Au lendemain d'un raid contre le groupe Etat islamique (EI), l'Egypte
s'est placée en première ligne de la communauté internationale pour
demander à l'ONU de mandater une intervention internationale en Libye,
une question qui sera au coeur d'une réunion du Conseil de sécurité
mercredi.
De leur côté, les gouvernements des principaux pays européens et des
Etats-Unis ont réaffirmé mardi la nécessité d'une "solution politique"
en Libye.
La réunion du Conseil de sécurité se tient à la demande du ministre
égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se trouve à New
York.
M. Choukri "fera un exposé de la situation", a indiqué le représentant permanent adjoint britannique Peter Wilson.
L'Italie s'est dite prête à s'engager militairement mais ne le fera que
dans le cadre de l'ONU, a rappelé le chef du gouvernement Matteo Renzi,
demandant à l'Egypte de ne pas céder à "l'hystérie et une réaction
déraisonnable".
Il n'a fallu que quelques heures au président Abdel Fattah al-Sissi pour
lancer l'aviation égyptienne contre la branche libyenne de l'EI, qui
venait de revendiquer dans une effroyable vidéo la décapitation de 21
chrétiens coptes, dont 20 égyptiens.
"Il n'y a pas d'autre choix", a asséné M. Sissi, interrogé mardi par la
radio française Europe 1 sur sa volonté de demander au Conseil de
sécurité d'adopter une résolution pour une intervention militaire
internationale.
"Ce qui se passe en Libye va transformer ce pays en un terreau qui va
menacer l'ensemble de la région, pas uniquement l'Égypte mais aussi le
bassin méditerranéen et l'Europe", a prévenu le président égyptien.
Rien n'a filtré mardi en Egypte sur le bilan des frappes en Libye, ni
sur leur éventuelle poursuite. "Nous avons besoin de le refaire, mais
ensemble", a toutefois répondu M. Sissi alors de son entretien à Europe
1.
Le président égyptien se pose en rempart contre le terrorisme depuis
qu'il dirige d'une main de fer le pays arabe le plus peuplé et le plus
puissant militairement, après avoir destitué en 2013 son prédécesseur
élu, l'islamiste Mohamed Morsi.
"Il faut traiter ce problème car la mission n'a pas été achevée par nos
amis européens", a ajouté le président égyptien en référence à
l'intervention qui a abouti à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en
2011. "Nous avons abandonné le peuple libyen, prisonnier de milices
extrémistes".
La transition a en effet échoué en Libye depuis la fin du régime
dictatorial de Kadhafi. Des milices ont pris le pouvoir par les armes
dans les grandes villes, en l'absence d'autorité centrale forte. Alors
que le pays est déchiré par les violences, deux Parlements et deux
gouvernements se disputent la légitimité et les négociations politiques
menées sous l'égide de l'ONU piétinent.
Les six grandes puissances occidentales qui se sont prononcées pour une
"solution politique" en Libye (Etats-Unis, Allemagne, France,
Grande-Bretagne, Italie, Espagne) ont également appelé dans une
déclaration à la formation d'un gouvernement d'unité nationale.
"L'assassinat brutal de 21 citoyens egyptiens en Libye par des
terroristes affiliés à l'EI souligne une fois encore l'urgente nécessité
d'une solution politique du conflit", indique la déclaration rendue
publique à Rome.
"Le terrorisme frappe tous les Libyens et aucune faction ne peut
affronter seule les défis auxquels le pays est appelé à faire face",
poursuit le texte.
La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini s'entretiendra
jeudi à Washington avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry et des
leaders arabes à propos de la Libye, au lendemain d'un sommet sur
"l'extrémisme violent" dans la capitale américaine.
Les décapitations des 21 coptes revendiquées dimanche soir par la
branche libyenne de l'EI montrent que l'organisation jihadiste a exporté
ses méthodes brutales en dehors des régions qu'elle contrôle en Syrie
et en Irak, où elle multiplie les atrocités.
L'Egypte, voisine de la Libye, peut se sentir prise en étau: son armée
est déjà confrontée dans le Sinaï, à l'est du pays, à l'insurrection du
groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess qui a fait allégeance à l'EI en
novembre. Il a revendiqué le 10 février, dans une vidéo à la mise en
scène macabre, la décapitation de huit hommes accusés d'espionner au
profit de l'armée et d'Israël.
Ce groupe commet de nombreux attentats meurtriers contre les forces de
sécurité, disant agir en représailles à l'implacable répression visant
les islamistes en Egypte.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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