Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a exhorté mardi le Conseil
de sécurité de l'ONU à adopter une "résolution contraignante" afin de
stopper l'avancée des miliciens Houthis et prévenir une agression contre
Aden qu'il juge imminente.
Les forces hostiles au président tentaient mardi de resserrer l'étau sur
Aden, grande ville du sud du pays où est retranché le chef de l'Etat.
La milice chiite des Houthis, qui contrôle déjà la capitale Sanaa,
cherche à étendre son influence vers le sud du Yémen avec l'aide de
forces fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh.
Dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité de l'ONU,
l'ambassadeur français François Delattre, M. Hadi affirme notamment
redouter qu'Al-Qaïda "ne profite de l'instabilité actuelle pour aggraver
le chaos et faire glisser le pays vers davantage de violence et de
fragmentation".
Il demande au Conseil "d'adopter une résolution contraignante sous
chapitre 7 (de la Charte) invitant tous les pays qui le souhaitent à
fournir un soutien immédiat à l'autorité légitime".
Il évoque aussi sans précision "une capacité en missiles dérobée à
l'autorité légitime" et qu'il demande à l'ONU d'aider à contrôler.
Les Houthis progressaient mardi sur les axes de Dhaleh et de Lahej alors
que des combats à l'arme lourde avaient lieu dans ces deux provinces
proches de celle d'Aden, ont indiqué des sources militaires et de
sécurité.
A Dhaleh, chef-lieu de la province éponyme, la milice chiite a pris le
contrôle du siège de l'administration locale et avancé dans la ville au
prix de violents affrontements, ont ajouté ces sources.
Mais une bataille pour le contrôle du camp de la 33e brigade blindée,
dans le nord de Dhaleh, s'est soldée dans l'après-midi par 10 morts et
plusieurs blessés dans les rangs des anti-Hadi, a indiqué une source
militaire.
Simultanément, dans la province de Lahej, des accrochages opposaient les
forces loyalistes aux forces conduites par les Houthis, ont indiqué des
sources militaires et de sécurité.
Mardi soir, les anti-Hadi ont conquis Karch -où deux civils ont été
tués- à la frontière entre les provinces de Lahej et de Taëz puis ont
pris deux positions à l'armée et à un groupe sudiste, situées 15 km plus
au sud, sur la route menant à Aden, selon des sources tribales.
Des renforts militaires ont aussitôt fait mouvement depuis la base
aérienne d'Al-Anad (Lahej) pour se positionner à Aqqane, non loin de
Karch, afin de faire barrage, selon une source militaire.
A Taëz, ville qui commande la voie vers Aden, au moins cinq manifestants
ont été tués et plus de 80 blessés lorsque les forces anti-Hadi ont
tenté de disperser une foule hostile, d'après des sources médicales et
des responsables locaux. Amnesty International fait pour sa part état de
huit morts mardi matin et de 119 blessés dont 38 par balles depuis le
début des manifestations anti-Houthis dimanche.
Signe de la confusion qui règne à Taëz: le chef de la police a démenti
la prise par les Houthis de l'aéroport ou d'autres installations
publiques.
Par ailleurs, selon des sources tribales, les Houthis combattent depuis
lundi soir des tribus sunnites favorables au président Hadi dans la
province d'Al-Baïda (centre). Neuf combattants tribaux et quinze
miliciens Houthis ont été tués.
Plus
au nord, dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, des tribus
sunnites ont repoussé lundi soir un convoi des Houthis au prix de
violents combats qui ont fait "des dizaines de morts", dont six membres
de tribus, selon des sources tribales.
Il n'était pas possible de confirmer ce bilan de source indépendante.
Les belligérants continuaient mardi de mobiliser leurs troupes, malgré
des appels internationaux à la désescalade et la mise en garde de l'ONU
contre une guerre civile dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Signe des difficultés de M. Hadi, considéré comme le chef de l'Etat
légitime du Yémen par les Nations unies, ses lieutenants multiplient les
appels à l'aide.
Dans des déclarations diffusées lundi par la chaîne de télévision
Al-Hadath, le ministre par intérim des Affaires étrangères Ryad Yassin a
demandé aux monarchies sunnites du Golfe d'intervenir militairement
pour "stopper l'expansion des Houthis", soupçonnés d'être proches de
l'Iran.
"Le Yémen a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer une zone
d'exclusion aérienne sur les aéroports contrôlés par les Houthis",
a-t-il dit.
Le Conseil n'a pour l'instant publié qu'une simple déclaration de
soutien à M. Hadi, lors d'une session d'urgence convoquée dimanche à la
demande du président yéménite.
Dans sa lettre, le président Hadi confirme aussi avoir sollicité les
Etats du Conseil de coopération du Golfe pour obtenir une "intervention
militaire" contre les miliciens chiites.
A la question de savoir si Ryad pourrait aider militairement le
président Hadi, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud
Al-Fayçal, a répondu que si aucune solution politique n'était trouvée,
les pays de la région prendraient les "mesures" nécessaires pour
"protéger" leurs intérêts face à "l'agression".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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