mardi 29 avril 2014

Irak : Les Kurdes espèrent un changement de gouvernement

A la veille des législatives du 30 avril les Kurdes irakiens, qui rêvent d’indépendance, espèrent la défaite du Premier ministre Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006 et candidat à un troisième mandat.
De nombreux différends opposent Maliki, un chiite, à la région autonome du Kurdistan. Ces désaccords qui portent principalement sur le pétrole, les enjeux territoriaux et la répartition du pouvoir, font du Premier ministre la bête noir des Kurdes.
"Sa politique contre les Kurdes est mauvaise", explique Mohsen, 38 ans, entre deux coups de plumeaux pour dépoussiérer son stand de lunettes de soleil à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Le commerçant voudrait un Premier ministre "qui traite toutes les communautés de la même façon".
Les politiciens kurdes se plaignent depuis longtemps de ne pas recevoir les 17% du budget fédéral qui leur sont normalement alloués, et accusent Bagdad de payer en retard l’argent qu’il veut bien leur verser, blâmant le gouvernement fédéral pour les difficultés budgétaires et les retards dans le paiement des salaires.
Massoud Barzani, le président du Kurdistan qui a pourtant soutenu le Premier ministre en 2010, accuse aujourd’hui Maliki de monopoliser le pouvoir, et a appelé à sa démission.
"M. Maliki n’a été bon pour personne, que ce soit les Kurdes ou les Irakiens", et il est temps de changer de Premier ministre, explique Tariq Jawhar, candidat aux élections sous les couleurs de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani.
La politique menée par le Premier ministre a attisé les tensions entre Arabes et Kurdes, et entre sunnites et chiites, renchérit M. Jawhar, qui va jusqu’à dresser un parallèle entre les méthode de Saddam Hussein et celles de M. Maliki.
"Saddam Hussein a été chassé (en 2003, ndlr) mais ses méthodes et son héritage sont encore bien présents dans l’esprit de beaucoup de leaders irakiens", estime le candidat. "Saddam faisait usage de la force militaire contre les Kurdes, Maliki use des sanctions économiques".
Un bras de fer oppose depuis des mois le gouvernement central de Bagdad aux autorités du Kurdistan sur la gestion des ressources naturelles de l’Irak. Le gouvernement régional kurde considère que le pétrole et le gaz produits dans cette région sont la propriété du Kurdistan, et cherche à vendre le pétrole à l’international sans passer par les autorités fédérales de Bagdad.
De son côté, le gouvernement central lui conteste ce droit et estime que l’énergie produite dans toutes les régions d’Irak appartient au pays tout entier.
Le Kurdistan irakien, qui jouit d’une importante autonomie et dispose de ses propres forces de sécurité, gouvernement et drapeau, s’est également attiré les foudres de Bagdad pour avoir signé des contrats avec des firmes énergétiques étrangères.
Dans les rues d’Erbil, qui s’animent à la nuit tombée de coups de klaxons et de pancartes à l’effigie des candidats, rares sont ceux qui ne souhaitent pas un changement de gouvernement et une plus grande autonomie.
"Les Arabes nous ont toujours opprimés", affirme Bestoon, 35 ans, membre des peshmergas, les forces de sécurité kurdes, tenue camouflage et carabine à la ceinture. Ce qu’il souhaite pour sa région ? "L’indépendance" et "la séparation d’avec les Arabes".
Tarza, 25 ans, ne pense pas autrement. "Je ne me sens pas irakienne", lance l’étudiante.
Mais la route vers l’indépendance politique, si elle existe, doit d’abord passer par l’indépendance économique souligne Jutyar Adil, candidat du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), précisant qu’il n’est pas, pour l’heure, favorable à une partition. "Nous devons gagner notre indépendance économique" d’abord, souligne-t-il.
Car qui dit indépendance politique dit perte des subventions fédérale. Charge alors pour le Kurdistan de produire suffisamment de pétrole pour compenser le vide.
Au même moment à Erbil, certains doutent que le résultat des élections change quoi que ce soit.
"Je ne m’attends pas à un grand changement", soupire Zhilwan, 38 ans, professeur à l’université de Salaheddine. "Ce sera juste un nouveau groupe qui s’enrichira à la place d’un autre".

(29-04-2014)

Irak : 10 morts, 20 blessés, dans un double attentat contre un marché

Au moins dix personnes sont mortes mardi dans un double attentat contre un marché de l’est de l’Irak, a indiqué un colonel de police à la veille des élections législatives.
Les deux bombes ont explosé vers 10H00 locales (07H00 GMT) à Saadiyah, près de la ville de Khanaqin, où 30 personnes sont mortes dans un attentat suicide lundi.
Saadiyah est située dans une zone disputée, la région autonome du Kurdistan irakien voulant l’intégrer à son territoire, ce que le pouvoir central à Bagdad refuse catégoriquement.
Les insurgés profitent régulièrement du manque de communication entre forces de sécurité kurdes et arabes dans ces régions pour mener des attaques.
Cette attentat intervient à la veille des élections législatives, les premières depuis le départ des troupes américaines du pays fin 2011. Le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, brigue un troisième mandat.
Le scrutin se tient dans un pays pris depuis plusieurs mois dans une spirale de violences que nul ne parvient à juguler. Près de 3000 personnes sont mortes dans des attaques depuis le début de l’année.
Lundi seulement, au moins 57 personnes ont péri dans une série d’attentats visant notamment les forces de sécurité, qui votaient deux jours avant le reste de l’Irak, afin de pouvoir surveiller le scrutin.


 (29-04-2014)

Syrie : l’ONU sommée d’imposer le passage des secours

Une trentaine d’éminents juristes internationaux ont adressé mardi une lettre ouverte à l’ONU lui demandant d’imposer le passage vers la Syrie de convois humanitaires venant de Turquie ou de Jordanie, afin de secourir plus rapidement les civils syriens. Le Conseil de sécurité a adopté en février la résolution 2139 qui demande au régime syrien d’autoriser ces opérations de secours transfrontalières, mais Damas renâcle. Les signataires considèrent que l’ONU a le droit d’imposer ce passage transfrontalier au nom du droit humanitaire. Ils déplorent que l’ONU "ne procède pas à ces opérations vitales de crainte que certains États membres ne les jugent illégales" et ils critiquent "une interprétation trop prudente du droit international humanitaire".
Le Conseil doit examiner mercredi un rapport du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon soulignant que la résolution 2139 n’est pas appliquée, ni par le régime ni par l’opposition, et qui demande au Conseil d’agir. "L’ONU et d’autres agences humanitaires affirment depuis longtemps qu’il n’est possible d’accéder à des centaines de milliers de civils qu’à partir de pays voisins tels que la Turquie et la Jordanie", souligne la lettre ouverte, qui doit être publiée dans le Guardian britannique et Al-Hayat. "Le droit international humanitaire dispose sans équivoque qu’une action humanitaire impartiale doit être entreprise là où une population civile a besoin d’une aide vitale", ajoutent les signataires.
"Nous jugeons qu’il n’existe aucun obstacle juridique empêchant l’ONU de procéder directement à des opérations humanitaires transfrontalières et d’apporter son soutien aux ONG afin qu’elles en effectuent également", ajoutent-ils. Ils font valoir en particulier "que les parties ne peuvent refuser leur consentement que pour des motifs légaux valables", comme des opérations militaires sur le trajet proposé pour l’acheminement de l’aide. "Elles ne peuvent dès lors légitimement refuser leur consentement pour affaiblir la résistance de l’ennemi, réduire les civils à la famine ou empêcher la délivrance de soins médicaux", expliquent-ils.
Les juristes reconnaissent que les organisations humanitaires "s’exposeront à d’énormes risques en effectuant des opérations d’aide transfrontalières et il se peut qu’elles refusent de le faire". Mais celles qui sont "impartiales, désireuses et capables d’entreprendre" de telles actions peuvent "légitimement" le faire. La lettre est adressée à Ban Ki-moon, aux États membres de l’ONU et aux principales agences humanitaires (Unicef, PAM, OMS, HCR, UNRWA). Parmi les signataires figurent Richard Goldstone (Afrique du Sud), ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, William Schabas, professeur de droit international à la Middlesex University britannique, l’ancien ministre de la Justice canadien Irwin Cotler, l’Américaine Leila Nadya Sadat, conseillère spéciale auprès de la procureur de la Cour pénale internationale, et le Pr Alain Pellet (université Paris-Ouest/Nanterre), ancien président de la Commission du droit international de l’ONU.

Israël/Palestine : Du côté de Nabi Saleh

Soldats des forces d’occupation en faction après une manifestation palestinienne hebdomadaire contre la colonie juive dans le village de Nabi Saleh, en Cisjordanie, le 25 avril 2014.
(Photo correspondant d’Assawra)

Israël/Palestine : Une nouvelle mosquée vandalisée

Un graffiti anti-musulman a été retrouvé sur les murs d’une mosquée à Fureidis dans le nord d’Israël, a annoncé mardi un porte-parole de la police.
"Des inconnus ont tracé une étoile de David et inscrit sur un mur extérieur du bâtiment ++fermez les mosquées et ouvrez des yéchivot++", des séminaires d’études juives, a précisé à l’AFP le porte-parole Micky Rosenfeld.
"Des pneus de plusieurs voitures garées à proximité ont également été crevés", a ajouté le porte-parole.
Selon lui, ces actes "criminels commis pour des motifs nationalistes sont extrêmement graves".
Le 18 avril, un graffiti anti-arabe avait été retrouvé sur les murs d’une autre mosquée à Oum al-Faham, une ville située également dans le nord d’Israël.
Des colons extrémistes ainsi que des activistes d’extrême droite se livrent, sous l’appellation du "Prix à payer", à des agressions visant des villageois palestiniens ou arabes israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, des militants pacifistes israéliens, voire l’armée, en réaction à des décisions gouvernementales qu’ils jugent hostiles à leurs intérêts ou des actes attribués à des Palestiniens.
Début avril, des graffitis anti-chrétiens avaient été retrouvés sur les murs du monastère de Notre-Dame de Palestine, à l’ouest de Jérusalem.

Egypte : Washington réclame l’annulation de 1200 condamnations à mort

Les Etats-Unis ont dénoncé avec force lundi les condamnations à mort de près de 700 islamistes présumés en Egypte et ont appelé Le Caire à annuler ces peines ainsi que celles imposées fin mars contre plus de 500 autres.
Simultanément, le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmy, en visite à Washington, a prévenu que les relations de son pays avec les Etats-Unis demeuraient difficiles.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a dénoncé "le verdict d’aujourd’hui, comme celui du mois dernier" comme "un défi aux règles les plus élémentaires de la justice internationale".
Il a fustigé un "précédent dangereux".
"Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par le recours continuel aux procès et aux condamnations de masse en Egypte, et particulièrement les condamnations à mort de 683 accusés aujourd’hui" lundi, a écrit M. Carney dans un communiqué.
"Ce verdict est totalement incompatible avec les obligations de l’Egypte en termes de droits de l’homme", a-t-il poursuivi. "Les dirigeants égyptiens doivent prendre position contre ces mesures illogiques (...) et reconnaître que la répression de la contestation pacifique ne fera que nourrir l’instabilité et les radicalisations que l’Egypte dit vouloir empêcher".
"Nous pressons le gouvernement égyptien de mettre fin aux procès de masse, d’annuler les condamnations (de lundi) et les précédentes (du 24 mars), et de faire en sorte que tous les citoyens bénéficient d’un procès équitable".
Le département d’Etat a lui aussi dénoncé ces nouvelles condamnations "insensées" visant les partisans des Frères musulmans du président islamiste destitué Mohamed Morsi.
Lundi soir, l’ambassade d’Egypte à Washington a répondu à ces "déclarations critiques des Etats-Unis" que la justice égyptienne était indépendante et que ces condamnations étaient susceptibles d’être interjetées en appel.
Dans la journée, le chef de la diplomatie égyptienne avait défendu son régime installé par l’armée devant un centre de recherches de Washington, avant d’être reçu mardi par le secrétaire d’Etat John Kerry.
M. Fahmy a reconnu que les liens entre Le Caire et Washington, alliés depuis 35 ans, avaient été mis à mal depuis la révolution de février 2011 ayant renversé Hosni Moubarak, suivie par l’élection au printemps 2012 du président Morsi renversé à son tour en juillet 2013 par les militaires.
Les relations ont connu et "pourraient connaître encore des périodes de turbulences", a dit M. Fahmy, ancien ambassadeur aux Etats-Unis. "Mais il est dans l’intérêt des deux pays de revigorer les fondements uniques de la relation Egypte/Etats-Unis, laquelle semble être à la dérive ces dernières années", a plaidé le diplomate.
Pour ce faire, Washington "doit reconnaître l’existence d’une nouvelle Egypte avec un peuple vigoureux et exigeant (...) qui n’acceptera pas de pression extérieure", a mis en garde M. Fahmy.
Les Etats-Unis ont partiellement levé la semaine dernière le gel de leur aide militaire au Caire de 1,3 milliard de dollars par an, imposé après le renversement du président Morsi et la répression de ses partisans.
Washington a invoqué la nécessaire lutte commune contre le "terrorisme", mais a assuré qu’il continuerait à tancer l’Egypte pour son mauvais bilan en matière de droits de l’homme.

Israël/Palestine : près de 14 000 logements approuvés dans les colonies durant les 9 mois de négociations

Israël a approuvé la construction de 13 851 logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est durant les neuf de mois impartis aux négociations avec les Palestiniens qui arrivent à échéance mardi sans résultat, a indiqué La Paix maintenant. Selon cette ONG, opposée à la colonisation, ces chiffres, qui portent sur une moyenne de 50 logements approuvés par jour, sont sans "précédent" par leur ampleur. La Paix maintenant précise dans un communiqué que durant les neuf derniers mois, les autorités israéliennes ont promu des projets de construction portant sur 8 983 logements dont 6 661 dans les colonies de Cisjordanie et le reste dans les quartiers de colonisation de Jérusalem-Est annexée.

Par ailleurs, 4 868 appels d’offres pour la construction d’habitations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ont été émis durant cette même période. "Ces chiffres montrent mieux que tout que le gouvernement de Benyamin Netanyahou n’a pas été sérieux durant ces négociations et a tout fait sur le terrain pour rendre impossible une solution de deux États pour deux peuples", a affirmé Yariv Oppenheimer, le directeur de La Paix maintenant. Les négociations israélo-palestiniennes relancées en juillet dernier sous les auspices du secrétaire d’État américain John Kerry devaient s’achever le 29 avril et déboucher sur un accord, mais elles ont abouti à une impasse totale.

lundi 28 avril 2014

Égypte : Une vaste nécropole et cinquante momies découvertes

Une "immense" nécropole avec près de cinquante momies ou restes de momies, notamment de princesses et princes de la XVIIIe dynastie des pharaons (1550-1292 av. J-C.), a été mise au jour en Égypte dans la vallée des Rois, a annoncé lundi le ministère des Antiquités. Découverte dans la province de Louxor, dans le sud, "l’immense nécropole contient des restes de momies qui pourraient être celles de membres de la famille régnante, en particulier des fils des rois Thoutmôsis III et Thoutmôsis IV de la XVIIIe dynastie", selon un communiqué du ministère, qui a mené les fouilles conjointement avec une mission archéologique de l’université suisse de Bâle.

Des restes de sarcophages en bois et de masques mortuaires ont été découverts sur les lieux, ainsi que des vases canopes, ou morceaux de canopes, ces récipients dans lesquels étaient déposés les viscères des défunts après leur embaumement. L’examen par la mission suisse des inscriptions sur les canopes a permis d’identifier plus de trente noms de personnes enterrées dans la nécropole, notamment des princesses aux noms jusqu’alors inconnus, assure Mohamed Ibrahim, le ministre des Antiquités, dans le communiqué.

La nécropole est située à l’extrémité nord-ouest de la vallée des Rois, plus loin que la tombe de Toutânkhamon, explique de son côté le responsable des Antiquités à Louxor, Abdelhakim Karar, selon qui l’importance de cette découverte réside surtout dans le fait que de nouveaux noms de princesses ont été révélés, mais aussi qu’elle ait eu lieu dans la vallée des Rois - dont on croyait que tous les secrets avaient été dévoilés. Quelques-unes des cinquante momies, dont certaines en très bon état, sont celles de nouveau-nés, affirme une responsable de la mission suisse dans le communiqué. Certains masques et canopes révèlent aussi que la vallée des Rois avait non seulement servi aux familles royales, mais aussi aux familles de prêtres postérieurement. La nécropole a été pillée à plusieurs reprises dans l’Antiquité, selon le communiqué.

Algérie : le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, nommé Premier ministre

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a nommé lundi son directeur de campagne Abdelmalek Sellal, 65 ans, au poste de Premier ministre, a annoncé la présidence dans un communiqué. Cette nomination est la première décision prise par le président Bouteflika, quelques heures après sa prestation de serment pour un quatrième mandat. Monsieur Sellal avait déjà occupé cette fonction de septembre 2012 à mars 2014, avant de démissionner pour diriger la campagne électorale de M. Bouteflika.

Israël : 5 à 7 ans de prison requis contre l’ex-Premier ministre Olmert

Le parquet israélien va requérir une peine de cinq à sept ans de prison ferme contre l’ancien Premier ministre Ehud Olmert, reconnu coupable de corruption en mars, a indiqué lundi à l’AFP une source judiciaire.
"L’Etat a l’intention de requérir contre Ehud Olmert entre 5 et 7 ans de prison, dans la principale affaire de corruption et une peine de 2 à 4 ans dans la seconde affaire", a précisé à l’AFP cette source au ministère de la Justice, soulignant que ces réquisitions devant le tribunal de Tel-Aviv n’étaient pas encore définitives.
Ehud Olmert, 68 ans, l’un des hommes politiques les plus chevronnés du pays, était considéré comme un rival potentiel du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’il avait pu faire son retour sur la scène politique, qui paraît désormais compromis.
"Cette réquisition est excessive et totalement infondée", a commenté le porte-parole de l’accusé, Amir Dan, cité par le site d’information Ynet.
M. Olmert a été reconnu le 31 mars coupable d’avoir touché des pots-de-vin dans le cadre d’un énorme scandale immobilier à Jérusalem alors qu’il était maire de la ville (1993-2003). Il a également été condamné pour faux témoignage pour avoir tenté de ternir la réputation du témoin principal de l’accusation.
Il a été condamné avec 12 autres anciens hauts responsables de la municipalité. Trois coprévenus ont en revanche été relaxés.
Selon les médias israéliens, le parquet pourrait également requérir une amende de 1,2 million de shekels (environ 250.000 euros) contre l’ancien Premier ministre.
Mêlé à plusieurs affaires de corruption, M. Olmert n’avait pour l’instant été condamné qu’à une peine de prison avec sursis en septembre 2012 pour abus de confiance.

Israël/Palestine : Israël et Palestiniens consomment la rupture des négociations

Israël et les Palestiniens apparaissaient lundi déterminés à consommer leur rupture, à la veille de la date butoir des négociations de paix parrainées par l’administration américaine, une échéance de toute façon jugée irréaliste depuis plusieurs mois.
Tirant la leçon de neuf mois d’efforts infructueux et de multiples navettes, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a mis en garde Israël contre le risque de devenir un "Etat d’apartheid avec des citoyens (arabes, NDLR) de seconde classe" en cas d’échec de la solution à deux Etats.
M. Kerry, qui a fait ces déclarations lors d’une réunion à huis clos vendredi, a néanmoins estimé prématuré d’enterrer le processus de paix, rapporte le site d’information américain Daily Beast.
L’émissaire américain Martin Indyk est d’ailleurs reparti dimanche pour des consultations à Washington, à la suite de la suspension des discussions par le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 24 avril, selon les médias israéliens.
Les Palestiniens ont également pris acte de cette suspension, au lendemain de la conclusion d’un nouvel accord de réconciliation entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) du président Mahmud Abbas et le Hamas, au pouvoir à Gaza, qui ne reconnaît pas Israël. Cet accord prévoit la formation d’un gouvernement transitoire de consensus composé de personnalités indépendantes.
"Pendant les pourparlers, la division était une arme utilisée tous les jours par Israël qui demandait ce que nous ferions au sujet de Gaza", a expliqué le négociateur palestinien Saëb Erakat à la radio officielle Voix de la Palestine. "Quand nous avons commencé à y remédier par la réconciliation, Israël a exploité cela en disant que les efforts de paix étaient incompatibles avec la réconciliation. Si on ne peut faire la paix ni sans Gaza ni avec Gaza, c’est qu’il y a un objectif d’Israël : ne pas faire la paix. Ils veulent tuer la solution à deux Etats", a-t-il accusé.
Le Conseil central palestinien, une instance dirigeante de l’OLP, a adopté dimanche un plan prévoyant la poursuite des démarches d’adhésion à une soixantaine d’instances de l’ONU et accords internationaux, après l’admission de la Palestine début avril à 15 conventions et traités internationaux. La direction palestinienne estime que le refus d’Israël de libérer le 29 mars comme prévu un dernier contingent de prisonniers, exigeant une prolongation des négociations au-delà du 29 avril, l’a déliée de son engagement à suspendre de telles initiatives jusqu’à la fin des pourparlers. Israël a pour sa part gelé les projets de construction de logements palestiniens dans les 60% de la Cisjordanie occupée sous son contrôle total pour sanctionner les démarches des Palestiniens dans l’arène internationale.
Le général Yoav Mordehaï, chef de l’administration militaire israélienne, a confirmé dimanche ce gel, qui concerne une série de projets précédemment avalisés par le ministre de la Défense Moshé Yaalon.
"Ces projets portaient sur la construction d’environ 600 logements ainsi que sur la légalisation d’habitations érigées sans permis", a précisé un officier du ministère de la Défense.
L’administration militaire a également gelé cinq projets non autorisés soutenus par des fonds étrangers : un terrain de jeux financé par le gouvernement italien, la modernisation de puits avec un financement suédois, la distribution dans deux cas de tentes par l’ONU ainsi que d’abris par une ONG française.
Le député Tzahi Hanegbi, un proche de Netanyahu, a approuvé la volonté exprimée par le président américain Barack Obama de faire une "pause" dans les discussions. "Il faut attendre de comprendre la signification de l’accord de réconciliation palestinien", a déclaré M. Hanegbi.
"Israël doit agir avec retenue, intelligemment et ne pas faire le jeu des Palestiniens en les aidant à sortir du piège dans lequel ils sont tombés", a-t-il ajouté.
Il a ainsi rejeté l’idée d’une annexion des 60% de la Cisjordanie sous contrôle total israélien prônée par Naftali Bennett, ministre de l’Economie et chef du "Foyer juif", un parti pro-colonisation, ainsi que par celui des Communications, Gilad Erdan, autre proche de M. Netanyahu.
Un dirigeant du Hamas, Moussa Abu Marzuk, en charge du dossier de la réconciliation, a rappelé lundi que "le prochain gouvernement ne serait pas politique", dans un discours à Gaza.
Cet exécutif non partisan aura pour missions principales de restructurer les services de sécurité, préparer des élections dans un délai de six mois et de reconstruire la bande de Gaza, comme le prévoient les précédents accords de réconciliation signés au Caire en 2011, a-t-il indiqué.

Palestine : Parkour in Gaza

A Palestinian youth practises his parkour skills at a refugee camp in Gaza City.
(Photo by Mohammed Salem, Monday 28th April 2014)

Algérie : Bouteflika entame son 4e mandat à la tête du pays

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, a prêté serment lundi pour entamer un 4e mandat un an après avoir été victime d’un AVC qui avait laissé entrevoir une possible fin de règne.
Vêtu d’un costume trois pièces bleu et d’une cravate rouge, tassé dans son fauteuil roulant comme lors de l’élection du 17 avril, la main droite sur le Coran, il a répété d’une voix faible un texte d’une dizaine de lignes lu par le président de la Cour suprême, Slimane Boudi.
Devant les hauts cadres de la nation, les diplomates en poste à Alger et de nombreux invités, il a ensuite lu une brève allocution en buttant sur les mots.
M. Bouteflika, réélu avec 81% des voix, a "remercié les électeurs pour leur soutien", se félicitant que "le 17 avril [ait été] jour de démocratie et de fête pour l’Algérie."
Il a, en outre, rendu hommage à la police, aux militaires, aux fonctionnaires et observateurs qui ont "permis le bon déroulement de l’élection" ainsi qu’aux autres candidats à la présidentielle.
Avant de prêter serment, il a assisté, les mains sur les genoux, à un défilé des différents corps de l’armée à l’extérieur du Palais des nations, à Club des Pins, en bord de mer.
Dans les couloirs du palais, il a serré la main au président du Conseil constitutionnel Mourad Medelci et aux membres du gouvernement.
M. Bouteflika a ensuite été accueilli par une salve de youyous dans une salle où étaient massés les nombreux invités : ministres, parlementaires, diplomates, chefs militaires, hauts cadres de l’Etat, artistes qui ont entendu l’hymne national après la déclaration du président.
La cérémonie aura duré au total une trentaine de minutes. Elle a été boudée par l’opposition qui avait appelé à boycotter le scrutin du 17 avril auquel ont participé seulement la moitié des électeurs algériens.
Parmi les absences remarquées, celle de son malheureux adversaire Ali Benflis, qui a recueilli 12% des voix et refusé de reconnaître la victoire de M. Bouteflika qu’il juge entachée d’une fraude à grande échelle.
Se présentant comme le "vainqueur politique et moral" de l’élection, M. Benflis a accusé le vainqueur proclamé d’avoir fixé lui-même les scores à attribuer à chacun des six candidats.
Ce nouveau quinquennat de M. Bouteflika après quinze ans à la tête de l’Etat aura été long à se dessiner. Affaibli par un ulcère hémorragique fin 2005 qui l’a conduit à réduire progressivement ses activités, il a été fragilisé par un AVC il y a un an presque jour pour jour.
Pendant son hospitalisation qui aura duré près de trois mois au Val-de-Grâce à Paris, les rumeurs de son décès n’ont pas cessé de se propager et la question de sa succession fut posée. Des opposants ont même souhaité la mise en oeuvre d’une disposition de la Constitution prévoyant son incapacité à finir son mandat.
Rentré à Alger en plein avec les séquelles de son AVC, il démontra immédiatement qu’il restait à la manoeuvre en effectuant d’importants changements dans les services de renseignements et dans le gouvernement où il plaça ses plus proches aux postes les plus sensibles.
Ce furent les premiers signes d’une volonté de briguer un quatrième mandat, annoncée finalement le 22 février après une crise au sommet de l’Etat.
Désormais réélu, celui qui a été l’artisan de la réconciliation nationale après une décennie de guerre civile, entend poursuivre cette oeuvre.
La réconciliation nationale "reste ma priorité", a-t-il affirmé dans une déclaration écrite distribuée à la presse.
"En même temps, la loi sanctionnera tout acte terroriste contre la sécurité des citoyens et des biens", a-t-il averti, observant que "dans notre sous-région qui traverse une conjoncture difficile, nous demeurons un partenaire loyal pour la lutte contre le terrorisme".
Dans l’immédiat, M. Bouteflika devrait nommer un gouvernement vraisemblablement dirigé par Abdelmalek Sellal qui reprendra cette fonction abandonnée en mars pour diriger la campagne électorale présidentielle.

Syrie : Bashar el-Assad candidat à l’élection présidentielle...

Le "président" syrien Bashar el-Assad a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle du 3 juin, un scrutin qualifié de "farce" par l’opposition et l’Occident et qui doit aboutir sans surprise à sa réélection.
"Moi, le citoyen Bashar Hafez el-Assad, souhaite me porter candidat au poste de président de la République syrienne", a-t-il indiqué dans une lettre lue par le président du Parlement Mohammad al-Lahham. Bashar el-Assad, au pouvoir depuis 2000, est engagé depuis trois ans dans une guerre sanglante contre les rebelles qui veulent sa chute. Septième candidat à se présenter, le président de 48 ans, dont la famille dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de quarante ans, doit être réélu au terme de ce scrutin qui sera organisé dans les zones contrôlées par le régime.
Début mars, le Parlement syrien a voté une loi qui exclut de facto une participation de l’opposition en exil à la prochaine présidentielle et ouvre la voie à la réélection de Bashar el-Assad, dont le départ est la principale revendication de l’opposition. "Je demande à l’ensemble des citoyens syriens de s’abstenir de tirer en l’air en signe de joie, quelle que soit l’occasion, d’autant plus que la Syrie va connaître les premières élections de son histoire moderne", a affirmé le président Assad, cité par la présidence. "Ceux qui souhaitent exprimer leur joie et leur soutien à tout candidat à la présidentielle doivent se comporter avec un sens de la responsabilité nationale et en se rendant aux urnes à la date fixée", a-t-il ajouté. La guerre en Syrie a fait plus de 150 000 morts et plus de neuf millions de déplacés et de réfugiés.

Irak : le scrutin des forces de sécurité endeuillé par des attentats

Le scrutin anticipé des forces de sécurité irakiennes a été endeuillé lundi par une série d’attentats qui a fait au moins 20 morts, laissant présager le pire pour les élections générales de mercredi.
Soldats et policiers votent deux jours plus tôt, pour pouvoir surveiller les législatives, les premières depuis le départ des troupes américaines fin 2011. Le précédent scrutin, en 2010, avait été frappé par plusieurs attaques, faisant près de 40 morts et des dizaines de blessés, mais depuis, l’Irak s’est enfoncé dans une nouvelle spirale de violences.
Près de 600 soldats et policiers ont été tués en 2014, et nul ne parvient à contenir les violences, qui ont fait en tout près de 3.000 morts.
Dès l’ouverture des bureaux de vote à 07H00 locales (04H00 GMT), soldats et policiers s’alignaient devant les écoles de Bagdad et du reste du pays, avant de repartir le doigt marqué de la traditionnelle encre violette indiquant "a voté".
"Les Irakiens veulent du changement. Le gouvernement doit changer, car il a échoué dans les grandes largeurs", lance Jawad Kadhem, un sous-officier de police qui attend devant un bureau de vote du centre de Bagdad, sanglé dans son uniforme.
Craignant une escalade à l’approche du vote, les autorités ont décrété 5 jours fériés —de dimanche à jeudi— pour tenter de sécuriser le scrutin, auquel un peu plus de 20 millions d’électeurs sont inscrits. Mais ces élections anticipées entachées de violences, laissent présager un mercredi noir.
A travers le pays, au moins 20 membres des forces de sécurité ont péri.
La majorité des attaques a visé des bureaux de vote, mais des convois de l’armée ont également été pris pour cible, faisant des dizaines de blessés, selon des sources policières et médicales.
L’attaque la plus meurtrière, un attentat suicide contre un bureau de vote dans l’ouest de Bagdad, a tué au moins 7 policiers et blessé 15 personnes. A Kirkouk, un kamikaze a fait détoner sa charge dans un bureau de vote, tuant six policiers, selon des responsables de sécurité. En outre, au moins six journalistes irakiens ont été blessés dans l’attaque du bus qui les transportait vers un bureau de vote de Mossoul.
Plus de 9000 candidats sont en lice pour 328 sièges de députés.
Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, candidat à un troisième mandat, est donné favori, en l’absence d’un véritable challenger et sur fond de divisions dans l’opposition.
Mais dans certaines zones du pays, tombées aux mains d’insurgés dont des jihadistes radicaux, les élections ne pourront probablement pas se tenir. Outre l’insécurité grandissante, les Irakiens sont aussi lassés du chômage, de la corruption et du manque criant de services publics.
"Je suis venu voter pour le bien de l’Irak, et pour chasser ceux qui n’ont pas servi le pays", explique Ahmed, un policier rencontré dans la file d’attente d’un bureau de vote de Bagdad, et qui refuse de donner son nom complet.
"Le Parlement n’a rien fait", renchérit le général de brigade Yahiya Saad Yahyia, 56 ans, un ancien soldat de l’armée de Saddam Hussein désormais employé au ministère de l’Intérieur.
Les députés irakiens n’ont approuvé que très peu de projets de loi depuis 2010.
La spirale de violences a placé la situation sécuritaire au centre des débats, M. Maliki et son parti, l’Alliance pour l’Etat de droit, faisant campagne sur la nécessité de s’unir derrière le gouvernement pour mettre fin au bain de sang.
Il "utilise la crise sécuritaire pour détourner le débat de l’insatisfaction de la population vis-à-vis du gouvernement", explique Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy.
"S’il réussit, la crise sécuritaire pourrait lui être très bénéfique", pronostique M. Knights.
En plus des quelque 800 000 membres des forces de sécurité, les malades hospitalisés, le personnel médical, les prisonniers et leurs gardiens votent également lundi.
Les Irakiens de l’étranger, qui ont commencé à voter dimanche dans 19 pays, ont jusqu’à lundi soir pour se rendre aux urnes.

Egypte : peine de mort pour près de 700 pro-Morsi

Le chef des Frères musulmans en Egypte Mohamed Badie a été condamné à mort lundi en même temps que quelque 700 partisans présumés du président islamiste destitué Mohamed Morsi.
Le même tribunal, dans la ville de Minya, dans le centre du pays, a par ailleurs commué en prison à vie la majeure partie des peines capitales qu’il avait prononcées il y a un mois pour plus de 500 autres partisans de la confrérie.
Ces personnes jugées dans les plus grand procès de masse de l’Histoire récente, selon l’ONU qui s’en était ému fin mars, sont accusées d’avoir participé à des manifestations violentes à Minya, le 14 août, le jour même où quelque 700 manifestants pro-Morsi tombaient sous les balles des policiers et soldats au Caire.

Arabie Saoudite : le nombre de décès lié au Coronavirus MERS en Arabie franchit la barre des 100

Les décès dus au coronavirus MERS ont dépassé la barre des 100 dimanche en Arabie saoudite, alimentant l’inquiétude de la population face à cette mystérieuse maladie dont on ignore le mode de transmission.
Le ministère de la Santé a annoncé dimanche soir le décès de huit nouvelles personnes, dont un nourrisson de neuf mois, ce qui porte à 102 le nombre de morts depuis juin 2012 dans le royaume, principal foyer de la maladie dans le monde.
Les décès se sont accélérés : 15 au cours de ce week-end, et 39 depuis le début du mois d’avril.
Huit nouveaux cas de personnes contaminées ont par ailleurs été signalés dimanche soir, parmi lesquels figurent deux médecins —un Syrien et un Egyptien— et deux infirmières philippines d’un même hôpital de Tabouk (nord-ouest), selon le ministère.
La propagation du virus a commencé à provoquer un début de panique, notamment à Jeddah, deuxième ville du royaume (ouest) où les habitants se sont rués sur les pharmacies pour acheter des masques.
"La demande sur les masques a augmenté de 1000% au cours des deux dernières semaines. Tous nos stocks ont été épuisés", a déclaré un pharmacien de la ville à l’AFP.
Beaucoup de parents ont cessé d’envoyer leurs enfants à l’école, d’autant que l’on ignore toujours comment le virus se transmet.
"J’ai préféré garder ma fille de six ans à la maison. Il vaut mieux prendre ses précautions car nous apprenons chaque jour qu’il y a de nouveaux cas", a expliqué Oum Mountaha, une mère de famille.
Pour sa part, Abdallah, un traducteur, a affirmé qu’il continuerait à envoyer ses enfants à l’école, "sauf si le ministère de l’Education décide de suspendre les cours". En attendant, les écoles ont demandé aux parents de munir leur enfants de masques et de désinfectants.
Plus tôt en avril, la multiplication des cas à Jeddah avait entraîné la fermeture pour 24 heures du service des urgences de l’hôpital du roi Fahd, le plus grand de la ville.
C’est dans ce contexte que le ministre de la Santé, Abdallah al-Rabiah, a été relevé de ses fonctions lundi dernier.
Le ministre du Travail Adel Faqih, chargé de l’intérim, a annoncé samedi que trois centres médicaux seraient désormais chargés de recevoir les personnes contaminées par le virus : un à Jeddah, un à Ryad et le dernier dans la province orientale du royaume où les premiers cas étaient apparus.
La maladie ne semble pas pour le moment inquiéter les fidèles qui affluent dans la ville sainte de La Mecque (ouest) pour effectuer le rite de la Omra (petit pèlerinage).
Un responsable du ministère du Pèlerinage, Abdallah Al-Marghalani, a assuré à la presse que "le ministère n’a pas reçu de demandes d’annulation des réservations pour La Mecque" de la part de groupes et que le nombre de pèlerins n’avait pas diminué.
Le coronavirus MERS est considéré comme un cousin plus mortel mais moins contagieux du virus responsable du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003.
Comme lui, il provoque une infection des poumons, et les personnes touchées souffrent de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires. A la différence du SRAS cependant, il génère une défaillance rénale.
Il n’existe pour l’heure aucun vaccin ou traitement préventif contre le MERS.
Le ministère saoudien de la Santé a demandé à cinq firmes pharmaceutiques mondiales de collaborer avec lui pour tenter, sur la base des informations disponibles sur la maladie, de mettre au point un vaccin.
A la mi-avril, les autorités saoudiennes avaient estimé qu’il était trop tôt pour établir un lien direct entre le coronavirus MERS et les chameaux comme le suggèrent des études scientifiques.
Mais l’Organisation mondiale de la Santé a souligné qu’un homme de 64 ans décédé le 30 mars aux Emirats avait été exposé à des animaux et s’était notamment rendu dans deux élevages de chameaux en Arabie saoudite et au sultanat d’Oman. Au total, 339 cas de contamination ont été enregistrés depuis juin 2012 en Arabie saoudite.
Le virus a également fait des morts aux Emirats arabes unis, au Qatar et en Jordanie. L’Egypte a annoncé samedi avoir enregistré son premier cas de contamination, chez une personne revenant d’Arabie saoudite.

Egypte : verdict attendu pour près de 700 pro-Morsi

Près de 700 partisans du président égyptien destitué Mohamed Morsi, dont le Guide suprême des Frères musulmans, connaîtront leur sort lundi devant un tribunal qui en a déjà condamné plus de 500 autres à mort fin mars, suscitant un tollé international.
Jugés pour des violences, ces 700 accusés attendent leur sentence dans un climat extrêmement délétère en Egypte, où une large majorité de la population, à l’unisson des médias quasi-unanimes, applaudit la répression des islamistes. Depuis la destitution de M. Morsi par l’armée le 3 juillet, cette répression a fait plus de 1.400 morts et 15.000 arrestations.
Le verdict de lundi sera rendu dans le gouvernorat de Minya (centre) par le même juge qui avait condamné à mort le 24 mars 529 islamistes après une seule audience, un verdict sans précédent dans l’histoire récente selon l’ONU et dénoncé unanimement par la communauté internationale.
Le lendemain, 683 autres accusés comparaissaient pour la première fois pour les mêmes violences survenues dans cette province le 14 août, journée la plus sanglante de l’histoire récente de l’Egypte. A cette date, policiers et soldats dispersaient deux rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant 700 morts et embrasant un pays déjà secoué par des violences quotidiennes depuis la destitution le 3 juillet de son seul président jamais élu démocratiquement.
A l’issue de cette unique audience, le juge a fixé le verdict à lundi. Une cinquantaine seulement des 683 accusés sont en détention —le reste a été libéré sous caution ou est en fuite. Parmi eux figure Mohammed Badie, guide suprême des Frères musulmans, la confrérie vieille de 85 ans qui avait remporté toutes les élections depuis la chute du président Hosni Moubarak début 2011, avant d’être déclarée "terroriste" en décembre.
Il encourt la peine de mort dans plusieurs autres procès et est incarcéré au Caire. Il n’avait d’ailleurs pas été amené devant la cour lors de la première audience. M. Badie est en outre cité dans un autre procès de masse pour violences à Minya, impliquant plus de 900 accusés et dont la date n’a pas encore été fixée.
Dans le procès des 500, conformément à la loi égyptienne, la peine de mort doit encore être validée par le mufti, représentant de l’islam auprès de l’Etat. Lundi, le juge doit ainsi annoncer si la peine capitale est validée ou non.
Mais, quelle que soit la décision finale, les experts judiciaires sont unanimes : ce verdict, susceptible d’appel, sera probablement annulé ou les peines commuées parce que le tribunal n’a respecté ni la procédure, ni les droits les plus élémentaires de la défense.
Selon Khaled ElKomy, coordinateur de l’équipe d’avocats qui défend les 529 condamnés à mort, 60% d’entre eux "ont des preuves démontrant qu’ils n’étaient pas présents lors de l’attaque du commissariat de Matay" pour laquelle ils ont écopé de la peine capitale.
Cité par le site de pétition Avaaz, il assure que "plus de 60 enseignants peuvent prouver qu’ils assuraient leurs cours au moment des violences, quatre médecins étaient à l’hôpital et d’autres peuvent prouver qu’ils étaient présents sur leur lieu de travail".
"Ceci n’est pas (un acte de) la justice, c’est une attaque haineuse des autorités contre des centaines de leurs citoyens dont les familles vivent le coeur brisé dans la terreur", a estimé le président d’Avaaz, Ricken Patel.
Le gouvernement intérimaire dirigé de facto par l’armée a toutefois défendu l’indépendance de la justice et affirmé que ces lourdes peines avaient été prononcées après "un examen attentif" du dossier. Un point sur lequel le procureur Abdel Rahim Abdel Malek a également insisté. "Nous avons des preuves solides contre tous les condamnés à mort", a-t-il assuré à l’AFP, "des vidéos, des témoignages, des documents prouvant que les Frères musulmans avaient appelé à attaquer des commissariats (...) en cas de dispersion des sit-in (...) et c’est ce qui est arrivé".
Depuis décembre, au moins 1.000 islamistes ont été condamnés à l’issue de procès de masse généralement expéditifs à des peines allant de six mois à la perpétuité, et, outre les 529 de Minya, deux au moins ont écopé de la peine de mort.

Egypte : Sissi appelle à une forte participation à la présidentielle

L’ex-chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi a invité dimanche les Egyptiens à voter en masse lors de l’élection présidentielle des 26 et 27 mai, pour laquelle il est donné grand favori.
M. Sissi fait face à un seul rival, le candidat de gauche Hamdeen Sabbahi, dans ce scrutin que les Frères musulmans, la confrérie du président destitué Mohamed Morsi, et d’autres formations islamistes ont décidé de boycotter dans un climat extrêmement délétère.
Depuis la destitution de M. Morsi par l’armée le 3 juillet, la répression des islamistes a fait plus de 1400 morts et conduit à quelque 15 000 arrestations. Des centaines d’entre eux comparaissent devant la justice dont M. Morsi lui-même et la plupart des dirigeants des Frères musulmans, formation déclarée "terroriste" par les autorités.
M. Sissi, artisan de l’éviction de M. Morsi, a fait cette déclaration, distribuée par son équipe de campagne, au cours d’une réunion avec des investisseurs du secteur du tourisme.
Il a appelé à "une participation sans précédent pour le prochain scrutin présidentiel, peu importe qui est le gagnant".
M. Sissi, qui a promis de relancer l’économie et de stabiliser le pays en proie à des troubles depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, a imputé à l’extrémisme religieux la baisse du tourisme, secteur clé de l’économie.
"Le secteur du tourisme a été sans cesse affecté au cours des 50 dernières années en raison d’un discours religieux n’ayant aucun lien avec l’évolution et la compréhension de l’époque", a-t-il dit.
Des groupes islamistes armés ont tué des dizaines de touristes dans des attentats en Egypte dans les années 1980 et 1990.
Et en février, trois Sud-Coréens ont péri dans un attentat suicide revendiqué par un groupe jihadiste, qui a dit riposter à la répression menée contre les islamistes et affirmé qu’il viserait des intérêts économiques.
Depuis la destitution de M. Morsi, des attentats ont en outre tué près de 500 policiers et soldats, selon le gouvernement.
L’état de l’"économie est l’un des obstacles les plus sérieux qu’affronte la société, et tous les autres problèmes y sont liés", a dit M. Sissi. "Améliorer le système de sécurité nécessite d’importantes ressources économiques", a ajouté le maréchal à la retraite.
L’économie égyptienne est exsangue, en raison d’une baisse des investissements et du tourisme.
Le budget de l’Etat est par ailleurs grevé par un système de subventions publiques aux produits de base, qui se révèle de plus en plus coûteux. Mais une réduction de ces subventions, qui entraînerait une hausse des prix, pourrait provoquer de nouveaux troubles, selon des responsables.

(27-04-2014)

Irak : Les Irakiens du Golfe ont commencé à voter pour les législatives

Les Irakiens vivant dans les pays arabes du Golfe ont commencé à voter dimanche pour les élections législatives dans leur pays dans deux centres électoraux à Dubaï et Abou Dhabi.
Ces Irakiens ont deux jours pour faire leur choix alors que le scrutin est organisé mercredi en Irak sur fond de violences continuelles.
"Il n’y a de centres électoraux qu’à Dubaï et Abou Dhabi", a déclaré à l’AFP Omar al-Hadith, responsable de la commission électorale irakienne, expliquant que les Irakiens résidant dans d’autres pays du Golfe étaient appelés à se rendre dans ces deux centres émiratis pour voter.
Il a précisé que le nombre d’Irakiens vivant aux Emirats arabes unis atteint les 52 000, dont 20 à 25 000 sont en âge de voter.
Dans la matinée, le bureau de vote de Dubaï n’était pas congestionné mais ses responsables ont affirmé s’attendre à une plus grande affluence plus tard dans la journée.
"Je veux voir mon pays se relever et reprendre sa position de leader", a déclaré après avoir voté Lina Muchtaq, une Irakienne qui vit aux Emirats arabes unis.
Pour sa part, Abdel Aziz Jassani, un homme d’affaires résidant à Dubaï, a souligné que le gouvernement qui sera issu de ces élections "aura à s’attaquer à de nombreux défis, notamment la sécurité mais également la santé et l’éducation".
Quelque 9000 candidats sont en lice pour 328 sièges de députés, dans un pays qui ne parvient pas à mettre un terme aux violences, onze ans après la chute de Saddam Hussein.

(27-04-2014)

Irak/Syrie : L’Irak revendique une attaque contre des jihadistes en Syrie

Des hélicoptères irakiens ont tiré dimanche sur un convoi jihadiste en territoire syrien pour l’empêcher d’entrer en Irak, tuant huit personnes, un message fort avant les élections législatives du 30 avril.
C’est la première fois que les autorités irakiennes revendiquent une attaque contre des jihadistes en Syrie en proie à une guerre dévastatrice entre rebelles, dont des jihadistes, et le régime.
Officiellement neutre dans ce conflit, l’Irak est sorti de sa réserve en mars, à l’approche du scrutin, le Premier ministre Nouri al-Maliki accusant les monarchies du Golfe, principaux alliés de la rébellion syrienne, de "soutenir le terrorisme".
Les hélicoptères de l’armée ont mené le raid dans l’est de la Syrie contre un convoi de camions qui s’approchait de la frontière irakienne pour "délivrer (en Irak) du carburant à l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL)", un groupuscule sunnite jihadiste, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé, Saad Maan.
L’attaque a été menée "sans coordination avec le régime syrien", a ajouté le général de brigade Maan, soulignant la responsabilité pour les Irakiens de "protéger la frontière", d’un côté comme de l’autre.
La porosité des 600 kilomètres de frontières qui séparent l’Irak de la Syrie a profité aux jihadistes de l’EIIL, qui ont fait de la région irakienne frontalière d’Al-Anbar leur base arrière.
Né en Irak après l’invasion américaine en 2003 et apparu en Syrie au printemps 2013, l’EIIL est haï par le reste de la rébellion syrienne à cause de la brutalité de ses méthodes à l’encontre des civils et son refus de coopérer avec les autres groupes dans la lutte contre le régime de Bashar al-Assad.
Chassé de plusieurs secteurs syriens par ses ex-alliés rebelles, l’EIIL s’est replié dans son bastion du nord, à Raqa. En Irak, il contrôle la ville de Fallujah, dans la province d’Al-Anbar, d’où l’armée n’est toujours pas parvenue à le déloger.
Le conflit syrien alimente la spirale de violences en Irak, en attisant des divisions confessionnelles déjà profondes. Des Irakiens aussi bien chiites que sunnites sont partis combattre en Syrie, au côté du régime pour les chiites et de la rébellion pour les sunnites.
Plusieurs incidents ont eu lieu à la frontière syro-irakienne. En septembre dernier, une fillette de 4 ans a été tuée dans la localité frontalière irakienne d’al-Qaïm par la chute d’obus tirés de Syrie. Deux semaines auparavant, des avions militaires syriens avaient brièvement pénétré l’espace aérien irakien pour bombarder des positions rebelles dans la ville frontalière syrienne de Boukamal.
L’Irak en outre accueille près de 40 000 réfugiés syriens dont quelque 25 000 enregistrés auprès de l’ONU.
L’approche des élections législatives n’a pas apaisé les tensions, multipliant au contraire les discours partisans, chaque candidat jouant sur les allégeances tribales et confessionnelles de ses électeurs.
La campagne électorale, qui s’achève lundi soir, a en outre été marquée par plusieurs attaques contre des bureaux de vote ou des meetings. L’une a visé vendredi une réunion d’une formation chiite (36 morts) et a été revendiquée par l’EIIL qui l’a présentée comme une riposte à "ce que les milices (chiites, ndlr) font en Irak et en Syrie : tuer et torturer les sunnites".
L’Irak est pris en tenaille entre l’Iran, principal allié régional du régime syrien, et l’Arabie saoudite, un soutien de la rébellion. Bagdad souhaite une solution politique en Syrie et rejette l’idée d’armer la rébellion, ce que souhaitent ardemment les monarchies du Golfe.
Même si Maliki, un allié de l’Iran, est donné favori pour un troisième mandat, le choix du futur Premier ministre -un chiite, selon un accord non écrit sur la répartition confessionnel du pouvoir- est devenu un enjeu régional majeur, vu la situation géopolitique importante de l’Irak par rapport à la Syrie.
La majorité des Irakiens sont chiites et ne voient pas d’un bon oeil l’idée de soutenir les rebelles sunnites en Syrie.

 (27-04-2014)

Yémen : des milliers de manifestants pour l’indépendance du Sud

Des milliers de Yéménites se sont rassemblés dimanche à Moukalla et à Aden pour commémorer le vingtième anniversaire de la guerre civile et réclamer l’indépendance du Sud qui était un Etat indépendant avant 1990.
"Nous revendiquons l’indépendance" a été le slogan clé de cette manifestation organisée à l’appel de la frange radicale du Mouvement sudiste conduite par Hassab Baoum.
"Nous jurons de ne plus accepter d’être gouvernés par Sanaa", a crié la foule en arborant les drapeaux de l’ancien Yémen du Sud sur une place de Moukalla, capitale de la province du Hadramout, dans le sud-est du Yémen.
Le 27 avril 1994, l’ancien président Ali Abdallah Saleh a déclaré la guerre aux Sudistes après une tentative de séparation, quatre ans après la fusion des deux Yémen en un seul pays.
L’armée nordiste avait écrasé cette tentative mais une partie de Sudistes, qui se sentent discriminés par le Nord, continuent de réclamer la renaissance de l’ancien Yémen du Sud.
La frange dure du Mouvement sudiste a boycotté le dialogue national au Yémen qui a abouti à l’adoption du principe d’un Yémen fédéral composé de six régions dont deux dans le Sud.
L’un des organisateurs de la manifestation Khaled al-Kuthaïri a réaffirmé à l’AFP le rejet par la faction de Hassan Baoum des résultats du dialogue national qui ne reconnaît pas, selon lui, le "droit du Sud à être libre et à reconstituer son Etat".
De son côté, l’un des activistes de la cause sudiste, Basser Bakazkouz, a déclaré que "le rassemblement est un message adressé au monde pour dire que le Sud est sous occupation depuis le début de la guerre en 1994".
Dans un communiqué, les organisateurs ont appelé à l’"unité des Sudistes pour faire face à l’occupation du Nord".
A Aden, la capitale de l’ancien Yémen du Sud, des milliers de séparatistes ont également manifesté mais ils ont été empêchés par les forces de l’ordre de se rassembler sur une place de la ville.
Une source au sein des services de sécurité a expliqué cette décision par la présence près du lieu de rassemblement de QG des forces de sécurité, de consulats étrangers et de bureaux d’organisations internationales.

(27-04-2014)

Libye : Seif al-Islam comparaît à son procès par vidéoconférence

Seif al-Islam, l’un des fils de l’ex-dirigeant libyen Muammar Kadhafi, a comparu dimanche par vidéoconférence devant la cour pénale de Tripoli qui doit le juger avec 36 autres proches de son père pour leur rôle dans la répression meurtrière de la révolte de 2011.
En tenue bleue de prisonnier, Seif al-Islam était interrogé depuis le tribunal de Zenten (ouest) où il est détenu depuis son arrestation par des rebelles en novembre 2011, peu après la chute du régime Kadhafi.
Les autorités judiciaires estiment que les conditions de sécurité ne permettent pas son transfert dans la capitale libyenne.
Alors que le juge lui demandait s’il avait un avocat ou s’il voulait choisir un, Seif al-Islam a répété : "Dieu est mon avocat".
La cour a fixé la prochaine audience au 11 mai, en décidant qu’un avocat serait commis d’office pour Seif al-Islam.
Sur les 37 accusés, seuls 22 se sont présentés devant la cour de Tripoli, dont l’ex-chef des renseignements de Muammar Kadhafi, Abdallah al-Senoussi, et son dernier Premier ministre, Baghdadi al-Mahmoudi.
Huit autres accusés, dont Mansour Daw, ex-chef de la sécurité intérieure sous le régime Kadhafi, ont comparu par vidéoconférence depuis la ville de Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli, où ils sont détenus.
Plus d’une dizaine de chefs d’accusations ont été retenus contre les accusés, inculpés en octobre notamment pour assassinats, pillages et sabotages, actes portant atteinte à l’union nationale, complicité dans l’incitation au viol et recrutement de mercenaires africains pour mater la rébellion.

(27-04-2014)

Israël/Palestine : Pour Netanyahu, pas de pourparlers de paix tant que le Hamas ne reconnaît pas Israël

Israël ne négociera pas la paix avec le nouveau gouvernement palestinien tant que le Hamas ne déclarera pas reconnaître l’Etat hébreu, a affirmé dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Celui-ci a dit dans une interview sur CNN que le mieux pour que des pourparlers de paix reprennent serait que le président palestinien Mahmud Abbas renonce à l’alliance avec le Hamas, le mouvement islamiste qui appelle à la destruction d’Israël. A défaut, une reconnaissance publique par le Hamas de l’Etat d’Israël pourrait ramener l’Etat juif à la table des négociations.
"Soit le Hamas renonce à la destruction d’Israël, adopte le chemin de la paix et dénonce la terreur, soit le président Abbas renonce au Hamas", a déclaré Netanyahu.
"Si l’un de ces deux événements se produisait, nous pourrions revenir à la table des négociations. J’espère qu’il renoncera à son alliance avec le Hamas et qu’il reviendra à la table des négociations, la balle est dans son camp", a ajouté le Premier ministre israélien.
Mercredi un accord palestinien de réconciliation signé à Gaza entre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Hamas islamiste prévoit la formation d’un gouvernement de "consensus national" et la tenue d’élections à la fin de l’année.
Dès l’annonce de cet accord, Netanyahu a suspendu les négociations en vue d’un accord de paix, qui avaient repris l’été dernier à l’initiative du secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Samedi, Mahmud Abbas a promis que le futur gouvernement d’union nationale palestinien composé de personnalités indépendantes, en accord avec le Hamas, rejetterait la violence, afin de rassurer la communauté internationale sur sa volonté de paix avec Israël.
Autre signe de bonne volonté du président palestinien, celui-ci a condamné dimanche la Shoah, "le crime le plus odieux qui soit survenu contre l’humanité pendant l’ère moderne", sa condamnation la plus forte du génocide juif à ce jour. Il a aussi appelé le gouvernement israélien à conclure une paix "juste" avec les Palestiniens.
Malgré la position ferme de Benjamin Netanyahu, son cabinet apparaît divisé face à ces derniers développements. Ainsi, la ministre de la Justice Tzipi Livni, principale diplomate en charge des négociations de paix avec les Palestiniens, a estimé qu’il était important d’attendre de voir quel visage le futur gouvernement d’union palestinien allait présenter.

(27-04-2014)

Israël/Palestine : Mahmoud Abbas a donné "le coup de grâce" au processus de paix (Netanyahou)

Mahmud Abbas a donné "le coup de grâce" au processus de paix, a affirmé samedi un communiqué officiel israélien, en réaction au discours du président palestinien devant la direction de l’OLP.
Dans son discours à Ramallah (Cisjordanie), M. Abbas a réaffirmé qu’il était prêt à prolonger les pourparlers de paix, comme le réclame Israël, mais à condition que le gouvernement israélien libère des prisonniers, gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien.
"Abu Mazen (le surnom de Mahmud Abbas) a recyclé les mêmes conditions tout en sachant déjà qu’Israël ne les accepterait pas", a indiqué le bref communiqué israélien. "Aujourd’hui il a administré le coup de grâce au processus de paix", a-t-il ajouté.
Dans ce communiqué, l’Etat hébreu a de nouveau accusé M. Abbas, chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), d’avoir noué une alliance avec le mouvement islamiste Hamas, "une organisation terroriste meurtrière qui appelle à la destruction d’Israël".
Aux termes d’un accord de réconciliation conclu mercredi, l’OLP et le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, sont convenus de former un gouvernement de "consensus national" que dirigera M. Abbas et qui sera composé de personnalités indépendantes.
Cette nouvelle tentative de réconciliation nationale palestinienne a provoqué la fureur d’Israël qui considère le Hamas comme un "groupe terroriste".

(26-04-2014)

Israël/Palestine : Abbas promet que le gouvernement d’union rejettera la violence

Le président Mahmud Abbas a promis samedi que le futur gouvernement d’union nationale palestinien composé de personnalités indépendantes, en accord avec le Hamas, rejetterait la violence, afin de rassurer la communauté internationale sur sa volonté de paix avec Israël.
"Le prochain gouvernement obéira à ma politique", a-t-il dit aux membres du Conseil central palestinien (CCP), une instance dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qu’il préside, réunis à Ramallah en Cisjordanie jusqu’à dimanche.
"Je reconnais l’Etat Israël, je rejette la violence et le terrorisme et je respecte les engagements internationaux", a-t-il assuré dans un discours de plus d’une heure, plus pédagogique que polémique.
Il se référait ainsi aux exigences du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) pour ouvrir le dialogue avec le Hamas : la reconnaissance d’Israël et des accords signés avec lui, et la renonciation à la lutte armée.
Aux termes d’un nouvel accord de réconciliation conclu mercredi, l’OLP et le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, sont convenus de former un gouvernement de "consensus national" que dirigera par M. Abbas et composé de personnalités indépendantes.
Ce dernier épisode de l’interminable feuilleton de la réconciliation nationale palestinienne, lancé il y a trois ans par une série d’accords restés pour l’essentiel lettre morte, a provoqué la fureur d’Israël qui considère le Hamas comme un "groupe terroriste".
En représailles, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a suspendu les pourparlers de paix relancés en juillet 2013 sous l’égide de Washington, déjà fort mal engagés, qui étaient censés aboutir à un accord de principe d’ici le 29 avril.
Le Hamas est opposé à ces négociations "futiles" et prône la "résistance armée" contre Israël.
M. Abbas a souligné, dans son discours, que, comme depuis le début du processus de paix il y a plus de 20 ans, les négociations avec Israël seraient menées non par le nouveau gouvernement, mais par l’OLP qui "représente l’ensemble du peuple palestinien".
A ce sujet, il a réaffirmé son opposition à l’exigence par Netanyahu d’une reconnaissance d’Israël par les Palestiniens comme "Etat du peuple juif", rappelant qu’ils reconnaissaient déjà l’Etat d’Israël depuis 1993.
"Nous n’accepterons jamais de reconnaître un Etat juif", a-t-il dit, relevant que cette exigence n’avait été présentée ni à l’Egypte ni à la Jordanie, les deux seuls pays arabes à avoir signé la paix avec Israël.
"Le (nouveau) gouvernement, lui, sera en charge de ce qui se passe à l’intérieur des Territoires palestiniens", a dit M. Abbas. L’OLP est reconnue internationalement comme "l’unique représentant du peuple palestinien" et, à ce titre, seule habilitée à négocier en son nom.
Le Hamas a qualifié le discours de M. Abbas de "positif" saluant notamment la "non-reconnaissance de l’Etat juif".
Le président palestinien a aussi répété qu’il était disposé à prolonger les pourparlers avec Israël au-delà de l’échéance du 29 avril mais à condition que le gouvernement Netanyahu libère des prisonniers, gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien.
Israéliens et Palestiniens ont multiplié les gestes d’hostilité depuis qu’Israël a refusé de relâcher comme prévu le 29 mars un dernier contingent de prisonniers, en réclamant une prolongation des négociations de paix jusqu’à la fin de l’année.
En réponse, M. Abbas a décidé d’adhérer à 15 agences et traités internationaux.
Le président palestinien a averti qu’en vertu du statut d’Etat observateur obtenu par la Palestine le 29 novembre 2012 à l’ONU, il avait le droit de demander l’adhésion à quelque 63 organisations et conventions internationales.
Enfin, M. Abbas a laissé planer la menace d’une autodissolution de l’Autorité palestinienne, qu’il dirige, chargée d’administrer les zones autonomes de Cisjordanie, qui obligerait Israël à assumer la responsabilité directe de la population de ce territoire occupé, comme avant les accords d’Oslo de 1993.
Côté américain, le secrétaire d’Etat John Kerry, parrain du processus de paix, a dû prendre acte de l’échec, à ce stade, de son initiative.
"C’est un moment de transition. Nous ne pouvons pas forcer les parties à prendre des mesures qu’elles ne veulent pas prendre", a souligné vendredi la porte-parole du département d’Etat Jennifer Psaki.
L’Iran, considéré par Israël comme son ennemi juré, a pour sa part salué la "réconciliation" palestinienne "contre le régime sioniste".

(26-04-2014)

Irak : un attentat contre un meeting électoral fait 33 morts

Au moins 33 personnes ont été tuées dans un attentat visant un meeting électoral d’une formation chiite à Bagdad, selon un nouveau bilan fourni samedi par des responsables de sécurité, à quatre jours des élections législatives en Irak.
Un précédent bilan communiqué vendredi par le ministère de l’Intérieur faisait état de 28 morts.
Cet attentat, le plus meurtrier visant un meeting électoral depuis le début de la campagne pour les législatives du 30 avril, a été revendiqué par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupuscule sunnite ultra-radical.
Vers 17H30 vendredi (14H30 GMT), une voiture piégée a explosé puis un kamikaze a fait détoner sa charge lors d’un rassemblement de la branche politique de la milice Assaïb Ahel al-Haq, selon le ministère de l’Intérieur.
D’après un responsable du ministère, le chef du parti des Citoyens, organisation considérée comme proche du régime iranien, participait au meeting, de même que le leader de la milice chiite visée, Qaïs al-Khazali. Cette milice, "La Ligue des Vertueux", accusée de l’enlèvement d’un Britannique et du meurtre de cinq soldats américains en 2007, est aussi soupçonnée d’être liée à des groupes combattant la rébellion en Syrie.
L’EIIL, qui lutte de son côté contre le régime de Bashar al-Assad, a affirmé dans un communiqué que l’attentat visait à venger "ce que les milices (chiites, ndlr) font en Irak et en Syrie : tuer et torturer les sunnites".
Les élections législatives, premier scrutin national organisé depuis le départ des troupes américaines fin 2011, interviennent sur fond d’une escalade des violences qui ont atteint des niveaux jamais vus depuis 2008, lorsque le pays sortait tout juste d’un conflit confessionnel particulièrement meurtrier, après l’invasion américaine de 2003.
Depuis le début 2014, près de 3.000 personnes ont péri dans des attaques, que ni l’armée ni la police, elles-mêmes régulièrement visées, ne parviennent à juguler.
Les candidats aux législatives jouent eux-mêmes sur les divisions confessionnelles, alimentées par la crise syrienne.
Au pouvoir depuis 2006, le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, espère remporter un troisième mandat, bien qu’il soit contesté par la minorité sunnite et accusé par ses détracteurs de se comporter comme un "dictateur".

(26-04-2014)

Israël/Palestine : : "Nous n’accepterons jamais de reconnaître Israël comme un Etat juif" (Mahmud Abbas)

Les Palestiniens ne reconnaîtront jamais Israël comme un "Etat juif", a réaffirmé samedi le président palestinien Mahmoud Abbas, lors d’une réunion de la direction de l’OLP à Ramallah, en Cisjordanie.
"Nous n’accepterons jamais de reconnaître un Etat Juif", a affirmé dans un discours Mahmud Abbas, en réponse aux demandes répétées en ce sens du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Il a rappelé que les Palestiniens avaient reconnu l’Etat d’Israël en 1993.
Abbas a par ailleurs affirmé samedi que le prochain gouvernement de "consensus national" avec le Hamas devra rejeter la violence et reconnaître l’Etat d’Israël et les accords passés avec ce pays.
"Le prochain gouvernement obéira à ma politique", a-t-il dit aux membres du Conseil central palestinien, une instance dirigeante de l’Organisation de libération de la Palestine, réunis à Ramallah en Cisjordanie. "Je reconnais l’Etat Israël, je rejette la violence et le terrorisme et je respecte les engagements internationaux", a-t-il dit.

(26-04-2014)

samedi 26 avril 2014

Israël/Palestine : Israéliens et Palestiniens à la case départ, réunion de l’OLP

Israël et les Palestiniens sont revenus à la case départ après la suspension des négociations de paix parrainées par les Etats-Unis, et la direction palestinienne va étudier ce week-end ses options pour répondre à la crise.
Cet échec du processus de paix relancé en juillet 2013 après trois ans de suspension, était attendu en l’absence de tout progrès avant l’échéance du 29 avril, et ce malgré le forcing du secrétaire d’Etat John Kerry.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a décidé jeudi de suspendre les pourparlers de paix avec l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmud Abbas et de prendre de nouvelles sanctions contre cette instance après sa réconciliation avec le mouvement islamiste Hamas, bête noire d’Israël.
Netanyahu, dans une interview à la BBC, a donné le ton en affirmant que M. Abbas "peut avoir soit la paix avec Israël soit un pacte avec le Hamas (mais) il ne peut pas avoir les deux".
"Tant que je suis Premier ministre d’Israël, je ne négocierai jamais avec un gouvernement palestinien appuyé par les terroristes du Hamas qui appellent à notre liquidation", a-t-il dit.
Le président Barack Obama, dont le chef de la diplomatie a été l’artisan de la reprise des négociations, a jugé que l’accord inter-palestinien "n’aidait pas". Il a souligné la nécessité d’une "pause" dans les négociations mais affirmé qu’il ne renoncerait pas aux efforts de paix.
Aussi bien les Etats-Unis que l’Union européenne considèrent le Hamas, qui a chassé du pouvoir à Gaza le Fatah de M. Abbas en 2007, comme une organisation "terroriste". Le Hamas rejette les négociations de paix et prône la lutte armée contre Israël. M. Kerry a admis "que la situation a effectivement atteint un niveau très difficile, et les dirigeants eux-mêmes doivent prendre des décisions".
"Mais il est trop tôt pour prononcer la mort du processus de paix. Il ne meurt jamais. C’est comme le rock’n’roll, jamais il ne mourra", a toutefois jugé Aaron David Miller, vétéran de la diplomatie américaine et spécialiste du dossier.
Face à la crise, la direction de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), signataire de l’accord de réconciliation conclu mercredi, se réunit samedi et dimanche à Ramallah (Cisjordanie), sous la présidence de M. Abbas.
Le Conseil central de l’OLP va encourager M. Abbas à poursuivre les démarches unilatérales d’adhésion à des traités et organisations internationaux, selon des sources palestiniennes.
La formation du cabinet de "consensus national" prévu par l’accord inter-palestinien et qui sera dirigé par M. Abbas, ainsi que la possible suspension de la coopération sécuritaire avec Israël seront aussi au menu des discussions, ont-elles précisé.
Cette coopération sécuritaire, cruciale pour les Israéliens, pourrait en effet pâtir de la crise. Selon le quotidien Maariv, les forces de sécurité israéliennes pourraient ne plus pouvoir compter sur leurs homologues palestiniennes et agir seules en cas de "nécessité d’élimination ciblée" à Gaza ou en cas de "menace terroriste" en Cisjordanie.
Des délégués du Hamas assisteront à la réunion de Ramallah. Et le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a dit qu’il était prêt à démissionner si M. Abbas l’estimait nécessaire en vue de la formation d’un nouveau cabinet, selon l’agence WAFA.
Jeudi, la ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations côté israélien, a affirmé que les mesures punitives envisagées ne provoqueraient "pas un effondrement de l’Autorité palestinienne", soutenue à bout de bras par la communauté internationale.
Israël a déjà gelé le transfert des taxes qu’il perçoit pour le compte de l’Autorité palestinienne après les récentes demandes d’adhésion à 15 traités et conventions internationaux, au nom de l’Etat de Palestine.
La "rue palestinienne", elle, demeure pessimiste quant aux chances de réconciliation entre les frères ennemis palestiniens, censée déboucher d’ici la fin de l’année sur les premières élections législatives depuis 2006.
L’Autorité palestinienne, qui administre les zones autonomes de Cisjordanie, a déjà signé plusieurs accords de réconciliation avec le Hamas qui sont restés lettre morte.
"Nous sommes habitués à ce que le Fatah et le Hamas ne tiennent pas leurs promesses", affirme Anwar Taoufik, un restaurateur de Ramallah, fataliste.

Irak : Près de 30 morts dans des attentats antichiites

Une série d’attentats a fait 28 morts et une quarantaine de blessés vendredi lors du rassemblement d’un parti politique chiite dans l’est de Bagdad, a-t-on appris de sources médicales et policières.
Trois détonations ont retenti coup sur coup au moment où les gens quittaient cette réunion du groupe Assaïb al Haq (la Ligue des vertueux), qui présentait ses candidats aux élections législatives du 30 avril.
Selon un journaliste de Reuters présent sur place, l’une des explosions est due à une voiture piégée conduite par un kamikaze.
"Un chevalier de l’Etat islamique des chevaliers a mis sa ceinture d’explosifs à feu près de l’estrade de l’Assaïb alors qu’ils paradaient (...), tuant plusieurs dizaines d’entre eux, dont des dirigeants", se réjouit sur Twitter l’Etat islamique en Irak et au Levant, sans toutefois revendiquer l’opération.
Le groupe Assaïb al Haq est accusé par certains sunnites mais également par des chiites d’être responsable de plusieurs assassinats, ce dont se défend le leader du mouvement, le cheikh Qaïs Khazaali.

Tunisie : "la Tunisie est une start-up démocratie" (Mehdi Jomaâ)

Ne dîtes plus "Premier ministre", mais "chef de gouvernement". Ainsi le veut Mehdi Jomaâ. À 52 ans, cet ingénieur dirige la transition démocratique jusqu’aux futures élections prévues en 2015. Ancré dans la médina de Tunis, la kasbah. Ce Matignon tunisien est un dédale. D’escaliers en courts couloirs, on parvient au vaste bureau dédié aux réceptions. Depuis la révolution du 14 janvier 2011, chefs d’État et directeurs généraux des institutions mondiales s’y succèdent. Nichée entre la puissante Algérie et une Libye laminée par les violences, la Tunisie paraît presque tranquille. Apaisée aussi depuis le vote de la nouvelle Constitution après deux années de débats enflammés au Bardo, siège de l’Assemblée nationale constituante. La nomination de Mehdi Jomaâ, qui a fait l’essentiel de sa carrière à l’étranger (Aerospace, filiale de Total), a clos trois ans de confrontations politiques intensives. Désormais, cap sur l’économie. Confronté à un chômage de masse (16,7 % au niveau national, mais plus de 50 % dans certaines régions), à un déficit budgétaire et à une balance commerciale défavorable, le gouvernement de technocrates qu’il dirige a fort à faire dans un délai finalement assez court : dix à douze mois. Dans cet entretien, Mehdi Jomaâ nous livre ce qui ressort de son audit de la Tunisie, une vraie passion pour cet homme qui a quitté le business international pour la gestion d’une nation.

À Washington, vous avez comparé la Tunisie à une start-up ? Comme se porte-t-elle ?
Le mot start-up convient très bien à la situation. J’appelle cela la "start-up démocratie". C’est quelque chose de naissant, qui est très prometteur, mais qui demande beaucoup d’investissements et comporte des risques. Tout est basé sur la confiance. La Tunisie est une démocratie naissante. On a besoin d’y croire, on a besoin d’investissements et je suis sûr qu’il y aura des dividendes non seulement pour la Tunisie, mais pour le reste du monde.

Quel audit feriez-vous de la situation ?
J’arrive trois ans après la révolution. Une révolution est faite pour renverser un système et le remplacer par un autre. Elle est née d’un besoin d’équilibre régional, d’un besoin de jeunesse et de liberté. Cette jeunesse était également en aspiration de "job". Trois ans après, on n’a pas beaucoup avancé sur ces demandes. Les trois années précédentes étaient politiques par excellence. Ces trois années ont été caractérisées par des tiraillements, des tensions sociales, autant de facteurs qui ne sont pas propices à l’économie. Nous sommes sortis par le haut de cette époque politique. Nous avons désormais une Constitution séculière qui a fait consensus avec 92 % des votes en sa faveur à l’Assemblée nationale constituante (ANC). Derrière, nous avons un gouvernement qui se veut de compétences et de technocrates. Il se situe à égale distance des partis. Le bilan politique est donc plutôt positif. L’économie a beaucoup souffert d’un environnement instable et peu favorable aux investissements. Notre premier partenaire, l’Europe, est entré en crise. La Libye, notre voisin, un partenaire important, connaît une autre crise. Nous avons besoin d’une croissance de 7 %, nous sommes à 3 %.

Y a-t-il deux Tunisie ? Celle des côtes, celle des terres ?
Oui. Le déséquilibre régional, c’est une évidence. Le modèle de développement choisi avant la révolution était un modèle de vitrine. Les côtes mises en avant, les terres délaissées. Les trois dernières années étaient pleines de promesses, mais il faut être franc, il n’y a eu aucun progrès. L’État s’est contenté de faire un peu de social via des subventions et de créer des emplois dans la fonction publique. Maintenant, fini la démarche administrative centralisée. Nous sommes pragmatiques. Nous débloquons les problèmes causés par l’administration. Des projets qui étaient à l’arrêt depuis trois ans reprennent vie. Mais le gouvernement que je dirige est là pour dix mois. Nous ne pouvons pas nous engager sur des projets grandioses.

Le peuple semble amer et impatient...
... Évidemment. Les gens ont cru qu’avec la révolution tous les problèmes seraient réglés. Et les politiques n’ont pas travaillé sur cet aspect-là. Au bout de trois ans de promesses, les gens n’y croient plus. Après le vote de la Constitution et la nomination de mon gouvernement, un vent d’optimisme s’est levé.

La Tunisie n’est-elle pas victime d’une absence de politique à long terme ?
Sans doute. Il faut que les Tunisiens se remettent au travail. C’est la clé. On peut solliciter des aides, des supports internationaux, mais ça commence par nous-mêmes. Cette démocratie, nous en sommes fiers. Il faut la sauvegarder, assurer sa pérennité. Il faut pour cela de la paix sociale. Pour que ça fonctionne, il n’y a pas trente-six solutions : il faut travailler, s’organiser. Première cible : la fonction publique. Parce qu’il y a du laisser-aller, du désordre.

Allez-vous réduire le nombre de fonctionnaires ?
Il faut arrêter le gonflement de la masse salariale qui représente aujourd’hui dix milliards de dinars pour un budget de vingt-huit. Des discussions très franches se déroulent avec les partenaires sociaux. Il faut stopper le recrutement dans la fonction publique puis inverser la tendance.

Une politique d’austérité, donc ?
De rationalisation. Le coût des subventions aux énergies est très important. Les couches populaires les plus faibles continueront à en bénéficier. Mais les plus aisées, non. Certaines activités comme les cimenteries n’en bénéficieront plus. C’est un secteur très capitalistique, très gourmand en énergie et qui n’emploie pas. L’État n’a pas à les aider. La Tunisie importe 50 % de ses besoins énergétiques.

Avez-vous emprunté sur les marchés afin de pouvoir payer les salaires des fonctionnaires ?
On a des recettes inférieures aux dépenses. Forcément, on doit emprunter. Ça sert à payer des factures, des salaires, des engagements. Le déficit du budget de l’État en 2014 est d’un milliard de dinars par mois. Il faut que chacun comprenne que dans l’électricité qu’il consomme, dans le salaire qu’il perçoit, il y a une part d’emprunt. Soit on s’attaque à ce problème, soit on continue de s’endetter jusqu’à ce que les banques refusent de nous prêter de l’argent. C’est le moment de commencer les réformes afin de ne pas nous retrouver dans la situation de la Grèce.

L’État a-t-il des difficultés à collecter l’impôt ?
Oui. Nous n’avons pas l’intention d’augmenter le taux d’imposition, mais d’appliquer l’assiette qui doit l’être. Une réforme fiscale s’impose. Vous avez, par exemple, un régime forfaitaire qui permet à quelqu’un qui gagne des millions de payer moins d’impôts qu’un smicard. Nous devons d’un côté diminuer les dépenses de l’État et de l’autre augmenter les recettes. Avec équité. Autre chantier, l’économie parallèle. Nous nous y attaquons, car cela représente un manque à gagner très important pour le pays.

Quelle est l’ampleur de la corruption trois ans après la chute de Ben Ali et du clan Trabelsi ? Elle est, à mon sens, pas satisfaisante aujourd’hui, mais moins forte qu’avant.
Nous sommes dans un processus où désormais personne n’est à l’abri de la loi. Auparavant, la corruption se pratiquait au sommet de l’État. Ce n’est plus cas. Je prétends qu’au sein de mon gouvernement, il n’y a pas de corruption. Je n’ai eu aucun écho en ce sens. À une échelle plus générale, il faut du temps. Il faut remettre de l’ordre et restaurer l’autorité de l’État.

Il était prévu que vous révisiez les nominations effectuées massivement par le gouvernement dominé par les islamistes. Qu’en est-il ?
Je me prétends et me définis comme un professionnel. La première des règles pour les nominations : avoir la bonne personne au bon endroit. Nous ne sommes pas au pouvoir pour purifier. J’ai demandé à chaque ministre d’évaluer selon trois critères : la neutralité politique, la compétence, l’intégrité. Tout fonctionnaire doit être au service de son institution. La compétence et le mérite doivent primer. Ce n’est pas la grille de lecture de certains politiques, mais c’est ma méthode. On a trop nommé, ces trois dernières années, en fonction de l’étiquette politique au détriment de la compétence. Cela laisse de profondes séquelles au sein de l’administration.

Vous étiez ministre de l’Industrie du précédent gouvernement. Qu’en est-il du dossier du gaz de schiste ?
La phase d’exploration commencera avec des opérateurs qui connaissent les normes de sécurité. Le sujet est très conflictuel, d’autant que la Tunisie a des rapports étroits avec la France. Celle-ci a pris des positions tranchées concernant le gaz de schiste. Je rappelle que nous ne bénéficions pas d’un parc de centrales nucléaires. Nous procéderons par étapes, de façon rationnelle et je suis assuré que nous ferons consensus.

Serez-vous candidat aux élections législatives ou présidentielle ?
Non ! (Il se lève). Est-ce que c’est clair ?

(25-04-2014 - Propos recueillis à Tunis par Benoit Delmas et Frédéric Geldhof)

Israël/Palestine : L'Etat hébreu et les Palestiniens mettent en veilleuse l’initiative Kerry

Israël et les Palestiniens sont revenus à la case départ après la suspension des négociations de paix parrainées par les Etats-Unis, un échec attendu malgré le forcing du secrétaire d’Etat John Kerry.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a décidé jeudi de rompre les pourparlers et promis de prendre de nouvelles sanctions contre l’Autorité palestinienne du président Mahmud Abbas à la suite de sa réconciliation avec le mouvement islamiste Hamas.
Aucun détail n’a encore filtré sur le contenu de ces sanctions.
La ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des négociations avec les Palestiniens, a affirmé que les mesures punitives seraient bien "calculées" et ne provoqueraient "pas un effondrement de l’Autorité palestinienne", soutenue à bout de bras par la communauté internationale.
Israël impose déjà des sanctions financières à l’Autorité, ayant gelé le transfert des taxes qu’il perçoit pour le compte de celle-ci après les récentes demandes d’adhésion de la Palestine à 15 traités et conventions internationaux.
La coopération sécuritaire entre Israël et l’Autorité palestinienne, cruciale aux yeux des Israéliens, pourrait pâtir d’un retour en arrière des relations israélo-palestiniennes.
Des sources sécuritaires israéliennes, citées par le quotidien Maariv, prédisent que les forces de sécurité israéliennes ne pourront plus compter sur leurs homologues palestiniennes et agiront désormais seules en cas de "nécessité d’élimination ciblée" à Gaza ou en cas de "menace terroriste" en Cisjordanie.
De son côté, la direction de l’OLP, signataire de l’accord de réconciliation conclu mardi à Gaza avec le Hamas, se réunit samedi et dimanche à Ramallah (Cisjordanie), sous la présidence de M. Abbas, pour discuter de ses options face à la crise du processus de paix.
Le conseil central de l’OLP va apporter son soutien au président Abbas et l’encourager à poursuivre les démarches d’adhésion à des traités et organisations internationaux, selon des sources informées palestiniennes.
Au menu des débats, doit également figurer la formation du gouvernement de "consensus national" prévu par l’accord de Gaza et qui sera dirigé par M. Abbas, ainsi que la possible suspension de la coopération sécuritaire avec Israël, ont précisé ces sources.
Enfin, les Palestiniens discuteront d’une éventuelle dissolution de l’Autorité afin de rendre à Israël la responsabilité d’administrer les Territoires en tant que puissance occupante, ont-elles ajouté.
Des délégués du Hamas assisteront à cette réunion à Ramallah.
Vendredi, le président américain Barack Obama a estimé que la décision du président Abbas de se réconcilier avec le Hamas, bête noire d’Israël qu’il considère comme un "groupe terroriste", "n’aidait pas".
Son secrétaire d’Etat, John Kerry, sponsor des négociations de paix qu’il a relancées en juillet 2013, a exhorté jeudi les dirigeants israéliens et palestiniens à faire des compromis.
"Nous n’allons jamais renoncer à nos espoirs et notre engagement à essayer de parvenir à la paix. Nous pensons que c’est la seule voie possible, mais à l’heure actuelle la situation a effectivement atteint un niveau très difficile, et les dirigeants eux-mêmes doivent prendre des décisions", a insisté M. Kerry.
"La menace de la paix s’éloigne", ironise vendredi dans son éditorial le quotidien israélien Yediot Aharonot.
"Incontestablement, ce sera désormais plus facile de faire fi de la date butoir de mardi prochain", le 29 avril, l’échéance fixée par John Kerry pour la fin des négociations, explique l’influent commentateur Nahum Barnéa.
"Abu Mazen (le surnom de Mahmud Abbas) assure ne voir aucun inconvénient à poursuivre les discussions au-delà de cette date. Israël attend de voir à quoi ressemblera le prochain gouvernement palestinien et les Américains attendent de comprendre, en vain, ce qu’il se passe", résume-t-il.
La "rue palestinienne", elle, demeure pessimiste quant aux chances de réconciliation entre le Fatah nationaliste de M. Abbas et les islamistes du Hamas, censée déboucher d’ici la fin de l’année sur les premières élections législatives depuis 2006.
"Nous sommes habitués à ce que le Fatah et le Hamas ne tiennent pas leurs promesses", a confié vendredi à l’AFP Anwar Taoufik, un restaurateur de Ramallah, fataliste.
La bande de Gaza est contrôlée depuis 2007 par le Hamas tandis que l’Autorité palestinienne de Mahmud Abbas administre les zones autonomes de Cisjordanie.

Syrie : Alep dans le noir depuis une semaine

La région d’Alep, ex-capitale économique, dans le nord de la Syrie, est privée d’électricité depuis une semaine, alors que près de 50 civils ont péri jeudi dans de nouveaux raids aériens menés par l’armée syrienne, a indiqué vendredi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Alep et sa province "sont privées d’électricité depuis sept jours, après que le tribunal islamique (rebelle) a ordonné la coupure des lignes à haute tension pour faire pression sur (les quartiers tenus par) le régime et le contraindre à cesser de lancer ses barils d’explosifs", a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Jeudi, au moins 48 personnes, dont 7 enfants, ont été tuées dans des raids aériens de l’armée syrienne sur la région d’Alep. Trente d’entre eux ont péri dans un raid sur le marché du village d’Atareb, a assuré l’OSDH dans un nouveau bilan.
L’armée syrienne intensifie depuis le 15 décembre ses attaques contre les positions rebelles dans la métropole d’Alep, divisée entre quartiers pro et anti-régime, et sa province. Selon l’OSDH, les frappes aériennes ont tué ces derniers mois des centaines de personnes, en majorité des civils, et poussé des milliers de familles à s’enfuir.
À l’aube, des combats violents se sont déroulés entre l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe ultra-radical accusé par l’opposition de servir les intérêts du régime, et des brigades rebelles, près du village de Halissa qui surplombe des routes importantes pour les renforts militaires dans le nord de la province d’Alep. Ailleurs, dans la province de Deraa (sud), des combats entre les forces loyalistes et des brigades islamistes ont fait 31 morts dans les rangs de ces dernières, notamment du Front al-Nosra (branche d’al-Qaida en Syrie), dans le secteur de Tal al-Jabié.
Le conflit en Syrie a fait plus de 150 000 morts en trois ans. Déclenché en mars 2011 par une contestation populaire violemment réprimée, ce conflit s’est transformé en une guerre opposant forces du régime à des déserteurs aidés par des civils armés et des djihadistes venus de l’étranger. Le conflit est devenu plus complexe avec les combats entre rebelles et djihadistes.

jeudi 24 avril 2014

Israël/Palestine : Le coup de poker palestinien (Armin Arefi)

Le chef de la délégation du Fatah, Azzam al-Ahmed (à gauche), s’entretenant avec le Premier ministre du Hamas à Gaza, Ismail Haniya, le 23 avril dans l’enclave palestinienne. © SAID KHATIB

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C’est la réponse de Mahmoud Abbas à l’échec des négociations de paix avec Israël. Près d’un mois après le refus de Tel-Aviv d’honorer sa promesse de libérer une dernière salve de prisonniers palestiniens, décision qui a précipité dans l’impasse les pourparlers entamés depuis neuf mois, le président de l’Autorité palestinienne a accepté de signer avec ses frères ennemis du Hamas un accord de réconciliation nationale.
Déchirés par sept ans d’une lutte fratricide née du refus du Fatah de reconnaître entièrement la victoire du Hamas aux élections législatives de 2006, ce qui a conduit le mouvement islamiste à s’emparer par la force de la bande de Gaza l’année suivante, les deux mouvements palestiniens se sont enfin accordés sur la formation d’un gouvernement de consensus national d’ici cinq semaines. Sitôt intronisé, le nouvel exécutif aura pour mission d’organiser des élections législatives et présidentielle dans un délai de six mois à travers tout le territoire palestinien.

Pessimisme
La nouvelle en a étonné plus d’un, les deux partis rivaux s’étant déjà livrés à de telles annonces en 2011 puis en 2012, sans qu’elles soient concrétisées. "La relation entre les deux mouvements est encore plus complexe que celle qui les lie à Israël", décrit Olivier Danino*, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas). "Elle couvre les mêmes types de sujets, à savoir la libération de prisonniers politiques, la gestion du territoire et de la sécurité."
Étonnamment, le nouveau texte reprend peu ou prou les mêmes conditions que le dernier accord négocié en 2012 à Doha (Qatar) et qui n’avait jamais vu le jour. "Il ne mentionne pas comment les deux partis comptent régler la question des brigades Al-Qassam (branche armée du Hamas), celle de l’appareil sécuritaire à Gaza ainsi que le problème lié au passage en Cisjordanie de cadres du Hamas, ce à quoi s’opposera forcément Israël", pointe Ghassan Khatib, professeur en études arabes contemporaines à l’université de Birzeit (Cisjordanie). "Dans ces conditions, on ne voit pas comment une telle réconciliation pourrait être possible."

Isolement du Hamas
Or, l’urgence est de mise dans les deux camps. À Gaza, le Hamas fait face à un isolement croissant depuis le Printemps arabe en 2011. Son soutien à l’opposition syrienne à Bachar el-Assad a contrarié sa relation avec son principal soutien financier et armé, la République islamique d’Iran, plus grand allié du régime baasiste. Pour un temps, le mouvement islamiste a cru pouvoir se replier sur l’Égypte, après l’accession au pouvoir des Frères musulmans, une matrice dont le Hamas est issu.
Mais la destitution du président Mohamed Morsi en juillet 2013 par l’armée égyptienne a mis un terrible frein à ses nouvelles ambitions régionales, le réduisant au rang de paria. Depuis, le nouveau pouvoir égyptien, qui considère le Hamas comme une "organisation terroriste", a inondé la majorité des tunnels de contrebande entre l’Égypte et l’enclave palestinienne, par lesquels transitaient armes et munitions mais aussi produits de première nécessité et matériaux de construction.
Ces destructions, qui ont coûté au Hamas quelque 230 millions de dollars de perte mensuelle (environ 170 millions d’euros), ont fini d’asphyxier l’économie gazaouie, entravant le paiement des salaires des fonctionnaires. Le Hamas s’est donc vu obligé de refaire les yeux doux à Téhéran. "En annonçant sa réconciliation avec le Fatah, le Hamas compte peser dans ses négociations avec l’Iran et ainsi montrer qu’il n’est pas isolé", explique Olivier Danino.

Pas d’État palestinien
La situation du Fatah en Cisjordanie n’est guère plus enviable. Ayant échoué à mettre sur pied l’État palestinien, pour lequel a été créée l’Autorité palestinienne en 1933 (et dont le Fatah est la composante majeure, NDLR), le mouvement nationaliste subit un grave déficit de légitimité, doublé d’une crise économique sans précédent, les États arabes ne versant pas les aides promises.
En dépit de l’accession de la Palestine au rang d’État non-membre de l’ONU en 2012, Mahmoud Abbas n’a pu mettre un terme à la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, pourtant illégale au regard du droit international, ruinant sur le terrain la viabilité d’un hypothétique État. Et le refus d’Israël de libérer la dernière salve de prisonniers palestiniens, censé apaiser une population soumise quotidiennement aux violences et aux privations de la part des forces occupantes, n’a fait que renforcer ce sentiment de frustration.
À Gaza, c’est par des scènes de liesse qu’a été accueillie l’annonce de la réconciliation interpalestinienne, aux cris d’"Unité, unité !". "J’espère que cela va vraiment arriver cette fois", affirme à Associated Press Asma Radwan, une institutrice de 33 ans venue fêter l’événement avec ses deux enfants. "Je suis venue pour dire merci aux leaders. Mais ne nous décevez pas comme par le passé. Sept ans de division, c’est bien trop."

Contacts Hamas-Israël
Mais la joie a été rapidement douchée par une frappe de l’aviation israélienne sur le nord de Gaza, blessant six civils, dont un grièvement. "Une opération de contre-terrorisme", a justifié l’État hébreu, qui ne décolère pas du choix du président de l’Autorité palestinienne. "Abou Mazen (nom de guerre de Mahmoud Abbas, NDLR) a choisi le Hamas et non la paix", a fustigé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. "Quiconque choisit le Hamas ne veut pas la paix."
Dans sa charte, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, prône la destruction d’Israël. Impensable, par conséquent, pour l’État hébreu de traiter avec ce mouvement, à moins qu’il ne cesse la violence, reconnaisse tous les accords signés par l’Autorité palestinienne et, par extension, l’existence de l’État d’Israël. Des conditions impossibles à remplir par le Hamas, qui tire toute sa légitimité de sa résistance contre l’"occupation sioniste".
Ces positions inconciliables sur le papier n’empêchent pas en réalité les deux ennemis de négocier ensemble. "En étant au pouvoir dans la bande de Gaza, le Hamas est obligé de discuter avec Israël, notamment sur les questions d’énergie et de sécurité qui dépendent de l’État hébreu", rappelle le chercheur Olivier Danino.

Tactique palestinienne
Le rapprochement Hamas-Fatah a en tout cas fortement "déçu" les États-Unis, qui estiment que cela pourrait "compliquer" le processus de négociations stériles qu’ils parrainent depuis juillet 2013. "Il est difficile d’envisager comment Israël pourrait négocier avec un gouvernement qui ne croit pas à son droit d’exister", a indiqué Jennifer Psaki, porte-parole du département d’État. Pourtant, à en croire le politologue palestinien Ghassan Khatib, la manoeuvre palestinienne viserait justement à faire pression sur les États-Unis afin qu’ils poussent leur allié israélien à négocier sérieusement.
"C’est une stratégie classique de la part des dirigeants du Fatah, renchérit Olivier Danino. Yasser Arafat l’employait déjà quand il négociait avec Israël. Lorsque les pourparlers n’avançaient pas, il se rapprochait du Hamas pour ainsi forcer l’État hébreu à bouger." Or, loin d’assouplir leur position, les Israéliens ont au contraire décidé jeudi de suspendre les pourparlers avec les Palestiniens (qui doivent s’achever le 29 avril prochain, NDLR). Ils réfléchissent désormais à imposer des mesures de rétorsion, dont certaines sanctions économiques.
De telles représailles pourraient coûter à tout futur gouvernement palestinien d’union nationale des centaines de millions de dollars. Un fardeau impossible à porter, surtout qu’il faudra payer à la fois les employés de Cisjordanie et ceux de Gaza.

(24-04-2014 - Armin Arefi)