lundi 9 mai 2016

Yémen: Le président s'indigne de l'expulsion de "nordistes" d'Aden

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a qualifié d'"inacceptables" les expulsions d'Aden (sud) de personnes originaires du nord de ce pays en guerre depuis plus d'un an, a rapporté l'agence officielle SABA.
La grande ville du sud du Yémen, où règne l'insécurité, est le berceau d'un mouvement séparatiste qui a récemment relancé la revendication d'une scission entre le sud et le nord du pays, qui étaient deux Etats indépendants avant l'unification du Yémen en 1990.
"Les agissements individuels consistant à expulser (d'Aden) des citoyens de Taëz et d'autres villes sont inacceptables", a déclaré M. Hadi en recevant dimanche soir à Ryad, où il réside, une délégation de ses partisans.
"Taëz (grande ville du sud-ouest qui fait historiquement partie du nord) est la profondeur stratégique d'Aden", a-t-il ajouté.
Aden a été reprise à l'été 2015 aux rebelles chiites Houthis par les forces progouvernementales -aidées par une coalition militaire arabe menée par l'Arabie Saoudite- et déclarée "capitale provisoire" du Yémen.
Tout en reconnaissant la nécessité du "maintien de l'ordre" à Aden, M. Hadi a invité les responsables de la ville à cesser les expulsions.
Selon l'agence Saba, le Premier ministre Ahmed ben Dagher a de son côté évoqué des "centaines d'expulsions" de nordistes de la grande ville du sud et attribué ces actions à des "dizaines de personnes", les qualifiant d'"anticonstitutionnels, illégaux et contraires aux droits de l'Homme".
"Les difficultés de maintien de l'ordre à Aden nécessitent d'améliorer le travail des services de sécurité et non pas de punir les citoyens", a-t-il ajouté, appelant les autorités d'Aden à revenir "immédiatement" sur ces expulsions.
Selon des sources locales à Aden, des centaines de Yéménites originaires du nord du pays ont été expulsés de la ville.
De nombreux Yéménites originaires du nord du pays sont installés à Aden et dans d'autres villes de l'ancien Yémen du Sud, où ils sont parfois perçus comme des colons et accusés d'accaparer les postes dans l'administration et d'avoir pris possession de biens qui appartenaient à l'ancien pouvoir socialiste du Yémen du Sud.
Aden connaît régulièrement des attaques attribuées aux jihadistes d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI) et les autorités peinent à y rétablir la sécurité depuis la reprise de la ville.
Selon des analystes, les expulsions révèlent que les autorités ont des difficultés à imposer la discipline au sein des services de sécurité de la ville, dont les membres se recrutent parfois parmi la mouvance sudiste.
Les partisans du Mouvement sudiste ont manifesté massivement à Aden le 18 avril pour réclamer une sécession des provinces méridionales.

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