Cette mesure pourrait sérieusement nuire au secteur agricole du royaume.
Que se passe-t-il ? Lundi dernier, 14 avril, les ministres de
l’Agriculture des 28 ont avalisé un paquet de 11 "actes délégués". Parmi
ces actes figure une mesure de restriction des méthodes de dédouanement
de produits extra-communautaires. Celle-ci doit entrer en vigueur le
1er octobre prochain et pourrait entraîner un renchérissement des fruits
et légumes sur le marché européen.
Sur ce front, le Maroc est plutôt en première ligne. C’est la raison
pour laquelle le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a convoqué
ce jeudi 17 avril, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) au Maroc. Il
s’agit pour lui de signifier à Rupert Joy "la profonde préoccupation"
du royaume. De leur côté, des professionnels du secteur des fruits et
légumes ont manifesté ce mardi devant la délégation de l’UE à Rabat.
Selon l’agence officielle MAP, ils étaient "quelques centaines
d’agriculteurs" à être présents pour dénoncer ce "protectionnisme
aveugle". "La mesure vise à tuer les produits marocains", a dit le
président de la Fédération interprofessionnelle de production et
d’exportation des fruits et légumes (FIFEL), Houcine Aderdour. Notant
que le royaume était de loin le principal partenaire concerné, il a
estimé que la mesure pourrait à terme réduire "de moitié" les
exportations de fruits et légumes marocains sur le marché européen.
Pour justifier cette décision, l’ambassadeur de l’UE fait valoir que
cette décision répond à un souci de transparence d’un système "source de
critiques récurrentes". Il a par ailleurs relevé qu’elle s’appliquerait
"uniformément à tous les fruits et légumes importés dans l’UE, de tous
les pays du monde". "La Commission européenne est sensible aux
préoccupations marocaines", a ajouté M. Joy pour rassurer. En attendant,
un responsable agricole de la Commission européenne, Jerzy Plewa, est
attendu prochainement au Maroc. Nul doute que la question sera abordée
mercredi prochain, 23 avril, dans le cadre du Salon international de
l’agriculture de Meknès.
Seul pays à disposer depuis 2008 d’un statut avancé, un statut prévu
pour les pays du "voisinage" européen qui n’ont pas vocation à adhérer à
court terme à l’Union, le Maroc est très étroitement lié économiquement
à l’UE . D’ailleurs, actuellement, il négocie un accord de
libre-échange complet et approfondi (Aleca) avec Bruxelles, accord pour
lequel un quatrième round de pourparlers vient de s’achever. Pour bien
comprendre combien la question est d’importance pour le Maroc, il y a
lieu de retenir qu’en 2013 ses exportations agricoles vers l’UE ont
atteint plus de 1,2 milliard d’euros, en premier lieu des tomates (22 %)
et des haricots (13,2 %). Au Maroc, l’agriculture est le premier
contributeur du PIB, à hauteur de 15 à 20 %.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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