vendredi 25 novembre 2016

Israël/Palestibe : Solidarité avec Mohammed Bakri, à nouveau attaqué pour Jenin, Jenin

 Genève, le 25 novembre 2016 - À la veille de son départ pour participer aux Rencontres cinématographiques Palestine : Filmer C’est Exister (PFC'E) qui ont débuté hier à Genève, l’acteur et cinéaste Mohammed Bakri apprenait qu’une nouvelle plainte pour diffamation, avec une demande de dédommagement d’un montant de 2,7 millions de shekels (plus de 700'000 CHF), venait d’être déposée contre lui pour son film documentaire Jenin, Jenin. Et ce, par un militaire israélien qui avait participé au siège et à la destruction totale du camp de réfugiés de Jénine en avril 2002. D’abord interdit en Israël à sa sortie, le film avait ensuite fait l’objet de plaintes pour diffamation avec des demandes de dédommagement d’exactement le même montant par cinq autres militaires israéliens. Au bout d’éprouvantes batailles judiciaires, l’interdiction du film avait finalement été levée et les plaintes déboutées par la Cour suprême israélienne.
Les Rencontres cinématographiques Palestine : Filmer C’est Exister affirment leur entière solidarité avec Mohammed Bakri face à cette nouvelle attaque contre la création cinématographique critique et d’opposition en Israël, et rappelle que les publics genevois et romands auront deux occasions pour voir Jenin, Jenin et dialoguer avec son auteur au cinéma Spoutnik à Genève, le dimanche 27 nov. à 11h, et à Lausanne le lundi 28 nov. à 20h au cinéma Oblò.
Pour rappel, en avril 2002, durant la deuxième Intifada, Mohammad Bakri s’est rendu à Jénine afin de constater par lui-même les dégâts résultants de la bataille sanglante qui s’était déroulée dans le camp de réfugiés de cette ville palestinienne. Cette terrible expérience a amené l’acteur et cinéaste de renommée internationale, Palestinien citoyen d’Israël, bien connu pour son engagement pour la paix, à réaliser le film Jenin, Jenin, pour montrer les violents évènements survenus dans le camp tels qu’ils ont été vécus par ses habitant-e-s.
Depuis la sortie du film en 2003, Bakri a été confronté à nombre d'attaques judiciaires et politiques très dures de la part de plusieurs organisations qui cherchaient à empêcher sa diffusion en Israël et dans le monde. Bakri a été de fait banni des productions théâtrales et cinématographiques en Israël.
Cette nouvelle plainte pour diffamation, accompagnée d'une demande d’une forte somme financière en guise de dédommagement, poursuit le travail de censure contre les artistes qui expriment des vues critiques et d’opposition en Israël.
PFCE appelle tous ceux et celles qui, en Suisse et ailleurs, ont à cœur la liberté d’expression pour les artistes et les réalisateurs et réalisatrices, à faire part de leur solidarité avec Mohammed Bakri.. En ce sens, le comité de PFC'E vous convie à venir échanger avec Mohammed Bakri à l'issue de la projection de Jenin, Jenin dimanche 27 nov. à 11h au Spoutnik, et à relayer cette information parmi votre réseau.

Le comité de PFC'E

Israël/Palestine : L'Etat hébreu dénonce la France après une décision sur les produits des colonies

Une manifestation appelant au boycott d'Israël, le 1er octobre 2015 à Paris (Afp)

Israël a accusé la France de favoriser les boycotts anti-israéliens après les instructions données par Paris aux acteurs économiques d'appliquer une décision de l'UE sur un étiquetage différencié des produits en provenance des territoires occupés par Israël.
Le ministère français de l'Economie a avisé jeudi les opérateurs économiques qu'ils devaient ajouter "colonie israélienne" ou une mention équivalente sur les produits alimentaires fabriqués dans les colonies, c'est-à-dire les implantations civiles israéliennes, de Cisjordanie et du plateau du Golan occupés par Israël depuis 1967, selon Légifrance, un site gouvernemental français.
Le ministère français est l'un des tout premiers, sinon le premier, à mettre en oeuvre les consignes passées en novembre 2015 par l'Union européenne.
Celle-ci avait alors approuvé l'application de l'étiquetage imposant à tous les pays membres d'étiqueter les marchandises venues des colonies israéliennes qui, pour l'UE comme la communauté internationale, ne font pas partie du territoire israélien.
La mesure, qui concerne principalement des produits alimentaires (fruits, légumes, vins) et cosmétiques, avait provoqué la fureur du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu.
"Le gouvernement israélien condamne la décision" française, a réagi jeudi soir tard le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Il est regrettable de voir la France prendre des mesures susceptibles d'être interprétées comme encourageant les extrémistes et le mouvement de boycott contre Israël", poursuit-il.
Le ministère juge encore "incompréhensible et même inquiétant que la France ait décidé de pratiquer deux poids, deux mesures aux dépens d'Israël" alors qu'il y a 200 querelles territoriales dans le monde.
"En vertu du droit international, le plateau du Golan et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, ne font pas partie d'Israël", note de son côté le ministère français.
Une étiquette disant seulement "produit originaire du plateau du Golan" ou de Cisjordanie "n'est pas acceptable", ajoute-t-il.
"Il est nécessaire d'ajouter, entre parenthèses, l'expression +colonie israélienne+ ou des termes équivalents", précise-il.

Israël/Palestine : Les avions étrangers à l'aide d'Israël confronté à des feux exceptionnels

Les dirigeants de la communauté arabe se sont indignés, faisant valoir que les Arabes étaient également touchés par les incendies. (Afp)

Des avions étrangers ont commencé vendredi à aider Israël à combattre une série exceptionnelle d'incendies qui ont poussé à l'évacuation de dizaines de milliers de personnes et nourri de nouveau la suspicion entre une partie de l'opinion israélienne et la communauté arabe.
Israël, confronté depuis quatre jours sur tout son territoire à des dizaines de feux favorisés par une extrême sécheresse et des vents forts, a reçu des promesses de la part de la Russie, de la France, de la Turquie ou de plusieurs pays méditerranéens (Italie, Grèce, Croatie, Chypre) d'envoyer des appareils lui prêter main forte.
Les Palestiniens eux-mêmes sont venus dans la nuit à la rescousse, envoyant 41 pompiers et huit camions à Haïfa (nord) et à Beit Meir (centre) où, vision hors du commun, les hommes du feu israéliens et palestiniens ont combattu les flammes côte à côte.
Les incendies se sont poursuivis dans la nuit, forçant les secours à évacuer les centaines d'habitants de Beit Meir, village coopératif religieux dans les collines proches de Jérusalem.
Ils semblaient s'apaiser vendredi matin malgré la persistance des vents.
Une partie de la population de Haïfa a passé la nuit loin de chez elle après l'évacuation jeudi de dizaines de milliers d'habitants fuyant les flammes de plusieurs mètres de haut qui attaquaient les immeubles et menaçaient les crèches, les écoles et des quartiers entiers.
Vendredi matin, la situation était "sous contrôle" à Haïfa, a dit à l'AFP un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld qui a cependant incité à la prudence: "Les choses peuvent (...) évoluer au moment même où nous parlons".
Des centaines de policiers, de pompiers et de secouristes restaient déployés dans les rues des quartiers les plus durement touchés pour surveiller et répondre à d'éventuels nouveaux départs de feu, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une partie des avions étrangers ont commencé à opérer vendredi matin, a indiqué à l'AFP le porte-parole des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon.
"Nous sommes profondément reconnaissants envers la communauté internationale. Sa mobilisation prouve qu'en cas de crise, nous pouvons compter sur de nombreux amis", a-t-il dit à l'AFP.
Avec la multiplication des incendies depuis mardi, les moyens de lutte d'Israël ont touché à leurs limites, suscitant des interrogations sur les leçons tirées du plus grave sinistre de l'histoire d'Israël qui avait fait 44 morts à Haïfa en 2010.
La vague d'incendies, jusqu'à des dizaines par jour à travers le territoire, a aussi ravivé la suspicion entre une partie de la population d'une part et la communauté arabe et les Palestiniens d'autre part.
Les Arabes israéliens, qui représentent 17,5% de la population d'Israël, se considèrent communément comme Palestiniens et sympathisent avec la cause de ces derniers dans le conflit israélo-palestinien non-résolu depuis des décennies.
Les propos de plusieurs officiels israéliens sur les incendies ont été largement interprétés comme mettant en cause les Arabes israéliens ou les Palestiniens.
Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan a indiqué qu'une partie des feux étaient des actes criminels motivés par le conflit.
Un poids lourd du gouvernement, le nationaliste religieux Naftali Bennett, a assuré que les feux ne pouvaient avoir été allumés par des juifs. Plusieurs officiels ont parlé de terrorisme, sans désigner explicitement les Arabes ou les Palestiniens.
Les médias israéliens ont commencé à s'interroger sur le déclenchement d'une "intifada du feu", par référence aux soulèvements populaires palestiniens passés.
Equivoque, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a prévenu que tout incendie volontaire serait traité comme un "acte de terrorisme", sans dire explicitement si c'était le cas de certains feux récents.
"Quand le Premier ministre parle de terrorisme, même s'il n'emploie pas le mot d'Arabes, tout le monde est censé comprendre: (...) +les Arabes mettent le feu au pays+", éditorialisait le quotidien Yedioth Ahronoth, peu favorable au chef du gouvernement.
Les dirigeants de la communauté arabe se sont indignés, faisant valoir que les Arabes israéliens étaient également touchés par les incendies.
"Je recommande vivement de ne pas jeter de l'huile sur le feu", a dit pour sa part à la radio publique le chef de file de l'opposition israélienne, Isaac Herzog. "La situation est moins claire que ne le suggèrent les propos tonitruants" de certains, a-t-il dit.

(25-11-2016)

Liban : Les autorités veulent emmurer le camp de réfugiés palestiniens de Ain al-Hilweh

Ain al-Hilweh (signifiant littéralement "source d'eau douce"), est le plus grand camp de réfugiés palestiniens au Liban. Il avait une population de plus de 70 000 réfugiés palestiniens, mais a gonflé jusqu'à près de 120 000 individus en conséquence de l'afflux de réfugiés en provenance de Syrie depuis 2011.
Le camp est situé à l'ouest du village de Miye Miye et du camp de réfugié Mieh Mieh, au sud-est de la ville portuaire de Sidon et au nord de Darb Es Sim.
Ain al-Hilweh a été établi près de la ville de Sidon en 1948 par le Comité International de la Croix-Rouge pour accueillir des réfugiés d'Amqa, de Saffuriya, de Sha'ab, deTaitaba, de Manshieh, d'al-Simireh, d'al-Nahr, de Safsaf, d'Hittin, d'al-Ras al-Ahmar, d'al-Tira et de Tarshiha dans le nord de la Palestine.
Ain Al-Hilweh est situé sur un terrain appartenant à différents propriétaires fonciers de Miye Miye, de Darb Es Sim et de Sidon.
Du fait que les forces armées libanaises ne soient pas autorisés à entrer dans le camp d'Ain al-Hilweh, il a été surnommé "zone de non-droit" par les médias libanais. De nombreux individus recherchés par le gouvernement libanais sont en effet soupçonnés d'avoir trouvé refuge dans le camp du fait de son insubordination aux autorités libanaises.

jeudi 24 novembre 2016

Égypte: 8 soldats tués par l'explosion d'une voiture piégée

Huit soldats égyptiens ont été tués jeudi dans l'attaque à la voiture piégée d'un poste de contrôle dans le Sinaï, où un groupe lié à Daesh mène une insurrection, a annoncé l'armée.
"Un groupe de terroristes armés a attaqué un de nos postes de contrôle dans le nord du Sinaï", a indiqué un porte-parole militaire. "Une attaque à la voiture piégée, les affrontements qui ont suivi et l'explosion d'un des véhicules ont causé la mort de huit membres des forces armées", a-t-il précisé.

(25-11-2016)

Israël/Palestine : Un ministre israélien accuse les Arabes pour les incendies

Des flammes de plusieurs mètres menacent des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville d'Haïfa, le 24 novembre 2016 (Afp)

 "Seuls ceux à qui la terre n'appartient pas sont capables d'y mettre le feu", a dit sur Twitter un poids lourd du gouvernement de droite, le ministre nationaliste religieux Naftali Bennett.
Les dirigeants arabe se sont immédiatement indignés que les leurs soient montrés du doigt, criant au racisme. "Cela fait des centaines ou des milliers d'années que nous vivons dans ce pays et nous n'y avons jamais mis le feu", a dit le député arabe Ayman Odeh dans un communiqué, ajoutant que les Arabes étaient eux aussi touchés par les incendies. Un autre député arabe, Ahmed Tibi, a qualifié les accusateurs de "pyromanes".

(25-11-2016)

Irak: Attentat au véhicule piégé visant des pèlerins chiites

Soixante-dix personnes, en majorité des pèlerins iraniens de retour de la ville sainte chiite de Kerbala, ont été tuées jeudi par un attentat au camion piégé au sud-est de Bagdad, a-t-on appris auprès d'un responsable local.
"Au moins 70 personnes ont été tuées, dont moins de 10 Irakiens, le reste étaient des Iraniens", a déclaré à l'AFP Falah al-Radhi, chef de la sécurité du conseil provincial de Babylone, après l'attentat qui s'est produit dans le village de Chomali, à 120 km de la capitale irakienne.

(24-11-2016)

Israël/Palestine : Évacuations massives et état d'urgence dans le nord d'Israël face aux incendies

Des flammes de plusieurs mètres menacent des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville d'Haïfa, le 24 novembre 2016 (Afp)

Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées jeudi à Haïfa, troisième ville d'Israël, fuyant les feux de végétation qui se succèdent dans le pays depuis trois jours et dont les autorités soupçonnent que beaucoup ont une motivation politique.
Des quartiers entiers de la ville des bords de la Méditerranée, une université, des écoles et les prisons ont été évacuées, a indiqué une porte-parole de la police, Luba Samri.
"Au total, nous avons dû évacuer 60.000 habitants, c'est sans précédent à Haïfa", a dit le maire de la ville Yona Yahav.
Les secours affirment avoir transféré dans les hôpitaux une soixantaine de blessés légers, la plupart hospitalisés pour des problèmes respiratoires.
L'armée a annoncé avoir déployé deux bataillons et rappelé des réservistes avec du matériel pour aider pompiers et policiers. L'aéroport local a décidé de fermer, a annoncé son porte-parole.
Un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, a cependant démenti des informations d'un responsable des pompiers selon lequel l'état d'urgence avait été décrété.
D'autres sinistres ont été rapportés dans la journée dans la périphérie de Jérusalem, à Nataf et Sha'ar Hagai, à Modiin (centre), mais aussi à Talmon, colonie israélienne de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, a rapporté la police.
Trois cents enfants ont été évacués d'une école de Talmon, a dit la police.
A Haïfa, des flammes de plusieurs mètres léchant la végétation menaçaient des immeubles de plusieurs étages dans les quartiers périphériques de la ville mixte, juive et arabe, a constaté un photographe de l'AFP. De petits avions combattaient les flammes en répandant de l'eau et du dispersant coloré, notamment à proximité des stations-service.
Le quartier de Ramot Sapir était enveloppé d'une fumée dense poussée par un vent fort. Dans les rues quasiment désertées, seuls quelques résidents s'éloignaient à pied ou en voiture, certains se protégeant des cendres épaisses avec des masques, a constaté un journaliste de l'AFP.
Environ 600 détenus ont été évacués des prisons sous forte escorte, a dit la police.
Le centre et le nord d'Israël sont en proie depuis trois jours à une succession d'incendies de végétation favorisés par la très grande sécheresse des derniers mois et des vents forts. Aucun décès n'a été rapporté jusqu'alors.
La moitié environ des incendies serait d'origine criminelle, commis soit par des pyromanes soit pour des raisons liées au conflit israélo-palestinien, a dit le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan sur la radio militaire.
Environ 1,4 million d'Arabes israéliens (17,5% de la population), descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, vivent dans le pays. Citoyens israéliens, ils se considèrent largement comme Palestiniens et sympathisent avec leur cause. Des dizaines de milliers de Palestiniens travaillent en outre quotidiennement en Israël, malgré la persistance de l'un des plus anciens conflits de la planète.
Le chef de la police Roni al-Sheikh a fait état d'arrestations sans plus de précision.
"Seuls ceux à qui la terre n'appartient pas sont capables d'y mettre le feu", a dit sur Twitter un poids lourd du gouvernement de droite, le ministre nationaliste religieux Naftali Bennett.
Les leaders de la minorité arabe se sont immédiatement indignés que les leurs soient montrés du doigt, criant au racisme. "Cela fait des centaines ou des milliers d'années que nous vivons dans ce pays et nous n'y avons jamais mis le feu", a dit le député arabe Ayman Odeh dans un communiqué, ajoutant que les Arabes étaient eux aussi touchés par les incendies. Un autre député arabe, Ahmed Tibi, a qualifié les accusateurs de "pyromanes".
Israël, sous-équipé face aux incendies de grande ampleur, devait recevoir dans la journée le soutien d'une dizaine d'avions envoyés de Russie, Turquie, Grèce, Italie, Croatie et Chypre.
La vague d'incendies en cours a réveillé le souvenir du sinistre le plus grave de l'histoire d'Israël, survenu fin 2010, précisément sur les hauteurs de Haïfa, sur le mont Carmel.
L'incendie avait dévasté pendant plus de trois jours plusieurs milliers d'hectares et avait fait 44 morts, pour la plupart des élèves gardiens de prison pris au piège des flammes à bord d'un autobus.

(24-11-2016)

Israël/Palestine : Tel Aviv active un projet de colonisation pour la 1e fois depuis l'élection de Donald Trump

Israël a réactivé, selon une ONG, le projet de construire 500 nouveaux logements dans un quartier de colonisation de Jérusalem-Est annexée et occupée, une annonce de mauvaise augure pour les Palestiniens quant à la future présidence Trump.
"Il s'agit du premier plan à aller de l'avant depuis les élections américaines", a dit à l'AFP Betty Herschman, une responsable de l'ONG Ir Amim, opposée à la colonisation. Pour elle, le projet s'inscrit "dans la droite ligne" des déclarations des officiels qui veulent mettre la victoire de Donald Trump au service de la colonisation.
Une commission de la municipalité de Jérusalem a décidé mercredi de faire avancer l'instruction d'un projet de construction de 500 logements à Ramat Shlomo, a indiqué Ir Amim.
Ramat Shlomo est une importante colonie de Jérusalem-Est, partie majoritairement palestinienne de Jérusalem qu'Israël a annexée et où il impose ses lois, bien que l'annexion ne soit pas reconnue internationalement et que les Palestiniens veuillent faire de Jérusalem-Est la capitale d'un futur Etat indépendant toujours dans les limbes.
La colonisation, c'est-à-dire la construction par Israël d'habitations civiles dans les territoires occupés comme Jérusalem-Est, est considérée comme illégale par la communauté internationale. Celle-ci y voit un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et Palestiniens, ce que conteste le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël.
Après huit années d'administration Obama, qui tient elle aussi la colonisation pour une entrave à la paix, la droite israélienne s'est emparée de la victoire de Donald Trump. Elle y a vu la chance de relancer à grande échelle la colonisation, quasiment gelée selon elle sous la pression américaine.
Meir Turjeman, un maire adjoint de Jérusalem, avait salué dans la victoire de M. Trump le signal pour ramener à la vie des projets gelés et construire des milliers de nouveaux logements à Jérusalem-Est.
L'extension de Ramat Shlomo, peuplée de 20.000 Israéliens très majoritairement ultra-orthodoxes (stricts observants des lois juives), était en suspens depuis 2014, selon la presse israélienne.
Un haut conseiller de M. Trump, Jason Greenblatt, déclarait en novembre à la radio israélienne que le président élu ne voyait pas dans la colonisation un obstacle à la paix.
Une porte-parole de la municipalité de Jérusalem, Brachie Sprung, a minimisé la décision de mercredi en la présentant comme de "routine": "Les plans en question ne sont pas nouveau, ils ont été approuvés il y a des années".
La décision expose Israël aux critiques. Le ministère français des Affaires étrangères avait anticipé l'annonce mardi. "La poursuite ininterrompue de la politique de colonisation ne fait qu'attiser les tensions sur le terrain et compromet les perspectives d'une paix juste et durable", avait dit un porte-parole.
Environ 600.000 colons israéliens vivent à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, territoire palestinien voisin.
Dans la foulée de la victoire de M. Trump, la composante la plus droitière de la coalition gouvernementale a fait adopter le 16 novembre par le parlement et en lecture préliminaire un projet très controversé. Il légaliserait en Cisjordanie 2 ou 3.000 logements au regard de la loi qu'Israël applique dans la majorité du territoire palestinien.
L'administration Obama dénonce là un potentiel dangereux précédent.
Responsables, diplomates et analystes conjecturent sur la possibilité que Barack Obama, frustré par ses relations difficiles avec Netanayahu et surtout l'absence totale de progrès vers la paix entre Israéliens et Palestiniens sous sa présidence, ne prenne une initiative diplomatique de dernière minute avant de céder la place à M. Trump en janvier.
M. Obama pourrait soutenir une résolution de l'ONU sur le conflit israélo-palestinien ou rompre avec la politique consistant à opposer le veto américain à toute résolution défavorable à Israël, y compris sur la colonisation, spéculent-ils. Une autre éventualité envisagée est celle d'un discours énonçant les paramètres de résolution du conflit selon les Etats-Unis.
Netanyahu a lui-même exprimé sa préoccupation récemment devant l'éventualité d'une telle initiative.
Pour la première fois à un aussi haut niveau et publiquement, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a dit mercredi ne pas croire à une telle éventualité et a exhorté la droite israélienne à la patience.

(23-11-2016)

Maroc : Rabat travaille à son interconnexion africaine (Ghizlaine Badri)

Une locomotive de TGV fabriquée par Alstom à La Rochelle en train d'être chargée dans un bateau en direction de Tanger en juin 2015. (Afp) 

Une centaine d'entreprises de plus de 10 pays et représentant 250 participants se sont déplacés au Rail Industry Summit à Casablanca, en octobre dernier, afin d'échanger sur les problématiques liées aux infrastructures, à l'exploitation ferroviaire, la signalisation, la maintenance, le matériel ainsi que les équipements embarqués et les aménagements intérieurs des véhicules.
Coorganisé par Maroc Export et le Groupement des industries ferroviaires (GIFER) et Advanced Business Event (ABE), l'événement créé en février dernier se veut une plateforme de mise en relation afin de fédérer la filière ferroviaire au Maroc. « Notre pays s'est engagé dans une politique volontariste de développement des réseaux ferroviaires inter et intra-urbains, ainsi le plan « Maroc Rail 2040 » prévoit un réseau LGV de près de 1 500 kilomètres et près de 2 700 kilomètres de lignes classiques, pour près de 20 milliards de dollars d'investissement, la mise en place et l'équipement de nouvelles lignes devront également être accompagnés de la mise à niveau et du renouvellement du réseau existant de près de 2 000 kilomètres, Par ailleurs, plusieurs villes disposent de projets de mise en place ou d'extension de réseaux de tramway urbain  (Casablanca, Tanger, Rabat, Agadir...) générant un besoin prospectif significatif, notamment pour le matériel roulant. « Ces investissements colossaux constitueront une opportunité unique pour impulser une industrie marocaine du ferroviaire, à l'instar du benchmark international », a déclaré Latifa Echihabi, secrétaire générale du ministère du Commerce, de l'Industrie, de l'Investissement et de l'Économie numérique. La porte-parole du ministère a précisé lors de son allocution que les projets d'installation, d'extension ou de modernisation de lignes ferroviaires au niveau africain laissent présager une croissance durable de la demande régionale en équipements ferroviaires dans les 20 prochaines années, ce qui constituera un relais de croissance incontestable pour cette industrie.

Le rail occupe déjà une place prépondérante...
Le réseau ferroviaire du Maroc est le plus étendu du Maghreb et le deuxième d'Afrique après celui d'Afrique du Sud. Il se présente sous forme d'un couloir reliant Marrakech à Oujda et dessert les grandes villes et les principaux ports du royaume, à l'exception de ceux d'Agadir, cette initiative prometteuse ambitionne la mise en place d'un « écosystème, ferroviaire » performant dans le sillage, du plan d'accélération industrielle, un plan qui vise à transformer l'industrie marocaine en réel moteur de croissance économique, avec comme objectif à l'horizon 2020 la création de 500 000 nouveaux emplois, une contribution au PIB de 23 % ainsi que le rééquilibrage de la balance commerciale.

... et un partenariat industriel international se construit
Le colloque a eu lieu en présence des deux acteurs majeurs du secteur. Ainsi de Bombardier qui a annoncé son ambition de créer un cluster industriel ferroviaire au Maroc, visant à renforcer l'export vers l'Afrique, et exposé ses objectifs dans les secteurs ferroviaires et aéronautiques.
Le Canadien, présent au Maroc depuis 2011, a détaillé son plan d'action en partenariat avec l'Office national de chemin de fer, pour remettre en état des rames qui ont été fournis par Bombardier dans le passé, un projet de signalisation ferroviaire, qui relie les principales villes au Maroc de la côte casablancaise jusqu'à Tanger serait également en cours de réalisation. « Nous avons créé un bureau d'ingénieurie au Maroc pour développer une industrie ferroviaire Made in Morocco, toutes les conditions sont réunies pour y accéder : un tissu de clients et de fournisseurs étoffés, une stratégie de localisation performante et des projets ambitieux », a lancé Prina Mello, directeur des ventes et du transport Bombardier Afrique.
Pour rappel, le constructeur avait annoncé la création d'une usine qui permettrait à terme la création de 600 emplois directs pour fabriquer un « train marocain ». L'idée est de démarrer avec un taux d'intégration de 30 % et d'arriver à 70 % dans 10 ans. Pour l'instant, la présence de Bombardier transport au Maroc se limite à deux commandes, le renouvellement de 14 trains électriques de l'ONCF opérant sur la ligne Casablanca-Rabat (11 millions d'euros) ainsi qu'un contrat de signalisation pour équiper la ligne ONCF entre Casablanca-Kénitra et Sidi Yahya-Tanger, remporté en 2014 pour 3 millions d'euros.
Son concurrent « Alstom », implanté au Maroc depuis 1916, a exposé pour sa part le bilan de la convention industrielle stratégique qui le lie au royaume dans le cadre notamment de la future ligne TGV qui doit entrer en service d'ici à 2018. Le constructeur prévoit 175 millions d'euros de CA à export d'ici fin 2016 la création d'emplois indirects ainsi que le développement de son réseau de fournisseurs sur les 5 prochaines années.

Un enjeu de taille : former et mettre à niveau les acteurs locaux
Autre point abordé lors de ces rencontres, la formation, véritable fer de lance du secteur. « Le modèle marocain de l'expérience ferroviaire est une expérience inédite, un tissu industriel existe avec du savoir-faire, de la logistique qui réponde aux transports de marchandises et des personnes, plusieurs aspects vont accompagner cette industrie, le tourisme, la compétitivité régionale et les échanges commerciaux. Avec le succès de I'IMA créé par le GIMAS, dans le secteur aéronautique, nous souhaitons calquer le même modèle pour l'industrie ferroviaire, et le dupliquer pour d'autres secteurs. Dans le cadre de la formation, nous avons développé des programmes avec l'OFPPT et le ministère de l'Éducation pour un budget total de 40 MDH », a tenu à préciser Zahra Maafiri, directrice générale de Maroc Export.
Intervenant de son côté, Hassan Rebouhate, président du GIFER Maroc et directeur général de la Société chérifienne de matériel industriel et ferroviaire, a passé en revue les objectifs futurs du GIFER. « Nous avons l'ambition d'aller de l'avant, aujourd'hui le matériel tracté est fabriqué localement, les câblages, et les composants électroniques sont élaborés selon les normes internationales, ce qui nous permet de proposer une offre exportable. Par ailleurs, nous avons un panel de fournisseurs locaux qui doit se mettre à niveau et normaliser ses produits. Ce qui manque à notre savoir-faire, c'est la motorisation, un volet que nous essayons de développer avec nos partenaires Bombardier et Alstom, à terme nous prévoyons de créer un train 100 % marocain » a-t-il indiqué.
Selon lui, le groupement ambitionne de développer les métiers ferroviaires à travers plusieurs actions, dont la participation à l'élaboration de la stratégie nationale dans le secteur ferroviaire, la contribution au développement des partenariats public-privé et le développement de la recherche et de l'innovation dans le secteur.

Pour l'ONCF, une feuille de route ambitieuse
Lors de ces rencontres, l'ONCF a également précisé sa feuille de route, la compagnie ferroviaire prévoit une externalisation totale de la maintenance de 47 locomotives, d'origine Alstom, la réalisation au Maroc de 300 voitures, dont 60 en cours, une rénovation de 300 voitures, une construction au Maroc de la quasi-totalité du parc wagon (environ 5 000), la fabrication de 18 locomotives, en partenariat avec un constructeur européen. S'agissant du volet RH, l'Office national des chemins de fer prévoit la création d'un Institut de formation ferroviaire, en  partenariat avec la SNCF, ainsi que la mise à disposition de personnel ONCF pour accompagner l'externalisation. Par ailleurs, le premier tronçon du TGV Tanger–Casa, qui a coûté 20 MDH, est en cours de réalisation, les rames sont déjà livrées, et l'infrastructure réalisée à plus de 80 %, le démarrage commercial est prévu courant de l'année 2018. Quant au tronçon Marrakech-Casa, il est en cours d'étude et verra le jour après celui de Marrakech-Agadir.

L'objectif à terme : une filière ferroviaire "Made in Morocco"
Pour Latifa Echilabi, secrétaire générale du ministère du Commerce, de l'Industrie, de l'Investissement et de l'Économie numérique, avec la présence soutenue d'acteurs majeurs de l'industrie ferroviaire, « le Maroc aspire véritablement à renforcer l'intégration locale et ainsi créer de nouveaux emplois ». Dans l'axe Sud-Sud, « le Maroc a une visibilité jusqu'en 2030 », ce dont il peut se prévaloir face à ses amis africains, avec lesquels de nombreux contrats ont été signés lors des voyages du roi Mohamed VI dans différents pays. Dans cette démarche, le royaume chérifien s'appuie sur Maroc export en charge de l'accompagnement des entreprises dans les différents marchés. Une suite logique à une présence marocaine de plus en plus forte commencée avec les banques, les assurances et les télécoms, et poursuivie aujourd'hui par les phosphates par OCP Africa mais aussi dans le domaine de l'énergie où l'expertise chérifienne est reconnue.

(23-11-2016 - Ghizlaine Badri)

Israël/Palestine : L'Etat hébreu réactive un plan de 500 logements dans une colonie de Jérusalem

La municipalité israélienne de Jérusalem a réactivé mercredi un projet de construire 500 logements dans un quartier de colonisation de Jérusalem-Est, partie majoritairement palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, a indiqué l'ONG Ir Amim.
"Il s'agit du premier plan à aller de l'avant depuis les élections américaines; cela se situe dans la droite ligne des déclarations de responsables de la municipalité qui veulent mettre à profit les résultats de ces élections pour faire progresser la construction" de colonies, a dit à l'AFP Betty Herschman, une responsable de cette ONG israélienne opposée à la colonisation.

Moyen-Orient : Le rêve de la paix au Proche-Orient de Trump

Le président-élu américain Donald Trump s'est confié au quotidien New York Times. Il est revenu sur sa position d'"être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens".
Trump a affirmé, mardi 22 novembre, qu'il aimerait "être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens". "Ce serait une superbe réussite", a ajouté Donald Trump, dont la proposition de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, contrairement à la tradition américaine, avait provoqué la colère des Palestiniens. Le milliardaire républicain a ajouté que son gendre Jared Kushner, le mari de sa fille Ivanka, pourrait jouer un rôle dans d'éventuels pourparlers de paix. Kushner, homme d'affaires et investisseur, a été un proche conseiller du magnat de l'immobilier durant la campagne électorale.
Après l'élection de son beau-père, il a demandé à avoir accès aux briefings de sécurité quotidiens de la Maison Blanche, et il était présent lors de la rencontre de Trump avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe le 17 novembre, son premier entretien avec un dirigeant étranger.
La droite israélienne s'était montrée particulièrement satisfaite de la victoire de Donald Trump à l'élection du 8 novembre, y voyant l'annonce d'une reprise ou d'une accélération de la colonisation des Territoires palestiniens occupés par Israël, et même la fin de l'idée d'un Etat palestinien indépendant. L'équipe de Trump avait cependant appelé la droite israélienne à ne pas s'emballer, les collaborateurs du président élu demandant davantage de mesure, avait rapporté le ministre de la Défense Avigdor Lieberman. L'actuel secrétaire d'Etat américain John Kerry a multiplié durant des mois les efforts pour faire avancer les pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, mais sans succès. Les discussions directes entre les deux parties sont au point mort depuis deux ans et demi.

(22-11-2016)

mardi 22 novembre 2016

Israël/Palestine : Un Palestinien brandissant un couteau tué à un check-point en Cisjordanie occupée

Un Palestinien a été tué mardi matin au principal check-point séparant Jérusalem du nord de la Cisjordanie, a annoncé la police israélienne, affirmant qu'il avait brandi un couteau en direction d'un agent de sécurité posté au barrage.
"Un Palestinien a tenté de traverser le check-point en empruntant la voie réservée aux véhicules et s'est approché d'un agent de sécurité en brandissant un couteau. Le terroriste a alors été neutralisé et son décès a été constaté", indique dans un communiqué la porte-parole de la police israélienne Luba Samri.
Aucun garde israélien n'a été blessé, a précisé la police, assurant que "des mesures de sécurité continuent d'être prises pour empêcher des attaques".
Le point de passage a été fermé par les forces de sécurité, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le Palestinien tué est Jihad Khalil, 48 ans, un habitant de Beit Wazan, un village du nord de la Cisjordanie, selon des sources sécuritaires palestiniennes.
Le check-point de Qalandiya est le principal point de passage pour les Palestiniens entre Jérusalem et Ramallah. Cet axe est filtré par un checkpoint israélien aux allures de forteresse qui représente pour les Palestiniens un des symboles honnis de l'occupation.
Depuis le 1er octobre 2015, 240 Palestiniens, 36 Israéliens, deux Américains, un Jordanien, un Erythréen et un Soudanais, ont été tués dans une vague de violences entre Israéliens et Palestiniens, selon un décompte de l'AFP.
La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques anti-israéliennes, selon Israël. Les attaques sont souvent menées à l'arme blanche par de jeunes gens isolés en Cisjordanie, un territoire palestinien que l'Etat hébreu occupe depuis 1967, à Jérusalem ou en Israël même.

Israël/Palestine: Un projet de loi sur les appels à la prière fait polémique

"L'appel à la prière existe depuis 1.400 ans", lance Moufid Chaouana. Alors, même à 4H30 du matin, le projet israélien de mettre une sourdine au chant du muezzin, à Jérusalem ou ailleurs, "ça (l')énerve".
Les juifs ont leurs rites, "et c'est leur droit, leur droit religieux", dit Moufid Chaouana, en retard pour la prière de l'aube sur l'esplanade des Mosquées. L'appel à la prière ("adhan" en arabe), "c'est notre droit religieux à nous".
Un projet de loi en Israël veut interdire l'emploi de haut-parleurs tôt le matin et tard le soir alors que le "adhan" est récité cinq fois par jour, généralement via un système de sonorisation, pour appeler les musulmans à la prière.
Officiellement, le texte s'appliquerait à toutes les religions. En réalité, personne ne conteste qu'il ferait surtout taire les amplificateurs des mosquées: celles de la minorité arabe qui représente 17,5% de la population en Israël et qui est très majoritairement musulmane; et celles des centaines de milliers de Palestiniens de Jérusalem-Est.
Pour les Palestiniens qui vivent sous occupation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie voisine, comme pour les Arabes israéliens qui se disent largement traités comme des citoyens de second rang en Israël, le projet est une atteinte supplémentaire à leurs droits, voire un acte raciste.
Touchant à la corde sensible de la religion, le projet a provoqué de vives protestations chez les musulmans, constamment inquiets d'empiètements israéliens, notamment sur l'esplanade des Mosquées (ou al-Aqsa), troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme le mont du Temple.
Le texte a reçu en novembre le feu vert d'une commission gouvernementale. Il a été bloqué à la dernière minute avant sa présentation au Parlement, paradoxalement à l'initiative d'un ministre juif ultra-orthodoxe. Il s'alarmait que la loi ne se retourne contre les juifs et l'usage de la sirène pour inviter les juifs au shabbat, le repos hebdomadaire.
Le sort du texte est incertain. Réduire le volume des appels à la prière musulmane n'est pas une idée nouvelle en Israël. Elle s'est heurtée aux objections constitutionnelles et à la sensibilité de l'affaire.
Cette fois, le projet a franchi, au moins provisoirement, une commission ministérielle et a le soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
"Israël a bien l'intention de protéger ceux qui souffrent du bruit excessif de ces messages. C'est comme ça aussi dans de nombreuses villes européennes et en de nombreux endroits dans le monde musulman", a-t-il dit.
Le député Moti Yogev, promoteur du texte, assure que le volume de l'adhan dérange des centaines de milliers de personnes. Il dit aussi que, dans certains cas, les haut-parleurs diffusent des propos haineux.
En l'état actuel, le projet interdirait les haut-parleurs de 23H00 à 06H00.
Palestiniens et Arabes israéliens ont manifesté. La Ligue arabe a dénoncé une "très dangereuse provocation". Un député arabe israélien a symboliquement lancé l'appel à la prière de la tribune du Parlement, déclenchant l'ire de ses collègues.
Najih Qiraat, un dignitaire religieux, a prononcé un sermon enflammé contre les desseins israéliens vendredi dans une mosquée du quartier palestinien de Beit Safafa, à Jérusalem-Est. "L'occupant israélien veut judaïser la la Ville sainte. Il ne veut pas entendre de prière en arabe ou voir d'église" chrétienne à Jérusalem, assure-t-il après son prêche.
Beit Safafa borde le quartier de Pat situé à Jérusalem-Ouest, partie israélienne de la ville.
"On ne peut pas dormir, on ne peut pas vivre, c'est impossible, les gens ici deviennent fous !", s'emporte Eli Ben Cheman (74 ans), du quartier de Pat. Ayelet Sadeh, 42 ans, raconte que son enfant n'arrive pas à faire la sieste et accuse les musulmans d'agir par malveillance.
Le gouvernement israélien est confiant, dit à l'AFP un responsable sous couvert de l'anonymat: la loi passera, "tout en protégeant la liberté religieuse de tous et le droit de tous à être protégés du bruit excessif". On ne touchera pas à l'Esplanade des Mosquées, assure-t-il.
Mais avec plus de 400 mosquées en Israël et à Jérusalem-Est, selon des chiffres officiels israéliens, la loi serait dure à appliquer. "S'ils interdisent les prières, chaque maison deviendra un lieu de prière", menace Najih Qiraat. Les députés arabes israéliens disent avoir reçu la promesse que les églises lanceraient l'appel à la prière si les mosquées en étaient empêchées.

(22-11-2016)

dimanche 20 novembre 2016

Israël : Femmes israéliennes à l'épreuve du feu

Le visage recouvert de boue, Smadar rampe sous les ronces, son fusil automatique autour du cou, sous les exhortations de sa supérieure qui est une femme, comme elle. Malgré l'intensité de l'entraînement, Smadar a le sourire.
"Je ne regrette pas d'avoir choisi cette unité. Je voulais faire mon service militaire dans l'unité la plus combattante possible", dit la jeune fille de 18 ans.
Smadar fait ses classes près de Yokneam, dans les collines verdoyantes de Galilée (nord d'Israël). Mais c'est dans les semi-déserts du sud qu'elle est appelée à prendre part à un discret mais profond changement tant social que militaire.
La soldate, dont le nom reste confidentiel conformément à la règle militaire, se prépare à intégrer le bataillon Bardelass, l'une des trois unités de l'armée israélienne à la fois mixtes et entièrement combattantes.
Depuis des décennies, avant même la création de l'Etat d'Israël, les femmes occupent une place importante dans les forces armées, y compris dans les organisations historiques du Palmach et de la Haganah qui livrèrent la guerre d'Indépendance de 1948 et donnèrent naissance à Tsahal, aujourd'hui la plus puissante armée de la région.
Israël est l'un des rares pays au monde où hommes et femmes, sauf exception, sont soumis à la conscription.
Historiquement, les femmes étaient confinées aux postes d'infirmières ou d'opératrices radio, mais leur place a évolué ces dernières années sous l'effet des changements de mentalité, de nouvelles lois, et des impératifs tactiques.
Les Israéliennes sont de plus en plus nombreuses à servir dans des positions combattantes: cela concernait 3% des femmes dans l'armée il y a quatre ans, 7% aujourd'hui, 9,5% escomptés en 2017, selon l'armée. Et l'offre est loin de satisfaire la demande, qui a augmenté de 250% en trois ans.
La première unité mixte, le bataillon Caracal, qui tient son nom d'un chat sauvage dont le mâle et la femelle se ressemblent, a vu le jour en 2000, année où la loi a été amendée pour stipuler que "le droit des femmes à servir dans quelque position que ce soit est égal au droit des hommes".
Un quatrième bataillon est prévu pour mars 2017.
Les Israéliens de 18 ans sont appelés sous les drapeaux pour deux ans et huit mois, les Israéliennes pour deux ans. Celles qui veulent porter l'uniforme combattant doivent s'engager à huit mois supplémentaires. Cela ne dissuade pas les volontaires.
Garçons et filles dorment sous les mêmes tentes et accomplissent les mêmes missions, explique Smadar, la recrue du bataillon Bardelass. "Ce qu'un homme peut faire, une femme peut le faire aussi".
K., 25 ans, officier du bataillon Caracal, se demande comment "il peut y avoir des unités non mixtes". Arrivée en 2004 d'Ukraine comme nombre de migrants de l'ex-URSS, K. dit avoir voulu "faire le maximum" pour son nouveau pays. "Celui qui peut combattre doit le faire, homme ou femme, il n'y a aucune différence".
L'armée israélienne n'est pas la seule à se féminiser. "Le nombre de femmes qui s'engagent augmente depuis 10 ans dans le monde occidental", auquel Israël est communément associé, explique Megan Bastick, une enseignante de l'université d'Edimbourg, spécialiste de l'intégration des femmes dans le domaine de la sécurité. Elle cite l'Australie et le Canada en exemple des pays tendant à offrir des opportunités égales aux hommes et aux femmes.
Au Proche-Orient et dans le monde arabe très majoritairement musulman, "malgré une évolution, les femmes restent les assistantes de leurs homologues masculins", relève Dalia Ghanem Yazbeck, experte au Carnegie Middle East Center, en invoquant les barrières dressées par leur société et par une institution "hypervirile où la guerre reste largement une affaire d'hommes".
Certes, le major Mariam al-Mansouri a mené une mission de combat pour les Emirats arabes unis et contre l'organisation terroriste Daesh qui se dit Etat islamique en 2014, rappelle-t-elle. L'Algérie a plusieurs femmes générales. Des femmes servent en Jordanie, au Liban ou en Tunisie. En Syrie, plusieurs femmes ont le grade de général et des Syriennes servent dans des unités combattantes, notamment dans la banlieue de Damas. Mais c'est l'exception, note Dalia Ghanem Yazbeck.
En Israël, l'armée, passage incontournable pour une grande partie de la jeunesse, se pose volontiers en modèle d'intégration pour les femmes et les minorités ethniques ou même sexuelles, par contraste avec les conservatismes ou les intolérances répandues dans la région.
Mais le nombre total de femmes en position combattantes reste minimal, tempère Amos Harel, correspondant militaire de l'influent quotidien Haaretz.
Il s'interroge sur la détermination de l'état-major à aller jusqu'au bout de l'intégration et à prendre le risque de ce qui fut longtemps un frein à l'entière acceptation des femmes dans la troupe: l'enlèvement de l'une d'entre elles par l'ennemi. Celui du soldat Gilad Shalit en 2006 avait causé un traumatisme national.
Sur les plus de 120.000 soldats en service obligatoire (une estimation, car l'armée ne fournit pas de chiffre), 41,2% sont des femmes. 85% des postes de l'armée sont accessibles aux femmes et plus d'une fille sur deux fait l'armée, les religieuses étant exemptées.
Amos Harel note que l'intégration accrue des femmes ne relève pas "de l'idéologie mais d'un besoin", du fait de la réduction de quatre mois du service obligatoire pour les garçons.
Les unités mixtes opèrent le long de frontières relativement calmes, avec l'Egypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes à avoir conclu la paix avec Israël.
L'état-major préfère réserver et entraîner ses meilleures unités combattantes pour des dangers plus éminents, à la frontière avec le Liban ou dans la Bande de Gaza.
Aucune des unités mixtes n'a pour l'heure participé à des combats hors des frontières. Mais sur les 44 soldates tuées durant leur service depuis 1948, deux sont mortes à l'étranger, selon l'armée.

(20-11-2016)

Syrie : Des bombes toujours plus violentes à Alep

Après plusieurs mois de siège, les quartiers rebelles d'Alep, dans le nord de la Syrie, subissent les plus violents bombardements d'artillerie depuis deux ans. Les forces de Bashar el-Assad manifestent ainsi la volonté du régime syrien de reprendre le contrôle de toute la ville. Au moins 27 civils ont été tués samedi dans des frappes aériennes et des bombardements du régime, au 5e jour de l'offensive de l'armée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
L'actuelle offensive sur Alep-Est a commencé mardi 15 novembre et les forces progouvernementales ont pilonné plusieurs quartiers vendredi, pour la quatrième journée consécutive. À Berlin, les principaux dirigeants européens et le président américain Barack Obama ont appelé à « l'arrêt immédiat » des attaques contre le secteur rebelle d'Alep, qui échappe depuis 2012 au contrôle du régime de Bashar el-Assad.
Selon le correspondant de l'Agence France-Presse en secteur rebelle, jamais depuis deux ans l'artillerie gouvernementale n'avait pilonné ces quartiers avec une telle intensité, avec des roquettes s'abattant dans un bruit terrifiant et des explosions faisant trembler le sol. « Quasiment aucun quartier d'Alep-Est n'a été épargné par les bombardements du régime aujourd'hui », lui a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Les écoles d'Alep-Est ont annoncé dans un communiqué qu'elles suspendaient les cours samedi et dimanche, « pour la sécurité des élèves et des enseignants après les frappes aériennes barbares ».
Les structures de secours ont aussi été durement affectées par cette pluie de bombes, plongeant les 250 000 habitants qui résideraient encore dans les quartiers est dans une situation de plus en plus dramatique. Vendredi, un hôpital du quartier de Maadi a été bombardé et mis hors service par le régime, selon l'OSDH. Selon une source médicale, « l'hôpital a été en partie détruit et deux patients ont été tués ». D'autres ont été blessés ainsi que du personnel médical.
Plus tôt, des bombardements avaient complètement détruit le QG de la défense civile à Bab al-Nairab, un autre quartier du secteur rebelle, a rapporté un secouriste. Par ailleurs, le dernier hôpital pédiatrique encore en fonction a été évacué vendredi après avoir été endommagé deux jours plus tôt par des barils d'explosifs, a indiqué l'ONG Association des docteurs indépendants (ADI), qui gère l'établissement.
Dans la journée, des hélicoptères avaient largué des barils d'explosifs sur plusieurs quartiers rebelles de l'ancienne capitale économique de Syrie, devenue le principal front d'un conflit qui a fait plus de 300 000 morts depuis 2011. Les habitants d'Alep-Est restent terrés chez eux, tandis que les insurgés ont pour leur part tiré une quinzaine de roquettes sur la partie d'Alep tenue par les forces gouvernementales, faisant cinq morts, dont deux fillettes, d'après les médias officiels.
Depuis la reprise des bombardements mardi dans l'ex-capitale économique de Syrie, après une suspension d'un mois, au moins 98 civils ont péri, dont 33 samedi, selon l'OSDH. Cela participe au calvaire des habitants d'Alep-Est, assiégée depuis quatre mois, qui ne peuvent plus recevoir aucune aide humanitaire. Les dépôts des ONG locales sont vides et des habitants affamés ont attaqué cette semaine des dépôts de vivres du conseil municipal rebelle.
Les forces du régime « entendent combiner bombardements aériens et famine résultant du siège pour obtenir une reddition des rebelles », estime Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et professeur à l'université d'Édimbourg. La Russie, qui intervient en Syrie depuis plus d'un an pour soutenir le régime, ne participe pas aux bombardements aériens sur Alep-Est, mais elle mène depuis mardi des frappes sur la province voisine d'Idleb, contrôlée par une alliance de rebelles et de djihadistes.
Selon des analystes, Damas et ses alliés veulent aller vite avant la prise de fonction de Donald Trump à la présidence américaine le 20 janvier. « Il est clair que la Russie, Damas et Téhéran veulent reprendre l'est d'Alep rapidement. Les États-Unis sont paralysés, il faut [pour eux, NDLR] mettre Trump devant le fait accompli en janvier prochain », a déclaré Fabrice Balanche, expert de la Syrie au Washington Institute.
À l'est de la capitale Damas, au moins 22 civils, dont 10 enfants, ont péri en 24 heures dans des bombardements sur plusieurs villes de la Ghouta orientale, autre fief des rebelles, selon l'OSDH. Par ailleurs, une coalition arabo-kurde a lancé le 5 novembre une offensive en vue de reprendre Raqqa à l'organisation État islamique, qui a fait de cette ville de l'est sa « capitale » en Syrie. L'alliance arabo-kurde tente actuellement de déloger Daesh d'une hauteur stratégique qui lui ouvrirait la route de Raqqa. Un haut responsable des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui réunissent ces combattants arabes et kurdes, a déclaré que non seulement la coalition internationale dirigée par les États-Unis avait livré de nouvelles armes aux FDS, mais qu'elle participait aussi directement aux combats sur le terrain.

(19-11-2016)

Israël/Palestine : Les mouvements antisionistes, du parti communiste à Matzpen (Antoine Chalhat)

                                                    (Peinture de Sliman Mansour, 1976.)

Il est possible d’affirmer que l’action antisioniste au sein de la société juive, lancée par des groupes ou des individus après la création de l’État d’Israël en 1948, s’est articulée autour du Parti communiste israélien (Rakah), héritier du Parti communiste palestinien et véritable nerf du mouvement de libération nationale antérieur à la Nakba (« la catastrophe », l’exode palestinien de 1948). Cette action s’est largement inspirée des positions idéologiques du parti, lesquelles ont subi, à leur tour, l’influence écrasante des positions de l’Union soviétique. Au dire d’Issam Makhoul, l’un des leaders actuels du parti et qui en assume de plus en plus le rôle de « théoricien », l’impérialisme britannique et le mouvement sioniste ont dépeint le conflit en Palestine comme opposant les Juifs aux Arabes, alors que les communistes y voient un conflit avec l’impérialisme et son agent, le sionisme. La cause palestinienne aurait ainsi constitué une bataille de libération nationale, que l’impérialisme britannique a voulu contrecarrer en ayant recours à la politique du « diviser pour mieux régner », mobilisant ses agents à la fois au sein du commandement du mouvement sioniste et de celui du mouvement nationaliste arabe, afin de mieux servir ses objectifs. Il a ainsi déclenché, par leur biais, la guerre sanglante entre Juifs et Arabes dans le seul but de réaffirmer sa présence, afin que l’impérialisme ne soit plus perçu comme un problème mais comme une solution, obligeant les protagonistes à le considérer non plus comme un colonisateur, mais comme une issue à la crise en tant que partie « incontournable » pour mettre fin au conflit. L’impérialisme visait à entraver de manière systématique l’indépendance et la libération du pays de son hégémonie. Selon Makhoul, l’adoption internationale travailliste de la lutte conjointe arabo-juive, élaborée par les communistes face à l’impérialisme et au sionisme, dont elle incarne l’antithèse militante, sert de réponse à cette politique et à ses notions pour le moins déconcertantes.

Makhoul affirme que l'historien Emile Touma, qui en son temps avait rejoint les rangs du parti, apporte une dimension supplémentaire à cette approche : ce dernier explique en effet que le Parti communiste palestinien, fondé essentiellement à l'époque sur l'adhésion des Juifs, avait appelé, sur la base de ses principes révolutionnaires internationaux, à la lutte contre l'impérialisme et le sionisme ; ledit Parti avait soutenu le combat nationaliste arabe contre l'impérialisme britannique, exhortant les foules juives à appuyer cette lutte qui exprimait leurs intérêts véritables. Le Parti communiste israélien considère, comme l’a confirmé Wolf Ehrlich, l’un des penseurs du parti, que l’action du sionisme fait partie intégrante de la stratégie mondiale de l’impérialisme. Selon lui, le sionisme, même s’il portait des intérêts propres, indépendamment du projet impérialiste, était toutefois incapable de réaliser son projet si celui-ci ne s’inscrivait pas dans le contexte du projet impérialiste pour la région. Ehrlich affirme que, depuis la déclaration Balfour, le colonialisme juif en Palestine était devenu un instrument précieux entre les mains des autorités du mandat britannique dans leur lutte contre le mouvement de libération du peuple palestinien ; il a été utilisé pour inciter à la haine, remuer les rancœurs nationalistes et mettre à exécution la politique de la division. Ainsi, le pouvoir britannique aurait utilisé, pour réaliser ses objectifs, les forces réactionnaires juives et arabes, même si son principal soutien et agent restait la voie sioniste, qui a orchestré le rassemblement des colonies en Palestine. Dans la dernière position exprimée par le parti communiste à l’égard du sionisme, et basée sur un rejet en bloc de ce mouvement, Makhoul estime que le mouvement sioniste « s’est emparé historiquement du droit à l’autodétermination du peuple juif en Palestine et en a obtenu définitivement l’apanage en imposant une sorte de juxtaposition parfaite entre le sionisme et ce droit. Dans le même temps, il s’est réservé le monopole du droit à l’autodétermination, le déniant au peuple palestinien et œuvrant peu à peu à le lui confisquer définitivement. Il est désormais évident, même pour un nombre non négligeable d’Israéliens, que la libération du droit à l’autodétermination du peuple palestinien de l’emprise du sionisme constitue le prélude à la libération du droit à l’autodétermination du peuple juif d’Israël de l’emprise étouffante de l’idéologie et de la politique sionistes ». Et d’ajouter : « Le parti communiste refuse l’idéologie et la pratique sionistes. Voilà pourquoi le commandement sioniste dresse les foules juives contre le parti pour affirmer que sionisme rime avec nationalisme et qu’il épouse les intérêts du peuple juif et des travailleurs juifs. Or, le parti communiste tient un discours aux antipodes de celui-ci. La politique sioniste actuelle constitue une menace pour le peuple juif au même titre que pour le peuple arabe palestinien. Cette politique représente une catastrophe réelle tant pour les Juifs que pour les Arabes parce qu’elle empêche la paix et la sécurité et, loin de se limiter aux travailleurs arabes, elle est préjudiciable aussi aux travailleurs juifs. (…) Ce qui prime au bout du compte, c’est la règle idéologique et la structure des classes. Le point de départ revêt une importance primordiale à ce niveau. En effet, les communistes sont les ardents défenseurs des intérêts nationaux des peuples. Or, notre point de départ est international et se base sur les classes. Par conséquent, nous considérons les membres de la classe ouvrière et les progressistes comme des frères, et les exploiteurs et les persécuteurs comme des ennemis ». (Extrait du rapport de Meir Vilner, ancien secrétaire général du Parti communiste d’Israël, soumis lors du 19ème congrès du parti).

L’influence de l’URSS sur les positions du Parti communiste d’Israël a abouti à la constitution de l’Organisation socialiste d’Israël en 1962, par quatre personnes renvoyées du parti pour avoir critiqué ces positions. Puis cette organisation s’est fait connaître sous le nom de son journal, Matzpen, « boussole » en hébreu. C’est une organisation radicale qui considère le sionisme comme un projet colonialiste. Elle se bat pour une coexistence entre Arabes et Juifs sur la base de l’égalité totale entre les deux peuples. Matzpen défend les droits nationaux et humains des Palestiniens et appelle au règlement de tous les problèmes régionaux, qu’ils soient nationaux ou sociaux, à travers une lutte visant à faire chuter tous les régimes de la région et à instaurer un Orient arabe unifié et socialiste. Elle estime que les régimes répressifs bureaucratiques de l’URSS et des autres pays du bloc de l’Est constituent, avec le capitalisme, des ennemis de la révolution socialiste.

Il serait trop long de s’appesantir sur tous les principes de base de cette organisation. Il conviendra, toutefois, de mentionner les principes suivants tels qu’ils ont été inclus dans le communiqué constitutif du parti :
1. Le domaine d’activité principal de Matzpen a trait à la lutte contre le régime en place en Israël, une lutte qui exprime son intérêt historique pour la classe ouvrière comme pour le reste des travailleurs et des exploités en Israël !
2. Nos principes socialistes sont irréconciliables avec le sionisme. Nous considérons le sionisme comme un projet colonialiste d’implantation mis en œuvre aux dépens des peuples arabes (et notamment du peuple palestinien) sous l’égide du colonialisme et en partenariat avec ce dernier. Le sionisme va à l’encontre des intérêts des travailleurs exploités en Israël car il les place dans une contradiction historique avec les citoyens de l’Orient arabe. L’État d’Israël, dans sa forme sioniste actuelle, n’est pas uniquement le fruit du projet sioniste, mais c’est également un outil pour poursuivre et étendre ce projet.
Matzpen appuie la lutte du peuple arabe palestinien contre la persécution et la spoliation de ses droits humains et nationaux par les sionistes.
3. Le règlement des questions nationales et sociales propres à la région (dont la cause palestinienne et le conflit israélo-palestinien) passe nécessairement par une révolution socialiste qui entraînerait dans son sillage la chute de tous les régimes en place afin d’instaurer une union politique pour la région, sous l’égide des travailleurs. Dans cet Orient arabe unifié et libéré, le droit à l’autodétermination (y compris le droit à créer un État séparé) serait accordé à toute nationalité non arabe vivant dans la région, y compris la nation juive israélienne. Dans la droite ligne de la lutte pour cette révolution, Matzpen œuvre en vue de la chute du sionisme et de l’abolition de l’ensemble des institutions, des lois et des coutumes qui lui servent de pilier. Matzpen aspire à une coexistence entre les Arabes et les Juifs sur la base d’une égalité totale, et à la fusion entre les deux peuples du pays – le peuple juif israélien et le peuple arabe palestinien – dans le cadre d’une union socialiste pour la région, sur la base de la liberté de choix. Matzpen tente de développer une sensibilisation internationale chez les deux peuples afin que cette fusion soit possible.
4. A la lumière de ces objectifs, Matzpen préconise l’élaboration d’une stratégie conjointe et l’unification de l’activité de l’ensemble des forces socialistes révolutionnaires de la région.

Nombre de chercheurs estiment que Matzpen a vu le jour à deux reprises, une première fois à sa constitution en 1962, et une deuxième fois, après la guerre de juin 1967, quand elle a attiré un grand nombre de jeunes Israéliens choqués par l’occupation des régions arabes à l’issue de cette guerre. Elle a rallié également de nombreux jeunes de la diaspora juive influencés par la révolution estudiantine de 1968 et par les idées utopiques de la Nouvelle gauche. En pratique, l’activité du mouvement Matzpen s’achève en 1972 au moment de l’annonce par l’Agence de sécurité israélienne (Shabak) de la découverte d’un réseau judéo-arabe organisant des actions de sabotage et d’espionnage, réseau dont faisaient notamment partie deux jeunes juifs de l’extrême gauche et des communistes prochinois. L’on pouvait alors lire sur le site internet de Shabak : « Ce qui distingue cette cause – hormis qu'il s'agit de la première organisation idéologique d’espionnage arabo-juive en Israël –, c’est l’émergence d’une organisation secrète à long terme visant à jouer le rôle de la cinquième colonne en menant des opérations de sabotage dans des lieux stratégiques et à des heures de pointe en coordination avec l’ennemi. Le réseau s’est distingué par sa taille – impressionnante – et par une durée d’action prolongée ». Quoi qu’il en soit, nombre d’activistes de Matzpen disposent toujours d’une présence dans les arènes politique et intellectuelle en Israël, notamment Mikhaïl Warschawski (Mikado), qui a indiqué, dans un article récent, que le règlement du conflit israélo-palestinien était tributaire du démantèlement du colonialisme israélien. Ce militant pacifiste de gauche estime que l’objectif du mouvement national palestinien est de démanteler les structures de l’hégémonie colonialiste sur l’homme et la terre ; l’objectif du partenaire israélien de ce mouvement apparaît, de loin, plus épineux : il s’agirait, pour lui, de démanteler ses propres structures colonialistes. En effet, le débat ne porte pas uniquement sur la cessation de la violence colonialiste et du recours à la force pour dominer le pays et imposer sa souveraineté aux autochtones ; il porte aussi sur une auto-révolution qui devrait changer la donne en profondeur. Le démantèlement des structures colonialistes israéliennes signifie alors, selon ce point de vue qui reflète les idées de Matzpen : « Accepter l’arabité de notre environnement, nous diriger de l’Occident vers l’Orient, reconnaître que les Arabes de Palestine sont les maîtres des lieux et admettre notre statut d’envahisseurs violents ». Il insiste sur le fait que le démantèlement des structures colonialistes israéliennes requiert une rude leçon d’humilité et il reconnaît, en tant qu’Israélien, que c’est la chose la plus difficile à réaliser. Or, il ne saurait y avoir de partenariat réel pour une lutte conjointe sans un tel changement, ni même de coexistence israélo-palestinienne, abstraction faite du tracé des frontières.

Par Antoine Chalhat, dans Assafir de novembre 2016

Yémen: La coalition arabe déclare une trêve de 48 heures

Une maison détruite par une frappe aérienne de la coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite, le 14 novembre 2016 dans les environs de Sanaa, au Yémen (Afp)

La coalition arabe intervenant au Yémen sous commandement saoudien a annoncé samedi qu'elle observera à partir de 09H00 GMT une trêve de 48 heures dans la guerre qui déchire ce pays depuis près de 20 mois.
Cette annonce surprise intervient alors qu'un cessez-le-feu, censé entrer en vigueur jeudi dernier à l'initiative du secrétaire d'Etat américain John Kerry, avait été rejeté par le camp du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi qui est soutenu par la coalition militaire arabe.
Ces deux derniers jours, les combats se sont intensifiés sur différents fronts de guerre au Yémen, faisant des dizaines de morts.
Le cessez-le-feu sera renouvelé si les rebelles chiites Houthis et leurs alliés le respectent et laissent passer de l'aide humanitaire dans les villes qu'ils assiègent dont Taëz (sud-ouest), a précisé la coalition dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle saoudienne Spa.
Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, est ravagé par des combats opposant d'un côté le camp du président Hadi soutenu par une coalition militaire arabe conduite par Ryad à des rebelles chiites, les Houthis, alliés à des partisans de l'ancien chef de l'Etat yéménite Ali Abdallah Saleh.
La nouvelle trêve a été décidée à la demande du président Hadi dans une lettre au roi Salmane d'Arabie Saoudite et "en adhésion aux efforts de l'ONU et de la communauté internationale pour rétablir la paix au Yémen", affirme la coalition.
Elle prévient cependant qu'elle "ripostera" si les Houthis ou leurs alliés procèdent à une quelconque activité militaire ou mouvement de troupes durant la trêve.
Elle exige aussi, selon le communiqué, que les rebelles envoient leurs délégués à "la commission de désescalade et coordination", créée à l'initiative de l'ONU et basée à Dhahran, dans le sud de l'Arabie Saoudite, pour superviser une cessation des hostilités.
Le "blocus" naval et aérien imposé par la coalition restera en vigueur et des avions continueront à survoler le Yémen pour des missions de surveillance, souligne le communiqué.
Les rebelles n'avaient pas encore réagi dans la matinée à cette annonce de cessez-le-feu de la coalition.
Ils avaient accepté l'initiative de paix proposée mardi par M. Kerry, au terme d'une rencontre avec des négociateurs rebelles à Mascate, la capitale omanaise. Celle-ci prévoyait outre une trêve, la formation d'un gouvernement d'union nationale avant la fin de l'année.
En revanche, l'initiative américaine avait été rapidement rejetée par le camp Hadi.
Six tentatives de cessez-le-feu ont jusqu'ici échoué. La dernière annoncée sous l'impulsion de Washington, de Londres et de l'ONU, pour le 20 octobre a volé en éclats dès son entrée en vigueur.
Depuis jeudi, plus de 50 personnes ont été tuées dans des combats entre rebelles et loyalistes aux abords de Taëz, la troisième ville du Yémen, selon des sources médicales et militaires.
Les violences débordent aussi au-delà des frontières yéménites. Un militaire saoudien a péri vendredi par la chute à Assir, une ville du sud du royaume, de projectiles tirés depuis le Yémen, selon le ministère saoudien de l'Intérieur.
Le médiateur de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, avait initié en octobre un plan de paix espérant remettre les parties autour d'une table de négociations. En vain.
Des pourparlers de paix interyéménites qui s'étaient tenus à Koweït pendant trois mois sous l'égide de l'ONU avaient été suspendus sans résultat en août.
Le camp Hadi exige le retrait des rebelles des territoires conquis depuis 2014, dont la capitale Sanaa, et la restitution des armes lourdes saisies. En revanche, les Houthis exigent un arrêt des raids aériens de la coalition et la formation d'un gouvernement d'union nationale en vue d'un règlement politique.
Les Houthis, une minorité qui estime avoir été délaissée par le pouvoir central du président Hadi, s'étaient emparés de vastes pans du territoire yéménite en 2014 dont la capitale Sanaa, forçant le chef de l'Etat à l'exil en Arabie Saoudite.
En mars 2015, Ryad a pris la tête d'une coalition militaire pour tenter de repousser les rebelles, mais le conflit, qui a fait plus de 7.000 morts et près de 37.000 blessés, s'est enlisé.

(19-11-2016)

Tunisie : Le pays affronte son passé avec ses auditions sur la dictature (Benoît Delmas)

Pour la période allant 1er juillet 1955 au 31 décembre 2013, l'Instance Vérité et dignité a été missionnée pour « révéler la vérité » sur les crimes commis par l'État ou au nom de l'État. Et les auditions publiques ont commencé hier avec une retransmission à la télévision...

« Vous respirez l'air de la démocratie. Grâce à qui ? À ceux qui sont au cimetière ! » Cette mère, peu importe son âge, s'exprime publiquement face aux Tunisiens via la télévision. Elle porte une parole de colère et d'incompréhension face à la situation qui perdure depuis des décennies. Son fils a été tué lors de la révolution. Elle évoque les plus de trois cents victimes au cours de cette période. Sans parler des blessés. Une autre mère accuse : « Si vous recevez l'aide étrangère, de l'Allemagne, de la France, c'est à cause de nos martyrs. » Son garçon a été assassiné par la police à Kasserine dès les premiers jours de l'insurrection dans cette région défavorisée. Une troisième « mamma » intervient, indique que son enfant a été abattu le 13 janvier 2011, rue de Lyon à Tunis, par un policier. Elle brandit la photo du tueur, elle le nomme, elle a apporté les vêtements ensanglantés de son fils. Trois femmes, trois témoignages qui ont saisi l'assistance lors de la première audition publique, télévisée, des victimes de la dictature. Celle de Ben Ali, celle de Bourguiba.
C'est encore une femme qui dit sa vérité. « Il y a du luxe ici, de la sécurité », exprime cette mère qui vient pour la première fois à Sidi Bou Saïd. Elle, elle vient du gouvernorat de Sidi Bouzid, l'autre Tunisie, celle qu'on masque à dix jours d'un sommet pour l'investissement. Le choc est patent. Au bas d'une ville classée par l'Unesco, on reçoit les témoins des atrocités de soixante années de dictature. Des men in black, des hôtesses, un lieu ambigu, celui annexé par Leïla Ben Ali lors du magistère de son mari Ben Ali. Ça tape, cette confrontation entre la banlieue nord de Tunis, dorée sur tranches, et ces femmes venues du centre du pays, régions dépourvues de tout développement, de tout espoir. Entre les voitures avec chauffeur des ambassadeurs, des VIP, et leurs situations, il y a un fossé d'ampleur phénoménal. Les récits se succèdent. La police a tué, les tribunaux militaires n'ont pas tranché, quant aux bourreaux... Et les principaux dirigeants du pays n'ont pas jugé bon de venir. Ni le président de la République, ni le chef du gouvernement, ni le président de l'Assemblée des représentants du peuple.
Elles seront cinq, ils seront deux à s'exprimer. Une séance de plus de trois heures en direct. Malgré la difficulté de l'exercice, raconter ses souffrances intimes devant le grand public, les témoins feront acte de simplicité. Comme si l'ampleur des méfaits commis par l'État depuis des décennies les obligeait à un devoir de réserve. Sami Brahem racontera sa descente aux enfers dans les geôles de Ben Ali parce que, jeune étudiant, on l'avait suspecté d'être islamiste. L'homme raconte, peu à peu, les humiliations. L'éther versé sur ses parties intimes à l'infirmerie de la prison. Il en connaîtra quatorze en tout. Il dit la violence sexuelle des matons. Les viols édictés par l'État despotique. L'urine qu'il recevait, la tête plongée dans la cuvette des toilettes et autres recettes que le ministère de l'Intérieur de Ben Ali aimait à pratiquer. Cette confession, une cinquantaine de minutes, a permis de mettre à nu un système de répression, d'humiliation voulue par celui qui a commis un coup d'État contre Bourguiba. Ce récit, diffusé dans tout le pays, a glacé l'opinion.
« Je veux bien tourner la page, mais il y a des choses qui me restent sur le cœur », a dit cet homme simple dans son costume gris. Il a incité ses « tortionnaires » à venir « demander pardon ». Et plus largement, il a constaté : « Pendant huit ans de détention, combien de livres je n'ai pas lus, combien d'idées se sont perdues. » Et d'évoquer « un appareil de castration » conçu et voulu par le régime Ben Ali à l'égard de tous ceux qui voulaient réfléchir, penser, exercer leur esprit critique. La plus belle des leçons en ce soir de catharsis. Gilbert Naccache fut le dernier témoin. Il a parlé de la période Bourguiba. Pourquoi il fut persécuté, engeôlé. Homme qui écrit, en prison, sur le papier alu de ses paquets de cigarettes Crystal tout un livre qu'il titra Crystal. Cet ultime témoignage pour ce premier soir d'audition publique a laissé une impression amère. Comme un passé qui ne passe pas. Une réalité qui affronte la culture du déni. La parole des mères, des épouses, veuves, des hommes torturés et violés, fut une mise à sac de la vitrine Tunisie à base de jasmin et de ciel bleu.

(18-11-2016 - Benoît Delmas)

Syrie: Très violents combats et pluie de bombes sur Alep

Des soldats de Bashar avancent dans les ruines du village de Minyan, à l'ouest d'Alep, après avoir repris la zone aux combattants rebelles, le 12 novembre 2016 (Afp)

Les habitants des quartiers rebelles d'Alep étaient terrés chez eux vendredi en raison d'intenses raids du régime syrien, précédés dans la nuit par des combats au sol d'une extrême violence, selon le correspondant de l'AFP et une ONG.
Au quatrième jour consécutif de bombardements sur la partie de la ville tenue par les insurgés, le régime visait vendredi matin le quartier de Massaken Hanano et les immeubles tremblaient à chaque frappe aérienne, d'après le journaliste de l'AFP et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La veille au soir, des barils d'explosifs et des bombes s'étaient abattus jusqu'à minuit sur plusieurs quartiers rebelles et les habitants avaient éteint les lumières de leurs maisons par peur d'être visés dans la nuit, a indiqué le correspondant de l'AFP.
Dans la nuit, des combats ont opposé les rebelles aux forces prorégime à Cheikh Saïd, un quartier du sud d'Alep que l'armée tente de prendre depuis plusieurs semaines.
"Les affrontements sont très violents, avec des bombardements mutuels (d'artillerie)", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Le régime a progressé dans la zone avant d'être repoussé par les rebelles".
Ces derniers ont lancé une quinzaine de roquettes sur la partie gouvernementale de la métropole du nord syrien, sans faire de victime, d'après l'OSDH.
Après une suspension d'un mois des bombardements du régime du dictateur Bashar al-Assad sur les quartiers rebelles d'Alep, les tirs d'artillerie et les largages de barils d'explosifs ont repris mardi et ont déjà fait au moins 65 morts parmi les civils, selon l'OSDH.
Ancienne capitale économique de Syrie, Alep est le principal front du conflit syrien, qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2011, et le régime de Damas, appuyé militairement par son allié russe, semble désormais déterminé à reprendre la partie rebelle de la ville, qui lui échappe depuis 2012.
Depuis mardi, les avions russes ne sont pas entrés en action dans la ville d'Alep et concentrent leurs frappes sur la province voisine d'Idleb (nord-ouest).

(18-11-2016)

Irak: Explosion d'une voiture piégée lors d'un mariage, 16 morts

Au moins seize personnes qui assistaient à un mariage ont été tuées jeudi en Irak lorsqu'un kamikaze a fait détoner une voiture piégée, ont indiqué des responsables hospitalier et des services de sécurité.
L'attaque s'est produite à Amriyat al-Fallouja, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, et a également fait 30 blessés.
Cet attentat meurtrier n'a pas immédiatement été revendiqué mais dans le passé le groupe extrémiste Daesh qui se dit Etat islamique (EI) a agi de la sorte contre des civils en Irak.
Il y a trois jours, Daesh avait revendiqué un double attentat suicide qui avait fait 15 morts dans la ville voisine de Fallouja, un de ses anciens bastions reconquis cette année par les forces armées irakiennes.
Après s'être emparé de larges pans du territoire irakien en 2014, Daesh a cédé du terrain et fait actuellement face à une vaste offensive contre son dernier grand fief dans ce pays: la ville septentrionale de Mossoul.

(18-11-2016)

Tunisie : "La réconciliation ne se fait pas par l'amnésie" (Sihem Ben Sédrine)

Entretien. La présidente de l'instance Vérité & dignité, chargée par la loi de faire la lumière sur les crimes commis par l'État tunisien de 1955 à 2013.


Il pleut à verse sur le club Elyssa. Situé au pied de Sidi Bou Saïd, à quelques mètres d'une église, ce lieu est emblématique de la corruption qui sévissait sous le régime Ben Ali. La seconde épouse du dictateur, la cupide Leïla Trabelsi, avait privatisé cet espace public. Un endroit symbolique où se dérouleront les 17 et 18 novembre les auditions publiques de plusieurs victimes de l'État tunisien. À 20 h 30, en direct à la télévision. Presque six ans après la révolution, les Tunisiens ont rendez-vous avec leur passé le plus sombre. Celui de la dictature, des crimes de système, qui ont régné pendant plusieurs décennies. Ils sont plus de 65 000 individus, associations, groupes à avoir déposé un dossier pour demander réparation envers l'État pour la période qui court de 1955 à 2013. L'instance Vérité & dignité, fondée en 2013, a pour mission de « révéler la vérité, définir les responsabilités et de démanteler le système despotique et mafieux ». Sihem Ben Sédrine dirige cette institution. Cette ex-opposante parle sans détour de ses missions et du contexte actuel.

Comment fait-on pour affronter son passé ?
C'est un acte douloureux qui éveille des craintes, des peurs, tout ce qui est irrationnel. La meilleure manière de gérer un stress, une angoisse, c'est de rationaliser. C'est notre travail. D'abord, il faut voir le cadre légal. La loi est très précise. Tout ce que nous sommes en train de faire est régi par la loi. Que dit-elle ? Qu'il y a un impératif de révélation de la vérité, que cet impératif est une obligation de l'État envers la société. La révélation passe la définition des responsabilités. L'objectif final ? Parvenir à démanteler le système despotique et de corruption. Nous poursuivons les crimes de système. Identifier quel est l'organe de l'État qui a commis des violations. Notre compétence : identifier toute personne qui a agi au nom de l'État ou sous couverture de l'État. La loi nous oblige à faire des auditions à huis clos et publiques. Aujourd'hui, plus de 10 500 auditions à huis clos se sont déroulées depuis septembre 2015. Les témoignages sont enregistrés en vidéo, avec le consentement de la victime, pour servir la mémoire. Nous avons également une database qui permet de mesurer l'ampleur et la définition de ces violations. Les victimes remplissent, de façon confidentielle, 450 questions liées aux 32 types de violations que nous avons définis. On va avoir un mapping des crimes commis par l'État depuis soixante ans.

Toutes les plaintes sont-elles recevables ?
Non. Il faut que l'auteur des violations soit l'État, sinon, ce n'est pas de notre compétence. Nous avons rejeté 4 % des plaintes pour cette raison. Nous ne traitons que la période de 1955 à 2013. Nous faisons un tri pour vérifier si ces plaintes sont de notre ressort.

Quelles différences entre les auditions à huis clos et celles qui seront publiques ?
Lors des auditions à huis clos, nous laissons tout le temps nécessaire à la victime pour parler. Les auditions publiques sont d'une tout autre logique. On a déjà reçu et documenté le témoignage. Il y a des critères pour être éligible aux auditions publiques. La santé mentale, l'état physique, psychologique avant pendant et après l'audition pour vérifier la capacité à assumer cette exposition publique. Il s'agit de témoigner pour l'opinion publique. Le temps de parole est plus réduit. Les premiers cas qui passeront seront des cas lourds. Parfois, la victime a mis deux jours pour dire ce qu'elle avait vécu. Elle n'aura que 45 minutes pour s'exprimer publiquement. Nous préparons pour les journalistes des fiches victimes. Nous y expliquons le contexte historique, comment la victime a vécu les violations. On va privilégier le volet témoignage. Le témoin s'adresse à l'ensemble des citoyens tunisiens. Le message : « Voilà comment l'État despotique l'a écrasé, car il s'opposait à lui. » Cela va de la période pour la lutte pour le pouvoir après l'indépendance entre les clans Bourguiba et Ben Youssef jusqu'à Ben Ali.

Quels sont les messages envoyés aux Tunisiens à travers ces nombreux témoignages ?
Expliquer comment une machine despotique fonctionne, comment l'État écrase le citoyen. Ce sont des messages envoyés à l'ensemble du pays pour montrer qu'un système despotique n'est pas l'idéal. On peut faire du développement dans un État de droit, une démocratie. Il ne faut pas regretter la dictature. Cette nostalgie touche aujourd'hui toutes les couches de la population : « Ah, on avait du boulot, on avait du calme, de la sécurité… » On doit combattre cette nostalgie par ces témoignages. L'État de droit est le plus capable de faire vivre une communauté ensemble.

Comment les victimes seront-elles auditionnées ?
Toutes les victimes sans exception, les 65 000, seront auditionnées à huis clos. Que ce soit des individus, des groupes… La ligue des droits de l'homme, l'ordre des avocats, l'association des Femmes démocrates, l'UGTT, des minorités raciales et religieuses comme la minorité noire, la communauté juive, elles ont toutes déposé un dossier. Par exemple, en 1967, il y a eu des violations terribles, des viols de femmes, des spoliations envers les juifs, on a sorti des gens de leurs maisons, il y a eu des crimes. Après, on a eu la déclaration de Bourguiba qui a dit « je ne veux pas qu'on touche à un cheveu d'un juif ». C'était un peu tard. Les débordements ont duré des jours et des jours et l'État a laissé faire... Il y a eu des massacres, à petite échelle, de Noirs. L'État a laissé faire et a laissé dans l'impunité les auteurs de ces crimes. Il est coupable de négligence. L'État a un devoir de protection de ses citoyens. Mais le citoyen a aussi un devoir, une responsabilité. Il n'a pas le droit de regarder quelqu'un se faire écraser et ne pas intervenir. C'est un des messages que nous allons faire passer. Pour reconstruire une société, il y a le droit, les institutions, mais aussi les valeurs morales. Quand une société se départit de ses valeurs morales, ne dissocie plus le bien du mal, on obtient ce qu'Hannah Arrendt nommait « la banalisation du mal ».

Cela risque d'être extrêmement violent pour la société tunisienne…
... ce n'est pas une histoire reluisante en termes de violations. On enterre, on banalise, on ne veut pas savoir. Mais il y a des électrochocs dont on a besoin. Se confronter à son passé, c'est bon pour nous de savoir que « nous ne sommes pas des gens pacifistes, merveilleux, hospitaliers, des gens qui n'ont jamais utilisé le sang, nous nous sommes des gens biens, alors que les Algériens, les Irakiens, les Syriens eux… » Eh bien non, nous ne sommes pas des gens bien, on a fait comme eux, à petite échelle, dans des temps limités, mais on l'a fait ! Quand on cherche l'amnésie, qu'on ne veut pas savoir, c'est qu'on a honte. Pour dépasser la honte, on doit voir en face ce que nous avons fait pour ne plus le refaire. L'État en premier. Mais aussi chaque citoyen... Le ciment d'une société, ce sont ses valeurs morales. Elle dépérit, perd ses liens, sa cohésion. L'identité de la société, ce sont ses valeurs morales.

C'est le cas aujourd'hui ?
L'ancienne machine est en cours de démantèlement, mais elle est encore là, et la nouvelle machine n'est pas encore là, mais dans une dynamique de confrontation. Les deux machines cohabitent. Mais l'avenir est pour la nouvelle. Le simple fait de doter la Tunisie d'un mécanisme de justice transitionnelle le prouve. On va résoudre nos problèmes. On va restaurer la société en écoutant les victimes.

Certaines puissantes familles se sont enrichies sur le dos des Tunisiens ? Sont-elles encore présentes ?
En pire. Avant, l'État était fort. Le partage du gâteau se faisait en présence du parrain. Il ne laissait pas faire les choses. Quand l'État s'est affaissé et que l'État nouveau n'a pas les moyens d'appliquer sa loi, c'est alors la loi de la jungle. C'est le plus fort qui gagne. Celui qui a réussi à acheter tel député, tel maire. Nous sommes dans cette configuration. Nous avons des dossiers sur tous ces cas de figure. Une nouvelle nomenklatura a émergé après la révolution et ils sont en train de se partager le gâteau et même les biens confisqués. C'est une des raisons pour lesquelles il y a toutes ces campagnes pour casser l'IVD. Et cette loi de réconciliation économique qui n'a que pour objectif de garantir l'impunité et l'avenir à cette nouvelle nomenklatura. « Vous ne touchez pas à ces gens-là, ce n'est pas votre dossier, vous devez lever la main ! » Cette loi a été rejetée grâce à la société civile. Nous avons affaire à un paysage médiatique hérité de l'ancien régime, mais qui est encore pire que l'ancien. L'ancien était motivé par des objectifs politiques. Maintenant, on a en plus la mafia qui a pris en otages ces médias, qui ont tout acheté ou presque.

Quand l'homme d'affaires Chafik Jarraya passe à la télévision…
… ça dit tout ! Il dit clairement qu'il a tout acheté, les journalistes, et il en est fier ! Il n'y a aucune poursuite judiciaire contre lui. C'est terrible… À part le Syndicat des journalistes qui a réagi, car il était directement mis en cause.

Quelle est la raison des attaques que vous subissez ?
On est des « vilains », on est « corrompu », on est des « dictateurs ». On a « les défauts de la dictature ». J'ai refusé une protection policière. Qui va me protéger ? Quand je vais dans la rue, que je conduis ma voiture, je n'utilise mon chauffeur que pour les rendez-vous officiels, quand des policiers m'arrêtent, je ne vous dis pas le respect qu'ils me témoignent. Ils sont extrêmement respectueux, ils me disent : « Madame, continuez, vous êtes tout ce qu'il nous reste de la révolution, il y a beaucoup de corruption madame, le pays va à vau-l'eau. » Qui n'aime pas l'IVD ? Le petit groupe des « 42 » qui ont été limogés. Ils constituent le groupe, le noyau dur, qui aujourd'hui est à l'origine de tout ce que vous voyez comme mafia dans le pays. Ce sont eux qui achètent la justice, qui essayent d'influencer la police, qui ont les machines de désinformation, qui donnent les infos à ces petits journaleux achetés qui font exactement ce qu'on leur demande. Ben Ali, c'était le chef. Il déléguait. Ces 42 avaient à l'époque le droit de vie ou de mort sur les citoyens. Ils n'acceptent pas d'avoir perdu ce pouvoir. Ils avaient pouvoir sur tout, ils l'ont perdu et ils essayent de le retrouver. Ils n'y arriveront pas, car nous avons une nouvelle Constitution. Alors ils essayent de pervertir les institutions, de dégoûter les gens de la politique. Ils ne veulent pas de la justice transitionnelle. Le journal Chourouk est leur porte-parole. Il écrit que l'IVD va faire la « fitna » (la discorde). Alors que nous voulons réconcilier les Tunisiens avec leur État. Ils me surveillent, je suis sur écoutes, mais je ne me sens pas en danger. Je leur ai dit : « S'il m'arrive quelque chose, c'est vous ! » Ils sont arrogants et omnipotents. Mais ils ne savent pas que leur omnipotence passée n'est plus.

Slim Chiboub, un des gendres de Ben Ali, a été le premier personnage important à faire appel à l'IVD ?
On a eu d'autres cas avant. Le 15 janvier 2011, il a divorcé de sa femme, donc le mot gendre… Tous les autres gendres de Ben Ali ont déposé. Il faut que leur dossier soit recevable. Chiboub, c'est celui qui a compris l'intérêt qu'il pouvait tirer de la justice transitionnelle. Car ces gens-là ont tous été soumis à des chantages du type « tu me donnes des sous et je m'occupe de ton dossier ». À la fin, ils se disent « je suis en train de donner de l'argent, l'opinion publique ne sait pas que je suis en train de le faire et par conséquent, ça va compter pour beurre » alors autant aller à l'IVD ou le processus est transparent, c'est sur la table et pas en dessous, ce qui les protégera des arnaqueurs.

Sont-ils sincères dans leurs démarches ?
Ce n'est pas de la sincérité, c'est de l'intérêt. Ils n'ont pas le choix. En venant ici, ils connaissent les règles. Il faut se repentir, dire exactement comment cela s'est passé et restituer de l'argent. Quel est le mécanisme incitatif qui les fait venir ? Les procédures judiciaires engagées contre eux sont gelées et si la négociation aboutit, il y a une extinction de l'action publique. La mécanique de la corruption n'est pas évidente à prouver avec les sociétés-écrans, les pays étrangers... L'objectif n'est pas de tout avoir sur un individu, mais de mettre à nu le système et que l'argent soit restitué aux Tunisiens. Qu'ils voient que ces gens ont demandé pardon à la communauté. Même s'ils ont restitué une part, c'est déjà ça, ce n'est pas rien. Ça aide à restaurer nos institutions, à prévenir la corruption. À rétablir les frontières du bien et du mal de la morale. Aujourd'hui, on en arrive à une situation ou voler l'argent public, piller l'État, c'est banal. Et même, vous devenez quelqu'un de performant, qui a réussi. Il faut que la société se protège par les valeurs pas seulement par le judiciaire, le droit. Quand Slim Chiboub dit « moi, ce que j'ai fait, ce n'est pas bien, je le regrette et je demande pardon », c'est un acte fondateur.

La Tunisie est-elle une société fracturée ?
Oui. En mille morceaux. Ça ne se voit pas, mais elle est fracturée entre ses régions, elle coupée en deux entre l'est et l'ouest. Elle est fracturée dans ses familles politiques. On a besoin que celles-ci se remettent à travailler ensemble. À l'IVD, on a constaté la fracture idéologique entre Ennahda et le Front populaire (gauche). Ils venaient me voir en me disant « eux, ce ne sont pas des vrais résistants », etc. Un jour je les ai réunis. Je leur ai dit : « Vous êtes tous des victimes du despotisme et pas des victimes de droite ou de gauche ! » Ils ont fait la paix entre eux, à l'intérieur de l'IVD en tout cas. À l'extérieur, ça ne me regarde pas. Bien sûr, ce ne sont que deux groupes. Le Front populaire était anti-IVD : il a déposé des dossiers. Les familles des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, assassinés, ont déposé un dossier. Ils sont tous venus en disant : « Nous attendons de l'IVD qu'il dévoile la vérité et qu'il fasse œuvre de mémoire. » Bien sûr que la société tunisienne est fracturée. Je l'ai constaté quand les minorités ont déposé des dossiers. Mais nous avons les mécanismes institutionnels pour réparer, pour confronter les vilaines choses que nous avons faites. La réconciliation ne se fait pas par l'amnésie.

Où seront construits les lieux de mémoire ?
Quand la prison du 9 avril a été détruite, c'est un espace de mémoire qui nous a manqué. Depuis neuf mois, l'IVD n'a pas cessé d'alerter les trois institutions dont dépend ce terrain (Domaines de l'État, Justice, Santé) pour dire « attention, il y a des corps ensevelis sous ce lieu, l'IVD souhaite en faire un lieu de mémoire, reconstruire une partie de cette prison qui a broyé toutes les générations d'opposants ». Quand le gouvernement Chahed est arrivé, tous nos courriers sont partis à la poubelle… La justice transitionnelle n'existe pas dans son programme, dans son discours. Nous avions réservé le Palais des congrès pour les premières auditions publiques, car il faut que ce soit dans un lieu institutionnel, un lieu qui montre que l'État assume. Eh bien, trois semaines avant on nous enlève la salle, car ça risque de nuire à la conférence sur l'investissement… Ils n'ont rien compris. Ils sont dans le déni. L'Afrique du Sud a vendu la justice transitionnelle pour redorer son image. Le Maroc jusqu'à aujourd'hui ne cesse de le faire. La présidence de la République ne le veut pas. La justice transitionnelle envoie un signal positif aux investisseurs en restaurant toutes les valeurs de cette société. Mais ils lisent les choses à l'envers. C'est la présidence ! Ils veulent nous reconstruire un État benalien. Ils n'en veulent pas de notre Constitution.

Quel bilan des 10 500 auditions qui se sont déroulées à huis clos ?
Sur ces 10 500 victimes, il y en a 5 qui ont dit : « Moi, je veux qu'ils passent en jugement, qu'il y ait une sanction pénale. » Toutes les autres on dit : « On pardonne à condition qu'ils nous demandent pardon. » C'est la majorité absolue pour ne pas dire la quasi-totalité. Mais toutes les demandes de conciliations et d'arbitrages envoyées au ministère de l'Intérieur, demandées par les victimes des tortionnaires, ont été rejetées. Ils sont dans le déni. Il ne s'est rien passé, mais on va y arriver. J'ai confiance.


(17-11-2016- Propos recueillis par Benoît Delmas )