Des milliers de Syriens manifestaient vendredi à travers le pays pour
soutenir la révolte réprimée dans le sang par le régime, mais l’ONU a
dit voir de "petits signes" de respect du plan international de sortie
de crise.
Comme chaque vendredi depuis mars 2011, des milliers de Syriens ont
défilé dans plusieurs régions à l’appel des militants pro-démocratie
pour affirmer leur attachement à la révolte contre le régime de Bashar
al-Assad, sous le slogan de "notre loyauté (à la révolution) est notre
salut".
"La Syrie veut la liberté", "la Syrie saigne", "Bashar, dégage !" lit-on
sur les pancartes brandies par les manifestants à Arbine, près de
Damas, tandis que des vidéos mises en ligne par des militants montraient
des foules rassemblées à Homs, Qamichli (nord-est), Idleb (nord-est) et
Deraa (sud).
"Nous résisterons même s’ils occupent toutes les places", affirment des
militants à Deraa, berceau de la contestation, "le peuple veut mettre à
mort Bachar", clame la foule à Idleb.
Les manifestations ont lieu habituellement à la sortie des mosquées
après la prière hebdomadaire, malgré le quadrillage des villes par
l’armée, la répression et la militarisation de la révolte déclenchée il y
a près de 14 mois.
Jeudi, les forces de sécurité ont mené une brutale attaque contre la
cité universitaire d’Alep, tuant quatre étudiants et arrêtant 200, après
une manifestation antirégime. Les chambres étudiantes ont été mises à
sac par les troupes et l’Université a suspendu les cours jusqu’au 13
mai.
C’était, selon les militants, de la répression la plus meurtrière contre
ce centre nerveux de la contestation dans la deuxième ville de Syrie,
longtemps restée à l’écart de la mobilisation.
"Ils nous ont fait descendre devant le dortoir des filles et nous ont
obligés à nous déshabiller et à nous mettre à plat ventre", a affirmé à
l’AFP Abu Taym, étudiant de 22 ans. "Ils se sont mis à marcher sur nous
en proférant des insultes". Certains étudiants ont "préféré se jeter du
3e et du 4e étage plutôt que de se faire arrêter", selon un militant.
Le chef de la mission des observateurs, qui surveillent depuis le 16
avril la trêve préconisée par le plan de l’émissaire international Kofi
Annan, a estimé jeudi que c’était à l’armée syrienne de faire le premier
pas pour arrêter les violences.
Interrogé sur la poursuite des violences meurtrières, le général Robert
Mood a dit après avoir rencontré les rebelles à Homs : "Il n’est pas
surprenant de voir un cessez-le-feu précaire, de voir parfois des accès
de violences".
Malgré les violations quotidiennes de la trêve, il a assuré vouloir
tenter de créer un climat de confiance, alors même que le pouvoir reste
déterminé à écraser la rébellion, et l’opposition, à réclamer la chute
du régime.
Se voulant quelque peu optimiste, le porte-parole de M. Annan a dit que
le plan était "sur les rails". "Il y a de petits signes sur le terrain.
Certaines armes lourdes ont été retirées, certaines sont restées (...)certains actes de violence ont reculé, certains se sont poursuivis".
"Il y a aussi des signes que vous ne voyez pas, car cette médiation est
menée dans la discrétion", a-t-il poursuivi à Genève en soulignant que
Annan informerait le Conseil de sécurité de l’ONU de la mise en
oeuvre de son plan le 8 mai, par vidéo-conférence à partir de Genève.
"Une crise qui a débuté il y a plus d’un an ne peut pas être résolue en un jour ou une semaine", a encore dit le porte-parole.
Au total, plus de 600 personnes, en majorité des civils, sont morts en
Syrie depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et plus de 11.100
depuis le début de la révolte, selon l’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH).
Le plan Annan prévoit aussi la libération des détenus, le droit de
manifester pacifiquement et la libre circulation des médias et des
humanitaires.
Le nombre des observateurs chargés d’évaluer le respect du cessez-le-feu
devrait passer à 100 d’ici un mois, avant d’atteindre 300 membres,
conformément à une résolution du Conseil de sécurité.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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