu précaire, de voir parfois des accès de violences".

Malgré les violations quotidiennes de la trêve, il a assuré vouloir tenter de créer un climat de confiance, alors même que le pouvoir reste déterminé à écraser la rébellion, et l’opposition, à réclamer la chute du régime.
Se voulant quelque peu optimiste, le porte-parole de M. Annan a dit que le plan était "sur les rails". "Il y a de petits signes sur le terrain.

Certaines armes lourdes ont été retirées, certaines sont restées (...)certains actes de violence ont reculé, certains se sont poursuivis".

"Il y a aussi des signes que vous ne voyez pas, car cette médiation est menée dans la discrétion", a-t-il poursuivi à Genève en soulignant que Annan informerait le Conseil de sécurité de l’ONU de la mise en oeuvre de son plan le 8 mai, par vidéo-conférence à partir de Genève.

"Une crise qui a débuté il y a plus d’un an ne peut pas être résolue en un jour ou une semaine", a encore dit le porte-parole.

Au total, plus de 600 personnes, en majorité des civils, sont morts en Syrie depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et plus de 11.100 depuis le début de la révolte, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le plan Annan prévoit aussi la libération des détenus, le droit de manifester pacifiquement et la libre circulation des médias et des humanitaires.

Le nombre des observateurs chargés d’évaluer le respect du cessez-le-feu devrait passer à 100 d’ici un mois, avant d’atteindre 300 membres, conformément à une résolution du Conseil de sécurité.

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