La France s’est déclarée mardi "prête" à intervenir militairement en
Syrie aux côtés des Américains pour "punir" le régime du président
Bashar al-Assad d’avoir "gazé des innocents" avec des armes chimiques.
"La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de
gazer des innocents" en Syrie, a affirmé le président François Hollande
lors d’un discours de politique étrangère devant les ambassadeurs
français réunis à Paris.
"Aujourd’hui, notre responsabilité est de rechercher la riposte la
plus appropriée aux exactions du régime", a ajouté M. Hollande martelant
que "le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse".
"Cette guerre civile menace aujourd’hui la paix du monde", a-t-il
souligné, notant que "le conflit se propage désormais à l’ensemble de la
région, au Liban par des attentats, en Jordanie et en Turquie par
l’afflux des réfugiés, en Irak par le déchaînement de violences
meurtrières".
"J’ai décidé d’accroître notre soutien militaire à la coalition
nationale syrienne" (opposition), a aussi dit le président sans autre
précision.
Le chef de l’État français a également invoqué "la responsabilité de
protéger les civils", définie en 2005 par l’Assemblée générale des
Nations Unies, alors qu’une attaque chimique le 21 août dans la banlieue
de Damas, attribuée par Paris au régime, a fait des centaines de morts.
Ce faisant, le président français envisage donc une entorse à sa
propre doctrine qui voulait jusqu’à présent que la France ne prenne part
à aucune intervention militaire sans le blanc-seing du Conseil de
sécurité de l’ONU.
Auréolé de ses succès militaires au Mali, le chef de l’État avait
prévenu lundi que pour la Syrie, "tout va se jouer cette semaine".
Évoquant "plusieurs options", le président avait alors spécifié
qu’elles allaient "du renforcement des sanctions internationales aux
frappes aériennes en passant par l’armement des rebelles" syriens.
"On laissera aussi un peu de temps au processus diplomatique mais pas
trop non plus", avait-il averti alors que le Conseil de sécurité des
Nations unies reste paralysé par le soutien indéfectible de la Russie au
régime de Bashar al-Assad.
Mais pour François Hollande, "on ne peut pas rester sans réagir face à l’utilisation d’armes chimiques" en Syrie.
Sous l’impulsion de la France, les membres de la coalition ad hoc qui
se formerait pour "punir" Bashar al-Assad pourraient aussi se réclamer
de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), un
traité international de désarmement entré en vigueur en 1997.
En 1999 et déjà sous l’impulsion de la France, les Occidentaux
avaient conduit des frappes aériennes contre les forces serbes au Kosovo
sans disposer d’un mandat de l’ONU, la Russie s’y opposant.
A la différence de la Libye (2011) ou du Mali, où dans le premier cas
Paris était co-maître d’oeuvre avec Londres et quasi seul intervenant
dans le deuxième, l’implication de la France dans une action en Syrie ne
devrait être qu’en supplétif des Etats-Unis.
La France peut tirer des missiles guidés notamment avec des avions
Rafale basés dans le Golfe mais n’a pas la puissance de feu des
Etats-Unis et de leurs multiples missiles de croisière embarqués sur
navires.
Selon plusieurs experts, en Europe comme aux États-Unis, l’action
alliée devrait prendre la forme de tirs précis sur des objectifs
stratégiques, visant à dissuader le régime de recourir une nouvelle fois
à ses armes chimiques —s’il s’avère que Damas en a bien fait usage— et à
"dégrader" ses moyens militaires. L’hypothèse d’un déploiement de
troupes au sol a été exclue en fin de semaine dernière par le chef de la
diplomatie française, Laurent Fabius.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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