Des centaines de manifestants ont tenté vendredi, comme depuis dix ans
exactement dans le village palestinien de Bilin, d'atteindre le mur de
séparation érigé par Israël le long de la Cisjordanie occupée, et ont
été repoussés par des projectiles anti-émeutes israéliens.
Sous une nuée de drapeaux palestiniens, au son des chants patriotiques
diffusés par haut-parleurs, des militants palestiniens, israéliens et
étrangers ont convergé vers le mur derrière lequel étaient postés des
dizaines de soldats israéliens, casqués et armés. Venus d'une colonie
située juste derrière le mur, ces derniers ont chargé la foule.
Pendant une heure et demie environ, suivant un scénario éprouvé depuis
dix ans, des jeunes armés de frondes sont descendus vers le mur pour
lancer des pierres sur les soldats, qui ont répliqué avec des grenades
lacrymogènes et des balles en caoutchouc, sous le regard de militants
brandissant leurs drapeaux au milieu d'un champ où se trouvaient encore
des grenades tirées les vendredis précédents.
Plusieurs militants ont été interpellés alors que des personnes
suffoquant et au moins une blessée à la tête ont été évacuées en
ambulances, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Bilin s'est fait connaître à l'étranger par cette mobilisation
hebdomadaire. En 2011, Israël a été forcé de déplacer le mur de trois
kilomètres afin de restituer aux villageois leurs terres agricoles,
situées du côté palestinien de la ligne de démarcation (Ligne verte) et
sur lesquelles Israël avait empiété pour ériger cette barrière censée le
protéger des attentats.
Dix
ans après, Adib Abou Rahma, leader de la mobilisation pacifique à
Bilin, a dit qu'il comptait étendre ce mouvement. "Ici, on a prouvé que,
quand on est unis, on peut gagner. Désormais, il faut étendre la lutte
contre le cancer des colonies qui se développe", a-t-il dit, tout en
exhortant les jeunes à ne pas lancer de pierres sur les soldats.
Le dirigeant palestinien Mustapha Barghouthi, de toutes les
manifestations, a salué Bilin comme "un exemple de résilience et de
réussite car, ici, nous avons forcé Israël à reculer son mur".
A Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée, des violences ont eu
lieu en marge de l'anniversaire de la mort de 29 Palestiniens, tués par
l'extrémiste juif Baruch Goldstein en février 1994 alors qu'ils priaient
au Caveau des patriarches.
Des manifestants ont lancé des pierres et des pétards sur la police, qui
a répondu avec des balles en caoutchouc, du gaz lacrymogène et des
grenades assourdissantes.
La police israélienne a fait état de deux blessés légers dans ses rangs. Aucun bilan n'était disponible côté palestinien.
Les manifestants réclamaient notamment la réouverture de la rue
principale de Hébron, qui a été partiellement fermée aux Palestiniens
après l'attentat de 94, ce qui a eu un effet néfaste sur le commerce au
centre de cette ville, une poudrière où 700 colons juifs vivent sous la
protection des forces de sécurité israéliennes au milieu de 200 000
Palestiniens.
(27-02-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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