Les armées françaises sont prêtes à être engagées dans une éventuelle
intervention en Syrie, mais d’intenses consultations diplomatiques et au
niveau de la défense étaient toujours en cours jeudi sur la forme et
l’opportunité d’une telle opération.
"Les armées sont en position de répondre aux demandes et aux décisions
du président de la République, lorsque celui-ci sera amené à les
prendre", a brièvement commenté Jean-Yves Le Drian devant la presse.
Le ministre de la Défense, comme l’état-major des armées, s’est en
revanche refusé à toute précision sur les préparatifs en cours. En
particulier sur les mouvements de bâtiments de la Marine nationale en
mesure, si l’ordre leur est donné, d’appareiller vers la Méditerranée
orientale et les côtes syriennes.
"Toutes les options possibles sont présentées au président de la
République", résume une source de la Défense. Mais Paris ne veut agir
"en aucun cas de manière isolée et non coordonnée", souligne-t-on de
source diplomatique.
Les nations susceptibles d’être impliquées dans une telle opération
militaire sont dans une phase "de préparation, d’observation et de
réflexion", fait-on valoir dans l’entourage du gouvernement. Aucune
décision n’a pour l’instant été prise et de multiples consultations sur
les scénarios possibles et l’opportunité même d’une action militaire
sont en cours.
Des discussions qui semblent éloigner l’hypothèse d’une action armée
avant que les experts de l’ONU qui enquêtent sur le site de l’attaque
chimique du 21 août n’aient rendu leur rapport.
Jeudi, ces experts se sont dirigés vers l’un des sites de l’attaque pour
une troisième journée d’enquête, selon un photographe de l’AFP en
Syrie.
"Ils continueront leur enquête jusqu’à demain vendredi, et ils
quitteront la Syrie d’ici samedi dans la matinée et me feront leur
rapport dès qu’il seront sortis", a déclaré à des journalistes à Vienne
le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Côté défense à Paris, M. Le Drian s’est entretenu mercredi par téléphone
avec ses homologues britannique, Philip Hammond, et allemand, Thomas de
Maizière. Il devait poursuivre ses entretiens dans les jours qui
viennent.
Pour la France, l’utilisation d’armes chimiques contre la population
civile, attribuée à l’armée syrienne, constitue "une rupture" par
rapport à un consensus international pour bannir l’utilisation de ce
type d’armement. La détermination française s’inscrit donc dans son
engagement de longue date pour lutter contre la prolifération nucléaire,
balistique ou chimique, souligne un spécialiste de défense.
Paris, rappelle-t-il, a déjà dénoncé l’usage limité d’armes chimiques en
Syrie ces derniers mois, avant l’attaque chimique imputée au régime de
Bachar al-Assad, le 21 août dans la banlieue de Damas.
Des avions de combat pourraient intervenir directement depuis la France.
Sur le plan opérationnel, les préparatifs concernent principalement la
Marine nationale et l’Armée de l’air, susceptibles d’être engagées dans
une opération internationale.
Selon une source militaire, la frégate de défense aérienne Chevalier
Paul, basée à Toulon, a été mise en condition d’appareiller. Le
porte-avions Charles de Gaulle, qui ne se déplace jamais sans les
bâtiments d’escorte du groupe aéronaval, était également à quai jeudi à
Toulon.
Des bâtiments qui pourraient appareiller dans un délai de 24 à 72 heures
selon le niveau d’alerte, pour rejoindre en deux ou trois jours la
Méditerranée orientale. La France maintient en permanence deux à trois
bâtiments de type frégate en Méditerranée et dispose de sous-marins
d’attaque (SNA) susceptibles d’évoluer dans cette zone.
En cas d’intervention armée, l’option la plus probable est selon les
experts la destruction par des missiles de croisière d’installations de
l’armée syrienne. Un scénario qui repose essentiellement sur les forces
navales.
Si les avions de combat, notamment les Rafale, devaient être engagés,
ils pourraient intervenir, avec ravitaillements en vol, directement
depuis la France.
Les armées se mettent "en capacité de répondre" aux instructions qui
leur seront données, selon le porte-parole de l’état-major, le colonel
Gilles Jaron, qui se refuse à plus de détails "pour éviter les
spéculations".
(29-08-2013 - Assawra)
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