jeudi 29 août 2013

Syrie : La France prête à intervenir, les discussions continuent (Assawra)

Les armées françaises sont prêtes à être engagées dans une éventuelle intervention en Syrie, mais d’intenses consultations diplomatiques et au niveau de la défense étaient toujours en cours jeudi sur la forme et l’opportunité d’une telle opération.
"Les armées sont en position de répondre aux demandes et aux décisions du président de la République, lorsque celui-ci sera amené à les prendre", a brièvement commenté Jean-Yves Le Drian devant la presse.
Le ministre de la Défense, comme l’état-major des armées, s’est en revanche refusé à toute précision sur les préparatifs en cours. En particulier sur les mouvements de bâtiments de la Marine nationale en mesure, si l’ordre leur est donné, d’appareiller vers la Méditerranée orientale et les côtes syriennes.
"Toutes les options possibles sont présentées au président de la République", résume une source de la Défense. Mais Paris ne veut agir "en aucun cas de manière isolée et non coordonnée", souligne-t-on de source diplomatique.
Les nations susceptibles d’être impliquées dans une telle opération militaire sont dans une phase "de préparation, d’observation et de réflexion", fait-on valoir dans l’entourage du gouvernement. Aucune décision n’a pour l’instant été prise et de multiples consultations sur les scénarios possibles et l’opportunité même d’une action militaire sont en cours.
Des discussions qui semblent éloigner l’hypothèse d’une action armée avant que les experts de l’ONU qui enquêtent sur le site de l’attaque chimique du 21 août n’aient rendu leur rapport.
Jeudi, ces experts se sont dirigés vers l’un des sites de l’attaque pour une troisième journée d’enquête, selon un photographe de l’AFP en Syrie.
"Ils continueront leur enquête jusqu’à demain vendredi, et ils quitteront la Syrie d’ici samedi dans la matinée et me feront leur rapport dès qu’il seront sortis", a déclaré à des journalistes à Vienne le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Côté défense à Paris, M. Le Drian s’est entretenu mercredi par téléphone avec ses homologues britannique, Philip Hammond, et allemand, Thomas de Maizière. Il devait poursuivre ses entretiens dans les jours qui viennent.
Pour la France, l’utilisation d’armes chimiques contre la population civile, attribuée à l’armée syrienne, constitue "une rupture" par rapport à un consensus international pour bannir l’utilisation de ce type d’armement. La détermination française s’inscrit donc dans son engagement de longue date pour lutter contre la prolifération nucléaire, balistique ou chimique, souligne un spécialiste de défense.
Paris, rappelle-t-il, a déjà dénoncé l’usage limité d’armes chimiques en Syrie ces derniers mois, avant l’attaque chimique imputée au régime de Bachar al-Assad, le 21 août dans la banlieue de Damas.
Des avions de combat pourraient intervenir directement depuis la France.
Sur le plan opérationnel, les préparatifs concernent principalement la Marine nationale et l’Armée de l’air, susceptibles d’être engagées dans une opération internationale.
Selon une source militaire, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, basée à Toulon, a été mise en condition d’appareiller. Le porte-avions Charles de Gaulle, qui ne se déplace jamais sans les bâtiments d’escorte du groupe aéronaval, était également à quai jeudi à Toulon.
Des bâtiments qui pourraient appareiller dans un délai de 24 à 72 heures selon le niveau d’alerte, pour rejoindre en deux ou trois jours la Méditerranée orientale. La France maintient en permanence deux à trois bâtiments de type frégate en Méditerranée et dispose de sous-marins d’attaque (SNA) susceptibles d’évoluer dans cette zone.
En cas d’intervention armée, l’option la plus probable est selon les experts la destruction par des missiles de croisière d’installations de l’armée syrienne. Un scénario qui repose essentiellement sur les forces navales.
Si les avions de combat, notamment les Rafale, devaient être engagés, ils pourraient intervenir, avec ravitaillements en vol, directement depuis la France.
Les armées se mettent "en capacité de répondre" aux instructions qui leur seront données, selon le porte-parole de l’état-major, le colonel Gilles Jaron, qui se refuse à plus de détails "pour éviter les spéculations".

(29-08-2013 - Assawra)

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