samedi 28 février 2015

Algérie : Des femmes imams luttent contre la radicalisation

Fatma Zohra, une "mourchidate", guide spirituelle de l'islam nommée par le gouvernement algérien, lit le Coran à la mosquée d'Ennida à Alger, le 22 février 2015 - Afp

"Tuer est un péché capital alors comment des gens peuvent-ils tuer des innocents au nom de l'islam ?", lance Fatma Zohra, l'une des quelque 300 femmes imams à l'avant-garde de la lutte contre la radicalisation en Algérie.
Elles effectuent le même travail qu'un imam, à l'exception de la conduite de la prière, réservée à l'homme dans la religion musulmane.
Discrètes, ces "mourchidates" travaillent depuis des années à la "déradicalisation" des jeunes tombés dans les filets de l'extrémisme religieux, et à prévenir ce fléau.
Dans les mosquées, les prisons, les maisons de jeunes, les hôpitaux ou lors de débats dans des écoles, leur maître-mot est de faire connaître l'islam qui prône la tolérance et de corriger les incompréhensions qui poussent à toutes les dérives.
Fatma Zohra se rappelle avec amertume la décennie noire des années 1990, durant laquelle des Algériens tuaient d'autres Algériens "au nom de l'islam" et qui a fait au moins 200.000 morts.
Selon cette quadragénaire élégante mais sobre, coiffée d'un voile mauve, les horreurs l'ont "motivée à mieux connaitre la religion pour l'enseigner après".
C'est pendant la guerre civile, déclenchée par l'interruption du processus électoral qui promettait une victoire aux islamistes du Front islamique du salut, que les autorités ont entamé un processus pour contrer l'extrémisme.
La première femme imam a été recrutée en 1993. Nommées par le ministère des Affaires religieuses, elles ont toutes au minimum une licence en sciences islamiques et connaissent le Coran sur le bout des doigts.
Tour à tour "psychologue et sociologue", Fatma Zohra écoute depuis 17 ans les femmes, en groupe ou en aparté, dans son +confessionnal+, faisant le grand écart entre préceptes religieux, problèmes sociaux et conflits conjugaux.
"Je les écoute, les conseille et les oriente vers des spécialistes quand cela ne relève pas du volet religieux", confie-t-elle dans une mosquée d'Alger.
"Nous venons pour apprendre et comprendre le Coran mais aussi pour poser des questions sur des problèmes personnels", lance Saadia, une septuagénaire.
"L'imam c'est bien, mais c'est tellement plus simple de se confier à une femme", renchérit Aïcha, la soixantaine.
Au début, seules les femmes au foyer s'adressaient aux mourchidates, mais depuis quelques années des médecins, ingénieurs et autres universitaires se pressent pour mieux connaître leur religion.
Professeur de mathématiques dans un lycée de la banlieue d'Alger, Meriem a ainsi commencé à "fréquenter" la mosquée il y a quelques mois afin d'apprendre le "véritable islam" pour contrer les "faux prophètes" qui veulent endoctriner les jeunes.
Samia, femme imam depuis quinze ans et qui préfère ne pas donner son vrai nom, "travaille dans une région où des mères souffrent de voir leur garçon et parfois leur fille se radicaliser".
"Elles se confient à moi pour qu'ensemble et avec d'autres personnes nous entamions un processus de déradicalisation", explique-telle. "Même si très peu d'Algériens ont rejoint l'organisation jihadiste Etat islamique, la vigilance est de mise car la radicalisation prend d'autres formes".
"Il faut particulièrement surveiller les adolescents", prévient-elle. "Télévisions par satellite et internet permettent à de pseudo imams de se faire passer pour des guides religieux alors qu'ils ne connaissent pas les enseignements du Coran".
"Un jour, raconte Samia, une maman est venue me voir car sa fille de 17 ans s'est mise à porter le voile intégral du jour au lendemain et à leur interdire d'aller aux mariages, de regarder la télévision. Elle s'était faite endoctriner (...) Le travail d'accompagnement a duré plusieurs mois. Au final, elle a repris ses études et sa vie en mains".
Et quand c'est auprès d'un jeune homme qu'il faut intervenir, l'imam s'implique alors dans l'"opération de sauvetage".
Contribuer à extirper des jeunes de l'extrémisme est source de fierté pour nombre de mourchidates.
"Sauver la vie d'un jeune et la vie des personnes qu'il aurait pu affecter (en sombrant dans la radicalisation) est la plus grande des récompenses à notre travail", assure ainsi Safia, qui exerce à l'est d'Alger.

Israël : Netanyahu à Washington contre un accord sur le nucléaire iranien

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprimera la semaine prochaine devant le Congrès américain dans le but de dénoncer les négociations en cours sur le nucléaire iranien, convaincu qu'un accord avec Téhéran ne l'empêchera pas de se doter de l'arme atomique.
Netanyahu s'est attiré les foudres de la Maison Blanche en acceptant de parler mardi, à l'invitation des Républicains, à la tribune de Capitol Hill.
Son objectif est de torpiller les négociations en cours sur le nucléaire iranien, alors qu'un certain nombre d'élus américains, qui ne croient également pas dans ces négociations, cherchent à faire voter de nouvelles sanctions contre l'Iran.
"Les chances de faire capoter l'accord dépendent de la possibilité de convaincre les deux tiers du Congrès (de voter des sanctions). Avec cette majorité, le Congrès" passerait "outre un veto du président Barack Obama", résolument hostile à cette démarche car il estime que de telles sanctions nuiront à la voie diplomatique, écrit le quotidien israélien de droite Maariv.
Mais "quand ce stratagème a été éventé, le nombre d'élus du Congrès qui (...) ont renoncé à soutenir ce procédé contre leur président a augmenté, et les chances de réussite (du projet de Netanyahu) ont diminué", estime le journal.
La conseillère à la Sécurité nationale des Etats-Unis, Susan Rice, a condamné dans des termes exceptionnellement forts une initiative "destructrice pour les bases mêmes des relations américano-israéliennes" sur la chaîne publique PBS.
Alors que le journal israélien libéral Haaretz a estimé qu'il s'agissait pour Netanyahu du "discours de sa vie", des commentateurs israéliens et des responsables américains ont souligné qu'il risquait de lui faire perdre le soutien bipartisan des élus américains, à deux semaines d'élections au cours desquelles le Premier ministre brigue un troisième mandat.
Plusieurs parlementaires démocrates ont déjà annoncé qu'ils boycotteraient son allocution.
Furieuse de cette visite organisée dans son dos entre le Premier ministre israélien et le républicain John Boehner, la présidence américaine a exclu toute rencontre. Et le vice-président Joe Biden, qui assiste traditionnellement aux discours de dirigeants étrangers, sera absent en raison d'un déplacement à l'étranger opportunément organisé au même moment. Le secrétaire d'Etat John Kerry sera aussi hors du pays.
A l'approche de la date butoir pour le volet politique de l'accord sur le nucléaire, fixée au 31 mars, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a affirmé que les efforts de Netanyahu pour empêcher un accord seraient "infructueux".
Netanyahu, "pense-t-il vraiment qu'un seul discours arrêtera le processus que les grandes puissances mènent avec l'Iran, qu'il persuadera le président, emportera le Congrès et forcera la Chine, la Russie, l'Allemagne et tous les autres à s'aligner sur lui et à annuler immédiatement ces négociations?", s'interroge également Maariv.
Netanyahu a passé le plus clair de sa carrière à tirer la sonnette d'alarme sur le nucléaire iranien.
En 1996, lors de son premier mandat, il avait déjà délivré un discours au Congrès, affirmant que si l'Iran, "le plus dangereux" des régimes, venait "à obtenir des armes atomiques, cela présagerait de conséquences catastrophiques (...) pour l'humanité toute entière".
En 2012, il avait lancé un avertissement devant l'Aipac, principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis.
"L'Iran appelle à la destruction d'Israël et il y travaille jour après jour sans relâche", avait-il martelé. Il doit à nouveau s'exprimer devant l'Aipac lundi lors de sa conférence annuelle.
Les années précédentes, MM. Obama, Biden ou Kerry avaient pris la parole lors de ce rendez-vous. Cette année, Mme Rice et l'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power sont attendues.

Netanyahu a affirmé mercredi que le discours devant le Congrès relevait de son "devoir" vis-à-vis d'Israël. "Je respecte la Maison Blanche et le président américain mais (...) l'accord qui se prépare nous donne des raisons de nous inquiéter, les puissances mondiales ont apparemment trouvé un terrain d'entente avec l'Iran, moi non", a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis ont présenté vendredi "les bases fondamentales" d'un éventuel accord, à un mois de la date-butoir pour sceller un règlement définitif et avant de nouveaux pourparlers entre l'Iran et les pays du 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) en Suisse jeudi.
L'accord vise à garantir la nature uniquement civile et pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales asphyxiant l'économie de ce pays.

Irak : Le musée de Bagdad rouvre ses portes douze ans après avoir été pillé

Le musée national irakien a officiellement rouvert ses portes samedi après douze ans d'efforts acharnés durant lesquels près d'un tiers des 15.000 pièces volées ont été récupérées.
Cette réouverture moult fois reportée a été accélérée en réaction à la destruction jeudi de sculptures préislamiques inestimables par des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) à Mossoul, dans le nord de l'Irak.
"Nous préparions la réouverture depuis plusieurs mois, le musée doit être ouvert à tous", a déclaré à l'AFP le vice-ministre irakien du Tourisme et des Antiquités, Qaïs Hussein Rachid.
"Les évènements à Mossoul nous ont poussés à accélérer notre travail et nous voulions ouvrir dès aujourd'hui en réaction à ce qu'ont fait les criminels de Daesh", a-t-il ajouté, désignant l'EI par son acronyme arabe.
Jeudi, ce groupe, qui contrôle depuis juin Mossoul, la deuxième ville d'Irak, a mis en ligne une vidéo dans laquelle des jihadistes réduisent en miettes des sculptures antiques à la massue. On les voit aussi défigurer au marteau piqueur un colossal taureau ailé assyrien.
Ces destructions ont déclenché une vague d'indignation internationale, et des craintes concernant le sort d'autres trésors du patrimoine situés dans des zones contrôlées par l'EI, qui a profité de l'instabilité en Irak et de la guerre en Syrie pour s'emparer de vastes territoires où il multiplie les atrocités.
Les destructions de Mossoul sont les pires subies par le patrimoine irakien depuis le pillage du musée archéologique national à Bagdad en avril 2003, quelques jours après la chute de Saddam Hussein.
Un jihadiste a indiqué devant la caméra qu'ils détruisaient les statues car elles favorisaient "l'idolâtrie". Mais des responsables et des experts estiment que l'EI a détruit uniquement des pièces volumineuses, se gardant les autres plus petites pour les vendre probablement en contrebande.
Des réseaux criminels organisés avaient profité de l'intervention américaine et du chaos pour piller les musées irakiens en 2003, dont celui de Bagdad où 15.000 pièces ont été volées dont quelque 4.300 ont été restituées.
Le musée abritait l'une des plus importantes collections archéologiques du monde.
"Nous recherchons toujours plus de 10.000 pièces sur les marchés et dans les ventes aux enchères. (Les pièces) que nous avons récupérées étaient les plus importantes", a déclaré M. Rachid.
Lors de l'inauguration samedi, le Premier ministre Haïder al-Abadi a lancé: "Aujourd'hui, le message de Bagdad, de la terre de Mésopotamie est claire: nous allons préserver la civilisation et poursuivre ceux qui veulent la détruire", promettant de n'épargner aucun effort pour retrouver les pièces archéologiques volées.
"Nous avons des informations sur chaque pièce à Mossoul, chaque pièce est marquée et nous allons traquer toutes les pièces vendues en contrebande par Daesh et les groupes terroristes, nous allons les traquer et le monde est avec nous", a-t-il ajouté.
M. Rachid a espéré que la réouverture du musée au public à partir de dimanche aiderait à apaiser la tristesse liée aux destructions de Mossoul. L'entrée sera de 1.500 dinars pour les Irakiens (un peu plus d'un dollar), 10 dollars pour les Arabes et 20 dollars pour les étrangers.

Moyen-Orient : Les efforts de Netanyahu seront "infructueux" pour Mohammad Zarif

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, le 28 février 2015 à Téhéran, avec son homologue italien Paolo Gentiloni (g) - Afp

Les efforts du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui se rend mardi au Congrès américain pour dénoncer un éventuel accord sur le nucléaire iranien seront "infructueux", a assuré samedi le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
"C'est regrettable qu'un groupe voie ses intérêts dans la tension et dans la crise (...) Monsieur Netanyahu est contre toute solution", a déclaré M. Zarif lors d'une conférence de presse commune avec son homologue italien Paolo Gentiloni, en visite pour deux jours en Iran.
Il a dénoncé la volonté israélienne, selon lui, d'"utiliser une crise artificielle pour faire oublier les réalités dans la région, notamment l'occupation, la répression des Palestiniens et la violation de leurs droits".
"C'est une politique ancienne, qui en créant des peurs et en proférant des mensonges (...) veut empêcher le calme dans la région. Je crois que cet effort est infructueux et ne doit pas empêcher une entente", sur le nucléaire a ajouté M. Zarif.
M. Netanyahu doit se rendre à Washington la semaine prochaine pour demander au Congrès de soutenir de nouvelles sanctions contre Téhéran, ce qui torpillerait les négociations en vue d'un accord entre l'Iran et les grandes puissances qu'il juge contraire aux intérêts d'Israël.
Le Premier ministre israélien a affirmé mercredi que le discours devant le Congrès relevait de son "devoir" vis-à-vis d'Israël.
"Je respecte la Maison Blanche et le président américain mais (...) l'accord qui se prépare nous donne des raisons de nous inquiéter, les puissances mondiales ont apparemment trouvé un terrain d'entente avec l'Iran, moi non", a-t-il déclaré.
L'Iran et les pays du 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) doivent poursuivre jeudi en Suisse leurs discussions sur un accord historique garantissant la nature uniquement civile et pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales asphyxiant l'économie de ce pays.
Les deux parties tentent d'arracher un accord avant la date du 31 mars.
Selon M. Zarif, les délégations iranienne et américaine ont eu la semaine dernière à Genève "des discussions détaillées et précises sur les questions techniques". Il a souligné "des progrès notables".
"Mais des divergences persistent sur de nombreux autres sujets, à la fois sur les questions nucléaires et celles concernant les sanctions (...) les Etats-Unis et les pays occidentaux doivent comprendre que les sanctions sont un obstacle pour parvenir à un accord", a-t-il encore dit.
De son côté, M. Gentiloni a appelé de ses voeux "une solution dans le dossier nucléaire" pour permettre de "développer les relations entre les deux pays".
"L'aide de l'Iran sera utile pour trouver des solutions dans les problèmes régionaux, notamment la lutte contre l'extrémisme de Daech (acronyme arabe de l'organisation Etat islamique) et les autres problèmes de la région", a-t-il ajouté, selon la traduction en persan de ses propos.
M. Gentiloni doit rencontrer d'autres responsables iraniens.


(28-02-2015)

Égypte: Prison à vie pour le chef des Frères musulmans

Un tribunal égyptien a condamné samedi le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, à la prison à perpétuité, et confirmé la peine de mort pour quatre de ses co-accusés dans un procès pour meurtre de manifestants.
Le 30 juin 2013, en marge des rassemblements monstres qui ont conduit l'armée à destituer le président islamiste Mohamed Morsi, des anti-Morsi avaient tenté d'investir les locaux de sa confrérie des Frères musulmans au Caire, et douze d'entre eux avaient été tués dans des heurts avec des partisans du président.
Samedi, un tribunal criminel du Caire a confirmé quatre peines de morts prononcées le 7 décembre, dont deux par contumace, a constaté un journaliste de l'AFP. La cour a également condamné à la prison à vie 14 personnes, dont trois par contumace.
Outre M. Badie, plusieurs hauts dirigeants des Frères musulmans, son adjoint Khairat al-Chater et l'ex-président du Parlement Saad al-Katatni, qui sont déjà derrière les barreaux, ont été condamné à perpétuité.
Reconnus coupable de "meurtre", "d'incitation au meurtre" ou de "possession d'armes à feu et de munitions", les condamnés peuvent faire appel.
A l'annonce du verdict, les accusés présents au tribunal ont scandé "à bas le pouvoir militaire".
M. Badie a déjà été condamné à mort dans un autre procès pour violences, mais il est en train d'être rejugé dans cette affaire. Il a également été condamné trois fois à la prison à perpétuité dans d'autres procès.
Depuis que l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi a évincé M. Morsi le 3 juillet 2013, les autorités ont lancé une sanglante répression contre ses partisans, faisant au moins 1.400 morts.
La confrérie des Frères musulmans a été déclarée "organisation terroriste" par les autorités en décembre.
Et le pouvoir est accusé d'instrumentaliser la justice dans sa répression, alors que des centaines de partisans de M. Morsi ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes, tandis que 15.000 autres ont été arrêtés.

Yémen: Attaque meurtrière au drone contre Al-Qaïda, heurts dans le Sud

Une attaque menée par un drone vraisemblablement américain a tué samedi au Yémen trois combattants présumés d'Al-Qaïda, alors que des heurts ont opposé soldats et séparatistes sudistes dans le sud du pays plongé dans le chaos.
Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, est en butte à de multiples conflits impliquant la puissante milice chiite des Houthis qui a pris le contrôle de la capitale Sanaa, le réseau Al-Qaïda implanté dans le Sud et le Sud-Est, et le mouvement séparatiste sudiste qui veut l'indépendance du Sud.
Le chef de l'Etat Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la communauté internationale et un temps assigné à résidence par les Houthis à Sanaa, a fui la capitale et s'est installé le 21 février à Aden, la grande ville du Sud et fief de ses partisans.
Samedi avant l'aube, un drone -type d'appareil que les Etats-Unis sont les seuls à utiliser dans la région- a "pris pour cible un véhicule transportant trois membres d'Al-Qaïda dans le village de Bijane dans la province de Chabwa", tuant les passagers dont les corps ont été carbonisés, selon une source tribale.
Malgré la situation très instable au Yémen, les Etats-Unis ont affirmé leur détermination à continuer à combattre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) basée au Yémen et considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste.
Aqpa a admis début février la mort de l'un de ses chefs, Hareth al-Nadhari, dans un raid de drone américain le 31 janvier dans le sud du Yémen, pays allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda.
Toujours dans le sud du pays, neuf soldats yéménites ont été blessés dans des heurts avec des hommes armés de la branche radicale du Mouvement sudiste dans la région de Hbayline dans la province de Lahej, selon des sources locales.
Les éléments séparatistes ont tiré sur trois véhicules militaires regagnant leur base et des échanges de tirs s'en sont suivis, a-t-on ajouté.
La situation est tendue dans cette localité depuis l'enlèvement de 12 soldats la semaine dernière par des séparatistes sudistes qui ont menacé de tuer leurs otages si l'armée ne leur remettait pas une base de la région.
La branche radicale du Mouvement sudiste estime que la prise du pouvoir des Houthis à Sanaa est une occasion pour tenter de faire de nouveau du Sud un Etat indépendant, mais l'arrivée de M. Hadi dans le Sud a brouillé les cartes, Aden étant devenue de facto la capitale politique et diplomatique du pays.
Plusieurs pays arabes ont d'ailleurs déplacé leurs services diplomatiques de Sanaa à Aden, le dernier étant le Koweït.
Enfin, les forces politiques restent en désaccord sur le lieu de la reprise du dialogue national après que M. Hadi a demandé son transfert hors de Sanaa. L'ex-président Ali Abdallah Saleh insiste pour sa tenue dans la capitale yéménite et les Sudistes veulent le transférer à l'étranger.

Syrie: Percée de l'armée de Bashar au sud, des jihadistes prennent une base au nord

L'armée du régime honni de Bashar a effectué samedi une percée dans le sud de la Syrie tandis que des jihadistes ont pris une base importante dans le nord du pays en guerre depuis quatre ans.
Parallèlement, le médiateur de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, est attendu dans l'après-midi à Damas et entend mettre en oeuvre au plus vite sa proposition de cessez-le-feu localisé à Alep, principale ville septentrionale du pays, selon son entourage.
Depuis vendredi soir, à une cinquantaine de km au sud-ouest de Damas, l'armée de Bashar aidée de la milice sectaire du Hezbollah libanais, des conseillers des Gardiens de la révolution iraniens et des miliciens chiites irakiens tout aussi sectaires et illuminés s'affronte à des factions rebelles ainsi que des jihadistes du Front Al-Nosra tout aussi sectaires et illuminés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"Les forces pro-régime ont avancé et pris trois villages et plusieurs collines dans la province de Deraa, avec le soutien de l'aviation" syrienne, a précisé l'OSDH.
Les combats, qui ont fait sept morts parmi les rebelles, ont lieu dans un triangle où se rejoignent les provinces de Damas, de Qouneitra et de Deraa.
L'objectif est d'arriver jusqu'à la ligne d'armistice avec Israël sur le plateau du Golan, dont une partie est occupée par l'Etat hébreu, et de couper la route aux rebelles et au Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, se rendant du sud vers Damas.
Pour cela l'armée syrienne et le Hezbollah avancent d'est en ouest, après avoir suspendu leur offensive à cause de la neige.
L'agence officielle syrienne SANA a confirmé la prise de collines stratégiques dans le secteur.
Selon des habitants, l'offensive a surpris les rebelles dont beaucoup sont morts ou ont fui.
Les rebelles et Al-Nosra, qui contrôlent une bande de territoire le long de la frontière jordanienne, avaient progressé dans les provinces du sud, importantes car elles sont proches de Damas, de la Jordanie et du Golan occupé par Israël.
Alors que dans le sud rebelles et Al-Nosra combattent côte à côté, la situation est différente dans le nord.
Près d'Alep, Al-Nosra a ainsi chassé les rebelles syriens de la base militaire 46, à l'issue de combats ayant fait 29 morts dans les rangs du groupe rebelle syrien Hazem et six dans ceux d'Al-Nosra, a affirmé l'OSDH.
La base avait été prise en novembre 2012 par les rebelles qui en avaient chassé les troupes du régime et y avaient saisi des missiles sol-air. Al-Nosra est formé de combattants syriens et étrangers.
Hazem est considéré comme un groupe rebelle "modéré" par les Occidentaux, par opposition aux jihadistes ultra radicaux. Il fut le premier groupe à recevoir, en 2014, des missiles antichars TOW de pays occidentaux.
Le Front Al-Nosra cherche à reprendre des localités ou camps militaires aux rebelles dans les régions d'Alep et d'Idleb (nord-ouest) et a créé un "émirat" islamique en Syrie.
Déclenché le 15 mars 2011 par une contestation populaire violemment réprimée, le conflit en Syrie s'est transformé en une guerre opposant le régime à des déserteurs aidés par des civils armés et plus tard des jihadistes venus pour la plupart de l'étranger.
Il s'est complexifié avec les combats entre rebelles syriens et jihadistes devenus ennemis, même si tous deux continuent à combattre le régime de Bashar al-Assad.
Néanmoins la rapide montée en puissance en 2013 d'un des groupes jihadistes, l'organisation de l'Etat islamique (EI), qui s'est emparé de vastes régions dans le nord-est, a éclipsé la rébellion contre le régime.
Plus de 220 000 personnes ont été tuées depuis mars 2011.

Égypte: la justice déclare le mouvement palestinien Hamas "terroriste"

Un tribunal égyptien a classé samedi comme organisation "terroriste" le mouvement palestinien Hamas, selon une source judiciaire, alors que les autorités égyptiennes accusent le groupe islamiste de soutenir une insurrection jihadiste dans le Sinaï.
Fin janvier, la justice égyptienne avait classé comme mouvement "terroriste" la branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, et en mars un tribunal avait déjà proscrit les activités du mouvement palestinien sur le sol égyptien et ordonné le gel de ses avoirs.
Les relations entre le Hamas et son voisin égyptien sont au plus bas depuis la destitution en juillet 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par l'ex-chef de l'armée et actuel président, Abdel Fattah al-Sissi.
Le mouvement palestinienest issu, comme M. Morsi, de la confrérie des Frères musulmans, cible d'une implacable répression et déclarée elle aussi "terroriste" par Le Caire.
Le tribunal des référés a rendu son verdict après deux plaintes accusant le Hamas d'être directement impliqué dans les attaques jihadistes meurtrières qui visent l'armée et la police dans la péninsule du Sinaï (nord-est), selon un responsable du tribunal.
Ces attentats se sont multipliés depuis l'éviction de M. Morsi et sont généralement revendiqués par des jihadistes qui ont fait du nord du Sinaï leur fief.
Ce verdict intervient quelques jours après l'adoption d'une nouvelle loi anti-terroriste, qui permet notamment aux autorités de fermer les locaux de toute organisation déclarée "terroriste", de geler ses avoirs et de ceux de ses membres.

Israel/Palestine : Courageous man

Nabil Siyam, 34, who lost his arm and sustained other injuries stands with his son, Badruddin, five, at their home in Rafa, Gaza. Nabil and his son were injured when an Israeli bomb exploded outside their home on 21 July. The explosion killed Nabil’s wife, Shireen. and four of his children. The attack also claimed the lives of his two brothers, their wives and three of their children, who were staying at the house. Badruddin lost a kidney. (Photographer Heidi Levine)

vendredi 27 février 2015

Israël/Palestine : Les Palestiniens marquent dix ans de mobilisation contre le "mur" sous les lacrymogènes

Des centaines de manifestants ont tenté vendredi, comme depuis dix ans exactement dans le village palestinien de Bilin, d'atteindre le mur de séparation érigé par Israël le long de la Cisjordanie occupée, et ont été repoussés par des projectiles anti-émeutes israéliens.
Sous une nuée de drapeaux palestiniens, au son des chants patriotiques diffusés par haut-parleurs, des militants palestiniens, israéliens et étrangers ont convergé vers le mur derrière lequel étaient postés des dizaines de soldats israéliens, casqués et armés. Venus d'une colonie située juste derrière le mur, ces derniers ont chargé la foule.
Pendant une heure et demie environ, suivant un scénario éprouvé depuis dix ans, des jeunes armés de frondes sont descendus vers le mur pour lancer des pierres sur les soldats, qui ont répliqué avec des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc, sous le regard de militants brandissant leurs drapeaux au milieu d'un champ où se trouvaient encore des grenades tirées les vendredis précédents.
Plusieurs militants ont été interpellés alors que des personnes suffoquant et au moins une blessée à la tête ont été évacuées en ambulances, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Bilin s'est fait connaître à l'étranger par cette mobilisation hebdomadaire. En 2011, Israël a été forcé de déplacer le mur de trois kilomètres afin de restituer aux villageois leurs terres agricoles, situées du côté palestinien de la ligne de démarcation (Ligne verte) et sur lesquelles Israël avait empiété pour ériger cette barrière censée le protéger des attentats.
Dix ans après, Adib Abou Rahma, leader de la mobilisation pacifique à Bilin, a dit qu'il comptait étendre ce mouvement. "Ici, on a prouvé que, quand on est unis, on peut gagner. Désormais, il faut étendre la lutte contre le cancer des colonies qui se développe", a-t-il dit, tout en exhortant les jeunes à ne pas lancer de pierres sur les soldats.
Le dirigeant palestinien Mustapha Barghouthi, de toutes les manifestations, a salué Bilin comme "un exemple de résilience et de réussite car, ici, nous avons forcé Israël à reculer son mur".
A Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée, des violences ont eu lieu en marge de l'anniversaire de la mort de 29 Palestiniens, tués par l'extrémiste juif Baruch Goldstein en février 1994 alors qu'ils priaient au Caveau des patriarches.
Des manifestants ont lancé des pierres et des pétards sur la police, qui a répondu avec des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes.
La police israélienne a fait état de deux blessés légers dans ses rangs. Aucun bilan n'était disponible côté palestinien.
Les manifestants réclamaient notamment la réouverture de la rue principale de Hébron, qui a été partiellement fermée aux Palestiniens après l'attentat de 94, ce qui a eu un effet néfaste sur le commerce au centre de cette ville, une poudrière où 700 colons juifs vivent sous la protection des forces de sécurité israéliennes au milieu de 200 000 Palestiniens.


(27-02-2015)

Israël/Palestine : Palestiniens et soldats israéliens s'affrontent à Hébron

Palestiniens et soldats israéliens se sont affrontés vendredi à coups de pierre et de grenades assourdissantes à Hébron en Cisjordanie lors d'une manifestation contre l'occupation israélienne et la fermeture d'une partie du centre réservé aux colons, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Plusieurs centaines de Palestiniens ont défilé après la prière musulmane du vendredi, comme chaque année à cette époque, en réclamant la réouverture de la rue Al-Shouhada (martyrs en arabe), qui était autrefois une des rues commerçantes les plus actives de la région mais a été fermée par les Israéliens.
La manifestation a rapidement dégénéré en heurts entre une partie des manifestants, lançant des pierres et de puissants pétards, et les soldats israéliens qui ont riposté par des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.
Hébron, plus grande ville de Cisjordanie, est une poudrière où environ 700 colons juifs vivent au beau milieu de plus de 200 000 Palestiniens, sous la protection des forces de sécurité israéliennes. Une partie du centre historique en particulier, le long de la rue Al-Shouhada, a été transformée en camp retranché protégé par des miradors et du fil barbelé.
La manifestation annuelle de vendredi marquait l'anniversaire du massacre commis le 25 février 1994 au fusil d'assaut par l'extrémiste israélo-américain Baruch Goldstein qui a tué 29 fidèles musulmans en prière dans le tombeau des Patriarches (la Mosquée d'Ibrahim pour les musulmans), sacré à la fois pour les juifs et les musulmans. Baruch Goldstein avait ensuite été battu à mort.
La rue Al-Shouhada, menant au tombeau des Patriarches, a été fermée par les Israéliens après ce massacre et est depuis une rue fantôme. Par contagion, des rues entières d'échoppes palestiniennes ont tiré le rideau. 520 magasins ont ainsi fermé, selon les organisateurs de la manifestation.
Les manifestants ont aussi exprimé leur opposition à une éventuelle visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Hébron avant les législatives du 17 mars. La possibilité d'une telle visite a été évoquée dans la presse israélienne mais n'a jamais été confirmée. Les colons sont un électorat courtisé par la droite israélienne.

(27-02-2015)

Entre Israël et Gaza, les eaux d'un oued plus fortes que la légende

Cet hiver encore, les riverains de l'oued qui traverse la bande de Gaza ont vu leurs maisons envahies par les eaux. Aucun doute pour eux: les Israéliens avaient de nouveau ouvert les vannes en amont pour les inonder. Un examen des faits du côté israélien raconte une autre réalité, démythifiant ce qui ressemble à une légende palestinienne.
Régulièrement -tous les ans, disent les Palestiniens- le Wadi Gaza déborde après un épisode de fortes pluies, une épreuve de plus pour les Gazaouis qui vivent là, qui ont connu trois guerres avec les Israéliens en six ans, sans parler d'une quasi guerre civile, et qui survivent comme ils peuvent à l'enfermement du territoire.
Que les Israéliens, cet ennemi pour ainsi dire invisible de l'autre côté de la barrière, actionnent les vannes du barrage plus haut sur le cours d'eau, sans se préoccuper de l'aval ou même avec l'intention de faire souffrir les Palestiniens, est devenu à Gaza une sorte de vérité établie depuis des années.
Devant une nouvelle crue dimanche, les autorités locales se sont empressées de publier un communiqué libellé "urgent" pour dénoncer les agissements israéliens.
L'AFP a repris ces allégations à son compte dimanche 22 février dans une vidéo et des photos des inondations dans le village d'Al-Moghraqa. Le script et les légendes indiquaient qu'Israël avait ouvert les vannes d'un barrage. La vidéo faisait parler des résidents accusant ouvertement Israël.
Seulement, il n'existe côté israélien aucun barrage où on pourrait jouer sur le débit de l'eau, selon un déplacement de journalistes de l'AFP sur le terrain et des entretiens avec des responsables et des experts israéliens et étrangers.
Les images de l'AFP, la vidéo surtout, ont valu à l'agence une virulente réplique sur les réseaux sociaux. Les autorités israéliennes ont démenti les informations en soulignant qu'elles avaient permis le passage à Gaza de plus de 15 pompes à eau. L'émoi a été d'autant plus vif que le sud d'Israël a lui aussi été affecté par les inondations.
Le Wadi Gaza prend sa source dans le sud de la Cisjordanie, l'autre territoire palestinien, traverse Israël et le désert du Néguev, entre dans Gaza et se jette dans la Méditerranée. Dans sa partie israélienne, il est appelé Nahal Bessor.
Dans cette zone semi-aride, le lit est asséché le plus clair de l'année. Il se remplit et se vide spectaculairement avec les intempéries.
"Il n'y a sur le Nahal Bessor aucun barrage qu'on puisse ouvrir ou fermer, il n'y a donc rien ni pour causer, ni pour prévenir une crue", dit à l'AFP Nehemia Shahaf, chef de l'autorité du réseau hydrologique du Néguev.
"A ma connaissance, il n'y a pas de barrage du côté israélien et le terrain ne se prête pas à la construction d'un barrage", abonde le Dr Julie Trottier, spécialiste belge au Centre de recherche français à Jérusalem. Pour elle, avec les fortes précipitations, "les eaux ont monté et conflué".
La question de l'eau suscite "beaucoup de mythes dans les Territoires palestiniens et en Israël", dit-elle.
Le débit du Nahal Bessor a atteint sous l'effet des précipitations un niveau qu'il n'avait pas eu depuis 2010, disent les experts israéliens.
"Il a beaucoup plu en une seule fois. Nous avons eu 30 à 40 mm dans tout le bassin", explique Boaz Kretschmer, un responsable de l'administration locale, "évidemment, tout ça finit à Gaza.
Quelques jours après cet épisode, à environ 30 km du Wadi Gaza, la végétation malmenée témoigne de l'impétuosité des eaux dans le Nahal Bessor où ne coule plus qu'un mince filet d'eau.
C'est ici que se trouve ce qui semble être la seule structure sur le Nahal Bessor, un muret d'à peine un mètre de haut censé ralentir les eaux. Un petit canal en béton détourne une partie des eaux vers un réservoir pour l'irrigation, dit M. Kretschmer. Il n'y a pas de dispositif qu'on puisse activer. Quand il y a trop d'eau, elle franchit l'obstacle.
"Le seul effet que peut avoir cet ouvrage, c'est de réduire la quantité d'eau coulant vers Gaza, et pas le contraire", dit M. Shahaf.
"On n'essaie pas d'arrêter l'eau. Ce serait impossible étant donné sa puissance incroyable", dit M. Kretschmer, "on a beaucoup rêvé et fait beaucoup de plans dans le passé pour retenir l'eau et se servir de telles quantités pour sauver le Néguev. Mais toutes les tentatives pour canaliser les eaux de crue ont échoué. C'est bien simple: ce n'est pas possible".
L'impact des inondations à Gaza a sans doute été renforcé par des défauts d'infrastructure chroniques et la prolifération des constructions illégales sur le bord de l'oued, conviennent les experts.
Pour Mounzer Shoublaq, responsable des services de l'eau à Gaza, "les Israéliens ne sont pas exempts de responsabilité. Ils savent que des gens vivent de l'autre côté de la frontière. Ils auraient pu nous informer que l'eau arrivait". "Comme d'habitude, ils ne l'ont pas fait".
Il reconnaît cependant "une part de responsabilité palestinienne". "La zone inondable autour du Wadi Gaza est d'environ 70 à 100 mètres. Mais, à certains endroits, on a construit et cultivé illégalement, et la zone ne fait plus que 15 ou 20 mètres".
Israël sait ce que cela veut dire. "Nous avons appris qu'on ne peut pas vivre ou construire sur le rivage parce que tous les dix ans, l'eau emporte tout", dit M. Kretschmer.

Israel/Palestine : Courageous woman

Palestinian woman Safa Fayez, 29, pulls herself up the staircase of her home in Beit Hanoun, Gaza. She was seriously wounded by shrapnel when Israel Defence Forces shells hit a UN school crowded by hundreds of Palestinians seeking shelter. The attack on 24 July 2014 killed 15 Palestinians and wounded many others, including Fayez’s baby and husband. Fayez, who has four children, said she had just left the classroom she was staying in with her family and was heading outside to wait for a Red Cross bus when the attack occurred.
(Photograph: Heidi Levine)

Irak : L'Unesco demande une réunion de crise du Conseil de sécurité à propos de la destruction de l'EI au musée de Mossoul

La directrice générale de l'Unesco a demandé jeudi une réunion de crise du Conseil de sécurité des Nations unies après les destructions par les djihadistes de l'État islamique de sculptures pré-islamiques au musée de Mossoul, dans le nord de l'Irak. "Cette attaque est bien plus qu'une tragédie culturelle, c'est également une question de sécurité parce qu'elle alimente le sectarisme, l'extrémisme violent et le conflit en Irak", a dénoncé la responsable de l'Unesco, Irina Bokova, dans un communiqué après la diffusion d'une vidéo mise en ligne par l'EI. "C'est pourquoi j'ai immédiatement contacté le président du Conseil de sécurité pour lui demander de convoquer une réunion d'urgence du conseil sur la protection du patrimoine irakien en tant qu'élément faisant partie intégrante de la sécurité du pays", a-t-elle précisé.
Le groupe État islamique a mis en ligne jeudi une vidéo montrant des militants en train de faire tomber des statues de leur socle et de les détruire à coups de masse. Ils ont vandalisé les collections du musée de Mossoul, qui renferment des objets inestimables des périodes assyrienne et hellénistique, datant de plusieurs siècles avant l'ère chrétienne. Dans une autre scène de cette vidéo de cinq minutes, ils ont également recours à un perforateur pour défigurer un imposant taureau ailé assyrien en granit, sur le site archéologique de la porte de Nergal à Mossoul, ville contrôlée par les djihadistes depuis l'été. Ce taureau a un jumeau, exposé au British Museum de Londres. "Fidèles musulmans, ces sculptures derrière moi sont des idoles pour les peuples d'autrefois qui les adoraient au lieu d'adorer Dieu", déclare un djihadiste en s'adressant à la caméra.
Des experts ont confirmé et déploré ces destructions, qu'ils ont comparées à la démolition des bouddhas de Bamiyan par les talibans en Afghanistan en 2001. Selon Irina Bokova, certaines des statues détruites dans la vidéo venaient de l'ancienne cité de Hatra, classée au patrimoine culturel mondial de l'Unesco, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Mossoul, deuxième ville d'Irak. Elle a également indiqué que ces destructions étaient une violation de la résolution 2199 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU début février pour tenter d'empêcher le trafic des antiquités volées en Irak et en Syrie, et qui sont considérées comme une source-clé de financement pour le groupe EI.

Syrie : Assad ne veut "plus rester isolé face à la menace terroriste" (Zocchetto)

Bashar el-Assad, a déclaré qu'il ne voulait "plus rester isolé face à la menace terroriste", a assuré vendredi le sénateur UDI François Zocchetto, relatant son déplacement en Syrie. "Bashar el-Assad est quelqu'un de réservé, il ne se livre pas facilement. Il a dit qu'il attendait de ne plus rester isolé face à la menace terroriste", a expliqué le sénateur sur Radio Classique, au sujet de sa rencontre avec le président syrien en compagnie de deux autres parlementaires français. François Zocchetto est l'un des quatre parlementaires dont la visite en Syrie a suscité un tollé et la condamnation de l'exécutif.
"Le président du Sénat (Gérard Larcher, UMP) et la commission des Affaires étrangères du Sénat étaient informés (de cette visite). Je sais que M. (Gérard) Bapt (PS) avait informé l'Élysée et le Quai d'Orsay", a poursuivi François Zocchetto, pour qui il s'agissait d'une "mission mûrement réfléchie". "Nous sommes des parlementaires (...) et les parlementaires sont libres, nous ne sommes pas le bras de l'exécutif ou la parole du maître. Nous ne sommes pas porteurs d'un message officiel du gouvernement français", a-t-il insisté.
"Il est difficile de dire que l'on veut lutter contre le terrorisme en France et ignorer ce qui se passe en Syrie. La Syrie est le dernier État laïque du Moyen-Orient et c'est ce qui gêne justement. Cet État laïque peut disparaître demain (...) Car aujourd'hui il n'y a plus d'opposition syrienne modérée", a plaidé le sénateur, en assurant que leur déplacement ne consistait "nullement à légitimer le régime syrien".

(27-02-2015)

Israël/Palestine : Haneen Zoabi, la députée arabe qui combat le système de l'intérieur

Depuis son entrée au parlement en 2009, Haneen Zoabi n'a cessé de provoquer institutions et public israéliens: pour ses détracteurs, cette Arabe de 48 est l'ennemie de l'intérieur, pour ses admirateurs, la pasionaria de la cause palestinienne en Israël.
Personnalité la plus controversée de la scène politique israélienne, cette élégante quadragénaire est une habituée des prétoires. Quatre fois la justice l'a convoquée pour répondre à des accusations d'hostilité à l'encontre d'Israël.
Cette fois encore, alors que se profilent les législatives du 17 mars, la droite a tenté de la disqualifier. Une fois de plus, un tribunal l'a remise en course, et elle conserve sa septième place sur la liste arabe commune sur laquelle se sont réunis tous les partis arabes d'Israël, des communistes aux islamistes en passant par les nationalistes arabes de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND).
Née il y a 45 ans à Nazareth, la plus grande ville arabe d'Israël, elle entend bien continuer à porter le combat des Palestiniens au coeur du système israélien. "Haneen à Jénine", en Cisjordanie occupée, crient ses adversaires.
Haneen Zoabi est l'une des descendantes des Palestiniens qui, à la différence de centaines de milliers d'autres, sont restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948. Ils sont aujourd'hui environ 1,3 million, 20% de la population israélienne. Alors, elle n'en démord pas: "Ici, c'est ma terre. Je ne suis pas un colon, moi. Je resterai dans ma maison".
"Notre présence au Parlement est une façon de rendre visibles les Arabes palestiniens à l'intérieur d'Israël. Ce pays fait comme si nous n'existions pas. Ils traitent les Palestiniens en ennemis, mais nous (les Arabes israéliens), ils font comme si nous avions été rayés de la carte".
Formée à la philosophie à l'université de Haïfa, cette diplômée en journalisme est la personnalité arabe la plus connue d'Israël, sûrement parce qu'elle ne mâche pas ses mots et, un à un, fait voler en éclats les tabous. Elle dit et redit refuser le caractère juif de l'Etat. Quand elle évoque le programme nucléaire iranien, ce n'est pas pour le condamner comme l'ensemble des dirigeants israéliens - ce qui lui valu une pétition réclamant son renvoi de la Knesset qui a recueilli 40.000 signatures en moins de 24 heures.
Pire, la première fois qu'elle a prêté serment en 2009, elle est sortie du Parlement avant que ne soit joué l'hymne israélien pour "ne pas être hypocrite" en écoutant "cet hymne qui ne me représente pas". Depuis, raconte-t-elle, c'est le froid total. "A la Knesset, 80% de mes collègues ne me saluent même pas. J'assiste aux séances, je participe aux débats et je m'en vais. Je ne traîne pas à la cafétéria".
Mais c'est en 2010 que l'animosité a grimpé en flèche dans la rue israélienne: arrêtée à bord d'une flottille turque qui tentait de briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, elle n'a échappé à la prison que grâce à son immunité parlementaire. Ses collègues à la Knesset ont vainement réclamé qu'elle perde son siège, et même sa nationalité israélienne.
A la sortie du tribunal, elle déclarait: "Pas étonnant qu'un Etat qui prive un million de ses citoyens arabes de leurs droits fondamentaux veuille les retirer à l'un de leurs représentants".
Un temps, elle a été protégée de ses collègues par la sécurité de la Knesset à l'instigation du chef du Parlement de l'époque, Reuven Rivlin, aujourd'hui président d'Israël. Cinq ans plus tard, elle est toujours là, de toutes les manifestations, prenant à partie sans faiblir les soldats israéliens en hébreu et haranguant les foules en arabe.
"Nous ne sommes pas une opposition comme celles qui existent dans les pays qui garantissent les droits de tous leurs citoyens, comme en Europe par exemple", explique-t-elle. Si elle participe à la vie politique israélienne c'est "pour représenter mon peuple devant l'Etat, et pas l'Etat auprès de mon peuple".

Yémen : Le pays écartelé entre deux capitales, Aden et Sanaa

Aden est en train de devenir la capitale politique et diplomatique du Yémen depuis que Sanaa est passée sous le contrôle d'une milice chiite et que le président légitime s'est réfugié dans la grande ville du sud.
Ces derniers jours, les émissaires internationaux et les représentants de partis yéménites ont évité Sanaa, pourtant la capitale officielle du pays.
Ils se sont plutôt rendus à Aden, où le président Abd Rabbo Mansour Hadi a reçu mercredi le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG) puis jeudi l'envoyé spécial de l'ONU Jamal Benomar, a constaté un correspondant de l'AFP.
"Le centre de gravité politique et diplomatique s'est déplacé à Aden" en raison "de la situation politique et sécuritaire à Sanaa", note l'expert yéménite Thabet Hussein.
"Cela a été rendu possible par le déplacement de M. Hadi à Aden et par le soutien populaire qu'il a reçu dans les provinces centrales et méridionales", selon lui.
Le président Hadi, élu en 2012 lors de la première élection au suffrage universel de l'histoire du pays, a réussi le 21 février à échapper à l'attention des Houthis qui le maintenaient en résidence surveillée depuis un mois à Sanaa.
Il s'est enfui à Aden, le fief de ses partisans, où il a "retiré" la démission qu'il avait présentée en janvier sous la pression des Houthis.
Dans une déclaration télévisée jeudi soir, le chef des miliciens, Abdel Malek al-Houthi a tiré à boulets rouges contre le président Hadi, l'accusant de "déstabiliser le pays, d'alimenter le conflit et de rendre plus complexe la crise", dans le pays.
Selon lui, le seul salut réside dans l'application de la "déclaration constitutionnelle" par laquelle les miliciens chiites se sont emparés du pouvoir le 6 février.
Aden et Sanaa sont historiquement les deux grandes villes rivales du pays.
Ancien comptoir prospère de l'empire britannique sur l'océan Indien, Aden était la capitale de l'ancien Yémen du Sud qui était un Etat indépendant jusqu'à sa fusion avec le Yémen du Nord en 1990.
A cette date, la Constitution a donné le statut de capitale à Sanaa, située au centre du pays, tandis qu'Aden, excentrée sur la côte,restait le coeur économique du pays.
Le déplacement à Aden de M. Benomar est significatif car c'est à Sanaa que se déroulaient jusqu'à présent les discussions politiques qu'il parraine pour tenter de trouver une issue à la crise politique.
A l'issue de la réunion, M. Benomar a indiqué rechercher un "lieu sûr" pour poursuivre les discussions. M. Hadi lui a assuré qu'il continuait à rechercher "une solution pacifique", avec la participation des Houthis, et condamnait "la violence à des fins politiques", a-t-il précisé.
A Aden, le diplomate s'est également entretenu avec des responsables du Mouvement sudiste qui regroupe des autonomistes et des sécessionnistes.
Tous ces partis yéménites rejettent ce qu'ils considèrent comme un "coup d'Etat" des Houthis et clament leur attachement à la "légitimité" représentée par M. Hadi.
De puissantes tribus de Marib (centre) ont demandé à M. Hadi, lui-même originaire du sud, de "déclarer Sanaa ville occupée et Aden capitale du Yémen".
Très préoccupées par l'instabilité au Yémen, où Al-Qaïda est également très actif, les monarchies sunnites du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) ont également réaffirmé leur soutien à M. Hadi.
L'ambassadeur saoudien, Mohammed Saeed al-Jaber, a repris ses activités diplomatiques à partir du consulat à Aden après la fermeture de la chancellerie à Sanaa, a indiqué jeudi l'ambassade. D'autres pays du Golfe envisagent de faire de même, selon des journaux arabes.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait accusé mardi l'Iran d'avoir "contribué" à l'avènement des Houthis et à la chute du gouvernement à Sanaa, une accusation démentie par Téhéran.

Syrie : "Nous sommes partis en pyjama": un Assyrien raconte sa fuite devant l'EI

Des Chrétiens assyriens qui ont fui la Syrie et l'Irak prient le 26 février 2015 dans l'église Saint Georges à Beyrouth pour leurs 220 coreligionnaires enlevés par le groupe Etat Islamique (EI) - Afp

En apprenant que les jihadistes du groupe État islamique (EI) approchaient de son village dans le nord-est de la Syrie, Danny Jano a pris la fuite en pyjama, avec sa femme et ses deux filles.
Terrorisée, la famille Jano n'avait qu'une idée en tête: gagner un endroit sûr, au plus vite et sans se faire prendre, comme de nombreux autres chrétiens assyriens.
Joint par téléphone dans la ville de Hassaké (nord-est), l'homme de 35 ans a expliqué à l'AFP que les combats avaient commencé lundi à 04H00 du matin. "Nous avons entendu le bruit des armes automatiques et des bombardements pendant sept heures, effrayés, avant de nous décider à abandonner notre maison".
"Bien nous en a pris, car nous avons su que Daech (acronyme en arabe pour l'EI) était tout proche de notre village" de Tall Misas, aujourd'hui entre les mains des jihadistes.
Le sauve-qui-peut des villageois s'est fait en tracteur et en voiture. "J'ai pris trois enfants sur ma mobylette et j'ai rejoint le convoi", a expliqué Danny Jano, tailleur de profession, précisant qu'il leur avait fallu cinq heures pour faire 30 kilomètres et rejoindre Hassaké.
"Ce furent les heures les plus longues et les plus difficiles de ma vie car nous avons été la cibles de tireurs embusqués et un mortier a touché une voiture".
Décrivant l'échappée avec sa famille, Jano assure que "tous ont eu la peur de leur vie" mais qu'ils n'ont "pas réfléchi à deux fois". "Nous sommes partis en pyjama sans nous retourner, sans nous arrêter jusqu'à ce que nous arrivions ici".
L'EI a lancé une attaque lundi contre une série de villages et hameaux du Haut Khabour et a kidnappé 220 chrétiens assyriens et pris le contrôle de dix localités dans la région de Tall Tamr, dans le nord-ouest de la province de Hassaké, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
D'après des militants et des responsables de formations assyriennes, cette offensive a fait fuir 5.000 personnes vers les villes de Hassaké et de Qamishli.
Yokhana Haroun, chef de la branche syrienne du Parti démocratique assyrien, a affirmé à l'AFP que 1.100 familles avaient pu être logées et aidées.
Haroun, qui parlait d'un point de rassemblement pour les réfugiés à Hassaké, a ajouté que "les gens sont arrivés épuisés et dans un dénuement total".
"C'est un crime contre les Assyriens pacifiques. Ils (l'EI) ont brisé la coexistence, la civilisation et l'histoire et ils nous ont rejeté des siècles en arrière et la communauté internationale regarde tout cela en silence. C'est un massacre", a-t-il dit.
A Qamishli, au nord-est de la ville de Hassaké et près de la frontière turque, 200 familles ayant fui l'EI ont trouvé un abri temporaire dans des maisons, selon Jean Tolo, un responsable de l'Organisation assyrienne pour les secours et le développement.
"Ils sont arrivés dans un terrible état mental", a-t-il expliqué à l'AFP au téléphone précisant qu'à Qamishli, "cela fait trois jours que des familles arrivent en continu".
Les Assyriens sont environ 30.000 en Syrie, soit 2,5% du 1,2 millions de chrétiens. Ils habitent surtout près de la rivière Khabour, dans la province de Hassaké, divisée en les forces kurdes et l'EI alors que l'armée loyaliste est présente dans la capitale provinciale.
L'EI est connu pour sa brutalité contre les minorités en Syrie et en Irak. "C'est un crime indescriptible. Ils ont brûlé des maisons, fait sauter des églises, kidnappé nos familles et tout cela pourquoi ? C'est une question dont je n'ai pas la réponse", assure Danny Jano.
Mais, pour se donner du courage, il affirme: "Nous retournerons chez nous. Si ce n'est demain, ce sera après-demain".

(26-02-2015)

jeudi 26 février 2015

Irak: Des jihadistes de l'EI détruisent des sculptures pré-islamiques

Des jihadistes ont détruit en miettes des statues, frises et autres objets pré-islamiques du musée de Mossoul, dans le nord de l'Irak, selon une vidéo mise en ligne jeudi par le groupe Etat islamique.
Le petit film de cinq minutes montre des activistes de l'EI en train de faire tomber des statues de leur piédestal et de détruire à coups de masse.
Dans une autre scène, ils ont également recours à un perforateur pour défigurer un imposant taureau ailé assyrien, sur un site archéologique de Mossoul, ville contrôlée par les jihadistes depuis l'été.
"Fidèles musulmans, ces artéfacts derrière moi sont des idoles pour les peuples d'autrefois qui les adoraient au lieu d'adorer Dieu", déclare un jihadiste en s'adressant à la caméra.
"Les soi-disant Assyriens, Akkadiens et d'autres peuples avaient des dieux pour la pluie, pour les cultures, pour la guerre", poursuit-il, avant de rappeler que "le Prophète a ôté et enterré les idoles à la Mecque".
Selon des experts, les pièces dont on voit la destruction sur la vidéo comprennent des originaux, des reconstitutions autour de fragments et des copies. Beaucoup proviennent des ères assyriennes et parthiennes, datant de plusieurs siècles avant l'ère chrétienne.
Les Assyriens d'Irak sont désormais une minorité ayant embrassé la foi chrétienne et se considérant comme les habitants autochtones de la région.
Plusieurs villages assyriens ont été conquis par l'EI en Syrie voisine ces derniers jours, et au moins 220 Assyriens capturés lors de cette offensive.
Les jihadistes contrôlent Mossoul, la deuxième ville d'Irak, depuis une offensive lancée début juin au cours de laquelle ils ont conquis de large pans du territoire irakien.
Ils ont systématiquement pris pour cibles les minorités dans la ville et ses alentours, et détruit le patrimoine archéologique, déclenchant une vague d'indignation internationale.

Syrie : Jacques Myard fera un rapport au gouvernement

Le député UMP Jacques Myard, un des quatre parlementaires qui se sont rendus en Syrie, a affirmé jeudi, à son retour en France, qu'il ferait un rapport au gouvernement sur ce déplacement et l'entretien avec le président syrien Bashar el-Assad. Interrogé par BFM TV, Jacques Myard a par ailleurs indiqué que "l'initiative" de ce déplacement controversé avait été "prise par les présidents des groupes France-Syrie de l'Assemblée et du Sénat". "Je n'ai pas exprimé une position de la France", mais "beaucoup de députés pensent comme nous" et "je vais faire un rapport au gouvernement français sur les informations que nous avons recueillies", a aussi souligné le député des Yvelines.
"Si vous pensez que les députés sont à la botte de l'exécutif, alors il n'y a plus de liberté en France", s'est-il offusqué, alors que la rencontre de trois des parlementaires avec Bashar el-Assad a suscité la colère de François Hollande et Manuel Valls. "S'enfermer dans cette espèce d'aveuglement idéologique que le chef de l'État et le Premier ministre expriment, c'est une faute géostratégique", a-t-il poursuivi. "Je ne suis pas là pour défendre Bashar el-Assad. Oui, il a du sang sur les mains, oui c'est un régime fort", mais "il est là, il tient une grande partie du pays. Si on veut un règlement politique, il est un élément incontournable et il va falloir discuter avec lui, c'est une évidence", a-t-il fait valoir. Jacques Myard a par ailleurs indiqué qu'il avait payé avec "ses deniers personnels" son voyage, "en classe économique", et son hôtel à Bagdad.

Syrie : Gérard Bapt affirme avoir prévenu l'Élysée de son voyage en Syrie

Le député PS Gérard Bapt a expliqué jeudi qu'il avait prévenu des conseillers diplomatiques du Quai d'Orsay et de l'Élysée qu'il allait en Syrie et qu'il ne rencontrerait pas Bashar el-Assad. "Je n'ai pas rencontré Bashar el-Assad, j'en avais pris l'engagement quand j'ai vu des conseillers du Quai, de l'Élysée, de l'Intérieur", a-t-il dit, interrogé par téléphone alors qu'il revenait de ce déplacement en Syrie. Il a précisé que ces conseillers, tant au Quai d'Orsay qu'à l'Élysée, lui avaient "déconseillé" cette visite et encore plus une rencontre avec Bashar el-Assad. Il avait alors expliqué que c'était "une visite privée", a-t-il dit, avec des "humanitaires". Il est donc "resté à l'hôtel" quand ses trois compagnons de voyage parlementaire sont allés rencontrer le président syrien.
"J'ai un certain nombre d'éléments à présenter au gouvernement et aux représentants du gouvernement, que je leur réserve", a aussi déclaré Gérard Bapt, ajoutant : "Je soutiens le gouvernement de Manuel Valls." Interrogé sur les propos du patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui le menace de sanctions pour ce déplacement, Gérard Bapt a répondu : "J'ai proposé de le rencontrer." Interrogé sur le fait de savoir s'il regrettait ce déplacement qui fait beaucoup de bruit, Gérard Bapt a répondu : "Dans la vie, il ne faut pas regretter." Et d'ajouter : "Ce n'était pas un secret, une douzaine de députés socialistes étaient intéressés par ce déplacement."

Liban : Pour Georges Ibrahim Abdallah

Rassemblement ce jeudi 26 février 2015 devant l'ambassade de France au Liban, exigeant la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Pour la neuvième fois, la demande déposée par Georges Ibrahim Abdallah pour sa mise en liberté a été rejeté par la justice française soumise aux pressions américaine et israélienne.
Il devra désormais attendre 2 ans et demi avant de déposer une nouvelle demande.
Le Comité de soutien pour sa libération appelle à poursuivre la mobilisation jusqu'à obtention satisfaction.

Moyen-Orient : Le journaliste Eric Rouleau, spécialiste du Proche-Orient, est mort

Eric Rouleau, spécialiste reconnu du Proche-Orient et ex-collaborateur du Monde, est mort mercredi 25 février à l'âge de 89 ans, à Uzès, dans le Gard, a annoncé sa famille. Ecrivant régulièrement dans les colonnes du Monde diplomatique, cet Egyptien « de naissance et de cœur », ainsi qu'il se définissait lui-même en 2012 dans Dans les coulisses du Proche-Orient, ses mémoires parus en 2012, était passé du journalisme à la diplomatie.
Né au Caire en 1926, il avait dû s'exiler en France en 1951 et avait été déchu de sa nationalité égyptienne. Devenu français, il a d'abord travaillé pour l'Agence France-Presse (AFP) puis pour Le Monde, jusqu'en 1985. Il a ensuite été nommé ambassadeur en Tunisie puis en Turquie sous la présidence de François Mitterrand, un de ses proches. Une nomination qui avait fait des remous au Quai d'Orsay.

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Mort d’un Oriental : le journaliste et ambassadeur Eric Rouleau est mort à l’âge de 88 ans

Il y a des hommes qui vous font sentir petit. Ou qui vous poussent à devenir plus grand. En tout cas, ils posent l’aune à laquelle un journaliste doit se mesurer. Eric Rouleau était de ceux-là.
La première fois que je l’ai vu en 2003, je rentrais d’Irak, convaincu d’avoir couvert une de ces guerres qui font les hommes. On plastronnait "dans le métier, il y a les grands reporters et les petites rapporteuses". L’expression que je lui apprenais l’avait fait rire. Lui savait qu’il y a surtout ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent rien. D’un ton placide et amusé, "Rouleau", comme l’appelaient ses amis, avait cherché à savoir qui il avait en face de lui. Lui qui savait que les guerres sont les bégaiements sanglants d’une humanité qui perd la mémoire. Il se demandait peut-être simplement s’il devrait se coltiner ma présence à son mariage.10 ans plus tard, il était à sa table de travail, comme chaque matin, compilant les centaines de petits carnets noircis d’une écriture fine et appliquée. Tout y était. Un demi-siècle de soubresauts de cet orient compliqué.
Le "prince" connu des plus grands chefs d'États. Quand il racontait ses reportages, Eric Rouleau vous parlait d’un monde disparu. D’abord celui des reporters qui se comptent sur les doigts d’une main. Des journalistes que l’on accueille en terrain de guerre comme des invités, que l’on fait dormir sur des paillasses mais que l’on protège. De ces révolutionnaires ou combattants devenus chefs d'Etats qui n’ont pas oublié Rouleau. Ce monde qu’il s’était bâti et qui lui avait valu le surnom du "prince" à la rédaction du Monde. "Quand tu arrives dans un pays, tu descends dans le plus grand hotel, tu prends la suite présidentielle et tu invites les ministres à venir diner pour qu’ils te donnent des infos", m’expliquait-il en avalant des pistaches. Comment lui dire que moi je courrais encore dans tous les sens… Il ne m’aurait pas cru.
Nasser l’appelait quand il voulait parler à la France. Barzani, le Kurde, comptait sur lui pour le sortir de l’anonymat. Kadhafi se faisait sermonner par ce juif venu de Paris et le réinvitait quand même. Saddam Hussein l’invitait pour prendre le pouls de la France. Les Iraniens avaient trouvé un joueur d’échec capable de comprendre les méandres de leur diplomatie. Mais surtout, Arafat était devenu son ami. À Paris, les aveuglés d’Israël avait fait de Rouleau une fixation. Dans les kibboutz de gauche en Israël, on faisait venir des traducteurs pour lire les articles du journaliste français qui expliquait que les Palestiniens avaient aussi droit à un État. Des articles d’une autre école. Des phrases simples "sujet verbe complément" où le verbe faisait sens et l’adverbe était l’ennemi. Autre temps, autres mœurs.
La Légion d'honneur, son plus beau pied de nez à la vie. De guerre en guerre, Arafat avait trouvé refuge du Liban en Tunisie. François Mitterrand, qui voulait alors avoir un canal direct avec l’OLP sans la reconnaître pensa alors à Rouleau, qu’il lisait et écoutait. Un jour, l’Elysée appelle pour demander s’il pouvait déjeuner avec le président. On bloque une petite rue du 6ème arrondissement et là, après l’entrée, le président rusé demande au journaliste avisé qui connaît tous les Arabes s’il veut bien représenter la France à Tunis et être son ambassadeur officieux auprès de l’OLP.
C’est ainsi que le petit pigiste du Caire qui voulait voir la Place de l’étoile s’est retrouvé ambassadeur. Une des rares photos sur son bureau le montre, recevant la Légion d’honneur de la part de Mitterrand. Son plus beau pied de nez à la vie.
De Tunis, il fera aussi des allers-retours à Téhéran, pour négocier la libération des otages du Liban. Les guerres de l’entre deux tours avec les chiraquiens brouilleront le jeu, mais Rouleau aura fait son devoir. Sous le soleil d’Uzès, où l’Orient semble moins éloigné qu’ailleurs, il avait trouvé le calme et le rire pour la plus grande joie de ses enfants, de ses petits enfants et des miens. Mercredi soir, il a décidé de signer son dernier article et de partir. Il était Elie Raffoul. Il était devenu Rouleau. Il restera Eric Rouleau. Jusqu’au bout il aura décidé du tempo. Il nous laisse avec cette barre placée un peu trop haut. Mais rien ne nous empêche d’essayer et d’essayer encore.

Par Olivier Ravanello

Syrie : Dans l'affaire des parlementaires français en Syrie, colère de Hollande et Valls

François Hollande et Manuel Valls sont montés au créneau jeudi pour pilonner la visite de quatre parlementaires français en Syrie où trois d'entre-eux ont parlé avec Bashar al-Assad, "un dictateur" et un "boucher", selon l'exécutif.
De Manille, où il effectue un voyage d'Etat, le président de la République a proclamé avec solennité: "Cette initiative, je la condamne".
"Il s'agit d'une rencontre entre des parlementaires français (ndlr, de droite de gauche et du centre) qui n'ont été mandatés que par eux-mêmes, avec un dictateur qui est à l'origine d'une des plus graves guerres civiles de ces dernières années, qui a fait 200.000 morts. 200.000!"
Avant lui, son Premier ministre avait eu aussi des mots durs contre l'équipée des deux sénateurs - l'UMP Jean-Pierre Vial, le centristes François Zocchetto - et deux députés - l'UMP Jacques Myard, le PS Gérard Bapt.
Ce dernier n'a pas rencontré le président syrien mais le voyage des quatre était une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Syrie, en mai 2012.
Ces quatre parlementaires, tous membres des groupes parlementaires d'amitié franco-syrienne, ont commis une "faute" qui ne "les honore pas", a grondé sur BFMTV-RMC Manuel Valls, le visage fermé.
"Les parlementaires représentent la souveraineté nationale, ce qu'est ce pays", a dénoncé le chef du gouvernement. Qu'ils "aient ainsi, sans crier gare, rencontré un boucher", "je crois que c'est une faute morale".
"Boucher": le mot a aussi été employé sur RTL par Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS. "J'ai écrit à Gérard Bapt, je le convoquerai et je prendrai des sanctions", a poursuivi le député de Paris à propos de celui de Haute-Garonne.
La délégation rentre en France jeudi après-midi. Tant Jacques Myard que Gérard Bapt ont assumé leur visite dans ce pays ravagé par la guerre civile.
Sur France Inter, le député socialiste de Haute-Garonne a plaidé: cette "visite strictement privée" était un "déplacement exploratoire pour retrouver le chemin de la compréhension et de la paix".
"Beaucoup de pays européens considèrent ce gouvernement comme fréquentable", a noté l'élu, par ailleurs médecin.
Même tonalité chez Jacques Myard sur Sud Radio: "nous sommes venus ici pour écouter, voir et échanger". "Il y a eu hier soir la libération d'un opposant au régime syrien, j'analyse cela comme étant un geste". "Si on veut mettre un terme à la guerre civile, on parle avec des gens avec qui on n'est pas d'accord" et "Bashar al-Assad sera partie prenante du règlement de ce conflit", a insisté l'élu des Yvelines.
Son collègue UMP Henri Guaino s'est insurgé sur Europe 1: "En vertu de quoi faudrait-il les sanctionner?"
"Je suis en désaccord sur le fond de la démarche, le fait d'aller le voir", a dit le proche de Nicolas Sarkozy qui, à titre personnel, n'aurait pas fait le voyage. Mais "nous sommes bien obligés de dialoguer avec Bashar al-Assad dès lors que nous avons un ennemi prioritaire, l'Etat islamique".
Mercredi l'ancien Premier ministre François Fillon avait assuré: "Ils ont eu raison d'y aller, il faut écouter toutes les parties", "si j'avais l'occasion d'aller en Syrie, j'irais sûrement en Syrie".
Sur France Inter, le vice-président du FN Florian Philippot est allé beaucoup plus loin dans l'approbation évoquant "une initiative qui me paraît saine, intelligente", a-t-il dit.
"J'aurais aimé que la diplomatie française officielle - si tant est qu'elle ne soit pas mêlée à cette affaire - ait cette initiative", a ajouté M. Philippot.
Sur RFI, l'autre vice-président du FN Louis Aliot a soupiré: "Que n'aurait-on pas dit si un député FN avait fait la même chose!"

Israël/Palestine : Les déplacés de Gaza au bord de l'explosion six mois après la guerre

Six mois que leurs maisons ont été rasées par la guerre. Six mois qu'ils attendent. Aujourd'hui, les déplacés de Gaza se disent près du point de rupture.
Environ 100.000 Palestiniens passent la fin de l'hiver loin de leurs maisons, "vivant dans des conditions terribles dans des écoles ou des abris de fortune", se sont alarmées 30 organisations humanitaires dans un communiqué publié six mois après le cessez-le-feu mettant fin à la guerre entre Israël et des groupes armés palestiniens.
Les conditions de vie étaient déjà dures avant la troisième guerre qu'ait connue en six ans l'enclave exiguë dans laquelle s'entassent 1,8 million de Gazaouis, disent les humanitaires. Mais depuis, elles se sont encore "dramatiquement dégradées". Les ONG mettent en garde devant autant de désespoir et d'exaspération grandissante: "Un retour aux hostilités est inévitable" si rien n'est fait.
Les Gazaouis attendent encore une reconstruction qui ne vient pas parce que les Israéliens laissent entrer au compte-gouttes les matériaux de peur que les groupes armés ne s'en servent contre Israël. L'autre raison réside dans les divisions politiques palestiniennes qui empêchent tout accord sur les points d'entrée dans la bande de Gaza, étouffée depuis huit ans par le blocus israélien aggravé depuis plusieurs mois par le quasi-blocus égyptien.
"La déprime grandit chaque jour, on a perdu le goût de vivre", dit Sofiane Faraouana, 35 ans, qui vit avec six proches dans une école de l'ONU à Gaza-ville. "Cette situation va exploser au visage de tout le monde", poursuit l'homme au visage encadré par une longue barbe.
Les Nations unies ont déjà fait ce constat. Début février, elles en appelaient aux donateurs internationaux qui s'étaient engagés après la guerre à venir au secours de Gaza avec 5,4 milliards de dollars, mais qui n'ont pas tenu leurs promesses. Sans ces fonds, les efforts pour éviter un nouveau conflit seront vains, a averti l'ONU qui, à court d'argent, a annoncé devoir suspendre elle-même une bonne partie de ses versements.
Une dégradation de la situation serait un coup de boutoir supplémentaire contre une Autorité palestinienne politiquement moribonde et faisant face à d'énormes problèmes financiers.
Alors, pour grappiller quelques shekels, c'est la débrouille. Anas Berdaa, 12 ans, revend les rations de nourriture que l'ONU donne chaque jour aux huit membres de sa famille pour payer pour lui et ses frères le bus pour l'école.
Depuis que sa maison a été détruite dans le quartier de Chajaya, ravagé par guerre, la famille campe dans la salle d'une école de l'ONU située dans l'ouest de la ville de Gaza où vivent plus de 500 déplacés.
"On n'a ni de quoi se nourrir, ni de quoi se chauffer", raconte sa mère, Nermine, 32 ans, qui a accouché il y a quatre mois d'un dernier garçon dans cette école. "L'ONU me fournit des couches et du lait pour lui", dit-elle. Mais avec un mari au chômage, comme près de la moitié des Gazaouis, elle avoue ne rien pouvoir offrir à ses enfants. "Ils ne reçoivent jamais de jouets comme les autres enfants".
"La nuit, ils ne dorment pas à cause du froid et psychologiquement, ils sont complètement détruits". "En fait, c'est comme si on était morts", lâche-t-elle.
L'ONU "nous pousse à partir d'ici. Mais pour aller où ? On entend toutes les promesses de l'ONU et de l'Autorité palestinienne, mais on ne voit pas un centime arriver des Arabes ou du reste du monde", s'emporte son beau-frère, Ali, 32 ans.
"Il n'y a aucun espoir que nos maisons soient reconstruites et l'explosion approche", prédit Dounia Joundia, une autre déplacée installée avec 1.000 autres personnes dans une école du sud de la ville de Gaza.
Six mois de vie précaire dans des centres d'accueil improvisés, et sans perspective de reconstruction, en convient l'ONU, c'est le terreau parfait pour le désespoir. L'ONU évoquait récemment la "pression presque insupportable" qui pèse sur les Gazaouis.
"Ca fait six mois qu'on vit dans ces écoles, au ban de l'histoire, et personne ne vient nous sauver", martèle Ali.

Liban : La seconde vie d'une synagogue délabrée

Au détour d'une ruelle de la vieille ville de Saïda, une synagogue à la peinture bleue défraîchie où priait l'une des communautés juives les plus dynamiques du Liban, abrite des familles syriennes et palestiniennes démunies.
Il n'y reste plus que des étoiles de David en fer laminé, des voûtes et quelques peintures murales rouges et dorées à la place de l'estrade sur laquelle se lisait la Torah.
C'est ici, au coeur de l'ancien quartier juif (Haret el-Yahoud) de l'antique Sidon où la présence israélite remonte à l'époque romaine, que Jihad al-Mohammad a élu domicile il y a 25 ans, après son départ de Syrie.
"En 1990, l'endroit était abandonné et infesté de rats, je l'ai nettoyé et m'y suis installé", assure ce quinquagénaire qui y vit avec ses six enfants, son épouse et sa mère.
Construite en 1850, la synagogue, encore officiellement propriété de cette communauté, a accueilli différents "locataires" après le départ en 1982 des Lévy, dernière famille juive de Saïda. Dans la foulée de leur invasion du sud du Liban, des soldats israéliens s'y sont installés, suivis plus tard des renseignements syriens.
Aujourd'hui, cinq familles palestiniennes et syriennes squattent le lieu.
"C'était un lieu de prière, mais pour moi c'est une maison comme les autres. Je ne suis pas un occupant", dit Jihad, qui affirme avoir été "correspondant" du ministère syrien de l'Information jusqu'en 2005.
Sur les murs, des textes en hébreu de la Genèse et les tables de la Loi ont été badigeonnées à la peinture rouge. Les salles ont été transformées en une cuisine, une minuscule salle de bains, deux chambres à coucher et un salon où trône une télévision.
Ici, pas de candélabre à sept branches mais des ampoules pendant du plafond.
Malgré son délabrement, la synagogue n'est pas tombée dans l'oubli.
"Je reçois des visiteurs du Canada, de France, du Brésil qui exhibent des photos de leurs ancêtres (juifs libanais) de Saïda", raconte Jihad, en préparant du café. En 2012, deux rabbins de groupe antisioniste Naturei Karta y ont prié pour la première fois depuis 40 ans à la surprise des habitants.
Jihad assure qu'il partirait si on le lui demandait. "Mais je me suis attaché à ce lieu", reconnaît-il.
Sa voisine, Wardé, est la fille de Palestiniens expulsés de leur terre après la création de l'Etat d'Israël en 1948. Elle occupe avec ses enfants la partie de la synagogue autrefois réservée aux femmes, et séparée de la "maison" de Jihad par un mur en béton.
"Mes parents ont vécu dans ce quartier. Je me rappelle que je jouais avec les enfants juifs et c'est ici que je voyais les juives prier sur des bancs en bois", dit cette quinquagénaire aux cheveux courts.
Elle se souvient des kippas, du shabbat où petite fille elle allumait la lumière quand eux ne pouvaient pas, et surtout de l'harmonie entre juifs et autres communautés. "Il n'y avait pas de tension, mais quand Israël a envahi, ils ont pris peur et sont partis. Il ne reste plus personne".
Au Liban, le nombre de juifs a chuté de 7.000 en 1967 à 1.800 en 1974 puis à 35 en 2006, selon M. Zeidan. A Saïda, où des propriétés sont encore au nom des Nigri, des Hadid et des Balanciano, ils étaient 1100 en 1956, avant de disparaître en 1985.
Selon l'historien, les juifs ont quitté progressivement vers Israël, le Brésil, l'Europe ou les Etats-Unis, mais l'exode s'est accéléré après la défaite arabe lors de la guerre de 1967.
"A Saïda, il n'y a jamais eu de tension jusqu'à en 1967, lorsqu'on a criblé de balles le cimetière juif", assure-t-il à l'AFP.
Selon lui, les Juifs sont la plus ancienne communauté religieuse du Liban. A Saïda, leur présence remonte à 47 avant JC et au XXe siècle, ils travaillaient dans le commerce et l'artisanat.
Il reste une poignée de synagogues dans le pays, dont une à Tripoli transformée en teinturerie et celle de Maguen Abraham à Beyrouth, rénovée mais pas encore inaugurée.
"Le départ des Juifs du Liban, c'est comme si on avait arraché un bras à un corps humain", regrette M. Zeidan.

Syrie: Inquiétude sur le sort de 220 Assyriens enlevés par le groupe EI

L'inquiétude s'accroît sur le sort de 220 chrétiens Assyriens enlevés par les jihadistes du groupe Etat islamique dans le nord-est de la Syrie, dont la libération "immédiate et sans condition" a été réclamée par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Depuis cet enlèvement lundi, près de 1000 familles d'Assyriens, soit quelque 5000 personnes, ont fui leur domicile pour trouver refuge à Hassaké et Qamichli, deux villes tenues par les forces kurdes et gouvernementales, selon un responsable assyrien.
Dans un nouveau bilan, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état du rapt de 220 personnes, contre 90 précédemment.
L'ONG, qui dispose d'un vaste réseau de militants dans le pays, a précisé que les "220 Assyriens ont été enlevés dans onze villages au cours des trois derniers jours" dans la province de Hassaké, frontalière de la Turquie et de l'Irak.
"Des négociations ont lieu par l'entremise de médiateurs de tribus arabes et une figure de la communauté assyrienne afin d'obtenir la libération des otages", précise l'OSDH. Selon l'ONG, l'EI contrôle désormais 10 villages chrétiens de la région de Tall Tamer, à l'ouest de Hassaké.
Oussama Edward, directeur du Réseau assyrien des droits de l'Homme basé en Suède, avait pour sa part indiqué mercredi que les otages étaient entre 70 et 100, "en grande majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées".
D'après lui, ils ont été emmenés à Chaddadé, un fief de l'EI au sud de Hassaké.
"L'EI perd du terrain et ils ont pris ces otages pour en faire des boucliers humains", a-t-il affirmé, estimant que le groupe tentera aussi d'échanger ses otages contre des prisonniers jihadistes aux mains des Kurdes.
Selon l'OSDH, l'EI cherche à se venger de l'offensive kurde dans la région de Hassaké, appuyée par des frappes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a "condamné fermement" ces enlèvements de chrétiens, qui sont les premiers de cette ampleur en Syrie. "De tels crimes montrent une nouvelle fois la brutalité de l'EI qui est responsable de milliers de crimes et violations contre les gens de toutes les religions, ethnies et nationalités".
Le Conseil a réclamé la "libération immédiate et sans condition" de tous ceux qui ont été enlevés par l'EI mais aussi par d'autres groupes comme le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. L'ONU dénonce comme des "crimes contre l'humanité" les multiples exactions, dont des décapitations, auxquelles se livre l'EI qui sème la terreur dans les territoires sous son contrôle.
Le groupe sunnite radical, qui a subi plusieurs revers ces dernières semaines en Irak, a lancé jeudi sur le web une "campagne internationale" de soutien à son "califat islamique", proclamé en juin 2014 par son chef Abou Bakr al-Baghdadi sur les territoires conquis dans ces deux pays.
"Frères, rejoignez-nous dans cette campagne et participez au combat contre les opérations que les mécréants lancent pour nous stopper", indique l'EI dans son appel, en référence aux raids aériens que la coalition mène depuis septembre contre les positions du groupe en Syrie et en Irak.
Le groupe, qui appelle les musulmans à participer à sa propagande en relayant ses vidéos et ses photos, s'attaque notamment à la France. "Les loups solitaires n'arrêteront pas de tuer chacun de vous (...) Vous paierez pour avoir insulté le prophète Muhammad -sws -", menace-t-il en s'adressant aux Français, plus d'un mois après l'attaque contre le journal satirique Charlie Hebdo.
La montée en force de l'EI en Syrie a grandement éclipsé la confrontation entre le régime de Bashar al-Assad, mis au banc par de nombreux pays occidentaux, et la rébellion, qui entrera le mois prochain dans sa cinquième année.
La visite cette semaine de quatre parlementaires français en Syrie dont trois ont rencontré le président Assad, avec lequel Paris n'entretient plus de relations, fait des vagues en France.
Le Premier ministre Manuel Valls a condamné jeudi "avec la plus grande vigueur" cette visite et cette rencontre avec Assad, en qui il voit "un boucher".

Egypte : Un mort et deux blessés dans quatre attentats à la bombe au Caire

Une personne a été tuée jeudi matin par l'explosion d'une bombe au Caire devant une pizzeria, où trois autres attaques à la bombe ont visé des locaux de deux opérateurs de téléphonie mobile, a indiqué un responsable du ministère égyptien de la Santé. La victime est décédée à l'hôpital après avoir perdu ses deux jambes dans l'explosion. Deux autres personnes ont été blessées, selon le porte-parole du ministère Hossam Abdel-Ghaffar. Trois autres bombes ont explosé devant deux bureaux de Vodafone et une branche d'Etisalat, endommageant la vitrine des locaux sans faire de victimes, a précisé un porte-parole du ministère de l'Intérieur. Les locaux étaient fermés au moment des attaques.
Dans l'immédiat, les raisons pour lesquelles les opérateurs de téléphonie mobile et la pizzeria avaient été visés n'étaient pas claires, mais, selon M. Abdel-Latif, ces attentats pourraient être liés aux élections législatives prévues en mars. Depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, des attentats ont régulièrement lieu en Égypte, où des groupes djihadistes ont multiplié les attaques surtout contre les forces de l'ordre. Les attaques les plus meurtrières ont lieu dans le nord de la péninsule du Sinaï et sont revendiquées par la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI), Ansar Beït al-Maqdess.
Au Caire, de nombreux attentats contre la police ont été revendiqués par le groupe djihadiste Ajnad Masr. Les djihadistes assurent agir en représailles à la sanglante répression menée par le pouvoir contre les pro-Morsi.

(26-02-2015)

Yémen : Où sont passés les 60 milliards détournés par l'ex-président ? (Assawra)

Selon le rapport publié mercredi, "les fonds proviennent en partie de la corruption, en particulier celle liée aux contrats pétroliers et gaziers". L'ex-président touchait des pots-de-vin en échange de droits de prospection exclusifs. Le groupe d'experts auteurs du rapport, qui a été transmis au Conseil de sécurité, note que cette fortune a été placée dans une vingtaine de pays. Les experts enquêtent aussi sur les liens entre Saleh et des hommes d'affaires qui l'auraient aidé à dissimuler ce pactole.
Le Conseil a décrété en novembre 2014 des sanctions, dont un gel de ses avoirs, contre l'ex-président chassé du pouvoir en 2012, l'accusant de nuire à la transition politique au Yémen en soutenant notamment les miliciens chiites houthis qui ont pris le contrôle de Sanaa. Ali Abdallah Saleh, ses amis et sa famille sont aussi accusés d'avoir détourné de l'argent d'un programme de subventions à l'industrie pétrolière et d'être impliqués dans des escroqueries et des opérations d'extorsion de fonds. La corruption a permis à Ali Abdallah Saleh d'empocher près de 2 milliards de dollars par an pendant trois décennies, souligne le rapport. S'attendant à des sanctions du Conseil, Ali Abdallah Saleh a pris des dispositions pour dissimuler ses avoirs, ajoutent les experts. "Il a eu amplement le temps de circonvenir les mesures prises pour geler ses avoirs", affirment-ils. De nombreux responsables yéménites interrogés par les experts ont plaidé pour un retour au Yémen des sommes volées par M. Saleh, afin de remédier aux difficultés économiques du pays et de l'aider à rembourser sa dette.

(25-02-2015 - Assawra)