dimanche 19 mars 2017

Israël/Palestine : L'émissaire de Trump rencontre des colons

L'administration Trump a de nouveau rompu jeudi avec des années de diplomatie sur le conflit israélo-palestinien, avec la rencontre exceptionnelle entre un émissaire du président américain et des représentants des colons israéliens.
Jason Greenblatt, représentant spécial de Donald Trump pour les négociations internationales, a rencontré à Jérusalem Oded Revivi et Yossi Dagan, représentants du Conseil Yesha, principale organisation des colons israéliens dans les Territoires palestiniens occupés, ont indiqué cette dernière et l'ambassade des Etats-Unis.
Un porte-parole de Yesha a déclaré à l'AFP qu'à sa connaissance, il s'agissait pour l'organisation de la première rencontre officielle à un tel niveau avec un envoyé d'une administration des Etats-Unis.
"Des représentants de Yesha ont rencontré John Kerry (ex-chef de la diplomatie) et d'autres en marge d'évènements, mais nous n'avions pas de rencontre officielle comme celle-ci", a-t-il dit.
"C'est assurément un énorme changement de politique", a-t-il ajouté sous couvert de l'anonymat.
La communauté internationale se garde de contacts officiels avec les représentants des colons. Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson avait refusé la semaine passée de voir les envoyés de Yesha, alors qu'il avait rencontré des membres de la Paix maintenant, une organisation israélienne anticolonisation.
La colonisation -c'est-à-dire la construction par Israël d'habitations civiles sur des territoires occupés- est illégale au regard du droit international. Elle est considérée par une grande partie de la communauté internationale comme un obstacle à la paix.
La construction de colonies, qui s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, rogne les territoires sur lesquels serait créé un Etat palestinien ou compromet la continuité, donc la viabilité d'un tel Etat.
En rencontrant les représentants des colons, M. Greenblatt s'inscrit dans la ligne de rupture annoncée par l'administration Trump.
Après les déclarations pro-israéliennes de sa campagne et la promesse de déménager l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, M. Trump a semé le trouble le 15 février en semblant prendre ses distances avec la solution dite à deux Etats. Or la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël est la référence de la communauté internationale.
La Maison Blanche a aussi mis deux semaines avant de réfréner publiquement les multiples annonces israéliennes de colonisation dans la foulée de l'investiture. Elle a depuis signalé qu'Israël ne disposait pas d'un chèque en blanc pour la colonisation.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué jeudi chercher un terrain d'entente avec Washington sur la construction de colonies, sujet de vive discorde avec la précédente administration Obama.
Dans un communiqué après une nouvelle rencontre avec M. Greenblatt, il a fait état "de progrès sur cette question", avec l'objectif "de trouver une approche reflétant les vues" de MM. Netanyahu et Trump.
Le gouvernement israélien, considéré comme le plus à droite de l'histoire et faisant la part belle aux défenseurs de la colonisation, cherche à créer les conditions pour continuer à construire sans braquer l'administration Trump.
Avec la visite de M. Greenblatt, l'administration Trump fait ses premiers pas sur le terrain du conflit israélo-palestinien alors que les perspectives d'une solution ont rarement paru plus sombres.
Le département d'Etat avait indiqué par avance que le déplacement de l'émissaire américain était avant tout un "voyage d'orientation" destiné à écouter les différentes parties et explorer les moyens de ranimer un effort de paix moribond.
Sa rencontre avec les représentants des colons participe de sa volonté de "consulter des forces politiques en tous genres", dit Eytan Gilboa, un expert israélien des relations avec les Etats-Unis. "C'est une bonne chose. Si cela ne tenait qu'à moi, il aurait pu rencontrer le Hamas", mouvement islamiste palestinien et ennemi d'Israël.
M. Greenblatt a rencontré M. Netanyahu à deux reprises depuis lundi, le président palestinien Mahmoud Abbas mardi et différents membres de la sécurité et de la société civile des deux bords. Mercredi, il a fait le court voyage de la Jordanie pour s'entretenir avec le roi Abdallah II, un important acteur de l'effort de paix.
M. Abbas a dit espérer que la rencontre avec M. Greenblatt, après le coup de fil de M. Trump la semaine passée et avant une prochaine visite à la Maison Blanche, favorise les efforts de paix.
Il prend date pour le 29 mars, quand les chefs d'Etat arabes se réuniront en Jordanie. Les pays arabes auront alors, selon lui, le regard tourné "vers Washington, afin de voir ce qui peut être fait par cette administration qui s'est dite engagée à parvenir à la paix".


(17-03-2017)

jeudi 16 mars 2017

Arabie Saoudite : Nouveau départ pour les relations américano-saoudiennes

 L'ambassade d'Arabie Saoudite, le 4 janvier 2016 à Washington (Afp)

Critiqué dans certains pays musulmans, le président Donald Trump a les faveurs de l'Arabie Saoudite qui, en retour, redevient un partenaire clé de Washington après des années de froid.
Lors d'un entretien mardi à Washington, M. Trump et l'influent vice-prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane se sont engagés à "un partenariat stratégique solide, large et durable basé sur un intérêt et un engagement communs pour la stabilité et la prospérité du Moyen-Orient", a indiqué la Maison blanche.
Le prince Mohammed, 31 ans, est le premier dirigeant du Golfe à être reçu par le nouveau président américain. Dans le même temps, son père, le roi Salmane, poursuit en Chine, deuxième puissance économique mondiale et rivale des Etats-Unis, une tournée asiatique qui l'a conduit au Japon, en Malaisie et en Indonésie.
Cette offensive de charme menée tous azimuts par l'Arabie Saoudite fait suite à une détérioration, sous l'administration de Barack Obama, des rapports entre Ryad et Washington, son allié traditionnel depuis plus de sept décennies.
M. Trump, dont l'élection avait été bien accueillie à Ryad, voit dans le royaume un partenaire essentiel pour la sécurité et l'investissement, selon des analystes.
"(Il) reconnait que le leadership saoudien est le canal principal vers le monde musulman", souligne Salmane al-Ansari, président du Saudi American Public Relation Affairs Committee (SAPRAC).
Le chaleureux accueil réservé au prince Mohammed confirme que l'Arabie Saoudite demeure, pour l'administration Trump, un facteur essentiel pour "la stabilité et la sécurité du Moyen-Orient et pour une prospérité économique mutuelle", précise-t-il à l'AFP.
Selon Anwar Eshki, chef du Middle East Center for Strategic and Legal Studies à Jeddah (ouest), M. Trump a invité le prince Mohammed pour se concerter sur "un plan pour le Moyen-Orient".
Ce plan vise à contrer l'Iran chiite, rival régional du royaume sunnite, et Daesh, précise ce général saoudien à la retraite, qui a visité Israël l'an dernier.
Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a qualifié l'Iran de "plus grand Etat soutenant le terrorisme" et principale source de déstabilisation du Moyen-Orient.
M. Trump avait promis durant sa campagne électorale de "déchirer" l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015. Mais il a convenu avec le prince Mohammed, selon la Maison blanche, de "l'importance d'affronter les activités déstabilisatrices de l'Iran dans la région, tout en continuant à évaluer et (à veiller) à la stricte application" de cet accord.
- "Remise à niveau" -
Ryad accuse régulièrement Téhéran d'ingérence dans les affaires régionales, notamment en Syrie où l'Iran soutient le régime de Bashar al-Assad, et au Yémen où la République islamique appuie les rebelles chiites Houthis combattus par une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite.
Les Etats-Unis fournissent des armes et apportent un soutien en ravitaillement et en renseignement à cette coalition, bien que l'administration Obama ait bloqué en décembre la vente à Ryad de munitions à guidage de précision en raison du grand nombre de victimes civiles au Yémen.
La rencontre entre M. Trump et le prince Mohammed a permis "le dialogue" et l'amorce d'une relation personnelle pour établir un partenariat de travail entre les deux pays, souligne Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies à Washington. Mais il est trop tôt, selon lui, pour savoir "s'il y aura des suites pratiques" pour contenir l'Iran et améliorer la lutte antiterroriste.
Second dans l'ordre de succession au trône, le prince Mohammed, également ministre de la Défense, est perçu comme l'homme fort du royaume. Il est l'artisan d'un vaste chantier de réformes appelé "Vision 2030" afin de réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole.
Les deux dirigeants ont souligné "leur détermination à renforcer la coopération" économique et énergétique, a indiqué la Maison blanche. Notamment avec un programme mixte de projets nécessitant des investissements de "plus de 200 milliards de dollars (...) durant les prochaines quatre années".
Les relations sont, selon M. Ansari, en passe de connaître "une remise à niveau" d'autant que Ryad n'a pas critiqué le décret migratoire de M. Trump, dont la deuxième version a été bloquée mercredi par un juge.
"Chaque pays a le droit de sécuriser ses frontières", a renchéri jeudi Faisal Abbas, rédacteur en chef du quotidien saoudien Arab News.

Yémen : Des artistes disent non à la guerre sur les murs de Sanaa

 Des artistes yéménites ont peint sur les murs de l'Université de Sanaa les horreurs de la guerre qui ravage leur pays depuis trois ans, mais aussi leurs espoirs de paix. (Afp)

Bravant les miliciens chiites, des artistes yéménites ont peint sur les murs de l'Université de Sanaa les horreurs de la guerre qui ravage leur pays depuis trois ans, mais aussi leurs espoirs de paix.
Des peintures représentant un avion tirant des missiles ou une carte du Yémen dégoulinant de sang côtoient des graffitis d'un soldat pointant son arme sur des cœurs et, plus loin, un bouquet de roses rouges.
Le temps d'une journée, le mur sud de l'enceinte de l'Université de Sanaa a servi de musée à ciel ouvert, attirant de nombreux habitants de la capitale fatigués par la situation dans leur pays.
"Je suis ici avec ma famille pour exprimer mon ras-le-bol de la guerre", affirme à l'AFP Fouad, l'un des visiteurs, qui confie que l'évènement représente pour lui "une bouffée d'oxygène".
Pour sa femme Myriam, ces peintures sont un moyen de se détacher de l'état d'esprit qui les hante.
Depuis l'intervention en mars 2015 de la coalition militaire arabe conduite par l'Arabie Saoudite en soutien au gouvernement face aux rebelles qui se sont emparés de Sanaa en septembre 2014, le conflit au Yémen a fait près de 7.700 morts et plus de 42.500 blessés, selon l'ONU.
Le pays est actuellement le théâtre de la "pire crise humanitaire au monde" et est confronté à "un grave risque de famine", mettent en garde les Nations unies.
Les rebelles chiites Houthis, alliés aux partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, quadrillent la capitale mais le collectif d'artistes menés par Mourad Soubaye ont insisté pour organiser leur "Journée de l'art".
Ils n'ont pas non plus cédé aux miliciens en armes qui leur ont demandé d'inscrire à côté de leurs fresques "Non à l'agression", sous entendu "l'agression saoudienne", même si la phrase a tout de même fini sur les murs de l'université, écrite par les Houthis eux-mêmes.
"Pas de rêves", a tracé à la peinture noire sur un pan de mur une jeune artiste, avant de s'assoir au sol sous une fresque représentant trois soldats lourdement armés.
"C'est une journée pour la paix, contre la violence et la guerre", a résumé à l'AFP M. Soubaye alors qu'un artiste peignait l'image d'un homme à la bouche cousue, pour témoigner de la difficulté de rejeter ouvertement les violences.
Mais les organisateurs ont tenu à souligner dans un tract adressé aux habitants de Sanaa qu'ils ne prenaient pas position dans le conflit. "Au moment où la guerre divise, l'art réunit au-delà des frontières et des barrières", ont-ils écrit.
Cette journée est l'une des rares manifestations échappant à l'endoctrinement ambiant. Elle fait suite à une autre manifestation, tout aussi rare, celle d'un sit-in de femmes de trois jours mardi à Sanaa, contre la guerre.

Maroc: Le roi remplace le Premier ministre islamiste

 Le Premier ministre islamiste marocain, Abdelilah Benkirane, le 22 octobre 2016 à Salé, au Maroc (Afp)

Après cinq mois de négociations infructueuses, le Premier ministre islamiste marocain, Abdelilah Benkirane, a été remercié mercredi soir sur décision du roi Mohammed VI, qui nommera dans les prochains jours une personnalité politique issue du même parti.
La situation est inédite dans l'histoire récente du Maroc: cinq mois sans gouvernement, et le remplacement du Premier ministre désigné pour "dépasser la situation d'immobilisme actuelle", selon un communiqué rendu public mercredi soir par le cabinet royal.
A la tête du gouvernement depuis 2011 et la victoire historique de sa formation islamiste, dans le sillage des "printemps arabes", le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD) avait été reconduit dans ses fonctions par le roi au lendemain du scrutin législatif du 7 octobre 2016, remporté une nouvelle fois par le PJD.
Mais cette fois il n'est pas parvenu à former une majorité, malgré cinq mois d'intenses et interminables tractations.
M. Benkirane proposait de reconduire la coalition sortante, une alliance hétéroclite de quatre formations rassemblant islamistes, libéraux et ex-communistes. Mais il a dû faire face à l'opposition de l'ex-ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, nouveau patron du Rassemblement national des Indépendants (RNI), un parti constitué de technocrates et de notables, qui exigeait l'entrée au gouvernement de deux autres formations alliées, et la mise à l'écart du parti de l'Istiqlal.
M. Akhannouch, l'une des plus grosses fortunes du continent, que l'on voit souvent aux côtés du roi dans ses voyages officiels, est parvenu à constituer autour de lui une alliance de petits partis lui permettant de tenir tête à Benkirane. Et de se poser comme un nouveau poids lourd de la politique locale et de l'opposition aux islamistes.
De fait, la relation entre les deux hommes a vite tourné au bras de fer, plongeant le pays dans une situation d'impasse inédite.
Le roi a "exhorté à plusieurs reprises M. Benkirane à accélérer la formation du nouveau gouvernement", a rappelé mercredi soir le cabinet royal. Mais, de retour en début de semaine d'une longue tournée africaine, le souverain a constaté que les consultations "n'avaient pas abouti", sans aucune perspective d'un prochain déblocage.
Ces derniers jours, alors que le retour du roi au Maroc était annoncé comme imminent, des médias marocains spéculaient déjà sur le départ de M. Benkirane, avec sa démission ou son remplacement sur décision du roi. Et la presse locale rappelait que selon la Constitution, le souverain doit désigner le chef du gouvernement au sein du parti arrivé en tête des élections législatives.
C'est ce qui va se passer puisque, selon le cabinet royal, le roi "recevra dans le délai le plus proche" une personnalité politique du PJD et la "chargera de former le nouveau gouvernement". Le roi a opté pour cette décision "dans le souci permanent de consolider le choix démocratique" et d'en "préserver les acquis", précise ce communiqué.
"Cette décision, où le PJD islamiste garde la main sur la formation de la future majorité, montre que le souverain souhaite conforter la logique démocratique", a assuré à l'AFP un haut responsable marocain.
Sur le site internet du PJD, M. Benkirane a appelé mercredi soir tous les militants de son parti à ne pas commenter le communiqué du cabinet royal.
Mercredi soir, la presse marocaine avançait déjà trois noms comme éventuel remplaçant du Premier ministre sortant: Salaheddine El-Othamni, Mustafa Ramid et Aziz Rabah, respectivement N.2 du parti islamiste, ministre sortant de la Justice et ancien ministre de l'Equipement.
Traditionnellement au Maroc, les lignes idéologiques des partis comptent peu ou pas dans la formation des coalitions, qui travaillent sous la tutelle du roi, chef d'Etat au-dessus des partis, lequel garde la haute main sur la diplomatie, la sécurité ou les secteurs clés de l'économie.
C'est la première fois dans son histoire récente que le pays a été aussi longtemps sans gouvernement, même si cette situation n'a eu jusqu'à présent que peu d'impact sur la vie des institutions et le quotidien des Marocains.

Syrie: La guerre entre dans sa 7ème année avec un double attentat

Les forces de sécurité syriennes après un attentat suicide à l'ancien palais de justice de Damas, le 15 mars 2017 (Afp)

La Syrie est entrée dans sa septième année de guerre avec deux nouveaux attentats suicide à Damas et au moins nouveaux 32 morts pour un conflit qui a déjà pris la vie de plus de 320.000 personnes.
Le terrible bilan humain de ce conflit, considéré comme le plus meurtrier depuis le début du XXIe siècle, s'est aussi alourdi avec la mort de 25 personnes, dont 14 enfants, dans des raids aériens sur la ville d'Idleb, en territoire rebelle et jihadiste.
Coïncidence avec ces attentats ? Washington envisage en tout cas de déployer jusqu'à un millier de soldats supplémentaires pour l'offensive sur Raqa, le principal fief de Daesh en Syrie.
Ce déploiement "est une des propositions qui est sur la table pour être discutée", a indiqué un responsable du Pentagone mercredi, soulignant cependant que cette proposition n'avait pas encore été soumise à l'approbation du président Donald Trump.
Cela doublerait les effectifs militaires américains déployés en Syrie, actuellement entre 800 et 900.
Ces deux nouveaux attentats, en moins de deux heures, dans une capitale jusqu'à présent relativement épargnée par les violences, surviennent cinq jours après la double attaque qui y a fait 74 morts et a été revendiquée par l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie.
Vers 13h10 (11h10 GMT), mercredi, un kamikaze s'est d'abord fait exploser dans un bâtiment abritant deux tribunaux près de l'entrée du fameux souk, au cœur de la capitale, tuant au moins 32 personnes et en blessant une centaine, a indiqué une source policière à l'AFP.
Moins de deux heures plus tard, dans le quartier de Raboué, dans l'ouest de Damas, un autre kamikaze "a déclenché sa ceinture explosive à l'intérieur d'un restaurant après avoir été pourchassé et cerné" par les services de sécurité, selon l'agence officielle Sana. La police a fait état de 25 blessés.
Après le deuxième attentat, et alors qu'il s'agissait de l'heure de pointe, les rues de la capitale avaient été largement désertées, selon les correspondants de l'AFP.
Moins de deux heures plus tard, dans le quartier de Raboué, dans l'ouest de Damas, un autre kamikaze "a déclenché sa ceinture explosive à l'intérieur d'un restaurant après avoir été pourchassé et cerné" par les services de sécurité, selon l'agence officielle Sana. La police a fait état de 25 blessés.
Après le deuxième attentat, et alors qu'il s'agissait de l'heure de pointe, les rues de la capitale avaient été largement désertées, selon les correspondants de l'AFP.
Ce double attentat n'avait pas encore été revendiqué mercredi soir mais, fait rare, le puissant groupe rebelle islamiste Ahrar al-Cham a publié un communiqué "condamnant dans les termes les plus forts les attentats terroristes criminels".
Dans la ville d'Idleb (nord-ouest), un homme, 13 membres de sa famille ainsi que la famille de son frère --soit 25 civils au total-- ont péri à l'aube dans des raids "vraisemblablement russes".
Et dans l'est de la province d'Alep (nord) un caméraman a été tué lorsque son équipe a été la cible d'une attaque "terroriste de Daesh" , selon la télévision d'Etat syrienne.
Au total ces six années de guerre ont également fait plus de 11 millions de déplacés et de réfugiés --soit la moitié de la population d'avant-guerre-- et laissé en ruines l'infrastructure du pays.
Ce sombre anniversaire a coïncidé avec un troisième cycle de pourparlers de paix sur la Syrie au Kazakhstan, mais celui-ci, boycotté par les rebelles, s'est terminé mercredi sans avancées concrètes.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a qualifié ce conflit d'un "des pires de notre époque": "La paix en Syrie est un impératif moral et politique, tant pour le peuple syrien que pour le monde", a-t-il insisté.
L'étincelle de cette guerre complexe avait été allumée le 15 mars 2011 par des manifestations pacifiques après l'arrestation et la torture d'élèves soupçonnés d'avoir écrit des slogans anti-régime sur les murs à Deraa (sud).
Durement réprimées, ces manifestations avaient dégénéré en une rébellion armée puis en une guerre civile impliquant une myriade de forces locales et étrangères.
"Mes plus beaux souvenirs de la révolution, c'est lorsque ma ville a été libérée de l'oppresseur Bashar al-Assad", affirme à l'AFP Abdallah al-Hussein, 32 ans, un joueur de foot de la ville de Saraqeb.
La communauté internationale a été divisée pendant des années entre un bloc pro-régime mené par la Russie et l'Iran d'une part, et un camp pro-opposition mené par les Etats-Unis, de nombreux pays européens ainsi que la Turquie et les pays du Golfe.
Mais le régime de Bashar a renversé la donne avec l'appui indéfectible et militaire de Moscou, entrée en action en septembre 2015.
En face, la rébellion a été minée par des dissensions internes et éclipsée par la montée de groupes jihadistes brutaux comme Daesh.
Dans le même temps, l'opposition politique ne peut plus trop compter sur le soutien turc, après le rapprochement fin 2016 entre Moscou et Ankara.
Quant aux Américains, ils restent "impliqués dans la recherche d'une solution diplomatique et de paix au conflit syrien", a insisté Mark Toner, le porte-parole du Département d'Etat mercredi: mais "chacun de nous sait à quel point c'est difficile", a-t-il ajouté.
"A moins d'une solution politique globale et inclusive, la Syrie pourrait continuer à être le théâtre d'un conflit purulent durant des années", prévient Karim Bitar, chercheur à l'Iris à Paris.

Syrie : Le pays entre dans sa septième année de guerre par un attentat

 Un attentat suicide a provoqué mercredi la mort d'au moins 25 personnes dans un tribunal de Damas, six ans jour pour jour après le début de la guerre qui a totalement dévasté la Syrie.
Cet attentat perpétré par un kamikaze est le deuxième à frapper la capitale syrienne en cinq jours après celui qui a fait samedi 74 morts.
"Il y a au moins 25 morts et des dizaines de blessés" après l'explosion survenue à une heure d'affluence dans un bâtiment abritant le tribunal pénal et le tribunal religieux chargé des affaires matrimoniales, selon la police.
Ces décès alourdissent encore le terrible bilan de six ans de guerre, qui ont fait plus de 320 000 morts, plus de 11 millions de déplacés et de réfugiés -- soit la moitié de la population d'avant-guerre -- et laissé en ruines l'infrastructure du pays.
Le sombre anniversaire coïncide avec un troisième cycle de pourparlers de paix sur la Syrie au Kazakhstan mais en l'absence des rebelles, laissant peu d'espoir pour une avancée notable dans le règlement du conflit.
"Mes plus beaux souvenirs de la révolution, c'est lorsque ma ville a été libérée de l'oppresseur Bashar al-Assad", affirme à l'AFP Abdallah al-Hussein, 32 ans, un joueur de foot de Saraqeb, une des villes d'Idleb.
L'étincelle de la guerre avait été allumée le 15 mars 2011 par des manifestations pacifiques après l'arrestation et la torture d'élèves soupçonnés d'avoir écrit des slogans antirégime sur les murs à Deraa (sud).
Durement réprimées, elles ont dégénéré en une rébellion armée puis en une guerre civile impliquant une myriade de forces locales, régionales et internationales.
"Quand nous avons commencé à manifester, je ne m'attendais pas à en arriver là. On pensait que ça allait se terminer en deux, trois mois, un an au plus tard", regrette Abdallah.
"Que cette guerre se termine par les armes ou pacifiquement, peu importe. Le peuple veut vivre en paix", assure-t-il.
La communauté internationale a été divisée pendant des années entre un bloc pro-régime mené par la Russie et l'Iran d'une part et un camp pro-opposition mené par les Etats-Unis, de nombreux pays européens ainsi que la Turquie et les pays du Golfe.
Mais contrairement aux attentes du deuxième bloc, le régime de Bashar a renversé la donne avec l'appui indéfectible et militaire de Moscou, entrée en action en septembre 2015.
En face, la rébellion a été minée par des dissensions internes et éclipsée par la montée de groupes jihadistes brutaux comme Daesh.
Elle se retrouve aujourd'hui extrêmement affaiblie et marginalisée, notamment après la perte en décembre du secteur est d'Alep, son plus important bastion.
Dans le même temps, l'opposition politique ne peut plus trop compter sur le soutien turc, après le rapprochement fin 2016 entre Moscou et Ankara --jusque-là rivaux, ni sur les Américains,l'administration américaine de Donald Trump se désintéressant des dernières négociations à Astana et Genève.
Malgré cela, "ll y a aujourd'hui une volonté internationale de mettre fin à la guerre et le peuple syrien veut une solution", affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Mais les petites guerres vont se poursuivre et la Syrie ne reviendra plus comme avant", dit-il. Car "ce n'est pas seulement l'infrastructure qui a été détruite mais aussi le tissu social".
Amnesty International rappelle pour sa part la nécessité de juger les criminels de guerre.
"Après six années de tourment, il n’y a aucune excuse pour laisser impunis les horribles crimes de droit international qui sont perpétrés en Syrie", affirme Samah Hadid, du bureau régional de l'ONG.
Dans un document présenté mardi au Conseil des droits de l'Homme, la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a dénoncé une multitude de crimes perpétrés par les forces du gouvernement, les accusant entre autres d'avoir commis un "crime de guerre" en bombardant fin 2016 une source d'eau alimentant Damas.
Il y a deux semaines, la Commission avait dénoncé aussi l'usage par les forces syriennes dans des zones résidentielles d'armes interdites comme le chlore ou les bombes à fragmentation.
Le rapport publié mardi dénonce également les attaques indiscriminées menées par les groupes rebelles, qui tuent des civils dont de nombreux enfants dans les zones sous contrôle du gouvernement.

Syrie: 814 soignants tués en six ans

 Ruines de l'hôpital Al-Quds à Alep, en Syrie, le 28 avril 2016 (Afp)

Au moins 814 soignants ont été tués depuis le début de la guerre en Syrie en mars 2011, avec une nette intensification des attaques contre des établissements de santé l'an dernier par les forces gouvernementales et leurs alliés russes, selon de nouvelles estimations publiées mercredi.
"L'année 2016 a été l'année la plus dangereuse à ce jour pour les professionnels de santé en Syrie, et les attaques continuent", souligne le Dr Samer Jabbour de l'Université américaine de Beyrouth, l'un des auteurs de l'étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet.
L'étude réalisée par un groupe de chercheurs - incluant également des membres la Société médicale syro-américaine (SAMS) - reprend des données provenant de différentes sources.
Selon l'étude, le gouvernement syrien et son allié russe ont pris pour cible les structures de soin de manière systématique.
"Utilisée à une échelle sans précédent par le gouvernement syrien et ses alliés" cette stratégie s'est traduite par des "centaines de soignants tués, des centaines d'autres incarcérés ou torturés et des centaines d’établissements de soins délibérément et systématiquement attaquées", relève l'étude.
Elle ajoute que le nombre d'attaques contre des établissements sanitaires est passé de 91 en 2012 à 199 en 2016, dont 94% ont été menées "par le gouvernement syrien et ses alliés, y compris la Russie".
Parmi les exemples, l'étude cite le cas de l'hôpital Kafr Zita Cave à Hama (centre de la Syrie) qui a été bombardé à 33 reprises depuis 2014, dont six fois depuis le début de cette année ou encore l'hôpital souterrain M10 situé dans la partie orientale d'Alep, attaqué à 19 reprises en l'espace de 3 ans avant d'être complètement détruit en octobre.
"Avec le temps, les attaques sont devenues plus fréquentes, plus évidentes, et s'étendant à des zones géographiques plus vastes", relève le Dr Jabbour.
Selon des chiffres fournis par l'ONG américaine Physicians for Human Rights (PHR), 782 soignants ont été tués entre mars 2011 et septembre 2016, auxquels sont venus s'ajouter 32 décès survenus entre octobre 2016 et février 2017, selon les chercheurs.
Sur les 782 tués, 55% l'ont été dans des bombardements, 23% lors de fusillades, 13% à la suite de tortures tandis que 8% ont été exécutés.
La profession médicale a été la plus touchée, les médecins représentant 32% de tous les tués, selon l'étude.
Mais la guerre a également fait fuir la moitié des praticiens présents avant la guerre, soit plus de 15.000 personnes entre 2011 et 2015.
Dans la partie orientale d'Alep, il ne reste plus aujourd'hui qu'un médecin pour 7.000 habitants contre 1 pour 800 en 2010.
L'exode concerne plus particulièrement les docteurs expérimentés, ne laissant souvent sur place que des jeunes insuffisamment formés en raison de la guerre, relève encore l'étude.
Les médecins sont par ailleurs concentrés dans les zones sous contrôle gouvernemental, alors que dans les autres, les rares soignants encore présents doivent non seulement gérer l'afflux de victimes mais également faire face à des pénuries de médicaments, des épidémies ou des attaques chimiques.
Pour les auteurs de l'étude, la crise syrienne "a révélé des lacunes" dans les réactions des organisations internationales comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui répertorie désormais les attaques mais ne fournit pas les noms des responsables "ce qui porte atteinte aux efforts nécessaires pour mettre fin à ces crimes de guerre".
Dans un commentaire joint à l'étude, l'OMS reconnaît que la guerre en Syrie - qui a déjà fait plus de 320.000 morts au total- est actuellement "la plus grande crise sur le plan humanitaire et en terme de réfugiés" et qu'elle envisage de travailler avec tous les participants "pour faire avancer les choses".

Israël/Palestine : L'administration Trump en mission exploratoire sur le terrain israélo-palestinien

 Carte des colonies israéliennes en Cisjordanie, dont celle de Halamish où des heurts ont opposé des Palestiniens et des colons israéliens, le 3 mars 2017 (Afp)


L'administration Trump fait de premiers pas prudents sur le terrain du conflit israélo-palestinien avec des rencontres entre l'envoyé américain Jason Greenblatt et les dirigeants des deux bords pour explorer les possibilités de ranimer l'effort de paix moribond.
M. Greenblatt, assistant de Donald Trump et représentant spécial en charge des négociations internationales, s'est entretenu pendant plus de cinq heures avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lundi à Jérusalem, ont indiqué Israéliens et Américains dans un communiqué commun.
Mardi, il a été reçu à Ramallah, en Cisjordanie occupée, par Mahmoud Abbas pour le premier face-à-face entre le président palestinien et un représentant de la Maison Blanche. La Mouqataa, le palais présidentiel à Ramallah, a diffusé des photos de la rencontre sans évoquer la teneur des entretiens.
Auprès de M. Netanyahu, M. Greenblatt a répété l'engagement de M. Trump à assurer la sécurité d'Israël et la volonté du président américain "d'aider Israéliens et Palestiniens à parvenir à une paix durable".
Cela ne sera possible qu'à travers des "négociations directes", a ajouté l'homme qui se présente comme un juif pratiquant, réitérant implicitement l'opposition de M. Trump à toute solution imposée par la communauté internationale.
M. Greenblatt, avocat pendant deux décennies au sein du groupe Trump, a dans ses attributions les accords commerciaux en tous genres, mais aussi l'insoluble conflit israélo-palestinien.
Avec lui, c'est l'un de ses conseillers "les plus proches", capable de "forger des consensus sur des dossiers difficiles et sensibles", que M. Trump a choisi, selon les mots de ce dernier.
M. Greenblatt aura besoin de ce savoir-faire pour aider M. Trump à réussir là où ses prédécesseurs ont échoué.
L'horizon a rarement paru plus sombre. L'effort de paix est moribond depuis l'échec de la dernière initiative américaine en 2014. Une partie de la communauté internationale craint qu'il ne faille prononcer l'arrêt de mort de la solution dite à deux Etats.
La création d'un Etat palestinien coexistant en paix avec Israël reste la solution de référence de l'essentiel de la communauté internationale.
M. Trump a semé le trouble en semblant prendre ses distances avec cette solution lorsqu'il a reçu le Premier ministre israélien le 15 février.
Le communiqué publié après la rencontre Netanyahu-Greenblatt n'y fait aucune référence.
M. Abbas a, pour sa part, réaffirmé son attachement à cette solution lors de son premier entretien téléphonique avec M. Trump vendredi.
Le président américain a alarmé la direction palestinienne par ses déclarations très pro-israéliennes pendant sa campagne, la promesse de déménager l'ambassade américaine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem et la nomination d'un supporteur de la colonisation comme futur ambassadeur.
La Maison Blanche a aussi mis du temps à réfréner les ardeurs israéliennes quand M. Netanyahu a annoncé plus de 5.000 logements de colonisation en Cisjordanie dans la foulée de l'investiture de M. Trump. Ce dernier a fini par appeler M. Netanyahu à faire "preuve de retenue pour quelque temps".
Le gouvernement de M. Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, fait la part belle aux avocats de la colonisation, c'est-à-dire la construction d'habitations civiles israéliennes en Territoires palestiniens occupés. Certains de ses membres prônent ouvertement l'annexion de la Cisjordanie.
La visite de M. Greenblatt coïncide avec les efforts de membres de la majorité israélienne pour faire adopter une loi annexant l'importante colonie de Maale Adoumim en Cisjordanie. M. Netanyahu s'efforcerait de repousser l'examen prévu mardi en commission de ce texte susceptible de causer une première crise avec l'administration Trump.
Après sa rencontre avec M. Trump en février, M. Netanyahu avait indiqué qu'il avait convenu avec l'administration américaine de mettre en place un mécanisme commun pour que la colonisation cesse d'être une pomme de discorde, comme ce fut le cas sous l'administration Obama.
M. Greenblatt est chargé côté américain de la mise en place de ce mécanisme, mais Washington a prévenu qu'il ne fallait pas attendre de résultat spectaculaire de sa mission.
Son déplacement est un "voyage d'orientation", "la première de visites qui s'annoncent nombreuses dans la région", a expliqué le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner. M. Greenblatt "sera là-bas pour beaucoup écouter" et "obtenir une bonne perspective sur les moyens d'aller de l'avant", selon lui.

(14-03-2017)

mardi 14 mars 2017

Algérie: 2000 ans d'histoire révélés

 Des vestiges archéologiques place des Martyrs à Alger, en Algérie, le 2 mars 2017 (Afp)

"C'était spectaculaire! D'un seul regard, on pouvait embrasser deux millénaires de l'histoire d'Alger", raconte, la voix empreinte d'émotion, l'archéologue Kamel Stiti en se remémorant la découverte en 2009 de vestiges en plein coeur de la capitale algérienne.
L'histoire de la plus importante découverte archéologique d'Algérie a commencé avec des sondages exploratoires sur le tracé du métro d'Alger.
Ces trouvailles ont ensuite mené à des fouilles, lancées en 2013, qui ont permis d'exhumer des vestiges s'étendant de l'ère romaine -- à la fin du Ier siècle avant J.-C., quand Alger s'appelait Icosium -- à celle de la colonisation française, en passant par les époques byzantine et ottomane.
Un édifice public pavé de mosaïques du Ve siècle et une vaste nécropole byzantine du VIIe siècle renfermant plusieurs dizaines de tombes ont ainsi émergé de ce chantier de 3000 mètres carrés.
Un grand nombre de vestiges et de matériaux, souvent fragmentés, ont été récupérés, notamment un ensemble de 385 pièces de monnaies (des réaux, monnaies royales) et des outils de défense comme des "boules catapultiques".
Dans cette stratification de l'histoire, des parties de la mosquée Es Sayida, construite par les Ottomans, ont également été découvertes. Cette mosquée avait été rasée en 1831, au tout début de la colonisation française, afin, selon l'archéologue, de réaliser une grande place: la place du Roi, devenue ultérieurement place du Gouvernement, et rebaptisée place des Martyrs après l'indépendance du pays en 1962.
L'Algérie recèle des ruines romaines (en plein air) qui comptent parmi les plus importantes au monde, mais beaucoup pensaient qu'il ne subsistait rien de ces temps lointains à Alger même, assure le codirecteur des fouilles, M. Stiti.
Menées par un groupement constitué du Centre national de recherches archéologiques (CNRA) et de l'Institut national des recherches archéologiques préventives (INRAP, français), ces fouilles ont montré au contraire que les sites dans la capitale ont été bien conservés.
Les résultats complets sont actuellement en phase d'analyse et d'interprétation. Un rapport est attendu en fin d'année.
La mise au jour des vestiges archéologiques place des Martyrs a entraîné une modification du chantier du métro, relève avec satisfaction M. Stiti, membre du CNRA.
"C'est une première" en Algérie, souligne-t-il. Le projet a pu être adapté sans être supprimé, signe que l'archéologie et le développement ne sont pas incompatibles, ajoute-t-il.
"C'est une plus-value", l'archéologie accompagne le développement "sans le freiner", dit-il en regrettant que les archéologues soient souvent vus comme des empêcheurs de construire.
Afin de préserver le patrimoine historique de la ville, la station de métro ne fera que 3250 m2 au lieu des 8000 m2 prévus initialement, et le tunnel du métro devra passer à 35 mètres sous terre.
"Pour ne pas accuser un retard, facteur de surcoûts pour le projet du métro, les archéologues ont travaillé d'arrache-pied, y compris les jours fériés", souligne M. Stiti.
Plus de 150 personnes de différentes nationalités et spécialités ont participé aux fouilles, une aubaine pour les jeunes archéologues algériens.
Place des Martyrs, la future station-musée qui doit être inaugurée en novembre s'inspirera de musées italiens et grecs.
"Mais à Rome ou à Athènes, le musée présente des séquences particulières alors qu'ici, le visiteur pourra embrasser toute l'histoire d'Alger sur 2000 ans. C'est une fierté !", se réjouit M. Stiti.
Une partie des objets mis au jour sera ainsi exposée dans un musée classique, à l'extérieur, doté d'une ou plusieurs salles. Mais les vestiges immobiliers seront eux présentés dans un musée in situ, pour certains à plus de 7 mètres sous terre, et sur 1200 m2.
"Je suis impatiente de voir la station ouverte. Fini les désagréments des travaux, je pourrai circuler en métro et surtout visiter le musée avec mes deux petites-filles qui sont écolières", se félicite Aïcha, 70 ans, une "voisine" du chantier des fouilles.
Saïd, 50 ans, rêve maintenant "de visites guidées pour les jeunes, scolarisés ou pas". "Afin qu'ils puissent s'approprier le passé de notre ville plusieurs fois millénaire", explique cet enseignant d'histoire-géographie au lycée Emir Abdelkader.

lundi 13 mars 2017

Israël/Palestine : Ibrahim Mahmoud Matar, 25 ans...

Les forces d'occupation ont assassiné ce matin (lundi, 13 mars 2017) le jeune Palestinien Ibrahim Mahmoud Matar, 25 ans, habitant du quartier de Jabal al Makbar à Al Quds occupée... sous prétexte qu'il s'apprêtait à commettre un attentat, contrairement à ce qu'ont affirmé des témoins oculaires. (Photo Apa)

Égypte: La justice approuve la remise en liberté d'Hosni Moubarak

 L'ex-président égyptien Hosni Moubarak est transféré d'un hélicoptère à une ambulance à l'extérieur de l'hôpital militaire de Maadi au Caire, le 2 mars 2017 (Afp)

La remise en liberté décidée lundi par la justice de l'ex-président Hosni Moubarak, qui a régné d'une main de fer pendant 30 ans, vient clore symboliquement le chapitre du Printemps arabe en Egypte.
L'avocat Me Farid el-Deeb a précisé que M. Moubarak, actuellement retenu dans un hôpital militaire du Caire, "pourra rentrer chez lui lorsque les docteurs diront qu'il peut sortir".
Il ne pourra toutefois pas se rendre à l'étranger, d'après son avocat.
M. Moubarak, 88 ans, est en effet interdit de voyage en raison d'une enquête de l’organisme égyptien des gains illicites, qui surveille les fortunes accumulées de manière frauduleuse.
M. Moubarak a passé le plus clair de son temps dans un hôpital militaire en résidence surveillée au Caire depuis son arrestation en 2011.
Dans le dossier sur la mort de manifestants, il a été accusé d'avoir incité au meurtre des participants aux manifestations pendant la révolte de 18 jours, au cours de laquelle quelque 850 personnes ont été tuées lors d'affrontements avec la police.
Il avait été condamné à la prison à vie en juin 2012 mais un nouveau procès avait été ordonné par la justice.
En novembre 2014, un autre tribunal qui le rejugeait avait finalement ordonné l'abandon des accusations, blanchissant ainsi M. Moubarak, mais le parquet avait introduit un recours en cassation.
Le 2 mars, la cour de Cassation a finalement confirmé l'abandon des charges.
A la suite de cette décision, les familles de victimes des violences de 2011 avaient réagi avec colère pour certains.
Pour Khalifa Ahmed, 69 ans, qui a perdu son fils Ahmed le 28 janvier 2011, lors d'une manifestation réprimée dans le sang, "la sentence n'a pas de sens".
Mostafa Morsi, qui a également perdu son fils, Mohamed, le même jour, a dénoncé une justice "corrompue". "Le sang de notre fils a coulé pour rien (...) La corruption est de retour en force", avait-il dit à l'AFP au lendemain de la décision de la cour de Cassation.
"J'aurais pensé que le Printemps arabe nous aurait donné une meilleure qualité de vie, mais c'est pire. Tout est pire", avait-il dit.
Il s'agissait de la dernière procédure judiciaire visant M. Moubarak. L'ex-raïs, qui a régné 30 ans sans partage sur l’Égypte, a été jugé dans plusieurs affaires depuis son retrait du pouvoir en février 2011.
Par ailleurs, en janvier 2016, la cour d'appel a confirmé une peine de trois ans de prison pour M. Moubarak et ses deux fils dans une affaire de corruption.
M. Moubarak était accusé avec ses deux fils d'avoir détourné plus de 10 millions d'euros, alloués à l'entretien des palais présidentiels. Outre les 3 ans de prison, tous trois ont été condamnés ensemble à payer une amende de 125 millions de livres égyptiennes (environ 15 millions d'euros) et à rembourser à l’État 21 millions de livres (2,5 millions d'euros).
Mais la peine prononcée tenait compte du temps déjà effectué en prison. Ses deux fils, Alaa et Gamal, ont été remis en liberté.
Avant la révolte, Gamal avait été longtemps pressenti pour prendre sa succession à la tête de l’Égypte.
Après 2013 et la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée, les démêlés judiciaires de ce dernier avaient éclipsé ceux de M. Moubarak.

samedi 11 mars 2017

Syrie: Au moins 46 morts dans un double attentat à Damas

 Sur le site d'un attentat, le 11 mars 2017 à Damas (Afp)

Un double attentat dans la vieille ville de Damas a fait samedi au moins 46 morts, en majorité des pèlerins chiites irakiens, une des attaques les plus sanglantes ayant frappé la capitale syrienne en six ans de guerre.
Principale place forte du régime du dictateur Bashar al-Assad, la capitale syrienne a été frappée par plusieurs attentats depuis le début de la guerre en 2011, même si elle est restée à l'écart des combats qui ont ravagé les autres villes et localités du pays.
"Il y a eu au moins un kamikaze qui s'est fait exploser" dans la vieille ville, située dans le sud-est de Damas, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il a fait état d'un bilan d'au moins 46 morts, dont de nombreux pèlerins chiites irakiens, et de "plusieurs dizaines de blessés dont certains graves" dans cette attaque qui a eu lieu près du cimetière de Bab al-Saghir situé dans le vaste quartier de Chaghour.
Le ministère irakien des Affaires étrangères a fait état d'une quarantaine de ressortissants tués et de plus de 100 blessés.
Selon le ministre syrien de l'Intérieur Mohammad al-Chaar, l'attaque a visé "des pèlerins de différentes nationalités arabes". "Le but était juste de tuer", a-t-il dit.
La télévision d'Etat syrienne a rapporté de son côté 40 morts et 120 blessés, évoquant l'explosion de "deux bombes posées par des terroristes", terme qui fait référence aux ennemis rebelles et jihadistes du régime.
La chaîne a montré des images de plusieurs bus blancs dévastés, avec des vitres brisées et des soutes éventrées. D'autres ont été en partie carbonisés.
Au sol, pêle-mêle des chaussures, des lunettes, et des chaises roulantes à côté de flaques de sang.
L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
Le secteur de l'attentat de samedi est situé dans une zone où se trouvent de nombreux mausolées chiites, considérés comme des lieux de pèlerinage, mais aussi des mausolées sunnites.
Au cours des dernières années, plusieurs attentats sanglants ont visé Sayeda Zeinab, un haut lieu de pèlerinage chiite près de Damas.
La plupart des attentats ont été revendiqués par des groupes jihadistes hostiles à l'Iran et au mouvement chiite libanais Hezbollah, principaux alliés du régime de Bashar al-Assad.
L'attaque la plus meurtrière avait eu lieu le 21 février 2016 et avait fait 134 morts, dont 97 civils. Elle avait été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle des territoires notamment dans l'est du pays.
Ce groupe, qui avait mis la main sur de vastes territoires dans le nord et l'est du pays en 2014, a depuis perdu une grande partie de ses gains.
Il fait actuellement face à trois forces autour de son fief de Raqa: les troupes turques et leurs alliés rebelles syriens, les forces gouvernementales syriennes appuyées par la Russie, et une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis.
Déclenchée par la répression de manifestations pro-démocratie il y a près de six ans, la guerre en Syrie, qui a fait plus de 310.000 morts, est en effet devenue très complexe avec l'implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.
Le groupe terroriste Daesh est également présent dans l'Irak voisin où il est aussi l'objet d'une offensive des forces irakiennes dans son bastion de Mossoul, deuxième ville du pays.
Les forces gouvernementales ont lancé une offensive contre cette ville le 17 octobre, ont pris la partie est de la cité fin janvier et mènent depuis mi-février des combats pour chasser les derniers jihadistes de Mossoul-Ouest.
Vendredi, les forces du contre-terrorisme (CTS) ont repris les quartiers d'Al-Amil al-Oula et d'Al-Amil al-Thaniyah, selon le Commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte contre Daesh dans le pays.
Daesh "a perdu de nombreux combattants (...), l'ennemi commence à s'effondrer", a indiqué pour sa part à l'AFP le général Maan al-Saadi, haut commandant des CTS.
Autre signe que l'étau se resserre sur Daesh à Mossoul, son chef Abou Bakr al-Baghdadi a "probablement quitté Mossoul avant que Mossoul et Tal Afar (plus à l'ouest) ne soient isolées par les forces irakiennes", selon un responsable américain.

Israël: Une loi contre le boycott sous le feu des critiques

 Un militaire escorte un groupe d'écolier à Hébron , le 26 avril 2016 (Afp)

Des organisations de défense des droits de l'Homme et des groupes d'opposition ont dénoncé mardi une nouvelle loi interdisant l'entrée en Israël à toute personne appelant au boycott de l'Etat hébreu.
Cette loi votée lundi par le Parlement s'inscrit dans une vaste offensive lancée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, contre des ONG de gauche opposées à la colonisation des territoires palestiniens occupés depuis près d'un demi-siècle.
Le mois dernier, les autorités israéliennes ont annoncé qu'elles n'accorderaient plus de visa de travail aux membres étrangers de l'ONG Human Rights Watch (HRW). Le Parlement israélien a adopté l'an dernier une loi contraignant les ONG recevant la majorité de leurs fonds d'institutions gouvernementales étrangères à déclarer leur situation.
Le texte voté lundi vise le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), qui milite en faveur d'un boycott économique, culturel mais aussi scientifique d'Israël jusqu'à la fin de l’occupation des territoires palestiniens.
"Un visa ou un permis de séjour ne sera plus accordé à une personne qui n'est pas un citoyen israélien ou un résident permanent, si elle, l'organisation ou l'organisme dans laquelle elle est active, a lancé publiquement un appel à boycotter l'Etat d’Israël ou s'est engagée à prendre part à ce boycott".
La loi définit le boycott comme une action délibérée en vue "d'empêcher des liens économiques, culturels, ou académiques avec une autre personne ou un organisme uniquement en raison de ses liens avec l'Etat d’Israël, avec l'une de ses institutions ou une zone sous son contrôle".
La mention "zone sous son contrôle" signifie que la loi s'applique aux activistes qui appellent au boycott des produits des colonies israéliennes dans les territoires occupés.
"Cette loi viole clairement la liberté d'expression", a estimé La Paix maintenant, une ONG opposée à la colonisation dans un communiqué.
BDS s'est activement engagé ces dernières années pour le boycott d'Israël. L'Etat hébreu considère ce mouvement comme une menace stratégique et dénonce ses motivations antisémites, ce que BDS dément.
L'an dernier, Israël a débloqué 32 millions de dollars pour lutter contre ce mouvement.
"Avec cette loi, Israël n’empêchera pas le boycott mais écornera seulement (son) image dans le monde (...)", a ajouté la Paix Maintenant dans un communiqué.
Un des dirigeants de BDS, Omar Barghouti, estime lui aussi qu'avec cette loi "Israël a marqué un but contre son camp. BDS ne va pas arrêter ses activités", a prévenu M. Barghouti.
"Le contrôle des frontières ne devrait pas être utilisé pour contrôler les esprits", a estimé Hagai El-Ad, responsable de B'Tselem une ONG israélienne anti-occupation.
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a récusé ces critiques. "Cette loi constitue une nouvelle étape dans notre combat contre ceux qui veulent délégitimer Israël en se cachant derrière le discours des droits de l'Homme", a estimé ce ministre dans un discours.
Le député d'opposition de gauche Manuel Trajtenberg estime lui que la meilleure option était d'engager un dialogue constructif avec ce mouvement.
"Qu'est-ce que vous proposez, que nous nous réfugions dans un bunker, que nous fermions la porte et jetions la clé", a-t-il lancé à l'adresse du gouvernement.
La Voix juive pour la paix, un groupe américain de défense des droits de l'Homme qui soutient BDS, a comparé le vote de la Knesset au décret révisé signé lundi par le président américain Donald Trump interdisant pendant 90 jours l'entrée des Etats-Unis aux ressortissants de six pays musulmans.
"Israël a ainsi adopté sa propre interdiction discriminatoire (...)", a déploré dans un communiqué une des dirigeantes de cette association Rebecca Vilkomerson.

vendredi 10 mars 2017

Israël/Palestine : Mort d'un Palestinien dans un échange de tirs avec l'armée israélienne

 Au domicile de Bassel al-Aaraj, le 6 mars 2017 à Ramallah en Cisjordanie (Afp)

Un Palestinien a été tué durant la nuit de dimanche à lundi par l'armée israélienne lors d'un échange de tirs à Ramallah, en Cisjordanie occupée, a annoncé l'armée.
Bassel al-Aaraj, originaire de Bethléem et âgé de 31 ans, était recherché par les services de sécurité israéliens. Il a ouvert le feu vers des soldats venus l'arrêter à son domicile, en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis un demi-siècle par l'armée israélienne, a précisé une porte-parole de la police israélienne.
Un fusil d'assaut M-16 et un pistolet-mitrailleur artisanal de type "Carlo" ont été retrouvés dans la maison, a-t-elle dit.
"Le terroriste était à la tête d'une cellule qui planifiait des attaques contre des objectifs israéliens. Il était en particulier chargé de l'approvisionnement en armes" de cette cellule, a-t-on ajouté de même source.
L'homme, présenté par les services de sécurité palestiniens, comme "proche des islamistes", avait été incarcéré plusieurs mois par l'Autorité palestinienne, a indiqué une source au sein des services de sécurité palestiniens.
Deux autres Palestiniens ont été blessés par balles lors d'affrontements qui ont suivi avec les militaires israéliens, ont indiqué des sources hospitalières palestiniennes.
La Cisjordanie a été, avec Jérusalem et Israël, le théâtre d'une vague de violences qui a coûté la vie à 254 Palestiniens, 40 Israéliens, deux Américains, un Jordanien, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre 2015, selon un décompte de l'AFP.
La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques anti-israéliennes, souvent commises à l'arme blanche par de jeunes gens isolés.
L'armée israélienne effectue régulièrement des incursions et des interpellations à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, bien que cette ville soit située en zone "A", c'est à dire en principe entièrement sous le contrôle de l'Autorité palestinienne.



الجبهة الشعبية تنعي أحد أبرز شباب فلسطين المقاوم باسل الأعرج

نعت الجبهة الشعبية لتحرير فلسطين إلى جماهير شعبنا المقاوم والمنظّر الأول لانتفاضة الشباب الفلسطيني باسل الأعرج، والذي استشهد اليوم خلال جريمة اغتيال صهيونية جبانة، والتي خاض فيها الشهيد معركة بطولية بعد مطاردة استمرت شهور طويلة، داعية فصائل المقاومة إلى الوحدة الميدانية والتنسيق فيما بينها للرد القوي على هذه الجريمة، وتكثيف عملياتها ضد الاحتلال الصهيوني المجرم.

وأكدت الجبهة أن فلسطين فقدت اليوم واحداً من خيرة وأبرز شباب فلسطين والذي دفع حياته ثمناً لمبادئه وقيمه، والذي كان جذرياً لأبعد الحدود، رافضاً للحلول الاستسلامية، وأحد أبرز المؤرخين لتاريخ فلسطين في مواجهة محاولات تصفية القضية الفلسطينية.

ووصفت الجبهة المناضل الشهيد بالثائر المثقف والمنظّر لانتفاضة الشباب الفلسطيني، والذي تمسك دوماً بجذوة المقاومة والانتفاضة طريقاً للوحدة والعودة والتحرير لكامل التراب الوطني الفلسطيني، وهو المثقف الثوري الذي سخر كل طاقاته الثقافية والمعرفية خدمةً للمقاومة وتطوير أدواتها، ومارس ذلك سلوكاً ميدانياً مقاوماً ليجعل من جسده متراساً في وجه التنسيق الأمني وأدواته، رافضاً بأن يكتفي المثقف بدوره كداعية ومنظّر بل ممارسة يومية على الأرض.

واعتبرت الجبهة أن جريمة اغتيال المناضل الشهيد الأعرج جاءت ثمرة لاستمرار التنسيق الأمني المقيت، فقد سبق وأن طاردت ولاحقت أجهزة أمن السلطة الشهيد باسل ورفاقه، وتمكنت من اعتقاله عدة شهور، وتسبب هذا الاعتقال في مطاردة الاحتلال له حتى استشهاده.

وشددت الجبهة على أن دم الشهيد المناضل باسل الأعرج، ودماء شهداء شعبنا، وعذابات أسرانا، تستصرخ الجميع، وتدعوهم بضرورة تجسيد الوحدة الميدانية في الميدان، وتعزيز وتفعيل الانتفاضة الشعبية العارمة ضد الاحتلال، وإعادة الاعتبار للمقاومة المسلحة باعتبارها من أنجع الوسائل لردع الاحتلال والرد على جرائمه.

وطالبت الجبهة الشعبية بضرورة مواجهة كل أشكال التنسيق الأمني والاعتقالات والملاحقة السياسية من قبل أجهزة أمن السلطة، واعتبار التنسيق الأمني هو خيانة صريحة لدماء الشهداء ولمبادئ وقيم شعبنا، والتي تسبب استمرارها في الضرر بالمقاومة وشبابها.

ودعت الجبهة القيادة الفلسطينية إلى تحويل أقوالها بالتوجه إلى المؤسسات الدولية لملاحقة الاحتلال على جرائمه بحق شعبنا إلى أفعال، في ظل تصعيد الاحتلال لجرائمه وقوانينه العنصرية ضد شعبنا.

وشددت الجبهة على ضرورة إدراك المخاطر الحقيقية على قضيتنا الفلسطينية في ظل محاولات الاحتلال استغلال الغطاء الأمريكي والانقسام، والوضع العربي إلى مزيد من الضغط والعدوان على شعبنا، عبر إجراءات وإقرار قوانين للاستيلاء على مزيد من الأراضي، وما طرح ما يُسمى مشروع قانون تطبيق السيادة الإسرائيلية على مستوطنة معاليه أدوميم، شرقي القدس، يمثل جريمة جديدة ضمن محاولات الاحتلال تصفية حقوقنا وقضيتنا.

واعتبرت الجبهة أن الوفاء لدماء الشهيد الأعرج يتطلب انهاء اتفاقيات أوسلو والتي لطالما عارضها وواجها الشهيد الأعرج وكل المناضلين، وصوغ استراتيجية وطنية جديدة لمواجهة التحديات الراهنة، وبما يوحد طاقات شعبنا في تفعيل الانتفاضة والمقاومة، وترسيخ الوحدة الميدانية للرد على جرائم الاحتلال.

وأكدت الجبهة أن الاحتلال واهم إن كان يعتقد بأن جريمة اغتياله للثائر الباسل الأعرج ستوقف مفاعيل الانتفاضة، وروح المقاومة والانتماء في الشباب الفلسطيني، فستكون دماءه الطاهرة مفجرة لطاقاتهم وابداعاتهم في وجه العدوان والاحتلال، والمشاريع الاستسلامية.


الجبهة الشعبية لتحرير فلسطين
دائرة الاعلام المركزي
6/3/2017

Algérie : Mariage ou ballon rond, des Algériennes face à un dilemme

 L'Equipe féminine de football "Afak Relizane" s'entraîne sur le stade de Relizane, à l'ouest d'Alger, le 16 février 2017 (Afp)

"A sept ans, en sortant de l'école, je balançais mon cartable et j'allais jouer au foot avec les garçons du quartier", se remémore Fathia. Vingt ans plus tard, la jeune femme n'a pas renoncé aux crampons et joue milieu de terrain.
Sur la pelouse du stade de Relizane, à l'ouest d'Alger, elle se démarque avant de faire une passe décisive. Fathia, qui est aussi membre de l'équipe nationale, s'entraîne avec ses 14 camarades sous le regard exigeant de leur entraîneur, Sid Ahmed Mouaz.
En 1997, alors que la guerre civile faisait rage dans le pays, M. Mouaz, quelques passionnés de foot et des pionnières ont lancé l'équipe féminine +Afak Relizane+, l'une des premières en Algérie - qui en compte une dizaine aujourd'hui.
A l'époque, les islamistes armés interdisaient tout sport féminin, malgré une instruction ministérielle appelant au contraire à encourager l'activité sportive des filles.
Relizane est sortie de l'anonymat en 1997 avec le pire massacre de la "décennie noire", plus de 1000 morts. "Les terroristes m'avaient envoyé une lettre pour exiger l'arrêt du foot féminin," confie l'entraîneur qui leur a tenu tête.
"Des filles se sont fait insulter, cracher dessus à la sortie du stade (...) Pour certains esprits rétrogrades encore aujourd'hui, une fille de bonne famille ne joue pas au foot", déplore-t-il.
"Rentre chez toi faire la cuisine" ou encore "trouve-toi un mari" sont des phrases que la plupart des filles ont entendu un jour.
Issues majoritairement de milieux modestes, les joueuses ont réussi à convaincre leurs proches d’accepter leur passion, en dépit des préjugés et d'une reconnaissance financière quasi inexistante.
Dans le stade, elles ont leur "pavillon": un dortoir, quelques armoires, une télévision et une chaine hifi. Après les entraînements, grâce au wifi, elles discutent avec le monde extérieur via Facebook, l'oreille scotchée à leur smartphone.
Le club, qui ne les rémunère pas, les encourage à continuer une formation ou leur trouve un travail qui leur permette de vivre.
A Relizane, une ville populaire de près d'un million d'habitants, nichée au coeur d'une région agropastorale, quasiment toutes les femmes sont voilées.
"Je suis fière de ma fille mais je serais plus tranquille si elle arrêtait le ballon, se mariait et se voilait comme les autres femmes de la région", lâche Fatma, la mère de Fathia.
Cette veuve et mère de six enfants n'a qu'une angoisse: mourir avant que sa fille ne trouve un mari.
Chaque fois qu'elles sont "approchées" par un garçon, c'est le même refrain, regrettent les joueuses: "le ballon ou le mariage".
Les filles se voient contraintes de choisir entre le mariage, synonyme d'une fin de carrière dans le football, et le célibat pour vivre leur passion.
Mouna, attaquante, laissera tomber le ballon rond en mars après son mariage.
"S'il y avait des motivations, elles continueraient à jouer même après le mariage", veut croire leur entraîneur. Mais aucun sponsor ne s'intéresse à l'équipe des filles, et les caisses sont souvent vides, dans un pays où le foot féminin reste amateur.
Le budget annuel accordé par la préfecture au club de Relizane est de 3,2 millions de dinars (27.000 euros) et une victoire en Coupe d’Algérie rapporte au club 1,5 million de dinars (12.800 euros). Quant au championnat, il ne vaut à l'équipe lauréate qu'un trophée.
Pourtant le club de Relizane a dominé ces dernières années toutes les compétitions nationales face aux équipes de grandes villes, comme celle d'Alger centre, en remportant depuis 2009 six coupes et sept championnats d'Algérie, en plus de deux coupes maghrébines.
Une fierté pour la ville, admettent certains habitants. Mais quand les filles jouent à domicile, peu de Relizanis se déplacent pour les soutenir.
"On ne finance pas une équipe de foot féminine à Relizane", déplorent plusieurs joueuses déçues de bénéficier de si peu de considération alors qu'elles excellent dans leur domaine. Six d'entre elles jouent en équipe nationale.
Sur le parking du stade, le contraste est saisissant entre le luxueux bus des hommes, aux couleurs des sponsors, et le mini-bus sans fard des joueuses.
Quand elles remportent un match, elles reçoivent 1.500 dinars (12 euros), "une misère" selon M. Mouaz.
Pour leur dernière victoire, le wali (préfet) a reçu les filles pour "les honorer". Alors qu'elles espéraient un petit geste financier, elles se sont vu offrir un sac de sport et un survêtement.
"Tout a été fait pour casser cette équipe mais l'amour du foot est plus fort que les esprits rétrogrades", résume l'un des fondateurs d'Afak Relizane.

Syrie: La fuite éperdue de Joumana et ses enfants pour échapper à la mort

 Des civils syriens jetés sur les routes par les combats, le 4 mars 2017 à Kharufiya, près de Minbej (Afp)

Sous un noueux olivier pour se protéger du vent, Joumana et ses deux enfants font partie des dizaines de milliers de Syriens jetés sur les routes du nord du pays à cause de la guerre.
Cette femme de 25 ans mélange riz et boulghour dans un pot d'argile, qui cuit à petit feu grâce à de fines branches d'olivier à la périphérie de Kharufiya, un village de la province septentrionale d'Alep.
"Nous avons quitté nos maisons les mains vides, sans fioul, sans pain. Nos enfants sont affamés", raconte-t-elle à l'AFP.
Au moins 30.000 civils ont fui les combats qui accompagnent depuis une semaine l'avancée de l'armée de Bashar soutenue par l'allié russe face à Daesh dans la province d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Beaucoup ont fait route vers Minbej, une ville aux mains de l'alliance kurdo-arabe des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenue par une coalition menée par les États-Unis.
Comme les combats se rapprochaient, Joumana et 20 membres de sa famille ont quitté leur village tenu par les terroristes et marché près de 30 km pour atteindre Kharoufiya.
"Daesh nous bombardait, des avions nous visaient. Nos enfants étaient terrifiés. On a eu du mal à fuir", raconte-t-elle.
Bien qu'elle ait échappé à la mort, les ennuis de Joumana sont loin d'être finis.
"Ils (les enfants) sont toujours effrayés quand ils entendent le bruit des avions (...) Il fait (...) froid et quand il va pleuvoir, nous allons souffrir", dit-elle.
Des dizaines de familles ont trouvé refuge autour de Kharufiya, situé à 18 km de Minbej au milieu d'un flot de déplacés.
Le journaliste de l'AFP a vu des volontaires appartenant à des organisations locales distribuant des vêtements d'hiver.
Mais beaucoup de familles se retrouvent sans tentes, ni matelas, ni couvertures. Elles se blottissent sous les arbres pour se réchauffer et rester au sec malgré le temps peu clément.
Trad al-Mazyad a été forcé de fuir avec sa famille de Joub Abyad, un village à 45 km au sud de Minbej, où "Daech était caché parmi nous. C'était insupportable".
"Notre situation est vraiment terrible, car ce n'est pas vraiment un abri", déplore M. Mazyad en montrant la modeste tente qu'il partage avec une autre famille.
Ses enfants sont collés à lui, leurs pieds maculés de boue à cause du sol humide autour de la tente.
"Comme vous pouvez le voir, cette tente nous sert de cuisine, de salle de bain, de tout en même temps", dit-il.
A quelques mètres de lui, Ahlam Mohammad est allongé sur le sol dans une autre tente avec sa fillette. Un foulard cache une partie de son visage mais on peut voir qu'elle est épuisée.
Elle et ses trois filles ont quitté leur village tenu par Daesh il y a deux jours, empruntant des collines pour se retrouver en sécurité.
"Des gens ont été tués dans les combats et d'autres ont quitté en grand nombre le village", dit-elle.
Dans le chaos de la fuite, elle a perdu contact avec son mari. "Si mon mari est en vie, je remercie Dieu. S'il est mort, qu'il repose en paix. Que puis-je faire?" dit-elle résignée.
"Les gens veulent seulement vivre, ils désirent la stabilité. Parfois je veux penser que tout ce que j'ai vu n'est qu'un cauchemar et que je vais me réveiller", ajoute-t-elle.
Plus au nord, des dizaines de familles attendent à un point de contrôle des FDS d'être autorisées à entrer à Minbej.
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, la situation risque de se détériorer dans cette ville car la ville accueille déjà des "dizaines de milliers de déplacés". "Cela va être difficile d'accueillir cette nouvelle vague de déplacés", a-t-il ajouté.
Des hommes en civil et coiffés de casquettes marquées du drapeau américain distribuent des rations d'aide humanitaire.
"C'est une aide des Etats-Unis. Il y a des habits pour les enfants", dit l'un d'eux, accompagné d'un traducteur.
"Il n'y a pas grand chose mais c'est tout ce que nous avons pour le moment".

dimanche 5 mars 2017

Syrie : Dans Palmyre, des musiciens veulent effacer les flétrissures de Daesh

 Des musiciens syriens jouent sur la scène du théâtre antique de Palmyre, le 4 mars 2017 lors d'une visite organisée par l'armée de Bashar  pour les journalistes (Afp)

Sur la scène du théâtre antique de Palmyre, que l'armée de Bashar vient de reprendre à Daesh, Angel Dayoub interprète le célèbre refrain arabe: "Nous serons de retour".
La voix mélodieuse de cette chanteuse de 15 ans emplit cet édifice du IIe siècle, lourdement endommagé par Daesh, qui a abandonné la ville jeudi à l'approche de forces gouvernementales soutenues par la Russie.
"Les quelques destructions ne nous décourageront pas de venir chanter et jouer ici", dit-elle à l'AFP.
"Je veux jouer de la musique et chanter partout où Daesh a été chassé car ce groupe hait la chanson et interdit de jouer d'un instrument", ajoute-t-elle sur un ton de défi.

"Nous chantons 'Nous serons de retour' car nous allons revenir encore plus fort. Chacun reconstruira le pays à sa manière. Nous voulons le faire avec la musique et la chanson", explique-t-elle.
Palmyre, située en plein désert dans le centre du pays et dont les ruines ont été inscrites au patrimoine mondial de l'humanité en 1980, a changé plusieurs fois de mains lors des six ans de guerre. Daesh s'en est emparé en mai 2015 et a détruit et vandalisé des trésors archéologiques durant dix mois d'un premier règne brutal.
A la recherche d'un spectaculaire mortifère, les jihadistes s'étaient livrés dans le théâtre romain à des exécutions, avant d'en être chassés en mars 2016.
Mais ils étaient revenus en décembre. Ils avaient alors détruit le tétrapyle, un monument de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle, et saccagé le théâtre.
Les jeunes musiciens ont donné un aperçu de leur talent devant une audience de soldats syriens et russes auxquels s'étaient joints des journalistes effectuant une visite organisée par l'armée.
Des explosions étaient encore audibles, en raison des combats des forces syriennes et de leurs alliés russes contre l'EI au nord et à l'est de la ville.
"Daesh voulait interdire le théâtre, la chanson, mais moi je veux les défier", assure Maysaa al-Nuqari, une jeune joueuse d'oud.
Vêtue d'une veste en cuir noir et de bottes de combat, cette jeune fille aux cheveux frisés teints en rouge appelle les autres musiciens à venir jouer.
"Daech, ce sont les ténèbres mais la musique, c'est la lumière", lance-t-elle.
Fondée il y a 2000 ans, Palmyre était une oasis caravanière qui tomba sous le contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie.
La ville devint une cité prospère sur la route reliant l'Empire romain à la la Perse, l'Inde et la Chine, grâce au commerce d'épices et de parfums, de la soie et de l'ivoire de l'est, des statues et du travail du verre de Phénicie.
Ses temples magnifiques, ses tombes au style unique et ses allées de colonnades attiraient 150.000 touristes un an avant la début du conflit syrien.
Maintenant, l'inventaire de ce qu'ont subi les monuments a été confié à Wael al-Hafyan, un responsable du département des Antiquités de la province de Homs.
Ce quadragénaire arpente désormais le site, examine avec attention chaque pièce antique et note le tout sur petit carnet.
"Notre estimation préliminaire est que les nouvelles destructions sont limitées à la façade du théâtre, son abside, ainsi qu'à l'explosion du tétrapyle, assure-t-il à l'AFP.
Mais il s'effondre en larmes quand il arrive au théâtre et au tétrapyle, un édifice de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle.
Daesh l'a réduit en janvier à un amas de pierre, un acte qualifié par l'ONU de "nouveau crime de guerre et d'immense perte pour le peuple syrien et l'humanité".
"Quiconque possédant un iota d'humanité ne peut pas ne pas se sentir triste en les voyant. Je suis triste et je le resterai jusqu'à ce que Palmyre redevienne ce qu'elle fut", martèle-t-il.
Mais cet ingénieur reste optimiste et considère que Palmyre sera restaurée grâce à l'aide de l'Unesco.
Quand on lui demande de faire le point sur ce qu'il reste des trésors de Palmyre, Wael al-Hafyan se mord la lèvre et réfléchit.
"Tout Palmyre demeure. Son histoire demeure. Quelques éraflures ne peuvent pas dénaturer sa beauté. L'énormité de ce qu'a commis Daesh, tous ses crimes, ne peuvent porter atteinte à la gloire de cette ville", assure-t-il.

Syrie : Exode de civils syriens fuyant les combats entre l'armée de Bashar et Daesh

 Une femme syrienne et son enfant dans un camp de fortune à Rukban, dans le no-man's-land entre la Syrie et la Jordanie, le 1er mars 2017 (Afp)

Des dizaines de milliers de civils, avec leur maigres bagages, fuient les violents combats accompagnant l'avancée de l'armée syrienne soutenue par l'allié russe face aux combattants de Daesh dans la province d'Alep.
Dans cette même région du nord de la Syrie, l'armée turque et des rebelles syriens alliés cherchent de leur côté à avancer face à une alliance de combattants kurdes et arabes.
Depuis une semaine, "plus de 30.000 civils, en majorité des femmes et des enfants, ont fui l'avancée de l'armée" dans l'est de la province d'Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
En voiture, en moto, dans des fourgonnettes ou des pick-up, avec à la main quelques affaires, de nombreux civils, en majorité des femmes et des enfants, se dirigeaient samedi vers Minbej, aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance de combattants kurdes et arabes), selon un journaliste de l'AFP.
Le visage fatigué, ils attendaient dans de longues files l'autorisation du Conseil militaire de Minbej pour pouvoir entrer dans la ville, les FDS procédant aux vérifications nécessaires pour s'assurer qu'aucun jihadiste ne se trouvait parmi ces civils.
"Le nombre de déplacés a atteint plus de 40.000 et ne cesse de croître à cause des combats entre le régime et Daesh", a affirmé à l'AFP Ibrahim al-Qouftane, co-président de l’administration civile de Minbej.
"Leur situation est très difficile", a-t-il ajouté.
Les hommes de Daesh occupent une grande partie du sud-est de la province d'Alep.
En janvier, les troupes du régime de Bashar al-Assad soutenues par les aviations syrienne et russe ont lancé une offensive pour chasser ces jihadistes de la province.
Elles ont depuis repris 90 localités et villages et ont fait la jonction avec les FDS, au sud de Minbej, située dans l'est de la province d'Alep.
L'offensive se poursuivait samedi et les combats sont d'une très grande violence, a indiqué l'OSDH, sans fournir de bilan.
L'objectif de l'armée est d'atteindre la localité d'al-Khafsa, à une vingtaine de km au sud de Minbej, où se trouve une station de pompage d'eau alimentant la capitale provinciale d'Alep, mise hors service par l'EI depuis un mois et demi.
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, la situation risque de se détériorer à Minbej. "La ville accueille déjà des dizaines de milliers de déplacés, qui ont fui les affrontements précédents dans la région, et qui vivent dans des conditions précaires".
"Cela va être difficile (pour les autorités locales) d'accueillir cette nouvelle vague de déplacés en raison de leurs difficultés à subvenir aux besoins de la population", a-t-il ajouté.
A l'ouest de Minbej, d'autres protagonistes se font la guerre depuis mercredi: des rebelles syriens aidés de soldats turcs livrent des combats aux FDS sans qu'aucun des belligérants ne fasse de réels progrès, selon l'OSDH.
Les soldats turcs et leurs alliés voudraient s'emparer de Minbej, un point central pour affaiblir les forces kurdes, avant de faire mouvement vers Raqa, principal fief de Daesh en Syrie, afin de participer à la bataille et s'assurer ainsi une large zone sous son autorité dans le nord syrien.
La Turquie veut empêcher notamment la création d'une bande frontalière tenue par des combattants kurdes qu'elle considère comme des "terroristes".
Sur un autre front, dans la ville antique de Palmyre (centre), reprise jeudi par l'armée après en avoir chassé une nouvelle fois Daesh, des sapeurs syriens, entraînés par des spécialistes russes, procédaient au déminage du terrain. Des explosions étaient entendues par intermittence.
Les combats pour la reprise de cette ville ont fait 115 morts dans le camp des loyalistes et 283 côté jihadiste depuis la mi-janvier, selon l'Observatoire.
Les aviations syrienne et russe menaient samedi des raids au nord et à l'est de Palmyre contre les positions jihadistes, a indiqué l'OSDH.
Onze civils ont ainsi été tués et 45 blessés dans des raids sur un marché au bétail dans le village d'Ouqayribat, tenu par Daesh dans le sud de la province voisine de Hama, a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Il s'agit probablement de raids de l'armée russe", a-t-il ajouté.

Israël/Palestine : Un peuple martyrisé (Assawra)

25 janvier: Salem Abu Ghosh, 18 ans, du camp de Qalandia
29 janvier: Mohammad Mahmoud Abu Khalife, 19 ans, du camp de Jénine
02 février: Sulayman Hamad Salah, 81 ans, du village al-Khodr
04 février: Hussam Hamid Soufi, 24 ans, de Rafah
04 février: Mohamad Anwar al-Aqraa, 38 ans, de Gaza
10 février: Mohamad Jallad, décédé dans un hôpital sioniste. Il avait été blessé par balles au barrage de Huwwara
10 février: Husni Jabr Darraj, 58 ans, de Ramallah
16 février: Samed Fahmi Abu Shanab, 29 ans, de Khan Younes
27 février: Rabi’ Najeh Salman, 20 ans, du camp Askar
02 mars: Saadi Ali Qaysiya, 25 ans, du village d’al-Dahiriyya
...
Dans chaque village, il y a des martyrs
dans chaque ville, il y a des martyrs
dans chaque camp, il y a des martyrs
dans chaque famille, il y a des martyrs

Assawra
Samedi, 04 mars 2017

Jordanie : Quinze "terroristes et criminels" pendus

 Quinze Jordaniens condamnés à mort pour "terrorisme" et divers crimes ont été pendus samedi à l'aube en Jordanie, une rare exécution de masse dans le royaume, a annoncé le porte-parole du gouvernement.
Cité par l'agence Pétra, Mahmoud al-Momani, également ministre d'Etat pour l'Information, a précisé que les condamnés avaient été exécutés à la prison de Souaga, au sud d'Amman.
Dix condamnés avaient été reconnus coupables "d'être membres d'une cellule terroriste" responsable de plusieurs attaques dont celles "contre les bureaux renseignements généraux en Jordanie, contre des membres des forces de sécurité et contre l'ambassade de Jordanie à Bagdad en 2003", a-t-il ajouté.
Les cinq autres avaient été reconnus coupables de "crimes horribles dont des viols".
La dernière exécution de masse en Jordanie remonte à décembre 2014 quand onze hommes condamnés à mort pour des crimes sans lien avec la politique ou le terrorisme avaient été pendus. Il s'agissait des premières exécutions depuis 2006.
La Jordanie est membre de la coalition internationale sous commandement américain qui mènent des frappes aériennes contre Daesh en Syrie et en Irak.
Le royaume a été frappé par quatre attaques sanglantes en 2016. Des milliers de Jordaniens sont soupçonnés d'être des partisans de Daesh et d'Al-Qaïda.

Tunisie: Le président déchu Ben Ali de nouveau condamné

 Zine el-Abidine Ben Ali, le 7 novembre 2003 (Afp)

Le président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali, exilé en Arabie Saoudite, a de nouveau été condamné par contumace en Tunisie à six ans de prison pour corruption, a indiqué le parquet vendredi soir à l'AFP.
C'est dans l'affaire connue en Tunisie comme celle "des concerts de Mariah Carey", du nom de la célèbre chanteuse américaine, que l'ex-dictateur a écopé d'une nouvelle condamnation.
Selon des médias tunisiens, "des irrégularités" ont entaché les deux concerts de la diva organisés en 2006 en Tunisie, dont une partie des bénéfices aurait dû aller au fonds national de solidarité 26-26 mais aurait fini ailleurs.
Huit personnes en tout, dont M. Ben Ali et Imed Trabelsi, un neveu de l'épouse de l'ex-président, ainsi que d'anciens ministres, ont été condamnées à six ans de prison, a confié le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti, sans donner davantage de détails sur les faits concernés.
Imed Trabelsi a écopé d'une peine de prison supplémentaire de cinq ans pour fraude.
Zine el-Abidine Ben Ali, qui vit en exil en Arabie Saoudite depuis la révolution de 2011, a fait l'objet depuis sa chute de multiples condamnations, notamment dans des affaires de corruption. Il a aussi été condamné à la prison à perpétuité pour la répression sanglante des manifestations de la révolution (plus de 300 morts).

Syrie: Fin des discussions de Genève avec un "agenda clair"

Staffan de Mistura, à Genève, le 3 mars 2017 (Afp)

Les discussions de Genève ont pris fin avec l'acceptation par les belligérants syriens d'un "agenda clair" incluant la gouvernance et la lutte contre le terrorisme, et l'ONU prévoit un nouveau rendez-vous en mars.
Après un peu plus d'une semaine de discussions difficiles, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a fait vendredi soir le bilan de ce quatrième round de négociations.
"Le train est prêt, il est en gare, les moteurs chauffent. Tout est prêt, il a juste besoin d'un accélérateur", a déclaré M. de Mistura.
"Je crois que nous avons à présent un agenda clair devant nous", a indiqué l'émissaire. "Nous avons discuté de procédure, mais nous avons aussi discuté de substance", a-t-il dit.
Ce diplomate chevronné, dont l'optimisme chronique bute depuis près de trois ans sur le du conflit syrien, a prévu de se rendre la semaine prochaine au Conseil de sécurité de l'ONU à New York.
Ensuite, a-t-il dit, "nous aurons Astana (...) pour consolider le cessez-le-feu, et puis à nouveau Genève", en mars.
La Russie, alliée de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, parrainent en effet depuis fin décembre un processus parallèle de négociation à Astana (Kazakhstan), centré sur les questions militaires.
Si huit jours de discussions à Genève n'ont pas permis d'avancée majeure, de tous petits pas ont été accomplis, et aucun des belligérants n'a pris le risque de claquer la porte.
Le médiateur de l'ONU a enchaîné les rendez-vous avec toutes les parties: la délégation du régime, celle du Haut comité des négociations (HCN, principale délégation de l'opposition), et les opposants proches de la Russie, le "Groupe du Caire" et le "Groupe de Moscou".
Les pourparlers n'ont en effet pas permis d'entamer des discussions directes entre les belligérants. Les deux parties se sont simplement fait face lors de la cérémonie d'ouverture jeudi dernier, dans une ambiance polaire.
A l'issue des négociations, Bachar al-Jaafari, l'austère chef de la délégation du régime, a quitté l'ONU sans s'adresser aux médias, tandis que le chef des négociateurs de l'opposition syrienne, Nasr al-Hariri, a jugé cette session "plus positive".
Les discussions ont essentiellement porté sur des questions d'agenda mais ont permis, pour la première fois, d'obtenir un "agenda clair" en quatre points, selon Staffan de Mistura.
Le gouvernement avait insisté à plusieurs reprises ces derniers jours sur sa volonté d'ajouter la lutte contre le terrorisme aux trois autres éléments prévus par l'émissaire avant le début des négociations, à savoir la gouvernance - thème flou pour évoquer une transition politique -, la Constitution, et les élections. Il a obtenu gain de cause.
Ces quatre sujets seront discutés "en parallèle", a assuré l'envoyé spécial, mais les questions de stratégie contre le terrorisme seront discutées à Genève tandis que la partie opérationnelle de la lutte contre le terrorisme sera abordée à Astana.
Les pourparlers de Genève visent à mettre fin à la guerre en Syrie, qui a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés alors que le conflit va entrer le 15 mars dans sa septième année.
Trois sessions de discussions en 2016 s'étaient soldées par un échec, en raison des violences sur le terrain et de l'insistance du régime à parler de terrorisme, quand l'opposition réclamait des discussions sur une transition politique.
Mais les positions se sont nuancées, sous l'influence de l'acteur majeur du dossier, Moscou. Présent à Genève pour le Conseil des droits de l'Homme, le ministre adjoint des Affaires étrangères russes, Guennadi Gatilov, a rencontré la délégation du régime, et, fait sans précédent, celle du HCN.
La Russie intervient militairement en Syrie depuis septembre 2015 et a permis au régime du président Bachar al-Assad de se renforcer sur le terrain. Elle tire aussi les ficelles sur le plan politique, en l'absence des Etats-Unis, dont le président Donald Trump n'a donné jusqu'à présent aucun signe d'implication dans la recherche d'un règlement du conflit syrien.
Et les pressions russes semblent avoir payé, puisque pour la première fois le régime a annoncé publiquement à Genève qu'il était prêt à discuter des trois thèmes politiques fixés par M. De Mistura.
La pression de Moscou s'est exercé aussi sur l'opposition. Jeudi, la porte-parole de la diplomatie russe a accusé le HCN de "saboter" le processus de Genève, intimant implicitement à l'opposition d'intégrer en son sein les représentants des groupes du Caire et de Moscou.