jeudi 31 mars 2016

Qatar: Le rapport cinglant d'Amnesty International à propos du Mondial-2022

Exploitation, passeports confisqués, le rapport d'Amnesty International dénonce la situation des travailleurs au Qatar. Ils sont plus d'une centaine de travailleurs étrangers, employés pour aider à construire un des stades du Mondial-2022 de football au Qatar, à souffrir d'abus flagrants et systématiques, y compris de travail forcé, affirme l'ONG.
C'est la première fois que l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres, qui critique depuis longtemps les pratiques du Qatar en matière sociale, porte une telle accusation spécifique concernant des travailleurs étrangers sur un chantier du Mondial.
Dans un communiqué, le Comité suprême du Qatar chargé de superviser l'organisation du Mondial-2022 a dénoncé le rapport d'Amnesty, dont les "affirmations projettent une image trompeuse". L'ONG a indiqué que des travailleurs au Khalifa International Stadium, qui accueillera les Championnats du monde d'athlétisme en 2019, avaient été victimes de travail forcé.

"Une Coupe du monde basée sur l'exploitation"
Les entreprises qui les emploient leur ont menti sur leurs salaires, d'autres n'ont pas été payés pendant des mois et ont été logés dans des "camps sordides", a-t-elle ajouté. Sept travailleurs ont été empêchés de rentrer chez eux pour aider leurs familles après le séisme meurtrier d'avril 2015 au Népal. "C'est une Coupe du monde basée sur l'exploitation", a accusé Mustafa Qadri, d'Amnesty. Le rapport de 51 pages est susceptible d'alimenter les critiques internationales contre le Qatar et de mettre la pression sur la Fifa et sur son nouveau président Gianni Infantino sur les questions de droits de l'Homme.
Les critiques d'Amnesty s'étendent à des projets d'aménagement paysager dans la Zone Aspire, complexe sportif mondialement connu à Doha, où les clubs français PSG et allemand Bayern Munich se sont entraînés cette année. Amnesty a déclaré avoir enquêté sur une période d'un an jusqu'à février 2016 et avoir interrogé 234 hommes, principalement du Bangladesh, d'Inde et du Népal. 228 ont dit que leurs salaires étaient inférieurs à ce qu'on leur avait promis. Nombre d'entre eux n'ont eu d'autre choix que d'accepter car ils s'étaient endettés, parfois à hauteur de 4.300 dollars, pour entrer dans le Golfe.

"Comme une prison"
Les travailleurs du Khalifa Stadium et d'Aspire Zone ont été installés dans des logements surpeuplés et de mauvaise qualité, a indiqué Amnesty. Selon le rapport, la plupart de ces travailleurs ont vu leurs passeports confisqués, en violation de la loi qatarie, et 88 hommes, incluant les Népalais, "ont été empêchés de quitter le Qatar". Un ouvrier métallurgiste au stade Khalifa, identifié sous le nom de Deepak, a déclaré à Amnesty que sa vie au Qatar était "comme une prison" et que lorsqu'il s'était plaint, son directeur l'avait menacé de possibles "conséquences".
Amnesty a reconnu que le Comité suprême qatari avait introduit des protections sociales, mais elle a demandé d'autres réformes, dont des normes de bien-être pour les travailleurs auxquelles toutes les entreprises devraient se conformer. Amnesty a aussi appelé le Qatar à "réformer fondamentalement" le système de parrainage dit de la "kafala", qui met les travailleurs étrangers à la merci d'employeurs en position d'empêcher leur départ ou de changer d'emploi. "Les dernières affirmations d'Amnesty International projettent une image trompeuse et ne font rien pour contribuer à nos efforts", a déclaré le Comité suprême du Qatar.

Le gouvernement du Qatar "inquiet"
"L'enquête a été limitée à seulement quatre compagnies sur plus de 40 qui sont engagées sur le stade Khalifa (...) Nous rejetons totalement toute notion impliquant que le Qatar est inapte pour accueillir la Coupe du monde", a-t-il ajouté. De son côté, Hassan al-Thawadi, secrétaire général du Comité Suprême, a admis que des abus pouvaient être commis mais a souligné que l'engagement des autorités pour des réformes était "clair et inébranlable". Le gouvernement du Qatar s'est dit lui "inquiet quant à un certain nombre d'allégations contenues dans le rapport".
"Le ministère du Développement administratif, du Travail et des Affaires sociales entend mener une enquête" sur des affirmations avancées dans ce rapport, a indiqué dans un communiqué le bureau de communication gouvernementale. Amnesty a également accusé la Fifa de "manque d'action significative". Dans un communiqué, la Fifa a réagi en se disant "complètement consciente des risques auxquels font face les ouvriers du bâtiment au Qatar et de l'opportunité qu'a la Fifa, avec d'autres responsables, d'améliorer les conditions de travail dans ce pays". Environ 5.100 travailleurs sont employés sur des sites du futur Mondial. Ils seront 36.000 d'ici 2018.


(31-03-2016)

Irak : Décès de la célèbre architecte Zaha Hadid

Zaha Hadid, figure phare de l'architecture contemporaine, est brusquement décédée jeudi à l'âge de 65 ans dans un hôpital de Miami, aux États-Unis, d'une crise cardiaque consécutive à une bronchite. « C'est avec une grande tristesse que Zaha Hadid Architects confirme que Zaha Hadid est décédée subitement à Miami tôt ce matin. Elle souffrait d'une bronchite contractée plus tôt cette semaine et a eu une crise cardiaque pendant son traitement à l'hôpital », a annoncé son cabinet d'architecture, dont le siège est situé au coeur de Londres, dans le quartier de Clerkenwell. Avec ce décès, le monde de l'architecture perd une de ses stars mondiales, et la première et unique femme à avoir obtenu le prix Pritzker, l'équivalent du Nobel chez les architectes. C'était en 2004.
Elle a également été la première femme à remporter la prestigieuse médaille d'or royale pour l'architecture pour l'année 2016, après Jean Nouvel, Frank Gehry ou Oscar Niemeyer. Le ministre britannique de la Culture Ed Vaizey s'est dit « stupéfait » par la nouvelle, louant dans un tweet « l'énorme contribution à l'architecture moderne » apportée par Zaha Hadid. Le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi a, lui, estimé « que sa créativité avait bénéficié au monde entier (...) qui perd quelqu'un d'une grande énergie », dans un communiqué. Pour Richard Rogers, l'un des architectes du centre Pompidou à Paris, « c'est une très grande perte » pour le monde de l'architecture. « Parmi les architectes ayant émergé au cours des dernières décennies, personne n'a eu autant d'impact qu'elle », a-t-il déclaré au quotidien The Guardian.
Se revendiquant du déconstructivisme, courant qui remet en question les canons architecturaux classiques et revendique de repenser la géométrie des bâtiments, Zaha Hadid était réclamée aux quatre coins du monde. On lui doit notamment le tremplin de saut à ski d'Innsbruck en Autriche, l'opéra de Canton en Chine, le MAXXI (Musée national des arts du XXIe siècle) à Rome et la tour du 3e groupe de transport maritime mondial CMA-CGM à Marseille (France). Elle a également créé la piscine des JO de Londres en 2012 et le Musée Guggenheim de Taichung (Taïwan). Ses bâtiments aux concepts mixtes marient souvent lignes obliques tendues et courbes, en quête d'apesanteur.
Son succès en tant que femme dans un milieu toujours très masculin n'a pourtant pas été une évidence, a-t-elle déclaré à de multiples reprises. Cette brune aux formes épanouies et au caractère bien trempé confiait ainsi à l'AFP au milieu des années 2000 que pour percer, « ce n'est pas tant le racisme que le fait d'être une femme en Grande-Bretagne qui a longtemps fait obstacle ». « Oui, j'ai réussi, mais la route n'était ni facile ni parsemée de roses, c'est le résultat d'un très long combat. Au début, j'étais une acharnée de boulot et je travaillais de jour comme de nuit », a-t-elle dit en 2012 au Courrier de l'architecte. Zaha Hadid est née en Irak en 1950 où elle reçoit une éducation libérale. Elle a d'abord choisi d'étudier les mathématiques, obtenant une licence de l'université américaine de Beyrouth, avant d'opter pour l'architecture.
Diplômé de l'Association d'architecture de Londres en 1977, elle décide de rester dans cette ville où elle crée son cabinet dès 1979 tout en collaborant avec l'Office for Metropolitan Architecture (OMA). Son succès a été terni récemment par une déconvenue au Japon. Choisi pour superviser la construction du stade olympique pour les JO de Tokyo en 2020, son projet, jugé trop onéreux, a finalement été abandonné en 2015.


(31-03-2016)

Irak: Un nouveau gouvernement présenté, appel à la fin des manifestations

L'influent chef chiite irakien Moqtada Sadr a appelé jeudi ses partisans à mettre fin à deux semaines de sit-in en plein centre de Bagdad après avoir obtenu satisfaction à une de ses revendications, la présentation d'un nouveau gouvernement.
Le Premier ministre Haider al-Abadi a présenté devant le Parlement une proposition de nouveau gouvernement, une mesure de nature à apaiser les tensions politiques que connaît le pays depuis plusieurs semaines.
Des milliers de chiites étaient rassemblés depuis la mi-mars devant la Zone verte, un secteur ultra-sécurisé où se concentrent les hautes institutions de l'Etat et de nombreuses ambassades.
Moqtada Sadr, qui a entamé symboliquement dimanche un sit-in à l'intérieur de la Zone verte, réclamait un gouvernement de technocrates susceptible de s'attaquer à la corruption qui gangrène la classe politique et l'Etat, la mauvaise gouvernance et le délabrement des services publics.
"Mettez fin au sit-in devant les portes de la Zone verte", Avec mes remerciements", a déclaré à la télévision ce chef chiite de 42 ans, issu d'une influente famille religieuse de la ville sainte de Najaf (centre).
Il a cependant affirmé que des manifestations se tiendraient après la prière hebdomadaire du vendredi pour faire pression afin d'obtenir un vote d'approbation par le Parlement du nouveau gouvernement.
Peu de temps auparavant, le Premier ministre avait présenté au président du Parlement Salim al-Joubouri une liste de 16 candidats pour un nouveau gouvernement, respectant un ultimatum que lui avaient posé lundi les députés.
M. Abadi n'a pas donné la liste des noms des futurs ministres, se contentant de préciser que les titulaires des portefeuilles de l'Intérieur et de la Défense restaient inchangés en raison des combats que l'armée et les forces de sécurité livrent au groupe jihadiste Daesh désigné comme Etat islamique (EI).
Haider al-Abadi souhaitait le remplacement du gouvernement actuel, formé de politiciens, par un cabinet composé de technocrates qui seraient plus à mêmes, selon lui, de mettre en oeuvre les réformes anticorruption adoptées l'an dernier dans la foulée de grandes manifestations populaires contre l'incurie et clientélisme de la classe politique.
Le Premier ministre se heurte toutefois à une farouche résistance des partis --y compris du sien-- à adopter des réformes les privant de leurs privilèges.
- 'Professionnalisme et compétence' -
Selon un communiqué de ses services, les candidats présentés par M. Abadi "ont été choisis par un comité d'experts sur la base de leur professionnalisme, compétence, intégrité et capacité à diriger".
Lors de la séance de jeudi, le Parlement s'est donné dix jours pour examiner les candidats au nouveau gouvernement, et un mois pour ceux choisis pour d'autres postes à la tête des institutions de l'Etat et des services de sécurité.
Le gouvernement de Haider al-Abadi avait annoncé l'an dernier des réformes anticorruption mais qui sont restées en grande partie lettre morte.
L'Irak détient parmi les plus importantes réserves de pétrole au monde mais des années de corruption et de mauvaise gestion, combinées à la dégringolade des prix du brut, menacent de plonger le pays dans une situation d'insolvabilité.
L'économie est déjà affectée par le coût représenté par la lutte contre Daesh qui occupe depuis 2014 de larges pans du territoire.
Si les forces irakiennes reprennent progressivement des zones aux jihadistes, Bagdad doit s'atteler à l'énorme tâche de reconstruire des villes dévastées, et a demandé le soutien de ses partenaires étrangers.
La Banque mondiale a récemment accordé à l'Irak un prêt de 1,2 milliard de dollars pour l'aider à faire face à la crise financière.
En visite fin mars à Bagdad, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté les responsables politiques irakiens à soutenir M. Abadi.


(31-03-2016)

Syrie : Bashar se dit prêt à tenir une présidentielle anticipée

Le dictateur syrien Bashar al-Assad s'est dit prêt à la tenue d'une élection présidentielle anticipée avant la fin de son mandat en 2021, comme le prévoit une résolution de l'ONU visant à mettre fin au conflit.
Sur le terrain, au moins 23 personnes, dont des enfants, ont été tuées jeudi dans des frappes de l'aviation syrienne sur un bastion rebelle à l'est de Damas, a indiqué une ONG syrienne, qualifiant l'attaque de "grave violation" du cessez-le-feu en vigueur depuis fin février.
"Y-a-t-il une volonté populaire pour tenir des élections présidentielles anticipées? Si oui, je n'ai pas de problème avec cela", a dit Bashar dans un entretien à l'agence de presse officielle russe Ria-Novosti diffusé jeudi.
Le mandat de Bashar s'achève théoriquement en 2021, mais la résolution 2254, qui établit une feuille de route pour une solution politique à la guerre, prévoit la tenue d'élections parlementaires et présidentielles dans les 18 mois.
Cette feuille de route comprend également des négociations entre l'opposition et le régime, dont un premier round a eu lieu du 14 au 24 mars à Genève, un cessez-le-feu, la constitution d'un organe de transition dans six mois et la rédaction d'une nouvelle Constitution.
Le sort réservé à Bashar dans les futures institutions reste cependant la principale pierre d'achoppement entre le régime et l'opposition et leurs alliés respectifs Moscou et Washington, les premiers assurant que seul le peuple syrien peut décider de son sort, les seconds appelant au départ de leur bête noire.
Dans un premier volet de l'interview diffusé mercredi par Ria-Novosti, Bashar avait appelé à la mise en place d'un gouvernement de transition rassemblant ses fidèles mais aussi l'opposition, et rejeté l'idée d'un "organe de transition aux pleins pouvoirs" défendue par l'opposition.
La Maison Blanche a dit elle exclure toute possibilité d'un gouvernement d'union qui comprendrait Bashar.
Bashar est devenu président en 2000 après la mort de son père Hafez qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans.
Il avait été réélu en 2014 pour un troisième mandat de sept ans lors d'un scrutin qualifié de farce par l'opposition et les pays occidentaux.
Les dernières élections parlementaires se sont tenues en 2012, et les prochaines sont prévues le 13 avril prochain.
Dans l'interview diffusé jeudi, Bashar a en outre indiqué que tous les citoyens syriens, dans le pays ou à l'étranger, auraient l'opportunité de voter pour la présidentielle.
Il demeure cependant difficile de dire dans quelle mesure ils pourront tous voter sachant que des millions de Syriens sont réfugiés à l'étranger et que, dans le pays, des régions entières sont entre les mains soit des organisations jihadistes comme Daesh ou le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, soit des groupes rebelles.
C'est le cas notamment de la Ghouta orientale, une région à la lisière est de Damas, qui est un fief de l'influente faction rebelle Jaich al-Islam (l'Armée de l'islam).
Dans cette région, l'aviation du régime a mené jeudi des frappes sur la localité de Deir al-Assafir qui ont fait 23 morts, dont quatre enfants et quatre femmes, et des dizaines de blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Une vidéo prise par des militants et mise en ligne sur internet montre un homme tenant dans ses bras le corps d'un enfant enveloppé dans un linge blanc.
"Est-ce que ce sont des combattants? Ce sont des enfants !", lance-t-il.
Dans le nord du pays, un commandant militaire tunisien de Daesh a été tué mercredi soir par une frappe "très probablement menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis", a indique l'OSDH.
La frappe, menée près de Raqa, le principal bastion de Daesh, intervient après une série de revers pour le groupe jihadiste en Syrie, notamment la perte de la cité antique de Palmyre (centre), reprise dimanche par l'armée avec l'appui de la Russie.
La Syrie est le théâtre d'une guerre civile déclenchée en 2011 par une révolte qui a été réprimée dans le sang par le régime.
Le conflit, dans lequel sont impliqués de nombreux acteurs régionaux et internationaux, a fait plus de 270.000 morts et jeté sur les routes la moitié de la population.

(31-03-2016)

Libye : Coup de force politique à Tripoli (Benoît Delmas)

Au lendemain de la visite du secrétaire général de l'ONU à Tunis, le chef du gouvernement et président du Conseil présidentiel libyen Fayyez al-Sarraj a pris un bateau, quitté la Tunisie où il patientait pour débarquer sur la base navale de Tripoli. On lui interdisait les airs, à lui, ses ministres, ainsi que le haut-représentant de l'ONU Martin Kobler. Il aura donc utilisé la voie maritime. Une arrivée en apparence rocambolesque mais coordonnée avec la base d'Abusita avec l'accord de plusieurs milices locales. Sarraj y « gouvernera » le temps que la situation s'apaise à Tripoli. C'est peu de dire que ses dirigeants ont pris cette nouvelle avec colère. Le Premier ministre Khalifa Ghwen, non reconnu par la communauté internationale, a menacé lors d'une déclaration télévisée : il ne reconnaît pas Sarraj, il lui demande de quitter la Libye ou de se rendre : "Ceux qui sont entrés illégalement et clandestinement doivent se rendre ou revenir sur leurs pas." Quelques heures plus tard, les locaux de la chaîne de télévision al-Naba étaient investis par un groupe armé. La chaîne est désormais close et son personnel sommé de ne plus s'y rendre. Des rumeurs tenaces font d'Abdelhakim Belhadj un de ses principaux actionnaires. Ce vétéran du djihad, passé par l'Afghanistan, le Pakistan, est l'homme fort de cette région. Il a toujours estimé que la situation libyenne se réglerait entre Libyens et non via une solution imposée par la communauté internationale.

Objectif : disloquer Fajr Libya
Un concert de satisfecit a accueilli l'installation rocambolesque de Fayyez al-Sarraj sur le sol libyen. Les ministres des Affaires étrangères français, italien, britannique… se réjouissent qu'enfin ce gouvernement pose un début de chaussure sur le territoire qu'il est censé diriger. Pour autant, les écueils sont nombreux. La coalition Fajr Libya (« L'Aube de la Libye »), qui domine la Tripolitaine, va-t-elle se lancer dans une guerre contre ce « traitre », selon la terminologie utilisée hier par Awad Abdelsadeq, vice-président du CGN (Congrès général national) ? Un début de dislocation semble apparaître dans ses rangs. Son ministre de l'Intérieur a accueilli Sarraj sur la base navale. La branche libyenne des Frères musulmans, le Parti justice & construction, a communiqué qu'elle soutiendra Sarraj. Reste l'épineuse question des milices, brigades révolutionnaires et autres factions qui pullulent sous l'ombrelle « Fajr Libya » ? Tensions et escarmouches sont à prévoir dans les jours qui viennent.

La sourde menace du TPI
Confronté à l'immobilisme des autorités légitimes de Tobrouk, incapables de réunir le quorum nécessaire pour voter l'approbation du gouvernement d'union nationale, à l'attitude hostile des dirigeants de Tripoli, plusieurs ministres européens avaient évoqué à mots couverts des comportements pouvant relever du Tribunal pénal international. Désormais installé en Libye, la sécurité de Sarraj fait figure de test. Si les autorités de Tripoli s'en prennent à lui, elles seront tenues pour responsables par la communauté internationale.

Une population libyenne paupérisée
Le véritable enjeu est humanitaire. Près de 2,4 millions de Libyens ont besoin d'une aide humanitaire, selon la Banque mondiale. Et deux millions d'enfants, dans un pays de six millions, sont déscolarisés. La majeure partie de la population est prise en otage entre les deux gouvernements qui se partagent le pays depuis 2014. L'État islamique a prospéré sur les décombres politiques. Au point que les États-Unis ont mené un raid en février contre un camp d'entraînement de Daech, tuant une quarantaine de djihadistes. Le statu quo ne pouvant plus politiquement, sécuritairement et socialement durer, le tempo est passé en mode allegro mercredi matin. Sarraj bénéficie du soutien des Occidentaux, des Algériens. Un atout politique et militaire. Du ciel, drones, satellites et avions peuvent surveiller les groupes les plus hostiles à ce gouvernement d'union nationale. Les objectifs sont multiples : stabiliser le pays, lutter contre les groupes terroristes (Daech, Ansar al-Sharia…), endiguer la propagation djihadiste aux pays voisins (Tunisie, Algérie, Tchad, Niger, Soudan, Égypte), tarir le flot de migrants, calmer les ardeurs de certaines tribus… La Libye est un chantier à ciel ouvert. La Banque mondiale chiffre à cent milliards de dollars le coût de la reconstruction du pays. Les quelques jours qui vont suivre seront un test crucial pour le devenir du gouvernement Sarraj. Tout dépendra de l'attitude de Fajr Libya. Jeudi 31 mars 2016, la Libye compte trois gouvernements.

(31-03-2016 - Benoît Delmas)

mercredi 30 mars 2016

Syrie: La crise des réfugiés exige une "solidarité" mondiale, affirme Ban Ki-moon

Le Secrétaire général de l'ONU a déclaré mercredi à Genève que la crise des réfugiés syriens exigeait "une hausse exponentielle de la solidarité mondiale", à l'ouverture d'une conférence destinée à trouver des pays d'accueil.
"Nous sommes ici pour répondre à la plus grande crise de réfugiés et de déplacés de notre temps", a dit Ban Ki-moon. "Ceci exige une hausse exponentielle de la solidarité mondiale", a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a indiqué qu'au moins 480.000 Syriens, soit 10% des réfugiés et déplacés qui ont fui le conflit en Syrie, avaient besoin de trouver un pays d'accueil au cours des trois prochaines années.
"Les voisins de la Syrie ont fait preuve d'une hospitalité exceptionnelle", a-t-il dit. Le Liban, a-t-il rappelé, a accueilli plus d'un million de Syriens, la Turquie plus de 2,7 millions et la Jordanie plus de 600.000.
Mais selon un rapport publié mardi par l'ONG britannique Oxfam, les pays riches n'ont réinstallé que 67.100 réfugiés syriens, soit soit 1,39% du total.
"Lorsqu'il est bien géré, l'accueil de réfugiés est un gain pour tout le monde", a souligné M. Ban. Les réfugiés "apportent de nouveaux talents et de nouvelles expériences à une main d'oeuvre vieillissante. Les tentatives visant à les diaboliser sont non seulement offensantes mais factuellement incorrectes", a-t-il dit.
M. Ban a rappelé que l'ONU cherchait à trouver une solution politique au conflit qui est entré dans sa 6e année et a déjà fait plus de 270.000 morts.
"Mais en attendant que ces négociations portent leur fruits, le peuple syrien et la région font encore face à une situation désespérée", a-t-il souligné. "Le monde doit aller de l'avant, avec des actions concrètes et des engagements. Tous les pays peuvent faire plus", a-t-il conclu.

Syrie: Le gouvernement de transition doit rassembler le pouvoir et l'opposition, dit Bashar

Le gouvernement de transition en Syrie doit rassembler les forces loyales au régime actuel et l'opposition, a déclaré mercredi Bashar al-Assad dans une interview à l'agence de presse publique russe Ria Novosti.
Il serait "logique que des forces indépendantes, tout comme les forces de l'opposition et celles loyales au pouvoir y soient représentées", a estimé Bashar al-Assad, alors la feuille de route pour le règlement politique du conflit prévoit, après des négociations entre Damas et l'opposition, la mise en place à terme d'un organe de "transition", censé rédiger une nouvelle Constitution et organiser des élections.

Yémen: reprise des combats entre soldats et combattants d'Al-Qaïda à Aden

De nouveaux affrontements ont éclaté mercredi entre forces régulières yéménites et combattants d'Al-Qaïda à Aden, alors que la coalition arabe qui soutient le gouvernement intensifiait ses raids aériens contre les positions jihadistes dans le sud du Yémen.
Les combats se sont concentrés dans le quartier d'Al-Mansourah à Aden, grande ville du sud, qui a été le théâtre d'affrontements récurrents entre les deux parties depuis la mi-mars, a indiqué un responsable militaire.
Les forces régulières ont repris la prison centrale et ses unités se sont déployées dans les rues principales du quartier après trois heures de combats, a ajouté ce responsable sans être en mesure d'avancer un bilan des ces affrontements.
Plus à l'est, des habitants de Zinjibar, capitale de la province d'Abyane, ont indiqué à l'AFP avoir vu des combattants d'Al-Qaïda évacuer mardi soir des bâtiments publics qu'ils contrôlaient pour prendre position aux environs de la ville.
Ce retrait intervient au lendemain d'une série de raids aériens de la coalition arabe, menée par l'Arabie Saoudite, contre des positions d'Al-Qaïda à Abyane et dans la ville de Moukalla (sud-est) que le réseau jihadiste contrôle depuis près d'un an, selon des habitants et des responsables locaux.
A Moukalla, capitale de la province du Hadramout, cinq membres présumés d'Al-Qaïda ont été tués et trois blessés dans ces raids, selon des responsables locaux.
Mardi soir, Al-Qaïda a appelé les habitants de Moukalla à protester contre un raid américain, la semaine dernière, contre l'un des ses camps d'entraînement proche de la ville, qui avait fait 71 morts, selon un responsable local.
Mais certains habitants ont refusé de se joindre à la marche de protestation pendant laquelle les sympathisants du réseau jihadiste ont déployé des banderoles affirmant notamment que "les Etats-Unis ne vaincront pas le jihad".
Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, est en proie au chaos depuis l'entrée en septembre 2014 dans la capitale Sanaa de rebelles chiites Houthis, accusés par l'Arabie Saoudite sunnite de liens avec l'Iran chiite.
Le conflit s'est aggravé avec l'intervention en mars 2015 d'une coalition militaire arabe, conduite par Ryad, en soutien au gouvernement internationalement reconnu.
Les jihadistes ont profité du chaos pour renforcer leur emprise sur le sud et le sud-est du Yémen. Après avoir longuement ignoré cette présence, les forces régulières et la coalition arabe ont commencé récemment des opérations militaires contre les groupes jihadistes.
Selon l'ONU, les hostilités au Yémen ont coûté la vie à près de 6300 personnes depuis un an, pour moitié des civils.

Maroc/Sahara Occidental : Les 13 prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik, poursuivent depuis le 1er mars leur grève de la faim dans la prison de Rabat-Salé

Introduction : Ils commencent aujourd'hui leur 29 ème jour de grève et sont décidés à poursuivre jusqu'au bout de leurs forces pour gagner ce qui est strictement leur droit : le recours à la cassation pour obtenir l'annulation du jugement inéquitable prononcé par un tribunal militaire, leur libération au terme d'un procès qui doit se tenir devant une Cour civile ou simplement leur libération.

J 29 (29éme jour de grève de la faim)

Depuis le 1° mars 2016, la grève de la faim, est notre action à partir de la prison. Nous l'avons décidée, après des débats importants entre nous, les 21 prisonniers, pour élaborer une action et nous mettre d'accord sur les objectifs à atteindre. Notre combat fait partie de la lutte de notre Peuple et se situe dans le cadre du projet national d'action élaboré par le 14° congrès de notre organisation, le Front Polisario, seul représentant de tous les Sahraouis. Ce Congrès a été celui de notre héros et martyr Khalil Sid M'Hamed. C'est grâce à lui, à son engagement, à sa générosité que nous sommes devenus ce que nous sommes aujourd'hui.
Beaucoup de choses se sont produites après le déclenchement de notre grève, en particulier la crise politique et médiatique que le Maroc a organisée et orchestrée contre le Secrétaire Général de l'ONU.
La grève a mobilisé notre groupe à la fois pour imposer notre libération et nous permettre de participer depuis la prison au combat pour la Liberté. En effet notre liberté n'a pas de valeur si notre Peuple reste dans la prison de l'occupation.
Aujourd'hui la grève a réalisé 80% de nos objectifs en favorisant la mobilisation dans les Territoires Occupés, dans les Campements et en Europe.
Nous attendons que les avocats européens et sahraouis travaillent sur les erreurs de procédure, sur les contradictions flagrantes entre les énoncés des textes de loi marocains et leur application et mettent ainsi en évidence un jugement à charge et une détention strictement politique
Déjà 29 jours de grève de la faim ! L'objectif maintenant c'est de gagner la bataille juridique et ainsi gagner sur le plan politique. Voilà ce que je peux écrire aujourd'hui.

(Association des Amis de la RASD - Paris)


Israël/Palestine : La terre-mère (Al Faraby)

La Journée de la Terre, le 30 mars, est un jour de commémoration pour le peuple palestinien marquant le souvenir des événements de ce jour en 1976.
Le 19 février 1976, le gouvernement israélien annonça sa décision de confisquer 25 000 dunums de terre en Galilée. À la suite de cette décision, les Arabes de 1948 répliquèrent par la grève générale, suivant le mot d’ordre lancé par la Conférence Nationale pour la Défense des Terres Arabes. En dépit des pressions, des menaces et d'une campagne hostile menée par la presse israélienne, la grève eut lieu le 30 mars. La présence de l'armée israélienne transforma la grève en manifestation, puis en révolte. En même temps, les Palestiniens de Cisjordanie et Gaza se mirent en grève, en solidarité avec leurs frères. Bilan de la journée : 6 morts, une centaine de blessés et des centaines d'arrestations.




Dunum ( En Palestine/Jordanie/Liban/Turquie, un dunum vaut 1 000 m2. Avant l'effondrement de l'empire ottoman, il était à 919,3 m2 mais le dunum métrique fut fixé à 1 000 m2 pendant le mandat britannique en Palestine et cette valeur est restée. )

Liban: Agonie des quotidiens nationaux, gloire de la presse arabe

Son slogan est "la voix des sans voix" mais, après 42 ans d'existence, le prestigieux quotidien libanais As-Safir risque se retrouver muet, triste illustration de la crise sans précédent des médias du pays.
Outre la concurrence d'internet, les quotidiens libanais, autrefois gloire de la presse arabe, souffrent de la paralysie politique et de la forte baisse des financements accordés par des régimes aujourd'hui disparus ou vacillants après le Printemps arabe.
Lancé un an avant l'éclatement de la guerre civile du Liban (1975-1990), As-Safir est menacée de fermeture faute de moyens financiers, tandis que son rival An-Nahar ne paie plus régulièrement ses employés.
"Nous avons brûlé nos dernières cartouches", regrette Talal Salmane, fondateur et rédacteur en chef d'As-Safir. "Nous n'avons plus de fonds et nous cherchons désespérement un partenaire pour financer le journal" qui est déjà passé de 18 à 12 pages, confie-t-il à l'AFP.
"La presse au Liban, qui fut pionnière dans le monde arabe, traverse la pire crise de son existence", assure le rédacteur en chef du journal dont l'avenir des 159 employés reste incertain.


Vide politique
D'après lui, l'agonie de la presse résulte d'abord de la léthargie politique dont souffre le Liban, sans président depuis près de deux ans, sans élections législatives depuis 2009 et avec un gouvernement paralysé par les divisions exacerbées par le conflit en Syrie voisine.
"Il y a un vide politique (...) Or il n'y a pas de presse sans politique", résume M. Salmane.
"La crise de la presse est partie intégrante de la crise du Liban", renchérit Mohammad Farhat, directeur de la rédaction du quotidien panarabe Al-Hayat, qui paraît à Londres et à Beyrouth. "Et la mort de la politique signifie la mort de la presse".
Des spéculations ont fait état de la fermeture imminente d'An-Nahar, le plus connu et le plus ancien quotidien encore en circulation depuis 1933.
Malgré un démenti du journal, témoin de l'histoire du pays depuis le mandat français, An-Nahar ne paie plus les salaires depuis près de sept mois, affirme un employé sous couvert de l'anonymat. Des journalistes du seul quotidien anglophone The Daily Star, confient également ne pas être payés depuis trois mois.
La crise frappe aussi les télévisions, les chaînes LBCI et Al-Jadeed ayant licencié un grand nombre d'employés pour survivre, d'après des sources dans le métier.
L'empire médiatique de Saad Hariri, ex-Premier ministre milliardaire, est aussi obéré par les difficultés financières tout comme sa compagnie Saudi Oger basée à Riyad.
Ainsi, son quotidien Al-Moustaqbal et la chaîne du même nom ne payeraient pas de salaires depuis au moins 10 mois, d'après d'anciens employés.
L'Orient-Le Jour, le seul quotidien francophone au Liban et l'un des rares dans la région, résiste lui mieux grâce à "une gestion saine sans argent politique, la non distribution de dividendes et un investissement avant tout le monde dans le numérique", explique sa directrice exécutive, Nayla de Freige.


"Porte-voix"
Mais au-delà de la crise politique, la presse libanaise ne joue plus comme dans le passé son rôle de porte-voix des diverses forces régionales.
Durant la guerre du Liban, la Libye de Muammar Kadhafi, l'Irak de Saddam Hussein, la Syrie de Hafez al-Assad et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, tous impliqués dans ce conflit, finançaient la presse.
As-Safir et An-Nahar étaient les grands rivaux, le premier promouvant le nationalisme arabe et la cause palestinienne, le deuxième défendant la spécificité et la pluralité du Liban.
La période post-guerre a vu l'émergence du financement saoudien, iranien et qatari, mais depuis quelques années, les titres libanais ont vu progressivement ces fonds se tarir.
"La presse libanaise a perdu de son attrait pour ces régimes qui peuvent faire passer leurs messages par leurs propres médias", explique à l'AFP Georges Sadaqa, doyen de la faculté de l'Information à l'Université libanaise.
A l'été 2015, des documents révélés par Wikileaks montraient qu'une chaîne libanaise a obtenu une aide saoudienne de deux millions de dollars, "soit le 10e de ce qu'elle demandait".
Parallèlement, les revenus publicitaires des journaux ne cessent de s'effriter, ayant baissé de 10,7% entre 2014 et 2015, à 25 millions de dollars, selon l'institut Ipsos Mena.
Dans le passé, la presse libanaise était si audacieuse que des journalistes l'ont payé de leur vie, comme Sélim al-Lawzé, Nassib al-Matni, Riad Taha, Kamel Mroué ou encore Ghassan Kanafani dans les années d'avant-guerre et durant le conflit. Talal Salmane a lui-même échappé à une tentative de meurtre dans les années 1980.
Par la suite, durant les années sombres de la tutelle de Damas, des journalistes ont été intimidés, arrêtés ou liquidés jusqu'au retrait des troupes syriennes en 2005.

mardi 29 mars 2016

Sahara Occidental : Alger appelle Paris à soutenir l'autodétermination

Une réfugiée sahraouie marche au milieu des ruines du camp de Samara au Sahara occidental, détruit par les pluies torrentielles, le 4 mars 2016  (AFP)  

Le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra a appelé mardi Paris à soutenir un processus conduisant à l'autodétermination du Sahara occidental reconnaissant que ce sujet ultra sensible était un point de "désaccord" entre Paris et Alger.
"Nous avons toujours bon espoir que l'administration du président François Hollande va aider la région à régler cette question dans le cadre de la légalité internationale", a déclaré M. Lamamra lors d'une conférence de presse commune avec son homologue français Jean-Marc Ayrault, en visite à Alger.
"Pendant 40 ans, ce sujet a constitué un point de désaccord entre la politique extérieure de l'Algérie et celle de la France", a ajouté M. Lamamra, en appelant "la communauté internationale à s'acquitter de ses responsabilités historiques pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental". "La France trouverait un rôle à sa mesure dans le soutien de ce processus", a-t-il ajouté.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975 est revendiquée par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.
Depuis 2007, Rabat propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté pour ce vaste territoire de moins d'un million d'habitants, riche en phosphates et aux côtes poissonneuses, alors que le Polisario réclame un référendum d'autodétermination.
Le Polisario accuse régulièrement Paris de faire obstruction au plan de règlement de l'ONU par son droit de véto au Conseil de sécurité.
"C'est une question délicate, difficile, qui ne doit pas être une pierre d'achoppement dans l'amitié entre la France et l'Algérie", a déclaré Jean-Marc Ayrault, dont le pays soutient le plan d'autonomie de Rabat.
"Nous souhaitons que le mandat de la Minurso (la mission de l'ONU au Sahara occidental) soit renouvelé, a-t-il ajouté en prônant "l'apaisement" dans les relations entre le Maroc et l'ONU.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a fortement irrité récemment le gouvernement marocain en parlant d'"occupation" du Sahara occidental, avant de plaider le "malentendu".
Furieux, le gouvernement marocain a expulsé la quasi totalité des experts civils expatriés de la Minurso et fait fermer un bureau de liaison militaire.
La Minurso, dont le mandat arrive à échéance fin avril, est chargée de superviser un cessez-le-feu instauré en 1991 et préparer un référendum d'auto-détermination. Mais une médiation menée par l'ONU depuis 2007 pour tenter de définir le statut final du territoire est dans l'impasse.

Irak : Attentat suicide de Daesh à Bagdad, trois morts et 22 blessés

Un kamikaze a fait détoner sa ceinture d'explosifs dans le centre de Bagdad mardi, faisant trois morts et 22 blessés, une attaque revendiquée par le groupe extrémiste Daesh qui s'autoproclame Etat islamique (EI).
L'attentat suicide a visé des travailleurs rassemblés à Tayaran Square, une place très fréquentée de la capitale, selon des sources médicales et de sécurité.
Dans un communiqué publié en ligne, Daesh a revendiqué l'attaque, affirmant qu'elle visait des forces chiites paramilitaires.
Le groupe extrémiste s'est emparé en juin 2014 de larges pans du territoire irakien mais a depuis perdu du terrain face aux offensives des forces irakiennes appuyées par des milices chiites et l'aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Les terroristes, qui contrôlent notamment une partie de la province occidentale d'Al-Anbar, se trouvent à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad mais parviennent cependant à commettre des attentats meurtriers dans la capitale et ses environs.

Syrie : Amas de pierre

Dans "la perle du désert syrien", les quartiers résidentiels ressemblaient à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements.
Le site antique vieux de plus de 2000 ans porte les stigmates des ravages de Daesh, qui a détruit deux de ses plus beaux temples, son Arc de triomphe et des tours funéraires.
Les temples de Bêl et de Baalshamin ne sont plus qu'un amas de pierres, selon un correspondant de l'AFP sur place.
"Je suis très perplexe sur la capacité de rebâtir le site de Palmyre, même avec l'aide internationale", a déclaré Annie Sartre-Fauriat, membre du groupe d'experts de l'Unesco pour le patrimoine syrien.
En 20 jours de combats à Palmyre, Daesh a perdu 400 membres, soit le bilan le plus lourd "dans une seule bataille depuis l'émergence" du groupe dans le conflit en 2013, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. D'après l'Observatoire, 188 membres des forces prorégime y ont péri.
Déclenchée en 2011, la révolte en Syrie contre le régime de Bashar al-Assad s'est muée en une guerre dévastatrice aux multiples intervenants, qui a fait plus de 270.000 morts et chassé la moitié de la population de ses foyers.
En Irak, Daesh est aussi la cible d'une vaste offensive de l'armée qui cherche à reprendre son fief de Mossoul (nord), avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Moyen-Orient : Daesh "plus faible"

Pour Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, "l'EI est évidemment plus faible que par le passé", mais "se battra avec beaucoup plus de détermination pour garder Raqa, sa capitale de fait, et Deir Ezzor, la plus grande ville qu'il contrôle en Syrie et sa porte vers l'Irak".
Bashar al-Assad a salué "l'efficacité de la stratégie de l'armée et de ses alliés" et sa satisfaction a été partagée par la Russie et l'Iran, qui a qualifié la prise de Palmyre d'"admirable".
"Le gouvernement et les forces armées (iraniens) vont poursuivre leur soutien total" à la Syrie, a affirmé Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale en Iran.
Membre de la Coalition nationale syrienne (CNS), la principale formation de l'opposition syrienne en exil, Hadi al-Bahra a lui estimé que si le régime syrien était réellement sérieux dans sa volonté de combattre Daesh, il aurait empêché les terroristes de s'emparer de Palmyre il y a 10 mois.
"Depuis le départ, la stratégie du régime est de permettre à la menace que représente Daesh de croître afin de pouvoir dire à l'Occident que ce sera lui ou Daesh", a-t-il dit.
A Washington, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a reçu son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, et déclaré que leurs deux pays allaient "faire davantage pression" sur Daesh.
Mais Ankara et Washington sont divisés sur le dossier syrien, notamment en ce qui concerne notamment les Kurdes, et un responsable américain a fait savoir qu'il n'y aurait pas de rencontre bilatérale entre les présidents Barack Obama et Recep Tayyip Erdogan lors d'un sommet sur la sécurité nucléaire en fin de semaine.

Israël : Une bavure militaire qui fragilise Netanyahou

Héros pour la droite et l'extrême droite. Meurtrier pour la police militaire. En tout cas, ce soldat est sous les verrous. Il a été filmé jeudi dernier à Hébron achevant d'une balle un assaillant palestinien gisant sur le sol après avoir blessé au couteau un militaire. Sur place, un officier a immédiatement informé ses supérieurs que le soldat avait enfreint les ordres. Quelques heures plus tard, la police militaire l'arrêtait. Il est soupçonné de meurtre. Immédiatement avertis, le ministre de la Défense et le porte-parole de l'armée ont condamné son geste, déclarant que c'était contraire à l'éthique de Tsahal. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a suivi en affirmant que cet incident grave « ne reflétait pas les valeurs de l'armée ». Des commentateurs ont expliqué qu'il s'agissait de réagir très vite pour éviter un nouveau scandale international.
Mais voilà, à l'étranger, les médias étaient occupés par d'autres événements bien plus importants : le terrorisme en Europe, la reconquête de Palmyre, sans parler du week-end pascal. C'est donc en Israël que le scandale a éclaté. L'extrême droite est montée au créneau, exigeant l'annulation de l'accusation de meurtre. Très vite, le public a suivi. En témoigne ce sondage, publié 48 heures plus tard par une chaîne de télévision : 57 % des personnes interrogées désapprouvaient la décision de l'armée d'arrêter le militaire et de procéder à une enquête ; 42 % qualifiaient de responsable le comportement du tireur ; seuls 5 % considéraient le tir contre un assaillant blessé et à terre comme un meurtre.
En parallèle, sur les réseaux sociaux, c'est le déchaînement : ceux qui considèrent comme normales l'arrestation du soldat et l'enquête en cours sont bien seuls face aux posts qualifiant le tireur de héros et s'en prenant sans complexe au chef d'état-major, le général Eizenkot, et au ministre de la Défense, Moshe Yaalon, accusés de faire le jeu des « gauchistes » et « des Palestiniens assassins de juifs ». Une affiche est même apparue montrant le général Eisenkot déguisé en Assuérus, le roi persan qui, selon l'histoire biblique, voulait éliminer le peuple juif, jusqu'à ce que son épouse juive l'en dissuade. En l'occurrence, l'extrême droite soutient l'un des siens. Selon sa page Facebook, l'auteur du tir est en effet un fidèle du mouvement raciste Kach, du défunt rabbin Kahana, auquel appartient notamment le militant extrémiste Baruch Marzel. Une vidéo le montre sur place le saluant.
Cela n'a pas empêché Naftali Bennet, le ministre de l'Éducation et patron du parti des colons, le « Foyer juif », d'affronter Benjamin Netanyahou en conseil des ministres hebdomadaire. Affirmant que le soldat avait été reconnu coupable avant même d'avoir été jugé, Bennett a accusé le Premier ministre de ne pas soutenir les troupes. Particulièrement irrité, Netanyahou lui a répondu : « J'ai toujours soutenu les soldats et j'ai dirigé au combat plus de militaires que vous. Alors, ne me faites pas la leçon. Nous devons laisser l'armée faire son travail et ne pas tout transformer en affaire politique. »
Tension aussi à la Knesset, le Parlement israélien. Du haut de la tribune, le ministre de la Défense Moshe Yaalon a accusé Naftali Bennett d'avoir appelé la famille du soldat pour l'encourager et la soutenir. « Nous ne sommes pas comme la partie adverse. Je condamne la diffusion de mensonges, de manipulations et les attaques contre le chef d'état-major… » Et le ministre de lancer aux députés : « Que voulez-vous, une armée bestiale qui perd sa morale ? Je suis fier du commandant de compagnie qui a informé ses supérieurs de cet événement hors norme. »
D'importantes manifestations sont prévues pendant l'audience en cour martiale mardi. Plusieurs députés, parmi lesquels Avigdor Lieberman, chef du parti d'extrême droite « Israël Beïtenou (Israël notre maison) », ont annoncé qu'ils viendraient soutenir l'accusé. Déjà, lundi soir, des rassemblements en sa faveur ont eu lieu un peu partout dans le pays. Des réservistes affirment qu'ils refuseront de porter à nouveau l'uniforme si le soldat est condamné. Face à cette opinion publique chauffée à blanc, Benjamin Netanyahou a commencé à rétropédaler. Il a fait savoir qu'il avait été particulièrement ému par les déclarations du père du militaire en cause. Il a répété qu'il espérait une enquête en bonne et due forme de la part de l'armée.
Décidément, les chefs de Tsahal sont bien seuls dans ce combat politique. Depuis le début de l'Intifada des couteaux, ils tentent d'imposer aux unités sur le terrain plus de modération face aux jeunes terroristes palestiniens. Il y a quelques semaines, le général Eizenkot avait déclaré qu'il ne voulait pas voir « un soldat ouvrir le feu et vider son chargeur sur une fille de 13 ans qui tient des ciseaux ou un couteau et alors qu'elle se trouve à distance, même si elle commet un acte très grave… » Depuis septembre dernier, au cours de 105 attaques de soldats, de policiers, de vigiles et de passants, la plupart des assaillants ont été abattus. Le dernier bilan fait état de 28 Israéliens et près de 190 Palestiniens tués.


Syrie: L'armée de Bashar pourchasse Daesh après la reprise de Palmyre

Des soldats syriens après avoir repris Palmyre
à Daesh, le 27 mars 2016 (AFP)

Le régime de Bashar continue de pourchasser les terroristes du groupe Daesh qui se désigne lui-même comme Etat islamique (EI) au surlendemain de la reprise de Palmyre (centre), victoire majeure pour l'armée qui veut extirper cette organisation de ses principaux fiefs en Syrie.
"Cinq ans" seront nécessaires pour réhabiliter les monuments endommagés ou détruits de cette cité antique classée au patrimoine mondial de l'Humanité, selon le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim.
A Washington, le département d'Etat a qualifié lundi de "bonne chose" la défaite de Daesh à Palmyre, sans toutefois féliciter le dictateur syrien Bashar al-Assad dont les Etats-Unis souhaitent la chute.
Fort de son succès le plus important face à Daesh, forgé avec la Russie et des milices prorégime, Damas veut maintenant sécuriser Palmyre pour éviter une contre-offensive des terroristes qui la contrôlaient depuis mai 2015.
Une source militaire syrienne a indiqué que des opérations militaires avaient commencé à al-Qaryatayn, à l'ouest de Palmyre. "C'est le prochain objectif de l'armée, qui a également les yeux rivés sur Sokhné", à l'Est, a-t-elle ajouté.
Si le régime s'emparait de Sokhné, il serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par le groupe terroriste.
Le commandement militaire syrien a affirmé que Palmyre serait "la base à partir de laquelle s'étendront les opérations contre le groupe terroriste, notamment à Deir Ezzor et Raqa (nord)", le but étant de "mettre fin à l'existence" de l'EI en Syrie.
Les forces prorégime vont en outre chercher à déloger Daesh de la localité d'Al-Alianiyé, au sud de Palmyre, pour avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les terroristes.


lundi 28 mars 2016

Syrie : Des soldats "soulagés" après leur entrée dans la cité antique de Palmyre

A leur arrivée dimanche à Palmyre dans le centre de la Syrie, les forces du régime imaginaient retrouver un joyaux de l'archéologie en ruine près d'un an après la prise de la ville par les terroristes du groupe Daesh, autoproclamé Etat islamique (EI).
Appuyées par l'armée russe, les troupes de Bashar al-Assad ont réussi à déloger dimanche les terroristes de la "perle" antique du désert syrien.
Responsable d'atrocités dans les régions sous son contrôle et de vastes destructions du patrimoine, l'EI a détruit à coups d'explosifs les temples de Bêl et Baalshamin à Palmyre, ainsi que les tours funéraires et le célèbre Arc de triomphe.
"Nous étions si effrayés à l'idée d'entrer sur le site antique et de le trouver complètement détruit", confie à l'AFP un soldat du régime sous le couvert de l'anonymat.
"Nous avions peur de regarder...mais quand nous sommes entrés, nous avons été soulagés", poursuit-il.
Le chef des Antiquités syriennes Mamoun Abdelkarim a déclaré dimanche à l'AFP que Palmyre "redeviendra comme avant".
Il s'est dit agréablement surpris par l'état presque intact de nombreux vestiges comme l'Agora, les bains, le théâtre romain ou encore les murailles de la cité, légèrement endommagées.
"J'étais le directeur des Antiquités le plus triste au monde, je suis aujourd'hui le plus heureux", a-t-il encore dit.
Dimanche, soldats syriens et russes, ainsi que des miliciens, marchaient au milieu de ruines vieilles de plus de 2.000 ans, agréablement surpris. La joie est palpable parmi les troupes. Ces dernières craignent toutefois que les jihadistes n'aient miné une partie du site avant leur départ, stratégie maintes fois utilisée par Daesh en Irak voisin.
Alors que des combattants improvisent une partie de football à quelques jets de pierres du site antique, un soldat syrien craque, n'arrivant pas à retenir ses larmes. "Je suis triste de voir une partie de la ville détruite, mais je pleure aussi mon frère qui est mort ici dans les combats", confie-t-il. Il ajoute, la gorge serrée: "En reprenant la ville, je sens que j'ai vengé sa mort".
La ville moderne de Palmyre qui comptait 70.000 habitants avant la guerre a été moins chanceuse. Les immeubles éventrés, les façades criblées de balles, les maisons en ruines témoignent des féroces combats qui ont précédé la prise de la ville par les forces du régime.
Palmyre ressemble à une cité fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements et les raids aériens ces derniers jours.
Il s'agit de la victoire la plus importante du régime face à Daesh depuis l'intervention militaire fin septembre 2015 dans le conflit syrien de la Russie, allié indéfectible de Bashar.
"Nous avons complètement été coupés (de nos proches) pendant les 10 derniers jours", raconte un soldat pressé d'avoir à nouveau une connexion téléphonique pour dire à nos familles que Palmyre "est de retour" dans le giron syrien.
L'historien spécialiste du monde antique Maurice Sartre, interrogé par l'AFP, dit craindre que l'inventaire du site révèle des destructions irréversibles et surtout l'ampleur des pillages après la reprise de la ville.

dimanche 27 mars 2016

Israël/Palestine : Netanyahu défend la "moralité" de l'armée après la mort d'un Palestinien

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a défendu dimanche la "moralité" de l'armée après l'arrestation d'un soldat soupçonné d'avoir achevé d'une balle dans la tête un Palestinien blessé.
Une vidéo des faits survenus jeudi à Hébron en Cisjordanie occupée, a alimenté une vive polémique en Israël.
Elle montre deux Palestiniens à terre blessés par balles après qu'ils ont agressé au couteau un soldat israélien. L'un d'eux bouge encore faiblement la tête. Un soldat le met alors en joue bien qu'il ne représente apparemment plus de danger et lui tire une balle dans la tête.
Les défenseurs des droits de l'Homme ont dénoncé une "exécution" et les Palestiniens un "crime de guerre".
"Toute mise en cause de la moralité de l'armée est révoltante et inacceptable", a dit Netanyahu lors du conseil des ministres hebdomadaire, selon un communiqué.
"Les soldats israéliens, nos enfants, respectent de hautes valeurs morales alors qu'ils combattent contre des assassins assoiffés de sang dans des conditions opérationnelles difficiles", a-t-il ajouté. "Je suis certain que l'enquête tiendra compte de toutes les circonstances" de l'incident.
Dans un premier temps, Netanyahu avait semblé condamner clairement l'acte en affirmant jeudi que l'armée "attend de ses soldats qu'ils agissent calmement et respectent les règles d'engagement".
Les consignes stipulent qu'un soldat ne doit pas tirer sur un agresseur s'il ne représente pas une menace directe et immédiate.
Mais des responsables politiques -y compris des ministres- ont dénoncé le "lynchage médiatique" du soldat incriminé.
"Avons-nous perdu l'esprit? Nous sommes en guerre contre un terrorisme vicieux. Il se peut que le soldat ait pensé que le terroriste cachait une bombe sur lui", a affirmé le ministre de l'Education Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer Juif.
Selon des médias israéliens, une altercation a eu lieu entre Netanhayu et Bennett à l'issue du Conseil des ministres.
Un chef de l'opposition à droite de la majorité, Avigdor Lieberman, a demandé à rendre visite au soldat détenu pour lui exprimer sa solidarité. Mais l'armée a refusé.
Des centaines d'affiches de l'extrême droite ont fait leur apparition notamment à Tel-Aviv, en exigeant la démission du chef d'état-major Gadi Eisenkot, de Netanyahu et de son ministre de la Défense Moshé Yaalon avec comme slogan: "lorsque quelqu'un vient te tuer, tue-le avant".
Par ailleurs, une pétition en ligne a appelé ces trois responsables à récompenser le soldat arrêté, rassemblant plus de 42.000 signatures dimanche après-midi.
"Ce soldat, un héros israélien, a tué un terroriste (...) il doit recevoir des éloges et non pas être arrêté", peut-on lire sur la pétition.
La radio militaire a révélé que 11 minutes s'étaient écoulées entre le moment où les Palestiniens avaient été blessés après avoir agressé le soldat et le moment où le tireur a ouvert le feu sur l'un d'eux. Selon un soldat présent sur place cité par la radio, le tireur lui a dit qu'un "terroriste qui poignarde un soldat mérite de mourir".
Le volontaire palestinien de B'Tselem, une ONG de défense des droits de l'Homme qui a filmé la scène, Imad Abou Chamsiyyeh, a affirmé avoir reçu des menaces de l'armée et deux appels téléphoniques anonymes en Hébreu. "Je me sens en danger et mes enfants ont peur", a-t-il déclaré à Human Rights Watch, une ONG basée à New York.
Ces événements sont survenus dans un contexte de violences dont Hébron est l'un des centres de gravité et qui ont coûté la vie à 200 Palestiniens, 28 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. La plupart des Palestiniens morts sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques.

Libye : À Tripoli, le gouvernement d'union est sur toutes les lèvres

"Le climat est tendu et les gens sont fatigués": dans un café de Tripoli, Abou Ehab exprime son inquiétude quant à la volonté du gouvernement d'union nationale de s'installer dans la capitale libyenne. Mais à quelques tables de lui, trois jeunes en rigolent.
Depuis que ce gouvernement d'union parrainé par l'ONU a dit son intention de venir à Tripoli, malgré le refus catégorique du gouvernement non reconnu par la communauté internationale qui y siège depuis 2014, la capitale libyenne craint des affrontements armés mais aiguise son sens de l'humour.
Sur les réseaux sociaux, à la télévision mais aussi aux terrasses de ses innombrables cafés, l'anticipation est palpable.
Sirotant son thé vert à la terrasse d'un établissement de la médina, Abou Ehab, 71 ans, écoute les trois jeunes gens échafauder des scenarii sur l'arrivée non confirmée du chef du gouvernement d'union Fayez al-Sarraj, qui a inquiété les autorités de la capitale au point qu'elles ont déclaré "l'état d'urgence maximal".
Ce gouvernement d'union est censé mettre fin au conflit qui oppose les autorités de Tripoli -soutenues par Fajr Libya, une coalition de milices dont certaines islamistes- et celles installées dans l'est, soutenues par le Parlement élu siégeant à Tobrouk.
"La présence de trois gouvernements est la cause de gros problèmes", explique M. Ehab, ancien professeur de biologie. "Si (le gouvernement d'union) sentait qu'il était soutenu par les gens de Tripoli, il viendrait et les choses iraient mieux".
Face à la volonté affichée de ce gouvernement de s'installer à Tripoli "dans les tout prochains jours", les Tripolitains s'interrogent sur la façon dont il pourrait entrer dans une ville qui ne compte qu'un seul aéroport, contrôlé par des autorités qui ne veulent pas de lui.
Pour certains, Fayez al-Sarraj arrivera en fait en hélicoptère à Janzour, dans la banlieue ouest de Tripoli, pour s'installer dans le luxueux Palm City, un complexe balnéaire. D'autres l'imaginent arriver par la mer, protégé par des "forces étrangères".
Une caricature sur Twitter le montre débarquant en Libye en parachute aux couleurs de l'ONU.
Sur le même mode humoristique, un "flash info" circule sur l'installation par des milices de Tripoli d'immenses ventilateurs pour provoquer une tempête de sable et empêcher l'avion de M. Sarraj d'atterrir.
Même si le gouvernement d'union dit avoir le soutien de certains des groupes armés quadrillant Tripoli, les habitants de la capitale n'en sont pas si sûrs et craignent des affrontements si M. Sarraj s'obstine à venir s'installer sans l'assentiment des autorités locales.
Le spectre des combats meurtriers qui avaient permis en août 2014 à Fajr Libya de chasser les autorités reconnues alors par la communauté internationale plane encore sur Tripoli.
Par habitude, les familles ont fait des provisions avant que des affrontements ne les immobilisent chez eux. Craignant des ruptures de stocks, certains commerçants refusent par exemple l'achat de plus de 10 boîtes de thon par personne, selon des clients.
Malgré tout, les habitants de Tripoli espèrent les autorités rivales rassemblées au sein d'un Exécutif central pour freiner l'effondrement de l'économie qui affecte leur quotidien et améliorer la situation sécuritaire.
Depuis plusieurs semaines, les files d'attente s'allongent devant les banques qui sont en pénurie d'argent liquide. Le prix des marchandises augmente du fait de la crise politique, de l'insécurité, des importations ralenties et du taux des devises.
En outre, l'apparition de la mendicité dans ce riche pays pétrolier peu peuplé est un phénomène choquant pour les Libyens.
Alors que la crise politique des "trois gouvernements" bat son plein et que l'économie s'enfonce, un courant partisan du rétablissement de la monarchie a fait son apparition.
Des tags sur les murs de Tripoli appellent au retour de cette "monarchie qui nous unit". Une centaine de personnes se sont rassemblées vendredi au coeur de la capitale pour réclamer le retour de la monarchie, renversée en 1969 par Muammar Kadhafi, lui même renversé en 2011 par une révolte armée.
"Avec un retour de la monarchie, il n'y aurait ni gagnant, ni perdant", affirme Nouri el-Chafi, l'un de ces manifestants nostalgiques.

Arabie Saoudite : La détresse des salariés de la société de Hariri

Saad Hariri, dirigeant de la société Saudi Oger.

Robert n'a pas touché de salaire depuis six mois et ne peut plus payer la scolarité de ses enfants. Il travaille pourtant depuis de longues années pour le géant saoudien du BTP Saudi Oger qui compte à son actif de nombreux projets grandioses.
Fondée dans les années 1970 par Rafic Hariri, milliardaire ancien Premier ministre libanais assassiné en 2005, Saudi Oger est dirigée par son fils Saad, qui fut lui aussi chef du gouvernement libanais, et représente l'une des principales entreprises du BTP en Arabie Saoudite.
Or les factures impayées d'un client clé, le gouvernement saoudien qui pâtit de l'effondrement des recettes pétrolières, s'accumulent et l'entreprise traverse une mauvaise passe.
Une grande partie des 50.000 employés de Saudi Oger, de diverses nationalités, ont connu des retards importants dans le versement de leurs salaires, explique Robert, qui préfère se présenter sous un autre nom.
Il dit ne pas avoir touché de salaire depuis six mois et être parmi les plus durement touchés. "Je n'ai pas d'argent, (...) c'est dur", confie-t-il expliquant cependant "ne pas avoir d'autre choix" que de rester dans l'entreprise disant ne pas pouvoir trouver d'autre emploi.
"Il s'agit d'une situation désespérée", affirme une source bien informée, décrivant des familles expatriées dans une situation comparable à celle de Robert. "Ils ne peuvent même pas payer les billets" d'avion pour rentrer chez eux, dit-elle, soulignant l'impact sur les cadres mais aussi sur les ouvriers à faible revenu.
Mais selon plusieurs sources, les difficultés économiques actuelles du royaume ne sont pas les seules causes des problèmes de Saudi Oger.
"Déjà, à l'époque où je travaillais chez Saudi Oger, il y avait des retards de paiement dans les salaires des employés locaux. La situation s'est visiblement aggravée", explique à l'AFP un ancien salarié.
Selon la source bien informée, la mauvaise gestion "est l'un des principaux problèmes" à Saudi Oger, même s'il a été amplifié par les difficultés économiques de l'Arabie Saoudite, confrontée à un déficit budgétaire de 87 milliards de dollars (78 milliards d'euros) cette année.
Préoccupée par le sort des centaines d'employés français de l'entreprise, l'ambassade de France a envoyé deux lettres à Saudi Oger, qui a promis de régulariser la situation fin mars.

Tensions politiques
"La question est de savoir s'ils ont les fonds pour tenir leurs promesses", a avancé la source.
D'autant que la fragilisation de l'empire Hariri intervient dans un contexte de tensions politiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran.
Cette crispation a conduit notamment Riyad à punir Beyrouth pour des positions antisaoudiennes du gouvernement libanais auquel participe le Hezbollah alors que le camp de Saad Hariri, un protégé du royaume saoudien et adversaire politique du Hezbollah est en perte de vitesse.
Le sort de l'entreprise familiale des Hariri soulève deux questions, relève un homme d'affaires libanais travaillant en Arabie Saoudite: "les banques locales saoudiennes vont-elles continuer à financer Saudi Oger et secundo, la famille Hariri va-t-elle réussir à faire entrer un investisseur et de l'argent frais?".
"La trésorerie du groupe était mal gérée depuis longtemps", souligne-t-il parlant même d'un risque de "banqueroute" alors que Saudi Oger doit faire face à deux concurrents de taille, Saudi Binladin Group et al-Seif.
Mais selon Robert, aucun des projets de l'entreprise, dont un hôtel cinq étoiles et une tour dans le quartier financier du roi Abdallah, n'a été annulé. Ils ont juste été "ralentis" pour cause de marasme économique.
Les tentatives de l'AFP de joindre un porte-parole de Saudi Oger sont restées infructueuses.
Dans un marché qui est, au bout du compte, totalement lié au gouvernement, les projets de construction ont été "ralentis" et les liquidités "n'arrivent pas à temps", confie un entrepreneur.
Mais Robert attend toujours de toucher son salaire et il reste "quelque peu optimiste".
Saudi Oger pourrait prendre une "nouvelle direction", espère-t-il rappelant que "c'était l'une des meilleurs sociétés".


Syrie : L'armée de Bashar reprend la totalité de Palmyre

L'armée du dictateur, appuyée par l'allié russe, a repris dimanche le contrôle total de la cité antique de Palmyre après en avoir chassé les djihadistes du groupe État islamique, une victoire symbolique et stratégique pour le régime de Bashar el-Assad. « Après de violents combats nocturnes, l'armée contrôle entièrement la ville de Palmyre, y compris le site antique et la partie résidentielle. Ils (les djihadistes) s'en sont retirés », a dit une source militaire au correspondant de l'Agence France-Presse sur place dans cette ville du centre de la Syrie.
L'armée, soutenue par l'aviation et les forces spéciales russes ainsi que par le Hezbollah libanais, a lancé le 7 mars une offensive pour reprendre Palmyre à l'EI qui s'était emparé en mai 2015 de la ville et ses ruines antiques classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Il s'agit de la victoire la plus importante du régime face à l'EI depuis l'intervention, fin septembre 2015, dans le conflit de la Russie, allié indéfectible du régime de Bashar. « Si nous gagnons, ce serait la première grande défaite infligée par l'armée à Daesh », avait indiqué la veille une source militaire en utilisant un acronyme en arabe du groupe djihadiste qui contrôle toujours de vastes régions de la Syrie et de l'Irak voisin.

400 djihadistes tués
D'après la source militaire, les combattants de Daesh « se sont repliés vers Sokhné (à l'est de Palmyre), Raqa et Deir ez-Zor », leurs fiefs dans le nord et l'est de la Syrie. « Les unités d'ingénierie de l'armée sont en train de désamorcer des dizaines de bombes et de mines à l'intérieur de la cité antique » qui contient des trésors détruits en partie par le groupe extrémiste, a-t-elle ajouté. Le secteur des ruines antiques était totalement désert la veille, car personne n'ose s'y aventurer à cause des mines posées par les djihadistes et parce que le terrain est totalement à découvert et donc exposé à des tirs de snipers, selon le journaliste de l'Agence France-Presse.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), « au moins 400 djihadistes de l'EI ont été tués depuis le début de l'offensive ». « Il s'agit du bilan le plus lourd pour l'EI dans une seule bataille depuis son émergence » en plein conflit syrien en 2013, a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire, qui dispose d'un large réseau de sources à travers le pays. « C'est une défaite symbolique pour l'EI semblable à celle de Kobané », la ville kurde d'où les djihadistes ont été chassés par les forces kurdes appuyées par l'aviation de la coalition menée par Washington.

« Perdre le grand désert »
Selon Rami Abdel Rahmane, en perdant Palmyre, « l'EI perd automatiquement le grand désert syrien », et le régime Assad pourra avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les djihadistes. En Irak, Daesh est aussi la cible d'une large offensive de l'armée irakienne qui cherche à reprendre son fief de Mossoul, la deuxième ville du pays située dans le Nord. Les grandes puissances sont déterminées à en finir avec Daesh, un groupe ultra-radical qui vient de revendiquer les attentats de Bruxelles qui ont fait mardi 31 morts et 340 blessés, quatre mois après avoir revendiqué ceux de Paris.
Responsable en outre d'atrocités dans les régions sous son contrôle et de vastes destructions du patrimoine, le groupe djihadiste a amputé Palmyre de ses plus beaux temples, ceux de Bel et Baalshamin, détruits à coups d'explosifs. Et en septembre, il a détruit plusieurs des tours funéraires de la cité, avant de réduire en poussière le célèbre Arc de triomphe, symbole de l'essor de cette ville vieille de plus de 2 000 ans.
Avant le début du conflit en Syrie en 2011, plus de 150 000 touristes visitaient cette oasis du désert située à 210 km au nord-est de Damas, aux 1 000 colonnes, aux statues et à la formidable nécropole de 500 tombes. 


La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, avait salué l'offensive de Bashar. « Depuis un an, le saccage de Palmyre est le symbole du nettoyage culturel qui sévit au Moyen-Orient. »

Yémen : Des milliers de Yéménites protestent contre un an de campagne militaire

Des milliers de Yéménites se sont rassemblés samedi dans la capitale Sanaa tenue par les rebelles pour protester contre la coalition sous commandement saoudien, un an après le début de sa campagne contre les insurgés, a constaté un photographe de l'AFP.
L'intervention militaire arabe qui a commencé le 26 mars 2015 n'a pas encore porté de coup décisif aux rebelles chiites Houthis soutenus par l'Iran, qui contrôlent toujours la capitale et de larges pans du pays.
"Ensemble contre l'agression tyrannique saoudienne", indiquait une grande banderole affichée sur la place Sabine à Sanaa, bondée de manifestants, alors que des avions de combat de la coalition survolaient les lieux, brisant le mur du son de manière à afficher leur force.
La manifestation a été appelée par le Congrès général du peuple, le parti de l'ancien président allié aux rebelles Ali Abdallah Saleh, apparu brièvement lors du rassemblement, selon le photographe de l'AFP.
Une autre manifestation est prévue dans l'après-midi dans le nord de la capitale à l'appel des rebelles Houthis .
Leur chef Abdel Malik al-Houthi s'est adressé à ses partisans dans un discours télévisé vendredi.
"Un an après, nous constatons le résultat de cette agression. (...) Le but était d'aider et de servir le peuple yéménite. Cette aide a pris la forme de meurtres criminels et de génocide," a-t-il dénoncé.
"L'agression et les agresseurs criminels ont seulement causé d'énormes dégâts à tous les niveaux dans notre pays et dans le reste de la région", a-t-il ajouté, faisant apparemment référence à la tension sectaire dans la région qui a dégénéré depuis le début du conflit au Yémen.
La prise de Sanaa et d'autres régions du pays par les rebelles Houthis en septembre 2014 a éveillé l'inquiétude de Riyad qui craint que la minorité chiite ne parvienne à répandre l'influence de l'Iran dans le sud.
Le conflit au Yémen a tué plus de 6.300 personnes depuis un an, pour la moitié des civils, selon les Nations unies.
Des organisations des droits de l'Homme ont vivement critiqué la coalition en raison du nombre de victimes civiles, exhortant les Etats-Unis et d'autres puissances mondiales à cesser de vendre des armes à l'Arabie Saoudite.
Washington, allié stratégique de Riyad, a exprimé sa préoccupation pour les pertes civiles.

samedi 26 mars 2016

Israël/Palestine : Des nez rouges à travers le monde pour un clown palestinien en prison

Nez rouges et perruques fluorescentes en Europe, roulotte colorée devant une prison israélienne ou chants brésiliens en son nom. Un peu partout dans le monde, des artistes de cirque se mobilisent pour un clown palestinien détenu par Israël.
Cette vague de soutien en faveur de Mohammed Abou Sakha, jongleur et moniteur de cirque pour enfants handicapés mentaux, a braqué une fois de plus les projecteurs sur l'incarcération par Israël de centaines de Palestiniens sans procès ni inculpation.
Devant la prison du nord d'Israël où il a été un temps incarcéré, une dizaine d'artistes de cirque israéliens sont récemment venus dénoncer l'emprisonnement du Palestinien de 24 ans.
Lundi, alors qu'un tribunal militaire examinait son appel contre sa détention, Hanita-Caroline Hendelman, artiste et militante israélienne, était de nouveau là. Sous un vent battant, elle a chanté pour lui avec son tambourin.
Cette femme qui le connaît bien a tenté de lui fournir des équipements de cirque en prison. "On me l'a refusé, mais je sais qu'il s'entraîne à l'intérieur, et forme certains de ses codétenus qui ont à peine 12 ou 14 ans".
Raja Abou Sakha, sa mère qui n'a pu lui rendre visite que deux fois depuis son arrestation mi-décembre, est émue par cet élan de sympathie. "Au Brésil maintenant, il y a sept chansons en son nom", affirme-t-elle, "des gens là-bas connaissent maintenant l'histoire de Mohammed".
La page Facebook de l'école de cirque de Bir Zeit, en Cisjordanie occupée, où Mohammed exerçait, est une litanie d'appels de soutien venus de New York, Rio ou Copenhague.


Membre d'une organisation "terroriste" ? -
Ici, c'est une vidéo d'artistes déguisés qui dansent à Londres; là, une mosaïque de photos d'anonymes du monde entier, nez rouge vissé sur le nez et pancarte "Free Abou Sakha" (Libérez Abou Sakha) en main.
Environ 700 Palestiniens sont détenus par Israël sous le régime de la détention administrative, qui permet d'incarcérer des suspects pour plusieurs mois renouvelables indéfiniment, sans leur en notifier les raisons. Une mesure régulièrement dénoncée par l'ONU et les défenseurs des droits de l'Homme.
Israël le défend comme un outil essentiel pour empêcher des individus dangereux de nuire et de commettre des attentats, tout en gardant secrètes des informations sensibles.
Les autorités israéliennes n'ont jamais dit clairement quel danger pose Mohammed Abou Sakha.
Publiquement, la sécurité intérieure l'accuse d'appartenir au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), d'inspiration marxiste. Le FPLP, qui s'est signalé par ses détournements d'avion dans les années 60 et 70, est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Lundi soir, sous le chapiteau où officiait Mohammed Abou Sakha, l'école de Bir Zeit proposait une mise en scène onirique de la prison.
Une trapéziste se haussait au-dessus d'un grillage et de barreaux dont elle s'échappait en se contorsionnant, tandis que des jongleurs tournaient en rond derrière les grilles.
En prison, Abou Sakha poursuit ses numéros de cirque "pour oublier la prison, et imaginer qu'on est libre", selon ses propres mots cités par sa mère.

"Dessiner des sourires"
Présenté au juge à huis clos et défendu par un avocat interdit d'accès au dossier, le prisonnier ne sait pas quand il sortira. Le juge comme l'avocat sont totalement désarmés face "au procureur militaire qui avance un danger pour la sécurité publique sans préciser ce qu'est ce danger", affirme à l'AFP le juriste palestinien Mourad Jadallah.
"Les enfants nous demandent régulièrement où il est et quand il reviendra. Tout ce qu'on peut dire c'est: +il est en prison, il sortira peut-être cet été, peut-être plus tard+", témoigne son cousin Nour Abou Rob qui a rejoint en 2007 le cirque avec Mohammed Abou Sakha et, comme lui, en est devenu l'un des animateurs.
Au fil des ans, l'école de cirque de Bir Zeit a recruté des jeunes dans le reste de la Cisjordanie et compte désormais plus de 300 élèves, garçons et filles.
Malgré l'absence de Mohammed Abou Sakha, pesante, le cirque tente de poursuivre son travail. Pour l'instant, la tournée est maintenue dans les théâtres de Cisjordanie, assurent ses compagnons. Et ils se gardent encore de remplacer les numéros de celui qui possédait selon eux le "don magique de dessiner des sourires sur tous les visages".


Yémen: Daesh revendique trois attaques-suicides qui font 22 morts

Daesh, groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI) a revendiqué les trois attentats suicide qui ont fait 22 morts vendredi à Aden dans le sud du Yémen.
L'agence AMAQ, liée à Daesh, a indiqué que "des combattants de l'EI ont lancé trois opérations martyres et une attaque contre une base de la coalition (arabe sous commandement saoudien) à Aden", disant avoir tué au moins 27 personnes.
Un responsable de sécurité avait indiqué peu avant que ces opérations avaient tué 22 personnes, dont dix civils.
Selon ce responsable de sécurité, deux bombes ont explosé simultanément à deux points de contrôle différents dans le quartier d'Al-Chaab, dans la banlieue ouest d'Aden.
Dans la foulée, des hommes armés ont visé une base de la coalition arabe sous commandement saoudien, qui intervient militairement au Yémen en soutien des forces loyalistes contre une rébellion chiite, a ajouté le responsable.
Des hélicoptères de la coalition ont frappé des positions des hommes armés dans le secteur tandis que ces derniers tentaient de progresser vers la base.
Une troisième bombe, placée dans une ambulance, a explosé à un point de contrôle près de Mansoura, dans le centre d'Aden, selon le même responsable.
Les forces loyalistes ont chassé les rebelles chiites d'Aden à l'été dernier, avec l'appui de la coalition arabo-sunnite menée par Riyad.
La deuxième ville du pays a depuis été déclarée "capitale provisoire" du pays par les autorités reconnues par la communauté internationale mais le niveau d'insécurité y est tel que ces dernières ne peuvent pas revenir s'y installer complètement.
Les groupes jihadistes comme Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) et l'organisation Etat islamique (Daesh) ont profité de la guerre au Yémen pour renforcer leur présence dans le sud du pays et notamment à Aden, où elles ont multiplié les attaques contre l'armée, la police et des responsables locaux.

Algérie : "La capacité d'action de l'État algérien est affaiblie" (Nabni)

En juin dernier, le think tank Notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées (Nabni) tirait la sonnette d'alarme. Le collectif, qui se déclare non partisan, publiait un plan d'urgence 2016-2018 élaboré autour d'une dizaine de mesures. L'objectif : fixer un cap qui permette d'éviter cet « iceberg » qui menace de couler l'économie algérienne. Nabni estime en effet que d'ici à 2020 les finances publiques pourraient ne plus soutenir le rythme des dépenses. Alors que le projet de révision constitutionnelle, qui prévoit de rétablir à deux le nombre de mandats présidentiels, vient d'être adopté par le Parlement et laisse entrevoir une possible transition politique, Abdelkrim Boudra, porte-parole de Nabni en Algérie, livre ses propositions pour une nouvelle gouvernance.  (Propos recueillis par Laurène Rimondi)

Q
uel bilan faites-vous de la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 17 ans ?
Nous avons réalisé une analyse documentée de l'ensemble des politiques publiques mises en œuvre depuis 1962. En ce qui concerne les 15 dernières années, nous constatons des points positifs dans la répartition des richesses, l'augmentation du niveau de vie moyen des Algériens et l'accès au logement. Des améliorations qui ne masquent pas de graves dysfonctionnements, liés à une absence totale de cohérence économique et qui se manifestent à travers une dépendance à la rente pétrolière ainsi que d'importantes inégalités au niveau régional, le tout dans un contexte d'affaiblissement des compétences institutionnelles. J'ajoute que nous n'avons pas constaté de rupture avec la présidence actuelle, mais une continuité dans la conduite des politiques publiques menées depuis les années 60.

Entrevoyez-vous une transition politique ?
Nous entendons un discours qui annonce des réformes, mais dans la réalité, il existe un grand gap avec les actions menées. Nous considérons que la capacité d'action de l'État algérien est considérablement affaiblie, notamment dans sa capacité à penser les politiques publiques et à les conduire. L'État manque de compétences, voilà pourquoi nous avons proposé la mise en place d'une unité de coordination des actions publiques au niveau du premier ministère. Un groupe de travail composé d'experts, capable de mener des réformes et de recruter des personnes compétentes, sur le modèle d'une task force. Il s'agit d'une réponse à la faiblesse des institutions algériennes. Alors que la dépendance du pays aux hydrocarbures n'a pas diminué, le prix du baril est au plus bas.

Considérez-vous que le gouvernement n'a pas pris la mesure de la gravité de la situation ?
Nous ne voyons pas de politique à hauteur des enjeux, alors que le malaise est évident. De toute évidence, le gouvernement n'a pas conscience de l'approche de ce que nous appelons l'« iceberg », conséquence de la chute des prix du baril du pétrole sur notre économie. La diversification de l'économie constitue l'enjeu central de nos propositions. Nous y parviendrons grâce à l'amélioration du climat des affaires, la détermination d'une politique industrielle et des secteurs à promouvoir, et bien sûr, la nécessaire réforme fiscale. Il est important de noter que ces réformes de moyen terme n'auraient aucun sens si les chantiers urgents n'étaient pas lancés en priorité.

Quelles sont les réformes les plus urgentes, selon vous ?
Nous affirmons la nécessité de fixer un cap, celui d'éviter les gaspillages. Les réformes difficiles doivent être démarrées sans plus attendre en s'attaquant aux niches fiscales dont bénéficient certains acteurs et qui n'ont aucune efficacité économique, ainsi que par la mise en place de partenariats public-privé, qui permettraient de rationaliser les dépenses. Il existe un plan de renforcement des entreprises publiques à hauteur de 13 milliards de dollars pour des structures qui n'ont pas de visibilité, tandis que certains projets d'autoroute, financés par l'État, sont loin d'être indispensables. Nous n'avons plus les moyens de ces dépenses inutiles.
Par la remise en cause de la politique de subvention, vous promettez de « la sueur et des larmes ». Au vu du contexte actuel, les Algériens sont-ils prêts à accepter des réformes difficiles ? La véritable question est plutôt de savoir si nous avons le choix de ne pas réformer.

Sommes-nous en situation d'entretenir l'illusion et de vivre au-dessus de nos moyens ?
La réponse est non. Les Algériens sont sages, dès lors qu'on leur explique la situation. Pour que cela fonctionne, il faut un État exemplaire, sans quoi, cela n'a aucun sens de demander à la population de faire des efforts. Il faudrait demander aux citoyens de contribuer à l'effort de manière graduelle, tout en maintenant les transferts monétaires à ceux qui en besoin. Au niveau du développement numérique, l'Algérie accuse un retard puisque le pays a été l'un des derniers à migrer vers la 3G en 2013.

Quelles sont vos propositions pour enclencher la révolution numérique dont le pays a besoin ?
Nous avons mené un travail, « Digit-Algérie », sur plusieurs mois, en étroite collaboration avec les acteurs du secteur. Nous proposons de faire du numérique un impératif national afin d'assurer le développement économique. Parmi les mesures, la mise en place du paiement électronique et les services de e-gouvernement. Jusqu'à aujourd'hui, les télécoms ont été abordées sous l'angle de l'équipement, avec une préoccupation essentiellement sécuritaire. Il est nécessaire d'offrir à l'Algérie une gouvernance et des infrastructures destinées à promouvoir les innovations dans ce secteur porteur. Une nouvelle approche est donc indispensable. Nous avons reçu de très bons échos de la part des acteurs mais aussi de la part de la ministre de la Poste et des TIC (Houda Imane Faraoun, NDLR) qui nous a reçus à deux reprises.

Vous affirmez que vous êtes non partisans, quels sont les groupes au sein de la société civile auprès desquels vous rencontrez un écho particulier ?
Nabni a été fondé en 2011, car, comme tous les citoyens à cette époque, nous étions inquiets et souhaitions que notre destin reste entre nos mains. Nous avions constaté un angle mort sur le terrain des propositions documentées et techniques. Lorsque nous nous sommes engagés sur cette voie, nous avons rencontré de très bons échos de la part des pouvoirs publics et avons été reçus par les partis politiques, les députés, les chancelleries ou les universitaires. Nous avons acquis le respect des acteurs algériens par notre sérieux. Il serait faux de dire que nous sommes apolitiques, mais nous n'abordons pas les questions sous un angle purement polémique et restons non partisans. Beaucoup de membres du collectif Nabni appartiennent d'ailleurs à des bords politiques différents. Ce qui nous réunit est notre inquiétude pour notre pays : nous perdons un temps précieux, il est donc de notre devoir d'apporter notre contribution.

(Nabni - 25-03-2016)