mercredi 18 février 2015

Libye/Egypte : l'Égypte a bombardé l'EI en Libye

Les avions de combat égyptiens ont bombardé lundi des positions de l'État islamique (EI) en Libye quelques heures après la revendication par cette organisation djihadiste de la décapitation de 21 chrétiens coptes égyptiens. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait convoqué d'urgence dimanche soir le Conseil national de défense et juré de punir les "assassins" de la manière "adéquate".
"Nos forces armées ont mené lundi des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou des dépôts d'armes de Daesh en Libye" (l'acronyme en arabe de l'EI), lit-on dans un communiqué de l'armée. Les télévisions montraient le décollage d'avions de combat en pleine nuit, assurant qu'ils partaient pour la Libye voisine. Avec ces exécutions revendiquées dimanche soir par sa branche libyenne, l'organisation djihadiste démontre qu'elle a exporté ses méthodes d'extrême brutalité en dehors des régions qu'elle contrôle en Syrie et en Irak où elle multiplie les atrocités.
Le Caire a annoncé un deuil national de sept jours et les Égyptiens attendaient lundi matin avec impatience une annonce après la réunion toute la nuit en urgence du Conseil national de défense. Sur la vidéo diffusée sur Internet, des hommes portant des combinaisons orange, semblables à celles d'autres otages exécutés ces derniers mois en Syrie, sont alignés sur une plage les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent au couteau. En janvier, la branche libyenne de l'EI avait affirmé avoir kidnappé 21 Coptes égyptiens et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient été enlevés en Libye voisine.
L'Église copte s'est dite "confiante" au Caire que le gouvernement ne laisserait pas s'échapper les auteurs de "ce crime abominable." Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions théologiques de l'islam sunnite, a qualifié ces exécutions de "barbares." Et tandis que Washington a condamné "le meurtre abject et lâche de 21 citoyens égyptiens", estimant que "la barbarie de l'EI n'a pas de limites", le président français François Hollande, dont le gouvernement doit signer lundi la vente de Rafale avec l'Égypte, a "exprimé sa préoccupation face à l'extension des opérations" du groupe djihadiste en Libye.
Une incrustation au début de la vidéo situe la scène dans la province de Tripoli ("Wilayat Tarabulus" pour l'EI) et un autre message écrit explique que les victimes sont "des gens de la Croix fidèles à l'Église égyptienne ennemie". Un homme habillé en treillis militaire s'exprime en anglais avec un couteau à la main alors que les autres bourreaux, un derrière chaque prisonnier, sont intégralement vêtus de noir et silencieux. Tous sont masqués. "Aujourd'hui, nous sommes au sud de Rome, sur la terre musulmane de la Libye (...), cette mer dans laquelle vous avez caché le corps du cheikh Oussama ben Laden, nous jurons devant Allah que nous allons la mêler à votre sang", assène-t-il. Le groupe djihadiste dit agir en représailles à d'anciens incidents confessionnels en Égypte, durant lesquels l'Église avait été accusée d'avoir empêché la conversion à l'islam des épouses de deux prêtres coptes.
La dernière vidéo d'exécution diffusée par l'EI remontait au 3 février, lorsque le groupe avait montré un pilote jordanien brûlé vif dans une cage. Il avait été capturé en Syrie en décembre après le crash de son avion alors qu'il effectuait une mission dans le cadre de la coalition internationale anti-djihadistes menée par Washington. Accusée de nettoyage ethnique et crimes contre l'humanité, l'EI a reçu l'allégeance de plusieurs groupes djihadistes, notamment en Libye et en Algérie, exportant ses méthodes brutales et ses pratiques médiatiques. Le premier groupe djihadiste d'Égypte, Ansar Beït al-Maqdess, s'est rallié à l'EI et revendique régulièrement des attentats spectaculaires contre les forces de l'ordre, publiant des vidéos-chocs tournées durant ces attaques ou filmant des décapitations.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 de Muammar Kadhafi, les autorités ne parvenant pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi face à une armée et une police régulières affaiblies.

(16-02-2015)

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