samedi 31 octobre 2015

Israël/Palestine : Attaque au couteau déjouée en Cisjordanie, l'assaillant palestinien tué

Un Palestinien armé d'un couteau a été tué samedi par des gardes israéliens à un point de passage entre la Cisjordanie et Israël, a annoncé la police. Ce Palestinien, qui venait de Jénine (Cisjordanie) et se dirigeait vers Israël, s'est approché du point de passage et a été repéré et tué par les gardes israéliens avant qu'il ne puisse les attaquer, a ajouté la police.

Egypte: Un avion russe s'écrase avec 224 personnes à bord

Un "avion civil russe" est "tombé samedi dans le centre de la péninsule du Sinaï" en Égypte, a annoncé le bureau du Premier ministre Chérif Ismaïl, des sources russes et égyptiennes précisant que l'appareil avait décollé de Charm el-Cheikh avec 224 personnes à bord. Selon l'aviation civile, il y a de "nombreux morts" dont 17 enfants.
Un haut responsable de l'autorité de contrôle de l'espace aérien en Égypte a indiqué à l'Agence France-Presse que la communication avait été coupée avec un avion-charter russe transportant 217 passagers et 7 membres d'équipage au-dessus du Sinaï. Il a précisé que l'avion avait décollé de Charm el-Cheikh et se rendait à Saint-Pétersbourg.

Il "n'est plus apparu sur les radars"
Un responsable de l'agence fédérale russe de l'aviation Rosaviatsia, Sergei Izvolsky, a indiqué à l'agence russe Interfax que le vol 9268 avait quitté Charm el-Cheikh à 5 h 51, heure locale (3 h 51 GMT), précisant cependant que la communication avait été coupée au-dessus de Larnaca, à Chypre. "Depuis, l'avion n'a plus pris contact et n'est plus apparu sur les radars", a-t-il précisé, ajoutant qu'il transportait 224 personnes, dont 217 passagers.
Le Premier ministre égyptien "doit se réunir avec les ministères et les autorités compétentes pour suivre l'accident de l'avion civil russe qui est tombé dans le centre du Sinaï", selon un communiqué de son bureau.

"Mors et blessés"
Selon le Premier ministre egyptien, les débris de l'avion ont été localisés dans le Sinaï égyptien et les premières victimes ont été retirées des débris de l'avion. "Les avions de l'armée ont retrouvé les débris de l'avion (...) dans une région montagneuse, 45 ambulances ont été envoyées dans la zone pour évacuer les morts et les blessés", précise le communiqué. À en croire des sources sécuritaires, rapportée par Reuters et BFM TV, l'appareil est "complètement détruit". Elles écartent pour l'instant la piste d'un missile. De son côté, Vladimir Poutine a ordonné l'envoi de services de secours russes en Egypte, selon le Kremlin.
François Hollande a "adressé au président (russe Vladimir) Poutine les condoléances de la France" pour l'avion-charter russe. "J'ai immédiatement adressé au président Poutine les condoléances de la France après cette tragédie", a déclaré François Hollande à la presse à son arrivée au Mont-Saint-Michel, où il devait assister à une présentation du projet de rétablissement du caractère maritime du site. "Je tenais avant même cette visite à pouvoir exprimer notre solidarité au peuple russe après cette catastrophe", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui, seules la compassion à l'égard des victimes et notre solidarité à l'égard des familles méritent que l'on puisse exprimer des paroles", a-t-il affirmé. "Nous n'avons pas d'autres informations."

"Je vais continuer d'espérer"
Le dernier crash aérien en Egypte remonte à janvier 2004 et avait fait 148 morts, dont 134 touristes français. Un Boeing 737 de la compagnie égyptienne Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge, quelques minutes après son décollage de l'aéroport de Charm el-Cheikh. Depuis la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak su pouvoir, le tourisme est en berne et les autorités tentent de relancer coûte que coûte se secteur vital de l'économie égyptienne. Malgré l'instabilité politique du pays et les attentats jihadistes visant les forces de sécurité dans le nord du Sinaï, les stations balnéaires de la mer Rouge, dans le sud de la péninsule, restent l'une des principales destinations touristiques du pays et sont très fréquentées par les touristes russes ou d'Europe de l'est, qui arrivent chaque jour à bord de plusieurs vols charter.
"J'attends mes parents, je leur ai parlé au téléphone quand ils étaient déjà dans l'avion, et puis j'ai entendu les infos", se lamente Ella Smirnova, une jeune femme de 25 ans en état de choc à l'aéroport Pulkovo de Saint-Petersbourg. "Je vais continuer d'espérer qu'il soient vivants jusqu'au bout mais peut-être que je ne les reverrai plus jamais", lâche-t-elle au milieu d'autres proches de passagers en larmes. Des ambulances arrivaient en milieu de journée à l'aéroport de Saint-Petersbourg et les autorités ont affrété des bus pour transporter les familles dans un hôtel proche, rapporte un journaliste de l'Agence France-Presse sur place. Selon des officiers de sécurité sur place rapportés par le site de BFM TV, "des cris ont été entendus depuis l'intérieur de la carcasse", venant d'une partie encore inaccessible de l'épave.


vendredi 30 octobre 2015

Israël/Palestine : Les Palestiniens pressent la CPI d'"accélérer" l'examen de "crimes de guerre israéliens"

Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a appelé vendredi la procureure de la Cour pénale internationale à "accélérer" l'examen d'accusations de crimes de guerre contre Israël.
M. al-Malki a en outre remis à la procureure Fatou Bensouda, à La Haye, un dossier de 52 pages concernant des "exécutions extra-judiciaires" et des "destructions de maisons" commises selon lui par Israël lors des 40 derniers jours, sur fond de tensions accrues entre Palestiniens et Israéliens.

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Un bébé palestinien de huit mois est mort vendredi à Bethléem, asphyxié par des gaz lacrymogènes tirés par des soldats israéliens, selon les autorités palestiniennes, lors de violences qui ont secoué la Cisjordanie occupée et frappé à nouveau Jérusalem.
Le petit garçon, Ramadan Thawabteh, a été asphyxié par du gaz qui s'était infiltré dans la maison familiale lors de heurts entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, a dit à l'AFP un porte-parole du ministère palestinien de la Santé.
Bethléem, mais aussi Hébron, Ramallah et Naplouse en Cisjordanie occupée par Israël, ainsi que la bande de Gaza ont été secouées par les affrontements entre jeunes palestiniens et soldats israéliens. Tous les mouvements palestiniens avaient appelé à manifester après la prière, après un mois marqué par une flambée des violences entre Israéliens et Palestiniens.

Un touriste américain légèrement touché
Jérusalem a par ailleurs été le théâtre d'une nouvelle attaque au couteau, la première depuis le 17 octobre, après deux semaines de relatif apaisement dû à un déploiement sécuritaire massif et un accord diplomatique sur l'ultra-sensible Esplanade des Mosquées.
L'attaque de vendredi a fait deux blessés : un touriste américain légèrement touché par l'assaillant et un civil, atteint à la jambe par une balle perdue d'agents de sécurité cherchant à neutraliser l'agresseur.
Ce dernier, un Palestinien de 23 ans originaire d'un quartier de Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville annexée et occupée par Israël, a été abattu, selon la police israélienne. Plus tôt dans la journée, deux Palestiniens ont tenté de poignarder des gardes-frontières israéliens près de Naplouse. L'un a été tué par des tirs israéliens, le deuxième est dans un état critique, a indiqué la police israélienne.

7 corps restitués
Par ailleurs, plus de 50 Palestiniens ont été blessés dans la Bande de Gaza par des tirs israéliens lors de heurts le long de la barrière de sécurité qui, avec la frontière égyptienne, enferme le territoire, ont dit les secours gazaouis. Deux sont dans un état critique.
À Hébron, abcès de fixation des violences ces derniers jours, des dizaines de Palestiniens ont lancé des pierres, des cocktails Molotov et fait rouler des pneus enflammés sur les soldats israéliens. Postés dans la rue et sur les toits, les soldats ont riposté par un barrage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées. Hébron, bastion en Cisjordanie du mouvement islamique Hamas, est une poudrière où 500 colons israéliens vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés sous haute protection de l'armée. La colère des Palestiniens d'Hébron a été avivée par le refus israélien de remettre les corps des auteurs d'attentat à leur famille.
Au moins sept jeunes Palestiniens ont été abattus ces derniers jours à proximité du tombeau des Patriarches, révéré par les Musulmans et les Juifs et source de vives tensions. Ils avaient attaqué des Israéliens à l'arme blanche, disent les forces israéliennes, mais les Palestiniens contestent cette version.
L'armée israélienne a toutefois confirmé avoir remis vendredi sept corps aux Palestiniens, dans ce qui ressemble à un geste de détente, mais risque de donner lieu à des rassemblements considérables samedi lors des funérailles.

800 logements autorisés dans les colonies israéliennes
Les heurts, les agressions et une série d'attaques anti-israéliennes à l'arme blanche ont fait 66 morts côté palestinien (dont un Arabe israélien) et 9 morts côté israélien depuis le 1er octobre.
La jeunesse palestinienne est exaspérée par les vexations liées à des dizaines d'années d'occupation israélienne, par la colonisation, le blocus de la bande de Gaza, l'absence de toute perspective personnelle et le discrédit des autorités et partis palestiniens. L'Esplanade des Mosquées a servi de cri de ralliement à la contestation.
Sans annoncer de nouvelles colonies, le gouvernement israélien vient de légaliser près de 800 logements dans 4 colonies existantes de Cisjordanie. Illégale aux yeux de la communauté internationale, la colonisation passe pour un obstacle majeur à une résolution du conflit.

Dossier d'accusation remis à la CPI
Alors que des négociations de paix semblent plus éloignées que jamais, la Nouvelle-Zélande a présenté à l'ONU un projet de résolution appelant Israéliens et Palestiniens à éviter les actes pouvant saper les efforts de paix. Le projet cite l'expansion des colonies côté israélien et les initiatives lancées par les Palestiniens à la Cour pénale internationale (CPI) pour tenter de faire condamner Israël pour crimes de guerre.
Loin de souscrire au projet néo-zélandais, les Palestiniens ont indiqué avoir remis vendredi à la procureure de la CPI à La Haye un dossier de 52 pages sur ce qu'ils dénoncent comme les "exécutions sommaires" les "punitions collectives" et "le nettoyage ethnique" israéliens. Les Israéliens accusent, eux, les Palestiniens de cautionner et d'encourager les violences.


Syrie : Kerry et Lavrov conviennent que l'Etat syrien doit être préservé

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergeï Lavrov ont estimé vendredi à Vienne que la Syrie devait être préservée en tant qu'État unifié.
Lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue d'une journée de tractations internationales dans la capitale autrichienne, M. Kerry a insisté sur le fait que les institutions de l'État syrien devaient survivre à la guerre civile, même si Washington et Moscou divergent sur le sort du président Bashar al-Assad, et notamment sur la nécessité qu'il quitte ou non le pouvoir immédiatement.

Israël/Palestine : Un bébé palestinien meurt asphyxié par des lacrymogènes de soldats israéliens

Un bébé palestinien de huit mois est mort vendredi asphyxié par des gaz lacrymogènes tirés par l'armée israélienne près du domicile de sa famille à Bethléem, en Cisjordanie occupée, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère de la Santé palestinien.
Le petit garçon, Ramadan Thawabteh, a été asphyxié par des gaz lacrymogènes tirés par l'armée israélienne lors de heurts avec de jeunes lanceurs de pierres palestiniens, et qui se sont infiltrés dans sa maison, a précisé le porte-parole.

Syrie : Fin de la réunion de Vienne, prochain rendez-vous dans deux semaines

La réunion internationale sur la Syrie, ouverte vendredi matin à Vienne, s'est achevée après huit heures de négociations, avec des points d'accord mais un désaccord majeur sur le futur rôle de Bashar al-Assad, et reprendra dans deux semaines, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"Nous avons abordé tous les sujets, même les plus difficiles. Il y a des points de désaccord, mais nous avons suffisamment avancé pour que nous nous retrouvions, dans la même configuration, dans deux semaines", a-t-il déclaré.
"Il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas d'accord, le principal point de désaccord étant le rôle futur de M. Bashar al-Assad", a ajouté le chef de la diplomatie française. "Mais il y a un certain nombre de points sur lesquels nous nous sommes mis d'accord, notamment sur le processus de transition, sur la perspective d'élections et la façon dont tout cela devait être organisé et sur le rôle des Nations unies".
Les membres de la vingtaine de délégations présentes dans la capitale autrichienne, dont celles des Etats-Unis, de la Russie, de l'Iran et de l'Arabie Saoudite, ont quitté l'hôtel Impérial, la plupart sans faire de déclarations. Un communiqué commun devrait être publié en fin d'après-midi.
"Des problèmes importants subsistent, mais nous sommes parvenus à des points d'accord. Cette réunion n'a pas été facile, mais elle a été historique", a pour sa part résumé le Haut-Représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, l'Italienne Federica Mogherini.
La suite des tractations internationales sur la Syrie aura lieu "sous les auspices des Nations unies", a-t-elle ajouté.

Syrie : Les États-Unis vont déployer un petit contingent de forces spéciales en Syrie

Les États-Unis vont envoyer un petit contingent d'une cinquantaine de forces spéciales dans le nord de la Syrie pour participer, sur le terrain, à l'effort de guerre contre le groupe État islamique (EI), a indiqué vendredi à l'AFP un responsable américain. « Le président [Barack Obama] a autorisé le déploiement d'un petit effectif - moins de 50 - de forces d'opérations spéciales américaines dans le nord de la Syrie », a confié ce cadre de l'administration américaine.
Ces soldats d'élite au sol en Syrie « aideront à coordonner les troupes locales sur le terrain et les efforts de la coalition pour contrecarrer l'EI », a expliqué ce responsable, sans être plus précis. Par ailleurs, un autre responsable a confirmé que l'armée américaine allait déployer des avions d'attaque au sol A-10 et des chasseurs F-15 sur une base aérienne turque, également dans le cadre de la lutte de la coalition internationale contre le groupe djihadiste EI.

Syrie : Quel bilan après un mois de frappes russes en Syrie ?

La Russie a lancé le 30 septembre une campagne de frappes aériennes pour soutenir l'offensive au sol des forces du régime du dictateur syrien Bashar el-Assad dans différentes provinces. Quel est le bilan un mois plus tard ?

Où la Russie frappe-t-elle ?
La Russie a mené des raids dans 10 des 14 provinces de Syrie, dont celles qui sont des fiefs du groupe djihadiste État islamique (EI) comme Raqa et Deir Ezzor. Mais la majorité des bombardements ont ciblé les provinces de Hama (centre), Idleb (nord-ouest), Alep (nord), Homs (centre) et Lattaquié (ouest) où les forces gouvernementales combattent les rebelles. Selon un décompte établi à partir des communiqués du ministère russe de la Défense et des déclarations du chef de l'opération militaire en Syrie, le général Andreï Kartapolov, l'armée russe a bombardé 969 cibles "terroristes" lors de 1 008 raids aériens.
Cette semaine, pour la première fois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les avions russes ont bombardé la province méridionale de Deraa, élargissant leur champ d'action. Les seules provinces épargnées par les raids russes sont Tartous (ouest) et Soueida (sud) tenues par le régime, Hassaké (nord-est) dont le contrôle est partagé entre les forces kurdes et le régime, et Qouneitra, sur le plateau du Golan (sud), à la lisière de la ligne de cessez-le-feu avec Israël.

Quel arsenal ?
La Russie possède depuis 1971 une base navale logistique à Tartous, mais elle agit principalement à partir de l'aéroport militaire mis à sa disposition par le régime dans la province de Lattaquié. Ces deux bases sont protégées par des centaines de parachutistes et commandos de marine, qui n'interviennent pas sur le théâtre des opérations. Les communiqués du ministère de la Défense russe font référence à des raids menés par des avions de combat Su-24, Su-25, Su-30 et Su-34. Le ministère a indiqué que ses hélicoptères sont présents dans le pays, mais ils ne sont pas mentionnés dans les raids. Le 7 octobre, le ministère a indiqué que des bâtiments de guerre croisant en mer Caspienne avaient lancé 26 missiles de croisière contre 11 cibles en Syrie.

Quels sont les groupes visés ?
La Russie affirme que ses opérations visent l'EI et les autres "terroristes", mais les Occidentaux lui reprochent de frapper principalement les rebelles modérés et islamistes plutôt que l'EI. Plusieurs provinces visées comme Hama, Lattaquié et Idleb comptent une présence relativement faible de l'EI. Les organisations modérées, soutenues par les États-Unis, ont accusé Moscou de les viser directement. Le groupe Souqour al-Jabal a ainsi affirmé début octobre que les avions russes avaient ciblé son dépôt d'armes dans la province d'Alep.

Qu'est-ce qui a changé sur le terrain ?
L'intervention russe a redonné le moral aux forces du régime qui reculaient face aux rebelles. Elles ont lancé leur première offensive terrestre le 7 octobre dans le nord de la province centrale de Hama. Leur but : reprendre le contrôle de l'autoroute internationale reliant Homs à Alep, la capitale économique du pays. Mais les résultats sont mitigés : après avoir repris plusieurs localités aux rebelles, elles n'ont réussi à en conserver que trois. Dans le Sahl al-Ghab, une plaine située à la jonction des provinces de Lattaquié, Hama et Idleb, le régime s'est emparé de certaines collines, mais a échoué à conquérir des positions capables de lui donner un avantage décisif.
Dans le sud d'Alep, les forces gouvernementales ont pris le contrôle de 6 villages et de collines, selon l'OSDH. L'armée dit avoir pris 50 villages et hameaux, soit environ 120 km2. Dans le même temps, l'EI s'est emparé de larges portions de l'unique route tenue par le gouvernement reliant Homs à Alep. Aujourd'hui, les 500 000 habitants des quartiers d'Alep tenus par le régime syrien sont coupés du monde.

Combien de morts ?
Les frappes menées par la Russie ont fait 595 morts dont deux tiers étaient membres de groupes armés et un tiers des civils, selon l'OSDH. Selon un décompte effectué jusqu'à jeudi, 279 rebelles modérés et islamistes alliés au Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, ont été tués ainsi que 131 djihadistes du groupe État islamique (EI). 185 civils dont 46 femmes et 48 enfants ont péri. Moscou dément avoir tué des civils. En comparaison, les raids menés par la coalition conduite par les États-Unis depuis 13 mois ont fait, selon l'OSDH, 3 649 morts dont 3 276 combattants de l'EI, 147 du Front Al-Nosra et d'autres groupes islamistes. 226 civils ont été tués – 6 % des victimes –, dont 65 enfants et 40 femmes.

Israël/Palestine : Attaque au couteau en Cisjordanie contre des policiers israéliens, un assaillant tué

Deux Palestiniens ont tenté d'attaquer au couteau des policiers israéliens vendredi dans le nord de la Cisjordanie occupée et l'un d'entre eux a été tué par des tirs israéliens, a indiqué la police israélienne.
Le deuxième est dans un état critique, a dit la police.
Les deux Palestiniens arrivés à moto ont agressé les gardes-frontières en faction à l'intersection de Tappuah, au sud de Naplouse, a dit la police. Il s'agit de la dernière d'une série d'attaques quotidiennes à l'arme blanche de Palestiniens isolés contre des policiers, des soldats ou des civils israéliens.
Depuis le 1er octobre, les affrontements, les agressions et les attentats anti-israéliens ont fait 64 morts (dont un Arabe israélien) côté palestinien et neuf côté israélien dans les Territoires palestiniens, à Jérusalem et en Israël.


Liban : La diplomatie parallèle version PS

Reçu comme un chef d'État en exercice par Vladimir Poutine à Moscou, Nicolas Sarkozy n'est pas le seul homme politique français à faire de la diplomatie indépendamment du Quai d'Orsay. Proche de Martine Aubry, le député socialiste Jean-Marc Germain a rencontré jeudi des parlementaires libanais en marge du sommet des partis socio-démocrates arabes, dont Mohammad Raad, le chef du bloc parlementaire Hezbollah.
« Embarrassé »
Rue de Solférino, on se déclare particulièrement « embarrassé » par cette visite. En 2013, Jean-Christophe Cambadélis avait dénoncé la rencontre entre François Fillon et des membres de l'organisation libanaise classée comme terroriste en Europe. Si le Quai d'Orsay est, pour l'heure, injoignable, Laurent Fabius n'a pas apprécié cette rencontre non officielle d'un membre de son parti politique avec le parti chiite.
Contacté vendredi par Le Point, Jean-Marc Germain, toujours au Liban, reconnaît avoir rencontré Mohammad Raad. Mais il déclare avoir « rencontré des parlementaires de tous les groupes » pour qu'ils lui « expliquent la situation institutionnelle ». Il dit avoir également rencontré « des acteurs de la société civile et des milieux économiques ».

« J'ai informé personnellement Jean-Christophe Cambadélis »
Le secrétaire national à l'International et à la Francophonie du PS explique également que sa visite s'inscrit dans le cadre d'un forum du Parti socialiste qui a lieu vendredi et samedi au Liban. « Je suis venu au nom du PS en accord avec la direction. J'ai informé personnellement Jean-Christophe Cambadélis. Après, il n'a pas validé mon programme. Et j'ai été reçu par l'ambassadeur », se défend encore Jean-Marc Germain.
Par ailleurs, le député des Hauts-de-Seine rappelle qu'« il y a eu une mission parlementaire du PS au Liban il y a 15 jours avec Benoît Hamon [député socialiste, membre de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, NDLR] et Axel Poniatowski [député socialiste vice-président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, NDLR] ».
Si le Hezbollah est un parti politique officiel au Liban, les États-Unis, le Canada, l'Australie et Bahreïn l'ont placé sur leur liste des organisations terroristes. Le 22 juillet 2013, l'Union européenne a aussi classé la branche militaire du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes.

Israël/Palestine : Hébron reste l'abcès de fixation des violences entre Palestiniens et Israéliens

Hébron a de nouveau été jeudi le théâtre d'attentats au couteau dont deux auteurs palestiniens ont été abattus par les forces israéliennes, et qui font de la grande ville du sud de la Cisjordanie l'abcès de fixation d'un mois de violences.
Alors que les tensions semblent diminuer ailleurs en Cisjordanie occupée, à Jérusalem et en Israël, le centre d'Hébron et les environs de la ville voient se succéder quotidiennement les agressions à l'arme blanche de jeunes Palestiniens contre des soldats, des garde-frontières et des colons israéliens. S'y déroulent aussi des affrontements entre lanceurs de pierres d'une vingtaine d'années et forces israéliennes.
Mahdi Al Mohtaseb, 23 ans, et Farouq Sider, 19 ans, sont les derniers Palestiniens en date à avoir agressé à l'arme blanche deux membres des forces de sécurité israéliennes et à être abattus, selon les forces israéliennes.
Des images prise par un vidéaste de l'AFP montrent Farouq Sider gisant dans la rue, le sang ruisselant sur le pavé mouillé par la pluie, tandis qu'un colon prend une photo.
Au moins cinq autres jeunes ont été tués ces derniers jours après avoir agressé ou tenté d'agresser des soldats israéliens, selon les forces israéliennes, à proximité immédiate ou non loin du Tombeau des Patriarches, révéré par les Musulmans et les Juifs et symbole de la partition de la ville.
Des dizaines de lanceurs de pierres ont affronté les soldats dans la journée. Quatre personnes ont été blessées à balles réelles ou caoutchoutées, selon des sources médicales. Des heurts, journaliers depuis des semaines, ont été rapportés de Bethléem et Ramallah.
Hébron, bastion du mouvement islamique Hamas, est une poudrière où 500 colons vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés sous haute protection de l'armée. Aux alentours d'Hébron, le conflit est permanent entre Palestiniens et Israéliens de colonies comme Kyriat Arba.

- 'Ségrégation presque totale' -
A une dizaine de kilomètres au nord d'Hébron, l'armée a décidé de tenir le plus possible les Palestiniens à l'écart des populations juives du bloc de colonies du Goush Etsion, autre zone tendue, rapportait le site d'information Ynet en parlant de "ségrégation presque totale".
Depuis quatre semaines, les heurts et une série d'attentats anti-israéliens ont fait 63 morts (dont un Arabe israélien) côté palestinien et neuf côté israélien dans les Territoires, à Jérusalem et en Israël. La moitié des Palestiniens tués ont été abattus en commettant des attentats.
La jeunesse palestinienne est exaspérée par les vexations liées à l'occupation israélienne, la poursuite de la colonisation, l'absence de toute perspective personnelle et le discrédit des autorités et partis palestiniens. L'Esplanade des Mosquées à Jérusalem, symbole national et religieux pour les Palestiniens, a catalysé la protestation.
A Hébron, elle a été renforcée ces derniers jours par le refus des autorités israéliennes de restituer à leur famille les corps des auteurs d'attentat.
Cette disposition fait partie des mesures annoncées par le gouvernement israélien début octobre, qui a aussi décidé d'accélérer le rythme des démolitions de maisons d'auteurs d'attentats.
La Cour suprême israélienne a examiné jeudi les recours déposés contre la démolition de six maisons et devrait se prononcer dans les prochains jours.

- Solution à un Etat -
L'implication de la justice irrite vivement une grande partie de la droite, qui accuse les juges de freiner la répression. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à la tête de l'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire, a évoqué à huis clos récemment l'idée d'une cour spéciale qui traiterait des affaires terroristes et pourrait statuer plus favorablement sur les démolitions ou les détentions sans inculpation, rapportait le quotidien Haaretz.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a réaffirmé mercredi à Washington la nécessité de reprendre des négociations qui mèneraient à un Etat palestinien coexistant avec Israël (solution dite "à deux Etats"). Mais il a reconnu en creux que la situation ressemblait de plus en plus à une solution à un seul Etat, israélien, où vivraient les Palestiniens.
Les deux Etats restent "la seule alternative viable. Quiconque pense le contraire peut mesurer à quoi ressemble un Etat unitaire rien qu'en regardant ce qui s'est passé ces dernières semaines", a-t-il dit.
A La Haye, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a lui aussi défendu la solution à deux Etats et a accusé Israël d'être responsable des violences. Il a aussi été le premier dirigeant palestinien à condamner aussi clairement les violences actuelles contre les civils, y compris israéliens: "Nous sommes contre tous les meurtres et nous condamons tous les meurtres de tous les civils".

jeudi 29 octobre 2015

Syrie : La France est "hors jeu" pour Fillon

L'ancien Premier ministre (Les Républicains) François Fillon déplore jeudi sur son blog qu'en Syrie, la France soit « hors jeu », en raison de « l'intransigeance irréfléchie de François Hollande » sur ce dossier. « Le déclassement de la France au Proche-Orient se poursuit. (...) Nous n'en serions pas là si nous avions une politique étrangère digne de notre tradition diplomatique et plus conforme à nos intérêts. Ce n'est pas en donnant des leçons de morale qu'on arrête une guerre civile. C'est en convainquant nos amis et les adversaires de nos amis de s'asseoir autour d'une même table », affirme François Fillon.
« Avec l'afflux de réfugiés en Europe qui ne se tarit pas et l'intervention russe, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la guerre, une phase de dangers accrus, une phase qui appelle une mobilisation diplomatique totale que je ne vois pas venir », ajoute-t-il. Nicolas Sarkozy, président des Républicains, en visite jeudi à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine, a affirmé de son côté que la Russie était « incontournable » dans le dossier syrien et que l'action de son président en Syrie était « plus positive que négative ».
Pour François Fillon, également candidat à la primaire pour 2017, « l'intervention russe est le résultat de l'irrésolution des Occidentaux incapables de choisir une stratégie claire contre Daesh parce qu'empêtrés dans leurs postures morales aussi inefficaces que contre-productives ». « Russes et Iraniens jouent désormais les premiers rôles dans un conflit qui nous concerne pourtant directement en raison de nos liens avec le Liban, de notre responsabilité historique envers les chrétiens d'Orient, des réfugiés qui affluent en Europe et des menaces terroristes qui n'ont jamais été aussi élevées. »
« Même les Américains ont fini par prendre la mesure de l'impasse diplomatique que représente le refus de dialoguer avec la Russie », fait-il valoir. « Ils nous ont pris de court en organisant à Vienne une réunion quadripartite avec les Turcs et les Saoudiens dont nous n'avons été que les spectateurs. » Selon lui, « la tentative de la diplomatie française de reprendre la main en organisant cette semaine à Paris une rencontre des ministres des Affaires étrangères européens, américains et arabes sans la Russie est pathétique ».

Syrie: Les raids russes ont fait 600 morts en un mois

Les frappes menées par la Russie ont fait depuis le début le 30 septembre de l'intervention militaire russe en Syrie près de 600 morts, en majorité des membres de groupes armés, a affirmé jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les raids ont visé dix des 14 provinces de Syrie, les seules épargnées étant Tartous (ouest) et Soueida (sud) contrôlées par le régime, Hassaké (nord-est) tenue par les forces kurdes et l'armée et Qouneitra, sur le plateau du Golan (sud) à la lisière de la ligne de cessez-le-feu avec Israël.
L'OSDH a décompté 595 morts jusqu'au 29 octobre, dont 279 rebelles modérés et islamistes alliés au Front al Nosra, branche syrienne d'al-Qaïda, 131 jihadistes du groupe Etat Islamique (EI) et 185 civils dont 46 femmes et 48 enfants.
Selon l'Observatoire, "la majorité des raids ont visé surtout les rebelles (modérés), les groupes islamistes ainsi que le Front al-Nosra, mais aussi des régions sous contrôle de l'EI."
Quant au bilan des raids menés par la coalition conduite par les Etats-Unis entre le 23 septembre 2014 et le 23 octobre 2015, l'OSDH fait état de 3.649 morts, dont 3.276 de l'EI, 147 du Front al-Nosra et d'autres groupes islamistes. Il y a eu 226 civils tués, soit 6% des victimes, dont 65 enfants et 40 femmes.
Les raids russes ont permis au régime de reprendre trois villages dans la province de Hama (centre), six villages, des fermes et des collines dans le sud d'Alep, et de contrôler la plupart des hauteurs de Jib Ahmar, dans la province de Lattaquié (ouest) sauf la plus haute toujours aux mains des rebelles.
Dans le même temps, l'EI s'est emparé d'importantes sections d'une route vitale pour le régime reliant Homs et Alep.

Arabie saoudite: Lutte pour le pouvoir entre princes héritiers

Une lutte pour le pouvoir est engagée entre les deux princes héritiers de la monarchie saoudienne, selon des experts et des diplomates, dans un contexte difficile pour le royaume confronté à de sérieux défis à l'intérieur comme à l'extérieur.
La tension est palpable depuis plusieurs mois entre le prince héritier Mohamed ben Nayef, âgé de 56 ans, ministre de l'Intérieur et chef attitré de la lutte antiterroriste, et le trentenaire Mohamed ben Salmane, fils du roi et ministre de la Défense.
Les deux hommes occupent respectivement le premier et le deuxième rang protocolaire pour succéder un jour au roi Salmane, arrivé sur le trône en janvier à l'âge de 79 ans.
Même si elle n'est pas visible publiquement dans le royaume très secret, cette querelle "entraîne des décisions politiques préoccupantes à l'étranger et à l'intérieur", souligne Frederic Wehrey, un spécialiste de l'Arabie saoudite au Carnegie Endowment for International Peace.
Il cite en particulier l'intervention militaire "irresponsable" de l'Arabie Saoudite au Yémen et la politique "de fermeté" exercée au niveau national, loin des réformes souhaitées dans ce pays allié de l'Occident.
"Beaucoup l'ont vue comme une sorte de coup d'Etat", qui permettait à une branche de la dynastie des Al-Saoud de "s'accaparer le pouvoir", souligne Stéphane Lacroix, spécialiste de l'Arabie Saoudite à Sciences-Po Paris.
Jamais un héritier du trône n'avait jusqu'alors été destitué, même si la famille royale avait déposé le roi Saoud en 1964.
Le cas de Moqren montre que "le statut de vice-prince héritier est précaire", et explique, de ce fait, pourquoi Mohamed ben Salmane ne cesse de renforcer son pouvoir, note un diplomate occidental.
Outre le portefeuille de la Défense, ce prince préside le principal conseil de coordination économique du royaume et supervise Saudi Aramco, le géant pétrolier du premier exportateur de brut dans le monde.

- Déstabiliser ses rivaux -
"Mohamed ben Salmane s'est doté très rapidement d'un pouvoir et d'une influence extraordinaires, ce qui lui permet de déstabiliser ses rivaux", explique M. Wehrey.
Le vice-prince héritier "a besoin de conforter sa position pour devenir, à la mort de son père, irremplaçable", car il redoute le traitement que lui réserverait Mohamed ben Nayef s'il accédait au trône, selon le diplomate.
Mohamed ben Salmane "agit comme s'il était l'héritier désigné, ce qui suscite évidemment des tensions", relève M. Lacroix.
Le limogeage par le roi en septembre du ministre d'Etat Saad al-Jabri, un fidèle de Mohamed ben Nayef, a été perçu par des diplomates comme un autre signe de la rivalité avec Mohamed ben Salmane.
Pour autant, la position du ministre de l'Intérieur ne semble pas menacée, selon eux.
"Je pense qu'ils se tireraient une balle dans le pied s'ils limogeaient Mohamed ben Nayef", estime un diplomate occidental. "Il est respecté et c'est l'homme en qui l'Occident a confiance, notamment dans la lutte antiterroriste".
Mohamed ben Nayef bénéficie de la loyauté des responsables du redoutable ministère de l'Intérieur et la plupart des membres de la famille royale soutiendraient son accession au trône, selon un autre diplomate.
"S'ils voulaient se débarrasser de lui, ils auraient pu en faire un bouc émissaire" de la catastrophe du pèlerinage de La Mecque, qui a coûté la vie à plus de 2.200 fidèles selon un bilan non officiel, souligne-t-il.
En outre, des membres des Al-Saoud s'inquiètent de la conduite par Mohamed ben Salmane de la guerre au Yémen où Ryad a pris la tête d'une coalition arabe contre les rebelles chiites pro-iraniens.
"Toute cette opération au Yémen a été montée pour conforter sa position", estime M. Wehrey.
Mais cette guerre coûteuse lancée en mars se poursuit alors que le royaume réduit ses dépenses, puise dans ses réserves en devises et s'endette pour combler un déficit budgétaire record causé par l'effondrement des cours du brut.
Certains spéculent sur une forte dégradation économique du royaume mais "je n'entrevois pas un tel scénario catastrophique", souligne un diplomate. La situation n'est pas bonne mais "elle est encore gérable", renchérit M. Lacroix.
Experts et diplomates s'accordent à dire que, malgré les rivalités internes, la dynastie des Al-Saoud, en place depuis 271 ans, n'est pas sur le point d'imploser. "Sa fin a parfois été prédite pour différentes raisons mais elle est toujours là (...), un îlot de stabilité au Moyen-Orient", souligne un diplomate.


Israël/Palestine : Vers la démolition systématique des maisons d'auteurs d'attentats ?

"La situation actuelle n'est simplement pas tenable à terme", a-t-il dit.En Cisjordanie, la mobilisation reste importante, même si les manifestations dégénèrent moins systématiquement en bataille meurtrière. La situation est particulièrement volatile à Hébron, qui abrite un lieu révéré à la fois par les Musulmans et les juifs (le tombeau des Patriarches) et 500 colons israéliens y vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés. Dans les environs, les conflits sont permanents entre villageois palestiniens et colons israéliens. Les Palestiniens se mobilisent à présent pour récupérer les corps des auteurs d'attaques tués qu'Israël ne leur a toujours pas restitués. Le gouvernement israélien a en effet décidé le 14 octobre, dans le cadre de mesures vigoureuses, que ces corps ne seraient plus restitués aux familles.
C'est ainsi que le père de Dania Irshaid attend toujours de récupérer la dépouille de cette Palestinienne de 17 ans mortellement touchée par les balles israéliennes dimanche à Hébron. Les Israéliens "veulent faire pression sur nous, surtout en gardant les corps des filles car ils savent que c'est plus qu'une ligne rouge pour nous: ils les exécutent et après ils essayent d'écraser notre dignité, notre honneur", a déclaré Jihad, le père. La justice israélienne est censée se pencher jeudi sur une autre mesure controversée : la démolition des maisons d'auteurs d'attentats, elle aussi perçue comme relevant du châtiment collectif. La Cour suprême est saisie de neuf recours contre ces démolitions. De multiples facteurs ont causé l'exaspération de la jeunesse palestinienne : vexations liées à l'occupation, poursuite de l'occupation, privation d'un Etat palestinien attendu depuis des décennies, absence de toute perspective personnelle, discrédit des autorités et partis palestiniens.
La protestation se cristallise autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-est, le troisième lieu saint de l'islam et le site le plus sacré du judaïsme. Le soupçon qu'Israël veuille changer les règles régissant les lieux, autoriser les juifs à y prier et à terme prendre le contrôle du site passe pour un déclencheur primordial de l'escalade. Le Premier ministre avait interdit début octobre aux ministres et aux députés israéliens de se rendre sur l'esplanade, où les visites de politiciens juifs sont largement interprétées comme des provocations par les Palestiniens. Un député arabe israélien, Basel Ghattas, a ouvertement défié cet interdit mercredi. "Je ne laisserai aucun député ni aucun ministre, quel qu'il soit, pénétrer sur le mont du Temple", nom donné à l'esplanade par les juifs, a martelé Netanyahu qui a accusé M. Ghattas de chercher à enflammer les esprits.


Israël/Palestine : Les Palestiniens veulent récupérer les corps de leurs compatriotes

Le climat de forte tension entre Palestiniens et Israéliens ne faiblit pas et les nouvelles attaques font craindre une "catastrophe" à un responsable de l'ONU. La vague de violences semblait cependant en voie de diminuer à Jérusalem qui n'a plus connu d'attentat depuis le 17 octobre, selon les autorités israéliennes. En dépit de cette apparente baisse d'intensité, le président Mahmud Abbas a de nouveau demandé pour les Palestiniens la protection de la communauté internationale. "Nous avons besoin de votre protection. Protégez-nous", a-t-il lancé lors d'une réunion spéciale du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève. "La violence entre Palestiniens et Israéliens va nous amener à la catastrophe si elle ne cesse pas immédiatement", s'est inquiété devant la même audience le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
Depuis quatre semaines, les affrontements entre jeunes lanceurs de pierres et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et une série d'attentats anti-israéliens ont fait 61 morts (dont un Arabe israélien) côté palestinien et neuf côté israélien. Deux nouvelles attaques à l'arme blanche ont été commises mercredi. A Hébron, un Palestinien a tenté de poignarder un soldat israélien et a été abattu, selon la police israélienne. Presque simultanément, un Palestinien a légèrement blessé une Israélienne au couteau à une dizaine de kilomètres au nord près d'un bloc de colonies juives. Ces derniers jours, un déploiement policier considérable, des efforts d'apaisement et les pressions de la communauté internationale paraissent avoir réduit l'étendue des violences. Dans un nouvel appel au calme, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé de Washington que la vague actuelle de violences meurtrières "est une nouvelle preuve sur la folie de croire que les efforts permanents pour la paix et la réconciliation ne valent pas la peine d'être poursuivis".

Israël/Palestine : Un Palestinien poignarde un soldat israélien avant d'être tué

Un Palestinien a blessé légèrement au couteau un garde-frontières israélien jeudi à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée, avant d'être tué par les forces israéliennes, a indiqué l'armée.
L'attaque s'est produite près du Tombeau des Patriarches, lieu révéré par les Musulmans et les Juifs dans la Vieille ville de Hébron, où plusieurs attaques similaires ont eu lieu ces dernières semaines.
"Un Palestinien a attaqué et poignardé un soldat près du tombeau des Patriarches à Hébron. Les forces de sécurité ont répondu et tiré sur l'attaquant", a dit l'armée israélienne dans un communiqué.
Peu après l'attaque, des heurts ont mis aux prises jeunes Palestiniens et forces israéliennes aux environs immédiates du tombeau, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Depuis quatre semaines, les affrontements entre jeunes lanceurs de pierres et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et une série d'attentats anti-israéliens ont fait 62 morts (dont un Arabe israélien) côté palestinien et neuf côté israélien.


Irak : Dans les villages repris à Daesh, l'horreur et la désolation

Le général Wosta Rasoul, à la tête du secteur 4, autour de Kirkouk, commande 23 000 peshmergas, ces combattants kurdes "qui affrontent la mort". Ce dur à cuire peine à décrire ce qu'il a découvert lors de l'offensive lancée à l'ouest de la ville il y a environ un mois. Et qui a permis de libérer 35 petits villages. "Nous n'avons pas fait un seul prisonnier. Les djihadistes préfèrent se faire sauter plutôt que de se rendre. Mon principal souci était alors qu'ils ne tuent pas mes hommes en se suicidant !" Dans cette zone libérée d'environ 400 kilomètres carrés, les peshmergas n'ont retrouvé que 1 200 villageois, totalement terrorisés, affamés. Ceux qui avaient tenté de fuir l'organisation de l'État islamique étaient systématiquement massacrés, y compris les femmes et les enfants. Si les vidéos de propagande de Daesh montrent des décapitations, sur le terrain, les djihadistes sont aussi capables de démembrer leurs victimes…
"J'ai moi-même emmené deux familles au bazar de Kirkouk pour qu'elles puissent s'alimenter et j'en ai profité pour acheter des chaussures aux gamins qui marchaient pieds nus", raconte le général Wosta Rasoul, 48 ans. Comme la plupart des officiers peshmergas, il ne porte ni décoration ni même d'insigne indiquant son grade.
Dans la zone libérée, notre interprète est un Américain d'origine kurde. Pistolet à la ceinture, il nous conduit sur la ligne de front, à une vingtaine de kilomètres à peine à l'ouest de Kirkouk. Dans un baraquement de fortune, des combattants kurdes pataugent dans la boue, armés seulement de kalachnikovs. L'ennemi n'est qu'à quelques centaines de mètres. "Actuellement, le front est plutôt calme. Les djihadistes nous paraissent assez démoralisés. Mais ne vous baladez tout de même pas trop sur le talus, ils ont des snipers", lâche l'officier traducteur. Le véritable objectif des peshmergas est de prendre ensuite la ville de Hawija, à 250 kilomètres au nord de Bagdad, où l'organisation État islamique s'est solidement retranchée.

"En face, nous n'avons que des déçus de Saddam Hussein et des voyous"
Cette libération des villages à l'ouest de Kirkouk a mobilisé 3 500 peshmergas au sol, appuyés par les avions de la coalition internationale. Mais comment les combattants kurdes, qui ne possèdent souvent que des kalachnikovs, peuvent-ils attaquer Daesh, bénéficiant d'un armement lourd ? "Nous, nous sommes légitimes. Nous sommes des patriotes. Nous défendons notre territoire, nos populations. En face, nous n'avons que des déçus de Saddam Hussein, et des voyous, des barbares, venant parfois de vos banlieues ! Face à eux, nous nous sentons invincibles", nous avait lâché, avec une pointe d'ironie, un officier général des forces armées rencontré à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.
Les survivants de la trentaine de petits villages ont été évacués vers des régions moins sensibles. L'officier américano-kurde nous conduit ensuite dans le bourg abandonné de Bihuter, où ne vagabondent plus que des chiens faméliques. Toutes les habitations ont été systématiquement dynamitées par les djihadistes. Plus un mur ne tient debout. C'est la désolation. "Tous ces villages étaient habités par des Arabes. Mais ils nous ont accueillis, nous les Kurdes, comme des libérateurs", assure le général Wosta Rasoul. En juin 2014, devant l'avancée de l'organisation État islamique, les forces gouvernementales irakiennes ont abandonné précipitamment Kirkouk, 1,2 million d'habitants, suivant le même scénario qu'à Mossoul. Les peshmergas sont arrivés immédiatement pour prendre la défense de cette ville, extérieure à la région autonome du Kurdistan irakien.


Syrie: 2e cycle de pourparlers internationaux à Vienne, Téhéran invité

Les chefs de la diplomatie américaine, russe, turque et saoudienne ouvrent jeudi à Vienne un deuxième cycle de discussions sur le conflit syrien auquel participera le lendemain pour la première fois l'Iran, principal allié de la Syrie au Proche-Orient.
"Nous avons examiné l'invitation et il a été décidé que le ministre des Affaires étrangères participerait aux pourparlers", a déclaré mercredi la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham.
La présence de Mohammad Javad Zarif aux pourparlers internationaux sur le conflit syrien marque un tournant diplomatique majeur voulu par Moscou.
C'est la première fois que l'Iran sera représenté à une réunion internationale sur la Syrie. En 2012, l'Iran n'avait pas participé à la conférence de Genève-1 sur la Syrie, et son invitation à participer à Genève-2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en raison de l'opposition des États-Unis et de l'Arabie Saoudite, a rappelé la porte-parole de la diplomatie iranienne.
L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite -- les deux grandes puissances rivales de la région -- s'opposent ouvertement sur la Syrie. Téhéran apporte un soutien financier et militaire direct au régime de Damas alors que l'Arabie Saoudite soutient les groupes rebelles et participe aux frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis contre le groupe jihadiste État islamique (EI).
La Russie insiste depuis le début du conflit en Syrie sur la participation de l'Iran à un règlement politique. Mais les Etats-Unis s'y opposaient fermement, avant d'amorcer mardi à la surprise générale une inflexion de leur position.
Aux chefs de la diplomatie américaine, russe, saoudienne et turque se joindront également vendredi dans la capitale autrichienne leurs homologues libanais et égyptien. Les ministres des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, britannique, Philip Hammond, et allemand, Frank-Walter Steinmeier, ainsi que la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini y seront aussi.
Ces "pourparlers élargis" seront précédés jeudi soir par une réunion quadripartite entre les chefs de la diplomatie de la Russie, Sergueï Lavrov, des Etats-Unis, John Kerry, de l'Arabie Saoudite, Adel al-Jubeir, et de la Turquie, Feridun Sinirlioglu, selon une source diplomatique russe.
Une première rencontre du même format s'était déroulée vendredi dernier dans un palace viennois pour évoquer les perspectives de règlement de la guerre civile syrienne qui a fait plus de 250.000 morts depuis 2011.

- Calendrier pour le départ de Bashar -
Pour l'Arabie Saoudite, ces pourparlers seront l'occasion de tester "le sérieux" de l'Iran et de la Russie pour un règlement négocié du conflit.
"Je ne crois pas que nous devons attendre d'avancées majeures des discussions à Vienne", a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint américain, Tony Blinken. Le défi posé par la Syrie "n'est rien moins qu'une course pour sortir de l'Enfer", a lancé John Kerry. Ces pourparlers représentent "l'occasion la plus prometteuse pour (trouver) une ouverture politique", a-t-il jugé.
Berlin a jugé très improbable une "percée", "les différences dans les positions (étant) trop grandes".
"Favorable" à la présence de l'Iran à Vienne, la France a affirmé avoir consulté mardi soir ses alliés occidentaux et arabes sur les "modalités d'une transition politique garantissant le départ de Bashar al-Assad dans un calendrier précis".
Le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou, soutien clé de Damas. Le directeur de la CIA John Brennan s'est néanmoins dit convaincu que les Russes chercheraient à terme à obtenir son départ.
Mais mercredi soir, un porte-parole du Kremlin a affirmé qu'un règlement politique ne pourrait être discuté en détail qu'une fois que les "terroristes auront reçu des coups décisifs".
La France a par ailleurs de nouveau mis en avant sa volonté de présenter au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution visant à faire cesser les largages de barils d'explosifs par l'aviation syrienne, qui ont fait des milliers de victimes civiles en zone rebelle.
Mais la Russie a exprimé son opposition à ce projet, assurant qu'il pourrait "faire courir des risques aux efforts (diplomatiques) entrepris actuellement".
Sur le terrain, l'armée russe a annoncé avoir bombardé 118 cibles "terroristes" ces dernières 24 heures, soit une intensité de frappes jamais atteinte depuis le début de son intervention militaire le 30 septembre.
Au moins 35 Syriens, patients et personnel médical, ont été tués et 72 blessés au cours d'une "récente et significative augmentation" de frappes aériennes sur des hôpitaux en Syrie, a affirmé jeudi Médecins sans Frontières (MSF).

mercredi 28 octobre 2015

Israël/Palestine : Nouvelles attaques en Cisjordanie occupée, les Palestiniens veulent récupérer les corps

De nouvelles attaques au couteau ont maintenu mercredi un climat de forte tension entre Palestiniens et Israéliens qui, s'il ne cessait pas, pourrait mener à la "catastrophe" selon un responsable de l'ONU.
La vague de violences semblait cependant en voie de diminuer à Jérusalem qui n'a plus connu d'attentat depuis le 17 octobre, selon les autorités israéliennes.
En dépit de cette apparente baisse d'intensité, le président Mahmud Abbas a de nouveau demandé pour les Palestiniens la protection de la communauté internationale.
"Nous avons besoin de votre protection. Protégez-nous", a-t-il lancé lors d'une réunion spéciale du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève.
"La violence entre Palestiniens et Israéliens va nous amener à la catastrophe si elle ne cesse pas immédiatement", s'est inquiété devant la même audience le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
Depuis quatre semaines, les affrontements entre jeunes lanceurs de pierres et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et une série d'attentats anti-israéliens ont fait 61 morts (dont un Arabe israélien) côté palestinien et neuf côté israélien.
Deux nouvelles attaques à l'arme blanche ont été commises mercredi. A Hébron, un Palestinien a tenté de poignarder un soldat israélien et a été abattu, selon la police israélienne. Presque simultanément, un Palestinien a légèrement blessé une Israélienne au couteau à une dizaine de kilomètres au nord près d'un bloc de colonies juives.

- 'Écraser notre dignité' -
Ces derniers jours, un déploiement policier considérable, des efforts d'apaisement et les pressions de la communauté internationale paraissent avoir réduit l'étendue des violences.
En Cisjordanie, la mobilisation reste importante, même si les manifestations dégénèrent moins systématiquement en bataille meurtrière.
La situation est particulièrement volatile à Hébron, qui abrite un lieu révéré à la fois par les musulmans et les juifs (le tombeau des Patriarches) et 500 colons israéliens y vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés. Dans les environs, les conflits sont permanents entre villageois palestiniens et colons israéliens.
Les Palestiniens se mobilisent à présent pour récupérer les corps des auteurs d'attaques tués qu'Israël ne leur a toujours pas restitués.
Le gouvernement israélien a en effet décidé le 14 octobre, dans le cadre de mesures vigoureuses, que ces corps ne seraient plus restitués aux familles.
C'est ainsi que le père de Dania Irshaid attend toujours de récupérer la dépouille de cette Palestinienne de 17 ans mortellement touchée par les balles israéliennes dimanche à Hébron.
Les Israéliens "veulent faire pression sur nous, surtout en gardant les corps des filles car ils savent que c'est plus qu'une ligne rouge pour nous: ils les exécutent et après ils essayent d'écraser notre dignité, notre honneur", a déclaré Jihad, le père, à l'AFP.
La justice israélienne est censée se pencher jeudi sur une autre mesure controversée: la démolition des maisons d'auteurs d'attentats, elle aussi perçue comme relevant du châtiment collectif. La Cour suprême est saisie de neuf recours contre ces démolitions.

- Le défi d'un député arabe -
De multiples facteurs ont causé l'exaspération de la jeunesse palestinienne: vexations liées à l'occupation, poursuite de l'occupation, privation d'un Etat palestinien attendu depuis des décennies, absence de toute perspective personnelle, discrédit des autorités et partis palestiniens.
La protestation se cristallise autour de l'Esplanade des Mosquées à Jérusalem-est, le troisième lieu saint de l'islam et le site le plus sacré du judaïsme. Le soupçon qu'Israël veuille changer les règles régissant les lieux, autoriser les juifs à y prier et à terme prendre le contrôle du site passe pour un déclencheur primordial de l'escalade.
Le Premier ministre avait interdit début octobre aux ministres et aux députés israéliens de se rendre sur l'esplanade, où les visites de politiciens juifs sont largement interprétées comme des provocations par les Palestinens.
Un député arabe israélien, Basel Ghattas, a ouvertement défié cet interdit mercredi.
"Je ne laisserai aucun député ni aucun ministre, quel qu'il soit, pénétrer sur le mont du Temple", nom donné à l'esplanade par les juifs, a martelé Netanyahu qui a accusé M. Ghattas de chercher à enflammer les esprits.

Syrie : La France souhaite un "calendrier précis" du départ d'Assad

Une délégation de parlementaires français (démocrates-chrétiens)
rencontre le boucher de Damas, Bashar el-Assad.

Un calendrier précis pour le départ du dictateur Bashar el-Assad. Telle est la volonté de la France et de ses alliés occidentaux et arabes. Ils entendent négocier dans les prochains pourparlers internationaux sur la Syrie cette échéance. Cette position a été définie mardi soir à Paris, en vue des discussions prévues en fin de semaine à Vienne, auxquelles prendront aussi part la Russie et l'Iran, principaux soutiens du régime syrien. "Nous nous sommes concertés sur les modalités d'une transition politique garantissant le départ de Bashar el-Assad dans un calendrier précis", a déclaré Laurent Fabius dans un communiqué.
Le ministre français avait réuni la veille, pour un dîner de travail consacré à la Syrie, des représentants de quatre pays arabes (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Jordanie, Qatar), de la Turquie, des États-Unis, de l'Allemagne, de l'Italie et du Royaume-Uni. "Cette réunion utile a permis de préparer les réunions de Vienne auxquelles je participerai", a-t-il indiqué.
Outre la question du départ de Bashar el-Assad, les participants se sont également entendus sur "la nécessité de poursuivre (leurs) efforts de lutte contre Daesh (NDLR : acronyme arabe du groupe État islamique) en Syrie tout en soutenant l'opposition syrienne modérée, dont le rôle dans les futures négociations a été souligné", a ajouté Laurent Fabius. "L'engagement d'un processus doit s'accompagner de changements tangibles sur le terrain, au bénéfice de la population syrienne. Nous poursuivrons nos échanges dans ce format", a-t-il conclu.
Le chef de la diplomatie française a par ailleurs indiqué avoir "évoqué", dans une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, l'intention de Paris de "présenter rapidement au Conseil de sécurité (de l'ONU) une résolution interdisant les bombardements aux barils d'explosifs", menés à grande échelle par l'aviation du régime syrien sur les zones rebelles et qui ont fait des milliers de victimes civiles.

Israël/Palestine : Poursuivre le chemin de la libération

« Par la permission d’Allah, nous retournerons à Yafa, Haïfa, Akka, Safad… »
(martyr Diya’ Talahme, assassiné fin septembre 2015, dans la ville d’al-Khalil, lors d’une manifestation en solidarité avec les murabitun et murabitat dans al-Aqsa).

L’Intifada al-Quds, dont certains situent le déclenchement au premier octobre, est la poursuite, à plus grande échelle, et de manière plus intense, de la révolte quasi-permanente des Maqdissis, depuis plus d’un an, depuis l’assassinat de Mohammad Abu Khdayr plus précisément, au mois de juin 2014. Depuis cette date, la ville d’al-Quds est devenue le champ d’affrontement à tous les niveaux entre les Palestiniens Maqdissis et les forces coloniales. Dans les rues et ruelles de la vieille ville, dans les bourgs et quartiers d’al-Quds, les jeunes se sont opposés à la terreur sioniste, celle qui consiste à tuer, arrêter, blesser, asperger d’eaux usagés, à lancer les grenades à gaz asphyxiant, écraser, détruire les propriétés palestiniennes, réprimer toute expression indépendante et expulser. Mais l’arrogance sioniste n’ayant pas de limite, les dirigeants de l’entité coloniale ont voulu profiter de l’absence de l’intérêt arabe et musulman pour la Palestine, pour activer le plan de la judaïsation de la mosquée al-Aqsa. Tout au long des mois de 2014 et 2015, les occupants s’en sont pris à la présence musulmane dans la mosquée, en interdisant l’entrée des fidèles, en les soumettant à des contrôles humiliants, en arrêtant femmes et hommes aux portes ou à l’intérieur de la mosquée, quand ces derniers s’opposent aux profanations de la mosquée par les colons et officiels de l’entité, en émettant des dizaines d’ordres d’éloignement de la mosquée al-Aqsa, ou d’al-Quds, à des Palestiniens venus des territoires occupés en 48 ou à des Maqdissis. Al-Quds et la mosquée al-Aqsa sont menacés par la judaïsation. Ce fut la cause directe de la généralisation de la révolte palestinienne contre l’occupation.

Revenir aux premiers moments de l’Intifada al-Quds peut aider à comprendre son déclenchement. Les scènes de violence perpétrée contre les Murabitat (femmes gardiennes de la mosquée al-Aqsa), alors que les juifs entraient sous escorte sécuritaire, par centaines, dans la mosquée, prétendant qu’il s’agit de l’emplacement d’un temple juif, et le silence complice des dirigeants arabes et musulmans devant de tels actes provocateurs, ont poussé les Palestiniens à riposter comme il se doit : les opérations de poignard, la première menée le 3 octobre par le martyr Muhannad Halabi, membre de la Ligue estudiantine du Mouvement du Jihad islamique, immédiatement suivie par d’autres opérations semblables, les manifestations, jets de pierre et de cocktails molotov sur l’occupant dans les bourgs maqdissis, puis aux points de confrontation avec les forces armées de l’occupation en Cisjordanie, et notamment dans la ville d’al-Khalil et les camps palestiniens. Ce soulèvement dans al-Quds et quelques villes et villages de la Cisjordanie est accompagné par un soulèvement dans les territoires occupés en 48, principalement dans les villes et grands bourgs. Quelques jours après, les Palestiniens de la bande de Gaza affirment leur participation à l’Intifada en manifestant près la « zone sécurisée ». Les sionistes commettent un massacre en tirant : onze martyrs tombent.

Les causes de l’Intifada al-Quds sont multiples, et la défense de la mosquée al-Aqsa, comme lors de la seconde intifada en 2000, est le motif déclencheur. S’il faut établir un ordre dans l’énumération des causes, il faut placer en second lieu les horribles crimes commis par les colons, restés impunis malgré les protestations de quelques dirigeants sionistes, poussant la colère palestinienne à son comble. Puis la colonisation rampante, les barrages humiliants, les arrestations par centaines, les guerres contre Gaza et le blocus maintenu, malgré les victoires militaires de la résistance palestinienne. Les discours creux de l’Autorité palestinienne et de son chef ont confirmé la nécessité de se prendre en main, et de ne rien attendre de la direction, d’autant plus que la division inter-palestinienne semble perdurer. Et pour clore, l’absence totale de la question palestinienne dans les discours prononcés à l’assemblée générale de l’ONU, le 29 septembre. Le fait de faire du 30 septembre « la journée du drapeau palestinien », saluée par l’Autorité palestinienne, est apparu comme une piètre mascarade qui ne répond en rien aux crimes de l’occupation coloniale.

Résistance palestinienne et répression :

Fin septembre, l’opération de la résistance palestinienne contre des colons de « Itamar » a prouvé qu’il était possible de mener des opérations armées en Cisjordanie, bravant la coordination sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et l’occupant. Bien que certains analystes essaient de la séparer des événements qui ont suivi, cette opération a signalé que la colère palestinienne est à son comble, surtout depuis l’immolation par les colons de la famille Dawabsheh, deux mois plus tôt. Mais c’est dans al-Quds occupée, dans les ruelles de la vieille ville, que l’opération de poignard menée par le martyr Muhannad Halabi, le 3 octobre, que le coup d’envoi est donné pour les futures opérations de poignard, malgré la vague répressive et meurtrière de l’occupation qui a suivi et qui se poursuit. Plus de 1200 Palestiniens sont arrêtés au cours de trois semaines d’Intifada, la plupart dans les villes d’al-Quds et d’al-Khalil. Selon les statistiques, 23% sont des enfants âgés entre 13 et 18 ans. Le nombre de blessés a dépassé les 2000, entre blessés graves et blessés légers, victimes des tirs à balle réelle, du gaz asphyxiant, et des brutalités de l’occupation. 64 martyrs sont tombés depuis le 3 octobre, dont 20 de la ville d’al-Khalil, 15 dans la ville d’al-Quds, 14 dans la bande de Gaza, où se rassemblent régulièrement des jeunes, en soutien à l’Intifada al-Quds, et parmi eux 14 enfants de moins de 18 ans. Le nombre élevé des martyrs est dû au fait que l’occupant a intentionnellement exécuté des Palestiniens, surtout des jeunes et des enfants, prétendant qu’ils avaient l’intention de poignarder des colons ou des soldats sionistes. Tout comme il a préféré exécuter les résistants qui ont effectivement poignardé ou écrasé des colons, plutôt que de les blesser et de les arrêter. En procédant à leur exécution sur le terrain, les sionistes pensent d’une part pouvoir arrêter la révolte palestinienne, alors que le crime de l’exécution ne fait que raviver la colère et la détermination palestiniennes, et d’autre part, poursuivre leur politique d’extermination lente du peuple palestinien. Pour les sionistes, l’individu palestinien ne compte pas. Il faut mentionner que la tuerie exécutée sur les Palestiniens de Gaza, le 10 octobre, ressemble en tout point à celle executée en mai 2011 sur les réfugiés palestiniens, qui s’étaient regroupés aux frontières palestino-libanaises et dans le Golan, réclamant leur droit au retour en Palestine. Dans les deux cas, les dirigeants sionistes tirent dans la foule pour tuer. Ces tueries prouvent que les sionistes ont peur, même lorsque les Palestiniens avancent sans armes, vers les « frontières ». Juste le fait de marcher vers les « frontières » avec une possibilité de les franchir les rend hystériques.

Croyant pouvoir réprimer la colère des Palestiniens, les sionistes ont décidé de ne plus livrer les corps des martyrs aux familles, afin d’éviter les marches funèbres, qui sont souvent des manifestations contre l’occupant. Mais cette décision a suscité des manifestations réclamant les corps des martyrs.

L’hystérie bat son plein dans l’entité coloniale, avec 56 opérations de poignard exécutées par les résistants palestiniens, rien qu’au cours de ce mois d’octobre. Les opérations palestiniennes ont entraîné la mort de 11 sionistes, et blessé quelques centaines, parfois de manière indirecte, car elles ont entraîné une telle panique au sein des colons, vivant dans les territoires occupés en 1948 ou en 1967, que les sionistes se ruaient par les hublots des trains pour fuir des soit-disant menaces qu’ils voyaient partout. Ou alors, les sionistes se tiraient les uns sur les autres, pensant qu’il s’agissait d’ « Arabes ». Cet état de panique généralisée au sein de la colonie a eu des répercussions sur l’économie de l’entité, notamment dans al-Quds, même dans sa partie occidentale. La presse sioniste a consacré des articles à ce propos, mettant en avant que ce sont les petits et moyens commerçants sionistes dans la ville d’al-Quds qui ont « souffert » le plus de l’Intifada al-Quds.

Martyrs palestiniens tombés depuis le 3 octobre : 1 - Muhannad Halabi (al-Bireh), 19 ans ; 2 – Fadi Aloun (Al-Quds), 19 ans ; 3 – Amjad Jundi (Yata, Al-Khalil), 20 ans ; 4 – Thaer Abu Ghazale (Kfar Aqab, Al-Quds), 19 ans ; 5 – Abdel Rahman Ubaydullah (Camp Ayda, Bayt Laham), 11 ans (tombé le 5 octobre) ; 6 – Hudayfa Sulayman (Tulkarm), 18 ans ; 7 – Wissam Jamal (Camp She’fat, al-Quds), 20 ans ; 8 – Mohammad Jaabari (Khalil), 19 ans ; 9 – Ahmad Jamal Salah (Camp She’fat, al-Quds), 20 ans ; 10 - Ishâq Badran (Kfar Aqab, al-Quds), 16 ans (tombé le 10 octobre) ; 11 – Mohammad Sa’id Ali (Camp She’fat, al-Quds), 19 ans ; 12- Ibrahim Awad (Bayt Ummar), 28 ans ; 13 – Ahmad Sharaka (Camp al-Jalazon) 13 ans (assassiné le 11 octobre) ; Mustafa al-Khatib (Sour Baher, al-Quds), 17 ans (assassiné le 12 octobre) ; 15 – Hassan Manasra (Bayt Hanina, al-Quds), 15 ans ; 16 – Mohammad Shamasne (Qatana, al-Quds), 22 ans ; 17 Baha’ Alaayn (Jabal Mukabber, al-Quds), 22 ans ; 18 – Alaa Abu Jamal (Jabal Mukabber, al-Quds), 33 ans ; 19 – Mu’tazz Zawahra (Bayt Laham), 27 ans ; 20 – Bassel Sard (al-Khalil), 20 ans ; 21 – Ahmad Sha’ban (al-Quds), 23 ans ; 22 – Riyad Dar Youssof (Ramallah) 46 ans ; 3 – Fadi Darbi (Jénine, décédé en détention), 30 ans ; 24 – Ihab Hanini (Bayt Fourik, Nablus), 19 ans : 25 – Iyad Awawdeh (al-Khalil), 26 ans ; 26 – Tareq Natché (al-Khalil), 17 ans ; 27 – Bayan Usayli (al-Khalil), 16 ans ; 28 – Fadl Qawasmeh (Al-Khalil), 18 ans ; 29 – Omar Faqih (Qatana, al-Quds), 23 ans ; 30 – Mu’tazz Uwaysat (Jabal Mukabber, al-Quds), 16 ans ; 31 – Muhannad Uqbi (Naqab), 21 ans ; 32 – Hoda Darwish (Issawiya, al-Quds), 65 ans ; 33 – Uday Musalma (al-Khalil), 24 ans ; 34 – Hamza Amleh (Bayt Ula, al-Khalil), 25 ans ; 35 – Hussam Jaabari (al-Khalil), 18 ans ; 36 -  Bashar Jaabari (al-Khalil), 15 ans ; 37 – Mu’tazz Qassem (Izariya, al-Quds), vingtaine ; 38 – Hashim Hashim (al-Khalil), 54 ans ; 39 – Mahmoud Ghunaymat (Sourif), 20 ans ; 40 – Ahmad Kamil (Qabatya, Jénine), 17 ans ; 41 - Dania Irshid (Al-Khalil), 17 ans ; 42 - Saad al-Atrach (al-Khalil), 20 ans ; 43 – Raed Jaradat (Sa’ir, al-Khalil), 22 ans ; 44 – Iyad Jaradat (Sa’ir, al-Khalil), 19 ans. 45 – Shadi Hussam Dawla (Gaza), 20 ans ; 46 – Ahmad Herbawi (Shaja’iya, Gaza), 20 ans ; 47 – Abd Wahidi (Shuja’iya), 20 ans ; 48 – Mohamad Raqab (Gaza), 15 ans 49 – Adnan Abu Alayan (Khan Younes, Gaza), 22 ans ; 50 – Ziyad Sharaf (Gaza), 20 ans ; 51 – Jihad Ubayd (Dayr Balah, Gaza), 22 ans ; 52 – Marwan Barbakh (Gaza), 13 ans (tombé le 10 octobre) ; 53 – Khalil Uthman (Gaza), 18 ans ; 54 – Nour Hassan (Gaza), 30 ans ; 55 - Rahaf Hassan (Gaza), 2 ans (bombardée le 11 octobre) ; 56 – Shawqi Ubayd (Bayt Hanoun) 37 ans ; 57 – Yahya Farhat (Shuja’iya, Gaza), 24 ans ; 58 – Mahmoud Hamida (Gaza), 22 ans ; 59 – Ahmad Sarhi (Gaza), 20 ans ; 60 – Yahya Karira (Gaza), 20 ans ; 61 – Khalil Abu Ubayd (Khan Younes), 25 ans. 62 - Izzidine Abu Shakhdam (al-Khalil) ; 63 - Shadi Qudsi (al-Khalil); 64 – Human Sa’id (al-Khalil), 22 ans

Déclarations : le refus de l’accord américano-jordanien-sioniste sur la mosquée al-Aqsa

Nombreux sont les responsables palestiniens qui ont riposté à l’accord conclu entre le sioniste Netanyahu, l’Américain Kerry et le régime jordanien, concernant la mosquée al-Aqsa. L’accord qui affirme revenir à la situation antérieure ne change rien en fait, puisqu’il autorise les sionistes et les étrangers à profaner la mosquée, et accorde aux sionistes le droit d’autoriser les fidèles palestiniens à entrer dans leur mosquée, s’ils montrent « patte blanche », c’est-à-dire s’ils prouvent qu’ils sont « paisibles », selon les critères sionistes. De plus, des caméras seraient installés tout autour de la mosquée, pour le contrôle des fidèles à l’intérieur de la mosquée. Dans cet accord, Netanyahu a effrontement menti, lorsqu’il a affirmé que les sionistes n’ont pas eu l’intention de modifier le statut de la mosquée al-Aqsa, ce qui est contredit par les manuels scolaires des sionistes où la mosquée al-Aqsa n’existe pas. Dans les déclarations de Netanyahu et de tous les sionistes, de gauche et de droite, , c’est toujours du « Mont du temple » qu’ils parlent, ne reconnaissant pas la présence de la mosquée al-Aqsa, ce qui confirme leur intention de la détruire.

Le Mouvement Islamique dans l’intérieur palestinien (occupé en 48) a commenté l’accord disant que « la « situation antérieure » que nous connaissons historiquement et que nous considérons comme étant une solution est l’entière souveraineté musulmane sur la mosquée al-Aqsa et la fin de l’occupation israélienne. » Le Mufti d’al-Quds, Mohammad Hussayn a pour sa part déclaré : « la mosquée al-Aqsa est une mosquée intégralement musulmane, et pour les musulmans seuls. Personne ne peut partager avec eux cette souveraineté et elle ne peut être soumise à des entretiens ou consultations ». Il a ajouté : « al-Aqsa subit des agressions menées par différentes parties israéliennes, avec le souien du gouvernement israélien et sa police. S’ils veulent s’éloigner de la mosquée et arrêter leurs agressions, qu’ils le fassent tous seuls, car nous ne participatons pas à ce genre de rencontres (proposition sioniste d’organiser une réunion conjointe). Al-Aqsa n’est pas soumis à la discussion entre musulmans et juifs, ou pour toute sortes d’initiatives. C’est une mosquée intégralement musulmane, aux Arabes et musulmans seuls, et les Juifs n’y ont aucun droit. »

Le président du « Conseil Islamique », sheikh Ikrima Sabri, a affirmé que le fait d’accepter d’installer des caméras de surveillance « israéliennes » dans la mosquée al-Aqsa et ses places, sous l’égide des Awqaf islamiques et les autorités de l’occupation, signifie accepter de collaborer avec l’occupation pour la gestion de la mosquée et des lieux saints dans al-Quds occupée, ce qui est très grave ». Il a poursuivi que les Palestiniens ne le permettront pas.

L’Autorité palestinienne, par la voix de son ministre des Affaires Extérieures, a déclaré que les caméras qui seraient installés sont prévues pour contrôler les Palestiniens. Cette déclaration a a uscité la colère des responsables jordaniens qui expliquent que les caméras sont conçues pour documenter sur les agressions sionistes, et qu’elles ne sont pas sous surveillance de l’entité coloniale, mais que « des équipes jordaniennes et israéliennes se mettront d’accord » sur la question, pour faire « régner le calme dans la mosquée ».

Le mouvement du Hamas a déclaré à ce propos qu’il est « nécessaire de confirmer l’état historique de la mosquée al-Aqsa, comme cela était avant l’occupation par l’entité israélienne de la mosquée et de la ville d’al-Quds, avant 1967, car il s’agit d’un lieu intégralement et exclusivement musulman, et le département des Awqaf d’al-Quds est responsable de sa gestion, cela d’un point de vue juridique, légal et historique. »

Concernant la visite de Ban Ki Mon, en Palestine occupée, pour rencontrer les dirigeants sionistes et les Palestiniens, le député du mouvement Hamas, Isma’il al-Achkar a déclaré le 20/10 : « A mon avis, la visite du secrétaire général de l’ONU à l’entité sioniste vise à se rassurer sur la capacité de l’entité à supporter la révolution des poignards et l’intifada menée par les jeunes de notre peuple palestinien ». Il a dénoncé cette visite comme servant à propager les mensonges de l’occupation et à faire pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle arrête l’Intifada al-Quds. Cette position est partagée par l’ensemble de la classe politique et des mouvements de la résistance palestinienne, qui ont dénoncé la visite de Ban Ki Mon en affirmant que ce dernier cherche avant tout à arrêter l’Intifada, pour assurer les intérêts de l’occupation.

Analyses :

Dans un article paru le 27 octobre intitulé « Une fois encore, à propos des objectifs de la lutte palestinienne » Munir Shafiq, penseur arabo-palestinien, revient sur les objectifs de la révolution palestinienne et ses stratégies. Il affirme que le fait d’avoir introduit comme objectif la création d’un Etat palestinien est au centre de la crise vécue par le mouvement national palestinien. Car cette revendication a entraîné les concessions, d’autant plus qu’il s’agissait d’un Etat qui n’a pas sa base, la terre, qui est occupée. Cette revendication a été placée à la tête de toutes les autres, comme si le but était de fonder un Etat, et non de libérer la Palestine occupée. Pour l’auteur, les objectifs actuels sont clairs  et ne réclament pas de longs débats : chasser l’occupant des territoires occupés en juin 1967, démanteler les colonies, libérer les prisonniers. Pour ce faire, la lutte palestinienne doit inclure la lutte armée, la résistance et les luttes populaires.

Dans un article paru le 21 octobre, l’ancien responsable au Fateh, Mu’in Taher, défend l’idée que la résistance armée n’est pas la « militarisation » de l’Intifada. En effet, depuis le début du déclenchement de l’Intifada, certains intellectuels proches de l’Autorité palestinienne et de la gauche palestinienne ont mis en garde contre la « militarisation » de l’Intifada, considérant que cette militarisation nuira au mouvement populaire, mais ces intellectuels craignaient en fait l’utilisation des armes dans la lutte actuelle. Mu’in Taher répond en montrant la différence entre la résistance armée et la « militarisation », la première étant légitime et doit être présente aux côtés des luttes populaires, alors que la « militarisation » n’a pas lieu d’être, puisque c’est un phénomène maladif qui s’est plutôt retourné contre le peuple, l’apparition publique en armes ne signifie pas mener la résistance. La résistance armée peut et doit être le soutien de la lutte populaire, qui peut prendre des formes très différentes, comme organiser les comités de surveillance pour protéger les villages, couper les routes, boycotter les produits sionistes, arrêter de travailler dans les marchés sionistes, arrêter de payer les impôts, dénoncer ceux qui collaborent avec l’ennemi, etc… La résistance armée ne doit pas s’isoler des masses en lutte, sinon elle est vite encerclée par l’ennemi. C’est le peuple qui protège la résistance.

Dans un article daté du 28 octobre, intitulé « Kerry et la légalisation de la profanation d’al-Aqsa », le professeur Abdel Sattar Qassem dénonce le plan Kerry concernant la mosquée al-Aqsa, affirmant d’abord que les Etats-Unis sont des alliés de l’occupation et ne peuvent jouer le rôle de médiateur dans ce conflit. Pour lui, Kerry a légalisé la présence et profanation par les non-musulmans de la mosquée al-Aqsa, alors que les Nations-Unies avaient jusque là voulu maintenir un statu-quo. Mais les Etats-Unis sont allés contre ce statu quo en proposant que les juifs aient « droit de visite » dans la mosquée. Ce droit, seuls les Palestiniens sont autorisés à l’accorder à qui bon leur semble, et nul autre. En fait, la proposition de Kerry légalise, pour la première fois, au niveau international, le « droit » des Juifs à se trouver dans la mosquée al-Aqsa et d’autres lieux saints en Palestine. L’auteur compare la proposition de Kerry à la promesse Balfour, qui a d’abord proposé un « foyer », puis il y a eu le partage entre « Juifs et Arabes », puis toute la Palestine est sous occupation sioniste à présent. Il peut être de même pour la mosquée al-Aqsa, qui de « exclusivement musulmane », passe à un « droit de visite », puis devient « juive et musulmane » pour finir « juive ».

Dans la presse sioniste :

La décision de Netanyahu de supprimer le droit de séjour aux Palestiniens de certains quartiers de la ville occupée suscite des remous dans la presse sioniste, notamment libérale comme Haaretz, tout comme l’ordre de bloquer certains quartiers (Jabal Mukabber, Issawiya) par des murs ou des blocs en béton. Cette dernière mesure est considérée comme allant à contre-courant de la déclaration de l’unification de la ville d’al-Quds. Pour certains analystes, al-Quds n’a jamais été unifiée (Est et Ouest), car les différences sont très vives entre les deux parties, non seulement par la population, mais aussi par les services fournis par la municipalité, la partie orientale d’al-Quds, occupée en 1967, reste très en-deçà de l’égalité avec la partie occidentale. Si la presse sioniste rapporte généralement les opérations de poignard ou les prétendues opérations, justifiant les assassinats et les exécutions, elle souligne par ailleurs l’état de panique dans la société coloniale. La presse libérale essaie cependant de mettre en garde contre la répression des « Arabes israéliens » (les Palestiniens de 48), en les empêchant de s’exprimer « dans les limites fixées par les lois » sionistes, et de leurs députés, car une forte répression entraînera des dommages dans la « société israélienne ».

"Baladi"
N°1 – Octobre 2015

Israël/Palestine : Poursuivre le chemin de la libération (Baladi)

Liban : "Ne bouge pas !"

Au cours d'un rassemblement citoyen au centre de Beyrouth.
(Photo correspondant local d'Assawra)

Israël/Palestine : Dans les camps, les réfugiés palestiniens qui ont "tout perdu" veulent durcir la lutte

Dans les heurts quotidiens avec les soldats israéliens, les jeunes Palestiniens venus des camps de réfugiés, jadis créés pour être temporaires mais devenus de vraies villes dans les villes, forment le gros des troupes de lanceurs de pierres.
Dans la chronique palestinienne, tout commence ou explose toujours dans les camps. Il y a eu les emblématiques Sabra et Chatila à Beyrouth, le camp de Jénine, assiégé durant une dizaine de jours par l'armée israélienne en 2002 au plus fort de la deuxième Intifada; ou celui de Balata, à Naplouse, d'où venaient plusieurs des kamikazes qui ont semé la terreur en Israël de 2000 à 2005.
Plus de deux millions de Palestiniens de Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza sont enregistrés auprès de l'UNRWA, l'agence de l'ONU en charge des réfugiés, soit près de la moitié de la population des Territoires occupés.
Mahmoud Fannoun dirige le Front populaire de libération de la Palestine, la gauche historique palestinienne, à Bethléem et reçoit les condoléances pour la mort d'un jeune militant du mouvement dans des heurts, dans le camp de Dheicheh, bastion historique du FPLP dans la ville de la Nativité. "La lutte est toujours née dans les camps, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Palestine, car ce sont les réfugiés qui portent dans leur chair la cause palestinienne", dit cet ancien parlementaire.

- 'Déjà tout perdu en 1948' -
"Nous, dans les camps, on n'a pas de belles maisons, de gros business, ou quoi que ce soit d'autre à perdre", explique Hamad, 65 ans. "Ma maison et mes terres, je les ai perdues en 1948. Elles sont à dix minutes de voiture de Bethléem, mais l'Autorité palestinienne nous a dit en signant les accords d'Oslo en 1993 de les oublier", poursuit, amer, ce père et grand-père dans le camp de Aïda à Bethléem qui abrite 6.000 réfugiés.
En signant ces accords qui devait préfigurer un Etat de Palestine à l'horizon 2000, les Palestiniens ont entériné l'idée d'un Etat à l'intérieur des frontières du conflit de 1967, c'est-à-dire aux côtés d'Israël, auquel reviendrait les terres conquises en 1948 lors de la création de l'Etat hébreu.
Mohammed, qui à 21 ans cumule un petit boulot dans une station-service proche de son camp d'Aïda et ses études, est né après ces accords. Aujourd'hui, le jeune homme aux cheveux coiffés en brosse et recouverts de gel dit n'avoir "rien à perdre". "On a grandi dans les écoles de l'ONU. Dans nos maisons, l'électricité coupe tout le temps, on ne trouve pas de travail. Aller à Jérusalem, on n'en rêve même pas, on voit le mur (barrière de séparation israélienne) partout. Et dans toutes nos familles il y a des martyrs, des blessés ou des prisonniers", résume-t-il.
Les "martyrs", il y a en eu une demi-douzaine dans les camps de réfugiés ces dernières semaines, dont trois dans le camp de Chouafat à Jérusalem-Est, où vivent 18.000 personnes. Les blessures, souvent par balles, et les arrestations se comptent par dizaines.

- Tirs en l'air -
Dans les camps de Bethléem ou de Ramallah, des détonations retentissent lors des funérailles. Canons pointés vers le ciel, des hommes armés, postés en hauteur mais jamais visibles, ont tiré en l'air, comme un avertissement sans frais contre ce qu'il adviendrait si les camps prenaient les armes.
"Le matin, je sors de chez moi et je ne sais pas si je vais rentrer. Je peux être arrêté ou tué à tout moment par un soldat ou un colon" israélien, renchérit Hicham, 51 ans, lui aussi descendant de réfugiés, qui observe de loin les heurts au pied du mur qui enferme Bethléem.
Lui et ses cinq frères ont fait plusieurs séjours dans les prisons israéliennes. Aujourd'hui, c'est son fils qui est détenu et, dit-il, "hier, l'administration pénitentiaire a décidé d'annuler notre permis de visite".
"Mes deux autres fils sont parmi les lanceurs de pierres, mais comment leur dire de ne pas y aller?", lâche celui qui jetait les mêmes projectiles sur d'autres soldats il y a près de 30 ans quand éclatait la première Intifada.
Les promesses de paix et les initiatives diplomatiques de l'Autorité palestinienne le font sourire, puis l'énervent franchement. "En 22 ans, Oslo nous a ramenés des milliers d'années en arrière", dit-il. "Ces gens qui parlent de paix, regardez les: ils portent de jolis costumes avec de belles cravates, vous trouvez qu'ils nous ressemblent ?"

mardi 27 octobre 2015

Syrie : "Actions directes au sol"

L'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a estimé mardi qu'une solution était possible en Syrie si la Russie et les Etats-Unis parvenaient à "travailler ensemble".
A l'issue de la première conférence internationale sur la Syrie (Genève 1), le 30 juin 2012, les grandes puissances avaient signé un plan de règlement du conflit prévoyant une transition politique, mais qui est resté lettre morte. "Il était peut-être trop tôt en 2012. Mais aujourd'hui nous voyons des contacts qui n'étaient pas possibles en 2012", a estimé M. Annan.
Sur le plan militaire, Washington a affiché sa volonté d'intensifier les bombardements aériens contre les jihadistes de l'EI en Syrie et en Irak.
"Nous prévoyons d'intensifier notre campagne aérienne, y compris avec des appareils supplémentaires de la coalition et des Etats-Unis, pour cibler l'EI avec des frappes plus nombreuses et plus fortes", a déclaré le ministre américain de la Défense, Ashton Carter, devant la commission des forces armées du Sénat.
"Nous ne nous interdirons pas de soutenir des partenaires capables de mener à l'occasion des attaques contre l'EI, ou de mener ces missions nous-mêmes, que ce soit par des frappes aériennes ou des actions directes au sol", a ajouté M. Carter.
Ce dernier a laissé entendre que des militaires américains pourraient de nouveau participer à des opérations terrestres contre l'EI, comme celle menée la semaine dernière par des forces spéciales pour libérer 70 prisonniers du groupe jihadiste. Cette opération a coûté la vie à un soldat américain, le premier à mourir en Irak depuis 2011.
Les Américains et leurs alliés pilotent une coalition internationale contre l'EI et soutiennent certains rebelles syriens ennemis du régime. De son côté, la Russie a lancé il y a près d'un mois une campagne de bombardements aériens en Syrie. Une intervention contre le "terrorisme", affirme Moscou. Des raids destinés à sauver le chef de l'Etat syrien, accusent Washington et ses partenaires.
M. Carter a précisé que Washington se concentrerait désormais sur "trois R": Raqa, Ramadi et raids. Ramadi est la capitale de la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak, que les forces irakiennes tentent de reprendre à l'EI, avec le soutien des frappes aériennes de la coalition.