mardi 15 novembre 2016

Syrie: Plainte de l'ONG Sherpa pour financement du terrorisme à l'encontre des activités de Lafarge


L'ONG Sherpa a déposé plainte à Paris contre le cimentier français Lafarge, notamment pour financement du terrorisme, après les révélations du Monde sur de possibles arrangements avec l'organisation terroriste Daesh, qui se prétend Etat islamique (EI), pour faire fonctionner un site en Syrie, a déclaré mardi à l'AFP son président William Bourdon.
Le quotidien avait révélé en juin "les troubles arrangements" de Lafarge avec l'organisation terroriste pour qu'une de ses cimenteries située à Jalabiya, au nord-est d'Alep, puisse continuer à fonctionner en 2013 et 2014, avant que Daesh ne s'empare du site et annonce l'arrêt de toute activité.
Selon Le Monde, l'entreprise a cherché à garantir l'accès à l'usine de ses ouvriers et des marchandises alors que plusieurs points de la zone étaient contrôlés par Daesh, en missionnant un intermédiaire pour obtenir des laissez-passer aux checkpoints.
Pour pouvoir fabriquer le ciment, Lafarge est aussi passé par "des intermédiaires et des négociants qui commercialisaient le pétrole raffiné par Daesh, contre le paiement d'une licence et le versement de taxes", assurait le journal.
La plainte avec constitution de partie civile a été déposée mardi auprès du doyen des juges d'instruction, au nom de Sherpa, association spécialisée dans la "défense de victimes de crimes économiques", du Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'Homme (ECCHR) et de onze anciens employés du groupe en Syrie, pour obtenir l'ouverture d'une information judiciaire. Elle vise des faits de financement du terrorisme, complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, mise en danger, exploitation abusive du travail et négligence.
"Ce que nous dénonçons, c'est l'obsession d'une entreprise de maintenir une activité profitable au risque de devoir rendre des comptes et que soient mis au jour des liaisons pour le moins dangereuses avec ceux qui sont perçus comme les pires ennemis de l'humanité", a déclaré William Bourdon à l'AFP.
"Nous demandons que soient tirées les conséquences d'une politique cynique faite d'aveuglement et de surdité, conduisant à des échanges commerciaux et financiers entre Lafarge Cement Syria sous le contrôle de sa maison-mère avec un groupe qui avait déjà amorcé la commission de grands crimes internationaux", a-t-il ajouté.
Le cimentier LafargeHolcim, issu de la fusion mi-2015 avec le Suisse Holcim, avait assuré en juin qu'il examinerait les faits révélés par Le Monde, après avoir affirmé que sa priorité absolue avait été la sécurité de ses personnels.
En juillet, la mission parlementaire sur les moyens du groupe jihadiste affirmait dans son rapport que "rien" ne permettait d'établir que Lafarge ait pu "participer directement ou indirectement, ni même de façon passive, au financement de Daesh".

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