Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a haussé le ton contre le
régime syrien vendredi : "Toute utilisation d’armes chimiques, où que ce
soit, par qui que ce soit, et quelles que soient les circonstances,
violerait le droit international. Un tel crime contre l’humanité devrait
avoir de graves conséquences pour celui qui l’a perpétré", a-t-il
prévenu lors d’une visite à Séoul. "C’est un défi grave pour la
communauté internationale dans son ensemble, et l’humanité que nous
avons en commun, d’autant que cela s’est passé alors que la mission
d’experts de l’ONU se trouvait dans le pays", a ajouté le secrétaire
général.
Ban Ki-moon, à l’instar de nombreux dirigeants, ONG ou instances
internationaux, a une nouvelle fois réclamé que l’équipe d’inspection de
l’ONU puisse enquêter sur ces attaques chimiques présumées. "Je ne peux
penser à aucune bonne raison pour qu’une partie quelconque - le
gouvernement ou les forces d’opposition - refuse l’occasion de chercher
la vérité dans cette affaire", a-t-il dit. "Il n’y a pas de temps à
perdre", a souligné le secrétaire général, qui a demandé à sa haute
représentante pour le Désarmement, Angela Kane, de se rendre à Damas
immédiatement.
De leur côté, les États-Unis avaient dit la veille ne pas être en mesure
"pour l’instant" de dire avec certitude si des armes chimiques ont été
utilisées mercredi alors que la France a évoqué un "usage probable" de
ces armes. Un haut responsable de la sécurité à Damas a de nouveau
démenti les accusations de l’opposition en déclarant à l’AFP qu’utiliser
ces armes le premier jour de travail des experts de l’ONU en Syrie
aurait été "un suicide politique".
Ce qui est sûr, c’est qu’une offensive a eu lieu mercredi dans la Ghouta
orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs de la banlieue
sud-ouest de Damas aux mains des rebelles et qu’elle a fait un grand
nombre de victimes, même si le bilan reste imprécis. L’opposition a fait
état de plus de 1 300 morts, mais l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et
médecins, a comptabilisé 170 morts et n’a pu confirmer l’utilisation
d’armes chimiques. Cette ONG a fait état de nouveaux bombardements de
l’armée jeudi sur la même région.
Lors d’une réunion urgente mercredi soir, le Conseil de sécurité a dit
vouloir "faire la lumière sur ce qui s’est passé". Cette instance est
toujours divisée sur le conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 100
000 morts, poussé à la fuite des millions de Syriens et dévasté le pays.
"À ce moment précis, nous sommes incapables de déterminer de manière
définitive que des armes chimiques ont été utilisées", a déclaré jeudi
la porte-parole de la diplomatie américaine Jennifer Psaki. Si les
États-Unis concluaient que le régime syrien avait eu effectivement
recours à ce type d’armes, ce serait alors "une escalade flagrante", a
encore dit Mme Psaki. Cependant, le plus haut gradé américain, Martin
Dempsey, a estimé qu’une intervention militaire américaine en Syrie ne
déboucherait pas sur une situation favorable aux États-Unis, les
rebelles selon lui ne soutenant pas les intérêts de Washington.
Le président français François Hollande a évoqué "l’usage probable
d’armes chimiques" dans un entretien téléphonique avec Ban Ki-moon,
selon l’Elysée. Et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a
plaidé pour une "réaction de force" en Syrie. La Russie et l’Iran, qui
soutiennent le régime du président Bachar el-Assad, ont de nouveau pris
la défense de leur allié. Pour Moscou, il s’agit d’une "provocation"
montée par l’opposition.
À l’appui des accusations sur ce massacre présumé, des photos de
cadavres de jeunes enfants et des vidéos ont été diffusées par les
militants anti-régime. Elles montrent des enfants inanimés étendus sur
le sol près de corps d’hommes qui ne portent aucune trace de sang, ou
des médecins essayant de ranimer des enfants qui semblent inconscients.
L’AFP a analysé avec un logiciel spécialisé l’une des images les plus
marquantes de l’attaque dans la Ghouta sur laquelle on voit des corps
d’enfants alignés. L’analyse confirme qu’il n’y a pas eu de manipulation
de cette image et que la prise de vue date bien du 21 août, selon les
métadonnées de l’image. Jeudi, des militants ont raconté à l’AFP via
internet que les victimes avaient été enterrées la nuit, la fosse
commune se trouvant près d’une position de l’armée syrienne. Les corps
étaient "bleus. Ils sont morts par suffocation", a raconté Abou Ahmad.
Sur le plan politique, le président Bachar el-Assad a procédé à un
remaniement ministériel en nommant six nouveaux ministres,
principalement dans le domaine économique, selon l’agence officielle
Sana.
(23-08-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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