jeudi 19 mars 2015

Israël: Netanyahu triomphe mais d'emblée sous pression des Occidentaux

Benjamin Netanyahu a obtenu une éclatante victoire aux élections législatives en Israël, mais était d'emblée sous pression des Etats-Unis et des Européens pour renoncer à ses promesses de campagne radicales sur le conflit avec les Palestiniens.
La Maison Blanche a salué du bout des lèvres la victoire de Netanyahu et en Europe les réactions ont été aussi peu enthousiastes. Les Occidentaux insistent sur une relance du processus de paix en vue d'un accord sur la base de deux Etats, palestinien et israélien, alors que Netanyahu a enterré l'idée d'un Etat palestinien tant qu'il serait chef de gouvernement.
Au pouvoir depuis 2009 mais donné battu par les sondages, Netanyahu a fourni une nouvelle démonstration de sa capacité à affronter les vents contraires en sortant grand vainqueur des élections de mardi annoncées comme un référendum pour ou contre lui.
A 65 ans, l'homme fort de la droite est assuré, sauf surprise majeure, d'être appelé par le président Reuven Rivlin à assumer son troisième mandat consécutif, son quatrième en comptant celui de 1996-1999.
Avec lui, la direction palestinienne, les Etats-Unis et la communauté internationale vont donc se retrouver a priori avec un futur chef de gouvernement qu'ils connaissent bien et avec lequel les relations se sont dégradées.
La campagne n'a pas contribué à les améliorer. Face aux sondages défavorables, et pour rallier les déçus et les indécis, Netanyahu a fait monter les enchères lundi en déclarant que les Palestiniens n'auraient pas l'Etat auxquels ils aspirent avec lui au gouvernement.
Un autre temps fort de la campagne de Netanyahu a été l'exceptionnel acte de défi qu'a représenté le 3 mars son discours au Congrès américain. A l'invitation des adversaires républicains de M. Obama, il est allé y dire tout le mal qu'il pensait de l'accord nucléaire en négociation avec l'Iran.
Le secrétaire d'Etat John Kerry a appelé Netanyahu pour le féliciter et M. Obama le fera dans les prochains jours, selon le porte-parole de l'exécutif américain. Néanmoins Obama "continue de penser qu'une solution à deux Etats est la meilleure façon de répondre aux tensions".
Le Premier ministre britannique David Cameron a lui aussi souhaité "voir une solution à deux Etats". Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé le prochain gouvernement à la "responsabilité" et réaffirmé son soutien à un Etat palestinien.
Et la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, a appelé à "relancer les négociations de paix" israélo-palestiniennes et à parvenir à "une solution à deux Etats", dans une conversation téléphonique avec Netanyahu.
Les Palestiniens, eux, n'avaient aucune illusion quant au scrutin israélien mais le triomphe de Netanyahu ne fait que les conforter dans leur détermination à intensifier les efforts contre Israël sur la scène diplomatique et à la Cour pénale internationale devant laquelle ils comptent poursuivre les dirigeants israéliens pour crimes de guerre.
En même temps, la présidence palestinienne a dit qu'elle était prête à coopérer avec "tout gouvernement israélien" acceptant un Etat palestinien au côté d'Israël.
Le président Rivlin doit commencer à partir de dimanche à sonder les chefs de parti avant de désigner le député qui formera le prochain gouvernement, selon son bureau.
Netanyahu, selon son parti, a lui commencé les consultations et "a l'intention d'achever la formation du gouvernement dans un délai de deux à trois semaines".
Il va devoir désormais décider s'il forme un gouvernement très à droite ou plus modéré pour faire face à une multitude de défis, dont les menaces sécuritaires ou les attentes économiques et sociales.
En regroupant autour du Likoud les formations nationalistes et ultra-orthodoxes, ainsi que le parti à vocation sociale du nouveau venu Moshé Kahlon, Netanyahu forgerait une alliance a priori solide, forte de plus ou moins 67 sièges sur 120, selon les résultats quasiment définitifs.
Les experts ont cependant évoqué la possibilité d'un gouvernement d'union avec les travaillistes.
Mais l'adversaire travailliste de Netanyahu, Isaac Herzog, et son alliée centriste Tzipi Livni ont signifié qu'un tel projet était mort-né. "L'opposition est la seule option réaliste que nous ayons", a dit M. Herzog.
Pour sa principale apparition publique dans la peau du vainqueur mercredi, Netanyahu s'est rendu au mur des Lamentations, haut lieu du judaïsme à Jérusalem. Il a rituellement placé un voeu en papier entre les pierres, avant de promettre de tout faire pour "la sécurité et la prospérité" des Israéliens.
Les résultats quasiment définitifs transposés en sièges par les médias accordent 30 sièges au Likoud, 8 de plus que ne lui en prédisaient les derniers sondages et 10 de plus que dans la Knesset sortante. La liste Union sioniste de M. Herzog, en obtient 24.
Selon la radio publique, les résultats définitifs du scrutin sont attendus jeudi.

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