mardi 31 mars 2015

Israël/Palestine : A Gaza, l'espoir "qu'Israël paie"

Qu'Israël rende des comptes. Tel est l'espoir de Yasser al-Qassas et de milliers de Gazaouis au moment où la Palestine rejoint la Cour pénale internationale avec l'intention de faire juger les dirigeants israéliens pour crimes de guerre et crimes liés à l'occupation.
La guerre de 2014 dans la bande de Gaza et la colonisation sont les deux angles d'attaque de la direction palestinienne à l'heure de l'accession formelle à la CPI mercredi.
Yasser al-Qassas fait partie des Palestiniens qui ont perdu certains des leurs dans l'offensive menée par Israël en juillet-août 2014 pour faire cesser les tirs de roquettes sur son territoire et détruire les tunnels d'attaque palestiniens.
Environ 2.200 Palestiniens ont été tués selon des décomptes concordants. Parmi eux se trouvaient 1.500 civils, rappelait un rapport récent de l'office onusien Ocha qui indiquait que 2014 avait été l'année la plus meurtrière depuis 1967 et l'occupation israélienne des Territoires.
Côté israélien, 73 personnes ont trouvé la mort, dont 67 soldats.
Une frappe sur leur immeuble de cinq étages a décimé la famille de Yasser al-Qassas le 21 juillet à l'ouest de la ville de Gaza, se rappelle ce Gazaoui sans emploi d'une quarantaine d'années. "Israël a tué ma femme enceinte, quatre de mes filles et cinq autres membres de ma famille", dit-il, "il faut qu'il paie pour ça à la CPI".
La direction palestinienne a lancé ce qu'un officiel directement impliqué appelle un "effort national" pour mettre fin à ce qui constitue selon lui "l'impunité" israélienne. Des commissions ont été établies, dont l'une dédiée à Gaza, une autre à la colonisation. Des centaines de Palestiniens, politiciens, experts et représentants de la société civile sont mobilisés, dit cet officiel.
Cet effort repose largement sur les organisations qui défendent les droits des Palestiniens et collectent les éléments à charge.
Yasser al-Qassas est allée voir plusieurs d'entre elles. Ahed Bakr, pour sa part, s'est rendu auprès du centre al-Mezan pour les droits de l'Homme. Son fils Zakaria Ahed Bakr, 10 ans, son petit-fils Ahed Atef Bakr, 10 ans, ses neveux Mohamed Ramez Bakr et Ismaïl Mohamed Bakr, 9 et 11 ans, ont été tués le 16 juillet alors qu'ils jouaient sur la plage de Gaza. Leur mort sous le regard des journalistes a causé un vif émoi international.
"J'exige que le président (palestinien Mahmud Abbas) soumette à la CPI notre dossier contre l'Etat terroriste d'Israël pour que justice soit rendue à nos enfants", dit Ahed Bakr, pêcheur de 55 ans.
"Israël a délibérément tué nos enfants. Le monde entier l'a vu en direct. Je n'aurai pas de repos avant de voir les dirigeants israéliens derrière les barreaux", dit-il.
L'armée israélienne mène ses propres enquêtes sur de possibles bévues, dont quatre criminelles, sur le drame du 16 juillet ou encore le bombardement d'une école de l'ONU qui avait fait environ 20 morts le 30 juillet à Jabaliya. Le professionnalisme de ces investigations "devrait suffire" et "satisfaire n'importe qui" si les enquêtes sont à la hauteur, disait récemment celui qui les dirige, le général Dan Efrony.
L'offensive judiciaire palestinienne indigne le gouvernement de Benjamin Netanyahu selon lequel l'armée israélienne est "la plus morale du monde".
Pour Israël, c'est le mouvement islamiste Hamas qui est coupable de crimes de guerre pour avoir lancé ses roquettes sur des civils israéliens et s'être servi de civils palestiniens comme boucliers humains.
Dans un récent rapport, Amnesty International écrivait que les groupes armés palestiniens s'étaient rendus coupables de crimes de guerre en tuant des civils non seulement israéliens mais palestiniens par des tirs de roquettes aveugles. Mais cela ne doit pas occulter les violations israéliennes, ajoutait l'organisation qui, dans deux précédents rapports, accusait aussi Israël de crimes de guerre.
Les Palestiniens ne jugent pas crédibles les enquêtes israéliennes.
"Nous avons documenté des centaines de cas dans lesquels les Israéliens sont passibles de poursuites pour crimes de guerre", dit le directeur du centre al-Mezan, Issam Younis, membre du comité national dédié à la CPI. L'adhésion à la CPI vise à faire rendre des comptes à un Etat "qui se croit au-dessus des lois".
Parmi les évènements dont est saisi al-Mezan figure le bombardement du 12 juillet sur un centre pour handicapés à Beit Lahia, dans le nord du territoire. Ola Washahi, 30 ans, et Shua Abu Saada, 47 ans, décrites comme handicapées physiques et mentales sévères, avaient péri et leur centre détruit.
La directrice, Jamila Alaywa, s'est tournée vers al-Mezan. "Nous réclamons justice, même si cela doit prendre des années au tribunal, dit-elle. Nous ne sommes pas pressés".

(31-03-2015)

lundi 30 mars 2015

Israël/Palestine : Face à face à Haoura

Affrontements à Haoura, aux environs de Naplouse, entre la résistance populaire et les forces d'occupation à l'occasion de la célébration de la journée de la terre.
(Photo prise ce 30 mars 2015 par un correspondant local d'Assawra)

Israël/Palestine : La Palestine devient membre de la CPI et veut juger les dirigeants israéliens

La Palestine devient formellement mercredi membre de la Cour pénale internationale (CPI) avec l'intention d'y faire juger les dirigeants israéliens pour crimes de guerre ou liés à l'occupation, malgré les incertitudes attachées à ce nouveau chapitre du conflit.
Cette adhésion est un pas de plus dans la confrontation diplomatique et judiciaire engagée en 2014 par la direction palestinienne.
C'est aussi une démarche aux conséquences incertaines, non seulement parce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres dirigeants israéliens semblent loin de comparaître un jour à La Haye, siège de la CPI, mais aussi parce qu'on ignore où mènera cette nouvelle dégradation annoncée dans les relations.
Les Palestiniens disent n'en avoir cure. Exaspérés par des décennies de vaines négociations, sans aucune perspective de voir naître prochainement l'Etat auquel ils aspirent depuis longtemps, ils ont fait le choix d'internationaliser leur cause.
Fin 2014, ils ont décidé de rejoindre la CPI, qui a pour vocation de poursuivre les auteurs de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, après avoir vu rejeter par le Conseil de sécurité un projet de résolution mettant fin à l'occupation sous trois ans.
"La Palestine emploie et continuera à employer tous les moyens légitimes à sa disposition pour se défendre contre la colonisation israélienne et les autres violations du droit international", disait alors le dirigeant palestinien Saëb Erakat.
La CPI était brandie de longue date comme l'une des armes ultimes des Palestiniens. Depuis, ils en ont dégainé une autre sur la voie du non-retour: la fin de la coopération sécuritaire, cruciale, avec les Israéliens.
Les rapports ont continué à se tendre. L'éventualité d'enquêtes de la CPI révulse Israël. Netanyahu a accusé le gouvernement palestinien, incluant le Hamas considéré comme terroriste par Israël, de "manipuler" la Cour.
En représailles, Israël a cessé de reverser à l'Autorité palestinienne les plus de 100 millions d'euros de taxes qu'il prélève chaque mois pour son compte.
Les récentes élections israéliennes ont donné lieu à une nouvelle surenchère. Netanyahu a enterré l'idée d'un Etat palestinien si - comme ce fut le cas - il restait à son poste.
Depuis, Netanyahu a accepté de débloquer les sommes dues à l'Autorité palestinienne, essentielle aux finances d'une institution aux abois qui fait vivre des dizaines de milliers de Palestiniens.
Différents journaux israéliens ont fait état d'un donnant-donnant: en échange de l'argent, les Palestiniens accepteraient de ne pas déposer leurs premières plaintes devant la CPI le 1er avril.
"C'est un énorme mensonge", réagit Xavier Abou Eid, un porte-parole de la direction palestinienne, "ces taxes n'ont rien à voir avec notre démarche à la CPI. Le train de la CPI a déjà quitté le quai".
Dans les faits, le 1er avril risque d'avoir surtout une dimension cérémonielle quand sera remise au ministre palestinien Ryiad al-Malki la copie du Statut de Rome, fondateur de la CPI.
Certains dirigeants palestiniens ont annoncé de premières plaintes dès mercredi. En réalité, les Palestiniens pourraient attendre, ne serait-ce que parce qu'un Etat membre ne peut déposer de telles plaintes, mais porter à l'attention de la cour des situations précises, à charge pour la procureure d'enquêter ou non.
Ensuite, cette même procureure, Fatou Bensouda, qui a participé au tribunal international pour le Rwanda, a déjà décidé le 16 janvier de se pencher sur le conflit israélo-palestinien.
En même temps qu'il demandait l'adhésion à la CPI, le président palestinien Mahmud Abbas avait envoyé à la cour un document autorisant la procureure à enquêter sur des crimes présumés commis dans les Territoires palestiniens depuis le 13 juin 2014.
Les évènements de juin 2014 avaient déclenché une escalade culminant dans la guerre de Gaza, qui a fait près de 2.200 morts côté palestinien et 73 côté israélien.
Pour l'instant, aucune enquête n'est ouverte et les faits en sont à l'examen préliminaire. Aucun délai n'est fixé. Mais les Palestiniens se veulent confiants que les choses ne devraient pas traîner étant donné "toute l'attention accordée à la Palestine" à la CPI selon eux.
Ils rejettent l'objection selon laquelle les dirigeants israéliens n'auront jamais de compte à rendre puisqu'Israël n'est pas signataire du Statut de Rome. La Cour peut aussi poursuivre des faits commis sur le territoire d'un Etat membre comme la Palestine, disent-ils.
"Dans quels abîmes d'absurdité la CPI a-t-elle sombré", avait demandé Netanyahu en commentant l'examen préliminaire. Parmi différentes formes de riposte, Israël soutient les plaintes de victimes d'attentats. En février, un jury new-yorkais a signalé que de tels procès pouvaient avoir des effets désastreux pour les Palestiniens, en condamnant l'Autorité et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à des centaines de millions de dollars d'indemnités aux familles.

dimanche 29 mars 2015

Israël/Palestine : Journée de la terre en Palestine occupée, la bataille d’al-Rawha ( Fadwa Nassar )

Le 30 mars 1976, les masses palestiniennes de l’intérieur se sont soulevées contre l’occupation, inaugurant une nouvelle étape de la lutte de libération nationale du peuple palestinien. C’est autour de leur lutte pour la défense de leurs terres que l’ensemble du peuple palestinien s’est rassemblé, considérant que la bataille pour préserver la terre palestinienne des confiscations et de la judaïsation représente une étape importante et cruciale sur le long chemin de la libération. Le 30 mars est un moment de lutte, avant d’être une commémoration folklorique, ce qu’il est devenu avec l’instauration de l’Autorité palestinienne sur des morceaux épars de la Palestine. Le 30 mars 1976, des martyrs sont tombés, parce qu’un peuple menacé par la lente disparition de son identité arabe palestinienne a relevé la tête et osé affronter l’occupant. Les 150.000 Palestiniens demeurés en 1948 (après la Nakba) dans leur patrie, transformée en colonie juive israélienne reconnue par les Nations-Unies, sont devenus un demi-million de Palestiniens (de l’intérieur) en 1976 et comptent aujourd’hui plus d’un million et demi de personnes, vivant dans al-Jalil, al-Muthallath (« Triangle » ) et al-Naqab, ainsi que dans les villes côtières. Malgré les mesures négationnistes (et pas seulement racistes) des autorités sionistes prises à leur égard, depuis 1948, les Palestiniens de l’intérieur ont développé leurs outils de lutte et de résistance, défiant à la fois l’occupation sioniste de leur pays et la communauté internationale qui les considère encore comme des « citoyens israéliens » réclamant leur participation et leur égalité avec des colons venus d’ailleurs.
Si la Journée de la terre du 30 mars 1976 reste le symbole de la lutte palestinienne pour la préservation et la récupération de la terre en Palestine, la bataille d’al-Rawha dans al-Muthallath fut un autre moment décisif dans la longue lutte des Palestiniens de 48, s’étant déroulée en 1998 après les funestes accords d’Oslo, et peut être considérée comme une sorte de « répétition générale » avant le déclenchement de l’intifada al-Aqsa en septembre 2000 et de « Habbat al-Aqsa » en octobre 2000, lorsque les Palestiniens de 48 se sont soulevés en masse pour défendre la mosquée al-Aqsa, et la terre et le peuple de Palestine, sacrifiant 13 martyrs sur le chemin de la libération.
Comme à son accoutumée, l’entité coloniale décide de confisquer 28.000 dunums des terres d’al-Rahwa, située entre Umm al-Fahem, Ara et Ar’ara, dans la vallée de ‘Ara et proclame le terrain « zone militaire ». La population se mobilise et les comités populaires des villages menacés se rassemblent dans un comité populaire de la vallée de ‘Ara, pour mener la lutte. Le comité décide d’investir la zone en septembre 1998 et de planter la tente de la résilience sur les terres d’al-Rahwa. Bientôt, ce sont de délégations unifiées de plusieurs régions de la Palestine occupée en 48 qui viennent soutenir la lutte, bravant l’interdiction non seulement d’entrer mais de s’installer dans une « zone militaire ». Des pourparlers sont engagés entre la direction sioniste et le comité populaire, mais au même moment, les forces militaires de l’occupant chargent : 600 Palestiniens sont blessés par balles réelles, et l’école de Umm al-Fahem est investie par les forces sécuritaires. Des centaines sont arrêtés, mais la lutte se poursuit. Le comité populaire, fort de l’unité massive autour de lui, pose ses revendications : les terres d’al-Rawha appartiennent aux Palestiniens. Au terme d’une lutte de plusieurs mois, les sionistes reculent et 14.000 dunums (la moitié des terres menacées) sont rendus aux villages et villes arabes, selon un accord conclu entre l’entité sioniste et le comité populaire. Jusqu’à présent, les Palestiniens de 48 se réjouissent qu’une première a été réalisée lors de cette bataille, puisque les autorités de l’occupation ont été obligées de conclure un accord avec un comité populaire, qui a réussi à faire l’unité autour de lui en représentant les revendications populaires.
Cependant, il faut signaler que la bataille des terres d’al-Rawha porte deux autres leçons aussi importantes : d’abord, l’unité palestinienne est la condition de toute victoire, même après les accords d’Oslo, qui ont divisé et effrité le peuple palestinien. Toute bataille engagée contre l’occupant et exprimant les revendications nationales aboutit nécessairement à une victoire palestinienne, à la seule condition de ne marchander, ni l’unité réalisée ni les acquis obtenus, car tout marchandage ou en termes plus politiques, toute négociation avec l’occupant sur la base de ces acquis entraîne automatiquement un recul palestinien et la perte de ces acquis, tant que le rapport de forces régional et international n’est pas encore en faveur de la lutte de libération nationale du peuple palestinien et des peuples arabes. C’est plutôt une accumulation des « petites victoires » qui permet de faire reculer l’occupant et de le mettre en situation difficile et même en crise existentielle.
 
Ensuite, défier l’occupation en refusant son ordre colonial. Installer une tente de protestation sur des terres déclarées « zone militaire », reconstruire plus de 80 fois le village menacé d’al-Araqib dans al-Naqab, oser envoyer ses fusées et roquettes sur les colonies considérées comme des installations légales par la communauté internationale, tirer sur des soldats ou des colons ou les écraser, et ne pas se contenter du champ de « la libre expression » accordé par le régime colonial, qui se rétrécit d’ailleurs de plus en plus au fur et à mesure que la lutte nationale se développe. Car la présence même de l’occupation sioniste est illégale et par conséquent, toutes les mesures qu’elle adopte. Seul le refus global et sans concessions de la présence de l’entité coloniale en Palestine permet de tracer la voie de la libération, et toute autre démarche ou vision (Etat ni-national, deux Etats, égalité des citoyens ou toute autre) ne fait que brouiller l’objectif de la libération et entraîne, par conséquent, la division du peuple palestinien.
 
Fadwa Nassar
29 mars 2015

Yémen: L'anarchie règne à Aden où résonnent des explosions

En l'absence de forces de sécurité, des groupes armés circulant parfois à bord de chars d'assaut, faisaient samedi la loi à Aden, deuxième ville du Yémen, dans le sud, plongée dans un chaos total au milieu de tirs et d'explosions.
Dans l'après-midi, toute la ville a tremblé à la suite de puissantes explosions survenues dans un grand dépôt d'armes, situé dans une cave de la montagne Jebel Hadid, non loin du port.
Livré depuis vendredi aux pilleurs, ce dépôt a été le théâtre d'affrontements avant les déflagrations, selon des témoins.
Dans tout le secteur, de nombreuses vitres ont volé en éclats et des maisons ont été endommagées, tandis que des colonnes de fumée s'élevaient vers le ciel, ont indiqué des habitants.
Le dépôt appartient à l'armée yéménite, mais ses soldats l'avaient déserté, alors qu'Aden sombrait dans l'anarchie après le départ précipité jeudi du président Abd Rabbo Mansour Hadi, dans la ligne de mire de rebelles chiites Houthis et de leurs alliés (des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh) qui avançaient vers la ville.
"Nous avons retiré jusqu'ici 14 corps carbonisés et il y a, selon nos informations, d'autres cadavres à l'intérieur", a déclaré à l'AFP le directeur du département municipal de la Santé, Al-Kheder Lassouar.
Un précédent bilan faisait état de neuf corps.
Des pilleurs ont accusé des Houthis et leurs alliés présents dans la ville, d'être à l'origine des explosions.
"Les Houthis et les gens de Saleh ont fait explosé le dépôt. Ils ne veulent pas que nous mettions la main sur ces armes pour les combattre", a affirmé l'un d'eux.
Un vice-gouverneur d'Aden, Nayef Al-Bekri, donne la même explication. "L'arrivée des Houthis à Aden a provoqué le chaos. Ils veulent prendre le contrôle de la ville par la force", a-t-il déclaré à l'AFP.
Alors que le bilan de trois jours d'affrontements entre groupes rivaux s'établissait samedi à au moins 75 morts, les habitants d'Aden se terraient chez eux, a rapporté un correspondant de l'AFP.
Les commerces étaient fermés dans la plupart des quartiers et les principaux axes routiers étaient tenus par des factions rivales.
De jeunes volontaires se sont constitués en comités de défense de leurs quartiers. Ils font face aux miliciens Houthis qui ont brusquement fait leur apparition à Aden, où s'était retranché le président Hadi, après sa fuite de la capitale Sanaa en février.
Certains arborent fièrement des Kalashnikov, d'autres des lance-roquettes RPG. Dans une rue, deux jeunes ploient sous une caisse de munitions qu'ils s'entraident à porter sur leurs épaules.
Soudain, des tirs partent vers le ciel: "J'essaie ma nouvelle Kalashnikov", dit l'auteur de la rafale, avec un brin de gaieté, mais aussi d'inconscience.
Certaines artères sont jonchées de pneus. Ailleurs, ce sont des blocs de pierre qui barrent des rues totalement désertes. Et, parfois, à un croisement, un char d'assaut surgit sans qu'on sache qui sont ses occupants.
Les sécessionnistes du Mouvement sudiste (il y avait deux Yémen jusqu'en 1990) ont profité du chaos ambiant pour rappeler leur présence dans la ville et leurs drapeaux ont flotté au vent à Aden ces derniers jours. C'était le cas sur certains chars de combat.
Le complexe de l'administration locale, la télévision et la radio sont parmi les rares bâtiments à être encore gardés par la police militaire.

(28-03-2015)

Israël/Palestine : Abbas critique Israël au sujet du déblocage des taxes dues aux Palestiniens

Le président palestinien Mahmud Abbas a exprimé des doutes samedi quant à la volonté d'Israël de réellement débloquer des centaines de millions de dollars de taxes non versées à l'Autorité palestinienne, au lendemain de l'annonce faite en ce sens par l'Etat Hébreu.
"Evidemment, ils ont annoncé qu'ils allaient débloquer (les taxes), mais jusqu'à présent ils n'ont rien débloqué et peut-être vont-ils imposer mille et une conditions pour les débloquer et (nous) garantir qu'ils ne vont pas les geler à nouveau", a critiqué M. Abbas à la tribune du sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh, en Egypte.
Vendredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accepté que soient débloquées les sommes retenues depuis janvier en représailles à l'adhésion des Palestiniens à la Cour pénale internationale (CPI).
"Cet argent, ils le collectent en notre nom, et prélèvent 3%. C'est-à-dire, ils collectent 100 millions de dollars, et en prennent 3 millions. Mais malgré cela, s'ils décident de nous en priver, de les bloquer, ça ne va pas faire de différence pour eux", a avancé M. Abbas.
Israël n'a pas indiqué si, en plus de payer les sommes gelées pour décembre, janvier et février, elle va reprendre ses versements mensuels d'environ 127 millions de dollars (118 millions d'euros) de taxes et de droits de douanes qu'elle prélève chaque mois pour le compte des Palestiniens sur les marchandises leur étant destinées et transitant par Israël.
L'Etat hébreu n'a pas chiffré le montant qu'il allait transférer à la direction palestinienne mais a dit qu'il en déduirait des sommes dues par les Palestiniens aux Israéliens pour des services comme l'électricité, l'eau ou les hôpitaux.
La décision de l'Etat hébreu intervenait alors que les Palestiniens ont prévu de déposer le 1er avril leurs premières plaintes pour crimes de guerre contre les dirigeants israéliens devant la CPI.
"Le ministre des Affaires étrangères se rendra à la CPI le 1er avril, pour célébrer notre adhésion à la CPI", a souligné M. Abbas, rappelant que l'initiative palestinienne était intervenue "après que nous avons échoué à empêcher la poursuite de la colonisation par Israël".

(28-03-2015)

Yémen: des avions arabes pilonnent Sanaa, Ryad veut "sécuriser" le pays

 (Les environs d'Aden après le bombardement saoudien du vendredi 27 mars 2015. - Afp)

Les avions de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite ont pilonné intensément samedi les positions rebelles à Sanaa, le roi saoudien affirmant au sommet arabe que l'opération se poursuivrait jusqu'au retour de la sécurité au Yémen plongé dans le chaos.
En outre, de violents combats faisaient rage entre les rebelles Houthis et des comités de défense de quartiers à Aden, la grande ville du Sud, où 54 personnes ont été tuées et près de 200 blessées en trois jours, selon le directeur du département de la Santé.
De puissantes explosions dans un dépôt de l'armée yéménite ont également été entendues dans toute la ville d'Aden, ont rapporté des témoins en faisant état de victimes. Des colonnes de fumée s'élevaient du dépôt pris d'assaut par des pilleurs depuis vendredi.
Le royaume sunnite saoudien, qui a une longue frontière avec le Yémen, commande l'intervention arabe qui vise à stopper l'offensive des Houthis liés à l'Iran et les empêcher de prendre le pouvoir dans ce pays pauvre de la péninsule arabique miné par des années d'instabilité.
Depuis septembre 2014, les Houthis se sont emparés de vastes régions dont la capitale Sanaa et avaient dans leur ligne de mire le président Abd Hadi Mansour Rabbo qui a réussi à quitter Aden où il s'était réfugié en février, pour se rendre en Egypte et participer au sommet.
Il est reparti en début d'après-midi pour Ryad.
Au troisième jour de leur opération militaire au Yémen, les avions de la coalition arabe ont bombardé des positions rebelles dans et autour de Sanaa, les raids les plus intenses depuis le début des frappes jeudi, selon des témoins.
"C'était une nuit intense de bombardements" et les "vitres ont tremblé", a rapporté une étrangère travaillant pour une organisation humanitaire. "Des personnes veulent partir, mais il n'y a pas d'avions pour quitter le Yémen".
Selon un photographe de l'AFP, les bombardements n'ont pas cessé de toute la nuit.
D'après des résidents, les frappes ont visé des sites militaires, notamment des positions de la défense anti-aérienne et des dépôts de munitions, autour de la capitale.
Et avant le début de la campagne aérienne, la marine saoudienne a évacué d'Aden, des dizaines de diplomates dont des Saoudiens arrivés samedi en Arabie saoudite.
Intervenant à l'ouverture du sommet, le roi saoudien Salmane Ben Abdel Aziz a affirmé que l'opération "Tempête décisive" durerait "jusqu'au rétablissement de la sécurité" dans ce pays.
Après lui, M. Hadi a souhaité que l'intervention militaire se poursuive jusqu'à la "reddition" des Houthis et leur retrait des villes. Il a ajouté que cette opération constituerait un "test" pour la création d'une force arabe permanente à l'étude au sommet arabe.
En annonçant son intervention militaire au Yémen, l'Arabie saoudite a affirmé vouloir contrer "l'agression" de l'Iran qu'il accuse de soutenir les Houthis et de chercher à "dominer" la région.
L'Iran n'a jamais confirmé aider les Houthis mais il a dénoncé la campagne aérienne impliquant neuf pays arabes.
- Force permanente à l'étude au sommet -
Des responsables diplomatiques du Golfe ont affirmé que la campagne militaire au Yémen pourrait durer jusqu'à six mois, ajoutant s'attendre à des représailles iraniennes sous forme d'actes de déstabilisation.
Selon l'un de ces responsables qui ont requis l'anonymat, citant des estimations, "5.000 Iraniens, (membres du) Hezbollah (libanais) et miliciens irakiens (pro-Téhéran) sont sur le terrain au Yémen".
Ces responsables ont expliqué que Ryad et ses alliés avaient décidé de réagir contre les Houthis quand des images satellite ont montré, selon eux, des mouvements de missiles Scud vers le nord et la frontière saoudienne.
Pour leur part, les Etats-Unis ont annoncé un soutien en logistique et en renseignement à la coalition arabe.
Avec l'aide de l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui dispose de puissants relais dans l'armée, les Houthis avaient déferlé de leur fief dans le nord du pays vers le centre et l'est du Yémen, avant de progresser vers le Sud, s'emparant de plusieurs bases et régions.
A l'ouverture du sommet ordinaire arabe, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé qu'il fallait accélérer la formation d'une force arabe pour "faire face aux menaces sans précédent pour l'identité arabe" que constituent "les groupes terroristes" et la multiplication des conflits dans la région.
Plus que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui sévit dans plusieurs pays arabes, c'est la crainte de voir l'Iran étendre son influence qui pourrait obliger les pays arabes à surmonter leurs dissensions et entériner la création d'une force militaire conjointe.

(28-03-2015)

Egypte: Sommet arabe focalisé sur la création d'une force militaire et le Yémen

La création d'une force multinationale va dominer le sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe qui s'est ouvert samedi en Egypte, au moment où l'intervention militaire d'une coalition arabe au Yémen contre une rébellion chiite est perçue comme un "coup d'essai" de ce projet.
Depuis plusieurs semaines, c'est le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui réclamait avec le plus d'insistance cette force arabe pour lutter contre les groupes "terroristes", en particulier l'organisation Etat islamique (EI), qui multiplie les atrocités en Irak et en Syrie et gagne du terrain en Libye et en Egypte dans le Sinaï.
Mais plus que le groupe extrémiste sunnite, c'est la crainte de voir le grand rival iranien chiite étendre son influence dans la région qui pourrait obliger les pays arabes à surmonter leurs dissensions et entériner à Charm el-Cheikh la création d'une force militaire conjointe.
Conduite par Ryad, une coalition arabe regroupant notamment cinq pays du Golfe et l'Egypte, a lancé jeudi des frappes aériennes au Yémen pour stopper l'avancée des rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran et qui tentent de s'emparer du pouvoir.
Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi est arrivé vendredi en Egypte pour participer aux deux jours de sommet.
L'émir du Koweït, les rois de Jordanie et du Bahreïn, les présidents de la Tunisie et de l'Autorité palestinienne, le chef du parlement libyen reconnu par la communauté internationale, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, seront notamment présents à Charm el-Cheikh.
Dès vendredi, des patrouilles de police et de l'armée étaient déployées dans les rues, tandis que des avions militaires survolaient cette station balnéaire de la mer Rouge, selon un journaliste de l'AFP.
Si le conflit israélo-palestinien et la progression de l'EI sont également au menu, le point focal des débats est indéniablement la création d'une force multinationale arabe, dont le besoin avait été qualifié de "pressant" par la Ligue.
Les chefs d'Etat devraient d'ailleurs adopter un projet de résolution égyptien déjà approuvé par les chefs de diplomatie arabes jeudi durant une réunion de préparation.
Le texte indique que la force, regroupant des troupes des Etats membres, sera chargée de mener "des interventions militaires rapides" pour parer aux menaces sécuritaires planant sur les pays arabes.
L'Egypte --qui dispose de l'armée la plus nombreuse et parmi les mieux équipées du monde arabe-- s'affiche comme le fer de lance de cette force au moment où son aviation et sa marine participent à l'intervention au Yémen.
Le gouvernement égyptien s'est dit prêt à envoyer des troupes au sol si cela s'avérait nécessaire.
Pour Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'université de Toulouse (France), l'opération au Yémen représente "un coup d'essai pour la future force arabe d'intervention rapide".
"Cette opération donne une idée des contours de cette force", ajoute-t-il, avant de préciser que "certains comme l'Egypte ou la Jordanie" pourraient par la suite apporter "des troupes générales (artillerie) ou particulières (forces spéciales)".
Mais les divergences de points de vue entre les 22 membres de la Ligue pourraient ralentir le processus.
"Il est important que cette force ait des objectifs spécifiques, ainsi qu'un plan et un programme clairs", avertit un diplomate yéménite s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Oraib al-Rentawi, directeur du centre Al-Qods pour les études politiques, estime ainsi que si la priorité de l'Arabie saoudite reste de "faire face à l'influence grandissante de l'Iran dans la région", l'Egypte et la Jordanie veulent en revanche "lutter contre le terrorisme".
Car c'est l'expansion de l'EI dans l'est de la Libye qui inquiète réellement Le Caire, déjà en lutte contre sa branche égyptienne dans le Sinaï.
Le président Sissi, l'ex-chef de l'armée élu président après avoir destitué l'islamiste Mohamed Morsi en 2013, avait envoyé en février ses avions de combat bombarder des positions de l'EI en Libye, pour venger la décapitation d'Egyptiens coptes.
"Pour l'instant, l'EI passe au second plan face à la menace d'extension du pouvoir chiite au Yémen, qui risque de modifier profondément la géopolitique de la région", estime M. Guidère, précisant cependant qu'une intervention en Libye "dépendra du succès de l'intervention au Yémen."

Yémen: La marine saoudienne évacue des diplomate d'Aden

L'Arabie saoudite a évacué des dizaines de diplomates, notamment saoudiens, de la ville d'Aden, dans le sud du Yémen, alors qu'elle mène depuis jeudi des raids aériens contre une milice chiite dans ce pays, a annoncé la télévision d'Etat.
"Les forces de la marine saoudienne ont mené l'opération Tornade pour l'évacuation de dizaines de diplomates, dont des Saoudiens, d'Aden", a précisé la chaîne El-Ekhbariya.
Des explosions ont résonné pour la troisième nuit consécutive autour de la capitale yéménite Sanaa, alors qu'une coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite menait des raids aériens contre la milice chiite des Houthis et ses alliés, ont indiqué samedi des témoins.
"C'était une nuit intense de bombardements" et les "vitres ont tremblé", a rapporté une étrangère travaillant pour une organisation humanitaire. "Des personnes veulent partir, mais il n'y a pas d'avions pour quitter le Yémen", a-t-elle ajouté.
Selon un photographe de l'AFP, les bombardements ont continué toute la nuit et se sont arrêtés vers 06H00 locales (03H00 GMT).
Des témoins ont dit qu'il s'agissait des raids les plus intenses depuis le début de l'opération "Tempête décisive", lancée dans la nuit de mercredi à jeudi, par l'Arabie saoudite et ses alliés arabes.
Toujours d'après des résidents, les frappes ont visé des sites militaires, notamment des positions de la défense anti-aérienne et des dépôts de munitions, autour de la capitale yéménite, en particulier à l'est et l'ouest de Sanaa. Le secteur du mont Noqom a été particulièrement visé, ont-ils ajouté.
La milice chiite des Houthis, qui contrôle militairement la capitale yéménite depuis septembre dernier, a progressé ces dernières semaines vers le centre et le sud du Yémen. Elle est alliée à l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui dispose de puissants relais dans l'armée.

vendredi 27 mars 2015

Syrie: Assad favorable à une large présence militaire russe dans le pays

La Syrie accueillerait volontiers une large présence militaire russe dans ses ports, a affirmé Bashar al-Assad dans un entretien à huit médias russes publié vendredi par l'agence officielle syrienne Sana.
"Nous saluons tout accroissement de la présence russe en Méditerranée orientale et surtout sur les côtes et dans les ports syriens", a-t-il dit.
La Russie dispose d'une base militaire dans le port de Tartous (220 km au nord-ouest de Damas). Créée par un accord soviéto-syrien de 1971, elle sert actuellement de point de ravitaillement technique de la marine russe, selon Moscou, qui déploie régulièrement des navires de guerre en Méditerranée orientale depuis le début de la guerre en Syrie il y a quatre ans.
"La présence russe dans plusieurs régions du monde, en Méditerranée orientale et le port de Tartous notamment, est nécessaire pour rétablir un équilibre que le monde a perdu après le démantèlement de l'Union soviétique", a souligné Assad.
"Pour nous, plus cette présence est importante dans notre voisinage, mieux c'est pour la stabilité de cette région", a-t-il ajouté.
Le président de la commission Défense du Conseil de la Fédération, le Sénat russe, Viktor Ozerov, a déclaré que la Russie se contenterait pour le moment du port de Tartous mais qu'elle n'y construirait pas de "véritable base militaire" pour éviter l'escalade du conflit en Syrie.
"Dans la situation actuelle, cela pousserait certaines forces, notamment celles d'opposition, à une escalade des tensions", a déclaré M. Ozerov cité par l'agence Interfax. "Mais en temps de paix, nous envisagerons évidemment les perspectives de coopération militaire et technique, notamment la construction d'une véritable base militaire", a ajouté le parlementaire russe.
Moscou et Damas avaient conclu au milieu des années 1950 des accords de coopération militaire et économique, le nombre de conseillers militaires soviétiques s'élevant à 6000 en 1983 en Syrie, qui comptait également plusieurs bases de missiles. Après une période d'incertitude ayant suivi l'éclatement de l'Union soviétique, le président russe Vladimir Poutine a défendu sans failles son allié syrien.
Assad a indiqué que l'appui militaire russe s'est "poursuivi" durant les quatre dernières années alors qu'une guerre civile ravage la Syrie. Et au plan politique, Moscou doit accueillir du 6 au 9 avril une deuxième session de négociations entre représentants du pouvoir et de l'opposition en vue d'un règlement politique en Syrie.
Le rôle de la Russie se limitera à "faciliter le dialogue non pas à imposer des idées", a dit le président syrien. Mais la Coalition de l'opposition, soutenue par l'Occident et la Turquie, a annoncé son refus d'y participer, décision que Bashar a imputé à des pressions externes sur l'opposition.
"Trouver une solution à la crise syrienne n'est pas impossible si le peuple syrien s'assoit et discute", a estimé le dictateur, fustigeant les pays occidentaux, dont les États-unis, la France et la Grande-Bretagne, en les accusant de "refuser une solution politique" en Syrie.
"Pour eux, la solution politique signifie un changement ou la chute de l'État et son remplacement par un Etat qui leur convient", a-t-il dit.
Dans cette interview, Assad a d'autre part souhaité une relation plus forte avec l'Egypte. "Nous espérons voir prochainement un rapprochement syro-égyptien, en raison de l'importance de ces relations pour le monde arabe", a-t-il dit, soulignant qu'il n'y avait pas de "vraie relation" entre les deux pays actuellement.

Israël/Palestine : L'UE maintient le Hamas sur la liste terroriste

L'Union européenne a maintenu vendredi le Hamas sur sa liste des organisations terroristes, après avoir fait appel d'une décision de justice l'obligeant à en retirer le mouvement islamiste palestinien.
En décembre, le Tribunal de l'Union européenne avait annulé pour vice de procédure l'inscription du Hamas sur cette liste, tout en maintenant temporairement le gel des avoirs de l'organisation en Europe.
Cette décision avait été condamnée avec virulence par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui avait réclamé que le Hamas soit "immédiatement" replacé sur la liste. Le Hamas, qui refuse de reconnaître l'Etat d'Israël, s'était félicité de cette décision, vue comme un signe de détente et un possible retour comme interlocuteur légitime sur la scène régionale.
L'UE avait fait appel de la décision de justice en janvier, ce qui a eu pour effet de suspendre son application.La nouvelle liste compte dix personnes et 23 entités. Le Hamas avait été placé sur la liste noire de l'UE des organisations terroristes en décembre 2001, après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis.
Deux organisations, al-Takfir et al-Hijra, et l'ONG Holy Land Foundation for Relief and Developement, ont été retirées de la liste par rapport à sa dernière actualisation datant de juillet 2014. Des dirigeants de Holy Land Foundation ont été condamnés en 2008 par la justice du Texas pour avoir financé le Hamas à hauteur de 12 millions de dollars.

Moyen-Orient : Offensive diplomatique du président Rohani pour un accord

Le président iranien Hassan Rohani a lancé une offensive diplomatique exceptionnelle auprès de dirigeants des grandes puissances pour pousser à un accord sur le nucléaire, alors que des discussions doivent se poursuivre vendredi à Lausanne en vue d'arracher un compromis avant mardi.
M. Rohani a appelé un par un ses homologues français François Hollande, russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, et le Premier ministre britannique David Cameron, mettant tout son poids dans la balance à J-5 de la date du 31 mars, fixée par les négociateurs pour aboutir au minimum à un accord de principe sur le nucléaire iranien.
Il a également envoyé des lettres aux dirigeants de tous les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) pour évoquer les négociations nucléaires. La Maison Blanche a confirmé l'envoi de cette lettre, remise à la délégation américaine à Lausanne.
MM. Rohani et Barack Obama se sont parlé au téléphone une seule fois fin 2013 en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, alors que les deux pays n'ont toujours pas rétabli leurs relations diplomatiques, rompues depuis 35 ans.
A ses interlocuteurs au téléphone, M. Rohani a répété l'une des exigences invariables de Téhéran, "l'annulation totale des sanctions" internationales qui asphyxient l'économie iranienne, selon le site de la présidence.
"L'annulation totale des sanctions est le principal élément des négociations pour avancer vers un règlement définitif", a déclaré M. Rohani cité par la présidence.
Ces appels exceptionnels du président iranien interviennent alors que des discussions intenses ont repris jeudi dans la ville suisse de Lausanne, où se sont retrouvés le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif.
Moscou et Téhéran espèrent que ces négociations "seront couronnées de succès", a indiqué le Kremlin dans un communiqué après l'entretien entre MM. Rohani et Poutine.
La France a répété pour sa part ses exigences d'un "accord durable, robuste et vérifiable garantissant que l'Iran n'aura pas accès à l'arme nucléaire", selon un communiqué de l'Elysée suite à la conversation entre MM. Rohani et Hollande.
Paris est réputé comme l'un des pays les plus intransigeants dans ces négociations sur le nucléaire iranien, un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis 12 ans.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius est d'ailleurs attendu samedi à Lausanne pour participer aux négociations, selon son ministère.
Les sénateurs américains ont eux approuvé jeudi à l'unanimité une mesure non-contraignante appelant au rétablissement immédiat de sanctions contre l'Iran en cas de violation de tout accord sur le nucléaire.
Cet amendement n'a pas force de loi, mais son adoption vise à démontrer la détermination des parlementaires américains à agir rapidement au moindre écart iranien dans l'application de l'accord intérimaire actuellement en place, ou d'un éventuel accord final.
La communauté internationale soupçonne depuis le début des années 2000 l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique -ce que Téhéran dément- et réclame de strictes garanties sur son programme nucléaire, en échange d'une levée progressive des sanctions internationales (américaines, européennes et onusiennes).
Les négociations sur le nucléaire iranien, relancées il y a plus d'un an, doivent aboutir avant la fin du mois à un accord politique, ou au minimum une entente, avant un accord final englobant tous les aspects techniques d'ici le 30 juin.
Les tractations ont repris toutefois dans un contexte régional extrêmement tendu, avec l'intervention militaire dans la nuit d'une coalition conduite par l'Arabie saoudite sunnite contre les rebelles chiites houthis au Yémen, soutenus par Téhéran.
L'Iran a vigoureusement condamné jeudi cette intervention, soutenue par les Etats Unis, qualifiée d'"agression militaire" par le président Rohani.
La Maison Blanche a exprimé de son côté son inquiétude concernant les "activités iraniennes" au Yémen, où les rebelles chiites Houthis ont pris le contrôle de plusieurs grandes villes et menacent désormais Aden, au sud.
"Nous avons des inquiétudes concernant les activités iraniennes au Yémen et les informations sur le transfert iranien d'armes qui contribuent à la déstabilisation et à la menace pesant sur le gouvernement légitime", a déclaré Alistair Baskey, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
Mais l'opération menée au Yémen par l'Arabie saoudite avec un appui logistique des Etats-Unis n'aura "pas d'impact" sur les négociations, a assuré un haut responsable américain.
John Kerry a toutefois "brièvement évoqué la question du Yémen" avec son homologue iranien, a indiqué un porte-parole du département d'Etat.
A la reprise des discussions jeudi, Américains et Iraniens ont fait preuve d'un relatif optimisme.
"Nous croyons vraiment que nous pouvons faire cela d'ici le 31 (mars)", a déclaré un haut responsable du département d'Etat à des journalistes sous le couvert de l'anonymat.
"Dans l'ensemble, je suis optimiste", a déclaré pour sa part à l'AFP le chef de l'organisation iranienne de l'Energie atomique, Ali Akbar Salehi, mettant toutefois en garde contre l'activisme des adversaires d'un accord.
Les puissances régionales -Arabie saoudite et Israël en tête- s'opposent vigoureusement à un compromis avec l'Iran. Ryad a répété qu'il ne fallait pas donner à Téhéran "des accords qu'il ne mérite pas", et Israël a prévenu qu'il continuerait à s'opposer à un accord.
Sur le fond de la négociation nucléaire, toutes les parties s'accordent à dire que de nombreux points sont encore à régler. La date butoir pour un accord final est fixée au 30 juin.
"Ce ne sera pas la fin de l'histoire cette semaine", avait souligné mercredi un haut responsable européen.

Israël/Palestine: Paris va relancer les efforts pour une résolution à l'ONU

a France va relancer les efforts pour faire voter au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution fixant les grandes lignes d'un règlement au Proche-Orient entre Israël et les Palestiniens, a annoncé vendredi le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius.
Paris va entamer des discussions à ce sujet avec ses partenaires "dans les prochains jours", a précisé M. Fabius.
Il a ajouté que la France avait proposé en décembre un texte rappelant les "paramètres internationaux" d'un possible règlement israélo-palestinien, notamment la "solution à deux Etats", c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien.
"Si nous voulons rendre possible une solution à deux Etats et éviter un effondrement complet" du processus de paix, a-t-il dit, "nous devons aller dans la même direction".
"Les deux parties (Israël et Palestiniens) doivent évidemment discuter mais cette discussion doit être soutenue par un effort international, c'est ce que nous avons proposé et c'est ce que proposerons", a-t-il encore ajouté.
M. Fabius a émis l'espoir que "les partenaires qui ont été réticents (en décembre) le seront moins", une allusion implicite aux Etats-Unis qui ne s'étaient finalement pas ralliés à l'initiative française, faisant valoir qu'il fallait attendre les élections israéliennes.
Mais les Etats-Unis ont averti la semaine dernière qu'ils allaient réévaluer leur position vis-à-vis d'Israël à l'ONU, où ils lui apportent traditionnellement un soutien indéfectible.
La France va entamer des discussions "dans les prochains jours" et va avoir des contacts non seulement avec ses partenaires du Conseil de sécurité, notamment les autres membres permanents (Etats-Unis, Royaume uni, Russie, Chine), mais aussi avec les Palestiniens et le gouvernement israélien.
"Sur la base de ces contacts nous prendrons une décision avec nos partenaires", a-t-il précisé.
Laurent Fabius a estimé "qu'il était nécessaire d'avancer pour résoudre ce problème", soulignant à ce propos l'impasse actuelle avec "un développement des implantations" israéliennes dans les Territoires palestiniens et "des Palestiniens qui sont dans une situation de plus en plus difficile".

Israël/Palestine : Israël décide de débloquer les taxes dues aux Palestiniens

Israël a décidé de débloquer le versement des taxes qu'il prélève pour le compte de l'Autorité palestinienne et qu'il avait cessé de lui reverser début 2015 en représailles à l'adhésion palestinienne à la Cour pénale internationale (CPI), a indiqué vendredi un communiqué officiel.
"Cette décision a été prise pour des raisons humanitaires et plus globalement en fonction des intérêts israéliens du moment", ont dit les services du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un message.
"Devant la détérioration de la situation au Moyen-Orient, nous devons nous montrer responsables et raisonnables, tout en continuant à mener avec détermination le combat contre les extrémistes", a dit  Netanyahu cité par ses services.
Cette décision intervient à un moment clé, entre la victoire de Netanyahu aux élections parlementaires du 17 mars et sa désignation pour former le prochain gouvernement israélien mercredi d'une part et quelques jours avant le 1er avril d'autre part. Les Palestiniens ont prévu de déposer à cette date leurs premières plaintes pour crimes de guerre contre les dirigeants israéliens devant la CPI.
C'est précisément par mesure de rétorsion à l'adhésion palestinienne à la CPI que Netanyahu a suspendu début janvier le versement d'environ 106 millions d'euros de taxes et de droits de douanes qu'il prélève chaque mois pour le compte des Palestiniens sur les marchandises leur étant destinées et transitant par Israël.

Syrie : A Damas, les commandos féminins en première ligne face aux rebelles

Assises sur un plancher surélevé en tôle, un fusil de précision russe à la main, les deux meilleures tireuses embusquées de l'armée syrienne guettent leur "proie" dans le quartier de Jobar à Damas.
La sergente Rim, 20 ans, et la sergente chef Samar, 21 ans, appartiennent à la Première Brigade des commandos féminins de la Garde républicaine. Cette unité d'élite est en charge du front le plus difficile, face à des rebelles déterminés dans le triangle Jobar - Zamalka - Aïn Tarma, trois zones de l'est de la capitale.
Devant elles, un trou d'où dépasse leur SV-98. En face, des immeubles en ruines, des maisonnettes démembrées, des carcasses de voitures. Il semble qu'il n'y ait pas âme qui vive sur ce champ de bataille. Mais l'apparence est trompeuse: le sol est traversé de tunnels et la mort rôde derrière chaque bâtisse.
Leur commandant les a présentées comme les plus fines gâchettes de la brigade. "C'est vrai que nous avons beaucoup de patience, première qualité d'un tireur embusqué", affirme timidement Rim.
Derrière un visage rond, un sourire enfantin et des yeux légèrement maquillés se cache une redoutable guerrière. "J'atteins généralement trois ou quatre cibles par jour et honnêtement quand je rate un homme armé d'en face, il m'arrive d'en pleurer de rage", confie-telle.
- 'Pas une question de sexe' -
Son record: 11 rebelles abattus en une journée. "Mon chef m'a remis une sorte de diplôme, comme à l'école", rit-elle. Sa coéquipière se targue d'un record de sept victimes.
L'immeuble stratégique où elles opèrent se trouve à moins de 200 mètres de la première ligne de front. Il est entièrement tenu par des militaires femmes.
Derrière une autre façade est postée Zeinab avec son B-10, un canon sans recul russe de 82 mm. Equipée d'un casque anti-bruit, elle vient de tirer dans un fracas épouvantable sur une maison située à 500 mètres et "l'objectif a été touché", dit-elle fièrement.
Cette femme de 21 ans, cheveux long et regard clair, a choisi la carrière militaire après son baccalauréat. Ses amis et sa famille l'ont encouragée et après trois mois d'entraînement, elle a rejoint les commandos.
Pourquoi manier un canon aussi impressionnant? La réponse est radicale: "le tireur embusqué tue une personne à la fois, mais avec le B-10, quand j'ai tiré sur la maison, je suis sûre que tous les gens s'y trouvant sont morts".
Le capitaine Ziad, en charge de l'immeuble, est satisfait de l'attitude au feu des femmes sous ses ordres. "Il n'y a pas de différence entre hommes et femmes. Certains ont le coeur solide et un courage chevillé au corps, d'autres pas. Ce n'est pas une question de sexe".
La brigade des commandos féminins, la seule unité de femmes combattantes, a été crée il y a près de deux ans et compte 800 soldates reparties sur tout le front est et sud-est de Damas, face aux bastions rebelles.
Quand on demande à leur chef, le commandant Ali, si cette unité a été crée pour palier aux pertes importantes subies par l'armée depuis le début de la révolte -- une ONG a décompté plus de 46.000 soldats tués en quatre ans -- il nie catégoriquement.
"C'est une décision du président Bachar al-Assad qui veut promouvoir le rôle de la femme syrienne et montrer qu'elle est capable de réussir dans tous les domaines," assure-t-il.
Les troupes armées syriennes comptaient près de 200.000 hommes et plusieurs milliers de réservistes.
Le recrutement des soldates s'est fait par le biais d'affiches. Ainsi, Angham, 21 ans, a vu une annonce dans un magasin à Hama (centre). Recrutée, elle a été formée cinq mois à l'Académie de la marine de guerre à Jbelé (nord-ouest) avant d'être transférée à Damas.
"Mes trois frères sont soldats et j'ai une soeur qui veut me rejoindre", déclare cette spécialiste de la Doushka, une mitrailleuse lourde.
Selon le commandant Ali, les recrues ont signé un contrat de dix ans.
A l'extérieur du bâtiment, une jeune femme de 19 ans manoeuvre un tank avec deux coéquipières, soulevant un épais nuage de poussière. "Nous sommes plusieurs femmes à avoir appris à conduire un tel engin. Il fait 43 tonnes", dit-elle. "C'était très difficile, mais nous avons réussi", s'enorgueillit la tankiste sous son casque.

(27-03-2015 - Assawra)

Yémen: Second jour de raids saoudiens contre la rébellion, 39 morts

Les raids aériens contre les rebelles chiites se sont étendus à plusieurs régions du Yémen vendredi, au second jour de l'opération militaire menée par l'Arabie saoudite qui cherche à stopper l'influence de l'Iran, son rival régional, à ses frontières.
Pour la deuxième nuit consécutive, des avions de combat d'une coalition de plusieurs pays arabes ont bombardé des positions militaires tenues par les rebelles Houthis, liés à l'Iran chiite, qui voulaient prendre le pouvoir au Yémen.
Plusieurs pays occidentaux, en tête desquels les Etats-Unis, ainsi que la plupart des pays arabes ont serré les rangs derrière l'Arabie saoudite et réaffirmé leur soutien au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, arrivé jeudi à Ryad en route pour le sommet arabe qui s'ouvre samedi en Egypte.
L'intervention militaire a fait suite à des appels à l'aide du camp Hadi incapable de stopper l'offensive des Houthis qui ont réussi depuis septembre 2014 à prendre plusieurs régions du pays, dont la capitale Sanaa, et avançaient ces derniers jours vers Aden, la capitale du Sud où avait pris refuge le chef de l'Etat.
Vendredi avant l'aube, de nouvelles frappes de la coalition arabe ont visé des positions des Houthis dans la région d'Arhab au nord de Sanaa, faisant 12 morts parmi les civils, selon des responsables du ministère de la Santé contrôlé par les Houthis.
Depuis le début jeudi de l'opération "Tempête décisive", 39 civils au total ont péri dans les frappes, selon ces responsables. Il n'était pas possible de confirmer ce bilan de source indépendante.
De nombreux véhicules montés de canons de la DCA circulaient à Sanaa, mettant en danger la sécurité de la population, et des sources de sécurité ont fait état de huit civils blessés par l'explosion sur un marché d'un projectile de la DCA.
La veille au soir, de fortes explosions ont secoué la capitale, où la défense anti-aérienne à tiré après des frappes contre une base à l'entrée ouest de la capitale, ont indiqué des témoins. Les raids ont aussi visé une base militaire près de Taëz (sud) et la base aérienne d'Al-Anad.
Les premiers raids de l'opération "Tempête décisive" ont été qualifiés de "succès" par un porte-parole de la coalition à Ryad. Ces frappes se prolongeront jusqu'à ce que les "objectifs" soient atteints, a-t-il ajouté en écartant une offensive terrestre dans l'immédiat.
Dans une première réaction aux raids, le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, a condamné une "invasion" et averti que les "Yéménites ne vont pas rester sans réagir".
L'Iran a mis en garde contre une propagation du conflit, son président Hassan Rohani dénonçant une "agression" militaire.
"L'implication" iranienne au Yémen est ouvertement dénoncée par le royaume saoudien sunnite, alors que Téhéran n'a jamais confirmé aider les Houthis par ailleurs appuyés par des soldats restés fidèles au prédécesseur de M. Hadi, Ali Abdallah Saleh.
"Les Iraniens sont ceux qui s'ingèrent dans les affaires des pays arabes, que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak, et au Yémen, ce que nous ne pouvons pas tolérer", a déclaré l'ambassadeur saoudien à Washington, Adel al-Jubeir, sur Fox News.
"Nous devons faire face à l'agression de l'Iran dans la région. Nous nous opposons à leur soutien aux Houthis et à la tentative des Houthis de s'emparer du Yémen", a-t-il ajouté. "C'est très évident qu'ils (les Iraniens) veulent dominer la région".
En pleines négociations sur le nucléaire avec Téhéran, les Etats-Unis ont exprimé leur appui à l'intervention saoudienne et annoncé "un soutien logistique et de renseignement" avec notamment des avions ravitailleurs et des avions radars Awacs.
La Maison Blanche s'est déclarée elle aussi inquiète des "activités iraniennes" au Yémen, parlant d'informations sur "le transfert iranien d'armes" dans ce pays.
L'Arabie saoudite, qui a une longue frontière avec le Yémen, a mobilisé 150 000 militaires et 100 avions de combat, tandis que les Emirats arabes unis ont engagé 30 avions de combat, Koweït 15 appareils et le Qatar 10, a indiqué Al-Arabiya, chaîne de télévision à capitaux saoudiens. Bahreïn participe avec 12 avions.
L'opération mobilise également l'Egypte -avec son aviation et sa marine-, la Jordanie, le Soudan, et le Maroc, selon Ryad.
Selon les experts, les raids aériens pourraient avoir des résultats limités sans une intervention terrestre qui reste peu probable en raison des risques d'escalade avec Téhéran et d'enlisement.
De plus pour John Marks, expert du Moyen-Orient à l'institut Chatham House, "se contenter d'écraser les Houthis changera certes la dynamique des factions", compliquée au Yémen, mais cela pourrait "favoriser des groupes ultra-radicaux sunnites".
Il faisait allusion aux réseaux Al-Qaïda, implanté dans le sud-est du pays, et Etat islamique (EI) qui a revendiqué ses premières attaques meurtrières la semaine dernière à Sanaa.

Syrie : Assad se déclare ouvert à un dialogue avec les Etats-Unis

Le dictateur syrien Bashar al-Assad a déclaré qu'il était ouvert à un dialogue avec les Etats-Unis, dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CBS et dont des extraits ont été diffusés jeudi.
Bashar a ajouté qu'un tel dialogue devrait être fondé sur "le respect mutuel", selon ces extraits de l'interview accordée au journaliste Charlie Rose et dont l'intégralité doit être diffusée dimanche dans l'émission "60 Minutes" de CBS.
"En Syrie, nous pourrions dire qu'en principe tout dialogue est une chose positive", a déclaré le président syrien, interrogé sur l'éventualité d'un dialogue avec Washington.
A la question de savoir s'il existait actuellement des relations entre la Syrie et les Etats-Unis, Assad a répondu qu'il n'y avait pas de communication directe.
Des responsables du département d'Etat américain ont dernièrement affirmé que Bashar n'aurait "jamais" de rôle dans une négociation pour mettre fin au conflit en Syrie, qui vient d'entrer dans sa cinquième année, mais que des membres du pouvoir syrien actuel pourraient faire partie de ce processus.
Le 15 mars, dans une interview à CBS, le secrétaire d'Etat John Kerry a paru dire que Washington devrait en fin de compte parler avec Bashar si l'on voulait mettre fin au conflit en Syrie. Les propos de M. Kerry ont indigné les groupes d'opposition syriens et certains de ceux qui les soutiennent en Occident.
Mais la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki, a assuré par la suite que M. Kerry se référait à des responsables du régime du tyran Assad et non à Assad lui-même.

jeudi 26 mars 2015

Yémen : Washington envisage d'aider l'Arabie saoudite

Les États-Unis envisagent de fournir du ravitaillement en vol et d'envoyer des avions-radars pour aider la coalition menée par l'Arabie saoudite dans son opération au Yémen contre les rebelles houthis, selon des responsables américains. "C'est sur la table, et c'est en train d'être discuté", a indiqué l'un de ces responsables. La Maison-Blanche a déjà indiqué que les États-Unis se coordonnaient avec les Saoudiens pour fournir un soutien militaire et de renseignement à l'opération. Pour l'instant, les Américains ont affecté une douzaine de militaires dans une cellule de coordination avec la coalition menée par l'Arabie saoudite, selon le Pentagone.
"Leur rôle est premièrement de maintenir les lignes de communication ouvertes entre les États-Unis et les pays du Golfe", a déclaré le colonel Warren, porte-parole du Pentagone. Bien que les Saoudiens et les autres pays du Golfe aient des forces aériennes importantes, il n'ont pas assez d'avions ravitailleurs et d'avions-radars AWACS pour mener une opération importante et d'une durée indéterminée. Le Pentagone n'a pas explicité pourquoi les États-Unis avaient choisi d'aider les Saoudiens, alors qu'ils ne l'avaient pas fait en 2011 à Bahrein, où l'Arabie saoudite était intervenue pour réprimer l'opposition.
"Ce qui est important ici, c'est notre partenariat avec les Saoudiens", a déclaré le colonel Warren. Le général Austin, qui commande les forces américaines au Moyen-Orient, a reconnu jeudi matin devant le Sénat américain que les Saoudiens ne l'avaient mis au courant de leur opération militaire que "peu de temps avant qu'ils ne passent à l'action", le "jour même". Le général a indiqué que les militaires américains "aideraient" les Saoudiens, avec "du renseignement, de la logistique et de la planification", mais sans donner de détails. L'Arabie saoudite et des pays alliés ont lancé mercredi une intervention militaire au Yémen pour contrer l'avancée de rebelles chiites houthis soutenus par l'Iran, qui a vivement dénoncé cette opération "dangereuse".

Yemen : Sana'a in fear

Sana’a airport, Yemen
People search for survivors under the rubble of houses destroyed by Saudi air strikes
(Photograph: Hani Mohammed)

Tunisie: Le musée du Bardo ouvert aux écoliers vendredi, au public lundi

Le musée du Bardo de Tunis accueillera les écoliers et les lycéens vendredi puis sera ouvert exceptionnellement lundi au public, ont annoncé le ministère de la Culture et le conservateur du musée visé par une attaque le 18 mars qui a fait 21 morts.
"La journée de vendredi sera consacrée aux élèves des écoles et des lycées. Les services du musées encadreront ces visites", a indiqué le ministère de la Culture dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook, ajoutant que le musée sera aussi ouvert à la presse ce jour-là.
Par ailleurs, "le musée du Bardo sera ouvert exceptionnellement au public le lundi 30 mars de 09h30 à 16H00", a ajouté le ministère.
Ces informations ont été confirmées à l'AFP par le conservateur du musée, Moncef Ben Moussa.
La réouverture du plus prestigieux musée de Tunisie avait été annoncée dans un premier temps pour le 24 mars, avant d'être reportée dans la confusion le jour même. Une cérémonie d'hommage avait eu lieu, mais aucune date de réouverture n'a depuis été annoncée.
Le 18 mars deux Tunisiens armés de Kalachnikovs ont abattus 21 personnes, 20 touristes étrangers et un policier, devant et à l'intérieur de ce musée qui abrite une collection unique de mosaïques antiques. La collection n'a subi que peu de dégâts, selon les autorités.
Revendiquée par le groupe Etat islamique, cette attaque est la première depuis 2002 à avoir atteint des étrangers en Tunisie, qui fait face depuis sa révolution en 2011 à l'essor d'une mouvance jihadiste armée.

Egypte : Le Caire participe à l'intervention militaire saoudienne au Yémen

L'aviation et la marine égyptiennes participent à l'intervention militaire arabe en soutien au président du Yémen face à l'avancée des rebelles chiites Houthis, a indiqué jeudi la présidence dans un communiqué.
Le gouvernement avait auparavant indiqué que l'Egypte était également prête à envoyer des troupes au sol si cela s'avérait nécessaire.
"Il était nécessaire pour l'Egypte de prendre ses responsabilités (...) avec la participation d'éléments des forces armées égyptiennes de l'aviation et de la marine", a détaillé la présidence.
La participation de l'Egypte intervient en réponse à l'appel "de la nation yéménite pour le retour de la stabilité" et pour "préserver son identité arabe", précise le communiqué, alors que l'Iran est accusé de soutenir les rebelles Houthis.
Un responsable militaire égyptien a confirmé à l'AFP que l'"Egypte participait à l'opération en cours".

Yémen : la grande peur de l'Arabie saoudite
La hantise de l'enfermement est souvent facteur d'interventionnisme pour les pays qui se rêvent en puissances régionales. C'est le cas du Pakistan, qui tente depuis longtemps de satelliser l'Afghanistan, de peur qu'il ne tombe dans l'orbite indienne. Ça l'est également de l'Arabie saoudite, engagée depuis plusieurs années dans une lutte d'influence à la fois géopolitique et religieuse avec l'Iran, aujourd'hui motif de son intervention au Yémen.
Ces deux pays ne sont pas seulement les uniques puissances régionales, l'Irak et la Syrie étant livrés au chaos ou à la guerre civile ; ils sont également les porte-étendard des deux grandes subdivisions de l'islam : sunnite pour l'Arabie saoudite, chiite pour l'Iran. Or le vent de l'histoire souffle en ce moment dans le sens du chiisme, pourtant minoritaire dans le monde musulman, et de Téhéran, qui a déjà des obligés à Bagdad, Damas, Beyrouth, d'où la nervosité dont Riyad fait preuve ces derniers temps.
Dès 2009, l'armée saoudienne était intervenue sur la frontière yéménite (voire un peu au-delà) pour éviter une extension de la guérilla chiite qui commençait à s'y développer. Deux ans plus tard, c'est encore elle qui a ramené l'ordre à Bahreïn, où la majorité chiite contestait le pouvoir sunnite. Et ce, toujours par peur de la contagion : le micro-État est voisin des champs pétroliers saoudiens... sur lesquels vit une importante communauté chiite.
En prenant cette fois la tête d'une coalition internationale afin de mettre un coup d'arrêt à la prise de contrôle du Yémen par la rébellion houthie, les autorités saoudiennes poursuivent toujours le même but. Concrètement, l'objectif est double. D'une part, éviter que l'Arabie saoudite soit prise en tenaille entre l'Iran et ses alliés. De l'autre, faire en sorte que le détroit de Bal-el-Mandeb, qui commande l'accès à la mer Rouge et, au-delà, au Canal de Suez, passe sous leur contrôle au même titre que le Détroit d'Ormuz. En d'autres termes, s'assurer que Téhéran ne puisse bloquer un deuxième point de passage par lequel transite une partie du pétrole mondial.
À en juger par l'ampleur de la force d'intervention qui rassemble une dizaine d'autres pays avec la bénédiction des États-Unis, les Saoudiens ne sont pas les seuls à nourrir cette inquiétude.

Israël/Palestine : Netanyahu doit "prendre des mesures crédibles pour geler" la colonisation

Le nouveau gouvernement israélien devra "prendre des mesures crédibles pour geler la colonisation" dans les territoires palestiniens, a estimé jeudi l'émissaire des Nations unies au Proche-Orient Robert Serry.
S'exprimant devant le Conseil de sécurité, M. Serry a aussi demandé au nouveau gouvernement, qui devrait être dirigé par Benjamin Netanyahu, de "démontrer rapidement (..) son engagement" en faveur de la création d'un Etat palestinien.
Au cours de sa campagne, Netanhayu avait enterré l'idée d'un Etat palestinien et promis de poursuivre la colonisation, avant de revenir en partie sur ses propos, déclenchant une crise avec Washington.
"La colonisation illégale n'est pas compatible avec l'objectif d'une solution négociée à deux Etats et pourrait tuer tout espoir de faire la paix" sur la base de cette solution, a souligné M. Serry, dont c'était le dernier exposé devant le Conseil en tant que coordinateur pour le processus de paix au Proche-orient.
"Je ne sais pas s'il n'est pas déjà trop tard", a-t-il ajouté. "On ne pourra pas rétablir un minimum de confiance si le nouveau gouvernement israélien ne prend pas des mesures crédibles pour geler la colonisation".
M. Serry a aussi "exhorté le futur gouvernement israélien à saisir l'occasion d'un nouveau mandat pour démontrer rapidement, par des déclarations mais surtout par des actes, son engagement" en faveur d'un Etat palestinien.
Il a noté que les déclarations de Netanyahu dans les derniers jours de la campagne électorale "soulevaient de sérieux doutes sur cet engagement d'Israël en faveur de la solution à deux Etats".
M. Serry a aussi suggéré à mots couverts que le Conseil de sécurité adopte une résolution rappelant les grands principes d'un règlement israélo-palestinien afin de "préserver l'objectif d'une solution à deux Etats dans les circonstances actuelles".
Si les deux camps recherchent toujours une telle solution mais "sont incapables par eux-mêmes et à ce stade de se mettre d'accord sur un cadre pour reprendre des négociations", a-t-il expliqué, "la communauté internationale devrait envisager sérieusement de proposer un tel cadre pour des négociations, y compris en incluant des paramètres".
En décembre dernier, la France avait tenté en vain de faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution résumant les paramètres d'un règlement qu'elle jugeait acceptables par toutes les parties. Un autre projet de résolution, présenté par les Palestiniens, avait été rejeté par le Conseil.

Syrie: Al-Qaïda progresse autour d'Idleb, 68 morts

La branche syrienne d'Al-Qaïda a chassé les forces du régime d'une vingtaine de barrages autour d'Idleb, ville clé du nord-ouest, en trois jours de combats qui ont fait 68 morts, rapporte jeudi une ONG.
Depuis le début de leur offensive mardi, le Front Al-Nosra, appuyé par Ahrar al-Cham et d'autres groupes islamistes ont "pris 17 barrages et positions de l'armée syrienne et des milices loyalistes dans les environs de la ville, les forçant à se replier", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il a cité des témoins dans la zone qui ont vu les véhicules de l'armée se retirer des barrages.
Idleb est le chef-lieu de la province éponyme, frontalière de la Turquie et en majorité sous contrôle du Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie. Si la ville est capturée, elle serait la deuxième capitale provinciale, après Raqa (est), à échapper aux mains du régime syrien en guerre contre les rebelles depuis plus de quatre ans.
La prise des barrages a "obligé les forces du régime à installer de nouveaux barrages et barricades à l'intérieur de la ville", a précisé M. Abdel Rahmane.
Malgré la violence des bombardements d'Al Nosra, les forces du régime "tentent de reprendre l'initiative", a-t-il indiqué, ajoutant que les combats faisaient toujours rage jeudi à l'entrée de la cité.
Les affrontements ont fait 37 morts du côté rebelle et 31 du côté loyaliste en trois jours, d'après un nouveau bilan de l'OSDH. Parmi les attaquants, le numéro deux du groupe Ahrar al-Cham, le Syrien Youssef Qotb, a été tué.
Ahrar al-Cham, un des premiers groupes islamistes armés à prendre part au conflit en Syrie, est le principal allié d'Al-Nosra au sein de cette coalition qui se fait appeler "L'Armée de la conquête".
Jeudi, le groupe a publié une vidéo dans laquelle leur guide religieux, cheikh Abou Mohammad al-Sadeq, a appelé les habitants d'Idleb à "s'éloigner des positions des 'chabbihas' (hommes de main du régime)" et à rejoindre le combat contre le régime.
En novembre, Al-Nosra avait chassé plusieurs groupes rebelles de la province. A l'instar de son rival jihadiste le groupe Etat islamique (EI), qui a proclamé son "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak, le Front entend fonder un "émirat" dans le nord de la Syrie selon des analystes.

Israël: Les négociations de gouvernement débutent par un psychodrame

Les négociations de gouvernement ont commencé jeudi à Jérusalem par un premier psychodrame qui en annonce d'autres avant la formation d'un nouveau cabinet appelé à restaurer les liens avec les Etats-Unis et faire face aux défis sécuritaires et sociaux.
Les tractations formelles n'avaient pas commencé que l'un des partenaires primordiaux de Benjamin Netanyahu annulait la première séance de discussions prévue dans la matinée, ont rapporté les médias israéliens.
Moshé Kahlon, voué à jouer un rôle clé dans la constitution d'une coalition gouvernementale, a mal pris que certains postes aient déjà été attribués à d'autres partis que le sien, Koulanou, ont dit les médias. Ces postes seraient essentiels à ses yeux pour appliquer sa plateforme électorale et faire baisser les prix des logements et le coût de la vie.
Ce premier contretemps prélude à des semaines de marchandages politiciens, de menaces et de retournements.
Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, a 28 jours, éventuellement renouvelables 14 jours, pour former son quatrième gouvernement depuis que le président Reuven Rivlin lui en a officiellement confié la charge mercredi soir. Ses émissaires engageaient jeudi les pourparlers avec les représentants des partis qui lui assurent une claire majorité de droite de 67 sièges sur 120 au parlement.
Netanyahu devra concilier les exigences contradictoires de Koulanou (centre droit), des partis nationalistes Foyer juif et Israël Beiteinou, des formations ultra-orthodoxes Shass et Liste Unifiée de la Torah.
Il lui faudra aussi composer avec son propre parti. Le Likoud (droite) se sent fort du triomphe de Netanyahu aux élections parlementaires du 17 mars, mais aussi de l'affaiblissement des autres groupes du bloc de droite.
Les gros portefeuilles sont très convoités. Celui des Finances semble assuré à M. Kahlon; Moshé Yaalon est favori pour conserver celui de la Défense et Avigdor Lieberman pourrait finalement garder les Affaires étrangères.
Au bout du compte, la possibilité demeure d'une autre configuration que celui d'un gouvernement penchant encore plus à droite que le précédent, croient certains politologues: celui d'un gouvernement d'unité nationale incluant les travaillistes que Netanyahu a surclassés.
Netanyahu a exclu un tel gouvernement pendant la campagne. Les politologues soulignent qu'en Israël les engagements de campagne valent ce qu'ils valent. Ils rappellent que Netanyahu, par le passé, a pris soin d'associer des éléments modérés à son gouvernement. Et ils conjecturent qu'un tel gouvernement permettrait peut-être à Netanyahu de soulager la pression internationale sur son futur cabinet.
Le prochain gouvernement est en effet appelé à réparer les dégâts causés aux relations avec la Maison Blanche par la surenchère à laquelle s'est livré M. Netanyahu pendant la campagne.
Il ne devrait même pas être formé que les Palestiniens prévoient de lancer la nouvelle vague de leur offensive diplomatique et judiciaire. Ils devraient déposer mercredi leurs premières plaintes pour crimes de guerre contre les dirigeants israéliens à la Cour pénale internationale.
En désignant Netanyahu, le président Rivlin lui a assigné trois tâches: d'abord restaurer les rapports avec la Maison Blanche; rétablir la stabilité politique; et "panser les blessures" de la campagne.
Chacune de ces tâches couvrait une critique implicite de M. Netanyahu, relevait le quotidien Yedioth Aharonoth. C'est Netanyahu qui a provoqué ces élections anticipées. C'est lui qui a pris l'administration américaine à rebrousse-poil en allant prononcer un discours sur l'Iran devant le Congrès et en enterrant l'idée d'un Etat palestinien. C'est lui enfin qui a causé l'émoi en brandissant, le jour même du scrutin, le spectre d'un vote "en masse" des Arabes israéliens.
Netanyahu s'est dit désolé depuis d'avoir blessé les Arabes israéliens. "Je me vois comme le Premier ministre de chacun d'entre vous", a-t-il dit mercredi soir, "je veillerai à combler les fissures qui se sont creusées" pendant la campagne.
Il a énoncé ses deux priorités: la sécurité et les questions sociales. Son prochain budget comprendra des mesures pour réduire les prix de l'immobilier et de l'alimentaire et pour mettre à bas les monopoles, a-t-il dit. Le Yedioth exprimait son incrédulité devant ce "virage à 180 degrés" par rapport aux discours d'il y a quelques jours.

Yemen: à Sanaa, des habitants fuient après une nuit d'intenses bombardements

"Je m'en vais avec ma famille, Sanaa n'est plus sûre": comme d'autres habitants de la capitale du Yémen, Mohamed a décidé de fuir après une nuit d'intenses bombardements par les avions saoudiens.
Mohamed charge quelques effets personnels à bord d'un minibus à Bani Huwat, un quartier du nord de la capitale. Il va trouver refuge dans sa ville natale d'Ibb, dans le centre du pays.
"Mes enfants étaient terrorisés", témoigne-t-il, en reconnaissant ne pas avoir dormi de la nuit en raison des violentes explosions et l'entrée en action de la DCA de la milice chiite des Houthis au passage des avions de combat saoudiens.
A l'aube, les habitants ont découvert les dégâts: habitations partiellement détruites, carcasses de véhicules éventrées... Hébété, un homme reste assis sur les décombres de sa maison.
Quatorze personnes, dont des enfants et des femmes, ont péri dans l'effondrement de sept maisons du quartier touchées par les bombardements, selon un bilan de la défense civile.
Une foule s'est formée autour d'un amas de voitures détruites et, contrairement à leurs habitudes, les miliciens Houthis laissent les journalistes travailler pour qu'ils voient "les atrocités".
"Pourquoi l'Arabie saoudite et les autres pays ont choisi d'intervenir (...) au moment où les Houthis ont conquis la plupart des régions", s'interroge Safwane Haïdar, un résident.
"Ces crimes saoudiens, américains et israéliens ne nous abattront pas. Ils renforceront au contraire notre force pour les éliminer de la carte car ils visent des civils et des innocents", lance Ali Al-Barati, un combattant rebelle.
La crainte de nouvelles frappes étant élevée, des centaines d'habitants ont commencé jeudi à fuir les zones visées par des raids contre les Houthis, ces miliciens soutenus par l'Iran qui se sont emparés de la capitale en septembre avant d'étendre leur influence jusqu'au sud avec le soutien d'une partie de l'armée yéménite.
Selon des sources militaires et des témoins, plusieurs sites sensibles tenus par les Houthis à Sanaa, dont une base aérienne et le palais présidentiel, ont été visés jeudi et un incendie s'est déclaré dans le palais présidentiel.
Les raids ont cessé aux premières heures de la journée. Les établissements scolaires étaient fermés jeudi et aucune date n'a été annoncée pour leur réouverture.
De longues queues de véhicules se sont formées devant les stations service. "Je prends mes précautions car je crains la pénurie", explique Hammoud, qui patiente au volant de sa voiture.
Selon lui, "tout le monde s'attend à ce que les carburants ne soient plus disponibles" dans les prochains jours.
A l'inverse de Sanaa, où la colère s'exprime ouvertement, les résidents d'Aden, la grande ville du sud, ne cachent pas leur soulagement. Car ils craignaient que, en l'absence d'une intervention extérieure, les Houthis ne lancent l'assaut contre leur cité dont ils se sont rapprochés ces derniers jours avec l'objectif d'arrêter le président Abd Rabbo Mansour Hadi qui s'y est réfugié.
"Nous exprimons nos remerciements pour le soutien de nos frères", notamment des pays du Golfe, même si leur intervention "est arrivée un peu tard", se félicite Abou Nasser Al-Adari, un habitant d'Aden.


     
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الحزب الشيوعي اللبناني يدعو للتحرك
لوقف التدخلات الخارجية والحرب التفتيتية في اليمن


في الوقت الذي يصعّد فيه اليمين الصهيوني حربه ضد الشعب الفلسطيني، فيقتل ويعتقل ويشرّد ويهدم المنازل، بينما تتسع حركته الاستيطانية من أجل اقامة "اسرائيل دولة اليهود في العالم"، وفي الوقت الذي يزداد فيه خطر المخطط الامبريالي الهادف الى شرذمة العالم العربي الى دويلات طائفية وتتسع معه حركة الارهاب، المتاح أميركيا، ضد لبنان وسوريا والعراق وليبيا وتونس، يعود اليمن الى واجهة الأحداث بفعل تطور الانقسام المذهبي المتفاقم الى حرب أهلية بدأت تأكل الأخضر واليابس وتهدد وحدة البلاد والعباد.
وبينما تتدخّل كل دول الخليج في تلك الحرب المذهبية وتحشد لها الجيوش والطاقات،.وبينما تنطلق التهديدات من كل صوب، وبالتحديد بين السعودية وايران، يعيش الشعب اليمني، ومعه كل الشعوب العربية، مأساة عارمة لن تفضي الا الى المزيد من الكوارث ولن تؤدي سوى الى زيادة الشرذمة وتسهيل مرور المشاريع الامبريالية – الصهيونية التي واجهتها حركة التحرر الوطني العربية طوال عشرات السنين.
ان نيران هذه الحرب التفتيتية الجديدة، التي تغذيها الدول الرجعية العربية والاقليمية، خدمة لمصالح معروفة منطلقة من أحلام التوسع والسيطرة، مرشّحة، في حال عدم كبح جماحها، للانتشار الى كل المنطقة العربية والشرق-أوسطية؛ ولن يسلم أحد منها. لذا، فان الشعوب العربية وقواها اليسارية والديمقراطية، خاصة في دول الخليج، مدعوة للنزول الى الشارع وللتحرك بكل الأشكال المتاحة من أجل وقف الحرب وفتح باب الحوار بين القوى السياسية اليمنية بعيدا عن أي تدخل خارجي، سعودي كان أم ايراني، عربي كان ام أجنبي، بما يحفظ لليمن وحدته ويساعد على تحقيق الشعارات التي كانت في أساس انتفاضة الشعب اليمني وما يصبو اليه من اصلاحات سياسية واقتصادية – اجتماعية تؤمّن له الحياة الحرّة الكريمة.

الحزب الشيوعي اللبناني
بيروت في 26 ⁄ 3 ⁄ 2015

Syrie : Des fonctionnaires dévoués sauvent des milliers d'antiquités

Dans une pièce du Musée de Damas, totalement vide, des employés emballent avec précaution les dernières statues avant de les placer dans des caisses qui partiront vers un lieu sécurisé.
Depuis sa nomination en 2012 à la tête des Antiquités et des musées syriens (DGAM), le professeur Maamoun Abdulkarim n'a qu'une obsession: éviter une réédition de la tragédie de 2003 en Irak après l'invasion américaine.
"J'ai en permanence devant les yeux les images du pillage du musée de Bagdad et des sites irakiens et je me suis dit qu'il fallait à tout prix empêcher que cela se reproduise chez nous", témoigne-t-il.
Ainsi 300 000 pièces et des milliers de manuscrits appartenant aux 34 musées de Syrie, dont 80 000 du musée de Damas, ont été mis à l'abri dans des endroits secrets protégés des incendies, des obus et les inondations.
Terre de multiples civilisations, des Cananéens aux Ottomans, la Syrie regorgeait de trésors datant des époques romaine, mamelouk et byzantine, avec des mosquées, des églises et des châteaux croisés.
Mais près de 300 sites d'une valeur inestimable pour l'humanité ont déjà été détruits, endommagés ou pillés en quatre ans de guerre en Syrie, s'est alarmée l'ONU en se basant sur des images satellitaires.
- 99% des collections sauvées -
Le sauvetage le plus dramatique s'est déroulé le 2 août 2014 à Deir Ezzor (est), tenue en grande partie par les jihadistes du groupe État islamique (EI). Pour éviter un saccage de l'EI comme à Mossoul en Irak deux mois auparavant, la décision fut prise d'évacuer les 13 000 objets de la ville.
"Pendant une semaine, avec deux collègues, nous avons tout enveloppé. Nous avons tout mis dans un camion avant d'essuyer des tirs de mitrailleuses lourdes sur la route", raconte avec émotion Yaarob al Abdallah, directeur des Antiquités de Deir Ezzor au moment des faits.
"Nous avons entreposé les caisses dans un avion militaire au milieu de soldats tués ou blessés. Ce fut terrible, mais nous avons réussi", ajoute cet homme de 46 ans, actuel directeur du Musée national de Damas.
M. Abdulkarim, qui a pris la décision, en a encore des sueurs froides. "Si l'avion était tombé, je perdais trois amis, la Syrie des pièces inestimables et moi j'aurais terminé en prison".
Il estime que 99% des collections des musées ont été sauvées, grâce au dévouement des 2.500 fonctionnaires qui perçoivent leur salaires, y compris ceux vivant dans les régions rebelles.
"Ils considèrent que la défense du patrimoine est une question d'honneur, équivalent à celle de défendre l'honneur de leur mère", assure le co-directeur de la mission franco-syrienne qui travaillait avant le conflit sur les 700 Villes mortes de l'époque romano-byzantine dans le nord de la Syrie.
Une douzaine de fonctionnaires sont morts, dont cinq sur leur lieu de travail. L'un d'eux a été égorgé par l'EI à Deir Ezzor car il renseignait les services des antiquités sur les trafics mafieux.
M. Abdulkarim s'inquiète surtout des dommages occasionnés à 300 sites et 445 bâtiments historiques dans le pays. Certains l'ont été lors d'affrontements mais d'autres ont été victimes "des fouilles clandestines, parfois au bulldozer", comme à Mari, Doura Europos, Apamée, Ajaja (nord-est), la vallée de Yarmouk à Deraa (sud) et Hamam Turkoman près de Raqa (nord).
"La barbarie des jihadistes, qui détruisent toute représentation humaine et les mausolées musulmans, s'ajoute à l'avidité des groupes mafieux venus du Liban, d'Irak, de Turquie pour acheter les pièces trouvées par les habitants", se désole Ayham al-Fakhry, l'ancien directeur des antiquités de Raqa qu'il a dû fuir en 2012.
"Ils payent 20% de la valeur estimée à l'EI et peuvent empocher les objets pour les vendre en Europe ou dans le Golfe", précise-t-il.
Les défenseurs du patrimoine syrien se plaignent aussi d'avoir été considérés comme des pestiférés par la communauté internationale depuis le début de la révolte antirégime.
"Nous étions isolés car le monde avait coupé toutes les relations avec nous" à l'exception du Liban, de quelques organisations internationales et de l'Unesco, explique M. Abdulkarim.
Pour cet auteur d'une thèse en France sur "Homs à l'époque romaine", "il faut pourtant, après Charlie Hebdo, Mossoul et Raqa, une mobilisation internationale pour sauver la culture, la civilisation".
Il remarque toutefois que les choses changent timidement depuis six mois. Les Antiquités syriennes ont ainsi été primées pour leur travail ou invitées lors de conférences sur les antiquités syriennes à Venise, en Allemagne et à la fin du mois en France. "C'est le début de la fin du tunnel", espère M. Abdulkarim.

Israël/Palestine : le blocus israélien détériore les conditions de vie et freine la reconstruction à Gaza, selon l'ONU

Des ruines sont dégagées à Shujaijah, à Gaza, grâce à un projet du PNUD financé par la Suède. Photo PNUD

Le blocus prolongé imposé par Israël à Gaza a entrainé une forte détérioration des conditions de vie de près de 2 millions de Palestiniens résidant dans l'enclave, indique une nouvelle étude du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), rendue publique début mars 2015.
Selon cette étude, les restrictions prolongées pesant sur le mouvement des personnes et des marchandises à destination et en provenance de Gaza ont eu pour répercussion la détérioration continue du niveau de vie des 1,8 million habitants de Gaza depuis le début du blocus israélien en juin 2007.
« Ces restrictions ont réduit l'accès aux moyens de subsistance, aux services de base et aux logements ; perturbé le quotidien des familles ; et sapé les espoirs du peuple en un avenir sûr et prospère », précisent les conclusions du rapport, dont l'objectif était d'étudier les tendances actuelles concernant la circulation des personnes et des marchandises à l'intérieur et hors du territoire.
« La situation s'est aggravée suite aux restrictions imposées depuis 2013 par les autorités égyptiennes à Rafah, qui était devenu jusque-là le principal point de passage utilisé par les Palestiniens dans la bande de Gaza », compte tenu du blocus israélien.
Actuellement, les Palestiniens de Gaza peuvent entrer et sortir du territoire au travers de trois points d'accès – le passage de Rafah reliant Gaza à l'Egypte, et les passages de Kerem Shalom et d'Erez connectant l'enclave palestinienne à Israël. Deux autres points de passage, à Sufa et Karni, ont été fermés.
Lors de sa récente visite dans la région, le Coordonnateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, avait déjà observé le 2 mars que les retombées du blocus israélien à Gaza avaient « plus que jamais isolé » l'enclave, en raison des restrictions toujours imposées par Israël sur la circulation des biens et des personnes et de la quasi-fermeture du passage frontalier de Rafah.
Ces difficultés ne font que s'ajouter aux défis auxquels sont confrontés les habitants de Gaza, plus tributaires que jamais de l'importation de matériaux de construction, alors que l'enclave cherche à se reconstruire suite aux 51 jours de conflit entre Israël et groupes armés palestiniens dont elle a été le théâtre durant l'été 2014.