Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, a prêté serment
lundi pour entamer un 4e mandat un an après avoir été victime d’un AVC
qui avait laissé entrevoir une possible fin de règne.
Vêtu d’un costume trois pièces bleu et d’une cravate rouge, tassé dans
son fauteuil roulant comme lors de l’élection du 17 avril, la main
droite sur le Coran, il a répété d’une voix faible un texte d’une
dizaine de lignes lu par le président de la Cour suprême, Slimane Boudi.
Devant les hauts cadres de la nation, les diplomates en poste à Alger et
de nombreux invités, il a ensuite lu une brève allocution en buttant
sur les mots.
M. Bouteflika, réélu avec 81% des voix, a "remercié les électeurs pour
leur soutien", se félicitant que "le 17 avril [ait été] jour de
démocratie et de fête pour l’Algérie."
Il a, en outre, rendu hommage à la police, aux militaires, aux
fonctionnaires et observateurs qui ont "permis le bon déroulement de
l’élection" ainsi qu’aux autres candidats à la présidentielle.
Avant de prêter serment, il a assisté, les mains sur les genoux, à un
défilé des différents corps de l’armée à l’extérieur du Palais des
nations, à Club des Pins, en bord de mer.
Dans les couloirs du palais, il a serré la main au président du Conseil
constitutionnel Mourad Medelci et aux membres du gouvernement.
M. Bouteflika a ensuite été accueilli par une salve de youyous dans une
salle où étaient massés les nombreux invités : ministres,
parlementaires, diplomates, chefs militaires, hauts cadres de l’Etat,
artistes qui ont entendu l’hymne national après la déclaration du
président.
La cérémonie aura duré au total une trentaine de minutes. Elle a été
boudée par l’opposition qui avait appelé à boycotter le scrutin du 17
avril auquel ont participé seulement la moitié des électeurs algériens.
Parmi les absences remarquées, celle de son malheureux adversaire Ali
Benflis, qui a recueilli 12% des voix et refusé de reconnaître la
victoire de M. Bouteflika qu’il juge entachée d’une fraude à grande
échelle.
Se présentant comme le "vainqueur politique et moral" de l’élection,
M. Benflis a accusé le vainqueur proclamé d’avoir fixé lui-même les
scores à attribuer à chacun des six candidats.
Ce nouveau quinquennat de M. Bouteflika après quinze ans à la tête de
l’Etat aura été long à se dessiner. Affaibli par un ulcère hémorragique
fin 2005 qui l’a conduit à réduire progressivement ses activités, il a
été fragilisé par un AVC il y a un an presque jour pour jour.
Pendant son hospitalisation qui aura duré près de trois mois au
Val-de-Grâce à Paris, les rumeurs de son décès n’ont pas cessé de se
propager et la question de sa succession fut posée. Des opposants ont
même souhaité la mise en oeuvre d’une disposition de la Constitution
prévoyant son incapacité à finir son mandat.
Rentré à Alger en plein avec les séquelles de son AVC, il démontra
immédiatement qu’il restait à la manoeuvre en effectuant d’importants
changements dans les services de renseignements et dans le gouvernement
où il plaça ses plus proches aux postes les plus sensibles.
Ce furent les premiers signes d’une volonté de briguer un quatrième
mandat, annoncée finalement le 22 février après une crise au sommet de
l’Etat.
Désormais réélu, celui qui a été l’artisan de la réconciliation
nationale après une décennie de guerre civile, entend poursuivre cette
oeuvre.
La réconciliation nationale "reste ma priorité", a-t-il affirmé dans une déclaration écrite distribuée à la presse.
"En même temps, la loi sanctionnera tout acte terroriste contre la
sécurité des citoyens et des biens", a-t-il averti, observant que "dans
notre sous-région qui traverse une conjoncture difficile, nous demeurons
un partenaire loyal pour la lutte contre le terrorisme".
Dans l’immédiat, M. Bouteflika devrait nommer un gouvernement
vraisemblablement dirigé par Abdelmalek Sellal qui reprendra cette
fonction abandonnée en mars pour diriger la campagne électorale
présidentielle.
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