mardi 31 mai 2016

République arabe sahraouie démocratique (RASD): Le Front Polisario annonce la mort de son chef Mohamed Abdelaziz

Le chef du Front Polisario qui lutte pour l'indépendance du Sahara occidental, Mohamed Abdelaziz, lors d'un entretien avec l'AFP à Madrid, le 14 novembre 2014 (Afp)

Le chef du Front Polisario qui lutte pour l'indépendance du Sahara Occidental, Mohamed Abdelaziz, est décédé des "suites d'une longue maladie", a annoncé mardi le mouvement indépendantiste cité par l'agence algérienne APS.
Mohamed Abdelaziz dirige depuis 1976 le Polisario, qui avait été fondé trois ans auparavant pour défendre l'indépendance de l'ancienne colonie espagnole, avec le soutien de l'Algérie. Le Maroc considère le Sahara Occidental comme partie intégrante de son territoire tandis que le Front Polisario revendique son indépendance.

Israël/Palestine : Les intentions de Netanyahu, diversion ou nouvelle chance pour la paix? (Afp)

Benjamin Netanyahu, désormais à la tête du gouvernement le plus à droite d'Israël, martèle sa volonté de paix avec les Palestiniens, laissant perplexe sur ses intentions: nouvel effort de solution négociée ou écran de fumée avant des semaines qui s'annoncent difficiles?
M. Netanyahu a achevé lundi l'accouchement dans la douleur d'un gouvernement élargi à l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, appelé en tant que nouveau ministre de Défense à superviser l'action de l'armée dans les Territoires palestiniens occupés.
MM. Netanyahu et Lieberman ont tout fait pour dissiper les interrogations devant le retour au gouvernement d'un homme connu pour ses diatribes antiarabes et son populisme belliqueux.
Ils ont solennellement affirmé leur engagement envers une "solution à deux Etats" - la création d'un Etat palestinien qui coexisterait en paix avec Israël, alors que les négociations de paix sont au point mort depuis 2014.
"Mon engagement à faire la paix avec les Palestiniens et avec tous nos voisins reste le même", a proclamé M. Netanyahu. Il a remis sur la table l'initiative de paix arabe en se disant "prêt à négocier" avec les Etats arabes ce plan endossé par la Ligue arabe en 2002, mais qui devrait être révisé pour prendre en compte les évolutions régionales depuis lors.
Ces propos ainsi que la référence à une déclaration inattendue du président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi appelant Israéliens et Palestiniens à se saisir d'une "réelle opportunité" pour mettre fin à leur conflit, ont suscité les conjectures: Israéliens, Egyptiens, Arabes et d'autres mènent-ils une entreprise discrète pour sortir de l'impasse ?
Des diplomates et experts ont dit à l'AFP ne pas avoir connaissance d'une telle initiative et se demandent si M. Netanyahu ne joue pas la montre.
Certains spéculent que la sortie de M. Sissi, à la tête du premier pays arabe à avoir fait la paix avec Israël en 1979, aurait été coordonnée pour convaincre les travaillistes israéliens au moment où ils négociaient leur entrée dans le gouvernement Netanyahu. Ces tractations ont capoté au profit de M. Lieberman.
"Au bureau du Premier ministre, on est inquiet", dit Jonathan Rynhold, du Centre Begin-Sadate pour les études stratégiques: de la possibilité qu'après des années à faire barrage, les Etats-Unis ne laissent passer une résolution de l'ONU défavorable à Israël; du risque que le président Barack Obama, dans ses derniers mois à la présidence, ne laisse libre cours aux frustrations causées par M. Netanyahu.
Inquiet aussi d'une initiative française visant à réunir une conférence internationale à laquelle M. Netanyahu est fermement opposé. La première étape vers cette conférence est prévue vendredi à Paris avec la réunion d'une vingtaine de parties impliquées.
"Il faut contrer tout ça du côté israélien en délivrant des signes de bonne volonté", dit M. Rynhold, "mais j'ai l'impression qu'aucun des deux (MM. Netanyahu et Lieberman) n'est très pressé d'aller de l'avant".
En ressortant l'initiative arabe, M. Netanyahu cherche à "contourner" l'initiative française, écrit le quotidien Jérusalem Post. "C'était comme s'il répondait à un appel vieux de 14 ans lancé par le monde arabe, mais entre amis/ennemis, 14 ans, qu'est-ce que c'est?"
Cette initiative arabe, "c'est une vieille idée", dit Robbie Sabel, ancien négociateur avec les Palestiniens, "la position israélienne a toujours consisté à dire: nous sommes prêts à en discuter, mais pas à l'accepter en tant que telle".
M. Sabel et un autre analyste, Shmuel Sandler, professeur à l'université de Bar Ilan, notent cependant que les discussions de paix menant à l'accord de paix historique entre Israël et l'Egypte avaient commencé dans un contexte de pressions américano-soviétiques.
"Il y a une opportunité", dit M. Sandler, d'autant que M. Netanyahu, avec une majorité élargie grâce à M. Lieberman, n'a plus "à se préoccuper d'élections pendant deux ans". "La question, c'est de savoir si l'autre partie va faire un pas en avant".
L'Autorité palestinienne n'en a pas donné l'air. "L'initiative arabe et la solution à deux Etats ne sont pas négociables", a répondu à M. Netanyahu, Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne.
"Si le gouvernement israélien est sérieux, il doit prendre des mesures sur le terrain pour prouver son engagement vis-à-vis de la solution à deux Etats et la première de ces mesures, c'est l'arrêt de la colonisation des Territoires palestiniens", a-t-il dit à l'AFP.

( 31-05-2016 - Afp)

Israël/Palestine : Le Hamas exécute trois condamnés à mort à Gaza

Trois hommes condamnés à la peine capitale ont été exécutés mardi dans la bande de Gaza, a indiqué le procureur général nommé par le Hamas, au pouvoir dans l'enclave palestinienne.
Les trois hommes, condamnés pour des crimes de droit commun, ont été exécutés à l'aube dans le secret, sans que le procureur Ismaïl Jaber ne précise de quelle manière.
Ce dernier avait récemment plaidé pour que les criminels de droit commun soient tués en place publique, un traitement habituellement réservé aux Palestiniens accusés d'avoir collaboré avec l'ennemi israélien.
Les trois hommes ont tous été condamnés pour meurtre et le Hamas faisait valoir que les familles de leurs victimes réclamaient l'exécution des sentences.
Plusieurs dirigeants du Hamas avaient récemment appelé les autorités judiciaires, aux mains du mouvement islamiste depuis sa prise de pouvoir par la force à Gaza en 2007, à exécuter treize hommes actuellement dans le couloir de la mort pour des crimes de droit commun.
Cet appel avait déclenché une levée de boucliers, des défenseurs des droits de l'Homme et des organisations internationales appelant le Hamas à renoncer à ces exécutions.
Mais le procureur a de nouveau laissé entendre mardi que d'autres exécutions pourraient suivre.
"Mettre à exécution toutes les décisions judiciaires est un devoir légal pour protéger la société", a prévenu son bureau dans un communiqué qui a défendu la légalité des condamnations, affirmant que "toutes les étapes juridiques" et les "garanties légales des accusés ont été respectées" lors de la procédure.

Tunisie : Le grand chantier des municipales (Benoît Delmas)

A voté. Et revotera ! Le Tunisien connaît désormais la date des élections municipales : 26 mars 2017. Depuis l'instauration de la démocratie, ce sera le quatrième scrutin libre, organisé par l'ISIE, la haute instance indépendante en charge des élections. Un vote qui pourrait bénéficier du facteur proximité. Et qui pourrait réconcilier les Tunisiens avec la vie politique. Sur huit millions en âge de voter, seuls cinq millions s'étaient inscrits sur les registres électoraux et trois millions seulement s'étaient rendus aux urnes pour les présidentielles de 2014.

Création de 85 nouvelles communes
3,5 millions de Tunisiens vivaient en dehors du milieu communal. Et ne disposaient pas des prestations dispensées par les mairies. Youssef Chahed, ministre des Affaires locales et étoile montante de la vie politique, a procédé à un maillage complet du territoire, créant 85 municipalités. Le pays en compte désormais 350. Le nouveau découpage territorial fait que tout Tunisien est rattaché à une mairie.

En finir avec le « Tout remonte à Tunis »
Un conflit au sein d'une école ? « Ça remonte à Tunis pour décision. » Une décision à prendre au sein d'un gouvernorat ? « Ça part à Tunis ! » Ce sont les ministres eux-mêmes qui se plaignent de devoir intervenir dans des dossiers qui relèvent « au mieux d'un sous-directeur régional » selon le ministre de l'Emploi. Conséquences, la taille des parapheurs ressemble au ventre d'un accordéon. Après discussions à l'ARP, les pouvoirs des municipalités devraient être élargis. À elles de régler un certain nombre de désagréments qui polluent la vie des Tunisiens. Constructions anarchiques, amoncellement des déchets, respect des règles de l'urbanisme, transparence de la gestion : les dossiers fourmillent. Le projet de loi organique sera examiné à l'ARP dès mardi. Selon le nombre d'habitants de la commune, le nombre de sièges du conseil oscillera entre dix et soixante.

Un pays démocratique qui se structure petit à petit
Au président de la République, les affaires étrangères. Au Premier ministre, la gouvernance du pays. À l'ARP (le parlement), les lois. Aux mairies, la gestion des problèmes quotidiens. Les différents échelons politiques seront en 2017 pourvus par des personnalités choisies par le peuple. La jeune démocratie tunisienne évoluera alors sur des bases légitimées par le vote.

Les forces politiques en présence
Deux partis s'affronteront, les deux alliés que sont Nidaa Tounes et Ennahda. Le parti de Rached Ghannouchi vient de procéder à sa refonte idéologique en séparant l'action politique de la prédication. Disposant d'un solide réseau de militants à travers tout le pays, il avancera en rangs serrés. Ce qui n'est pas le cas du parti fondé pour BCE. Des luttes intestines ont fait voler en éclats son groupe parlementaire. Son ancien secrétaire général, Mohsen Marzouk, a créé son propre bloc, Al-Horra, qui compte plus de vingt-cinq députés. Son Mouvement pour le projet de la Tunisie est actuellement en cours de structuration dans le pays. L'homme affiche une ligne anti-Ennahda. Quand Nidaa préconise la coalition afin de stabiliser le pays. Les militants de Nidaa Tounes sont pour le moins désarçonnés à neuf mois des élections. Du côté de l'extrême gauche, le Front populaire d'Hamma Hammami aura-t-il la capacité de se frayer un chemin ? Et de proposer une alternative économique, sociale, à l'échelle locale ? Cette élection dévoilera la physionomie politique du pays de façon très précise le 27 mars prochain.

Municipales 2017 : chiffres clés
350 communes éliront leurs maires. 8 millions de Tunisiens sont en âge de voter. Population de la Tunisie : 10,9 millions d'habitants.

Propos recueillis par  Benoît Delmas à Tunis.

lundi 30 mai 2016

Israël: L'ultranationaliste Lieberman investi ministre de la Défense par le Parlement

 Avigdor Lieberman au Parlement israélien, le 30 mai 2016 à Jérusalem (Afp)

L'ultranationaliste Avigdor Lieberman a été investi lundi par le Parlement israélien comme ministre de la Défense, un poste où il supervisera l'action dans les Territoires palestiniens et où il a promis de se montrer "raisonnable" après des années de rhétorique agressive.
La nomination du chef du parti Israel Beiteinou, ainsi que celle de Sofa Landver -membre du même parti- au poste de ministre de l'Intégration, a été approuvée par 55 voix (sur 120) contre 43 et une abstention, les autres députés n'ayant pas pris part au vote.

Syrie : Alep, la ville aux vitres brisées

Dans la ville syrienne d'Alep ravagée par la guerre, les habitants ne sont plus à l'abri des intempéries ou des regards indiscrets, les bombardements ayant brisé leurs vitres désormais remplacées par des bâches ou du plastique.
Dans la deuxième ville de Syrie, presqu'aucune fenêtre n'a été épargnée. Remplacer les vitres brisées est devenu un fardeau trop lourd pour les résidents comme pour les commerçants des deux côtés de cette métropole divisée depuis 2012 entre quartiers rebelles et prorégime.
"Toutes les vitres chez nous ont volé en éclats en raison des bombardements", raconte à l'AFP Ammar Wattar, un professeur d'anglais, en posant du plexiglas sur le cadre d'une fenêtre de son appartement à Midane, un quartier contrôlé par le régime de Bashar el-Assad.
"Nous les avons remplacées une première fois, puis une deuxième et une troisième fois. Par la suite, nous y avons renoncé", explique-t-il.
Une trêve dans cette guerre sanglante mise en place le 27 février a été violée à plusieurs reprises par les deux camps, le régime larguant des barils d'explosifs meurtriers sur les quartiers rebelles dans l'est d'Alep, et les insurgés ripostant avec de violents tirs de roquettes sur le secteur ouest.
Ceux qui ont la chance d'échapper à la mort sont toutefois menacés par les éclats des vitres brisées. "Ma fille a été blessée à la jambe par des fragments de verre lors d'un tir de roquettes", raconte Asra al-Masri, institutrice dans un quartier sous contrôle gouvernemental.
Du côté rebelle, Ali Makansi, 32 ans, était assis un jour dans son épicerie lorsqu'un tir au mortier a éventré le toit d'un immeuble proche.
"L'explosion était si puissante que toute l'embrasure de ma fenêtre s'est effondrée. J'ai eu une profonde blessure à la main droite. Il m'a fallu un an pour guérir", confie à l'AFP ce commerçant du quartier de Chaar.
Vu le rythme des bombardements qui se poursuivent dans la ville, "toutes les maisons et échoppes à Alep utilisent des bâches en nylon au lieu de vitres", assure-t-il.
"Le nylon ne blesse personne en cas d'explosion et en plus, il est bon marché," souligne-t-il, alors que l'ancienne capitale économique du pays connaît depuis plusieurs mois une flambée des prix et du chômage.
Avant le début de la guerre en Syrie en 2011, une plaque de verre coûtait 425 livres syriennes (63 centimes d'euro) contre 3.300 (5,4 euros) actuellement. Le mètre carré de nylon ne coûte lui que 500 livres au plus (80 centimes d'euro).
Dans de nombreux quartiers, on peut apercevoir des enfants se faufiler à travers des encadrements de portes couverts de rideaux de nylon.
Mais l'absence de vitres cause aux habitants son lot de nuisances, en plus des affres de la guerre.
"Les insectes, la poussière, la suie et l'odeur âcre des générateurs, portent non seulement atteinte à notre santé mais perturbent aussi nos enfants qui font leurs devoirs", déplore Asra.
Dans le quartier rebelle de Boustane al-Qasr, Mohammad Jokhdar, un enseignant d'arabe de 29 ans, se plaint du fait que le nylon "ne protège pas des intempéries". "Il y a des fuites et la maison est très bruyante. J'ai l'impression de vivre dans la rue".
Pour Oum Mohammad, mère de famille, l'absence de vraies fenêtres signifie que le privé n'a plus sa place dans la vie des Alépins.
Ses filles ne se changent plus dans leurs chambres mais "dans les couloirs à l'abri des regards des voisins", affirme cette femme de 52 ans.
Abou Omar qui habite le quartier rebelle de Tariq al-Bab, estime que les chats des rues constituent le principal problème.
"Ils déchirent le nylon et s'introduisent dans ma maison à la recherche de nourriture".

Bahreïn: 9 ans de prison en appel pour le chef de l'opposition chiite

 Un Bahraini tient un portrait d'Ali Salmane, leader d'opposition, à Manama le 29 mai 2016 (Afp)

Le chef de l'opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, jugé notamment pour incitation à la désobéissance, a été condamné en appel lundi à neuf ans de prison, une peine qualifiée "d'inacceptable et provocatrice" par son mouvement Al-Wafaq.
Al-Wefaq est le principal animateur de la contestation qui a débuté en février 2011 à Bahreïn où la majorité chiite réclame à la dynastie sunnite au pouvoir des réformes politiques et une vraie monarchie constitutionnelle.
La première Haute cour d'appel criminelle de Bahreïn a fortement alourdi lundi la peine de quatre ans de prison infligée à Ali Salmane en juin 2015 en première instance, selon une source judiciaire.
A l'époque, le juge n'avait pas retenu le chef d'accusation de complot contre le régime.
Mais cheikh Salmane avait été condamné pour avoir "incité publiquement à la haine contre les adeptes d'une confession", en référence aux sunnites, "incité à la désobéissance" et porté atteinte au ministère de l'Intérieur en qualifiant ses employés de "mercenaires", selon les autorités.
Al-Wefaq, le mouvement de cheikh Ali Salmane, a rapidement dénoncé le verdict en appel, le qualifiant "d'inacceptable et provocateur" dans un pays secoué par des troubles récurrents.
Ce verdict témoigne de "l'insistance du régime à ignorer les appels à une solution et à exacerber la crise politique à Bahreïn", a ajouté Al-Wefaq dans un communiqué.
L'arrestation fin décembre 2014 du leader chiite, âgé de 51 ans, avait provoqué des manifestations et avait été condamnée par des organisations de défense des droits de l'Homme.

Irak : Les forces spéciales entrent dans Falloujah

Les forces irakiennes sont entrées dans Falloujah, bastion du groupe terroriste Daesh autoproclamé État islamique (EI). La reprise de Falloujah est, avec celle de Mossoul et de Raqqa en Syrie, le grand objectif de la coalition internationale antijihadistes. Cet assaut ravive les craintes pour le sort de civils bloqués par les combats dans les deux pays. Falloujah est située dans la province occidentale d'Al-Anbar, à 50 kilomètres à l'ouest de Bagdad. Alors que l'ONU et les ONG s'inquiètent pour le sort des civils pris au piège de combats, quelque 50 000 habitants étaient bloqués à Falloujah, manquant de nourriture, d'eau potable et de médicaments.
En Irak, outre l'offensive sur Falloujah, Daesh fait face dans le Nord à un assaut des forces kurdes irakiennes soutenues par l'aviation de la coalition internationale menée par les États-Unis, qui lui ont repris des secteurs à l'est de la ville septentrionale de Mossoul, principal bastion djihadiste en Irak. Les forces d'élite ont dirigé les assauts sur plusieurs villes d'Irak reprises aux djihadistes ces deux dernières années.
À Mossoul, avant un éventuel assaut sur la ville même, les forces kurdes irakiennes ont lancé dimanche avant l'aube une offensive à une trentaine de kilomètres à l'est de la cité, afin d'« augmenter la pression sur l'EI », selon un communiqué militaire kurde. Par ailleurs, le négociateur en chef de l'opposition syrienne, Mohammed Allouche, a annoncé sa démission, invoquant l'échec des négociations et la poursuite des bombardements des forces du tyran Bashar el-Assad sur les zones rebelles.

Syrie: Démission du négociateur en chef de l'opposition aux pourparlers de paix

Le négociateur en chef de l'opposition syrienne, Mohammed Allouche, à Genève le 19 avril 2016 (Afp)

Le négociateur en chef de l'opposition syrienne, Mohammed Allouche, a annoncé dimanche soir sa démission, invoquant l'échec des négociations et la poursuite des bombardements du régime de Bashar al-Assad sur les zones rebelles.
Sa démission intervient trois jours après que l'émissaire de l'ONU en Syrie Staffan de Mistura ait indiqué au Conseil de sécurité qu'il n'envisageait pas de nouveaux pourparlers de paix concernant la Syrie "avant deux ou trois semaines".
"Les trois rounds de négociations (à Genève sous l'égide de l'ONU, ndlr) ont été sans succès en raison de l'entêtement du régime, la poursuite de ses bombardements et son agression contre le peuple syrien", a affirmé M. Allouche dans un communiqué publié sur son compte Twitter tard en soirée.
Il a également dénoncé "l'incapacité de la communauté internationale à faire appliquer ses résolutions notamment en ce qui concerne le côté humanitaire, la levée des sièges, l'entrée des aides, la libération des prisonniers et le respect de la trêve".
Il faisait référence à l'accord russo-américain sur une cessation des hostilités entre régime et rebelles entré en vigueur le 27 février mais violé depuis à plusieurs reprises.
"Les négociations sans fin portent atteinte au sort du peuple, j'annonce donc mon retrait de la délégation et la remise de ma démission" au Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, a-t-il ajouté.
M. Allouche dirige le mouvement armé d'inspiration salafiste Jaich al-Islam (L'armée de l'Islam), un des plus influents mouvements rebelles en Syrie et qui fait partie de la centaine de groupes insurgés ayant approuvé la trêve du 27 février.
"Je proteste contre la communauté internationale, en espérant qu'elle prenne au sérieux le sang des Syriens qui est versé en raison du régime et de ses alliés", a-t-il poursuivi dans le communiqué, en référence notamment à la Russie et l'Iran.
Les bombardements mutuels se poursuivent par intermittence dans des villes comme la métropole d'Alep, et près de Damas. Et le régime syrien refuse de faire rentrer de l'aide humanitaire dans des villes comme Daraya, assiégée depuis 2012.
Des diplomates avaient déjà estimé qu'il y avait peu de chances que l'opposition syrienne revienne à la table des négociations si la trêve n'était pas mieux respectée et si l'aide humanitaire restait bloquée, notamment dans des villes assiégées.
Les négociations indirectes, dont trois rounds se sont tenues cette année à Genève et qui sont censés trouver une issue à la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans, ont notamment buté sur la question cruciale du sort du tyran Bashar, dont le départ est la principale revendication de l'opposition.
Le dernier round, en avril, avait été interrompu après le retrait de la délégation des rebelles. Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas en mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 280.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.

samedi 28 mai 2016

Israël/Palestine : Enterrement d'Abdel Fattah al-Chérif achevé par un soldat franco-israélien

Des dizaines de Palestiniens ont enterré samedi en Cisjordanie occupée Abdel Fattah al-Chérif, sa famille plaidant pour "une sentence juste" contre le soldat accusé de lui avoir tiré une balle dans la tête fin mars alors qu'il ne posait apparemment plus de danger.
Après avoir gardé son corps pendant deux mois, les autorités israéliennes l'ont rendu vendredi soir à sa famille à Hébron, dans le sud du territoire palestinien, occupé depuis près d'un demi-siècle par Israël.
Des dizaines de personnes ont accompagné sa dépouille jusqu'au cimetière, tandis que son père Yousri al-Chérif disait espérer "une sentence juste" à l'encontre du soldat.
"De la même façon qu'ils jugent les Palestiniens, (les Israéliens) doivent juger les leurs. Imaginons que ce soit le contraire: qu'un Palestinien ait tué quelqu'un, ils le condamneraient à la perpétuité. Il faut que ce soit la même chose dans l'autre sens", a-t-il affirmé à l'AFP.
Le sergent Elor Azaria, Franco-Israélien de 19 ans, est accusé d'avoir achevé le 24 mars Abdel Fattah al-Chérif, 21 ans, alors qu'il gisait dans son sang atteint par des balles israéliennes, à quelques mètres du corps de son complice d'attaque présumée au couteau, apparemment déjà mort.
Depuis début mai, il comparaît devant un tribunal militaire israélien pour homicide, les charges plus graves d'assassinat n'ayant pas été retenues. Son cas, l'un des plus flagrants d'usage excessif de la force dont sont constamment accusées les forces israéliennes vis-à-vis des Palestiniens, divise profondément l'opinion israélienne.
Les appels à la plus grande fermeté se sont multipliés face à la récente vague d'attaques, majoritairement au couteau, menées par des Palestiniens isolés s'en prenant à des militaires ou des civils israéliens. L'une des mesures de rétorsion adoptée par les autorités israéliennes a été la confiscation des corps.
Celui d'Abdel Fattah al-Chérif est ainsi resté deux mois dans une morgue israélienne. "A chaque minute, je me disais qu'on pouvait m'appeler pour me le rendre", raconte sa mère Raja al-Chérif à l'AFP.
"Ils nous ont contacté en nous proposant de nous le rendre sous certaines conditions, nous avons refusé. Nous voulions le récupérer sans conditions et l'enterrer comme n'importe quel martyr", renchérit son mari.

Moyen-Orient : Craintes pour les civils pris au piège des combats en Syrie et en Irak

Des familles irakiennes près du village d'al-Sejar après avoir fui les combats le 27 mai 2016 à Fallouja (Afp)

Des dizaines de milliers de civils étaient pris au piège des combats samedi dans des régions de Syrie et d'Irak, des ONG et des militants tirant la sonnette d'alarme et appelant la communauté internationale à agir d'urgence.
Dans la province syrienne d'Alep, près de la frontière turque, des déplacés, au nombre de quelque 165 000 selon l'ONU, sont menacés par une offensive du groupe Daesh autoproclamé Etat islamique (EI) qui a réussi à progresser et à s'emparer de localités rebelles.
Cette avancée de Daesh intervient alors que le groupe terroriste est la cible depuis mardi d'une offensive des forces arabo-kurdes appuyées par les Etats-Unis dans la province voisine syrienne de Raqa, où les civils cherchent eux aussi à se rendre dans des lieux sûrs.
De l'autre côté de la frontière, en Irak, des dizaines de milliers de civils sont coincés dans la ville de Fallouja contrôlée par l'EI, que les forces irakiennes, avec l'appui aérien crucial des Etats-Unis, cherchent à reprendre depuis lundi.
Dans ce contexte de violence accrue, le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), les ONG Human Rights Watch et Médecins sans Frontières, ainsi que l'opposition et les militants syriens ont exprimé leurs craintes notamment pour les déplacés dans la région d'Azaz, dans le nord de la province d'Alep.
C'est cette ville ainsi que celle proche de Marea que Daesh veut prendre aux rebelles syriens. Les jihadistes sont déjà parvenus aux abords de Marea, à 30 km au sud-est d'Azaz, où les violents combats se poursuivent, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Ils y sont arrivés à bord de chars", a dit à l'AFP le militant Maamoun Khateeb opposé au régime de Bashar al-Assad. Quinze mille habitants y résident encore.
"La situation dans les camps des déplacés dans Azaz est très mauvaise. Leurs souffrances ne cesseront pas tant que la frontière turque restera fermée et que les combats auront lieu à proximité", a-t-il poursuivi.
Le HCR s'est déclaré inquiet pour "les milliers de civils vulnérables affectés par les combats" en mentionnant les 165.000 déplacés d'Azaz. Il a dit avoir alerté les autorités turques, qui refusent depuis des mois d'ouvrir la frontière, sur leur situation et souligné leur droit à "un passage sûr".
La province d'Alep est morcelée entre les différents protagonistes de la guerre en Syrie, avec des régions contrôlées par le régime, d'autres par les rebelles syriens ou encore par Daesh ou par les jihadistes rivaux du Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda).
Les grandes puissances, la Russie et les Etats-Unis, sont elles aussi impliquées dans le conflit, la première combattant au côté du régime syrien et les seconds aidant avec leur aviation et expertise les rebelles syriens dits "modérés" et les forces kurdes.
Au cinquième jour de l'offensive lancée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) pour déloger Daesh du nord de la province de Raqa, la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a mené des raids sur les positions jihadistes, selon l'OSDH qui a fait état de 45 jihadistes tués depuis mardi.
Les FDS, selon l'OSDH, ont pris quelques villages mais n'ont pas enregistré "d'avancée stratégique" face à l'EI, un groupe responsable de terribles exactions dans les régions sous son contrôle en Syrie et en Irak, et d'attentats meurtriers au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe.
Dans les régions sous son contrôle dans la province de Raqa, dont le chef-lieu éponyme, Daesh interdit aux civils de partir, et depuis la dernière offensive il a renforcé ces restrictions. Mais des civils ont tenté de fuir à travers le désert en payant des passeurs.
"La violence, la peur et le dénuement forcent les Syriens à faire des choix impossibles", a déploré le patron des opérations humanitaires Stephen O'Brien, alors que le conflit en Syrie a fait plus de 280.000 morts et jeté hors de leurs foyers des millions de personnes depuis 2011.
Face à l'aide fournie au sol -entraînement et expertise- aux forces kurdes par les forces américaines dans le nord syrien, la Turquie est revenue à la charge en condamnant ce soutien à des combattants qu'elle considère comme "terroristes". Le président Recep Tayyip Erdogan a aussi accusé les Etats-Unis de manquer d'"honnêteté".
En Irak voisin, la situation dans Fallouja, à 50 km à l'ouest de Bagdad, "devient plus critique chaque jour" pour les civils, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés pour l'Irak.
Les habitants de "quartiers entiers ont été déplacés dans la zone même des combats sans aucune issue sûre pour s'échapper", a-t-il ajouté, après la fuite de centaines de civiles des zones périphériques.
L'ONU a jugé dramatiques les conditions des quelque 50.000 civils coincés à Fallouja, qui manquent de nourriture, d'eau potable et de médicaments.

Irak : Le commandant de Daesh à Fallouja tué par une frappe aérienne

Le chef des combattants du groupe terroriste Daesh autoproclamé État islamique (EI) à Fallouja a été tué par une frappe aérienne, en pleine offensive des forces irakiennes pour reprendre la ville aux djihadistes, a annoncé un porte-parole de la coalition anti-Daesh. « Nous avons tué plus de 70 combattants ennemis, y compris Maher Al-Bilawi, qui était le commandant des forces de l'EI à Fallouja », a déclaré le colonel américain Steve Warren, indiquant que la coalition menée par Washington avait mené plus de 20 bombardements par air et avec de l'artillerie ces 4 derniers jours.

« Ceci ne va bien entendu pas pousser complètement l'ennemi à abandonner le combat, mais c'est un coup. Ça crée de la confusion et pousse son numéro deux à gravir un échelon. Cela force les autres dirigeants à revoir leurs positions », a-t-il ajouté. Les forces irakiennes ont lancé lundi une opération d'envergure pour reprendre cette ville située à 50 kilomètres à l'ouest de la capitale irakienne et contrôlée par Daesh depuis janvier 2014.

Entre 500 et 1 000 combattants de Daesh tiennent Fallouja, où 50 000 civils vivent encore. Les djihadistes interdisent aux habitants de fuir, mais plusieurs centaines sont parvenus à quitter la ville vendredi avec l'aide des forces gouvernementales, selon des responsables locaux. L'ONU avait indiqué jeudi que 800 personnes avaient réussi à fuir Fallouja depuis le début de l'offensive. Des avions américains ont largué des prospectus enjoignant aux habitants de fuir les zones contrôlées par l'EI, selon le colonel Steve Warren. « Ces prospectus conseillent à ceux qui ne peuvent pas partir de mettre des draps blancs sur leurs toits pour indiquer leurs positions. L'armée irakienne travaille dur pour dégager des voies d'évacuations », a poursuivi Steve Warren. Le gouvernement local de la province d'Al-Anbar, dont fait partie Fallouja, « a monté des camps pour accueillir les civils déplacés », a-t-il précisé.

vendredi 27 mai 2016

Arabie Saoudite: Amnesty dénonce la "hausse spectaculaire" des exécutions

Amnesty International a mis en garde vendredi contre la hausse du nombre d'exécutions en Arabie Saoudite, où près de 100 personnes ont été mises à mort depuis le début de l'année.
Au moins 94 personnes ont déjà été exécutées en 2016, un chiffre "supérieur à celui de l'an dernier à la même période", a souligné l'ONG basée à Londres.
Si les exécutions se poursuivent au même rythme, "l'Arabie Saoudite aura mis à mort plus de 100 personnes au cours des six premiers mois de cette année", a prévenu l'organisation de défense des droits de l'Homme.
"Les exécutions en Arabie saoudite augmentent de façon spectaculaire depuis deux ans et cette tendance épouvantable ne montre aucun signe de ralentissement", a déclaré James Lynch, directeur adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.
"Il est tout à fait courant d'être condamné à mort (en Arabie Saoudite) après des procès extrêmement inéquitables", a regretté M. Lynch, parlant de "défauts omniprésents" dans le système judiciaire du royaume.
Le 2 janvier, 47 personnes avaient été exécutées en une seule journée pour "terrorisme", notamment le dignitaire et opposant chiite saoudien Nimr al-Nimr, dont la mise à mort a provoqué une crise diplomatique avec l'Iran.
Son neveu, Ali al-Nimr, arrêté alors qu'il était encore mineur, est actuellement dans le couloir de la mort. M. Lynch a exhorté les autorités saoudiennes à "annuler sa condamnation et ordonner un nouveau procès immédiatement dans une procédure conforme aux normes internationales (...), sans recours à la peine de mort."
"Les autorités saoudiennes doivent mettre fin à leur dépendance envers cette peine cruelle et inhumaine et établir un moratoire officiel sur les exécutions", a encore demandé M. Lynch.
En 2015, 153 personnes avaient été exécutées en Arabie Saoudite, un niveau inégalé depuis 20 ans dans ce royaume régi par une interprétation rigoriste de la loi islamique.
Les autorités saoudiennes invoquent la dissuasion pour justifier la peine de mort, appliquée dans des affaires de terrorisme, de meurtre, de viol, de vol à main armée et de trafic de drogue.

Israël: Avi Gabay démissionne du gouvernement remanié

Le ministre israélien de l'Environnement Avi Gabay a démissionné vendredi pour protester contre la prochaine entrée au gouvernement de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, nommé à la tête du ministère de la Défense.
Gabay, membre du parti de centre-droit Koulanou, a qualifié le gouvernement remanié "d'extrémiste".
Sa démission reflète les dissensions au sein du cabinet de Benjamin Netanyahu mais n'aura pas d'impact sur la majorité parlementaire de la coalition de droite, Gabay n'étant pas député.
Gabay s'est dit "incapable d'avaler" la décision du Premier ministre israélien de donner à Lieberman le portefeuille de la Défense, jusqu'alors aux mains de Moshé Yaalon, du Likoud, le parti de droite de Netanyahu.
"Je ne peux pas accepter le départ de Yaalon, un ministre de la Défense professionnel", qui a dénoncé une tendance grandissante vers l'extrémisme au sein du Likoud et d'Israël en général, a affirmé vendredi Gabay.
"Le pays a le droit d'avoir un gouvernement de droite mais je ne crois pas qu'il soit juste de former un gouvernement extrémiste", a-t-il ajouté.
"Les événements politiques récents et le changement de ministre de la Défense sont pour moi des événements graves qui font fi de ce qui est important pour la sécurité de l'Etat et vont exacerber un peu plus l'extrémisme dans la société", a-t-il encore estimé.
Après une semaine de laborieuses discussions, Netanyahu avait conclu mercredi un accord sur l'entrée dans son gouvernement de Lieberman, qui a promis de se montrer "responsable" face aux interrogations sur un durcissement de la politique vis-à-vis des Palestiniens.
Lieberman doit être investi la semaine prochaine à la tête du ministère de la Défense, qui supervise les Territoires palestiniens occupés.
Un autre membre de sa formation Israël Beiteinou, Sofa Landver, deviendra ministre de l'Intégration.
Le remaniement porte de 61 voix à 66 la majorité de Netanyahu au Parlement, où siègent 120 élus.
Il fait de ce gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël selon les commentateurs.
Mercredi, les Etats-Unis ont exprimé, de manière exceptionnelle, une inquiétude quant à la politique à venir d'Israël à l'égard des Palestiniens.
"Nous savons aussi que beaucoup de ses ministres ont dit qu'ils s'opposaient à la solution à deux Etats. Cela soulève des interrogations légitimes sur la direction que (le gouvernement) pourrait prendre", a réagi le porte-parole du département d'Etat Mark Toner.

jeudi 26 mai 2016

Israël : L'Etat hébreu s'ancre à l'extrême droite

« Il s'agirait de la coalition la plus à droite d'Israël. » Le constat est d'autant plus alarmant qu'il émane de Washington, l'allié indéfectible. Dans un communiqué, le département d'État exprime ses « interrogations légitimes sur la direction que [le gouvernement israélien, NDLR] pourrait prendre et quel genre de politiques il pourrait adopter ». Autrement dit, les États-Unis ne cachent pas leur inquiétude face à l'inexorable droitisation d'Israël.
Pour pallier la démission fracassante du ministre de la Défense, Moshe Yaalon (Likoud, droite nationaliste), qui s'était alarmé de la mainmise d'« extrémistes » à la tête du pays, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a désigné Avigdor Lieberman, qui n'est autre que le chef du parti d'extrême droite Israël Beiteinou (« Israël notre maison »).
« Depuis sa victoire aux élections législatives de 2015, Benjamin Netanyahu ne disposait que d'une coalition extrêmement étroite, avec 61 sièges à la Knesset sur 120 députés. Ainsi, pendant un an, il n'a pu faire passer beaucoup de lois, notamment en raison de défections au sein de sa majorité », rappelle Ilan Greilsammer, professeur de sciences politiques à l'université Bar-Ilan à Tel Aviv. « Étant avant tout un pragmatique, le Premier ministre cherchait depuis longtemps à élargir sa coalition. En faisant entrer cinq élus d'Israël Beiteinou en son sein, il possède désormais 66 sièges et s'offre une majorité plus stable. »
Problème, Avigdor Lieberman, l'homme désormais aux commandes du ministère le plus important d'Israël, ne possède aucune expérience sur le plan militaire, et demeure, qui plus est, résolument anti-arabe. Après avoir qualifié en 2014 le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas de « terroriste diplomate », il a déclaré l'année suivante que les citoyens arabes d'Israël qui se montraient déloyaux envers l'État hébreu méritaient « de se faire décapiter à la hache ».
Or, c'est justement de la supervision des Territoires palestiniens occupés – la Cisjordanie – que devra s'occuper le nouveau ministre de la Défense. Et si, à l'inverse de plusieurs ministres nationalistes religieux du gouvernement Netanyahu, Lieberman ne se dit pas hostile à la création d'un État palestinien, il prône en revanche l'adoption de mesures ouvertement discriminatoires vis-à-vis des populations arabes, palestiniennes comme israéliennes. Il défend par exemple l'idée d'un échange de territoires qui ferait passer sous administration palestinienne une partie de la population arabe israélienne contre des colonies juives en Cisjordanie.
Autre souhait exprimé par Lieberman avant sa nomination, la volonté d'infliger la peine de mort aux Palestiniens auteurs d'attentats anti-israéliens. Selon certaines sources, Avigdor Lieberman aurait d'ailleurs obtenu que la sentence prononcée par les tribunaux militaires en Cisjordanie ne le soit plus à l'unanimité des trois juges, mais à la majorité. Un scénario que rejette catégoriquement le politologue Ilan Greilsammer. « La peine de mort n'a jamais été pratiquée en Israël, sauf pour les anciens nazis », souligne-t-il. « Ceci est de la propagande intérieure. La seule chose qui intéresse Avigdor Lieberman était d'obtenir le ministère de la Défense, qui prépare la voie au poste de Premier ministre. »
Pour Saeb Erekat, numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) interrogé par l'Agence France-Presse, « ce gouvernement représente une vraie menace d'instabilité et d'extrémisme dans la région ». En attendant l'épreuve du feu pour le nouveau ministre, son sulfureux passif ne risque pas d'apaiser une situation déjà explosive sur le terrain. En l'absence de toute perspective de paix – les négociations sont bloquées depuis 2014 –, la région est en proie à une vague de violences que certains ont appelée l'« Intifada des couteaux ».
Depuis l'automne dernier, des attaques palestiniennes quotidiennes à l'arme blanche contre des soldats, des forces de l'ordre, mais aussi contre des civils israéliens ont coûté la vie à vingt-huit Israéliens, deux Américains, un Érythréen, un Soudanais. Quelque 205 Palestiniens (principalement des assaillants abattus par les forces de sécurité, NDLR) ont été tués. Pour l'heure, Avigdor Lieberman a pris soin de calmer le jeu, en s'engageant à mener une « politique responsable et raisonnable ». De son côté, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis que son gouvernement « continuera à chercher à parvenir à la paix avec les Palestiniens et avec tous [les] voisins ».
Pourtant, depuis sa réélection à la tête de l'exécutif en mars 2015, celui qui avait juré lors de la campagne électorale qu'il n'y aurait pas d'État palestinien s'il était élu a poursuivi tambour battant la colonisation israélienne en Cisjordanie. Illégale en vertu du droit international, elle constitue le principal obstacle sur le terrain à la création d'un État palestinien. Poussé à l'intransigeance par la nature politique de sa coalition, qui fait la part belle aux partisans du « Grand Israël », Benjamin Netanyahu fait désormais face aux critiques – rarissimes – de hauts gradés de l'armée israélienne.
Lors de la journée commémorative de la Shoah, les propos du général Yaïr Golan ont choqué. Le numéro deux de Tsahal a dit voir « des signes en cette année 2016 [...], des processus nauséabonds qui se sont déroulés en Europe en général et plus particulièrement en Allemagne, il y a 70, 80 et 90 ans ». Il emboîtait le pas au chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Eizenkot, qui s'était publiquement opposé à ce qu'« un soldat vide un chargeur sur une fille de treize ans qui le menace avec des ciseaux ».
Dès lors, comment imaginer de tels hauts gradés être dirigés par un ministre d'extrême droite aux propos incendiaires ? « Ces déclarations tiennent plus de la manœuvre politique intérieure que de la véritable idéologie », souligne Ely Karmon, chercheur en problématique stratégique et en contre-terrorisme au centre interdisciplinaire de Herzliya (Israël). « Relativement inexpérimenté sur la question militaire, Avigdor Lieberman est en revanche un pragmatique. Il devrait se ranger derrière les positions de ses généraux. »
En décembre 2014, le chef du parti Israël Beiteinou avait ainsi surpris en proposant un plan de paix associant pays arabes de la région, Palestiniens et Arabes israéliens.

Syrie : La menace de la famine

De nombreux civils risquent de mourir de faim en Syrie si l'aide humanitaire ne parvient pas rapidement dans plusieurs localités, a averti jeudi l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura. « Il y a beaucoup de civils actuellement qui risquent de mourir de faim, et ce sont tous des civils syriens », a déclaré aux médias Staffan de Mistura, citant notamment les localités de Daraya et Mouadamiya (près de Damas et assiégées par les forces du gouvernement) et celles de Kefraya et Foua (assiégées par les forces de l'opposition). « Il y a des rapports crédibles selon lesquels dans la région de Muwadamiya les enfants commencent à souffrir de malnutrition sévère », a-t-il ajouté, à l'issue d'une réunion à Genève du Groupe de travail sur l'accès humanitaire en Syrie.
De son côté, Jan Egeland, qui dirige le groupe de travail sur l'accès humanitaire, a expliqué que le mois de mai n'avait permis de distribuer que très peu d'aide humanitaire. Sur les quelque un million de personnes à qui les Nations unies espéraient apporter de l'assistance en mai par voie terrestre, « seulement 160 000 ont pu être » atteintes, a déploré M. Egeland. « Même dans des endroits où nous avions l'accord du gouvernement, nous avons rencontré d'infinis problèmes pour rejoindre les lieux et dans d'autres endroits où nous avions un accord sous conditions comme à Daraya et Douma (fief rebelle assiégé, NDLR) nous n'avons pas pu atteindre du tout les gens », a-t-il poursuivi. L'ONU n'a pas non plus été en mesure de venir en aide aux gens de Al-Waer, quartier rebelle de la ville de Homs (Centre). Selon M. Egeland, « la situation est horriblement critique » à Madaya (localité assiégée par le régime), Muwadamiya et Al-Waer. « Les enfants sont si mal nourris qu'ils vont mourir si nous ne parvenons pas à les atteindre », a-t-il affirmé.
La guerre en Syrie a fait plus de 280 000 morts, a indiqué jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), donnant un nouveau bilan d'un conflit dévastateur qui perdure depuis cinq ans. Le nombre de morts a atteint 282 283, dont 81 436 civils parmi lesquels figurent 14 040 enfants et 9 106 femmes, selon l'OSDH.

Irak: Conditions de vie dramatiques pour les civils piégés à Fallouja

Les conditions de vie pour les civils pris au piège à Fallouja, ville d'Irak tenue par Daesh et soumise à un assaut des forces irakiennes, sont dramatiques, a affirmé jeudi l'ONU.
Depuis le lancement de l'offensive des forces progouvernementales lundi, seules 800 personnes ont réussi à fuir cette cité située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, a indiqué l'ONU qui estime que 50 000 civils vivent encore à Fallouja.
"Nous avons entendu des récits très inquiétants de familles prises au piège et qui tentent désespérément de fuir vers des zones sûres mais en vain", a affirmé la coordinatrice de l'ONU pour l'Irak Lisa Grande.
Les 800 personnes ayant pu fuir la ville ont témoigné de conditions de vie dramatiques pour ceux qui sont restés. "La nourriture est rare et les distributions très contrôlées. Les médicaments sont épuisés et de nombreuses familles sont contraintes de s'approvisionner en eau non potable", a ajouté Lisa Grande.
L'ONU et d'autres agences humanitaires n'ont pas pu livrer d'aide à Fallouja en raison des difficultés d'accès depuis le lancement lundi de l'offensive des forces irakiennes contre cette ville contrôlée par Daesh depuis janvier 2014. Malgré un accord sur des couloirs humanitaires, ces derniers n'ont pas pu être mis en place.
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont enjoint les forces irakiennes de ne pas avoir recours à la tactique du siège pour reconquérir Fallouja.
Les jihadistes de Daesh ont imposé un couvre-feu au centre-ville et interdisent aux habitants de fuir, les forces irakiennes les accusant de se servir des civils comme boucliers humains.
Des habitants ont par ailleurs indiqué qu'ils ne pouvaient pas fuir en raison du grand nombre d'engins explosifs disposés par Daesh autour de la ville.

mercredi 25 mai 2016

Egypte: Le correspondant de La Croix et de RTL expulsé du Caire

Rémy Pigaglio, correspondant de RTL et du journal La Croix au Caire depuis près de deux ans, a été expulsé mardi soir d'Egypte sans explication par les autorités égyptiennes, a indiqué mercredi à l'AFP Guillaume Goubert, le directeur du quotidien.
"Il rentrait de vacances en France lundi quand il a été retenu au contrôle de l'aéroport. Après une nuit en cellule, il a été expulsé sans aucun motif alors que tous ses papiers étaient en règle", a précisé Guillaume Goubert, ajoutant que le journaliste devait rentrer à Paris mercredi dans la journée.
A son arrivée en Egypte, le journaliste français s'est vu confisquer son passeport et son téléphone portable par la police, et n'a pu parler à l'ambassade que le lundi soir. Selon le directeur du quotidien, "il semblerait que les renseignements égyptiens (moukhabarat) sont à l'origine de la décision d'expulsion".
"Rien ne m'a été confisqué et je n'ai pas été maltraité. Aucun interrogatoire n'a été mené. Et je n'ai jamais su, et ne sais toujours pas, pourquoi cette décision d'interdiction d'entrer sur le territoire a été prise", a déclaré Rémy Pigaglio à "La Croix" avant de monter dans l'avion.
"Les autorités diplomatiques françaises ont été remarquables mais malgré leur intervention, Rémy n'a pas été autorisé à rentrer sur le territoire égyptien", regrette M. Goubert qui se dit soulagé que le journaliste soit rentré sain et sauf "compte tenu des cas dramatiques qui sont survenus récemment".
Début mai, le syndicat des journalistes en Egypte a dénoncé un "recul" de la liberté de la presse dans le pays, accusant le pouvoir d'être en "guerre contre le journalisme", après l'arrestation le 1er mai de deux reporters au siège de l'organisation.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire qui réprime violemment toute opposition depuis qu'il a destitué en 2013 son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi.
La question des droits de l'homme avait été abordée par François Hollande lors d'une visite en Egypte mi-avril, où le président français avait invoqué la nécessaire "liberté de la presse et la liberté d'expression" et discuté avec son homologue des cas "du Français Eric Lang et de l'Italien Giulio Regeni".
Eric Lang est un Français arrêté en 2013 au Caire par la police et battu à mort dans sa cellule, "par des co-détenus" selon le parquet général du Caire.
Giulio Regeni est un étudiant italien enlevé dans la capitale égyptienne le 25 janvier et retrouvé mort neuf jours plus tard dans un fossé, le corps portant les stigmates d'épouvantables tortures. La presse italienne et des diplomates assurent qu'il a été tué par des membres de services de sécurité, ce que l'Egypte nie avec véhémence.

Israël : Qui est Lieberman ?

Avigdor Lieberman, chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 23 mai 2016 (Afp)

Né dans la république soviétique de Moldavie, Avigdor Lieberman, 57 ans, a émigré en 1978 en Israël, où il a travaillé un temps comme videur de boîte de nuit. Diplômé en sciences sociales, il a rejoint le Likoud, le grand parti de la droite nationaliste, dont il a gravi les échelons jusqu'à devenir directeur de cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de son premier mandat (1996-1999).
Lieberman défend un échange de territoires qui ferait passer sous administration palestinienne une partie de la minorité arabe d'Israël en échange des colonies de Cisjordanie.

Israël: L'ultranationaliste Lieberman va entrer au gouvernement

Le parti du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Likoud, a conclu dans la nuit de mardi à mercredi un accord avec la formation de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman pour le faire entrer au gouvernement, ont annoncé des représentants des deux camps.
Aux termes de cet accord avec le parti Israël Beiteinou, qui devrait déboucher sur le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, Lieberman va être nommé au ministère de la Défense, chargé d'administrer les Territoires palestiniens occupés.
L'accord devrait être signé vers 11H00 (8H00 GMT).
Il permet à Netanyahu de disposer d'une majorité parlementaire de 66 voix sur 120, et non plus seulement 61. Depuis sa victoire surprise aux législatives de mars 2015, il cherchait à élargir une majorité qui ne tenait qu'à une voix et le laissait à la merci des caprices du moindre de ses alliés.
Ses efforts pour élargir sa majorité se sont intensifiés au cours des dernières semaines. Des manoeuvres menées avec le chef de l'opposition travailliste Isaac Herzog ont capoté la semaine dernière.
Le même jour, Netanyahu a engagé les tractations avec son ancien ministre des Affaires étrangères, Lieberman, qui avait déjoué tous ses plans en 2015 en refusant d'entrer au gouvernement.
Avec l'entrée annoncée de Lieberman au gouvernement, les commentateurs ont immédiatement posé la question d'un durcissement de l'action gouvernementale, en premier lieu dans les Territoires palestiniens.

mardi 24 mai 2016

Syrie: Washington et Moscou font pression pour sauver la trêve

Américains et Russes cherchaient mardi à sauver une trêve déjà très fragile entre régime et rebelles en Syrie, au lendemain d'une série d'attentats du groupe Etat islamique qui ont fait plus de 150 morts dans deux fiefs de Bashar.
La cessation des hostilités instaurée le 27 février par les Etats-Unis et la Russie -- parrains de l'opposition et du régime -- a été violée à plusieurs reprises, notamment dans la métropole d'Alep (nord) et la Ghouta orientale à l'est de Damas, où l'armée mène une offensive depuis une dizaine de jours.
Washington a exhorté la Russie à faire pression sur son allié de Damas pour qu'il cesse ses bombardements afin de donner une chance aux pourparlers de paix censés trouver une issue au conflit qui ravage la Syrie ayant fait plus de 270.000 morts en cinq ans.
Mais les Américains pressent également les groupes rebelles de ne pas rompre la trêve après leur menace de riposter partout en Syrie si le régime ne cessait pas ses bombardements contre la ville de Daraya et la Ghouta. Leur ultimatum de 48 heures lancé dimanche devrait expirer mardi soir.
Pour sa part, la Russie a appelé à un cessez-le-feu de 72 heures à partir de jeudi à Daraya et dans la Ghouta.
Daraya, qui se trouve à 10 km au sud-ouest de Damas, est l'une des localités assiégées depuis le plus longtemps. Le régime tente en vain depuis fin 2012 de la reprendre aux rebelles.
Les Etats-Unis et la Russie sont les parrains du processus diplomatique dit de Vienne, du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) qui s'est encore réuni la semaine dernière dans la capitale autrichienne, mais sans faire d'avancées notables.
La Russie a proposé la semaine dernière aux Etats-Unis de mener des frappes communes contre les groupes jihadistes en Syrie, une proposition immédiatement rejetée par Washington.
Les groupes jihadistes, comme le groupe Etat islamique (EI) et la branche syrienne d'Al-Qaïda (le Front Al-Nosra) sont exclus de la trêve.
Sur la côte syrienne, l'EI frappé lundi les deux villes de Tartous et de Jablé avec une série d'attentats inédits dans cette région qui ont fait au moins 154 morts, selon un nouveau bilan établi mardi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ce bilan pourrait encore s'alourdir car un certain nombre des quelque 300 blessés se trouvaient dans un état critique", a averti Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH, selon qui les victimes sont en quasi-totalité des civils, dont des enfants, des médecins et des étudiants.
Les attentats ont été menés par des kamikazes ou en utilisant des voitures piégées dans ces deux villes habitées en grande partie d'alaouites, la communauté minoritaire à laquelle appartient le dictateur Bashar al-Assad. Elles avaient jusqu'à présent été relativement épargnées par la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans.
L'EI a affirmé avoir agi en riposte aux bombardements du régime et de son allié russe en Syrie et a mis en garde contre de "pires" représailles.
Tartous et Jablé accueillent respectivement la base et l'aéroport militaires du contingent russe soutenant les forces gouvernementales et menant des frappes contre les groupes rebelles et jihadistes.
Le régime de Bashar a pour sa part fait endosser la responsabilité des attentats à l'Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar, ses adversaires régionaux depuis le début de la révolte en 2011.
"Ces attentats terroristes représentent une escalade dangereuse de la part des régimes de la haine et de l'extrémisme de Ryad, Ankara et Doha et ce dans le but (...) de faire échouer (...) l'accord de cessez-le-feu" en Syrie, a-t-il accusé dans des lettres adressées au secrétaire-général de l'ONU Ban Ki-moon et au Conseil de sécurité des Nations unies.
L'ensemble de la communauté internationale s'est indignée de ces attentats, les Etats-Unis condamnant des "attaques horribles" et Paris les qualifiant d'"odieux".
Daesh fait face à une pression croissante en Syrie et en Irak, où il a perdu du terrain ces derniers mois et où les forces gouvernementales ont lancé lundi une offensive pour chasser les jihadistes de la ville de Fallouja, à l'ouest de Bagdad.

Tunisie : Trois jours qui ont révolutionné Ennahda (Benoît Delmas)

Vendredi 20 mai. Rendez-vous était fixé à 16 heures. À 17 h 30, la coupole de Radès, nord de Tunis, débordait de milliers de militants, un bon millier contraints de demeurer à l'extérieur du lieu, d'ambassadeurs, de représentants de nombreux pays, d'invités divers et de la plupart des partis tunisiens. À deux exceptions notables : le Front populaire (extrême gauche) et de Mohsen Marzouk, l'ancien secrétaire général de Nidaa Tounes et fondateur du bloc parlementaire dissident Al-Horra. Le président de la République en personne avait fait le déplacement après « avoir hésité ». Lorsque le vice-président de l'ARP et figure historique du parti, le vibrionnant Abdelfattah Mourou, ouvrit le 10e congrès, Rached Ghannouchi et BCE étaient assis côte à côte. Tout le symbole du consensus politique tunisien où les féroces adversaires de 2014 forment désormais le duo stabilisateur de 2016.
Le leader du parti islamiste s'était rendu au congrès de Nidaa Tounes, le parti façonné pour BCE, en janvier dernier. Il y avait pris la parole et s'était fait applaudir. Idem ce 20 mai pour Essebsi. Il s'est adressé aux milliers de militants nadhaouis autant qu'à l'opinion internationale. Affirmant que « Ennahda est devenu un parti civil et dans nos traditions, l'islam n'est pas contradictoire avec la démocratie ». Preuve que la concorde à la tunisienne est bien réelle. Que l'unité, qu'elle soit de façade ou pas, peu importe, prime en ces temps terroristes. Preuve que les rancunes s'estompent entre politiques de haut calibre. Preuve que l'union entre les deux vétérans que sont BCE et Ghannouchi ne souffre d'aucune mésentente en public. Le show organisé au millimètre a donné l'image d'un parti rassemblé, uni. Une vitrine impeccable au service d'un propos révolutionnaire au sein de la galaxie de l'islam politique. Dès son discours, le leader a affirmé que son parti devenait « civil » et séparait la politique et la prédication. Ce qui équivaut à un électrochoc dans le monde arabe. Une ligne de rupture avec les Frères musulmans. Puis il a rendu hommage « aux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi », les deux hommes politiques exécutés en 2014 ainsi qu'aux membres des forces de l'ordre tués par les terroristes. Il a martelé que son parti était en guerre contre l'État islamique. Puis évoqué le nécessaire bilan que doit faire Ennahda de son action au gouvernement (fin 2011-janvier 2014). Une partition qui fait entrer les islamistes de plain-pied dans le monde politique. En évinçant le religieux des programmes, Ennahda veut devenir 100 % tunisien. Coller aux réalités du pays, pays que certains dirigeants trop longtemps exilés avaient sans doute mal compris dans ses composantes multiples. Certes, la Tunisie est un pays conservateur, mais ça ne va pas au-delà.
Les quelque 1 200 congressistes se sont ensuite retranchés dans la ville balnéaire d'Hammamet, située à moins d'une heure de route de la capitale. Les débats se sont déroulés à huis clos. Une habitude pour les cadres de ce mouvement. Les plus violents accrochages peuvent s'y dérouler, mais rien n'en filtrera. Les plus mécontents, notamment Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé des deux gouvernements Ennahda, se contenteront de sobres déclarations. Celui-ci a simplement fait savoir qu'« il n'y aura pas de leader qui contrôle un mouvement, mais un mouvement qui a un leader ».
Maintenant que la doxa a été approuvée par une majorité des 1 200 membres du congrès, que les changements de cap voulus par le cheikh ont été validés en intégralité, que celui-ci a été réélu à la présidence du parti par 75 % des voix (800 voix contre 229 à Fathy Ayadhy), Ennahda est en ordre de marche pour l'année électorale qui se profile. Municipales en mars 2017, présidentielle et législatives en 2019. Le premier scrutin, inédit depuis la révolution, sera un test important pour la nouvelle Ennahda. Implanté dans toutes les communes du pays, le mouvement bénéficie de son réseau de militants. Il part avec un relatif avantage, Nidaa Tounes étant confronté à une scission depuis l'automne dernier. Débarrassé de son volet « prédication », que peut apporter Ennahda aux Tunisiens? Sa vision économique est très proche de celle de Nidaa Tounes.
Les militants ont été préparés depuis plus d'un an à cette modification d'envergure. À 93 %, les congressistes ont voté en faveur de la motion séparant la politique de la prédication. Pour qui connaît les rouages du parti, c'est chose normale. Ça suit. Le cheikh décide, « le troupeau suit » ricane un ancien membre du parti. Néanmoins, il faudra beaucoup de pédagogie pour la faire accepter au quotidien. Ce renoncement au référentiel religieux implique un renouvellement idéologique. Chez les adversaires des islamistes, le scepticisme est prédominant. Issam Matoussi, député Nidaa, déclarait lundi dans les colonnes de Tunis Hebdo : « Qu'on ne pense pas qu'Ennahda puisse vraiment devenir un parti démocratique. » Un sentiment partagé par beaucoup. Certes, le happening de Radès a montré que certains de ses adversaires les plus virulents étaient capables de s'y montrer, de s'y faire photographier avec les dirigeants du désormais parti « civil », et ce, au nom de « la real politique ». À l'internationale, opération gagnante pour le parti. Cette césure entre le politique et religieux, façon « CDU », selon une élue nadhaouie, rassure des chancelleries qui rêvent d'une Tunisie en paix. En résumé : une opération politique très bien vendue aux opinions, nationale et internationale. Désormais, Rached Ghannouchi et ses cadres doivent bâtir un programme. Pas si simple.

L’Histoire récente d’Ennahdha
La fin d'une époque pour ce mouvement né dans la clandestinité, réprimé sous Bourguiba puis emprisonné sous Ben Ali. Ceux qui ont pu s'exiler, en France où en Angleterre, ont évité la torture, les mauvais traitements. Les autres ont purgé, après les grands procès de 1991/1992, de longues peines. Lorsque Ben Ali prit la fuite le 14 janvier 2011, les exilés revinrent à Tunis. Rached Ghannouchi en premier lieu. Son arrivée à l'aéroport de Tunis-Carthage fut le théâtre d'une liesse. Deux mille militants l'attendaient à l'intérieur et sur le parking. L'homme fut porté en triomphe. Pourtant, la révolution n'a recélé aucun caractère religieux. « Du pain, de la dignité, de la justice » furent les seuls mots scandés dans les rues tunisiennes du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011. Une fois redevenu légal, Ennahda gagna fort logiquement les élections constituantes. Forts d'une base militante qui couvre tout le territoire, d'une logistique et d'un discours plus porté sur le religieux que sur l'économie, ils obtinrent un groupe de 89 députés sur les 217 que comptait l'Assemblée constituante. Deux partis s'associèrent à eux : l'Ettakatol du social-démocrate Mustapha Ben Jâafar et le CPR du futur président de la République Moncef Marzouki. Deux Premiers ministres se succédèrent : Hamadi Jebali puis Ali Larayedh. Deux rescapés des geôles de Ben Ali. Le mauvais mouvement économique entamé depuis la révolution (inflation frôlant les 6 %, chômage tutoyant les 14 %) se transforma en crise récurrente. Aucune réforme majeure ne fut enclenchée. Vint l'épreuve de la rue. D'importantes manifestations se déclenchèrent au Bardo, siège de l'Assemblée, à la suite du meurtre du député Brahmi – imputé à l'époque par beaucoup et sans fondement, à Ennahda. Un dialogue national fut mis en place, récompensé par le Nobel de la paix 2015, afin de mettre en place un gouvernement de technocrates. Mehdi Jomâa et son concept de la « start-up démocratie » furent choisis. Sa mission : mener à bien les élections et assurer la sécurité du pays. L'homme se voyait diriger la nation tunisienne comme une entreprise. Ali Larayedh, le Premier ministre, quitta son poste sans broncher, prouvant que les islamistes tunisiens étaient capables de quitter le pouvoir pacifiquement. Une période de silence commença. Trois attentats ensanglantèrent la Tunisie en 2015. Au musée du Bardo, sur la plage d'un hôtel de Sousse puis un minibus de la garde présidentielle. Les touristes désertèrent la destination. Deuxième round électoral fin 2014. La Nidaa Tounes de BCE vire en tête aux législatives, 86 élus contre 69 pour Ennahda, l'obligeant à nouer une alliance. BCE s'installe au palais de Carthage pour cinq ans. Son duo avec Rached Ghannouchi – « un vrai politique, il connaît la marche arrière », confiait-il – a un effet stabilisateur. Dès la rentrée, les municipales occuperont les esprits.

(24-05-2016 - Benoît Delmas)

Israël/Palestine : Les Palestiniens rejettent la contre-proposition de Netanyahu

Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a rejeté mardi la contre-proposition israélienne à l'initiative française pour relancer le processus de paix, jugeant que son homologue israélien Benjamin Netanyahu cherchait à "gagner du temps".
"Le temps presse. Netanyahu essaie de gagner du temps" avec son offre de négociations directes avec le président palestinien Mahmud Abbas à Paris, "mais cette fois-ci il n'échappera pas à la communauté internationale", a affirmé M. Hamdallah, lors d'une conférence de presse à Ramallah en Cisjordanie occupée aux côtés du Premier ministre français Manuel Valls.
Benjamin Netanyahu a rejeté lundi le projet français de conférence internationale pour relancer l'effort de paix moribond avec les Palestiniens, proposant à Paris d'accueillir plutôt des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens, "le seul moyen de progresser vers la paix", selon lui.
Valls a de nouveau défendu mardi un format plus élargi, revenant sur la réunion ministérielle du 3 juin à laquelle participeraient les représentants de nombreux Etats et organisations internationales mais sans la présence des Palestiniens et des Israéliens, pour jeter les bases d'une conférence internationale sur la paix.
"L'objectif est la réaffirmation de l'attachement de la communauté internationale à la solution poltique à deux Etats" palestinien et israélien vivant côte à côte en paix, a expliqué Valls. "Nous savons que la paix sera faite par les parties et que nul ne peut leur imposer mais aujourd'hui il n'y a pas de négociations et la situation sur le terrain est catastrophique (...) Il faut sortir de cette impasse et cette approche qui est la nôtre jouit d'un important soutien international", a-t-il poursuivi.
Netanyahu s'est constamment opposé à l'idée d'une conférence internationale et s'est toujours dit prêt à rencontrer le président palestinien Mahmud Abbas à tout moment et en tout lieu.

lundi 23 mai 2016

Syrie : Daesh revendique des attentats sanglants dans le pays

Le régime syrien a été frappé en plein cœur par une série d'attentats qui ont fait 148 morts dans ses fiefs de la région côtière et qui ont été revendiqués par Daesh. Les attaques ayant touché Tartous et Jablé sont inédites dans ces villes habitées en grande partie par des Syriens alaouites, la communauté minoritaire à laquelle appartient Bashar el-Assad. Elles ont de ce fait été relativement épargnées par la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans. L'une des attaques a été menée par un kamikaze qui a actionné sa ceinture d'explosifs dans l'hôpital où il avait aidé à transporter des personnes blessées par l'explosion d'une voiture piégée juste avant, selon des informations recueillies par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Cette série d'attentats sans précédent a été menée alors que Daesh fait face à une pression croissante en Syrie comme en Irak, où les forces gouvernementales ont lancé lundi la bataille pour chasser les djihadistes de la ville de Fallouja. Daesh a par ailleurs revendiqué un sanglant double attentat au Yémen, qui a fait au moins 41 morts en visant de jeunes recrues de l'armée à Aden. À Tartous, la série d'attentats a commencé vers 9 heures (6 heures GMT) lorsque deux kamikazes se sont fait exploser à l'intérieur de la gare routière, suivis de l'explosion d'une voiture piégée à l'extérieur, selon une source policière.
« C'est la première fois qu'on entend des explosions à Tartous et qu'on voit des morts et des corps démembrés », a témoigné Chadi Osmane, un employé de banque de 42 ans qui s'est rendu sur le lieu des explosions. Un quart d'heure plus tard, des explosions se sont produites simultanément à Jablé, à 60 kilomètres plus au nord, devant la gare routière, la compagnie d'électricité et deux hôpitaux, a indiqué à l'AFP une source policière. La télévision syrienne a montré des carcasses de bus carbonisés, du sang, de la fumée et des débris de vitres.
Au total, la police a fait état de quatre voitures piégées et de trois attentats-suicide, tandis que l'OSDH a rapporté deux attentats à la voiture piégée et cinq attaques-suicides. L'ONG a établi en fin d'après-midi un nouveau bilan de 148 morts, dont 100 à Jablé, et des dizaines de blessés, la quasi-totalité des civils, dont au moins 8 enfants et des employés de la compagnie d'électricité, des étudiants universitaires, un médecin et une infirmière. Il y a au moins 78 morts, selon l'agence officielle Sana. « C'est la première fois que Tartous est rattrapée par la guerre [...]. J'ai vu de ma fenêtre des gens courir, terrorisés, les magasins ont fermé et la ville est entièrement paralysée », a raconté Merhi, un peintre. Un autre résident a affirmé à l'Agence France-Presse que « les gens sont terrés chez eux et qu'il y a une ambiance tendue dans la ville où on peut entendre des tirs et les sirènes des ambulances ».
Le mode opératoire est la marque de fabrique d'Al-Qaïda, dont est issu l'EI, qui a revendiqué ces attaques selon l'agence AMAQ, liée à l'organisation ultraradicale. Ce dernier groupe n'a pas de présence connue sur la côte syrienne, contrairement au Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, qui combat le régime dans la province de Lattaquié. Mais l'organisation compte énormément sur ses cellules dormantes pour attaquer ses ennemis. Si la revendication est confirmée, il s'agirait d'un coup d'éclat de la part de l'EI pour montrer qu'il est toujours opérationnel malgré ses défaites tant dans l'ouest de l'Irak que dans l'est de la Syrie.
Après les attentats, des habitants de Tartous s'en sont pris à des réfugiés d'Alep et d'Idleb, qui sont des fiefs de la rébellion, en les accusant de « sympathie avec le terrorisme ». Tartous et Jablé accueillent respectivement la base maritime et l'aéroport militaire du contingent russe soutenant les forces gouvernementales. « La montée des tensions et de l'activité terroriste en Syrie ne peut que susciter une grande inquiétude », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dont le pays mène depuis huit mois des frappes contre les adversaires du régime de Bashar. Ces attentats « démontrent une nouvelle fois à quel point la situation est fragile en Syrie et la nécessité de prendre des mesures énergiques pour relancer le processus de paix », a-t-il ajouté. « Les attentats aux voitures piégées commis aujourd'hui par Daesh à Tartous [...] sont odieux », a réagi de son côté le Quai d'Orsay à Paris.
Il s'agit des attentats les plus meurtriers depuis ceux du 16 avril 1986, lorsque des bombes avaient explosé à Tartous et dans d'autres localités avoisinantes, faisant 144 tués. Les autorités avaient accusé la confrérie des Frères musulmans avec l'appui financier de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein.

Tunisie : "Nous avons évité une guerre civile en Tunisie par le consensus" (Wided Bouchamaoui)

"Le principal chemin qu'il reste aujourd'hui à accomplir pour de nombreuses femmes est celui de trouver un emploi, car il reste des femmes qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école."
 
Femme de dialogue, elle a oeuvré à la transition démocratique de son pays après le printemps arabe. Wided Bouchamaoui est présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), le patronat tunisien, qui est aussi l'une des quatre organisations du pays à avoir reçu le prix Nobel de la paix en 2015. Formé en 2013, au moment où la transition éprouvait des difficultés, ce quartet se compose des syndicats UGTT et Utica, de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et de l'ordre des avocats tunisiens. Un dialogue national qui a permis au pays de se doter d'une Constitution. Présente vendredi à l'Institut du monde arabe, la patronne des patrons tunisiens alerte aujourd'hui sur la situation économique et sécuritaire de la paix.

De quoi êtes-vous la plus fière dans le travail que vous avez mené à la tête du dialogue national ?
À l'annonce du prix Nobel, j'ai ressenti une grande fierté pour moi, mais aussi pour tout le peuple tunisien. Il s'agit d'une reconnaissance internationale de l'effort fourni par le quartet tunisien, qui a abouti à la rédaction d'une Constitution garantissant le respect des droits fondamentaux et des libertés individuelles, pour tous les Tunisiens, quels que soient leur sexe, leur religion ou leur appartenance politique. Le quartet est parvenu à mettre en place un système de gouvernance moderne, exemplaire pour l'ensemble du monde arabe, dont nous pouvons être fiers. Par le consensus et le dialogue, nous avons donc sauvé la Tunisie et évité une guerre civile.

Votre objectif était de créer un consensus au sein de la société civile. Quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées pour mettre tout le monde d'accord ?
Nous avons mené un travail de longue haleine afin de convaincre les partis politiques de signer la feuille de route que nous avions préparée, mais aussi pour les amener à suivre à la lettre les engagements pris. Il s'agit d'un travail de négociation ardu. Mais les leaders des partis politiques sont des représentants du peuple et ont su se montrer à l'écoute et nous faire confiance. Le quartet était formé de quatre organisations issues de la société civile, ce qui a assis sa légitimité à la tête du Dialogue national. Toutes les parties prenantes savaient que notre objectif était de sortir le pays de l'impasse. Aujourd'hui, nous pouvons donc conclure que la société civile est parvenue à mener un travail collectif et collégial efficace.

Vous mettez beaucoup en avant l'émancipation des femmes dans la société civile tunisienne, ne reste-t-il pas encore du chemin à parcourir ?
Notre Constitution garantit la parfaite égalité entre les femmes et les hommes, ce qui est une exception dans le monde arabe. Lorsqu'à un moment donné le concept de « complémentarité » a été évoqué, la société civile a su faire pression, ce qui montre qu'il s'agit d'un acquis pour le peuple. L'un des ingrédients essentiels de la place des femmes en Tunisie est qu'elles sont éduquées et émancipées, mais cela ne veut pas dire que nous n'avons aucun problème. Le principal chemin qu'il reste aujourd'hui à accomplir pour de nombreuses femmes est celui de trouver un emploi, car il reste des femmes qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école. Il faut s'occuper d'elles et plus globalement du chômage, qui est l'un des grands enjeux actuels de la Tunisie.

Vous dénoncez également la solitude de la Tunisie face aux problèmes de sécurité, quelle est la situation du pays ?
La Tunisie a connu des problèmes qui ont fortement impacté le tourisme. De nombreux moyens ont été débloqués pour assurer la sécurité, complètement pris en charge par les Tunisiens. La situation s'améliore, mais nous avons aussi besoin d'une vigilance et d'une aide internationale, car nous sommes dans une région fragile. À l'heure actuelle, la priorité est de chercher une solution politique à la crise en Libye : il faut trouver une solution pacifique, car toute intervention militaire aura des conséquences dans le pays, mais aussi dans toute la région.


(23-05-2016 - Propos recueillis par Laurène Rimondi)

Israël/Palestine : Une Palestinienne tuée après avoir tenté de poignarder des policiers israéliens

Une Palestinienne a été tuée lundi après avoir tenté de poignarder des gardes-frontières à un check-point au nord-ouest de Jérusalem en Cisjordanie occupée, a indiqué la police israélienne dans un communiqué.
Les gardes-frontières ont procédé à des tirs de sommation en l'air avant de tirer sur la Palestinienne qui continuait à avancer vers eux en brandissant un couteau, et de la tuer, a précisé la police.
Les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie à une vague de violences qui a coûté la vie à 205 Palestiniens, 28 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP.
La plupart des Palestiniens tués sont les auteurs ou auteurs présumés d'attaques, pour un grand nombre commises à l'arme blanche .
Les violences ont notablement diminué au cours des dernières semaines.
Le précédent cas d'un assaillant palestinien tué par les forces de l'ordre remontait au 3 mai.
L'armée israélienne a par ailleurs annoncé lundi que les corps de deux jeunes Palestiniens, un frère et une soeur, accusés d'avoir tenté de poignarder des gardes-frontières, avaient été rendus à leur famille près d'un mois plus tard.
Maram Abou Ismaïl, 23 ans, et son frère Ibrahim Saleh Taha, 16 ans, ont été tués par balles le 27 avril après avoir tenté de poignarder des gardes-frontières israéliens au check-point de Qalandiya, au nord de Jérusalem, selon la police.
Leur cas avait ému les Palestiniens, nombre d'entre eux y voyant un nouvel exemple d'usage excessif de la force de la part des forces israéliennes.
Des témoins palestiniens avaient livré à l'AFP une version contredisant celle de la police israélienne et affirmant que les deux Palestiniens avaient paniqué après s'être trompés de chemin et que l'affolement les avait empêchés d'obéir aux consignes policières.
Même armés de couteaux, ils ne représentaient pas un danger sérieux car ils se trouvaient à bonne distance des Israéliens quand ils ont été abattus, selon ces témoignages.

Israël/Palestine : Benjamin Netanyahu propose de rencontrer Mahmud Abbas seul, dans un face-à-face. Il rejette la possibilité d'une conférence internationale.

Des discussions bilatérales plutôt qu'une conférence internationale : c'est la contre-proposition de Benjamin Netanyahu à Manuel Valls pour relancer l'effort de paix avec les Palestiniens. Les Français s'attendaient à la résistance de Benjamin Netanyahu à leur initiative pour ranimer une entreprise de paix moribonde. Benjamin Netanyahu ne les a pas surpris en refusant "les conférences internationales à la manière onusienne" et les "diktats internationaux". Les négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens sont "le seul moyen de progresser vers la paix", a-t-il dit, répétant une objection exprimée depuis des mois.
Benjamin Netanyahu a cependant déjoué les attentes en préconisant "une initiative française différente" : c'est la France qui accueillerait ces discussions bilatérales entre le président palestinien Mahmud Abbas et lui. "Cela s'appellerait l'initiative française", a-t-il dit, "à cette différence près : je serai seul assis directement face à face avec le président Abbas, à l'Elysée ou là où il vous plaira". Paris "serait un endroit merveilleux pour signer un accord de paix", a-t-il dit plaisamment.
Le Premier ministre français a répondu poliment avoir "entendu la proposition", dont il parlera avec le président François Hollande. "Tout ce qui peut contribuer à la paix et aux discussions directes, nous sommes preneurs", a-t-il affirmé. En réalité, commentait-on côté français, la contre-offre est une manière un peu plus imaginative de dire la même chose.
Benjamin Netanyahu s'est constamment opposé à l'idée de conférence internationale et s'est toujours dit prêt à rencontrer Mahmoud Abbas à tout moment et en tout lieu. "La seule nouveauté, c'est de proposer de le faire à Paris", disait-on dans l'entourage de Manuel Valls. Au cours de son entretien, le Premier ministre français a été confronté à une "contestation claire", rapportait-on, même si la manière était "non-agressive, très franche et constructive".
Manuel Valls rencontrait Benjamin Netanyahu pour défendre le projet français de réunir à l'automne une conférence de paix internationale. Paris a prévu d'en jeter les bases le 3 juin en réunissant les chefs de la diplomatie d'une vingtaine de pays et les représentants de grandes d'organisations internationales, mais sans participation israélienne ni palestinienne.
Paris veut recréer une dynamique internationale autour d'une "solution à deux États" israélien et palestinien coexistant en paix, et mettre fin à un statu quo qui menace de dégénérer en une nouvelle escalade dans une région déjà en proie au tumulte. Les Territoires palestiniens et Israël sont en proie à des violences qui ont coûté la vie à plus de 200 Israéliens et Palestiniens depuis le 1er octobre. Une Palestinienne, la première depuis trois semaines, a été abattue lundi après avoir tenté de poignarder des policiers en Cisjordanie occupée, selon la police israélienne.
Les Palestiniens se disent lassés des tractations bilatérales ne menant nulle part, aggravant le fait accompli de l'occupation et de la colonisation et éloignant toujours davantage la création d'un État indépendant. Ils sont acquis au projet français. Quant aux Français, leur initiative part dans une large mesure du constat que les approches bilatérales ont échoué. La conférence du 3 juin "a un seul objectif : la paix, pour deux États, deux peuples", a déclaré le Premier ministre français devant son homologue israélien.
Face aux journalistes, Manuel Valls s'est voulu "très lucide" sur les chances de succès. "Nous ne sommes pas avant (les accords de paix d'Oslo. La colonisation, en plus, elle s'est déployée. Il y a le mur" de séparation israélien d'avec la Cisjordanie. Depuis le début de sa visite dimanche, Manuel Valls a multiplié les gestes symboliques et les gages d'amitié, y compris personnelle, envers Israël, tout en répétant que "la colonisation doit cesser".
Sa visite intervenait alors que Benjamin Netanyahu négociait l'entrée dans son gouvernement de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, figure détestée des Palestiniens, au ministère clé de la Défense. Au moins une querelle entre la France et Israël est-elle "derrière nous", selon les mots de Manuel Valls : le vote mi-avril par la France d'une résolution controversée de l'Unesco sur Jérusalem. Benjamin Netanyahu a remercié la France d'avoir reconnu son erreur.
Manuel Valls est passé lundi après-midi dans les Territoires palestiniens pour visiter en Cisjordanie occupée un projet de coopération franco-palestinien sur l'eau, puis un projet de restauration cofinancé par la France, et des fresques de la basilique de la Nativité à Bethléem où le Nouveau Testament situe la naissance du Christ. Manuel Valls achèvera son déplacement mardi par un entretien avec son homologue palestinien Rami Hamdallah à Ramallah.

Israël/Palestine : Netanyahu rejette l'initiative française

Netanyahu rejette l'initiative de paix française et propose de voir Abbas à Paris.
En déplacement en Israël, le Premier ministre français Manuel Valls s'est heurté lundi d'emblée à la résistance israélienne à l'initiative de Paris pour relancer l'effort de paix moribond avec les Palestiniens, avant même de rencontrer le plus farouche adversaire du projet, le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Avant d'être reçu par Benjamin Netanyahu vers 12 h 30, Manuel Valls a rencontré le président Reuven Rivlin. Passé les civilités sur l'aide « extraordinaire » apportée par la France à la création d'Israël et l'hommage rendu à Manuel Valls comme à un « ami véritable d'Israël », Reuven Rivlin a donné au Premier ministre un avant-goût de ce qui l'attendait avec Benjamin Netanyahu.
« Le peuple d'Israël ne remet certainement pas en doute ou en cause votre bonne volonté, a dit le président, mais nous craignons vivement qu'amener la discussion sur ce conflit (israélo-palestinien) dans l'arène internationale ne fasse qu'inciter les Palestiniens, le président Abbas, à éviter des négociations directes avec nous, qui sont la seule possibilité d'arriver à une solution de paix véritable. » Les Français savaient déjà que Manuel Valls allait au-devant de fortes résistances quand il rencontrerait Benjamin Netanyahu après être allé se recueillir sur les tombes des victimes juives des attentats en France. « On peut être certain de la sincérité de la France et de sa volonté désintéressée et modeste de tout faire pour aider Israël et la Palestine à trouver le chemin de la paix », a dit Valls devant Rivlin.
Benjamin Netanyahu n'a cessé d'attaquer le projet français de réunir une conférence internationale de paix. Il ne l'a même pas mentionné dimanche à l'occasion d'entretiens avec le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka. Au contraire, il a évoqué, en termes allusifs, des « initiatives » régionales impliquant les pays arabes. Le soutien palestinien, lui, est acquis à Paris. « Je suis très lucide sur la situation », déclare Manuel Valls à des journalistes lundi matin, « nous ne sommes pas avant (les accords de paix d')Oslo. La colonisation, en plus, s'est déployée. Il y a le mur » de séparation israélien d'avec la Cisjordanie.
Depuis le début de sa visite, Manuel Valls s'est employé à surmonter les réticences israéliennes et a multiplié les gestes symboliques et les gages d'amitié, y compris personnelle, envers Israël, tout en répétant que « la colonisation doit cesser ».
« Je rappellerai à Benjamin Netanyahu que cette initiative n'est pas contre Israël », mais, au contraire, dans son intérêt comme dans celui des Palestiniens, a signalé Manuel Valls lundi. Il a à nouveau évoqué les motivations françaises : recréer une dynamique autour d'une « solution à deux États » israélien et palestinien coexistant en paix, et mettre fin à un dangereux statu quo qui menace de dégénérer en une nouvelle escalade dans une région déjà en proie au tumulte. Après une réunion préparatoire le 3 juin sans Israéliens ni Palestiniens, Paris espère réunir à l'automne une grande conférence en leur présence.
Israël est foncièrement opposé aux conférences internationales. Pour Benjamin Netanyahu, Israéliens et Palestiniens doivent faire la paix lors de négociations bilatérales. Les Palestiniens disent avoir assez sacrifié à l'exercice, en vain. Israël s'est emparé du vote mi-avril par la France d'une résolution controversée de l'Unesco sur Jérusalem, dans laquelle des lieux sacrés juifs sont seulement désignés sous leur nom arabe ou entre guillemets. Le chef de la diplomatie française et prédécesseur de Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, avait été reçu très fraîchement par Benjamin Netanyahu il y a huit jours.
Manuel Valls a admis un « problème de coordination » française à ce sujet, mais a assuré que la querelle était « derrière nous ». Nouvelle source de complication cependant : Benjamin Netanyahu semble en passe de faire entrer dans son gouvernement l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, figure détestée des Palestiniens, au ministère clé de la Défense.
Le Premier ministre a entamé cette deuxième journée marathon en Israël sous le signe de la mémoire. Kippa noire sur la tête, il s'est recueilli à Jérusalem sur les tombes des victimes d'actes antisémites en France : Ilan Halimi, les victimes du tueur djihadiste de Toulouse Mohamed Merah, ainsi que les victimes de la prise d'otages meurtrière de l'Hyper Cacher à Paris en janvier 2015. Il a ensuite ranimé au mémorial Yad Vashem la flamme en souvenir des quelque six millions de juifs exterminés durant la Seconde Guerre mondiale.
Après le déjeuner avec Benjamin Netanyahu, Manuel Valls se rendra dans les territoires palestiniens.

Syrie: Plus de 100 morts dans des attentats terroristes

Plus de 100 personnes ont été tuées lundi par l'explosion de sept voitures piégées dans deux localités côtières de l'ouest de la Syrie bastions du régime, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Au moins 48 personnes ont été tuées à Tartous et 53 à Jableh, vraisemblablement en quasi-totalité des civils, et un grand nombre d'autres ont été blessées par l'explosion simultanée de sept voitures piégées, dont cinq conduites par des kamikazes", selon l'OSDH.

Yémen: Au moins 20 morts dans un attentat contre des recrues

Des soldats yéménites le 15 mai 2016 à Mukalla (Afp)

Au moins 20 nouvelles recrues de l'armée yéménite ont été tuées lundi dans un attentat suicide à Aden, la grande ville du sud régulièrement visée par des attaques jihadistes, a indiqué à l'AFP un responsable militaire.
Un kamikaze a fait détoner sa ceinture d'explosifs parmi des dizaines de jeunes recrues rassemblées à Khor Maksar, un quartier d'Aden, faisant au moins 20 tués et plusieurs blessés, a ajouté le responsable.
Une source de sécurité avait évoqué dans un premier temps un attentat à la voiture piégée.
L'attentat a eu lieu à proximité d'un bureau de recrutement de l'armée, situé près de la résidence du commandant de la base militaire Badr, le général Abdallah Soubeihi, a--t-il précisé.
Peu après, une forte explosion a secoué la base militaire Badr, a ajouté le responsable, indiquant que la déflagration avait été provoquée par un engin explosif. Il n'a pas été en mesure de préciser les circonstances ou le bilan de cette explosion, survenue à l'intérieur de la base.
Aden, la capitale "provisoire" du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi en guerre contre les rebelles chiites Houthis depuis plus d'un an, est le théâtre d'attaques armées récurrentes, revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes, très actifs dans le sud et le sud-est du Yémen.

Tunisie: Le mouvement islamiste Ennahda se mue en "parti civil"

Le président et leader historique du mouvement islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, a sans surprise été réélu lundi à l'aube à la tête de cette formation qui vient d'acter la séparation entre ses activités politiques et religieuses.
Le parti a tenu son dixième congrès, qualifié d'"historique" dans le projet de communiqué final, samedi et dimanche dans un hôtel de Hammamet, à une soixantaine de km au sud de Tunis.
M. Ghannouchi, 74 ans, a été réélu à plus de 75% des voix en obtenant 800 votes. Les deux autres candidats, le président sortant du Conseil de la Choura (la plus haute autorité du parti) Fethi Ayadi, et Mohamed Akrout, un responsable du parti, ont respectivement obtenu 229 et 29 voix.
Le résultat du vote, affiché sur un grand écran, a été acclamé par la salle qui a ensuite entonné l'hymne national.
Prédicateur enflammé dans les années 1970, M. Ghannouchi, l'une des principales figures du mouvement islamiste tunisien et même arabe, a vécu en exil à Londres pendant une vingtaine d'années avant d'être accueilli triomphalement par des milliers de personnes à son retour en Tunisie après la révolution de 2011.
Pendant son congrès, Ennahda, première force au Parlement tunisien, a fait le bilan de son action notamment depuis la révolution de 2011, et établi sa stratégie pour les années à venir.
Ennahda est un "mouvement tunisien qui évolue avec (...) la Tunisie", avait dit dimanche à la presse M. Ghannouchi.
"Nous nous dirigeons de manière sérieuse, cela a été adopté aujourd'hui, vers un parti politique, national, civil à référent islamique, qui oeuvre dans le cadre de la Constitution du pays et s'inspire des valeurs de l'islam et de la modernité", avait-il ajouté.
Très commentée en Tunisie, cette évolution en gestation depuis quelques années est présentée par les responsables d'Ennahda comme le résultat de l'expérience du pouvoir et du passage de la Tunisie de la dictature à la démocratie suite à la révolution.
Réprimé sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, Ennahda avait été le grand vainqueur des premières élections de l'après-révolution en 2011. Mais après deux années mouvementées au pouvoir, il avait dû se résoudre à céder la place sur fond de crise politique majeure.
Battu lors des élections législatives de fin 2014 par le parti Nidaa Tounès de l'actuel président Béji Caïd Essebsi, Ennahda demeure un poids lourd de la politique tunisienne, même si sa décision de sceller une alliance gouvernementale avec ses adversaires de Nidaa a suscité la controverse en interne.
Sa mue semble épouser l'avis d'une grande partie de la population puisque près de 73% des Tunisiens seraient favorables à "la séparation entre la religion et la politique" selon un récent sondage réalisé par l'institut tunisien Sigma, en collaboration avec l'Observatoire arabe des religions et des libertés et la Fondation Konrad-Adenauer.
Cette évolution est très suivie par les autres partis et les médias, qui s'interrogent sur sa réelle portée et sur son impact politique.
Ennahda entend-il "démocratiser l'islam ou islamiser la démocratie?", s'est demandé le quotidien La Presse, tandis que la députée Bochra Belhaj Hamida, qui a démissionné de Nidaa Tounès notamment en raison d'un manque de "clarté" sur la relation avec Ennahda, a dit attendre des preuves de ce changement.
"Au niveau des déclarations, c'est rassurant, mais ce n'est pas suffisant. Il faut que le parti prouve dans son discours politique de tous les jours et dans ses relations avec les associations" qu'il dit vrai, a-t-elle dit à l'AFP.
Les quelque 1.200 délégués du parti ont élu lundi à l'aube les deux tiers du Conseil de la Choura. Il reste au président du parti à désigner le tiers restant.
Le congrès s'était ouvert vendredi à Radès, dans la banlieue sud de Tunis, en présence de plusieurs milliers de personnes dont celle, remarquée, du président Caïd Essebsi.
Ce dernier avait pourtant mené, avec son mouvement Nidaa Tounès, une virulente campagne contre les islamistes, les taxant d'obscurantisme et de laxisme avec la mouvance jihadiste lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Mais aujourd'hui MM. Ghannouchi et Caïd Essebsi aiment à afficher leur entente, au grand dam d'une partie de leurs bases respectives.