samedi 6 mai 2017

Syrie : Une région rebelle près de Damas bombardée, 22 morts (OSDH)

Un citoyen Syrien regarde la ville de Douma après un raid d'avions du régime, le 23 mars 2017 (Afp)

Des raids intenses menés lundi par les avions du régime de Bashar sur trois villes de la Ghouta orientale, près de Damas, ont tué au moins 22 civils, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le bilan le plus élevé était à Douma, la plus grande agglomération de cette région située à l'est de la capitale syrienne, avec 16 civils tués, dont un enfant, et 22 blessés, selon l'Observatoire.
Le correspondant de l'AFP à Douma a vu de nombreux blessés aux visages ensanglantés dans un hôpital, avec tous les lits occupés par des hommes, des femmes et des enfants.
Il a vu un enfant qui recherchait son père dans l'hôpital et qui a éclaté en sanglots en le retrouvant.
Cinq civils ont par ailleurs été tués dans la ville de Sabqa et un dans celle de Harasta, également dans la Ghouta orientale, place forte des rebelles luttant contre le régime du dictateur Bashar al-Assad.
"Il y a eu une escalade aujourd'hui (lundi) contre la Ghouta, le régime veut continuer d'isoler cette région", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Mi-mars, des rebelles et des jihadistes avaient lancé un assaut contre des positions du régime à Damas depuis le quartier de Jobar, adjacent à la Ghouta orientale. Ils avaient été repoussés par l'armée après une semaine de combats.
La Ghouta orientale est soumise à un siège du régime syrien depuis 2012. Elle est également ciblée par de nombreux bombardements aériens et des tirs d'artillerie.
Cette région est le dernier bastion de l'opposition à Bashar près de Damas, même si au cours des derniers mois les rebelles ont signé des accords dits de "réconciliation" par lesquels ils ont évacué certaines des villes qu'ils contrôlaient.
Le régime cherche par ailleurs à soumettre les cinq quartiers où des rebelles sont présents à Damas. Ces derniers contrôlent en effet en majorité ceux de Qaboun et Techrine (nord-est), la moitié de Jobar (est) et sont aussi présents à Barzé (nord) et Tadamon (sud) mais ces deux secteurs font actuellement l'objet d'une trêve avec le régime.

mardi 2 mai 2017

Bahreïn: Peine réduite pour le principal chef de l'opposition chiite

Le portrait du chef de l'opposition chiite, cheikh Ali Salmane, lors d'une manifestation contre son arrestation, le 29 mai 2016 à Az Zinj, dans les environs de Manama, à Bahreïn (Afp)

La Cour de cassation à Bahreïn a réduit lundi de cinq ans la peine de prison que purge le principal chef de l'opposition chiite, cheikh Ali Salmane, pour "incitation à la désobéissance civile et à la haine confessionnelle", selon une source judiciaire.
Cheikh Ali Salmane, 51 ans, avait été condamné en 2015 à quatre ans de prison. Mais une Cour d'appel avait, en 2016, alourdi cette peine à neuf ans de réclusion sous une nouvelle accusation de "complot contre le régime". Il est détenu depuis décembre 2014.
La Cour de cassation, dont les verdicts sont sans appel, "a décidé de réduire (la) peine de neuf ans à quatre ans de prison", a déclaré la source judiciaire sans donner plus de précision sur le jugement.
Cheikh Ali Salmane dirigeait le mouvement Al-Wefaq, principale force de l'opposition chiite, que la justice a également dissout en l'accusant de fomenter des troubles à Bahreïn, petit royaume du Golfe à majorité chiite dirigé par une dynastie sunnite.
Son arrestation et son incarcération, puis la dissolution d'Al-Wefaq, avaient provoqué des manifestations et avaient été condamnées par les Etats-Unis, pays allié de Bahreïn, par l'Iran et par des organisations de défense des droits de l'Homme.
"Réduire la peine de cheikh Ali Salmane n'atténue en rien la répression de la liberté d'expression" à Bahreïn, a réagi Lynn Maalouf, directrice de recherches à Amnesty International à Beyrouth.
"Cheikh Ali Salmane est l'une des victimes de la répression de la dissidence pacifique", a-t-elle ajouté dans un bref communiqué, appelant à sa "libération immédiate et sans condition".
Le Wefaq a animé en 2011 un puissant mouvement de contestation à Bahreïn dans le sillage du Printemps arabe.
Des dizaines de chiites ont été condamnés ces dernières années à de lourdes peines de prison pour participation aux violences ayant accompagné et suivi les manifestations de 2011 à Bahreïn, siège de la Ve Flotte des Etats-Unis.
L'opposition chiite réclame des réformes et une véritable monarchie constitutionnelle. Les autorités, elles, nient toute discrimination envers les chiites et accusent régulièrement l'Iran de s'ingérer dans les affaires de Bahreïn, ce que Téhéran dément.

Israël/Palestine : L'Etat hébreu prive les organisations de défense des droits de l'Homme d'accéder à Gaza

Un Palestinien se prend en photo dans un cratère causé, selon la police locale, par une frappe aérienne israélienne, à l'est de la ville de Gaza, le 16 mars 2017 (Afp)

Israël empêche le personnel des organisations de défense des droits de l'Homme de circuler entre son territoire et la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, entravant leurs enquêtes, a déploré lundi Human Rights Watch (HRW).
Dans un nouveau rapport de 47 pages, l'organisation de défense des droits de l'Homme décrit "comment Israël interdit systématiquement à ces spécialistes de se rendre à Gaza ou d'en sortir, même lorsque les services de sécurité israéliens n'ont rien à leur reprocher sur le plan sécuritaire".
HRW affirme n'avoir reçu qu'une seule fois depuis 2008 l'autorisation de dépêcher des personnels étrangers à Gaza via Israël.
L’organisation dont le siège est à New York souligne que l'accès à Gaza est crucial afin que les enquêteurs et chercheurs puissent évaluer les accusations sur des violations des droits de l'Homme dans cette enclave palestinienne, notamment durant la guerre de 2014 avec Israël.
La Cour pénale internationale (CPI), premier tribunal international permanent chargé de juger les plus graves violations du droit humanitaire, a ouvert le 16 janvier un "examen préliminaire de la situation en Palestine" pour déterminer si les accusations sur des crimes de guerre lancées par différentes parties justifient l'ouverture d'une enquête de sa part.
Les Palestiniens poussent à l'ouverture d'investigations contre les Israéliens. Les Israéliens sont catégoriquement opposés à une intervention de la justice internationale. Ils font valoir que le système israélien est capable de rendre la justice, y compris pour d'éventuels crimes israéliens.
Si Israël souhaite convaincre la CPI "que ses propres enquêtes criminelles sont adéquates, une première étape serait de permettre aux chercheurs sur les thématiques des droits humains de rassembler des informations pertinentes", a déclaré la directrice de HRW pour Israël et les Territoires palestiniens Sari Bashi dans un communiqué.
Une porte-parole du COGAT, l'organe du ministère de la Défense coordonnant les activités israéliennes dans les Territoires palestiniens, a indiqué que "toutes les demandes étaient soigneusement étudiées".
Le COGAT coordonne "régulièrement le passage de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme", a-t-elle affirmé.
HRW critique aussi l'Egypte, autre pays frontalier de Gaza, soulignant que depuis 2012 ni elle ni Amnesty International n'ont été en mesure d'envoyer du personnel à Gaza via l'Egypte.
HRW déplore également le durcissement des restrictions de déplacement imposées par le Hamas depuis l'assassinat fin mars d'un de ses commandants. Le Hamas attribue l'assassinat à Israël.

Accès au rapport (en anglais) : https://www.hrw.org/report/2017/04/02/unwilling-or-unable/israeli-restrictions-access-and-gaza-human-rights-workers

Israël/Palestine : Le vote de l'ONU fin 2016 sur les colonies, lettre morte

Un Palestinien travaille dans sa vigne près du village de Beit Omar en Cisjordanie, le 26 février 2017 (Afp)

Trois mois après une résolution historique de l'ONU condamnant les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, les experts redoutent que le texte n'ait aucun effet alors qu'Israël va établir une nouvelle colonie pour la première fois en plus de 25 ans.
La résolution 2334, adoptée en décembre grâce à l’abstention des Etats-Unis, n'a pas contribué à mettre fin à la construction dans les colonies.
De nouveaux projets ont été annoncés par des responsables israéliens dans les semaines qui ont suivi. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a même été plus loin en annonçant jeudi la création d'une nouvelle colonie en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par l'armée israélienne. Une décision qu'aucun gouvernement n'avait osé prendre depuis 1991.
Le texte de l'ONU est également dans le collimateur de la nouvelle administration américaine de Donald Trump qui y voit la preuve qu'Israël serait injustement visé par l'ONU.
Pour certains diplomates, comme le formule l'un d'eux, cette résolution a été "une tempête dans un verre d'eau".
Le texte a été adopté dans les derniers jours de la présidence de Barack Obama qui avait accepté de ne pas utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité, donnant le feu vert à la première résolution du Conseil condamnant les colonies depuis 1979. M. Trump, lui, avait plaidé pour opposer ce veto.
L'Etat hébreu a annoncé depuis janvier des plans pour la construction de plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte, annexée par Israël.
Alors que les avertissements se multiplient sur le fait que l'expansion des colonies érode les espoirs de créer un Etat palestinien, l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a estimé que "les jours où l'on malmenait Israël sont terminés".
Pour la communauté internationale, les colonies, illégales, sont le principal obstacle à la paix car elles sont construites sur les terres même où les Palestiniens envisagent d'établir leur Etat.
Après avoir accordé un soutien public à Israël, Donald Trump a appelé le gouvernement Netanyahu à la "retenue sur les colonies" pour permettre aux Etats-Unis de tenter de relancer les négociations de paix au point mort.
Depuis, ce gouvernement, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, négocie avec la Maison Blanche des arrangements qui permettraient de poursuivre les constructions dans les colonies sans se mettre à dos l'administration Trump.
Robert Serry, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix jusqu'en 2014, a estimé que la résolution arrivait "trop tard", à la fin du mandat d'Obama. Si son administration ne lui avait pas opposé un veto en 2012, elle aurait permis alors de faire pression sur Israël, a-t-il ajouté à l'AFP.
Alan Baker, ancien diplomate israélien de haut rang, estime que les actions menées par Israël ôtent sa pertinence à la résolution. "Obama était en fin de course et s'est dit qu'il pouvait se lâcher. Maintenant, ce sont ceux qui critiquent Israël qui doivent se retenir", affirme-t-il.
Le 24 mars, l'actuel envoyé de l'ONU au Moyen-Orient Nickolay Mladenov a accusé Israël de n'avoir pris "aucune mesure" pour se conformer à la résolution.
Mais l'annonce par Donald Trump de sa volonté de réduire la contribution américaine aux Nations unies limite la marge de manœuvre du secrétaire général de l'ONU Antonio Gutteres, estime M. Serry. "Cette situation peut porter atteinte au fonctionnement même des Nations unies", prévient-il.
Le vote de la résolution, même non appliquée, est malgré tout positif pour certains.
"Nous savions tous qu'elle n'aurait aucune conséquence concrète. Il s'agissait avant tout de marquer le coup", estime un diplomate européen.
"Désormais, nous n'avons plus à nous référer à des résolutions des années 1980 mais à quelque chose datant de 2016".

Syrie : L'astrophysicien Ali Sammuneh, de l'enfer d'Alep à l'Observatoire de Paris

Ali Sammuneh, un scientifique syrien d'Alep à l'observatoire de Paris le 23 mars 2017 (Afp)

Forcé de fuir "l'enfer" d'Alep, l'astrophysicien syrien Ali Sammuneh bénéficie d'un programme gouvernemental d'aide aux réfugiés à l'Observatoire de Paris, devenu "sa maison" où il tente "pour ses enfants" de se reconstruire une vie.
"J'ai été licencié en avril 2015, sans raison, juste parce que j'avais été désigné comme +opposant au régime+", explique l'ancien maître de conférences à l'université de génie civil d'Alep.
Privé de tous ses droits, de tout revenu et sachant "par expérience", que son licenciement serait suivi d'une arrestation, le scientifique de 44 ans décide de fuir le pays. "Je devais faire le choix de l’avenir et de la vie pour mes enfants", explique-t-il.
Pourtant en 2011, quand les manifestations pacifiques contre Bashar al-Assad ont gagné le pays, il y a cru. L'homme discret avoue s'être mis à rêver "d'un pays où les gens peuvent exprimer leurs idées, où le président n'est pas un dieu".
Mais dès 2014, ses espoirs sont douchés. "Au départ, c'était un combat du peuple syrien pour la démocratie puis les milices étrangères ont apporté leur combat, un combat contre le peuple syrien", regrette ce père de quatre enfants qui dit ne toujours pas comprendre que des "hommes aient détruit et laissé détruire une ville entière avec des femmes et des enfants".
"On ne savait même plus pourquoi les gens mourraient", raconte-t-il d'une voie calme, sans la moindre haine.
Une fois en Turquie, Ali Sammuneh appelle au secours son ami Florent Deleflie, un astronome français avec qui il avait fait son DEA à l'Observatoire de Paris en 1999, poussé par "leur profonde amitié", le respect mutuel qui les unissait.
"J’adhère pleinement aux valeurs que défend Ali, et il m’offre la possibilité de le montrer", explique Florent Deleflie qui décrit son ami comme étant "un exemple", souriant, plein d'humour et "très gourmand".
Ali Sammuneh se rappelle, ému, son arrivée à l'aéroport de Roissy avec sa femme et ses enfants. Florent Deleflie, "son ange gardien", et une autre collègue étaient là avec "du chocolat et des livres pour les enfants". "C'est un geste que je n'oublierai jamais". Une attention qui lui a permis de ne pas se sentir comme "Armstrong sur la lune".
Mais ce docteur en dynamique des systèmes gravitationnels, au français très riche, peine à trouver un emploi de chercheur même avec un DEA et une thèse faits en France.
La réputation d'un scientifique est fondée sur la publication de résultats importants et "on ne fait pas de recherche emprisonné dans une ville en guerre. En Syrie la recherche est au niveau 0".
Depuis mars et pour un an, Ali Sammuneh bénéficie du programme PAUSE mis en place par le gouvernement pour insérer des scientifiques réfugiés au sein des établissements français. "Avoir un travail m'aide à me reconstruire une vie".
Mais il regrette, que dans nos sociétés, on traite parfois les réfugiés "comme des terroristes, comme des étrangers qui ne sont pas désirables". "Cela complique notre vie, ici et ailleurs". Il voudrait de les gens comprennent que les Syriens qui prennent la route de l'exil y sont forcés.
"Ali a gardé son sourire généreux malgré tout ce qu’il a vécu", raconte son collègue de l'Observatoire de Paris. "Ma crainte aujourd’hui est que ce soit finalement l’état de la société française qui finisse par +abîmer+ sa famille", ajoute-t-il.
Le but ultime du Syrien reste de retourner dans son pays. "La Syrie, c'est comme ma mère, je ne peux pas la laisser tomber. Ce sera un devoir de la reconstruire".
Mais quand ? se demande-t-il. "Je ne vois que le chaos". Les Iraniens, les Turcs, les Russes ... ont-ils la volonté d'aider les Syriens a reconstruire leur pays ou "considèrent-ils mon pays comme un gâteau à se partager ?", s’interroge-t-il.

Maroc : Le Royaume chérifien lance la construction d'une centrale solaire photovoltaïque

Située à 20km de Ouarzazate, la centrale photovoltaïque Noor IV occupera une surface de 137 hectares avec une production de 72 mégawatts (Afp)

Le roi du Maroc Mohammed VI a lancé samedi dans le sud du pays la construction du dernier volet du projet Noor, l'une des plus grandes centrales solaires au monde.
Située à 20km de Ouarzazate, aux portes du désert, la centrale photovoltaïque Noor IV sera développée sur une surface de 137 hectares et aura une capacité de production de 72 mégawatts, a indiqué l'agence officielle MAP.
Cette production électrique correspond aux besoins énergétiques de 17.000 foyers.
Mobilisant un investissement de 750 millions de dirhams (70 millions d'euros), elle produira de l’énergie électrique directement à partir du rayonnement solaire capté par des cellules semi-conductrices.
Financée principalement par la banque allemande KfW Bankengruppe à hauteur de 659 millions de dirhams (61 millions d'euros), Noor IV entrera en service au premier trimestre de 2018, selon ses promoteurs.
Elle sera exploitée par un consortium entre l'Agence marocaine pour l'énergie solaire (Masen) et la société saoudienne Acwa Power, qui avait également remporté l'appel d'offres pour les autres phases du projet.
Le Maroc avait inauguré en février 2016 le projet Noor I, et lancé la construction des volets II et III de ce complexe scolaire, dont les travaux sont avancés à respectivement 76% et 74%, selon la MAP.
Le royaume avait accueilli en novembre de la même année la Conférence internationale sur le climat COP22.
Une fois finalisé, le complexe Noor aura une capacité de production de 582 mégawatts.
Dépourvu d'hydrocarbures, le Maroc a lancé un ambitieux plan de développement pour subvenir, à terme, à près de la moitié de ses besoins énergétiques par le biais des énergies renouvelables.

Égypte : Trump reçoit Sissi, changement de ton face au Caire

Le président égyptien Abdelfattah al-Sissi, au Caire, le 17 avril 2016 (Afp)

Le président américain Donald Trump accueille lundi son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec la volonté affichée de renforcer les liens et de mettre en sourdine les critiques sur les droits de l'homme de l'administration Obama.
Pour l'homme fort de l'Egypte, qui fut l'un des premiers à féliciter chaleureusement le républicain lors de sa victoire surprise, le tête-à-tête dans le Bureau ovale aura une saveur particulière; il n'avait jamais été invité à la Maison Blanche par son prédécesseur démocrate.
Le magnat de l'immobilier et l'ancien général, qui n'ont pas prévu de conférence de presse commune, s'étaient déjà rencontrés à New York en septembre, lorsque la campagne battait son plein.
Donald Trump n'avait alors pas tari d'éloges sur son interlocuteur: "C'est un type fantastique. Il a pris le contrôle de l'Egypte, vraiment pris le contrôle".
L'administration Trump loue aujourd'hui avec force celui qui dirige l'Egypte d'une main de fer, saluant ses "mesures courageuses" dans le domaine économique et dans la lutte contre le terrorisme.
La lutte contre Daesh, le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI), mais aussi la façon dont la Maison Blanche entend esquisser des propositions sur le conflit israélo-palestinien, devraient être au coeur des discussions.
Mais la rencontre donnera aussi de précieuses indications sur la façon dont le nouveau occupant de la Maison Blanche entend aborder la question des droits de l'homme avec des dirigeants montrés du doigt sur ce thème.
Son équipe a déjà donné une indication: ce sera de façon "privée et discrète". "Nous pensons que c'est la façon la plus efficace d'aborder ces sujets", a indiqué un responsable américain.
Cette approche a provoqué l'indignation des ONG de défense des droits de l'homme.
"Inviter M. Sissi pour une visite officielle à Washington au moment où des dizaines de milliers d'Egyptiens croupissent en prison et où la torture est de nouveau à l'ordre du jour est une étrange façon de bâtir une relation stratégique stable", a estimé Sarah Margon, responsable de Human Rights Watch dans la capitale fédérale américaine.
L'administration Obama avait gelé son aide militaire à l'Egypte en 2013 après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi et la répression sanglante de ses partisans.
Mais le rôle incontournable de l'Egypte, le plus peuplé et le mieux armé des pays arabes, avait poussé la Maison Blanche à infléchir sa position et à reprendre les livraisons d'armes lourdes en 2015.
Les Etats-Unis allouent chaque année environ 1,5 milliard de dollars d'aide à l'Egypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire.
La Maison Blanche, qui vient de lancer un débat budgétaire qui s'annonce houleux sur fond de réduction drastique de l'aide internationale, a promis de maintenir un niveau d'aide "fort" à l'Egypte. Mais ne s'est engagée sur aucun chiffre.
La nouvelle administration républicaine serait-elle prête à désigne la confrérie des Frères musulmans de Mohamed Morsi comme une "organisation terroriste" ?
"Le président souhaite entendre la position du président Sissi sur le sujet", a répondu, prudent, un haut responsable américain avant la visite. "Comme d'autres pays, nous avons des inquiétudes concernant diverses activités des Frères musulmans dans la région".

lundi 1 mai 2017

Israël/Palestine : Israël déclenche les critiques en approuvant la 1ère colonie depuis 1991

Des Palestiniens manifestent contre la création de colonies par Israël, le 31 mars 2017 près de Ramallah en Cisjordanie (Afp)

Israël a déclenché de vives critiques des Palestiniens et de la communauté internationale en approuvant jeudi soir la création d'une colonie en plein cœur de la Cisjordanie occupée, la première établie par un gouvernement israélien depuis plus 25 ans.
Le cabinet israélien est aussi passé outre aux appels récents de l'administration Trump à la retenue dans la colonisation.
Il s'agit de la première annonce par un gouvernement israélien d'une nouvelle colonie depuis 1991, a déploré la Paix maintenant, ONG israélienne opposée à la colonisation.
Cette colonie, surnommée Geulat Tzion, doit permettre de reloger une quarantaine de familles de la colonie d'Amona, démolie en février sur décision de la justice israélienne.
Amona a été à l'origine pendant des mois d'un psychodrame politique et humain. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, soumis à la pression du lobby des colons, avait redit jeudi, avant la réunion ministérielle, qu'il tiendrait la promesse de construire une nouvelle colonie pour ces quelque 200 à 300 Israéliens, malgré l'absence de précédent depuis un quart de siècle.
Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a accusé Israël de continuer "à détruire les perspectives de paix" en poursuivant "le vol de terres et de ressources naturelles". Hanane Achraoui, autre dirigeante de l'OLP, a dénoncé la persistance israélienne dans la politique "de colonialisme, d'apartheid et de nettoyage ethnique".
Israël est plus intéressé par les gages à donner aux colons que par la recherche de la paix, a-t-elle dit. "M. Netanyahu est l'otage des colons et place sa survie politique au-dessus des intérêts de l'Etat d'Israël", a abondé la Paix maintenant.
Le gouvernement de M. Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, fait la part belle aux défenseurs de la colonisation. Son ministre de l'Agriculture Uri Ariel a salué la décision du cabinet, tout comme Yesha, principale organisation représentant les colons de Cisjordanie.
Yesha a prévenu qu'il veillerait "très étroitement" à ce que le projet se concrétise.
Environ 400.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle avec 2,6 millions de Palestiniens en Cisjordanie, territoire censé entrer dans la formation d'un futur Etat palestinien qui se fait toujours attendre.
La colonisation est illégale au regard du droit international. "Alarmé", le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a répété que pour les Nations unies la colonisation constituait un "obstacle à la paix" entre Israéliens et Palestiniens. Il a condamné "toutes les actions unilatérales" qui "minent la solution à deux Etats", c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël, référence de la communauté internationale pour résoudre l'un des plus vieux conflits de la planète.
Paris a également dénoncé un "développement extrêmement préoccupant" qui "risque d'aggraver les tensions sur le terrain".
La nouvelle colonie sera construite dans le secteur de Shilo, une colonie existante située près de l'ancien site d'Amona.
La localisation est d'autant plus problématique qu'elle se situe en plein territoire palestinien, continuant avec d'autres implantations à fragmenter le territoire et à compromettre la viabilité d'un futur Etat palestinien, a noté la Paix maintenant.
Le gouvernement israélien a également approuvé la mise en vente de 2.000 logements dans des colonies de Cisjordanie, sur les 5.700 dont la construction avait été approuvée il y a deux mois.
Il a en outre évoqué l'appropriation prochaine par l'Etat de 97 hectares de terres, ce qui va permettre la reconnaissance a posteriori de trois colonies construites sans autorisation des autorités israéliennes, a rapporté la Paix maintenant.
Les décisions prises jeudi soir surviennent alors que le gouvernement israélien recherche avec la Maison Blanche un accord qui lui permettrait de continuer à construire dans les territoires et donc de satisfaire les avocats de la colonisation.
L'arrivée au pouvoir de Donald Trump, considéré comme plus favorable aux positions israéliennes que son prédécesseur Barack Obama, a déjà donné lieu de la part d'Israël à cinq annonces d'extension de colonies portant sur plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.
La Maison Blanche, qui a finalement appelé Israël à la retenue, cherche actuellement les moyens de relancer l'effort de paix moribond. Mais plusieurs commentateurs israéliens rapportaient qu'elle aurait consenti à la création d'une nouvelle colonie à la place d'Amona.

Israël/Palestine : Le Hamas rumine sa possible vengeance après la mort d'un de ses commandants

 Yahya Sinwar (2e à D), chef du Hamas à Gaza, tient dans ses bras le fils de Mazen Faqha, au côté d'Ismail Haniyeh (G), le 27 mars 2017 à Gaza (Afp)

Après avoir ouvertement accusé Israël d'avoir assassiné l'un de ses commandants militaires à Gaza, le Hamas palestinien ne semble guère avoir d'autre choix que de riposter, la question étant où et comment, selon des experts.
Répliquer depuis la bande de Gaza serait exposer à une nouvelle escalade l'enclave recluse où Mazen Faqha, un commandant du bras armé du Hamas, a succombé le 24 mars à une mystérieuse exécution, apparemment minutieusement préparée.
La bande de Gaza ne s'est toujours pas remise des trois guerres livrées avec Israël depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire il y a dix ans. Ni le Hamas ni Israël ne semblent trouver un intérêt pour le moment à une nouvelle confrontation majeure.
Reste au Hamas la possibilité de frapper en Cisjordanie, occupée par l'armée israélienne et séparée de la bande de Gaza par le territoire israélien, ou en Israël même.
Agé de 38 ans, M. Faqha a été abattu devant chez lui, de quatre balles à bout portant. Pour le Hamas, le professionnalisme de l'opération illustré par l'emploi d'un silencieux porte "la marque du Mossad", le renseignement israélien.
D'autres pistes sont plausibles, comme celle de luttes intestines au sein du Hamas, voire d'un règlement de compte de la part de salafistes rivaux du Hamas.
Cependant Israël fait un suspect évident. Il accusait Mazen Faqha d'être le cerveau de plusieurs attentats suicide meurtriers au cours de la deuxième Intifada (2000-2005). En agissant en pleine bande de Gaza, entièrement sous la coupe du Hamas et où aucun Israélien n'a intérêt à s'aventurer, Israël montrerait qu'il peut atteindre son ennemi n'importe où.
L'Etat hébreu observe un mutisme total. Il a éliminé par le passé plusieurs figures du Hamas: Yahya Ayyash, cheikh Ahmed Yassine (le fondateur du Hamas), Abdelaziz Rantissi ou Ahmed Jaabari. En décembre 2016, le Hamas imputait encore à Israël l'assassinat en Tunisie de Mohamed Zaouari, décrit comme un spécialiste des drones, abattu au volant de sa voiture.
Le Hamas a communément répondu par des tirs de roquettes. Cette fois cependant, la riposte se fait attendre, constate Moustapha al-Saouaf, ancien rédacteur en chef du journal Palestine, proche du Hamas. Le mouvement islamiste "laisse planer un flou total", provoquant "une véritable inquiétude d'Israël qui ne comprend pas ce que le Hamas veut et peut faire", poursuit-il.
Dans les rues de Gaza, le désir de vengeance est tangible et des posters géants en arabe et en hébreu montrant M. Faqha proclament: "On récolte ce que l'on sème".
Le mouvement islamiste s'est toutefois gardé de préciser ses intentions. Yahya Sinouar, élu récemment à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, est resté muet. Son ascension marque la montée en puissance des militaires face aux politiques au sein du Hamas.
Si c'est Israël qui a éliminé Mazen Faqha, son intention était-elle de délivrer un message au nouveau venu? Le Hamas dispose d'un éventail de moyens de rétorsion. Il peut provoquer "des affrontements directs, revenir aux attentats suicide ou tenter d'assassiner une personnalité politique ou militaire", avance M. Saouaf.
Sur les réseaux sociaux palestiniens circulent des vidéos montrant plusieurs responsables israéliens dans un viseur de fusil.
La réponse militaire viendra de Cisjordanie car elle est, avec le territoire israélien, "un front possible", affirme Hamza Abou Chanab, spécialiste des mouvements palestiniens. A la différence de Gaza où plus aucun Israélien n'entre depuis 2005, la lutte directe est possible en Cisjordanie, où vivent plus de 400.000 colons israéliens, note-t-il.
Le Hamas semble emprunter pour le moment "le modèle du Hezbollah: c'est lui qui choisit quand et comment il veut répondre à Israël", affirme Moukhaïmer Abou Saada, politologue gazaoui.
Côté israélien, les experts disent déceler de "nouvelles règles du jeu". Yossi Melman, spécialiste des questions de renseignement, estimait dans le quotidien Maariv que "si Israël est effectivement parvenu à assassiner un commandant du Hamas sans laisser de trace, cela signifierait qu'il a décidé d'opter pour une approche plus offensive".
Toutefois, en gardant le silence alors que par le passé il a revendiqué des assassinats ciblés, Israël "laisse au Hamas la possibilité de faire preuve de retenue", assure le quotidien Haaretz.

Tunisie : Déclaration de Tunis du Forum Arabe des Partis de Gauche en soutien à la cause palestinienne

Les parties du Forum Arabe des Parties de Gauche, réunis à Tunis à l’occasion de Huitième Conférence sous le thème « Palestine : Cent ans de résistance », et  après les débats autour des questions liées à la situation politique au niveau national et régional et ses répercussions sur le mouvement de la libération dans le monde arabe en général et sur l’avenir de la cause palestinienne, en particulier, s’adressent aux peuples arabes et aux forces progressistes et libres dans le monde par la déclaration suivante, réitérant que :
1)    La cause palestinienne a été et restera la cause principale du mouvement de libération dans le monde arabe, ce qui nécessitera que ses factions participent avec le peuple palestinien et ses forces démocrates nationales à la lutte par tous les moyens légitimes y compris la lutte armée contre la colonisation et les colonies et à la résistance aux projets de règlement  qui visent la violation des droits inaliénables et indivisibles  du peuple palestinien;
2)    Le projet sioniste constitue le fer de lance des projets impérialistes qui visent l’effritement  du monde arabe et l’atteinte à l’unité de ses peuples en attisant les conflits sectaires, tribaux et ethniques et en fondant et incitant les organisations terroristes obscurantistes.
3)    Nous nous opposons fermement à ce projet sioniste  par la mobilisation des forces populaires sur la base d’un programme de résistance nationale et sociale visant à empêcher  les régimes arabes de souscrire à cet agenda sioniste et aussi en contrant l’alternative du règlement.
4)    Nous soutiendrons les forces révolutionnaires dans le monde arabe tout en faisant face aux projets contre-révolutionnaires, œuvrant avec abnégation pour parachever les révolutions et soulèvements arabes en harmonie avec les idéaux sociaux et démocratiques que nous mettrons en œuvre.
5)    La lutte du mouvement de libération dans le monde arabe s’inscrit dans la lutte de tous les peuples du monde contre  les politiques impérialistes mondiales et à leur tête l’impérialisme américain, renouvelant la détermination de développer les relations de résistance avec les forces de liberté et progressistes dans le monde contre les politiques d’exploitation sur la base des classes, répression nationale, colonisation et racisme et guerres hostiles réactionnaires.
6)    Le Forum Arabe des Parties de Gauche rend un vibrant hommage aux martyrs des mouvements de libération arabes, leaders et militants, qui se sont scarifiés pour la libération de leurs pays et le progrès de leurs peuples tout en réitérant sa détermination à aller de l’avant dans sa lutte pour la réalisation des objectifs pour lesquels ils se sont sacrifiés. Le Forum tient aussi à rendre hommage aux prisonnières et aux prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes saluant le combat qu’ils ne cessent de mener sous la direction du camarade détenu Ahmed Sadaat, Secrétaire Général du front populaire pour la libération de la Palestine et ses camarades, leaders détenus à l’intérieur. Nous leur réitérons notre soutien inconditionnel, exhortant toutes les forces progressistes de liberté dans le monde d’exiger leur libération.

Les partis réunis lors du Forum de la gauche arabe se sont mis d’accord sur la publication d’un programme de lutte dont les principaux titres sont comme suit :
-    La considération de la journée du prisonnier palestinien comme une journée arabe de mobilisation et d’initiative tout azimut de lutte pour la libération des prisonniers
-    La publication du rapport rédigé par ESCWA sur les violations de droits de l’homme commises par le colonisateur sioniste en Palestine occupée.
-    La promotion et la généralisation du mouvement de boycott contre le colonisateur sioniste sur les plans politique, économique, culturel, sportif et académique, exhortant les instances internationales et partis politiques à soutenir cette stratégie de lutte.
-    La création d’un comité composé d’experts en droit de l’homme au sein du Forum de la Gauche Arabe chargé de préconiser et faire le plaidoyer de la cause palestinienne  au niveau juridique et politique au sein des instances et organisations juridiques internationales.
-    La considération de la journée du 15 mai (Journée de Nekba (setback) une journée arabe totalement dédiée au soutien de la cause palestinienne
-    La coordination des efforts avec les réseaux continentaux et internationaux, précisément avec le Forum de Sao Paulo et le Réseau Africain de Gauche.
-    La contribution et participation à la célébration du centenaire de la glorieuse Révolution d’octobre qui a dénoncé l’accord Sykes-Picot, procurant un nouvel élan aux mouvements de libérations arabes et internationaux.
-    Inscrire la cause palestinienne parmi dans les programmes de festivités et dans le cadre de la mobilisation des partis participants sur la base de la solidarité des nations contre l’impérialisme sioniste.
-    Appeler l’autorité palestinienne à mettre fin à toute initiative de coordination sécuritaire ou politique avec l’entité sioniste et à appuyer la lutte des palestiniens dans tous les territoires occupés, y compris les territoires de 48 qui sont soumis à des projets de délocalisation continue.

En conclusion, le Forum de Gauche Arabe appelle les forces progressistes palestiniennes à unifier leur rang autour d’une force nationale libérationniste de gauche palestinienne pour le triomphe de ses droits légitimes au retour dans tous les territoires dont ils ont été déportés, à la libération de sa patrie et à l’établissement de son état avec pour capitale Jérusalem.
Le Forum appelle à l’institutionnalisation de la rencontre de la gauche arabe et à son développement afin d’unifier toutes les forces de gauche révolutionnaires arabes sur la base de la lutte contre l’impérialisme et le sionisme ainsi que leurs représentants parmi les régimes réactionnaires arabes en vue de réaliser la libération nationale, l’unité arabe et pour que triomphe la démocratie et la justice sociale.

Israël/Palestine : Palestiniens et ONG dénoncent l'annonce d'une nouvelle colonie israélienne

 La colonie israélienne d'Amona en Cisjordanie occupée après son démantèlement, ici le 9 février 2017, le gouvernement a décidé qu'une nouvelle colonie serait érigée pour reloger ses anciens habitants (Afp)

Le cabinet israélien a donné son feu vert jeudi soir à la construction d'une nouvelle colonie malgré la réprobation internationale et l'appel de l'administration Trump à réfréner la colonisation.
Il s'agit de la première annonce par un gouvernement israélien d'une nouvelle colonie depuis 1991, donc avant les accords d'Oslo, en dehors de la reconnaissance rétroactive en 2012 de trois colonies existantes mais non reconnues pas Israël jusqu'alors, a affirmé dans un communiqué La Paix maintenant, ONG israélienne anticolonisation.
"Le Premier ministre (israélien) Benjamin Netanyahu et son gouvernement de coalition extrémiste et raciste persistent dans leurs politiques systématiques de colonialisme, d'apartheid et de nettoyage ethnique en affichant un mépris flagrant pour les droits de l'Homme, l'indépendance et la dignité des Palestiniens", a réagi dans un communiqué Hanane Achraoui, une des dirigeantes de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Israël est plus intéressé par les gages à donner aux colons que par la recherche de la paix, a-t-elle estimé.
"Netanyahu est l'otage des colons et place sa survie politique au-dessus des intérêts de l'Etat d'Israël. En cédant aux pressions des colons, Netanyahu conduit Israéliens et Palestiniens tout droit à une réalité à un seul Etat, synonyme d'apartheid", a déploré La Paix maintenant.
La nouvelle colonie approuvée jeudi soir doit permettre de reloger les habitants juifs d'Amona, une colonie de Cisjordanie occupée démolie en février sur décision de la justice israélienne.
Cette nouvelle colonie sera construite dans le secteur de Shilo, une colonie existante située près de l'ancien site d'Amona au nord de Ramallah, a précisé un communiqué du bureau du Premier ministre.
Le cabinet a également approuvé la mise en vente de 2.000 logements dans des colonies de Cisjordanie, sur les 5.700 logements dont la construction avait été approuvée il y a deux mois.

Syrie: Le départ de Bashar n'est plus une "priorité" pour les Etats-Unis

Portraits de Bashar al-Assad, le 3 janvier 2017, à Damas (Afp)

Les États-Unis ont reconnu ne plus faire du départ du président syrien une "priorité" et chercher une nouvelle stratégie dans le règlement du conflit en Syrie qui dure depuis six ans.
Washington avait déjà modéré par le passé son insistance à chasser Bashar al-Assad du pouvoir, mais cette prise de distance des États-Unis est désormais explicite.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a affirmé jeudi vouloir travailler avec des pays comme la Turquie et la Russie pour trouver une solution politique de long terme en Syrie, plutôt que de se focaliser sur le sort du président syrien.
"Il faut choisir ses batailles", a dit Nikki Haley à un groupe de journalistes à New York.
"Quand vous regardez la situation, il faut changer nos priorités, et notre priorité n'est plus de rester assis là, à nous concentrer pour faire partir Assad", a-t-elle ajouté.
Plus tôt dans la journée, le secrétaire d’État Rex Tillerson avait déjà signalé cette inflexion de la diplomatie américaine.
"Le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Ankara avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.
L'opposition syrienne, dont la coopération sera nécessaire à toute solution politique, a vigoureusement dénoncé cette prise de position.
"L'opposition n'acceptera jamais que Bashar al-Assad ait un rôle à aucun moment", a déclaré Monzer Makhos, un des porte-parole du Haut comité des négociations (HCN) qui rassemble des groupes clés de l'opposition syrienne. "Notre position ne va pas changer", a-t-il prévenu depuis Genève où se déroule depuis une semaine une cinquième série de négociations inter-syriennes sous l'égide de l'ONU.
Une autre porte-parole du HCN, Farah Atassi, a de son côté indiqué que l'opposition syrienne souhaitait que les États-Unis jouent un "plus grand rôle, et plus décisif" dans le dossier syrien.
L'administration de Barack Obama avait fait du départ de Bashar al-Assad un objectif clé de sa politique en Syrie. Le nouveau président Donald Trump a préféré mettre l'accent sur la lutte contre le groupe État islamique (EI).
La référence de Rex Tillerson au "choix du peuple syrien" est une expression utilisée de longue date par Moscou, dont l'administration Trump cherche à se rapprocher pour tenter d'obtenir le soutien de la Russie dans un règlement politique en Syrie.
"Notre priorité est vraiment de regarder comment on peut obtenir des résultats. Avec qui devons-nous travailler pour réellement faire une différence pour les gens en Syrie?", a indiqué Nikki Haley depuis le siège de la mission américaine auprès de l'ONU.
La diplomate a également affirmé ne pas vouloir se focaliser sur le sort de Bashar al-Assad "de la même façon que l'administration précédente".
Même si l'administration américaine veut minimiser cette inflexion, les experts voient dans ce changement de ton un virage important.
"Je crois que cette déclaration est importante, au moins parce que c’est la première quasi-officielle sur cette question, et à ce niveau de l’administration", a estimé Joseph Bahout, analyste à la fondation Carnegie.
Selon lui "les Russes doivent être assez contents" car la position exprimée par M. Tillerson rejoint la ligne défendue par Moscou, l'un des principaux alliés d'Assad.
"L'usage de l'expression +à long terme+ suggère que (le départ d'Assad) n'est plus sur l'agenda immédiat", a-t-il ajouté dans un entretien à l'AFP.
M. Tillerson doit se rendre à Moscou le mois prochain pour une rencontre avec des dirigeants russes.
Sa visite en Turquie était largement axée sur la Syrie, au lendemain de l'annonce par Ankara de la fin de son opération militaire lancée en août dans le nord de ce pays afin d'en chasser les jihadistes de l'EI et les milices kurdes syriennes.
La Turquie dénonce régulièrement le soutien apporté par Washington en Syrie aux milices kurdes des YPG dans la lutte contre l'EI. Ankara, qui appuie de son côté d'autres groupes armés sous la bannière de "l'Armée syrienne libre", considère les YPG comme un groupe terroriste émanant du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

Tunisie : Violence homophobe, des Tunisiens témoignent dans un film inédit

De jeunes Tunisiens témoignent, le plus souvent à visage découvert, des violences homophobes dont ils sont victimes "au pays de la démocratie naissante", dans un documentaire inédit réalisé par une ONG locale. (Afp)

De jeunes Tunisiens témoignent, le plus souvent à visage découvert, des violences homophobes dont ils sont victimes "au pays de la démocratie naissante", dans un documentaire inédit réalisé par une ONG locale.
En Tunisie, l'article 230 du code pénal punit la "sodomie" et le "lesbianisme" de trois ans de prison. Néanmoins, depuis la révolution et la libération de la parole qui en a résulté, la défense des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT), longtemps taboue, s'affiche peu à peu.
Le documentaire de 37 minutes publié mardi soir sur YouTube par l'ONG Shams débute ainsi par des slogans de la révolte de 2011: "Travail, liberté, dignité". Intitulé "Au pays de la démocratie naissante", en référence aux louanges ayant suivi le succès de la transition politique, il avait déjà été visionné plus de 5.700 fois jeudi.
Tout au long du film, de jeunes homosexuels rapportent les violences physiques et psychologiques dont ils sont l'objet. Parmi eux figurent deux des six étudiants de Kairouan (centre) condamnés fin 2015 à trois ans de prison et cinq ans d'interdiction de séjour dans cette ville pour "homosexualité".
Vivement dénoncé par des ONG internationales, ce jugement avait ensuite été ramené à un mois de prison en appel.
Dali et Haythem évoquent notamment le test anal subi peu après leur arrestation, menottés et immobilisés par des policiers. "Tu es comme un animal sur lequel on effectue des essais. (...) A ce point, tu perds ton humanité", dit le second.
Cet examen constitue "un acte de torture au regard des standards internationaux", affirme l'avocat Ghazi Mrabet.
L'attitude des médecins tout comme celle des autorités politiques, judiciaires et pénitentiaires est dénoncée par les intervenants. Un extrait d'un appel au meurtre lancé par un imam de Sfax (centre-est) est également inséré.
"L'article 230 est la honte de la loi tunisienne, son indignité", clame Bouhdid Belhedi, un responsable de Shams.
Rejetés par la société, des intervenants insistent sur leur situation de rupture avec les milieux familiaux, scolaires et professionnels. Certains, en détresse, s'interrogent sur un exil à l'étranger. "Je suis fatigué", conclut Badr, en pleurs.
Aucune abrogation de l'article 230 n'est à l'ordre du jour. Elle "n'aura pas lieu, je refuse cela", a déclaré en octobre 2015 le président Béji Caïd Essebsi lors d'un entretien avec une chaîne de télévision égyptienne.

Syrie : Plus de cinq millions de réfugiés syriens


Plus de cinq millions de Syriens, soit environ un quart de la population, sont devenus des réfugiés, a annoncé jeudi l'ONU, alors que des ONG exhortent de nouveau la communauté internationale à accroître son aide.
"C'est une étape importante", a résumé la porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) en commentant ce nombre record de réfugiés.
"Alors que le nombre d'hommes, de femmes et d'enfants ayant fui six années de guerre en Syrie a franchi la barre des 5 millions, la communauté internationale doit faire davantage pour les aider", a lancé le HCR.
La guerre en Syrie a déclenché la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale, avec plus de 320.000 morts en six ans et des millions de déplacés. Le pays comptait 22 millions d'habitants avant la guerre.
Malgré une baisse d'intensité des combats dans plusieurs régions, "la situation n'est pas encore assez sûre pour que les gens puissent retourner chez eux. Nous voyons encore chaque jour des gens être déracinés", a souligné à l'AFP Alun McDonald, le porte-parole régional de Save the Children.
Il a regretté que la communauté internationale, incapable de régler le conflit, a failli à augmenter son aide au fur et à mesure que la crise humanitaire s'aggravait, fermant au contraire de plus en plus les frontières, notamment en Europe.
Près de trois millions de Syriens sont réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10% d'entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu'une majorité vit dans les villes, dont plus de 500.000 à Istanbul.
Plus d'un million ont fui au Liban et 657.000 en Jordanie, mais les autorités d'Amman évaluent leur nombre à 1,3 million. Ils sont par ailleurs plus de 233.000 en Irak, plus de 120.000 en Egypte et près de 30.000 dans les pays d'Afrique du Nord, selon le HCR.
Dans un communiqué conjoint avec des organisations syriennes, l'organisation Oxfam a appelé jeudi à apporter plus d'aide aux pays voisins de la Syrie.
Sa directrice exécutive, Winnie Byanyima, a appelé "les pays riches à afficher leur soutien aux voisins de la Syrie qui ont accueilli ces réfugiés et à relocaliser au moins 10% des réfugiés syriens les plus vulnérables d'ici la fin 2017".
"Il s'agit d'une crise qui dure et les financements ne suivent pas", a déploré la porte-parole d'Oxfam à Beyrouth, Joëlle Bassoul, à l'AFP. "Avec moins de ressources, nous devons aider maintenant plus de personnes".
Les ONG et l'ONU mettent également régulièrement en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants.
"Un million d'enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés (...) et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération", a indiqué M. McDonald, de Save The Children.
Outre ces cinq millions de réfugiés, des millions d'autres Syriens sont déplacés dans leur propre pays.
La plupart ont été obligés de fuir les combats entre les différents acteurs en conflit, et d'autres ont été déplacés à l'issue d'accords en rebelles et régime. Plus de 30.000 personnes doivent ainsi être évacuées dans les prochains jours de quatre localités assiégées.
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie s'est progressivement complexifiée avec l'implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.
Aucune solution n'est en vue pour le conflit malgré plusieurs rounds de négociations indirectes entre régime et opposition sous l'égide de l'ONU, dont l'un est en cours actuellement à Genève.

Israël/Palestine : L’occupation n’a aucune place sur notre terre Communiqué du Mouvement du Jihad islamique en Palestine A l’occasion de la célébration de la « journée de la terre » Jeudi, 30 mars 2017

Communiqué du Mouvement du Jihad islamique en Palestine
A l’occasion de la célébration de la « journée de la terre »
Jeudi, 30 mars 2017


A l’occasion de cette journée, le Mouvement du Jihad Islamique en Palestine affirme que la bataille pour la défense de la terre ne s’arrêtera qu’après avoir récupéré toute parcelle de son sol, et que la résilience demeure  le principal état du peuple palestinien tout au long des phases du conflit en cours, jusqu’à la récupération de notre droit entier sur la Palestine.
La 41ème commémoration de la Journée de la terre est là, alors que le sang palestinien continue à couler, et que le peuple palestinien continue à défendre la sacralité de sa terre historique, face à toutes les tentatives d’affabulation et de falsification, qui furent et qui restent les principales justifications du vol et de la judaïsation de la terre.
Le 30 mars 1976, notre peuple de l’intérieur (Palestine occupée en 48) s’est soulevé contre les politiques et les décisions racistes de judaïsation. Ce faisant, il a inscrit dans l’histoire et la culture palestiniennes l’une des principales règles de la confrontation et de la lutte ouverte contre l’entité criminelle sioniste.
La bataille pour la terre se poursuit, au cours de laquelle le peuple palestinien, où qu’il se trouve, affirme son attachement à cette terre bénie, faisant fi des agressions, des menaces, de la puissance et de la guerre criminelle de l’occupation. Au cours de cette bataille, le peuple palestinien affirme les significations les plus grandioses de courage ,de sacrifice et de dévouement.
La journée de la terre est une journée de la recrudescence de l’affrontement avec l’ennemi spoliateur, et du refus de l’abandon de toute parcelle du sol de la patrie volée. Elle affirme que les projets de colonisation, quel que soit leur ampleur, ne donnent à l’ennemi de droit sur aucune partie de la terre bénie de la Palestine. L’occupation n’a aucune place sur notre terre, et nos mains atteindront ses soldats et ses colons, en les poursuivant et les empêchant de se stabiliser, jusqu’à leur retrait et leur défaite.
Toutes les tentatives de séparation politiqueou géographique, par des murs ou des blocs d’isolement, ne peuvent empêcher la réalisation de l’unité et la liaison de notre peuple. La politique de morcellement et de déchirement ne peuvent réussir, grâce à Dieu,  la journée de la terre reste une preuve vivante que notre peuple est soudé sous la bannière de la confrontation, jusqu’à la récupération de toute parcelle de cette terre.
Il n’y a pas de solution partielle, la Palestine est une terre unie, du nord au sud, et du fleuve à la mer, une seule patrie qui refuse d’être partagée ou divisée.
Le mouvement du Jihad islamique en Palestine salue nos masses résistantes dans al-Quds, en Cisjordanie, à Gaza, et dans notre terre occupée en 48, qui s’accrochent à leurs maisons et qui ont inscrit l’épopée de la journée de la terre, avec leur sang et leurs sacrifices, et qui continuent à défendre avec honneur et dignité la patrie et l’identité, et salue notre peuple fier et stoïque malgré les souffrances de l’expulsion et de l’exil.
Tout comme il salue notre peuple combattant , nos masses dans les exils et les lieux de refuge, tous les prisonniers, les blessés et les déportés et les résistants, et salue les familles des martyrs.

Israël/Palestine : Aux États-Unis, des juifs s'élèvent contre le lobby pro-israélien (Armin Arefi)

 Des centaines de juifs américains ont manifesté dimanche 26 mars à Washington pour dénoncer le soutien de l'AIPAC à l'occupation israélienne.

La politique de l'État d'Israël ne fait pas l'unanimité auprès de la communauté juive des États-Unis. Voilà l'un des enseignements inattendus de la conférence annuelle de l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), le puissant lobby pro-israélien aux États-Unis. Pendant que près de 18 000 personnes – un record – étaient réunies dimanche à l'intérieur du centre de convention de Washington pour appeler au soutien inconditionnel de l'État hébreu, des centaines de jeunes juifs américains étaient massés devant le bâtiment pour manifester leur refus de soutenir l'occupation israélienne en territoire palestinien.
« If not now, when ? (Si ce n'est pas maintenant, alors quand ?) », scandait une foule de manifestants en marchant vers le centre de conférence, en référence à la déclaration de Hillel Hazaken, dit Hillel l'Ancien, une des plus grandes figures du judaïsme. « Ce n'est pas parce qu'on est juif que notre soutien à Israël doit être inconditionnel », explique Yonah Lieberman, l'un des cofondateurs d'IfNotNow, un mouvement juif américain qui se dit apolitique et à l'origine du rassemblement. « La communauté juive américaine a un rôle-clé dans le soutien à l'occupation. Or celle-ci est un cauchemar pour les Palestiniens et un désastre moral tant pour ceux qui l'administrent que pour ceux qui la soutiennent. »
Jeunes et enjoués, les manifestants entonnent le refrain « nous construirons ce monde avec de l'amour » en faisant traverser des banderoles bleues censées rappeler la mer Rouge, franchie par Moïse et le peuple juif pour gagner sa liberté. Né à Tel-Aviv, Abraham Gutman est arrivé aux États-Unis à l'âge de 21 ans. « Je me sentais comme un étranger dans les milieux juifs américains, raconte-t-il. Les gens étaient tout excités à l'idée que je sois israélien, mais je les décevais en raison de mes idées politiques (opposées à celles de Netanyahu). »
Abraham Gutman, qui habite aujourd'hui à Philadelphie, n'aurait manqué ce rassemblement à Washington pour rien au monde. « Je manifeste, car l'AIPAC, une organisation de droite et de faucons, affirme parler au nom de tous les juifs. Or, en tant qu'Israélien, il était important à mes yeux de me soulever et de rejeter cette notion. Pour montrer qu'il y a des Israéliens et des juifs qui souhaitent un ordre différent, qui rejettent l'oppression et œuvrent pour la liberté et la dignité de tous. »
La police de Washington a laissé les manifestants accéder au perron de l'édifice, où plusieurs contestataires s'enchaînent devant les portes d'entrée en verre pour en bloquer l'accès. L'un d'entre eux brandit une pancarte sur laquelle est écrit « Réclamez, réinventez, résistez ». Ce sont les mots de Doña Gracia Nasi, qui a utilisé du XVIe siècle sa fortune pour sauver les juifs de l'Inquisition. Postés en direct sur les réseaux sociaux, les clichés sont accompagnés des hashtags JewishResistance (résistance juive) et ResistAIPAC (résistez à l'AIPAC).
Devant un tel spectacle, plusieurs militants de l'AIPAC s'arrêtent et prennent les manifestants en photo, qui leur répondent en les saluant de la main. Certains manifestants parviennent alors à pénétrer à l'intérieur du centre de conférence, où ils déploient deux grandes bannières appelant à rejeter l'AIPAC et l'occupation. Reconduits sans ménagement par l'équipe de sécurité, les protestataires entament alors le chant de paix juif « Lo Yisa Goy ».
Mais la situation s'envenime à l'extérieur, avec l'intervention d'une dizaine de membres de la Jewish Defense League (JDL, Ligue de défense juive). Portant des drapeaux de l'organisation fondée par le rabbin d'extrême droite Meir Kahane, les militants de la JDL s'en prennent, parfois violemment, aux manifestants, forçant la police à intervenir. « Ils sont venus pour nous menacer. Beaucoup d'entre eux avaient le visage couvert », raconte Abraham Gutman. « Et c'est là toute l'ironie. Rien dans le judaïsme ne peut justifier la violence contre un militant pacifiste. Pourtant, la JDL dit agir au nom du judaïsme. Et l'AIPAC affirme que je ne suis pas assez juif, car je ne soutiens pas l'oppression du peuple palestinien et que je critique Israël, qui est aussi mon pays de naissance ! Cela est insensé ! »
Dans le centre de convention, devant le vice-président américain Mike Pence, l'ambassadeur d'Israël aux États-Unis, Ron Dermer, se félicite que, « pour la première fois depuis de nombreuses années, peut-être des décennies, il n'y (ait) pas de décalage entre Israël et les États-Unis ». Depuis l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, perçu comme un fervent défenseur de l'État hébreu, la colonisation israélienne a, en effet, connu une soudaine accélération malgré l'adoption en décembre d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU rappelant son caractère illégal et appelant à y mettre un terme.
Au cours du seul mois de janvier, Israël a annoncé cinq extensions de colonies portant sur plus de 6 000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées. Le 6 février, le Parlement israélien a adopté une loi permettant la régularisation de « colonies sauvages » en Cisjordanie, pourtant illégales au regard du droit israélien. S'il est appliqué, ce texte annihilera définitivement sur le terrain tout espoir d'État palestinien. La nouvelle administration américaine a eu beau finir par exprimer son « inquiétude » quant à la poursuite de la colonisation, elle n'a toujours pas défini de position claire sur le sujet, d'autant que le négociateur de Donald Trump sur le Proche-Orient, Jason Greenblatt, ou le nouvel ambassadeur en Israël, David Friedman, sont d'ardents défenseurs de la colonisation.
Toujours officiellement favorable à la solution à deux États, mise à mal par la poursuite effrénée de la colonisation, l'AIPAC demeure murée dans le silence sur le sujet. Mais elle n'hésite pas à fustiger toute critique de la politique israélienne aux États-Unis, et offre l'image d'une organisation œuvrant davantage pour la droite, si ce n'est l'extrême droite, israélienne que pour les intérêts de la communauté juive américaine. Si des organisations juives de gauche, comme JStreet et désormais IfNotNow, ont vu le jour pour contrer la mainmise de l'AIPAC sur leur communauté, leur action reste limitée par rapport à la force de frappe tant financière que politique du principal lobby pro-israélien.
Une réalité qui ne semble pas entamer l'enthousiasme débordant de Yonah Lieberman, de IfNotNow, mouvement qui compte quelque 1 300 membres répartis sur 10 villes. « Il est vrai que nous sommes petits », admet-il. « Mais nous venons d'organiser la plus grande manifestation juive contre l'AIPAC de l'histoire ! Et, avec l'arrivée au pouvoir de Donald Trump et les cinquante ans de l'occupation, nous vivons un moment unique qui nous appelle à prendre des actions morales compatibles avec les valeurs juives de liberté et de dignité pour tous les peuples. » Et le jeune juif américain d'insister : « Il ne dépend que de nous de changer le statu quo. »

(30-03-2017 - Par Armin Arefi)

Israël/Palestine : Journée de la Terre

Le 19 février 1976, le gouvernement israélien annonça sa décision de confisquer 25 000 dunums de terre en Galilée. À la suite de cette décision, les Palestiniens vivant en Israël répliquèrent par la grève générale, suivant le mot d’ordre lancé par la Conférence Nationale pour la Défense des Terres Arabes (front constitué en septembre 1975, réunissant des villageois, maires et conseillers municipaux des principaux villages arabes, en Galilée et dans la région du Triangle, la seconde région de peuplement arabe en importance à l’intérieur d’Israël). En dépit des pressions, des menaces et d'une campagne hostile menée par la presse israélienne, la grève eut lieu le 30 mars. La présence de l'armée israélienne transforma la grève en manifestation, puis en révolte. En même temps, les Palestiniens de Cisjordanie et Gaza se mirent en grève, en solidarité avec leurs frères, citoyens d'Israël. Bilan de la journée : 6 morts, une centaine de blessés et des centaines d'arrestations. Cette logique de confiscation des terres a conduit progressivement les Palestiniens vivant en Israël à se découvrir, comme les autres Palestiniens, victimes du même processus de dépossession qui ne se poursuit pas seulement dans les Territoires occupés mais en Israël même, en Galilée et au Neguev.

1 dunum = 1 000 m2

Israël/Palestine : Omar Barghouti détenu depuis dimanche 19 mars 2017 par Israël

Le gouvernement israélien a trouvé un nouveau prétexte pour harceler et arrêter Omar Barghouti, l’un des principaux animateurs de la campagne BDS.
La "brigade financière" israélienne à fait incursion à son domicile dimanche matin, et l’a emmené avec sa femme Safar, pour des interrogatoires interminables.
Le harcèlement, les menaces, les refus de déplacements à l’étranger se poursuivent depuis des années à l’encontre de ce militant palestinien, qui a un statut de résident permanent en Israël, et qui réclame liberté, justice et égalité pour le peuple palestinien, et préconise à cet effet, la méthode du boycott utilisée par Ghandi et Mandela, qui fait si peur à Israël.
Ces différentes formes d’intimidation ayant échoué, Omar Barghouti est maintenant accusé d’avoir fraudé sur sa déclaration d’impôts, Israël prétendant qu’il aurait camouflé des revenus provenant de l’étranger (musique connue...).
Une accusation qui tombe à pic... Omar Barghouti étant invité à se rendre prochainement aux Etats-Unis pour y recevoir le "Prix Ghandi" en même temps que Ralph Nader, au cours d’une cérémonie à l’université de Yale.
"Quelles que soient les formes de répression d’Israël contre le mouvement BDS, elles ne peuvent arrêter la progression d’un tel mouvement pour les droits humains, qui grandit dans les coeurs et les conscience des peuples, qui choisissent de se placer du bon côté de l’histoire, c’est à dire contre un régime fanatique d’apartheid et d’occupation", commente le groupe de Palestiniens qui animent la campagne BDS.

Israël/Palestine : Exécutions sommaires et arrestations de militants BDS en Palestine occupée

 Omar Barghouti, l'un des fondateurs de la campagne Boycott, Sanctions et Désinvestissement – BDS - a été arrêté par les autorités d'occupation le 19 mars 2017.

Les informations venant de Palestine occupée concernant la répression des Palestiniens par l’armée israélienne sont nombreuses, mais il y en a deux qui nous interpellent particulièrement en tant que citoyens ivryens.
La première s’est déroulée dimanche 19 mars 2017, quand Omar Barghouti, l'un des fondateurs de la campagne Boycott, Sanctions et Désinvestissement – BDS - a été arrêté par les autorités d'occupation.
Rappelons que cette campagne BDS débutée en juillet 2005 et menée par 172 organisations palestiniennes pour l’application des droits des Palestiniens, porte maintenant largement ses fruits et Israël subit d’importantes pertes d’où la répression menée par cette entité coloniale.
La deuxième, le jeudi 23 mars 2017 quand un soldat de l'armée d’occupation israélienne du haut d'une tour de garde de la colonie de Beit El surplombant le camp de réfugiés de Jalazone a tiré sur une voiture entrant dans le camp au nord de Ramallah.
L'un des 4 jeunes Mohamad Mahmoud Hattab (17 ans) dans la voiture a été tué et les trois autres grièvement blessés. Il s'agit ni plus, ni moins d'une exécution comme beaucoup d'autres depuis des années.
Depuis le vote d’un voeu par la majorité municipale en faveur de la campagne BDS en octobre 2016, notre ville s'est déclarée solidaire des Palestiniens en lutte pour leurs droits et l'arrestation de Omar Barghouti ne doit pas nous laisser indifférent.
De plus, il se trouve qu'une convention de coopération et de solidarité lie notre ville Ivry avec le camp de réfugiés de Jalazone et le village de Jefna.
Il est un fait que depuis l’occupation de la Palestine par Israël en 1948, les crimes et la colonisation se déroulent sans que la communauté internationale ne sanctionne cet Etat colonial.
La solidarité envers les Palestiniens vivants sous occupation et d’autant plus importante car l’isolement dans lequel ils sont, réduit la Palestine à une prison à ciel ouvert.
Notre collectif « Ivryens pour la Palestine » continuera sa campagne à Ivry en faveur du Boycott d’Israël jusqu’à l’application des droits légitimes du peuple palestinien.

Collectif « Ivryens pour la Palestine »
Ivry, le 28 mars 2017

Israël/Palestine : Une Palestinienne auteur d'une attaque au couteau tuée à Jérusalem-Est

 Le corps d'une assaillante palestinienne est évacué, le 29 mars 2017 devant la porte de Damas, à l'entrée de la vieille ville de Jérusalem-Est (Afp)

Une Palestinienne, qui avait tenté d'attaquer au couteau mercredi des policiers israéliens, a été tuée par balles à une entrée de la vieille ville de Jérusalem-Est, a annoncé une porte-parole de la police.
Cette femme, qui sortait de la vieille ville de Jérusalem par la porte de Damas, s'est approchée de policiers et a sorti un couteau. Les policiers ont alors ouvert le feu dans sa direction, a ajouté la porte-parole.
Aucun policier n'a été blessé, selon elle.
Selon le ministère palestinien de la Santé, la Palestinienne tuée s'appelait Siham Nimr. Agée de 49 ans, elle était résidente du camp de réfugiés de Shouafat à Jérusalem-Est, occupée et annexée.
Des médias palestiniens ont précisé qu'elle était la mère de Mustafa Nimr, un Palestinien de 27 ans tué par la police israélienne en septembre dernier à Shouafat.
Dans un premier temps, la police l'avait présenté comme l'auteur d'une agression avant de reconnaître qu'il s'agissait d'une erreur.
Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël ont été le théâtre d'une vague de violences qui a coûté la vie à 258 Palestiniens, 40 Israéliens, deux Américains, un Jordanien, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre 2015, selon un décompte de l'AFP.
La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques anti-israéliennes, souvent commises à l'arme blanche par de jeunes gens isolés.
Les violences ont eu tendance à diminuer d'intensité ces derniers mois.
Le patron du Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, Nadav Argaman a toutefois estimé lundi que le "calme relatif actuel" en Cisjordanie occupée et en Israël était "trompeur".

Monde Arabe : En Jordanie, les dirigeants arabes appellent à l'unité

 Vue générale du sommet annuel des dirigeants arabes, le 29 mpars 2017 à Sweimeh, en Jordanie (Afp)

Les dirigeants arabes se sont retrouvés mercredi pour leur sommet annuel en cherchant à surmonter leurs divisions sur les nombreuses crises qui secouent le Moyen-Orient, notamment en Syrie et au Yémen.
"Nous devons prendre l'initiative pour trouver des solutions à tous les défis qui se posent à nous afin d'éviter les ingérences étrangères dans nos affaires", a lancé l'hôte de la réunion, le roi de Jordanie Abdallah II, en ouvrant les débats.
Mais les experts n'attendent pas de décisions fortes sur la Syrie comme sur les autres dossiers urgents alors que la Ligue arabe reste minée par les rivalités.
"Ce sommet ne sera pas différent des précédents. L'ordre (politique) dans le monde arabe est faible, divisé et souffre de dysfonctionnements depuis de longues années", a déclaré à l'AFP Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds pour les études politiques.
21 pays participent à ce 28e sommet ordinaire de la Ligue arabe, dont 15 sont représentés par leur président ou leur monarque, dont le roi Salmane d'Arabie Saoudite, poids lourd régional.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et son envoyé spécial pour la Syrie Staffan de Mistura sont présents à Sweimeh, de même que de hauts représentants américain, russe et européens.
M. Guterres avait appelé mardi, lors d'une visite dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie, les pays arabes à mettre leurs différends de côté pour faire face à la crise syrienne. "Lorsqu'ils sont divisés, cela permet à d'autres d'intervenir, de créer de l'instabilité, de favoriser les conflits et (la montée en puissance) des organisations terroristes", a-t-il affirmé.
Le grand absent du sommet est le président syrien Bachar al-Assad puisque son pays a perdu depuis 2011 son siège au sein de la Ligue arabe.
M. Guterres avait appelé mardi, lors d'une visite dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie, les pays arabes à mettre leurs différends de côté pour faire face à la crise syrienne. "Lorsqu'ils sont divisés, cela permet à d'autres d'intervenir, de créer de l'instabilité, de favoriser les conflits et (la montée en puissance) des organisations terroristes", a-t-il affirmé.
Mais le conflit en Syrie est plus que jamais au centre des préoccupations régionales, avec ceux du Yémen et de la Libye, la lutte contre les groupes jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique (EI), sans oublier l'insoluble conflit israélo-palestinien.
Abdallah II a déclaré espérer le succès des efforts pour conclure la paix en Syrie, "une paix qui garantirait l'intégrité territoriale de ce pays". Il a également exhorté "les pays arabes et musulmans à unifier leurs efforts pour combattre le terrorisme et l'extrémisme".
Un appel aux pays arabes à jouer un "rôle plus actif" en Syrie avait déjà été lancé lundi par le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit.
La Russie et l'Iran, alliés du régime de Bashar al-Assad, et la Turquie, soutien de la rébellion, ont pris la main dans le conflit syrien qui a fait plus de 320.000 morts et des millions de réfugiés. Or l'Iran est le principal rival régional de l'Arabie Saoudite qui soutient l'opposition syrienne.
Un cinquième round de négociations est organisé actuellement sous l'égide de l'ONU à Genève entre régime et opposition, mais sans avoir initié d'avancée notable.
L'année dernière, le Maroc avait renoncé à accueillir le sommet arabe en disant redouter "une fausse impression d'unité et de solidarité (...) dans un monde arabe qui traverse une période difficile". Le sommet s'était finalement tenu en Mauritanie.
La guerre au Yémen est aussi à l'ordre du jour alors que le conflit dans ce pays pauvre de la péninsule arabique a fait selon l'ONU au moins 7.700 morts depuis mars 2015 et l'intervention d'une coalition militaire arabe commandée par Ryad pour venir en aide au pouvoir face aux rebelles.
En marge du sommet, le président palestinien Mahmud Abbas a rencontré mardi soir l'envoyé de son homologue américain Donald Trump, Jason Greenblatt, à quelques jours de sa visite à Washington.
Alors que M. Trump a récemment semblé rompre avec la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien, M. Abbas entend obtenir un soutien arabe clair et uni, qu'il pourra faire valoir lors de ses discussions aux Etats-Unis. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est également attendu, le 3 avril, à Washington.
Par ailleurs, l'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a pressé la Jordanie d'arrêter le président soudanais Omar el-Béchir, qui participe au sommet. M. Béchir est visé par des mandats d'arrêt par la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse de génocide et crimes contre l'humanité pour son rôle présumé dans le conflit dans la région du Darfour.

Jordanie : Abbas rencontre l'émissaire de Trump avant le sommet arabe à Amman

Le président palestinien Mahmud Abbas (d) et Jason Greenblatt, représentant spécial américain en charge des négociations internationales, le 14 mars 201 à Ramallah (Afp)*

Le président palestinien Mahmud Abbas a rencontré mardi soir en Jordanie l'envoyé de Donald Trump à la veille du sommet annuel des dirigeants arabes, au cours duquel les Palestiniens entendent promouvoir leur cause.
Après ce sommet qui s'ouvre mercredi sur les bords de la mer Morte, M. Abbas doit se rendre à la Maison Blanche, de même que le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, a affirmé le président palestinien. "Toutes ces rencontres auront un impact positif sur la question palestinienne", a-t-il dit.
Jason Greenblatt, assistant de M. Trump et représentant spécial en charge des négociations internationales, a qualifié sur Twitter la rencontre de "très positive". Les deux hommes ont "poursuivi les discussions pour faire faire à la paix entre Israéliens et Palestiniens des progrès tangibles", a-t-il précisé.
Alors que M. Trump a récemment semblé rompre avec la solution à deux Etats, israélien et palestinien, les Palestiniens entendent obtenir un soutien arabe clair et uni, qu'ils pourront faire valoir à Washington.
La base sur laquelle s'appuie depuis 2002 la diplomatie arabe est l'initiative de paix arabe qui prévoit une reconnaissance d'Israël par l'ensemble des membres de la Ligue arabe en échange de la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967, c'est-à-dire la fin de l'occupation de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est.
Avant la réunion des chefs d'Etat, M. Abbas a assuré aux journalistes avoir obtenu des ministres arabes des Affaires étrangères "des décisions sur les droits des Palestiniens qui sont un message arabe uni adressé au monde entier". Ils ont notamment réaffirmé mardi leur soutien à la solution à deux Etats.
Interrogé sur une éventuelle demande américaine de retour à la table des négociations, M. Abbas, qui avait reçu mi-mars à Ramallah M. Greenblatt, a assuré que "personne ne nous a demandé jusqu'alors de reprendre les négociations avec Israël".
Il a de nouveau évoqué la question des colonies israéliennes en Territoires occupés --où vivent actuellement plus de 600.000 colons-- comme étant le principal obstacle à la paix. Vendredi, l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, avait estimé qu'Israël n'avait pris "aucune mesure" pour se conformer à la résolution de l'ONU adoptée fin décembre condamnant les colonies et dénoncée par l'administration Trump.
Un sondage publié mercredi indique que la part des juifs israéliens soutenant un retrait de la Cisjordanie est passée de 60% en 2005 à 36% en 2017.

Jordanie : Conflits et lutte antiterroriste au menu du sommet arabe

 Le roi d'Arabie Saoudite, le 27 mars 2017, en Jordanie (Afp)

Les dirigeants arabes se retrouvent mercredi en Jordanie pour leur sommet annuel, sur fond d'impuissance face aux multiples conflits et guerres dans leur région, principalement en Syrie.
Ce 28e sommet ordinaire des Etats membres de la Ligue arabe s'ouvre vers 11H00 locales (09H00 GMT) à Sweimeh, au bord de la mer Morte et 17 des 22 dirigeants arabes y prendront part, dont le roi Salmane d'Arabie Saoudite, poids lourd régional, selon le pays hôte.
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres y seront également présents.
A l'ordre du jour, les conflits en Syrie, au Yémen et en Libye, la lutte contre les groupes jihadistes Al-Qaïda et Etat islamique (EI) qui sévissent notamment en Syrie et en Irak, ainsi que l'insoluble conflit israélo-palestinien.
"Ce sommet ne sera pas différent des précédents. L'ordre (politique) dans le monde arabe est faible, divisé et souffre de dysfonctionnements depuis de longues années", a déclaré à l'AFP Oraib Rantawi, directeur du Centre Al-Quds pour les études politiques.
Il a dit ne pas s'attendre à des décisions surprise lors de ce sommet, alors que les membres de la Ligue arabe, minée par les divisions, ne parviennent pas à régler les conflits qui agitent le Moyen-Orient, surtout depuis le Printemps arabe.
Qualifiant la guerre en Syrie de "la plus grave crise de l'histoire récente de la région", le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a appelé lundi les Arabes à jouer un "rôle plus actif" dans la résolution de ce conflit.
La Russie et l'Iran, alliés du régime de Bashar al-Assad, et la Turquie, soutien de la rébellion, ont pris la main dans le conflit syrien qui a fait plus de 320.000 morts et des millions de réfugiés, et qui s'est complexifié avec l'implication des groupes jihadistes et d'acteurs régionaux et internationaux.
L'Iran est le principal rival régional de l'Arabie Saoudite qui soutient l'opposition syrienne. Un 5e round de négociations est organisé actuellement sous l'égide de l'ONU à Genève entre régime et opposition mais sans avancée notable.
Le régime syrien a perdu depuis 2011 son siège au sein de la Ligue arabe et la Syrie n'est pas représentée au sommet.
Pour sa part, Antonio Guterres, lors d'une visite dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari en Jordanie, a estimé mardi que les pays arabes devraient mettre leurs différends de côté pour faire face à la crise syrienne.
"Quand les pays arabes sont divisés, cela permet à d'autres d'intervenir, de créer de l'instabilité, de favoriser les conflits et (la montée en puissance) des organisations terroristes", a-t-il dit.
L'année dernière, le Maroc avait renoncé à accueillir le sommet arabe, en disant redouter "une fausse impression d'unité et de solidarité (...) dans un monde arabe qui traverse une période difficile". Le sommet s'était finalement tenu en Mauritanie.
Le roi Mohammed VI est attendu cette année en Jordanie, pour la première participation d'un souverain marocain à un sommet arabe depuis 2005, selon une source officielle jordanienne.
La guerre au Yémen sera aussi à l'ordre du jour alors que le conflit dans ce pays pauvre de la péninsule arabique a fait selon l'ONU quelque 7.700 morts depuis mars 2015 et l'intervention d'une coalition militaire arabe commandée par Ryad pour venir en aide au pouvoir face aux rebelles.
La crise en Libye, plongée dans le chaos à cause des rivalités et des combats entre factions rivales, sera également abordée par les dirigeants arabes.
Enfin, et malgré les protestations d'ONG, le président soudanais Omar el-Béchir participera au sommet de Jordanie où il est arrivé mardi soir. M. Béchir est visé par des mandats d'arrêt par la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse de génocide et crimes contre l'humanité pour son rôle présumé dans le conflit dans la région du Darfour.