mardi 27 août 2013

Syrie : Paris "prêt" à intervenir militairement pour "punir" Assad

La France s’est déclarée mardi "prête" à intervenir militairement en Syrie aux côtés des Américains pour "punir" le régime du président Bashar al-Assad d’avoir "gazé des innocents" avec des armes chimiques.
"La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" en Syrie, a affirmé le président François Hollande lors d’un discours de politique étrangère devant les ambassadeurs français réunis à Paris.
"Aujourd’hui, notre responsabilité est de rechercher la riposte la plus appropriée aux exactions du régime", a ajouté M. Hollande martelant que "le massacre chimique de Damas ne peut rester sans réponse".
"Cette guerre civile menace aujourd’hui la paix du monde", a-t-il souligné, notant que "le conflit se propage désormais à l’ensemble de la région, au Liban par des attentats, en Jordanie et en Turquie par l’afflux des réfugiés, en Irak par le déchaînement de violences meurtrières".
"J’ai décidé d’accroître notre soutien militaire à la coalition nationale syrienne" (opposition), a aussi dit le président sans autre précision.
Le chef de l’État français a également invoqué "la responsabilité de protéger les civils", définie en 2005 par l’Assemblée générale des Nations Unies, alors qu’une attaque chimique le 21 août dans la banlieue de Damas, attribuée par Paris au régime, a fait des centaines de morts.
Ce faisant, le président français envisage donc une entorse à sa propre doctrine qui voulait jusqu’à présent que la France ne prenne part à aucune intervention militaire sans le blanc-seing du Conseil de sécurité de l’ONU.
Auréolé de ses succès militaires au Mali, le chef de l’État avait prévenu lundi que pour la Syrie, "tout va se jouer cette semaine".
Évoquant "plusieurs options", le président avait alors spécifié qu’elles allaient "du renforcement des sanctions internationales aux frappes aériennes en passant par l’armement des rebelles" syriens.
"On laissera aussi un peu de temps au processus diplomatique mais pas trop non plus", avait-il averti alors que le Conseil de sécurité des Nations unies reste paralysé par le soutien indéfectible de la Russie au régime de Bashar al-Assad.
Mais pour François Hollande, "on ne peut pas rester sans réagir face à l’utilisation d’armes chimiques" en Syrie.
Sous l’impulsion de la France, les membres de la coalition ad hoc qui se formerait pour "punir" Bashar al-Assad pourraient aussi se réclamer de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), un traité international de désarmement entré en vigueur en 1997.
En 1999 et déjà sous l’impulsion de la France, les Occidentaux avaient conduit des frappes aériennes contre les forces serbes au Kosovo sans disposer d’un mandat de l’ONU, la Russie s’y opposant.
A la différence de la Libye (2011) ou du Mali, où dans le premier cas Paris était co-maître d’oeuvre avec Londres et quasi seul intervenant dans le deuxième, l’implication de la France dans une action en Syrie ne devrait être qu’en supplétif des Etats-Unis.
La France peut tirer des missiles guidés notamment avec des avions Rafale basés dans le Golfe mais n’a pas la puissance de feu des Etats-Unis et de leurs multiples missiles de croisière embarqués sur navires.
Selon plusieurs experts, en Europe comme aux États-Unis, l’action alliée devrait prendre la forme de tirs précis sur des objectifs stratégiques, visant à dissuader le régime de recourir une nouvelle fois à ses armes chimiques —s’il s’avère que Damas en a bien fait usage— et à "dégrader" ses moyens militaires. L’hypothèse d’un déploiement de troupes au sol a été exclue en fin de semaine dernière par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

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