samedi 31 août 2013

Israel : Face to the threat

Israeli soldiers take part in a drill in the Golan Heights, near the border between the Israeli-controlled Golan Heights and Syria. 30 August 2013.
(Photograph : Bernat Armangue)

Somalie: accord à l'arraché entre Mogadiscio et le chef de guerre Madobe

La ville de Kismayo, dans le sud de la Somalie, est en proie depuis des mois à une instabilité chronique. Un des chefs de guerre de la zone, Ahmed Madobe, s’était proclamé président de la région, mais le gouvernement de Mogadiscio ne reconnaissait pas cette autorité. Après des mois d’impasse diplomatique, un accord vient enfin d’être signé entre Mogadiscio et la délégation des Jubba pour mettre en place une administration intérimaire couvrant trois régions : le Moyen et Bas-Juba et le Gedo. Cet accord a été signé à Addis-Abeba après des jours de négociations houleuses.

C’était la troisième tentative de pourparlers. Un accord a fini par être arraché après 7 jours d’âpres négociations, à Addis-Abeba, entre le gouvernement fédéral et la délégation des Jubba emmenée par Ahmed Madobe, ancien islamiste extrémiste reconverti dans la lutte contre les Shebaab.
L’administration est intérimaire et doit durer deux ans à l’issue desquels, l’entité deviendra un membre de l’Etat fédéral somalien. Le contentieux principal portait sur le port et de l’aéroport de Kismayo, que le gouvernement fédéral exigeait de contrôler. La poire a été coupée en deux. La rétrocession se fera dans six mois avec une équipe de gestion dont les membres seront nommés en consultation avec Mogadiscio. Toutes les milices, dont celle de Ras Kamboni, devront passer sous le commandement de l’armée nationale somalienne via un comité technique conjoint. Enfin, une conférence de réconciliation devra être organisée à Mogadicisio, suivie par une autre à Kismayo.
A peine signé, l’accord a été salué par l’envoyé spécial de l’ONU, Nicholas Kay, qui estime « que c’est un pas important vers la restauration de la paix et de la sécurité en Somalie ». Reste à savoir de quelle manière cet accord, obtenu après des compromis douloureux, sera appliqué. C’est en tout cas un soulagement pour de nombreux observateurs qui craignaient, en l’absence d’une issue politique, un regain de violences difficile à contenir.

Syrie : les enquêteurs de l’ONU ont quitté Damas

Ils devaient quitter la Syrie "d’ici samedi", ils auront finalement écourté leur séjour. Les enquêteurs de l’ONU sur les armes chimiques ont quitté leur hôtel de Damas à 4 h 30, heure de Paris. Ils sont arrivés au Liban peu après, franchissant la frontière vers 6 h 40. Une dizaine d’inspecteurs sont arrivés à bord de six voitures frappées du sigle des Nations unies et escortées par des véhicules des forces de sécurité libanaises.
L’équipe d’experts, dirigée par le Dr Aake Sellström, était arrivée le 18 août pour enquêter sur plusieurs sites où régime et rebelles s’accusaient d’avoir utilisé des armes chimiques, mais depuis lundi elle concentrait ses travaux sur les sites d’une attaque massive le 21 août près de Damas. Selon Washington, 1 429 personnes, dont 426 enfants, sont mortes dans cette attaque, que les États-Unis imputent au régime syrien.
La haute représentante de l’ONU pour le désarmement Angela Kane, qui accompagnait les experts de l’ONU en Syrie, avait déjà quitté Damas vendredi en voiture et rejoint le Liban, un trajet de 45 minutes depuis la capitale syrienne. Elle devait rendre compte samedi de son voyage au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon à New York. Une "fenêtre d’opportunité" pour d’éventuelles frappes va s’ouvrir dès samedi après le départ des experts de l’ONU de la Syrie, a indiqué vendredi le secrétaire d’État américain John Kerry.
Washington et Paris se préparent à une éventuelle action militaire en Syrie, alors que Moscou et Pékin y sont opposés. Un porte-parole de l’ONU avait affirmé vendredi que les experts de l’ONU avaient terminé leur travail en Syrie et qu’ils allaient désormais faire "rapidement" un rapport sur l’usage éventuel d’armes chimiques dans le conflit syrien.

vendredi 30 août 2013

Yémen : Qaïed al-Dhahab, un chef d'al-Qaïda, aurait été tué par un drone.

Un chef d’al-Qaïda au Yémen, Qaïed al-Dhahab, a été tué vendredi dans un raid de drone dans la province de Bayda (centre), selon les sources tribale présentes dans la région.
Qaïed al-Dhahab et deux autres hommes ont péri dans le raid qui a pris pour cible tôt le matin la voiture à bord de laquelle ils circulaient à Manasseh, un village de Bayda, a précisé la même source.
Des témoins ont confirmé la mort de Qaïed al-Dhahab, un chef militaire d’al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA), qui avait servi auparavant en Irak. Il est le frère de Tarek al-Dhahab, un dirigeant d’AQPA, qui, en janvier 2012, avait brièvement pris le contrôle de Radah, une localité de la province de Bayda, avant d’être tué dans une attaque armée. Tarek al-Dahab, dont Massaneh est le fief familial, était le beau-frère de l’imam américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, tué en septembre 2011 dans un raid américain.
Les États-Unis sont les seuls à disposer de drones dans la région. Les autorités yéménites n’ont jamais clairement démenti l’utilisation de ces appareils contre al-Qaeda et ne cessent de réaffirmer qu’elles collaborent avec leurs alliés pour lutter contre le réseau extrémiste.
Al-Qaïda a profité de l’affaiblissement du pouvoir central, à la faveur de l’insurrection populaire contre l’ancien président Ali Abdallah Saleh en 2011, pour renforcer son emprise notamment dans l’est et le sud du Yémen.

Syrie : Damas rejette tout "rapport partiel" sur les armes chimiques

Le gouvernement syrien "refuse tout rapport partiel" qui pourra être fait immédiatement après la fin de la mission des inspecteurs de l’ONU enquêtant en Syrie sur un éventuel recours à des armes chimiques, a indiqué vendredi la télévision officielle syrienne. Au cours d’un appel téléphonique au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le ministre Walid Mouallem a déclaré : "La Syrie refuse tout rapport partiel publié par le secrétariat général de l’ONU avant que la mission achève son travail et que l’on ait connaissance des résultats des analyses des prélèvements collectés par la mission", a rapporté la chaîne d’État syrienne.
Ces analyses, qui doivent être effectuées dans des laboratoires européens, vont nécessiter des semaines de travail, avait précisé l’ONU. En revanche, les inspecteurs ont prévu de rentrer dès samedi à New York, où ils devraient faire oralement un rapport préliminaire au secrétaire général, sur la foi de leurs premières constatations sur le terrain. Le chef de la diplomatie syrienne a exigé que "la mission enquête également dans les endroits où des soldats syriens ont été exposés à des gaz toxiques", dont Damas assure qu’ils ont été employés par les rebelles. "Le gouvernement syrien a demandé au secrétariat général d’enquêter dans ces endroits", a ajouté le ministre, cité par la télévision d’État.
Les experts de l’ONU se sont notamment rendus à Muwadamiyat al-Cham, dans la périphérie ouest de Damas et dans la Ghuta orientale, à l’est de la capitale, sites d’attaques chimiques présumées le 21 août, que l’opposition et des pays occidentaux attribuent au régime syrien. Damas a de son côté accusé les rebelles d’avoir eu recours à des gaz toxiques le 24 août à Jobar, dans la périphérie de Damas, pour repousser une offensive de l’armée.
Lorsque le ministre a demandé pourquoi la mission, qui doit quitter Damas samedi matin, se retirait, Ban Ki-moon "a assuré que les inspecteurs reviendraient pour poursuivre leur mission", a ajouté la même source. Walid Mouallem "a insisté sur le fait que la Syrie s’attend à ce que le secrétaire général soit objectif, refuse les pressions et mène à bien son rôle de préservation de la paix et de la sécurité internationales", a ajouté la télévision. "Toute agression contre la Syrie détruira les efforts en vue de parvenir à une solution politique", a prévenu Walid Mouallem.

Palestine : Fish

A Palestinian fish vendor displays fish for sale in Gaza City. 28 August 2013.
(Photograph : Majdi Fathi)

Égypte : Les Frères musulmans peinent à mobiliser

La police égyptienne a dispersé à coups de grenades lacrymogènes vendredi au Caire une manifestation d’une trentaine de partisans du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, ont encore appelé à manifester vendredi contre ce qu’ils qualifient de "coup d’Etat militaire", mais leur capacité à mobiliser a été réduite à néant par deux semaines de répression sanglante et l’arrestation de leurs dirigeants.
Quelque 35 manifestants se sont rassemblés après la grande prière place du Sphinx, au coeur de la capitale, mais, sans qu’ils aient manifesté une quelconque hostilité, la police a tiré des grenades lacrymogènes pour les disperser, a rapporté un journaliste de l’AFP.
"Nous sommes peu nombreux parce que la police a barré l’entrée de la place", a expliqué l’un des manifestants, Mohamed el-Gezaïri.
Le ministère de l’Intérieur a répété jeudi qu’il avait autorisé les soldats et les policiers qui quadrillent la ville à ouvrir le feu contre tout manifestant qui s’en prendrait à des biens publics ou aux forces de l’ordre.
Depuis dix jours, les manifestations des pro-Morsi se font rares et ne rassemblent plus que quelques centaines de personnes la semaine, quelques milliers le vendredi alors que les Frères musulmans mobilisaient des centaines de milliers avant le 14 août.
Le 14 août, le gouvernement mis en place par l’armée a ordonné la dispersion par la force de tous les rassemblements pro-Morsi, une opération qui a provoqué un bain de sang, en particulier au Caire. Plus d’un millier de personnes ont été tuées en une semaine, des manifestants pour l’essentiel, et plus de 2.000 Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, ont été arrêtés depuis, dont la quasi-totalité de ses dirigeants.

Tunisie : des médiateurs rencontrent la coalition au pouvoir

Des pourparlers réunissaient vendredi matin des médiateurs de la crise politique tunisienne, dont le puissant syndicat UGTT, et les partis de la coalition gouvernementale dirigée par les islamistes d’Ennahda, à la veille d’une nouvelle manifestation d’opposition.
Le syndicat a indiqué que ses représentants ainsi que ceux du patronat Utica, de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et de l’Ordre national des avocats négociaient avec Ennahda et ses alliés du Congrès pour la république (CPR, parti du président Moncef Marzouki) et d’Ettakatol, la formation du président de la Constituante, Mustapha Ben Jaafar.
Toutes ces organisations militent pour la démission du gouvernement actuel et la mise en place d’un cabinet apolitique pour sortir de la crise politique déclenchée le 25 juillet par l’assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, d’un député d’opposition, Mohamed Brahmi.
Ennahda a annoncé cette semaine qu’il céderait à cette revendication mais uniquement une fois qu’un compromis aura été trouvé avec l’opposition sur le contenu de la Constitution, dont la rédaction est en panne depuis des mois, et le calendrier électoral.
Mais l’opposition refuse de négocier avant la mise en place d’un nouveau cabinet, le CPR rejette le principe d’une démission du gouvernement tandis qu’Ettakatol partage la position de l’UGTT et des autres médiateurs.
De son côté, l’hétéroclite coalition d’opposition a annoncé une nouvelle manifestation samedi sous la forme d’une chaîne humaine allant de la place du Bardo, où siège la Constituante, à celle de la Kasbah, où se trouve le gouvernement.
Après avoir réussi à réunir par deux fois des dizaines de milliers de manifestants les 6 et 13 août, la mobilisation a cependant considérablement baissé et la semaine de manifestations organisée à travers la Tunisie par les détracteurs d’Ennahda a échoué à réunir les foules.
Le gouvernement actuel est accusé d’avoir failli sur le plan sécuritaire face à l’essor de la mouvance jihadiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au coeur de la révolution de janvier 2011.
Le précédent gouvernement dirigé par Ennahda avait été poussé à la démission après l’assassinat d’un autre opposant, Chokri Belaïd.

Liban : cinq inculpés, dont un officier syrien pour les attentats de Tripoli

Cinq personnes, dont deux religieux sunnites libanais et un officier syrien, ont été inculpés vendredi pour le double attentat à la voiture piégée, il y a une semaine, à Tripoli, capitale du Liban-Nord, qui a fait 45 morts.
Deux Syriens qui ne se trouvent pas au Liban, le capitaine Mohammad Ali et un individu dénommé Khodr al-Ariyane, sont accusés "d’avoir placé les deux voitures piégées qui ont provoqué la mort de gens". Ils risquent la peine capitale, selon la loi libanaise.
Quant aux Libanais, il est reproché au cheikh Hachem Minkara, chef d’al-Tawhid, une organisation sunnite proche du régime de Damas, d’avoir été au courant d’un "projet terroriste et de n’en avoir pas fait part aux autorités". Il risque trois ans de prison.
Son adjoint, cheikh Ahmad al-Gharib, et un journaliste Moustapha Houri, pigiste pour la chaîne irakienne basée à Beyrouth Asia sont accusés d’avoir "fait partie d’une cellule terroriste qui a posé des explosifs et placé des voitures piégées qui ont explosé devant deux mosquées dans le nord du Liban". Ils risquent de trois à quinze ans de prison.

Israël/Syrie : Israël déploie des systèmes anti-missiles à Tel Aviv

Israël a déployé ses systèmes d’interception anti-missiles à Tel Aviv vendredi tandis que Washington continue de rechercher une "coalition internationale" pour répondre à l’attaque présumée à l’arme chimique du régime de Damas, a annoncé la radio militaire israélienne.
Une batterie anti-missiles a été déployée dans la matinée dans l’agglomération de Tel Aviv, a ajouté la radio.
De son côté, le site internet Ynet a indiqué que ce système d’interception anti-missiles était positionné vers le nord, en direction de la Syrie voisine.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait indiqué jeudi soir qu’Israël avait déployé ses systèmes d’interception anti-missiles dans la perspective de débordements en cas d’intervention militaire étrangère en Syrie.
Netanyahu n’avait pas alors précisé où ces systèmes avaient été positionnés mais selon la radio militaire israélienne, l’armée a déployé des batteries de son bouclier antimissiles Iron Dome dans le nord du pays ainsi qu’une batterie de missiles Patriot.
"Malgré la faible implication d’Israël sur le dossier syrien nous avons décidé de déployer des batteries (du système anti-missiles) Iron Dome ainsi que d’autres systèmes d’interception", avait ajouté jeudi Netanyahu, cité dans un communiqué de ses services, avant des consultations sécuritaires au ministère de la Défense.
"Nous ne sommes pas impliqués dans la guerre en Syrie. Mais je répète que si quelqu’un tente de nuire aux citoyens israéliens, Tsahal (l’armée israélienne) répliquera avec force", a-t-il martelé, dans un message également diffusé aux actualités du soir sur les chaînes de télévision israéliennes.
Le chef d’état major israélien, le général Benny Gantz a de son côté indiqué que l’armée israélienne était "prête à tous les scénarios".
Depuis plusieurs jours, Israël se prépare à d’éventuelles répercussions à sa frontière nord en cas d’intervention étrangère en Syrie, et le cabinet de sécurité israélien a approuvé mercredi le rappel "en cas de besoin" d’un millier de réservistes dans le nord.
Selon un sondage publié vendredi par le journal israélien Maariv, 77 pc des personnes sondées estiment qu’Israël ne doit pas mener d’action militaire unilatérale si Washington décide de ne pas lancer des frappes aériennes en Syrie.
Seules 11 pc des sondés considèrent qu’Israël doit mener des frappes si aucun autre pays ne souhaite le faire. Enfin, 12 pc des personnes interrogées ont déclaré être sans opinion dans ce sondage réalisé sur un échantillon de 519 personnes.

Syrie : que change le retrait britannique ? (Armin Arefi)

C’est une claque qu’a reçue jeudi soir David Cameron. Le Premier ministre britannique, qui avait été l’un des premiers dirigeants occidentaux à évoquer une intervention occidentale en Syrie après l’attaque chimique perpétrée le 21 août à Damas, a essuyé un cinglant revers de la part de la Chambre des communes britannique. Sa motion gouvernementale, qui proposait une action militaire "légale et proportionnée", a été rejetée par 285 députés contre 272.
"Il est clair que le Parlement britannique ne veut pas d’intervention militaire britannique. Je prends note et le gouvernement agira en conséquence", a réagi le chef du gouvernement britannique devant les députés. À l’évidence, le Royaume-Uni ne participera pas à une intervention occidentale en Syrie, annoncée depuis plusieurs jours comme "imminente". Il s’agit de la "pire humiliation de son mandat", titrait ce vendredi le Times de Londres. Contrairement aux États-Unis et à la France, le Royaume-Uni est un régime parlementaire. David Cameron devait donc recevoir l’aval de la Chambre des communes avant toute intervention. Mais ce refus marque un sérieux revers pour la diplomatie occidentale, et pour l’Europe.
C’est que les discours de fermeté affichés à Londres, Paris et Washington, depuis une semaine, ont peu à peu laissé la place à un curieux attentisme. La Maison-Blanche, qui annonçait mardi qu’elle n’avait "aucun doute" quant à la responsabilité de Damas dans le raid chimique, affirmait le lendemain n’avoir toujours pas pris de décision sur une intervention, tout comme elle n’avait pas publié le rapport du renseignement américain contenant, selon elle, les preuves irréfutables de l’implication du régime syrien.
De la même façon, François Hollande, qui avait retrouvé mardi son costume de "chef de guerre", se disant "prêt à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents", a ensuite fait preuve de beaucoup plus de retenue en rappelant jeudi la nécessité "d’une solution politique" en Syrie. Avec le retrait britannique, la coalition perd donc l’un de ses plus fermes alliés, qui avait pourtant déjà dépêché jeudi six avions de chasse à Chypre.
Ce désistement peut-il bouleverser les plans occidentaux ? Cela paraît peu probable, une grande partie des capacités militaires sur cette mission étant assurée par les États-Unis, Londres comme Paris faisant davantage figure d’alliés politiques et stratégiques. D’ailleurs, quelques heures à peine après le rejet britannique de l’opération, la Maison-Blanche a clairement laissé entendre qu’elle ne renoncerait pas à intervenir en Syrie. Le président Obama "pense que des intérêts cruciaux des États-Unis sont en jeu et que les pays qui violent les règles internationales sur les armes chimiques doivent rendre des comptes", a-t-elle ajouté. Vendredi, Washington, qui n’a pas écarté la possibilité d’une action unilatérale, multipliait néanmoins les consultations pour renforcer la coalition internationale appelée à frapper en Syrie.
C’est que Barack Obama joue sa crédibilité sur cet épineux dossier. Le président américain, qui avait menacé il y a un an Bachar el-Assad d’une riposte ferme en cas d’utilisation d’armes chimiques, ne peut se dérober. Et l’escalade verbale de cette semaine le condamne à agir. "Si les pays occidentaux ne sont pas capables de respecter leur propre parole, que vaudront leurs pressions militaires devant le défi posé par le nucléaire iranien ?" s’interroge ainsi le général Vincent Desportes, professeur à HEC et Sciences Po et ancien directeur de l’École de guerre.
Quant à la France, on voit mal François Hollande, en première ligne sur le dossier syrien depuis sa prise de fonction en 2012, manquer une nouvelle fois à ses engagements envers l’opposition syrienne, comme il l’a déjà fait sur la question de la livraison d’armes en début d’année.

(30-08-2013 - Armin Arefi)

Syrie : Paris peut agir en Syrie sans Londres, dit Hollande au Monde

Le vote des députés britanniques contre une intervention militaire en Syrie n’entame en rien la détermination de la France à agir, déclare François Hollande dans un entretien au journal Le Monde publié vendredi.
"Oui", dit le président français en réponse à une question sur la possibilité pour la France d’agir sans ses alliés britanniques. "Chaque pays est souverain pour participer ou non à une opération".
"Le massacre de Damas ne peut ni ne doit rester impuni", déclare François Hollande en référence à l’attaque chimique du 21 août dans la banlieue de la capitale syrienne.
Le chef de l’Etat ajoute disposer d’un "faisceau d’indices" allant dans le sens d’une responsabilité du régime de Damas dans cette attaque.
La France, ajoute-t-il, exclut de prendre une décision avant de disposer de tous les éléments justifiant une intervention.

Israël/Syrie : Préparatifs

Un soldat au cours des manœuvres qu’effectue actuellement l’armée israélienne sur les hauteurs du Golan syrien occupé.
(Photo de Mnahim Kahana prise le 29 août 2013)

Palestine : Fishermen

Palestinian fishermen on the shore of the Sea of Gaza City. 27 August 2013.
(Photograph : Majdi Fathi)

Syrie : L’Unesco appelle les Syriens à épargner le patrimoine historique

Bombardements de sites historiques, pillages de musées, fouilles clandestines : l’Unesco a appelé jeudi le régime syrien et les rebelles à préserver le patrimoine historique de la Syrie, victime des combats et cible des trafiquants.
"J’exhorte toutes les parties en présence à prendre les mesures nécessaires pour éviter que des dommages supplémentaires soient infligés à ce patrimoine qui compte parmi les plus précieux du monde islamique", a déclaré la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, à l’issue d’une réunion d’experts à Paris qui visait à trouver un plan d’action pour sauvegarder le patrimoine syrien. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, participait à la réunion.
"La protection du patrimoine n’est pas une question politique", a martelé Mme Bokova lors d’une conférence de presse.
Plus de deux ans et demi après le déclenchement d’une révolte pacifique qui a tourné à la guerre civile, l’Unesco affirme avoir une idée relativement précise de l’état des destructions. Fin juin, l’organisation avait inscrit sur la liste du patrimoine mondial en danger six sites historiques menacés par les combats : les vieilles villes d’Alep, Damas et Bosra, l’oasis de Palmyre, le Krak des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din, ainsi que des villages antiques dans le nord du pays.
Au-delà des destructions causées par les combats, l’Unesco s’inquiète des "vols" d’objets anciens et des "fouilles clandestines".
"Le trafic est perpétré par des groupes puissants. On parle de crime organisé", a souligné Francesco Bandarin, de l’Unesco. "On trouve déjà des pièces volées à Beyrouth. Il y a un flux d’objets sur certains marchés", a-t-il dit, rappelant les précédents de la guerre en Irak, en Libye et au Mali, où les objets du patrimoine historique sont régulièrement la cible de trafiquants.
Les objets, surtout ceux issus de fouilles clandestines, et qui n’ont donc pas été catalogués à la différence de ceux exposés dans les musées, sont tout particulièrement menacés. "Il s’agit de dommages irréparables", a déploré M. Bandarin.
Interrogé sur un "ciblage" particulier des sites historiques visés, autrement dit sur la possibilité que les rebelles, majoritairement sunnites, s’attaquent à des sites "chiites" tandis que le régime frapperait des vestiges "sunnites", M. Bandarin a estimé que faute de certitude sur l’origine des tirs, il était difficile de répondre.
Selon le rapport présenté jeudi à l’Unesco par Maamun Abdulkarim, directeur général des antiquités et des musées de Syrie, des "dizaines" de sites ont été touchés dans le pays, principalement à Alep et Idleb (nord), Apamée, Deir Ezzor (centre), Raqqa (est) et Deraa (sud).
Selon M. Abdulkarim, dont le service dépend du ministère syrien de la Culture, les "musées d’Alep, de Deir Ezzor, de Hama, de Homs et de Maarat el Naaman ont été pris pour cible durant des combats".
Au nombre des pillages, le fonctionnaire syrien rapporte notamment le vol d’une statue en bronze couverte d’or de la période araméenne au musée de Hama, des vols de récipients, poignards, pointes de flèche au musée ethnographique d’Alep, la disparition de 17 objets en céramique dans la citadelle de Jaabar.

Syrie : Le Parlement britannique a rejeté la motion de David Cameron.

Le Parlement britannique a rejeté jeudi l’idée d’une intervention militaire contre la Syrie, renforçant l’hypothèse d’une éventuelle action unilatérale des États-Unis. La Chambre des communes britannique a voté jeudi soir contre la motion présentée par David Cameron qui défendait le principe d’une intervention militaire en Syrie. Un véritable camouflet pour le Premier ministre. Ce dernier a immédiatement indiqué qu’il tirerait les conséquences de ce vote. "Il est clair que le Parlement britannique ne veut pas d’intervention militaire britannique. Je prends note et le gouvernement agira en conséquence", a-t-il réagi.
Rejetée par 285 députés contre 272, la motion gouvernementale proposée condamnait "l’usage d’armes chimiques en Syrie le 21 août 2013 par le régime de (Bashar el-Assad" et convenait qu’une réponse humanitaire forte est "requise de la part de la communauté internationale, impliquant si nécessaire une action militaire qui soit légale, proportionnée et destinée à sauver des vies en empêchant tout usage futur d’armes chimiques en Syrie".
Au Conseil de sécurité de l’ONU, une réunion d’à peine 45 minutes entre les cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France disposant tous d’un droit de veto) s’est achevée sans progrès apparents. Elle s’est tenue à la demande de la Russie, alliée de la Syrie et donc farouchement opposée à toute action militaire.
Face à cette poussée de fièvre et malgré le scepticisme qui s’est fait jour depuis mercredi sur l’opportunité d’une intervention, le président syrien Bashar el-Assad s’est engagé à "défendre" son pays "contre toute agression" des Occidentaux. Fort de l’appui de la Russie, Assad, qui avait déjà démenti les accusations "insensées" de recours aux armes chimiques, a martelé que la Syrie était "déterminée à éradiquer le terrorisme soutenu par Israël et les pays occidentaux", assimilant une nouvelle fois la rébellion à du "terrorisme".
Le président américain Barack Obama, qui avait dit mercredi soir ne pas avoir pris de décision sur la Syrie - tout en parlant d’un nécessaire "coup de semonce" - se réserve le droit d’agir unilatéralement, ont laissé entendre la Maison-Blanche et le département d’État, juste avant le camouflet infligé par le Parlement britannique à David Cameron. "Le président doit avant tout rendre des comptes aux Américains qui l’ont élu pour qu’il les protège. Et le président est fermement convaincu que les enjeux concernent des mesures nécessaires afin de protéger nos intérêts cruciaux de sécurité nationale", a expliqué le porte-parole adjoint de la présidence, Josh Earnest.
Pour son homologue du département d’État, Marie Harf, les consultations sur la Syrie avec les "alliés" de Washington, comme Londres, sont certes "extrêmement importantes", mais "nous prenons nos décisions en suivant notre propre calendrier". Elle a répété que son pays "répondrait" à la Syrie, mais sans être plus explicite. "L’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien contre son propre peuple constitue une situation dans laquelle les intérêts de sécurité nationale américains sont menacés. Il est de notre intérêt (...) que cet usage ne reste pas sans réponse", a insisté Mme Harf.
Les experts de l’ONU, qui ont récolté quantité d’"éléments" dans la région de l’attaque chimique, près de Damas, doivent faire un compte-rendu oral au secrétaire général Ban Ki-moon après leur départ de Syrie prévu samedi. Les échantillons recueillis seront transmis à des laboratoires en Europe, conformément à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, et ces analyses pourraient prendre des semaines, selon un porte-parole de l’ONU, Farhan Haq. Quoi qu’il en soit, un feu vert du Conseil de sécurité pour l’usage de la force en Syrie est hautement improbable compte tenu de l’opposition de la Russie et de la Chine.
La France, l’autre alliée de Washington au Conseil de sécurité, a reconnu qu’une riposte militaire était "compliquée à construire". Le président François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont dit attendre les résultats de l’enquête de l’ONU. Le chef de l’État français a cependant insisté sur la nécessité de "marquer un coup d’arrêt par rapport à l’escalade de la violence".
Et le Canada a d’ores et déjà annoncé ne pas envisager de participer à d’éventuelles frappes. De leur côté, les États-Unis ont rassemblé depuis une semaine des renseignements et informations sur l’attaque chimique du 21 août et la Maison-Blanche va communiquer jeudi au Congrès les éléments en sa possession. Alors que l’invasion de l’Irak en 2003, construite sur de faux renseignements, est dans toutes les têtes à Washington, la Maison-Blanche a annoncé une conférence téléphonique entre l’exécutif et des parlementaires. Il y aura aussi la publication "avant la fin de la semaine" d’une "version déclassifiée" d’un rapport des services de renseignement américains.
Le Pentagone a déployé un destroyer supplémentaire face aux côtes syriennes, portant temporairement à cinq le nombre de navires équipés de missiles de croisière en Méditerranée orientale. Le Royaume-Uni a déployé six avions de chasse Typhoon sur l’une de ses bases à Chypre, à une centaine de kilomètres seulement des côtes syriennes.
À Damas, les forces armées syriennes ont été repositionnées hors de leurs postes de commandement, et les habitants se préparaient au pire, certains pliant bagages, d’autres subissant des contrôles renforcés à des barrages routiers. S’exprimant depuis la Turquie, qui prône une opération musclée contre le voisin syrien, l’opposition syrienne a affirmé que les défections s’étaient multipliées dans l’armée syrienne ces derniers jours.
Dans le camp des alliés de Damas, Moscou a annoncé l’envoi en Méditerranée d’un bateau de lutte anti-sous-marine et d’un navire lance-missiles. L’Iran, par la voix de son chef d’état-major Hassan Firouzabadi, a prévenu qu’une action militaire contre la Syrie aurait des conséquences sur toute la région et mènerait Israël "au bord des flammes". Celui-ci a rétorqué qu’il répliquerait "avec toute sa force" et fait état du déploiement de systèmes d’interception antimissiles.

jeudi 29 août 2013

Israël/Palestine : Rapport annuel de l’Institution Internationale al-Quds (QII) La mosquée al-Aqsa en danger !

Août 2013
(Résumé du rapport exécutif)

« Légaliser la présence sioniste dans la mosquée al-Aqsa »
Au cours de la période située entre août 2012 et août 2013, la présence juive sioniste dans la mosquée al-Aqsa a reçu l’aval de la classe politique de l’occupant. La présence de 7 députés considérés comme ultrasionistes au sein du Knesset, constitue un groupe de pression pour autoriser et légitimer la construction d’un temple ayant soi-disant existé à la place de la mosquée al-Aqsa. De même, le chef du gouvernement sioniste soutient clairement de telles prétentions, comme il a approuvé le plan Charansky le 23 avril 2013 visant à judaïser tout le pourtour de la mosquée.
Un film a même été produit par le ministère des affaires étrangères de l’entité sioniste, et diffusé le 30 janvier 2013, qui montre la destruction fictive du Dôme du Rocher, à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa (appelée esplanade des mosquées) et l’élévation du soi-disant 3ème temple, à la place. Le 21 juillet 2013, un documentaire en trois dimensions diffusé par la télé sioniste appelait les juifs à investir massivement la mosquée al-Aqsa, en prenant pour exemple le ministre sioniste de l’habitat, Uri Ariel.
Un sondage d’opinion publié par les journaux sionistes a indiqué le 12 juillet 2013 que 59% des personnes questionnées soutiennent le partage de la mosquée, entre juifs et musulmans, dans le lieu et l’espace.
Sur le plan juridique, l’association « le temple » a réussi à faire adopter de nouvelles mesures qui permettent aux juifs d’investir massivement la mosquée al-Aqsa, d’être protégés par la police sioniste et de limiter la présence des musulmans dans la mosquée.
Le groupe de pression à l’intérieur du Knesset sioniste a déposé un projet de loi consistant à partager la mosquée dans le temps, 9 heures pour les juifs et 9 heures pour les musulmans, quotidiennement, et la fermeture de la mosquée lors des fêtes religieuses, pour les juifs lors des fêtes musulmanes et pour les musulmans lors des fêtes juives. Mais le président du Knesset, craignant les conséquences désastreuses d’une telle loi, l’a immédiatement retirée. Cependant, c’est sur le terrain que la bataille se joue, avec les associations et groupes qui essaient de modifier progressivement la situation au détriment des musulmans.
C’est ainsi que la police sioniste a effectivement interdit aux groupes de colons d’investir la mosquée pendant le mois de Ramadan, mais pour pouvoir interdire la présence des musulmans lors des occasions religieuses juives, sous le prétexte d’ « équilibre et d’équité entre les « deux communautés ». Car les groupes juifs qui investissent la mosquée ont l’intention de le faire non seulement par la porte al-maghariba, mais par toutes les portes donnant accès à la mosquée.
Sur le plan strictement religieux, l’attitude traditionnelle des dignitaires juifs consistant à refuser l’entrée des juifs dans la mosquée al-Aqsa, pour des raisons religieuses, a fait place, depuis quelques années, à un encouragement et même une préparation des juifs à investir la mosquée al-Aqsa, en s’appuyant sur une falsification de l’histoire qui prétend que le temple juif se trouvait au lieu même où se trouve la mosquée al-Aqsa. Les groupes sionistes réclament de plus en plus la permission de pouvoir accomplir des rites dans la mosquée, de manière à entériner une présence juive dans ce lieu. La coalition des associations juives réclamant la construction d’un temple a mené, à partir du 21 mars 2013, une campagne de pression sur le gouvernement sioniste, exigeant la promulgation de la « souveraineté israélienne » sur la mosquée al-Aqsa. Cette coalition rassemble à présent 19 associations, la plupart financées par le gouvernement lui-même, et soutenues par le Shabak, comme l’a affirmé un rabbin le 2 juin 2013.

Poursuite des excavations sous et autour de la mosquée al-Aqsa
Après avoir éventré toute la zone située sous la mosquée al-Aqsa et dans ses alentours, au cours des deux années passées, l’occupant a procédé cette année à nettoyer et à relier les sites souterrains entre eux en vue de construire la ville juive souterraine. 47 sites d’excavations existent toujours, 25 dans la zone ouest, 17 dans la zone sud et 5 dans la zone nord.
Dans la zone ouest, l’occupant relieu les sites entre eux pour former un réseau de lieux touristiques et religieux. Les endroits éventrés au cours des années précédentes du côté de la porte al-Maghariba ont été transformés en synagogues pour les femmes juives.
Dans la zone sud, l’occupant construit la « ville de David », et l’association sioniste chargée de cette tâche, Elad, a déclaré avoir achevé 55% de la construction. Plusieurs effondrements dans les maisons palestiniennes ont eu lieu, à cause des excavations menées par l’occupant, sur une longueur de 600 mètres, allant de Selwan jusqu’à l’extrémité sud de la mosquée al-Aqsa.
Dans la zone ouest, où les excavations sont relativement peu nombreuses, l’occupant a élargi le champ de son intervention dans la grotte al-Kittan, jusqu’à 9000 mètres carrés, sur une profondeur de 250 mètres, pour arriver au quartier Saadieh.

Construction et confiscations des terres autour de la mosquée al-Aqsa
La confiscation des terres et la construction de colonies autour de la mosquée al-Aqsa visent trois objectifs, le premier étant la judaïsation de la ville sainte, le second étant d’assurer des lieux pour investir rapidement la mosquée al-Aqsa, le troisième étant de renforcer la présence sécuritaire autour de la mosquée.
Le plan Charansky est le nouveau plan discuté par les autorités de l’ocucpation, qui vise à construire un bâtiment sur 500 m2 dans la zone située entre l’extrémité sud-ouest de la mosquée jusqu’à la porte al-Maghariba.
Un autre plan vise à élargir la place al-Bouraq pour construire des synagogues spécifiques aux juives. L’Eta de l’occupation mène le plan « maison de Strauss » consistant à construire une synagogue et un poste de police relié aux souterrains sous la mosquée al-Aqsa.
Le plan servant la judaïsation le plus notable, au cours de cette période, est celui consistant à faire fonctionner plusieurs lignes téléfériques pour activer la présence des touristes et des colons à partir de plusieurs zones vers le mur d’al-Bouraq.

Présence sioniste dans la mosquée al-Aqsa
Les incursions sionistes dans la mosquée al-Aqsa se sont multipliées, que ce soit le fait des officiels, des agents sécuritaires ou des colons, pour consacrer une présence permanente des juifs sionistes dans la mosquée. Les fidèles musulmans sont parvenus, du fait de leur présence, à empêcher nombre de ces incursions ou bien à obliger la police sioniste à les empêcher.
Plusieurs de ces incursions contre la mosquée ont été accompagnés de déclarations de personnalités politiques sionistes appelant à la construction du temple à cet endroit et regrettant les mesures et les obstacles qui s’opposent à l’exécution de rites religieux juifs dans la mosquée.
Ces mesures prises par la police sioniste restent rares et exceptionnelles, puisque les colons investissent la mosquée presque quotidiennement, mais au cours des occasions religieuses juives, et parce que les fidèles musulmans sont sur le qui-vive, la police sioniste limite la présence juive dans la mosquée.
Le 27 mars 2013, 164 colons ont investi la mosquée, mais le 28, ils étaient plus de 10.000 juifs à investir la mosquée al-Aqsa pour célébrer des rites talmudiques. A l’occasion de la commémoration de la Nakba, près de 3000 colons ont profané le mur al-Bouraq. Et le 8 mai 2013, à l’occasion de la commémoration de l’occupation entière de la ville, 180 colons ont pratiqué des rites talmudiques dans la mosquée.
La présence des forces de la sécurité sionistes, que ce soit pour protéger les colons ou pour pratiquer des rites religieux, est devenue de plus en plus fréquente. L’armée organise à présent des tournées pour ses soldats, en vue de leur expliquer la « question du temple ». Le 4 septembre 2012, 80 soldats ont investi la moquée, et le 28 janvier 2013, 100 soldates également, puis ce sont les différents services de sécurité, comme le 3 juillet 2013, avec 50 des membres de l’appareil de la sécurité générale le Shabak, qui encourage par ailleurs les juifs sionistes à investir la mosquée, et qui a organisé une conférence sous le titre « le mont du temple est entre nos mains », le 26 juin 2013.
De plus, les autorités de l’occupation essaient de s’emparer progressivement du lieu saint, par différents moyens : en empêchant les fonctionnaires des Awqafs musulmans d’y entrer, ou de mener des travaux d’entretien, comme cela a eu lieu le 4 septembre 2012 lorqu’elles ont empêché les employés de rénover la porte de la mosquée al-Marwani. Elles arrêtent même ces employés ou leur interdisent l’accès à la mosquée. Le directeur de la mosquée al-Aqsa, sheikh Najeh Bqyarat, a été éloigné de la mosquée jusqu’à la date du 3 septembre 2013. Quant aux fidèles, les autorités sionistes tentent de leur interdire l’accès en imposant des restrictions aux étudiants qui y suivent des cours, en interdisant aux personnes âgées de moins de 50 ans d’y entrer, et en interdisant aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza d’accéder à la ville d’al-Quds. 

Les réactions
Gel ou recul des réactions, officielles et populaires dans le monde arabo-musulman, envers ce qui se passe dans la mosquée al-Aqsa. Hormis les Palestiniens de 48 et les maqdisis, qui sont devenus la première ligne de défense de la mosquée, l’absence de réactions dans le monde arabo-musulman est devenue la règle quasi-générale.
Au moment où l’attaque se précise contre la mosquée al-Aqsa, aucune réaction officielle d’importance n’a pu être enregistrée pendant l’année écoulée. De brèves réactions populaires ont cependant essayé de maintenir le flambeau allumé en ce qui concerne al-Aqsa et la ville d’al-Quds.
Les multiples affrontements entre les sionistes et les Palestiniens autour et dans la mosquée al-Aqsa donnent l’impression qu’il ne s’agit plus que d’un conflit local, autour d’une simple mosquée, ce qui assure du crédit à l’occupation qui se pose en arbitre et même en référence. Même abandonnés, les Palestiniens de 48 et les maqdisis sont parvenus à stopper de nombreuses incursions grâce à leur présence quotidienne et aux activités qu’ils organisent dans la mosquée, pour demeurer sur place et assurer sa défense.
Quant à l’autorité palestinienne, elle a brillé par son absence, tout au long de l’année, se contentant de communiqués de mises en garde et de dénonciation, tout en poursuivant sa répression contre tout mouvement populaire dans les villes de la Cisjordanie en soutien à al-Aqsa. Dans la bande de Gaza, même si les mouvements populaires se manifestent, elles restent en deça de la mobilisation nécessaire.
L’accord conclu le 31 mars 2013 entre le président palestinien et le roi jordanien à propos de la protection des lieux saints, n’a pas réussi à faire reculer l’occupant, au contraire, puisque les mesures de profanation, les incursions, les restrictions imposées aux fidèles et aux employés des Awqafs n’ont pas amené la Jordanie à riposter comme il se doit. Cependant, sur le plan populaire et dans la classe politique, des réactions de colère ont mis en valeur les demandes de plus en plus fréquentes réclamant l’expulsion de l’ambassadeur sioniste de la Jordanie. Mais jusqu’à présent, les mouvements populaires n’ont pas réussi à modifier la situation.
Sur le plan international, les réactions aux provocations et incursions sionistes dans la mosquée ont été inexistantes, puisque dans l’ensemble, et notamment en Europe, la question d’al-Quds et de la mosquée al-Aqsa est plutôt perçue d’un point de vue sioniste. Le communiqué de l’Union européenne publié suite aux affrontements qui ont eu lieu en mai 2013, qui réclame la liberté de culte aux fidèles de toutes les religions, dans les lieux saints, peut être considéré comme un coup de pouce européen aux revendications sionistes sur la mosquée al-Aqsa.
En conclusion, le rapport annuel de l’Institution Internationale met en évidence comment l’occupant sioniste est parvenu, par son grignotage sur le terrain, à entériner une présence des juifs sionistes dans la mosquée al-Aqsa. Tous ses appareils, politiques et sécuritaires, restent au service de l’idée relativement récente qu’il faille détruire la mosquée al-Aqsa pour bâtir le prétendu temple. Dans l’attente de ce moment pour lequel ils agissent, les colons qui se sont emparés de la Palestine profitent de l’absence de réaction et d’intérêt des Arabes et des musulmans, pour hâter la destruction de la mosquée, et réclament dès à présent son partage avec les musulmans, dans le temps et dans l’espace. Seuls les Palestiniens vivant dans les territoires occupés en 48 (Entité sioniste) et les maqdisis affrontent les sionistes qui mènent leurs incursions régulières dans la mosquée.
Les médias dans le monde ont un grand rôle à jouer pour dénoncer les crimes commis par les sionistes envers les lieux saints de la Palestine, et notamment la mosquée al-Aqsa.

(29-08-2013 - "Baladi")

Syrie : La France prête à intervenir, les discussions continuent (Assawra)

Les armées françaises sont prêtes à être engagées dans une éventuelle intervention en Syrie, mais d’intenses consultations diplomatiques et au niveau de la défense étaient toujours en cours jeudi sur la forme et l’opportunité d’une telle opération.
"Les armées sont en position de répondre aux demandes et aux décisions du président de la République, lorsque celui-ci sera amené à les prendre", a brièvement commenté Jean-Yves Le Drian devant la presse.
Le ministre de la Défense, comme l’état-major des armées, s’est en revanche refusé à toute précision sur les préparatifs en cours. En particulier sur les mouvements de bâtiments de la Marine nationale en mesure, si l’ordre leur est donné, d’appareiller vers la Méditerranée orientale et les côtes syriennes.
"Toutes les options possibles sont présentées au président de la République", résume une source de la Défense. Mais Paris ne veut agir "en aucun cas de manière isolée et non coordonnée", souligne-t-on de source diplomatique.
Les nations susceptibles d’être impliquées dans une telle opération militaire sont dans une phase "de préparation, d’observation et de réflexion", fait-on valoir dans l’entourage du gouvernement. Aucune décision n’a pour l’instant été prise et de multiples consultations sur les scénarios possibles et l’opportunité même d’une action militaire sont en cours.
Des discussions qui semblent éloigner l’hypothèse d’une action armée avant que les experts de l’ONU qui enquêtent sur le site de l’attaque chimique du 21 août n’aient rendu leur rapport.
Jeudi, ces experts se sont dirigés vers l’un des sites de l’attaque pour une troisième journée d’enquête, selon un photographe de l’AFP en Syrie.
"Ils continueront leur enquête jusqu’à demain vendredi, et ils quitteront la Syrie d’ici samedi dans la matinée et me feront leur rapport dès qu’il seront sortis", a déclaré à des journalistes à Vienne le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Côté défense à Paris, M. Le Drian s’est entretenu mercredi par téléphone avec ses homologues britannique, Philip Hammond, et allemand, Thomas de Maizière. Il devait poursuivre ses entretiens dans les jours qui viennent.
Pour la France, l’utilisation d’armes chimiques contre la population civile, attribuée à l’armée syrienne, constitue "une rupture" par rapport à un consensus international pour bannir l’utilisation de ce type d’armement. La détermination française s’inscrit donc dans son engagement de longue date pour lutter contre la prolifération nucléaire, balistique ou chimique, souligne un spécialiste de défense.
Paris, rappelle-t-il, a déjà dénoncé l’usage limité d’armes chimiques en Syrie ces derniers mois, avant l’attaque chimique imputée au régime de Bachar al-Assad, le 21 août dans la banlieue de Damas.
Des avions de combat pourraient intervenir directement depuis la France.
Sur le plan opérationnel, les préparatifs concernent principalement la Marine nationale et l’Armée de l’air, susceptibles d’être engagées dans une opération internationale.
Selon une source militaire, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, basée à Toulon, a été mise en condition d’appareiller. Le porte-avions Charles de Gaulle, qui ne se déplace jamais sans les bâtiments d’escorte du groupe aéronaval, était également à quai jeudi à Toulon.
Des bâtiments qui pourraient appareiller dans un délai de 24 à 72 heures selon le niveau d’alerte, pour rejoindre en deux ou trois jours la Méditerranée orientale. La France maintient en permanence deux à trois bâtiments de type frégate en Méditerranée et dispose de sous-marins d’attaque (SNA) susceptibles d’évoluer dans cette zone.
En cas d’intervention armée, l’option la plus probable est selon les experts la destruction par des missiles de croisière d’installations de l’armée syrienne. Un scénario qui repose essentiellement sur les forces navales.
Si les avions de combat, notamment les Rafale, devaient être engagés, ils pourraient intervenir, avec ravitaillements en vol, directement depuis la France.
Les armées se mettent "en capacité de répondre" aux instructions qui leur seront données, selon le porte-parole de l’état-major, le colonel Gilles Jaron, qui se refuse à plus de détails "pour éviter les spéculations".

(29-08-2013 - Assawra)

Syrie : 48 heures de frappes et le régime tombera, juge un ex-général syrien (Afp)

Si une action militaire des Occidentaux contre le pouvoir syrien est engagée et dure au moins 48 heures, le régime tombera, a assuré jeudi à Paris Mohamed Hussein al-Haj Ali, un ex-général syrien ayant dirigé l’Académie nationale de défense à Damas. L’ex-général syrien, âgé de 59 ans, formait les officiers de l’armée dans cette académie avant de faire défection en août 2012 et de rejoindre l’opposition syrienne.

Êtes-vous favorable à des frappes des pays occidentaux contre le régime de Bachar el-Assad en représailles à l’utilisation présumée d’armes chimiques ?
Mes sentiments sont partagés : aimeriez-vous que votre peuple soit bombardé ? (...) Mais en tant que militaire et officier, je souhaite cette action. Nous avons atteint un point de non-retour. L’Iran, la Russie, le Hezbollah soutiennent massivement le régime. L’opposition ne peut pas lutter à armes égales. Une catastrophe se déroule en Syrie. 300 000 personnes ont été tuées dans cette guerre.
L’ONU en a enregistré 100 000, mais, malheureusement, elle n’a pas les moyens de tout comptabiliser. Les charniers sont innombrables maintenant. Chaque jour, plus de 100 personnes meurent dans les prisons. (...) Le régime est devenu fou, il faut arrêter le massacre. Sans soutien international, nous sommes impuissants. C’est une bataille inégale. (...) Le régime dispose d’un arsenal d’armes chimiques très dangereux et très important grâce à des programmes conçus en relation étroite avec l’Iran et la Corée du Nord. Il y a plusieurs lieux de fabrication et de stockage.

Aucune décision de frappes n’a encore été prise. Y croyez-vous et quelles devraient être les cibles prioritaires, selon vous ?
Les principales cibles devraient être les rampes de lance-missiles à longue portée, les radars, les systèmes de défense antiaériens, les centres de commandement, les centres de renseignement, les aéroports, mais je ne pense pas que les Occidentaux vont attaquer toutes ces positions. Ce ne sera pas si étendu. Le scénario d’attaques continues et de vaste portée est peu probable. Il n’y a pas de volonté internationale pour cela, mais je peux vous assurer que si les bombardements ont lieu et durent 48 heures non-stop, le régime tombera.
Nous sommes en présence d’un régime décadent, engagé maintenant dans une guerre civile depuis deux ans et demi et qui a mobilisé toutes ses forces militaires. Les ressources humaines et en armes s’amenuisent, les militaires sont démoralisés. Je suis en contact quotidien avec certains. Comme cibles prioritaires, en tant que militaire, je choisirais en premier lieu les centres de commandement et de contrôle. Il y en a quatre principaux dans le pays et parmi eux trois sont à Damas, et le quatrième à Homs. Et puis, en second lieu, les lance-missiles à longue portée.
Cette intervention, je la juge probable. Toute la crédibilité du monde libre en dépend. (...) Il est temps de s’opposer à la dictature et aux positions honteuses de la Russie (l’ex-général a été formé en Russie). Je suis surpris des tergiversations des Occidentaux, un pas en avant, deux pas en arrière. Quand Obama fixe une ligne rouge comme l’utilisation d’armes chimiques il y a douze mois, cela veut aussi dire que les lignes sont vertes pour les autres types d’armes.

Pourquoi avez-vous fait défection ?
J’ai fait défection en août 2012 quand j’ai vu que le régime utilisait des armes lourdes contre la population civile. On ne peut pas être un officier patriote et voir des avions bombardiers et l’artillerie lourde utilisés contre le peuple sans avoir de doutes. Ce recours (aux armes lourdes) a commencé début 2012. En août, j’ai rejoint la rébellion à la frontière entre la Turquie et la Syrie. J’y agis au sein de l’Unité des forces révolutionnaires de Syrie qui a des combattants dans tout le pays. Selon moi, quelque 3 000 officiers syriens ont fait défection, 3 000 autres sont en prison et d’autres ont été exécutés par le régime pour avoir désobéi.

(29-08-2013 - Afp)

Syrie : un cinquième destroyer américain déployé


Les États-Unis déploient un destroyer supplémentaire face aux côtes syriennes, portant temporairement à cinq le nombre de navires équipés de missiles de croisière en Méditerranée orientale, a affirmé jeudi un responsable américain de la Défense.
"L’USS Stout est en Méditerranée et se dirige vers l’est", a déclaré ce responsable. Ce bâtiment militaire est amené à prendre la relève sur place de l’USS Mahan, mais les deux navires devraient croiser ensemble, avec trois autres destroyers, pendant un temps indéterminé au large des côtes syriennes, selon lui.
À l’heure actuelle, quatre destroyers, le Mahan, le Ramage, le Barry et le Gravely, croisent en Méditerranée orientale, prêts à lancer leurs missiles Tomahawk dans une frappe punitive contre le régime de Bashar el-Assad si le président américain l’ordonne.
Le responsable de la Défense, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, n’a pas précisé combien de temps le Mahan resterait sur zone avant de revenir à son port d’attache de Norfolk, sur la côte est américaine, qu’il avait quitté fin décembre 2012. L’US Navy garde secret le nombre de missiles Tomahawk que chacun de ces navires emporte, mais la plupart des analystes navals estiment qu’ils en transportent environ 45.
En temps normal, trois destroyers américains croisent en Méditerranée, sous responsabilité de la VIe flotte américaine, essentiellement pour une mission de défense antimissile. Le chef du Pentagone Chuck Hagel avait affirmé mercredi que les États-Unis étaient "prêts" à lancer des frappes, mais Barack Obama a confié mercredi soir qu’il n’avait pas encore pris de décision sur une éventuelle action militaire.
Le responsable américain de la Défense a par ailleurs indiqué que le porte-avions USS Nimitz et son escorte, qui ont été relevés lundi par l’USS Truman, resteraient finalement dans la zone sous responsabilité de la Ve flotte américaine, qui s’étend de la mer Rouge au Golfe et à la mer d’Oman. "On leur a demandé de rester sur place dans la région du Golfe", a-t-il affirmé, précisant que la durée de la prolongation de la présence du Nimitz était indéterminée.
Un autre responsable a précisé que le maintien du Nimitz à quelques encablures de la Méditerranée orientale et de la Syrie "n’est pas lié à ce stade à des options possibles en Syrie". Les États-Unis ont souvent déployé deux porte-avions et leur escorte ces dernières années dans la région du Golfe en raison des tensions avec l’Iran et afin de soutenir les opérations aériennes en Afghanistan.
Depuis le début de l’année toutefois, un seul porte-avions s’y trouvait en raison des coupes budgétaires du Pentagone. L’escorte de chaque porte-avions, qui emporte près de 80 avions et hélicoptères, compte plusieurs destroyers, croiseurs et sous-marins, tous équipés de missiles de croisière Tomahawk.

Algérie : un nouveau chef à la tête FLN avant la présidentielle

Le Front de libération nationale (FLN), parti historique algérien otage depuis des mois de la rivalité entre deux tendances se disputant son contrôle en vue de la présidentielle de 2014, a élu jeudi un nouveau secrétaire général.
Ammar Saïdani, ancien président de l’Assemblée populaire nationale (la chambre basse du Parlement) et candidat unique, a été plébiscité à main levée par le Comité central du parti, sept mois après la destitution de son chef contesté Abdelaziz Belkhadem.
Le FLN, majoritaire à l’Assemblée nationale, est en proie à une crise ouverte au sein de sa direction depuis les élections législatives du mai 2012.
Elle a pris de l’ampleur après l’éviction fin janvier de M. Belkhadem par le Comité central, qui n’avait pas réussi à désigner un successeur. L’ex-dirigeant était notamment accusé de vouloir garder sa mainmise sur le parti en prévision de la présidentielle d’avril 2014.
Mais ce départ n’a pas réglé les problèmes, et ces derniers jours les adversaires de M. Saïdani, qui passe pour être soutenu par le patron du FLN, le président Abdelaziz Bouteflika, ont qualifié d’"illégale" la réunion du comité central, à laquelle ils n’ont pas pris part.
"Le conseil d’Etat a annulé l’autorisation accordée (...) pour la tenue de cette réunion d’où son caractère illégal", a déclaré lors d’une conférence de presse le chef de file des contestataires, l’ancien ministre Abderahmane Belayat, chargé depuis la destitution de M. Belkhadem d’assurer la gestion du FLN jusqu’à l’élection d’un nouveau secrétaire général.
La réunion du Comité central, organisée dans un hôtel du centre d’Alger et protégée par un dispositif de sécurité, avait été précédée de toute une série de rebondissements.
Elle avait dans un premier temps été autorisée par le ministère de l’Intérieur, mais les adversaires de M. Saïdani avaient introduit un recours en justice, et avaient obtenu mercredi après-midi l’annulation de cette session.
Mais les partisans du nouveau secrétaire général ont finalement réussi, tard dans la soirée, à obtenir le feu vert des autorités, selon les journaux de jeudi. Quelque 273 des 340 membres de ce comité étaient présents.
Trois candidats au poste convoité étaient annoncés, mais deux d’entre eux — un autre membre du Comité central, Mustapha Maâzouzi, et un ancien membre du bureau politique du parti, Saïd Bouhadja — se sont finalement désistés.
Les travaux du comité central, qui doivent durer deux jours, ont lieu dans une atmosphère de déchirement interne, favorisé par l’absence du président Bouteflika, qui a passé trois mois en France pour être soigné d’un AVC. Rentré le 16 juillet, le chef de l’Etat reprend peu à peu ses forces, en continuant sa rééducation.
Les ennuis de santé de M. Bouteflika ont fragilisé l’hypothèse d’un quatrième mandat, voulu par ses partisans mais sur lequel le président ne s’est pas encore prononcé.
Dans son discours de victoire, M. Saïdani, 63 ans, considéré comme un homme du sérail à la carrière exclusivement politique, a remercié ses partisans tout en qualifiant ses adversaires de "minoritaires". Mais il s’est engagé a "unifier les rangs du parti".
Selon la presse, ses partisans entendent reprendre les commandes du parti, qui détient 221 sièges sur les 462 de l’Assemblée nationale.
En 2003, le FLN avait connu une crise similaire qui avait conduit à la démission de son secrétaire général Ali Benflis, après un bras de fer entre ses partisans et ceux du président Bouteflika. Les deux camps se disputaient déjà le contrôle du parti dans la perspective de la présidentielle de 2004.

Syrie : L’enjeu (Walid Atallah)

Beaucoup s’interrogent sur la situation en Syrie, sur les parties en présence et les enjeux en cours.
Il est un fait que la concurrence médiatique entre les parties avec la surenchère et certainement des mensonges n’aide pas vraiment à comprendre.
Il y a certainement des enjeux économiques et des enjeux pour la résistance contre les plans impérialistes-sionistes dans la région du Moyen-Orient.
Mais il y a un autre enjeu dont on ne parle pas beaucoup ; c’est celui de l’avenir des peuples de la région, de la liberté des individus et de la démocratie.
Alors il faut prendre la peine d’y voir clair : déterminer les parties en présence et leurs intérêts, leurs positions afin de comprendre la situation actuelle et ce qui peut se passer à l’avenir et prendre position.
Chronologiquement il faut noter que les mouvements de protestations qui ont débuté en Tunisie en décembre 2010 et qui se sont propagés en Egypte, en Syrie, au Yémen, au Bahreïn… ont sans aucun doute ouvert une nouvelle phase historique pour les peuples de la région, pleine d’espoir de liberté, de démocratie, de droits et de justice.
Si en Tunisie, en Egypte et au Yémen ces mouvements (toujours en cours), ont abouti à l’éviction des présidents en place et à ébranler les régimes qui n’ont pas complètement disparu, il n’en fût pas de même au Bahreïn où la révolte a été matée par des troupes saoudiennes et jordaniennes. Quant à la Syrie, ni le président ni le régime ne sont tombés malgré les mouvements de protestations pacifiques et d’autres armés.
Les évènements ont commencé en Syrie quand en mars 2011, après les événements en Tunisie et en Egypte, il y a eu au sud du pays dans la ville de Derr’a un petit événement qui allait lancer une dynamique qui dure jusqu’à aujourd’hui.
Prenant exemple sur les événements en Tunisie et en Egypte, une quinzaine d’enfants de 10 à 16 ans ont tagué sur des murs de la ville des slogans pour la liberté. La sécurité politique (l’un des services du régime – une quinzaine) les a arrêtés et torturés. Leurs parents sont allés demander leur libération avec des responsables de clans tribaux dans cette région.
Le responsable de la sécurité politique les a humiliés et n’a pas libéré les enfants. Des manifestations populaires régulières ont alors commencé pour demander leur libération avec leur lot de morts et de blessés. Ces dernières commençant à prendre de l’ampleur, le régime a muté ce responsable dans la ville d’Edleb au nord-ouest de la Syrie.
En solidarité avec les enfants toujours emprisonnés, des manifestations ont commencé à Edleb contre ce responsable, pour la libération des enfants et en solidarité avec la population de Der’aa réprimée. Le fait est que le régime a commencé à réprimer ces manifestations entraînant des victimes.
De victime en victime, les manifestations se sont répandues dans tout le pays contre la répression et pour demander la Liberté. Le seul slogan du nord au sud était « Dieu, la Syrie, la liberté ». Le fameux slogan « Le peuple veut faire tomber le régime » n’est apparu que sept mois après.
Face à la répression à Derr’a, même les habitants du camp de réfugiés palestiniens de Derr’a ont été solidaires et ont payé finalement aussi leur engagement. Leur camp a été partiellement brûlé et détruit et beaucoup sont partis.
A ce moment là, certaines parties sont entrées en jeu, notamment le Qatar et sa chaîne Al Jazeera qui a commencé à propager des mensonges quant à la situation en Syrie : par exemple en annonçant des évènements qui n’existaient pas sur le terrain. Et ce n’est pas anodin car il y avait eu un conflit d’intérêt récent entre la Syrie et le Qatar sur le passage d’un gazoduc vers l’Europe. La Syrie qui a finalement choisi de coopérer avec l’Iran et le gaz Russe, a fortement irrité non seulement le Qatar qui cherchait une porte de sortie vers l’Europe via la Syrie et la Turquie, mais aussi cette dernière, l’Union européenne et finalement les USA.
Il y a donc à la source des événements en Syrie une demande fondamentale de liberté du peuple syrien, un différent sur l’approvisionnement en gaz pour l’Europe et surtout il y a la volonté chez ces puissances, les États-Unis, l’Europe et Israël de casser l’axe Iran-Syrie-Hezbollah-Irak-Hamas suite à la guerre contre le Liban en 2006 et celles contre Gaza en 2008/2009 puis 2012. Ces puissances avaient demandé à la Syrie après 2006 de renoncer à son alliance avec l’Iran et le Hezbollah qui avait résisté avec l’aide de ces pays contre Israël. Ce dernier voulant détruire le Hezbollah et son grand allié l’Iran par tous les moyens directs et indirects, comme par exemple en organisant des troubles pouvant déboucher sur un conflit armé au Liban à travers ses alliés comme les forces libanaises et le clan du 14 mars. D’autres alliés de Washington comme l’Arabie Saoudite, concurrente du Qatar pour le leadership religieux sur la scène régionale, sont aussi présents et avancent leurs poulains au sein de l’opposition syrienne.
Il est un fait aussi qu’il y a une concurrence économique dans la région entre l’Arabie Saoudite, l’Iran, les USA, le Qatar, les Émirats, la Turquie, Israël, l’Egypte…
Il faut savoir par exemple que le montant des investissements iraniens dans les pays du Golfe dépasse les 300 milliards de dollars. Ces investissements sont en concurrence directe avec les puissances régionales et impérialistes. Ce qui a amené à l’époque le président américain Georges Bush à vouloir initier un conflit militaire entre l’Arabie Saoudite, le Koweit, les pays du Golfe et l’Iran.
Il y a eu alors la volonté comme pour la Libye, et là encore pour des intérêts sur le gaz et le pétrole, de mettre la main sur les mouvements de protestations et de faire intervenir des puissances étrangères pour leurs seuls intérêts (pétrole, gaz, canal de Suez…) et aussi afin de protéger Israël par tous les moyens.
Rolland Dumas – ancien Ministre des Affaires Etrangères, a récemment dévoilé le plan des Britanniques qui déjà en 2009 (soit deux ans avant les premières manifestations en Syrie) préparaient des groupes armés qui devaient intervenir contre le régime syrien.
L’implication de ces puissances en Syrie et leur soutien à une partie de l’opposition syrienne (frères musulmans et autres groupuscules) était pour affaiblir le régime, le faire renoncer à cette alliance et finalement le faire tomber et plus tard s’attaquer à l’autre partie de cette alliance qui est l’Iran. Car le rôle du régime syrien de Hafez Al Assad sur le plan régional qui était dans le giron soviétique et Russe aujourd’hui n’a jamais été accepté par ces puissances, par exemple quand il mène la guerre en 1973 conjointement avec l’Egypte de Sadate contre Israël pour récupérer l’un la péninsule du Sinaï et l’autre le plateau du Golan ou son soutien actuel à la résistance contre Israël – par l’aide au Hezballah ou au Hamas.
Le jeu préféré du régime syrien, fut la résistance par délégation, c’est-à-dire qu’il utilisait selon ses intérêts et ses alliances politiques du moment, des organisations comme le FPLP commandement général d’Ahmad Gibril pour lancer de temps en temps une opération armée contre Israël ou le Fatah d’Abou Moussa pour tenter d’obtenir le leadership au sein de la révolution palestinienne. Sinon la résistance au Liban contre Israël était principalement depuis la fin des années 60 jusqu’aux accords de Taëf en 1991 palestinienne et libanaise, avec le parti communiste libanais, des nationalistes arabes, d’autres factions libanaises comme le Hezbollah chiite. Le rapport du régime syrien à ce dernier mouvement, de loin le plus fort au Liban, dépendait des rapports entre la Syrie et le régime iranien (principal inspirateur et soutien de ce mouvement) selon leurs intérêts régionaux avec tel ou tel pays.

La nature du régime syrien
Hafez al Assad appartient à la communauté religieuse alaouite issue du chiisme. Les vicissitudes de l’histoire les ont amenés à se réfugier dans les montagnes syriennes proches de la Méditerranée. C’était une population de paysans pauvres comme la majorité de la population syrienne. Leur cohésion était assurée par un regroupement solidaire en clans, ce qui n’empêchait pas de violentes luttes pour le pouvoir. Le père de Hafez était un petit notable rural particulièrement énergique, ce qui lui a valu le surnom d’al Assad, « le lion ». Il s’est attaché à ce que ses onze enfants reçoivent une éducation moderne. A neuf ans, Hafez est envoyé à l’école dans la grande ville littorale de Lattaquié. Il est un des rares dans son milieu à pouvoir faire des études secondaires durant les années chaotiques de la Seconde Guerre mondiale et de la fin du mandat français. Le militant politique
Dès l’âge de seize ans, il devient un nationaliste arabe et un militant du parti Baath, qui vient d’être fondé. Ce mouvement politique attire déjà un nombre considérable de jeunes alaouites éduqués, qui y trouvent un dépassement des cadres communautaires. Dès cette époque, il s’oppose au mouvement sunnite des Frères musulmans. Il combat aussi les courants politiques rivaux des communistes et du parti populaire syrien - P.P.S. - qui désire une Grande Syrie en refusant l’identité arabe. C’est un parti politique laïque créé en 1932 à Beyrouth, qui préconise une grande nation syrienne comprenant le Liban, la Syrie, la Palestine, la Jordanie, l’Irak, le Koweit, Chypre, la Cilicie en Turquie et le Chatt el Arab en Iran. Il considère qu’il n’existe que quatre nations arabes, dont la Syrie, les autres étant l’Arabie, l’Egypte et le Maghreb.
En 1951, Hafez al Assad devient le président de l’Union des étudiants syriens, son premier poste d’envergure nationale. C’est déjà une réussite exceptionnelle pour un alaouite.
La même année, il entre dans l’armée, seul moyen pour lui de faire des études supérieures. En 1955, il devient officier pilote dans la toute jeune aviation syrienne. Et depuis 1949, l’armée s’est imposée par une série de coups d’État comme un acteur essentiel dans le jeu politique syrien. Le comploteur
Militant politique dans l’armée la plus politisée du monde arabe, Hafez al Assad participe directement aux événements de la « lutte pour la Syrie ». Sa carrière militaire est favorisée par le poids croissant de son parti. Il suit des cours de formation en Égypte et en Union soviétique. Il s’opposa en 1958 à l’union entre l’Egypte et la Syrie qui devait créer la République Arabe Unie (RAU). Stationné au Caire, il travaille avec d’autres officiers, à mettre un terme à cette union. Quoique baassiste et favorable à l’idéal d’une union panarabe, il s’oppose à la domination du régime de Nasser au sein de la République arabe unie. Il est l’un des fondateurs du « comité militaire » clandestin, composé d’officiers baassistes cherchant à reconstruire leur parti dissous depuis 1958. En conséquence, il est brièvement emprisonné par les autorités égyptiennes lors de la dissolution de la république unitaire en 1961.
Après la dissolution de la R.A.U., il rentre en Syrie (fin 1961) et participe à une vie politique agitée de coups d’État successifs. Il est l’un des organisateurs du coup d’État du 8 mars 1963 qui avec une coalition de groupements politiques de gauche menée par le Baath amène ce parti au pouvoir.
Assad fut nommé chef d’état-major de l’armée de l’air en 1964. L’État était dirigé par Amin al Hafez. A ce moment, le parti Baath était dominé par un groupe de jeunes alaouites, dont Assad faisait partie.

L’accession au pouvoir
Le comité militaire cherche à prendre le contrôle du parti Baath. Après trois ans de conflit, cette faction se saisit du pouvoir et élimine les fondateurs du mouvement. Ce « néo-Baath », aux positions extrémistes, s’oppose au Baath iraquien, qui se veut le continuateur de la légitimité des fondateurs. Chef de l’armée de l’air, Hafez al Assad devient ministre de la Défense en février 1966. Pressenti de plus en plus comme un membre influent du gouvernement, il exerce dès lors un pouvoir considérable sur la politique gouvernementale.
En 1966, l’aile pro-soviétique du Baath, menée par Salah Jedid, entreprent un coup d’État au sein du régime et écarte les autres partis du gouvernement. L’armée se scinde alors en factions à base communautaire. Le groupe druze est éliminé au début de 1967. Le pouvoir était toutefois traversé par d’importantes tensions entre une aile radicale du Baath, favorable à une politique étrangère agressive et à des réformes sociales rapides, et une aile militaire, dirigé par Assad, plus pragmatique.
Trop impliquée dans la politique, l’armée syrienne est défaite lors de la guerre de juin 1967 menée par Israël, qui se conclut par la perte du plateau du Golan. Hafez al Assad continue sa marche vers le pouvoir et élimine successivement tous ses rivaux, y compris alaouites. Quand le président Noureddine al Atassi et le secrétaire général du parti Baath, Salah Jedid, prennent conscience du danger et ordonnent que Assad et Tlass (plus tard son Ministre de la défense) soient écartés de toute position de pouvoir dans le parti et le gouvernement, il était trop tard. Hafez el-Assad lançe rapidement un coup de force à l’intérieur du parti. Il prend le pouvoir le 13 novembre de la même année.
Il rappelle alors les forces armées syriennes engagées en Jordanie aux cotés des fedayins palestiniens qui seront éliminés par les forces jordaniennes à la demande du secrétaire d’Etat américain Rogers et d’Israël pour empêcher les opérations armées palestiniennes contre l’occupant sioniste. Assad contribue à la fin de la résistance palestinienne en Jordanie – Septembre noir.
Le Baath fut « purgé », Atassi et Jedid furent envoyés en prison où ils meurent dans les années 1990.
Le régime trouve un soutien essentiel dans la minorité alaouite, dont Hafez el-Assad plaçe des membres à de nombreux postes clés de l’appareil d’État. Le régime se caractérise par l’emprise qu’il exerce sur la vie sociale et politique, interdisant toute opposition et réprimant avec violence toute contestation. Le monopole du parti unique – le Baath – sur le pouvoir, était inscrit dans le fameux paragraphe n°8 de la constitution, finalement abrogé en février2012 sous la pression populaire.
Dès sa prise de pouvoir, Hafez al Assad se présente en « correcteur » des excès de la période précédente. Le 12 mars 1971, il devient président de la Syrie. Il exécute en tout cinq septennats consécutifs. Le parti Baath devient une organisation de masse chargée d’encadrer la population et l’État. La Syrie rétablit des relations avec les autres États arabes et prépare, avec l’Égypte, la reprise du combat contre Israël. Durant la guerre d’octobre 1973, l’armée syrienne prend pour la première fois l’offensive. Elle est repoussée par les Israéliens au prix de lourdes pertes. Israël réplique en détruisant l’infrastructure économique de la Syrie par une série de raids aériens. Hafez al Assad est prêt à lancer une contre-offensive quand Anouar el Sadate accepte un cessez-le-feu soutenu par les États-Unis. Faisant entrer son pays dans le processus de paix dirigé par les Etats-Unis. Hafez al Assad obtient un accord de désengagement qui rend à la Syrie une partie du Golan (mai 1974). Il se prononce pour l’application des résolutions 242 et 338, qui, selon lui, prévoient l’évacuation de tous les territoires occupés en échange de la paix.

La vision politique régionale
Le président syrien se présente toujours comme le champion de l’unité arabe ; il a d’ailleurs accepté une union, formelle et sans réalité concrète, avec l’Égypte et la Libye (1971). Quant à l’existence d’un régime baassiste en Iraq, elle provoque un conflit de légitimité qui oppose les deux pays au lieu de les rapprocher.
Son ambition réelle est la reconstruction de la « Grande Syrie », ou « Syrie naturelle », qu’il considère, comme les dirigeants syriens qui l’ont précédé et comme beaucoup de ses compatriotes, comme ayant été partagée en 1916 (accords Sykes-Picot) et dépecée en 1920 par les impérialistes. Dans ce cadre, il considère que la cause palestinienne est trop importante pour être laissée aux seuls Palestiniens, que les Libanais et les Syriens forment un même peuple divisé en deux États et que Damas doit exercer une tutelle sur la Jordanie.
Hafez el-Assad hérite d’un régime dictatorial, établi durant de longues années d’un pouvoir militaire instable, puis réorganisé suivant la politique du parti unique du Baath. Non seulement, il ne rompt pas avec ce régime, mais il en accroît la dimension répressive, et s’efforce de contrôler chaque secteur de la société à travers un vaste appareil policier et de renseignement. Se sont en tout plus d’une quinzaine de services de renseignements qui œuvrent en premier lieu à la suprématie du pouvoir du président Hafez Al Assad. Ils sont en constante concurrence les uns contre les autres, traquant les opposants au régime, faisant des milliers de victimes et de disparus. Au sein de l’armée, il existe des forces spéciales dont la garde républicaine qui sont aujourd’hui directement sous les ordres de Maher Al Assad, le frère de Bachar.
Le régime met également en place un culte de la personnalité, le décrivant comme un dirigeant juste, sage et puissant de la Syrie et du monde arabe en général. À la manière soviétique, ce culte se traduisit par un vaste système de propagande fait d’affichages de son effigie, d’érections de sa statue, de discours publics glorificateurs, etc... Son fils Bassel appelé à lui succéder, fit, plus tard, l’objet d’un culte semblable mais il trouva la mort dans un accident de voiture le 21 janvier 1994.

La Syrie au Liban
Assad joua un rôle clé dans l’histoire du Liban. La guerre civile libanaise, qui éclata en 1975 et opposa sur fond de conflit israélo-arabe les communautés religieuses du pays (chrétiens et membres de la droite libanaise d’une part, musulmans, « progressistes de gauche » et Palestiniens de l’autre) finit par tourner à la défaveur des chrétiens. Craignant de perdre le pouvoir présidentiel qui était réservé aux chrétiens de rite maronite depuis le Pacte de 1943 (constitution laissée par le régime colonial français), les leaders des milices fascistes chrétiennes Camille Chamoun et Pierre Gemayel lancèrent un appel au régime syrien pour sauvegarder leur pouvoir. Hafez al Assad veut aussi mettre fin à la concurrence idéologique et organisationnelle des progressistes et des Palestiniens sur la scène libanaise et arabe qu’il juge "trop révolutionnaires" et pouvant donc renverser son propre régime.
La Syrie se présente alors faussement en « médiatrice et garante d’un réaménagement constitutionnel » au Liban. En 1976, elle s’allie politiquement et militairement aux fascistes du camp chrétien contre les « palestino-progressistes » en avançant comme motif la réintégration des chrétiens dans le camp arabe.
Le président syrien, qui soufflait sur les braises de la guerre du Liban en soutenant tour à tour les différentes parties, y a vu l’occasion d’installer ses troupes. Ce sera le début de la mainmise syrienne sur le Liban, qui durera jusqu’en 2005.
A ce moment là, les forces syriennes assiègent les camps de réfugiés palestiniens de Tel Al Zaatar, de Jesser al Basha et de Dhbay (situés à Beyrouth Est – en secteur chrétien), qu’elles finissent par investir avec leurs chars en roulant sur les cadavres des combattants palestiniens (ces camps seront finalement détruits). Un conflit armé de plusieurs années se déroulera entre le clan palestino-progressiste et les forces syriennes au Liban avec leurs supplétifs. La ligue arabe impose un cessez-le-feu et transforme la présence syrienne en force arabe de « dissuasion ». Israël fait savoir, par l’intermédiaire des États-Unis, l’existence de « lignes rouges » interdisant l’entrée des forces syriennes au Sud Liban, qui devient le sanctuaire des Palestiniens (octobre 1976). Les accords de Camp David (septembre 1978) entraînent un renversement des alliances, les chrétiens devenant la cible des bombardements, tandis que les Palestiniens prennent la fonction d’un allié malcommode. En 1978, intervient un accord entre l’OLP et le régime syrien pour amplifier la résistance qui ne sera finalement pas respecté par les deux parties.

La crise intérieure du régime
L’opposition au régime
L’opposition au régime d’Assad en Syrie a débutée à la naissance de ce dernier. Elle était diverse allant des communistes aux frères musulmans. À partir de 1977, la Syrie est victime d’une série d’attentats qui visent les symboles du régime. On accuse d’abord les Iraquiens puis le mouvement des Frères musulmans. Hafez al Assad répond à ces attentats, qui se transforment en 1981-1982 en soulèvements, par une répression faisant plusieurs milliers de morts (la plus grande part de civils), en particulier à Hama en février 1982.
À peine sorti de cette période, Assad doit faire face à l’invasion israélienne du Liban en juin 1982. L’armée syrienne, qui n’a pratiquement pas combattu, est bombardée par les Israéliens quand elle se retire de la région de Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa’. Le gouvernement d’Amine Gemayel, les Américains et les Israéliens se comportent comme si les Syriens ne jouaient plus aucun rôle au Liban. Les milices chrétiennes libanaises commettent avec l’aide des troupes sionistes les massacres de Sabra et Chatila.
Hafez al Assad décide de jouer sur les multiples fractures libanaises et palestiniennes. Il utilise une scission chez les Palestiniens pour éliminer les partisans d’Arafat du Liban. Il soutient la montée en puissance des chiites du mouvement Amal et du Hezbollah. En 1983, ses services participent à la préparation des opérations contre la force multinationale occidentale.
De 1985 à 1991, le régime syrien se sert entre autre du mouvement chiite Amal pour se réimplanter au Liban et veut prendre le contrôle du mouvement de résistance palestinien. Le mouvement Amal avec l’aide des forces syriennes organise le blocus des camps (guerre des camps) de réfugiés palestiniens avec des pilonnages continus qui feront durant ces années des milliers de morts. L’autre mouvement chiite Hezbollah s’interposera pour défendre les camps et une lutte à mort se déroulera entre le Hezbollah et le mouvement Amal soutenu par le régime syrien notamment pour le contrôle des zones chiites au Liban dans le cadre de la partition en cantons confessionnels proposée à ce moment là. Le Hezbollah paiera pendant plusieurs années le prix fort la répression conjointe Amal-Forces syriennes.
La volonté de récupérer l’intégralité du plateau du Golan n’a pas cessé d’être un des axes centraux de la politique de Hafez el-Assad. Il respecta, toutefois, la ligne de cessez-le-feu placée sous le contrôle des Nations unies. Assad choisit une politique indirecte de pression sur Israël, à travers le soutien à divers mouvements qu’il a clientélisé. Sur le plan interarabe, il prend une position intransigeante dans la question du processus de paix et s’oppose aux projets de conférence internationale avec une délégation commune jordano-palestinienne qu’il considère comme étant concurrente. Il s’allie avec l’Iran, en guerre contre l’Iraq baassiste, et reçoit l’appui de l’Union soviétique, qui soutient sa tentative d’arriver à une parité militaire avec Israël.
Toutefois, avec la chute de l’URSS, il comprend que l’équilibre des forces est en faveur des États-Unis et de son principal allié dans la région, Israël.
En 1990, Le déclin de l’Union soviétique met pratiquement fin au soutien de Moscou en faveur de la Syrie. Hafez al Assad est obligé de se rapprocher de l’Égypte d’Hosni Moubarak et de la Jordanie. Il abandonne le radicalisme de son discours et compose avec les Américains sur la question libanaise. Après la fin de la guerre entre l’Iraq et l’Iran (1988), le Liban devient le nouveau champ d’affrontements entre les deux régimes baassistes. En 1990, le général Michel Aoun (soutenu par l’Irak et avec l’aide d’Arafat) se lance dans une guerre de « libération » contre la Syrie. Mise un moment en difficulté, cette dernière voit son rôle reconnu par les accords de Taëf (octobre 1989). Durant la 1ère guerre du Golf, Hafez al Assad aligne son pays sur la coalition contre l’Iraq. Cela lui permet d’éliminer définitivement les partisans du général Aoun (octobre 1990) et d’établir un protectorat de fait sur le Liban en reconstruction. En 1991, il accepte alors, pressé par les États-Unis, de s’engager dans des négociations avec Israël.
Hafez al Assad engage son pays dans le processus de paix sous patronage américain. La position syrienne est intransigeante : la paix ne peut se faire qu’en contrepartie d’une évacuation totale des territoires perdus par les Syriens en juin 1967. La Syrie, semblant isolée à plusieurs reprises à la suite du progrès de la négociation entre Israéliens et Palestiniens et de l’accord de paix entre Israël et la Jordanie, appuie la guérilla du Hezbollah au Sud Liban comme moyen de pression et il soutiendra de nombreux mouvements palestiniens, comme le Hamas.
En 1995-1996, des progrès sensibles sont enregistrés dans la négociation entre Israël et la Syrie. En 1999-2000, après le refroidissement de la période Netanyahou, celle-ci reprend sur les mêmes bases. Mais pour ne pas être dupe, le régime, comme l’a rappelé Ramy Makhlouf (le beau frère de Bachar Al Assad) au début des événements, je cite : « la sécurité d’Israël dépend de la sécurité de la Syrie ». C’est-à-dire que le régime syrien garantit la sécurité d’Israël qui, depuis 1973, n’a jamais été attaqué. Les responsables du régime le rappelleront à l’ordre à ce moment là.

Sur le plan Intérieur syrien
Hafez al Assad ne se borne pas à la seule répression pour gouverner son pays. Dans les années 1970, il tente une première ouverture économique dont les résultats n’ont été probants qu’en raison de l’afflux de la rente pétrolière. Dans la seconde moitié des années 1980, la crise économique conduit à une seconde ouverture qui augmente le champ d’action du secteur privé. Les résultats positifs se font sentir dans les premières années de la décennie 1990, mais le retour au marasme intervient à la fin des années 1990. Sur le plan social, le rôle du parti Baath décline au profit des « indépendants », nouvelle et ancienne bourgeoisie ralliée au régime. Il n’en reste pas moins que le régime reste autoritaire et policier et maintient son contrôle de la société.

La succession
Malade depuis des années, Hafez al Assad a cherché à placer comme successeur son fils aîné Bassel, mort accidentellement en janvier 1994. Il l’a remplacé par son second fils, Bachar, présenté comme un réformateur moderne. Le frère de Hafez, Rifaat, qui a été l’homme de maintes répressions sanglantes, s’est depuis longtemps posé comme l’ultime recours pour une communauté alaouite inquiète de son avenir. La lutte entre les deux frères a été une constante du régime. Rifaat a finalement été déchu de toutes ses fonctions officielles et a été exilé.
Sur le plan économique, se sont quelques familles qui monopolisent toute l’activité, comme la famille Assad, la famille Makhlouf dont est issue la femme de Bachar, la famille Tlass….. Sous les slogans de « socialisme du parti Baath », existe le monopole de ces grandes familles et d’autres – comme ces officiers qui se sont enrichis avec eux qui ont finit par constituer une nouvelle grande bourgeoisie en Syrie. Ainsi l’écart du niveau de vie entre cette bourgeoisie et les fonctionnaires et les petits agriculteurs était très important.
Sur le plan sécuritaire, pour bien comprendre le régime, il faut connaître sa structuration sur le terrain avec les responsables de la sécurité politique et d’autres qui quadrillent tout le territoire, quartier par quartier, ville par ville et village par village.
Leur fonction est de contrôler les individus et pour tirer plus de profits, ils mettent en place toutes sortes de trafics (drogue, prostitution, rackets divers des commerçants ou des industriels et offre de services administratifs contre des pots de vin…).
En Syrie tout le monde avait pour philosophie : "fais ce que tu veux comme activité sauf de la politique", la sécurité politique veille avec les « Chabiha » des voyous que le régime entraîne pour terroriser la population.
C’est ce maillage sécuritaire, politique et mafieux avec la corruption comme moyen de fonctionnement qui pérennisait le régime. Imaginez tous ces responsables, les chefs, les sous chefs et les sous sous chefs etc…. qui tiraient profits de leurs postes, croyez-vous qu’ils auraient un jour renoncé à leurs intérêts ? Surtout dans la situation de pauvreté et de très faibles salaires qu’a toujours vécu la Syrie.
Sur le plan militaire, la Syrie possède une armée en grande majorité sunnite dans laquelle le régime n’a pas trop confiance. Il existe aussi des forces spéciales et une garde républicaine composées essentiellement de alaouites qui est le fer de lance du régime . Et pour couronner le tout il y a une sécurité militaire qui surveille tout le monde.

Enjeux et jeu régional
Comme nous l’avons vu plus haut, le fondement idéologique du régime résulte des blessures subies par les habitants de cette région (partage du Moyen-Orient par les forces impérialistes en 1916 (accords Sykes-Picot), l’occupation par la France et l’Angleterre des pays de la région ainsi que la création d’une entité coloniale sioniste au cœur du monde arabe qui deviendra réalité en 1948. Le fait de défier politiquement et de résister par les armes à cette politique impérialiste a fondé et légitimé l’apparition de mouvements comme les Frères musulmans en 1928 en Egypte ou les nationalistes arabes dont le parti Baath (créé en 1947 à Damas et qui combine socialisme et nationalisme arabe), Jamal Abdel Nasser, Hafez Al Assad, Sadam Hussein, Moamar Kadafi et d’autres s’en réclament avec des versions personnelles.
Pour les peuples de la région qui subissent les guerres punitives et coloniales impérialistes, ces mouvements sont nécessaires et légitimes. C’est la corde sensible sur laquelle joueront les leaders Egyptiens et autres… Et on verra dans quelle mesure aujourd’hui une partie des Syriens et d’autres soutiennent toujours le régime syrien sur cette base.
Il est un fait que les tentatives de contrôler la région pour ses richesses, sa position stratégique ou par esprit colonial, n’ont jamais cessé jusqu’à aujourd’hui.

Rappelons quelques dates :
En 1915, lors de la Première Guerre mondiale, les Britanniques combattent les armées ottomanes en Egypte et en Mésopotamie pour contrôler la région. Dans le même temps ils négocient par l’intermédiaire de leur haut commissaire Mac Mahon en Egypte avec le Cherif Hussein de la Mecque pour le partage des territoires du MO et pour combattre les Ottomans dans la région du Hedjaz.
1916 : accord secret anglo-français -Syckes-Picot- pour le partage du Moyen-Orient,
1916/1917  : En dépit de l’engagement arabe aux côtés des Alliés et des promesses britanniques, le royaume arabe de Hussein de la Mecque ne sera pas constitué en raison des prétentions territoriales des Britanniques et des Français. Mais au lendemain de la grande révolte arabe, son fils Fayçal sera le futur roi d’Irak et Abdallah le futur roi de Transjordanie et les Wahabites aidés par les Britanniques prendront le pouvoir dans la péninsule arabe et formeront le royaume des Séoud.
1917 : 2 novembre : déclaration britannique dite Balfour : "promesse pour la création d’un foyer national juif en Palestine",
1917  : décembre : occupation de la Palestine par les troupes anglaises jusqu’au 14 mai 1948,
1920 : conférence de San Rémo de la société des Nations qui "officialise" l’occupation par la France du Liban et de la Syrie et l’occupation par l’Angleterre de la Palestine, de la Jordanie et de l’Irak,
1933 : l’armée Anglaise et les troupes du roi Abdallah répriment la révolte jordanienne contre les plans sionistes,
1936 – 1939, l’armée Anglaise réprime la révolte palestinienne contre les plans sionistes,
1947 : Partage de la Palestine et occupation par les sionistes avec l’aide des Anglais,
1947/1948  : expulsion du peuple palestinien de sa terre et destruction de plus de 500 villages. L’armée britannique qui occupe la Palestine aide les sionistes à contrôler la partie donnée par le partage de l’ONU « Etat juif » au lobby sioniste et laisse la partie « Etat arabe » à son allié la Jordanie qui l’occupe et l’annexe en 1949.
Mai 1948 – création de l’Entité sioniste Israël,
1956 : attaque conjointe Anglo-franco-Israélienne contre l’Egypte pour le contrôle du canal de Suez nationalisé par Nasser, et afin de punir ce dernier qui aide la révolution algérienne,
1967  : Israël attaque et occupe le Golan syrien, le Sinaï égyptien et la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est,
1978 : Israël attaque et occupe le sud Liban,
1982 : Israël attaque et occupe le Liban jusqu’à Beyrouth,
1982 : Septembre : massacres de Sabra et Chatila par les milices fascistes chrétiennes et l’armée israélienne,
1987 : Début de la première Intifada palestinienne et répression par l’armée israélienne,
Années 80 et 90 attaques permanentes de l’armée israélienne contre le Liban sud qu’elle occupe,
Mai 2000  : Libération du Sud Liban par la résistance au Liban avec à sa tête le Hezballah,
Septembre 2000  : déclenchement de la seconde Intifada en Palestine occupée, répression par l’armée israélienne,
Juillet-Août 2006  : Guerre israélienne contre le Liban,
Décembre 2008- janvier 2009 et novembre 2012  : Guerre israélienne contre la bande de Gaza,

Bref historique de la région
L’Egypte devenue indépendante en 1922, était néanmoins sous domination britannique de 1879 jusqu’à l’accord de désengagement signé par Nasser en 1954.
Indépendance de l’Irak en 1932,
« L’indépendance » de l’Arabie Saoudite intervient en 1932 après une longue conquête par la Famille Séoud de la péninsule Arabe qui fit des dizaines de milliers de morts avec l’aide des Britanniques. En 1938, découverte du pétrole et le royaume signe un traité stratégique avec les USA toujours en vigueur. Le Wahabisme est un mouvement fondamentaliste religieux qui a des ambitions politiques, c’est-à-dire qu’il doit se répandre et prendre le pouvoir, fût-ce par l’épée et leur plus grand rival sont entre autres les communistes et tous mouvements progressistes et surtout les chiites.
Indépendance du Liban en 1943,
Après de terribles répressions de la résistance en Syrie par les Français, cette dernière obtient son indépendance en 1946,
Indépendance de la Jordanie en 1946 mais reste sous contrôle de l’armée britannique de Glub Pasha qui contrôlera la Cisjordanie après le partage de la Palestine en novembre 1947,
La Turquie reconnaît Israël en 1949 et devient membre de l’OTAN en octobre 1951 au même moment que la Grèce et fût l’un des alliés les plus fiables des Etats-Unis. Elle est la deuxième armée en effectifs de l’OTAN après l’armée américaine.
Le Koweit sous domination britannique devient indépendant en 1961.
L’indépendance du Yémen
La partie septentrionale était sous domination ottomane jusqu’en 1918. La monarchie y fut abolie le 27 septembre 1962, date à laquelle le pays prit le nom de République arabe du Yémen « Yémen du Nord » où une guerre civile se déroula jusqu’en 1970 soutenue côté républicain par l’Egypte de Nasser et côté royaliste par l’Arabie Saoudite.
La partie méridionale correspond à l’ancien hinterland britannique, formé progressivement à partir de 1839 autour du port d’Aden. Après le départ des troupes britanniques, la Fédération d’Arabie du Sud et le protectorat d’Arabie du Sud se regroupèrent le 30 novembre 1967 pour former un nouvel État indépendant, la République populaire du Yémen du Sud prosoviétique, qui, trois ans plus tard, adopta le nom de République démocratique populaire du Yémen.
Le 22 mai 1990, la République arabe du Yémen (Yémen du Nord) et la République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud) ont fusionné pour former un seul État, la République du Yémen.
Le Qatar sous domination britannique devient indépendant en septembre 1971.
L’indépendance de Oman
Le sultanat fut placé de fait sous protectorat britannique de 1891 à 1971. De 1965 à 1976, le pays fut le théâtre d’une violente insurrection communiste, dite guerre du Dhofar, provoquée par les mauvaises conditions socio-économiques d’une partie de la population : ce soulèvement fut réprimé par les forces britanniques et iraniennes.
En 1980, un accord est signé pour accueillir une base militaire des États-Unis sur l’île Masirah, utilisée ensuite pour des opérations dans le golfe Arabo-Persique.
Si les pays arabes obtiennent finalement leur indépendance, seule la Palestine reste occupée par l’entité sioniste dont la fonction est de diviser le monde arabe et de concentrer la force impérialiste contre le Moyen-Orient et c’est pour cela qu’elle est la cause première et principale de la région.
Août 1990 : Sadam occupe le Koweit parce que les Monarchies du Golfe lui ont refusé un dédommagement financier après la guerre qu’il a mené pour eux et les puissances occidentales contre l’Iran.
1991 : une alliance militaire dont fera partie la Syrie se déploiera dans le Golfe pour chasser les troupes irakiennes.
Les dirigeants américains rêvaient depuis des dizaines d’années de déployer des bases militaires dans la région et surtout en Arabie Saoudite. Cette dernière demandera aux troupes américaines de quitter son territoire après les attaques de Dahrane et c’est le Qatar qui accueillera finalement les plus grandes bases militaires américaines au Moyen-Orient. La coalition occupera finalement une partie de l’Irak.
2003 : nouvelle guerre du Golfe contre le régime de Sadam qui est finalement renversé et exécuté. L’Irak est cette fois-ci entièrement occupée par les forces de la coalition et un gouvernement collaborateur se met en place. L’Iran soutient la nouvelle constitution irakienne qui de fait donne le pouvoir aux Chiites.

Dans ce cadre
Historiquement, les grandes puissances – Empire Ottoman, Allemagne, Angleterre, France, Russie, USA – ont toujours été concurrentes pour le contrôle de la région. Elles le sont toujours aujourd’hui, voulant affirmer et maintenir leur présence au niveau politique, économique et surtout militaire. Leur expression favorite étant "l’équilibre des forces" avec livraisons d’armes diverses, tout cela sans tenir compte des intérêts des populations.
Historiquement, l’Union Soviétique était présente en force au Moyen Orient en Egypte, en Irak, en Syrie, au Yémen. Mais au fil des années, elle perd ses alliés et pour comprendre l’acharnement actuel du soutien russe au régime syrien, il faut savoir que la seule présence russe aujourd’hui dans tout le MO se réduit au seul port de Tartous en Syrie. C’est leur unique débouché sur la mer Méditerranée qui de bien entendu est vital pour toutes les raisons évoquées. Tandis que les Américains ont des bases en Israël, au Qatar, en Jordanie, à Oman, au Koweit,…. Même la France possède une base militaire aux Émirats arabes unis.

Les visées impérialistes au Moyen-Orient
On le voit donc, les puissances impérialistes et leurs alliés n’ont jamais abandonnés leur volonté de contrôler la région, mais aussi et surtout de contrôler d’une main de fer les populations. Comme on le voit dans le bref historique, certains Etats de la région ont toujours ou presque toujours été sous contrôle ou alliés des impérialistes pour les matières premières, le canal de Suez, la protection d’Israël et le contrôle de la région. Les guerres coloniales menées par les puissances impérialistes au MO ont créé les conditions de l’émergence de forces nationalistes, islamistes, communistes qui combattront ces puissances.
Mais l’héritage du colonialisme est toujours là, par exemple le Liban, dont la constitution forgée par l’occupation française, octroie les différents pouvoirs institutionnels selon l’appartenance religieuse. Cet héritage colonial a favorisé la guerre interlibanaise ainsi que les interventions étrangères.
Aussi, les rivalités économiques et idéologiques sont utilisées par les puissances impérialistes. Ainsi, l’Arabie séoudite, dont le régime a conquis la Péninsule arabique (de 1901 à 1932 au prix de dizaines de milliers de morts) par l’épée pour implanter le wahabisme sunnite, est utilisé par les USA, l’Europe et donc dans l’intérêt d’Israël,en tant qu’adversaire historique des Chiites, de l’Iran et de régimes non religieux-progressistes comme l’Egypte de Nasser ou l’Irak ou contre toute avancée démocratique dans la région.
Il y a donc un ordre déterminé au MO qui reste pour sa plus grande part une chasse gardée pour les intérêts des USA, de l’Europe et la sacro-sainte sécurité d’Israël. La seule évolution perceptible depuis l’an 2000, c’est l’avancée de l’Iran et de ses alliés (Hezbollah, Hamas, Syrie, Russie, Chine, Irak) sur l’échiquier régional en termes économiques et militaires.
En 2000, la résistance chasse Israël du Sud Liban, ce qui constitue une grande première au MO. En 2006, le Hezbollah empêche Israël d’avancer au Sud Liban et l’oblige finalement à se retirer battue militairement et politiquement. C’est le deuxième grand événement dans la région. Le troisième grand événement, c’est la résistance à Gaza pendant la guerre de 2008/2009 et celle de novembre 2012 qui grâce aux missiles de la résistance qui atteignent Tel Aviv et Jérusalem, Israël arrête son agression. Le quatrième grand événement, c’est la volonté iranienne d’obtenir la capacité nucléaire – devenue aujourd’hui réalité.
Il est un fait que la donne a changé au MO au niveau des capacités de certains régimes – surtout de l’Iran - comme décrit ci-dessus. Il est un fait que l’Iran et l’axe Syrie – Irak - Hezbollah – Hamas, ont pour les impérialistes et Israël dépassé les lignes rouges, surtout celles de la sécurité d’Israël. Surtout que ces régimes ont un appui de la Russie et de la Chine.
Mais il est aussi un fait que la seule chose qui n’ait pas changé, c’est la situation non démocratique de régimes – au Magheb et au Mashrek dont la Syrie, qui pour une raison ou une autre, ont continué à réprimer leur population.
Aujourd’hui, mis à part la nature du régime syrien (que l’on aime ou non ce régime), il y a une coalition non déclarée d’états contre ce régime, qui comprend le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Turquie, Israël, les USA, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Jordanie,… qui veulent dépecer la Syrie et atteindre par la même le Hezbollah, le Hamas, l’Iran et l’Irak qui est passé dans le giron de l’Iran après le départ des USA. Et même selon Vedomosti (Quotidien russe) ils veulent aller plus loin : « Mais pourquoi la Syrie est-elle le lieu de cette confrontation des intérêts occidentaux avec ceux de la Russie et de la Chine ? Moscou et Pékin considèrent probablement les actions américaines en Syrie comme une composante importante d’un plan stratégique de Washington, qu’il faut torpiller à tout prix. »
Il y a sans aucun doute et ce n’est pas nouveau, des plans impérialistes et sionistes pour briser la résistance à leurs projets dans la région et refonder "le nouveau Moyen-Orient" décrit par Bush sur la base des appartenances ethniques ou religieuses. Ainsi, la Syrie et devenue à l’évidence le théâtre de la confrontation entre les superpuissances de la planète et entre les puissances régionales. USA et Europe, Israël et certains régimes arabes d’un côté et Russie, Chine, Iran et autres pays d’un autre coté dans leur concurrence économique et stratégique pour le contrôle de la région. D’où l’aide colossale des alliés de Damas - Vedomosti (Quotidien russe) : « Fin juin 2013, le vice-premier ministre syrien Qadri Jamil expliquait au Financial Times le mécanisme de survie de l’économie et de l’Etat syriens dans le contexte de guerre. Il a notamment indiqué que la Russie, la Chine et l’Iran mettaient en œuvre un programme d’aide à l’économie syrienne et fournissaient au pays tout le nécessaire pour poursuivre la guerre : des produits pétroliers, des aliments et des fonds financiers. Les échanges avec ces pays s’effectuent avec leurs devises nationales, ce qui permet d’éviter d’éventuelles sanctions de la part des Etats-Unis…
Ces livraisons sont assurées par les navires russes, ce qui explique la nécessité d’une présence continue de la marine russe près des côtes syriennes, aussi bien que le sens réel des déclarations des chefs militaires russes concernant une présence permanente des bâtiments de guerre russes en Méditerranée. Les fournitures de pétrole, à elles seules, atteignent 500 millions de dollars par mois.
Si les actions de l’Iran dans le conflit syrien - ce dernier a octroyé à Damas un crédit illimité - sont tout à fait compréhensibles, l’attitude de la Russie et de la Chine pourrait révéler le début d’une nouvelle étape de leur coopération internationale.
Face à une nouvelle tentative américaine de faire chuter un régime ami, Moscou et Pékin n’ont aucune envie de se limiter comme jadis à des protestations à l’Onu. Ils ont mis en œuvre un programme coordonné à long terme –visiblement- visant à octroyer à la Syrie une aide économique, politique, militaire et technique. Le tout malgré une pression montante de la part des Etats-Unis. La Russie a donc envoyé ses navires vers la zone de conflit afin de garantir la réalisation de ce programme et il est possible que la Chine ait joué un rôle plus important dans les efforts économiques visant à épauler la Syrie. »

Le prétexte et l’opposition
Il est évident que le prétexte d’intervention pour les puissances impérialistes et leurs alliés fût la mobilisation populaire en Syrie pour avancer leurs pions sur le terrain de "l’opposition". Le fait que le régime syrien soit une dictature importe peu. Ce même régime était allié de Washington quand ce dernier menait sa guerre contre l’Irak en 1991 et ça ne les embarrassait pas. Il est un fait que ces puissances cherchaient un prétexte à tout prix.
Concernant l’opposition, il faut savoir qu’il y a une myriade d’organisations plus ou moins importantes, historiquement opposées au régime à l’intérieur de la Syrie. Cela va des Frères musulmans aux communistes de toutes tendances, en passant par les nationalistes... Il est un fait qu’au début de la mobilisation en Syrie, un grand nombre de ces opposants sont inorganisés, sans moyens et n’ont pas de relations avec le déclenchement de la mobilisation populaire qui reste jusqu’à aujourd’hui sans maître.
Ce qui s’est passé en Syrie dès le déclenchement des manifestations, c’est la création et la coordination de groupes locaux qui continuent à agir dans leur grande majorité pacifiquement contre le régime. Ce sont les groupes de coordination.
On retrouve dans l’opposition syrienne des soldats qui ont fui l’armée et qui pour certains ont constitué des groupes armés avec plus ou moins de moyens et de coordination (soutenus parfois par différents pays) et qui combattent les forces du régime. C’est l’armée syrienne libre, dont le nombre est estimé à environ 100 000 membres.
Puis il y a les interventions introduites et téléguidées de l’étranger. Par exemple par l’émir du Qatar ou le roi d’Arabie Saoudite qui se prennent pour les commandeurs des croyants et qui arment, entraînent et envoient des groupes en Syrie comme aussi la Turquie ou les USA, la Jordanie…. Ceci, avec des centaines de millions de dollars pour acheter les uns et les autres. Ces groupes qui commettent des massacres contre la population civile syrienne ne sont pas syriens et ne sont pas coordonnés avec les groupes de coordination et l’armée syrienne libre. Même parfois, ils se combattent.
Il faut savoir aussi que plusieurs mois après le déclenchement de la mobilisation populaire, des puissances comme la France, l’Angleterre, les USA ont soutenu la création du conseil national syrien qui ne représente que les Frères musulmans syriens avec certaines personnalités indépendantes sans influence, mais qui a été vendu à l’opinion publique comme LE représentant du peuple syrien.
Aujourd’hui, le conseil national syrien fait partie de la coalition syrienne qui a été déclarée « seule et légitime » représentant du peuple syrien alors qu’elle a été désavouée par les groupes de coordination et l’armée syrienne libre à l’intérieur de la Syrie. Il faut savoir que les membres de cette coalition, les uns liés à la Turquie, au Qatar, à la France, aux USA, à l’Arabie Saoudite, s’écharpent pour des postes qui finalement ne représentent rien de concret mais en profitent pour s’enrichir au passage.
On retrouve même en soutien à une certaine opposition syrienne, les forces libanaises alliées des Américains et d’Israël ainsi que le clan Hariri à la solde de l’Arabie Saoudite et même Bernard Henry Levy qui, travaillant ouvertement au profit de l’entité sioniste, s’est réuni à Paris avec les Frères musulmans syriens, les encourageant à demander une intervention étrangère, et qui s’est même rendu en Jordanie pour rencontrer les Frères musulmans jordaniens.
On le voit, l’opposition syrienne est une mosaïque qui n’a pas de projet politique unifié crédible qui garantisse la souveraineté du territoire syrien, qui propose une alternative politique garantissant les intérêts et les droits fondamentaux du peuple syrien qui paye le prix du sang pour cela, et surtout, qui ne garantit pas les droits d’environ 35 groupes ethniques et religieux en Syrie. Il faut savoir qu’en Syrie il y a des musulmans sunnites, chiites, alaouites, des chrétiens de diverses tendances, des Kurdes, etc… Et son organe soit disant représentatif n’est pas démocratique dans sa composition ni dans son projet.
Il est un fait que cette « opposition » n’a pas su, pour les raisons évoquées, rassembler la majorité de la population syrienne derrière elle et ne peut dans ces conditions constituer une alternative crédible et démocratique pour le pays.
Mais pour aller dans le détail, c’est l’organisation des Frères musulmans de Syrie qui est majoritairement représentée dans cette coalition et comme tous les Frères musulmans, ils ne veulent pas travailler politiquement avec les autres composantes politiques syriennes et constituer démocratiquement une représentation nationale, ce qui serait salutaire pour tout le peuple syrien. En plus des interventions qataries, saoudiennes, turques et autres qui non seulement bloquent toutes tentatives d’unification de l’opposition, mais veulent absolument empêcher l’apparition de la démocratie.
Le régime syrien lui en rit et agite le spectre de l’intégrisme pour embrigader la population syrienne derrière lui. Il a ces derniers temps brandi la menace du groupe Al Nosra qui « allait contrôler le territoire syrien », ce qui est totalement faux même si ces groupes restent dangereux. C’est en fait l’arbre qui cache la forêt de la répression que subit le peuple syrien.
Et là il faut un minimum d’honnêteté pour arrêter de justifier le bombardement de la population syrienne et les crimes commis par le régime derrière l’expression ; « ce sont des terroristes qui s’attaquent au régime syrien qui défend la résistance » même si certains groupes comme Al Nosra ou l’Armée d’Irak…… commettent des massacres.
Il faut rappeler ici un principe fondamental, qui est que même quand on est engagé dans la résistance, on ne peut réprimer une population civile désarmée.
Il faut rappeler aussi que la nature répressive de ce régime n’a pas commencée en mars 2011.
Il faut aussi rappeler que ce n’est pas parce que certains du camp adverse sont barbares et condamnables que cela justifie l’action du régime contre sa population.
Certains diront que le conflit armé a été imposé au régime. C’est faux, au début il n’y avait pas de conflit armé, le régime pouvait arrêter le processus, mais se sentant rempli d’un sentiment de puissance, certains disaient « Oh, en quelques semaines, ces manifestations s’arrêteront », et même Buthaïna Chabane, la conseillère de Bachar al Assad avait déclaré : « Regardez, se sont encore les Palestiniens qui fomentent ces troubles » ne voulant pas voir en face comme son régime qu’il y avait un mouvement populaire sans précédent et sans aucune relation avec une organisation syrienne ou étrangère qui réclamait la liberté et la démocratie pour le peuple syrien, mouvement qui est devenu l’acte fondateur d’un processus politique révolutionnaire qui tend à faire tomber un régime dictatorial.
Il n’empêche qu’au mois de février 2012, soit 11 mois après le début des manifestations, ces dernières continuaient et c’est grâce à elles que le régime a supprimé le paragraphe n°8 de la constitution qui maintenait le monopole du parti Baath sur la société syrienne. Le voilà le problème essentiel. Mais comme tous les régimes dictatoriaux qui sont aveuglés par leur sentiment de puissance, il ne voulait pas le reconnaître, et quand il a fait cette modification, c’était trop tard, la mobilisation et la répression prenaient une autre dimension avec l’intervention des forces réactionnaires et impérialistes.
Pour ma part je soutiens le camp de la résistance et je suis contre toute intervention étrangère mais je ne soutiens pas la nature de ce régime. Là, je m’adresse à ceux qui parlent de sauver « le seul régime de la résistance contre Israël » que ce n’est pas rendre service à la résistance, si c’est cela le but ultime ; car comment concevoir une Syrie forte pouvant résister aux plans impérialo-sionistes de la région en détruisant ses villes et ses villages, en massacrant sa propre population, en détruisant ses propres infrastructures ? N’est-ce pas Israël le seul bénéficiaire de tout cela ?
Certains rediront que le conflit armé a été imposé au régime. C’est faux, et en précisant que les chars et les avions de combats sont du côté du régime et encore une fois le régime avait l’opportunité comme l’avait entreprit le vice président Farouk Al Chareh de dégonfler politiquement et militairement l’opposition en prenant les devants et en organisant une conférence nationale pour le dialogue politique. Jusqu’à très récemment, il a déclaré qu’il n’y aura pas de vainqueur militaire et qu’il fallait que le régime engage des discussions pour une phase transitoire.
Mais c’était trop tard, le régime veut en finir coûte que coûte et les puissances étrangères font tout pour qu’il n’y ait aucune solution politique. Mais il n’empêche que le problème essentiel est toujours là, c’est-à-dire que le peuple syrien est devenu en partie réfugié en dehors et dans la Syrie (6 millions) avec environ 100 000 morts, des milliers de blessés, de disparus et d’emprisonnés.
Concernant la résistance, et plus particulièrement au Liban ; qui peut garantir que le conflit ne s’y propagera pas ? Certains du clan Hariri (et l’Arabie Séoudite) et d’autres s’y préparent. Le 15 et le 23 août, trois attentats ont fait plus de 70 morts au Liban.
Certains disent : mais s’il faut choisir entre le régime syrien et les chiens de Qatarie, Saoudiens, je choisis le régime syrien.
Sommes-nous devenus si aveugles pour ne pas voir la nature de tous ces régimes qui ne sont ni plus ni moins que des dictatures familiales Saoude, Al Thani, Moubarak, Ben Ali, Abdallah Saleh, Kadafi, Al Bachir, les Hashémites de Jordanie, Assad… qui confondent leurs propres intérêts avec ceux de leurs états respectifs, tout cela sous couvert de résistance ou autre, mais dans les faits ils utilisent les populations dans leurs intérêts.
Sur un autre plan, la Russie et la Chine jouent un rôle important dans la région en soutenant de tels régimes. Personnes n’est dupes. Leur soutien au régime entre dans le cadre des intérêts de chaque nation. La Russie et la Chine connaissent très bien la nature du régime syrien et peuvent en faisant pression changer sa nature. Mais qu’importe, tant qu’elles tirent bénéfice de la situation. Certains diront, mais ce n’est pas la Russie ou la Chine qui envahissent la Syrie, mais le fait est que les chars, les missiles, les avions et les hélicoptères sont Russe et les finances chinoises. C’est vrai que le régime résiste à la pire des coalitions mais en même temps il réprime son peuple.
S’il est vrai qu’une coalition impérialiste attaque la Syrie, la Russie et la Chine peuvent définitivement faire basculer la balance en faveur des intérêts des populations, par exemple en livrant des missiles S300. Mais ils ne le font pas.
Donc, il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un jeu d’intérêts, d’influences et d’équilibre des forces militaires qui implique les plus grandes puissances mondiales. L’obtention par la Syrie, le Hezbollah ou une organisation palestinienne de ces missiles antiaériens aurait évité depuis des années les incursions et les attaques israéliennes au Liban (guerre de 2006), en Syrie ou à Gaza. Si la Russie n’a jamais livré ces armes, c’est que fondamentalement elle ne veut pas nuire à Israël pour ne pas subir directement le feu des impérialistes et le simple fait de menacer d’en livrer rappelle les règles du jeu de l’équilibre des forces dans la région entre les USA et la Russie et des forces sur le terrain. Le message de la Russie est « Vous gardez Israël et nous la Syrie et l’Iran. »
Dans ce cadre de jeu, les Américains ont répondu aux Russes et ont accepté après avoir reconnu que la Syrie n’était pas la Lybie qu’ils n’allaient pas fournir d’armes lourdes à l’opposition. Même s’ils ont applaudi l’Union européenne qui a levé l’embargo sur les armes en Syrie, « ils n’ont aucune envie d’armer une rébellion éclatée entre modérés et jihadistes, de peur d’être embrigadés dans une "guerre par procuration" contre l’Iran et la Russie, notent des experts. »
Au contraire, il faut tenir la conférence de Genève. Mais dans les rangs des supporters de certains opposants, comme l’émir du Qatar ou l’Arabie Saoudite, ils ne veulent rien entendre. Qu’à cela ne tienne, la menace russe est trop forte, et l’émir du Qatar avec son premier ministre ont été changés.
Dans cette situation, les sionistes relèvent dans un rapport militaire : « qu’avec le soutien de deux superpuissances, la Russie et la Chine, la certitude que l’Otan comme les régimes arabes n’interviendront pas militairement pour faire tomber le régime, avec une situation économique désastreuse, avec la volonté de la communauté Alaouite de garder le pouvoir, avec une opposition dont le slogan et le déchirement, tout ceci octroie au président syrien une occasion en or de rester au pouvoir… »
La conclusion de tout cela est le statu quo. Il ne s’agit plus de résistance et de libération, il s’agit d’équilibre des forces. C’est-à-dire que la Syrie est détruite et le peuple syrien meurt pour les intérêts quataris, saoudiens, américains, européens, russes et chinois dans la région. L’important est de ne pas toucher à Israël. Le régime syrien est utilisé par la Russie et la Chine pour l’équilibre des forces dans la région et l’Iran l’utilise comme l’Irak comme un rempart pour sa sécurité nationale. Il y a un fameux proverbe qui dit : « ta propre sécurité commence chez ton voisin. »

Il faut sauver le soldat Assad : « Après moi le chaos… »
Quand au président Bashar Al Assad, il déclare dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) publié mardi 18 juin 2013 dans son intégralité par l’agence officielle Sana, que le conflit va durer "longtemps" en accusant les pays soutenant l’opposition d’entraver les efforts de paix. Et d’ajouter "Si je décide de quitter le pouvoir dans les circonstances (actuelles), ce serait une trahison nationale. Mais c’est une autre question si le peuple le réclame". "C’est par les élections ou le référendum que l’on sait que le peuple veut que vous quittiez votre poste", a-t-il assuré. "Le mandat du président (syrien) s’achève en 2014. En temps de crise (...) il est normal de ne pas quitter le pays".
Il est aberrant de constater qu’après 43 ans de règne de la famille Assad avec tous les faits rappelés, que le président Assad et le régime ne supportent aucune responsabilité de ce qui se passe en Syrie. Nous devons comprendre que s’il part maintenant, ce sera le chaos pour le peuple syrien et les peuples du Maghreb et du MO. Mais aujourd’hui c’est déjà le chaos et c’est le régime qui est responsable de cette situation. C’est le régime qui, en prenant le pouvoir et en prenant les pires mesures contre son peuple, a créé cette situation.
Au bout de 43 ans de dictature, d’abandon en 1970 de la résistance palestinienne en Jordanie, d’alliance en 1976 avec les fascistes libanais, de massacre et de destruction à Tel El Zaatar, d’abandon du Golan aux mains de l’occupant sioniste, d’abandon de l’armée syrienne qui se fait massacrer en 1982 par les sionistes au Liban, de soutien à une guerre de 1981 à 1988 avec l’Iran contre un peuple frère l’Irak, d’une guerre avec le mouvement Amal contre les camps de réfugiés palestiniens au Liban, d’alliance avec les impérialistes dans leur guerre contre le peuple frère d’Irak en 1991, de n’avoir rien fait pour aider le peuple frère d’Irak en 2003 lors de la deuxième guerre qui a été livré aux forces d’occupation des forces impérialistes et à l’Iran.
Ce n’est pas ça le nationalisme arabe. Ça c’est de la barbarie et le fait de vouloir rester au pouvoir face à ce que vit le peuple syrien, est dérisoire et vil et c’est surtout considérer que le peuple syrien et les autres peuples de la région n’ont aucune intelligence et aucun sens patriotique.

Dernière nouvelle : selon le quotidien britannique The Independant (juillet 2013) :
« La Grande-Bretagne a autorisé ses entreprises à fournir à Damas et Téhéran du matériel militaire et d’intelligence malgré les déclarations de Londres sur le caractère « répressif » de ces régimes.
Une enquête menée par la Commission chargée de contrôle des exportations d’armes du Parlement britannique fait ressortir que ces dernières années, le gouvernement britannique a octroyé plus de 3000 licences d’exportation, pour une somme équivalent à environ 15 milliards d’euros, pour l’exportation de marchandises stratégiques, notamment militaire et d’intelligence, à des régimes que le Foreign Office considère par ailleurs comme responsable de violations des droits de l’homme.
Dans un contexte où Londres déclare vouloir approvisionner l’opposition syrienne en armements et en équipements de protection, au moins trois contrats visant à fournir Damas en composants de véhicules blindés et en équipement acoustique ont été conclus par les entreprises britanniques. »
Il est important de donner cette information pour tous ceux qui ne connaissent pas la situation et ces régimes qui d’un coté font de beau discours sur les principes et insultent les puissances occidentales et d’un autre commercent tranquillement avec elles pour des armes ou d’autres choses.
Si le régime syrien avait utilisé son arsenal contre Israël, c’eût été une autre histoire. Mais quand il a commencé à réprimer son propre peuple et les Palestiniens dans les camps en Syrie ça a révélé sa véritable nature.
Si, comme on l’a vu la question de la présence d’Israël dans le conflit est présente en Syrie d’une façon incontournable, on peut relever que peu d’opposants syriens relèvent ce point, comme en Egypte d’ailleurs.
Pourquoi est-il indispensable de relever ce point et de l’inscrire au centre de l’analyse et du processus révolutionnaire au MO ? C’est parce qu’Israël joue un énorme rôle avec ses alliés. Un exemple parfait qui illustre cette influence, ce sont les derniers évènements en Egypte. Qui aurait cru que l’armée égyptienne, qui est le bras des USA, aurait organisé un coup d’État contre les Frères musulmans qui pourtant n’avaient pas remis en cause les accords de camp David avec l’entité sioniste et ne constituaient donc aucun danger pour les intérêts américains et sionistes dans la région ?
C’est le fait que Morsi ne voulait pas fermer définitivement les points de passages avec Gaza et qu’il ait maintenu des relations avec le Hamas ainsi que les jeux d’alliances et de concurrence qui ont joué en Egypte. L’axe Qatar-Turquie-Frères musulmans d’Egypte voulait supplanter l’Arabie Saoudite sur la scène régionale. Cette dernière avec les beaux restes du régime de Moubarak et la volonté d’Israël, sont venus à bout des frères musulmans.
Si ces derniers ne sont pas un danger pour Israël, les groupes armés présents au Sinaï ne le sont pas forcément tous. ils est clair qu’ils servent d’alibi pour Israël pour demander avec le général Sissi la fermeture des tunnels qui alimentent Gaza entre autre en armes ainsi que le point de passage de Rafah entre l’Egypte et Gaza. Et c’est pour cette raison qu’Israël avait autorisé la présence de forces égyptiennes au Sinaï, "pour faire le ménage".
Aujourd’hui Israël est ravie, son généralissime SISSI a non seulement fermé Rafah, mais il a rompu avec le Hamas et il mène avec ses chiens de gardes une campagne haineuse contre le peuple palestinien et le Hamas en particulier qu’il a dernièrement accusé de vouloir "envahir" la péninsule du Sinaï… Israël en rigole encore…
Si je n’approuve en aucune façon le coup d’Etat du Généralissime SISSI, je n’approuve pas le bilan des frères musulmans en Egypte, qui ont fait beaucoup d’erreurs notamment en tuant des manifestants à Alexandrie, à Port Saïd et à Maspero, ce qui à retourné la population contre eux, en plus du bilan économique désastreux…..
Ceci prouve que le régime de Moubarak qui s’appuyait essentiellement sur l’armée est encore fortement présent en Egypte et ce qui s’est passé prouve que même Israël a joué un rôle à distance dans le coup d’Etat en Egypte.
A ceux qui doutent de la puissance de l’ordre impérialiste et d’Israël au MO, on peut leur dire de bien suivre l’actualité et de bien analyser la situation et de bien comprendre qu’il y a une force colossale à la mesure des richesses présentes dans cette région.
Une autre composante de cet ordre impérialiste, ce sont les régimes alliés directs des USA et d’Israël : l’Arabie Saoudite et le Qatar (tous les deux Wahabite) au premier degré qui, avec leurs richesses considérables, peuvent contrôler en partie certains États de la région ou des organisations ou des mouvements ou des personnalités comme par exemple Khaled Mechaal secrétaire général du Hamas où les divergences ont éclaté au grand jour après qu’un des courants du mouvement a exprimé son souhait de se réconcilier avec le Hezbollah et l’Iran et de rompre son alliance avec le Qatar (source : Al Jarida - quotidien koweitien).
Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, 1er ennemi de la démocratie dans le monde, à fait savoir à Washington qu’elle était prête à reconnaître Israël et à l’admettre au sein de l’organisation des Etats du Golfe en échange de l’attaque par Washington sur le régime syrien. Le chef des services de renseignements saoudiens, le prince Bandar Ben Sultan est décrit par The Wall Street Journal (Quotidien américain - Adam Entous, Nour Malas, Margaret Coker – 28 août 2013) "comme le vétéran de l’intrigue diplomatique à Washington et au Moyen-Orient", et il "a expliqué aux Américains qu’il ne s’attendait pas à une victoire des rebelles sur le terrain dans l’immédiat.
Le prince Bandar a confié à son demi-frère Salman de superviser l’entraînement des rebelles syriens en Jordanie.
Les Saoudiens ont commencé en hiver à déployer des efforts considérables pour convaincre les Américains et les puissances occidentales que le régime de Bachar Al-Assad a franchi la ligne rouge en utilisant des armes chimiques. Les services secrets saoudiens affirmaient en février que le régime a utilisé des armes chimiques en faisant parvenir des « preuves » aux Américains.
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a transmis un message au président Barack Obama en avril lui disant que la crédibilité des États-Unis serait écornée si le régime syrien et son allié iranien gagnaient la bataille.
Parallèlement à ce message, le prince Bandar et l’ambassadeur saoudien à Washington ont travaillé intensément pour convaincre la Maison-Blanche et le Sénat de la nécessité de frapper la Syrie.
Par la suite, le prince s’est entretenu à Paris avec des responsables français et en juillet, il s’est rendu à Moscou, où il a expliqué, selon des diplomates, à Vladimir Poutine, que le royaume saoudien détient de fortes sommes d’argent qu’il va utiliser pour gagner la bataille en Syrie.
Il y a un quart de siècle, c’est le même Bandar ben Sultan qui a armé les moudjahidines afghans contre les troupes soviétiques.
Le week-end dernier, l’Arabie saoudite a accentué la pression sur Washington pour attaquer la Syrie en réponse aux « attaques chimiques ».
« Vous ne pouvez pas comme président tracer une ligne et ne pas la respecter », aurait dit le message saoudien au président Obama, selon un diplomate."
Ce même Bandar Ben Sultan, a proposé à Vladimir Poutine (selon des extraits du compte rendu de leur rencontre en juillet dernier publié dans le journal libanais Al Safir) des contrats d’une richesse incroyable en échange de l’abandon du régime syrien. Mais Poutine a refusé et le Prince a déclaré qu’il contrôlait des groupes de Tchétchènes et qu’il pouvait menacer le déroulement des jeux olympiques de Sotchi en Russie.
Dans le même cadre, l’Arabie Saoudite et le même prince Bandar organisent la vague d’attentats qui se déroulent actuellement en Irak qui est rangé derrière la Syrie ainsi qu’au Liban, dans lequel elle veut provoquer une guerre interne afin d’obliger le Hezballah à se retirer de Syrie.
Il est un fait que la guerre que mènes les groupes étrangers avec l’aide des puissances citées se poursuivra contre la Syrie et son régime ainsi que la lutte du peuple syrien pour sa liberté. Mais l’ambition impérialiste et sioniste ne s’arrêtera pas là. Une guerre non déclarée est menée contre l’Irak (plus de 1000 morts en juillet 2013), une agression est menée au Liban actuellement et qui sait une guerre sera menée demain contre l’Iran…
Voilà la situation aujourd’hui des peuples au Maghreb ou au M-O. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne sont pas maître de leur destin et qu’ils payent le prix de la mort, les désirs des régimes dictatoriaux qui mènent la barque du pouvoir.
Pour terminer cet article, il est à noter que face aux régimes d’inspiration nationaliste qui tirent leur légitimité historique de la lutte contre les occupations présentes dans ces régions allant du Maghreb au Machrek, se sont développées des oppositions d’inspirations idéologiques diverses, les unes islamistes, les autres communistes.

On peut dire aujourd’hui avec certitude :
. Que les projets politiques communiste, nationaliste, islamiste ont échoué dans la région parce qu’ils n’étaient pas démocratiques dans leur essence et leur organisation, même s’ils ont obtenus des victoires importantes contre le colonialisme et pour la liberté des peuples ainsi que certains droits. Un des cas d’échecs des nationalistes par exemple est d’avoir méprisé – cas de l’Algérie – les populations berbères non arabes, ou les Kurdes au Machrek…..
. Que les femmes sont méprisées et exploitées ainsi que les enfants dans tous ces pays.
. Que la corruption est le système de fonctionnement présent dans ces pays ainsi que l’absence, le manque ou la faiblesse de services publics comme la santé, l’éducation, …..
Et que la répression est la règle d’or de ces régimes.
Seulement, les hommes, les femmes et les enfants ne veulent pas vivre éternellement l’échine courbée, sans droits et sans liberté.
Pour conclure, le seul véritable enjeu et la seule véritable solution, c’est la démocratie et la justice sociale dans des États de droit. En Syrie comme ailleurs, la solution tient en trois mots ; TRANSFERT DEMOCRATIQUE DU POUVOIR. Tant que la question du transfert du pouvoir n’aura pas été réglée, les populations se soulèveront, les régimes réprimeront, certains Etats ou organisations interviendront, etc…..

Walid Atallah
Le 29 août 2013