Les Algériens ont voté jeudi sans se bousculer pour élire leur président
lors d’un scrutin sans surprise, le sortant Abdelaziz Bouteflika, qui a
voté en fauteuil roulant, apparaissant comme le favori.
Le scrutin a été émaillé de violences en Kabylie, à l’est d’Alger, où
plus de 70 personnes ont été blessées dans des heurts entre des
gendarmes et des jeunes, selon des sources locales. Dans cette région
frondeuse, l’abstention était forte.
Les affrontements ont éclaté quand des groupes de jeunes ont saccagé des
urnes dans des centres de vote des localités de Raffour, M’chedellah et
Saharidj, dans le département de Bouira, entraînant une interruption
momentanée du vote.
Le vote a pris fin à 20H00 (19H00 GMT) dans le pays et le dépouillement a
commencé. Il a été prolongé d’une heure dans plus d’un tiers des 1.541
communes du pays.
Le taux de participation à l’élection présidentielle algérienne de jeudi
s’est établi à 51,7 %, a annoncé le ministre de l’Intérieur Tayeb
Bélaïz.
Ce taux est en net recul par rapport à celui de 74% officiellement annoncé en 2009.
Le plus fort taux d’abstention a été enregistré en Kabylie (autour de
25%) où des incidents ont fait 70 blessés dans le département de Bouira.
Les électeurs de la capitale n’ont pas été très nombreux à se rendre aux
urnes également avec un taux de participation à Alger de seulement 37%.
Les résultats doivent être proclamés officiellement vendredi. Toutefois
et malgré l’absence de sondages, les partisans du président sortant,
Abdelaziz Bouteflika, donné comme favori, ont commencé à célébrer sa
victoire dès la fermeture des bureaux de vote.
A Alger, M. Bouteflika, souriant, est arrivé à l’école Bachir El
Ibrahimi à El Biar, entouré de deux de ses frères, dont Saïd, son
conseiller spécial à qui l’on prête d’immenses pouvoirs, et d’un jeune
neveu.
Il a salué la presse de la main avant de se rendre dans l’isoloir,
accompagné d’un homme. Il s’est ensuite laissé photographier avant de
glisser son bulletin dans l’urne, puis est parti sans faire de
déclaration.
Après avoir entretenu un certain suspense, la presse semblait se
résigner à une reconduction de M. Bouteflika pour un quatrième mandat de
cinq ans.
Le quotidien francophone El Watan a parlé d’un "scrutin dénué de
crédibilité", dénonçant la fraude qui "a toujours régné sur les
élections algériennes".
Pour Liberté aussi, le scrutin est "dénué d’enjeux réels".
Sur le terrain, plus de 260.000 policiers et gendarmes ont été déployés
pour assurer la sécurité de près de 23 millions d’électeurs appelés à
voter dans 50.000 bureaux en faveur de l’un des six candidats, dont
l’ex-Premier ministre Ali Benflis et une femme, la députée trotskyste
Louisa Hanoune.
A Alger, certains policiers étaient armés de kalachnikov ou de fusils à
pompe et un hélicoptère tournoyait dans le ciel bleu de la capitale. Une
tentative de manifestation d’opposants a été vite étouffée.
A Rais, un village de la banlieue d’Alger victime de l’un des pires
massacres des années 1990, les électeurs ont expliqué choisir la
stabilité et la paix.
Redouane, 44 ans, a ainsi voté sans grande conviction : "C’est juste une
façon de conjurer le mauvais sort" car "j’ai peur de l’instabilité, de
revivre l’horreur".
Arrivé au pouvoir en 1999, M. Bouteflika a été l’un des artisans de la réconciliation après la guerre civile.
A 77 ans, il souffre désormais de séquelles d’un AVC subi il y a un an
ayant réduit ses capacités d’élocution et de mobilité, et n’a pas mené
lui-même campagne.
Son passage au bureau de vote constitue sa première apparition publique
depuis mai 2012. Ce jour-là, il avait laissé envisager une succession
ouverte en déclarant que sa génération avait "fait son temps".
Mais le 22 février dernier, il a finalement annoncé sa décision de se
représenter sur fond de profondes divergences au sein de l’armée, qui
joue un rôle politique majeur, et malgré les doutes sur ses capacités à
diriger le pays.
M. Bouteflika a exhorté mardi les Algériens à se rendre aux urnes.
A la présidentielle de 2009, la participation était officiellement de 74,11%.
Un câble de l’ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks l’avait cependant estimé entre 25 et 30%.
Une coalition de cinq partis d’opposition a appelé à boycotter le
scrutin, plaidant en faveur d’une "transition démocratique", tandis que
le mouvement Barakat ("Ça suffit"), hostile à un quatrième mandat, a
estimé que cette élection était "un non-événement".
Outre la participation, c’est la fraude qui fait débat, après les
récentes révélations d’un ancien wali (préfet) confirmant que cette
pratique avait bien lieu.
Principal rival de M. Bouteflika et connaisseur des affaires du sérail, M. Benflis en a fait un thème majeur.
"La fraude a déjà commencé", a-t-il même affirmé après avoir voté à Hydra, sur les hauteurs d’Alger.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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