Cette élection ne règlera aucun des graves problèmes économiques,
sociaux et politiques dans lesquels se débattent les masses populaires
et le pays.
Ces problèmes sont l’expression des inégalités et des antagonismes
engendrés par le régime capitaliste imposé depuis trente ans par les
classes possédantes et affairistes dominantes et par leurs idéologues,
parmi lesquels les courants obscurantistes qui ont manipulé la religion
pour tromper le peuple. Sous l’ère politique de Bouteflika, ils se sont
aggravés de façon spectaculaire : accaparement de la plus grande partie
du revenu national par une minorité de riches et de barons du régime,
corruption à une échelle massive, refus d’utiliser l’argent du pétrole
pour relancer l’industrialisation et diktat d’une poignée de très gros
importateurs, appauvrissement et chômage massif, emplois mal payés et
sans avenir pour les jeunes, problèmes insolubles de logement pour les
travailleurs, étouffement de la liberté d’organisation, de réunion et
d’expression derrière une démocratie de façade faite sur mesure pour les
classes possédantes, passivité du régime face aux ingérences
impérialistes dans la région, etc.
Contrairement donc à ce qu’affirment mensongèrement les opposants
dits "libéraux" à Bouteflika et à l’équipe qui dirige le pays, les
blocages actuels ne sont pas liés au fait qu’un chef d’Etat invalide
puisse continuer à présider le pays au mépris des aspirations
démocratiques du peuple et des règles de fonctionnement les plus
élémentaires de tout Etat.
Les couches laborieuses n’ont rien à attendre du régime, tant que
l’Etat actuel demeure une machine au service de la bourgeoisie et de
l’impérialisme. Avec Bouteflika ou avec n’importe quel autre défenseur
du capitalisme, candidat ou non à cette élection présidentielle,
l’exploitation de la classe ouvrière va se renforcer et la situation
sociale des masses populaires va empirer. Les riches s’enrichiront
encore plus et les pauvres seront encore plus pauvres, la dépendance du
pays ne fera que s’aggraver.
Le pays continuera à s’enfoncer dans l’impasse tant que les
travailleurs et les masses laborieuses n’auront pas réussi à instaurer
un régime révolutionnaire en rupture radicale avec le capitalisme.
Les disputes publiques qui ont éclaté ces derniers mois entre des
dignitaires du régime n’ont pas pour motif l’amélioration de la
situation matérielle des travailleurs et de la petite paysannerie, la
relance du développement, la réflexion sur les moyens de mobiliser
démocratiquement les masses et en satisfaisant leurs revendications
politiques et économiques pour faire face aux ingérences impérialistes.
La crise au sommet de l’Etat, les attaques menées contre l’équipe
dirigeante par l’opposition ultra-libérale des Benbitour, Benflis,
Djaballah, Sadi et compagnie, ont pour cause la bataille pour le
partage et le repartage des richesses du pays entre les membres d’une
minorité qui s’est enrichie grâce à la libéralisation du commerce
extérieur, aux privatisations, au pillage des ressources du pays, à
l’exploitation des travailleurs des villes et des campagnes, au
détournement des revenus pétroliers, de l’argent des banques publiques.
Les bandes qui se battent entre elles dans les coulisses du régime,
ou celles qui lui mènent la guerre dans l’opposition libérale, sont
toutes d’accord pour maintenir le système capitaliste qui a mené le pays
dans cette impasse et se mettre au service de l’impérialisme et de ses
multinationales. Chacune d’entre elles s’adresse aux puissances
impérialistes pour leur demander de les aider à renforcer ses positions
dans l’Etat ou à s’en emparer afin assouvir plus complètement la soif
d’enrichissement des couches sociales privilégiées. Les puissances
impérialistes attisent leurs rivalités et font monter les enchères pour
obtenir du régime ou de l’opposition "libérale" qu’ils s’engagent à
accélérer l’application des "réformes" exigées par l’ "économie de
marché", c’est-à-dire à leur donner les gisements de pétrole et de gaz, à
leur remettre les secteurs stratégiques et juteux de l’économie -
Sonelgaz, télécommunications, distribution de l’eau, banques publiques,
santé, etc. - à leur reconnaître la liberté totale de circulation des
capitaux et d’exportation des profits, à diminuer ou même faire
disparaître les impôts sur leurs profits, à augmenter le prix du gaz et
de l’électricité, à supprimer toutes les barrières douanières, à leur
permettre de prendre possession des terres, à rayer toutes les lois
sociales qui protègent encore plus ou moins le travailleur et qui fixent
le salaire minimum, les primes et les indemnités, etc. L’impérialisme
veut des bases militaires et ne relâche pas ses pressions pour que
l’armée algérienne devienne le gendarme de ses intérêts en Afrique.
C’est cela le vrai contenu des "réformes" sur lequel le régime et
l’opposition ultra-libérale sont d’accord sans le reconnaître
publiquement. Défenseurs du régime et opposition ultra-libérale se sont
tous entendus pour que ces questions ne soient pas débattues devant le
peuple à l’occasion de l’élection présidentielle. Ils ont détourné
l’attention des citoyens sur des chicanes au sujet du 4ème mandat de
Bouteflika, de sa capacité ou non à continuer à diriger le pays.
Le régime a tout fait depuis des années pour étouffer la voix des
forces révolutionnaires qui défendent les intérêts des travailleurs et
se battent pour une alternative socialiste. Il a tout fait pour les
marginaliser, à l’aide de ses lois et règlements antidémocratique sur
les partis, les associations, de l’interdiction des réunions publiques
et des marches dans la rue. L’opposition ultra-libérale est par contre
largement médiatisée par la presse privée bourgeoise et même publique.
Elle est relayée à tout moment pour dénigrer les idées de progrès et
vanter les bienfaits imaginaires d’un capitalisme qui, dans la pratique,
a ravagé le pays.
En fait, ce qui distingue ces bandes rivales sur ces questions, en
plus de la revendication des opposants à partager avec l’équipe
dirigeante le monopole de la décision politique, c’est uniquement la
question du rythme d’exécution des injonctions impérialistes. La plupart
des dirigeants du régime veulent aller graduellement mais plus sûrement
dans ce sens, escomptant qu’ils pourront de cette manière émietter la
réaction populaire et la vaincre plus facilement en maniant avec ruse la
carotte et le bâton, la distribution de petites miettes au peuple et la
répression de ses éléments les plus combatifs. Les Benbitour, Benflis
et compagnie, ainsi que des éditorialistes de la presse
pro-impérialiste, veulent que les choses aillent plus vite parce qu’ils
tablent sur le soutien des puissances impérialistes et sur leur capacité
grâce à cela à mater la réaction du peuple sous le couvert d’un "Etat
de droit" et d’une pseudo-légitimité que leur donneraient les urnes dans
des élections soi-disant "démocratiques".
Le régime actuel est appuyé par toutes les couches sociales aisées,
urbaines et paysannes, qui ont trouvé leur compte dans la libéralisation
des importations et le développement des activités parasitaires dans le
commerce, les services, l’immobilier et la spéculation sur les fruits
et légumes, dans l’exploitation forcenée de la classe ouvrière. "La
stabilité", grâce à la candidature de Bouteflika à un 4 ème mandat et
malgré son invalidité, telle est la seule préoccupation de ces classes
et couches sociales. L’essentiel pour elles est que leurs privilèges
soient préservés même au mépris des formes démocratiques les plus
élémentaires, et qu’une bonne entente soit assurée avec les pays
impérialistes.
Cette candidature est le résultat des compromis que les différents
clans du régime ont réalisé entre eux et avec les puissances
impérialistes, USA et France. Pour le moment ces puissances collaborent
avec lui étant donné qu’il favorise leurs intérêts stratégiques. La
visite de John Kerry, à quelques jours seulement de cette élection
s’inscrit dans les marchandages pour obtenir de nouvelles concessions du
régime. Il n’en sortira rien de bon pour les travailleurs et les masses
populaires.
Que faire le 17 avril prochain, avant et après ?
Les cercles qui ont avalisé cette candidature vont mettre en route,
comme d’habitude, leur appareil de fraude, d’intimidation, de promesses
clientélistes et de corruption pour sa réélection.
Le verrouillage de la vie politique derrière la démocratie de façade
provoque l’indifférence ou l’indignation de l’immense majorité de la
population pour ces élections.
Le régime a tout fait pour que son plan réussisse même si la grande
masse des électeurs va s’abstenir de voter en l’absence d’un parti
révolutionnaire influent et de forces populaires capables de diriger
leurs luttes pour une alternative démocratique et patriotique
révolutionnaire. Mais cette fois-ci l’acuité de la crise politique va
rendre encore plus précaires les résultats de ses manoeuvres.
Les travailleurs ne peuvent soutenir aucun des candidats en lice.
Louisa Hanoune prétend depuis des années défendre leurs intérêts et
leurs aspirations. En réalité elle s’est toujours employée à les tromper
en leur faisant croire que Bouteflika est de leur côté mais que son
entourage sabote sa politique. Personne ne peut oublier qu’elle a été
une avocate acharnée des mouvements obscurantistes au moment où ils
assassinaient les démocrates, les progressistes et les syndicalistes.
Ses positions ont toujours bénéficié de l’appui des médias publics et
privés.
Benflis a fait partie avant et après 1989, et y compris pendant un
temps sous Bouteflika, de l’appareil d’Etat qui a appliqué les réformes
anti-populaires et anti-nationales. Il s’est démasqué récemment par ses
salutations à John Kerry et par sa lettre au patronat, dans laquelle il
fait des promesses ultra-libérales sur la flexibilisation du travail et
les baisses d’impôts. Les trois autres candidats, Belaïd, Rebaïne et
Touati, sont des personnages fabriqués par la machine du régime pour
contribuer au succès de la comédie.
Le régime souhaite un fort taux de participation pour donner un
semblant de légitimité à son opération mais il le craint en même temps
dans la mesure où des résultats non prévus dans ses plans pourraient
compliquer ses manipulations.
L’opposition ultra-libérale et les courants obscurantistes ont appelé
au boycott pour renforcer leurs arguments en faveur d’une intervention
extérieure ou de l’armée en vue d’une prétendue "transition
démocratique" dont ils cachent le contenu économique et social pour ne
pas dévoiler publiquement leurs véritables objectifs.
L’Union Européenne a deux fers au feu. Elle a signifié au
gouvernement son refus d’envoyer des observateurs à cette élection. Cela
veut dire dans sa logique interventionniste impérialiste, qu’elle
confirme son droit à s’ingérer dans les affaires du pays en fonction du
rapport des forces qui se précisera après le 17 avril.
Dans ce contexte complexe, le moins mauvais des choix à faire est de
voter nul pour à la fois dénoncer la manoeuvre du régime, contribuer à
faire reculer les attentismes et transformer en action, même limitée,
l’indignation spontanée des masses, se démarquer des partisans de
l’intervention extérieure et d’une action interne de l’armée dont on ne
sait rien sur ses auteurs éventuels et leurs objectifs.
Voter nul ne signifie nullement cautionner le régime.
Ce vote consiste pour l’électeur à glisser dans l’enveloppe un billet
sur lequel il aura écrit des slogans qui expriment son indignation
contre le régime bourgeois. En voici quelques exemples non limitatifs :
"A bas le régime capitaliste despotique de Bouteflika et son opposition,
tous à la solde de l’impérialisme ! Non à l’appauvrissement des
travailleurs et des jeunes ! L’argent du pétrole pour le développement !
Pour un régime démocratique révolutionnaire du peuple ! Vive le
socialisme !" ou encore : "Mon vote rejette tous les candidats. Il
signifie mon opposition au verrouillage politique qui empêche la
candidature d’un représentant des couches populaires exprimant mon
aspiration à une rupture avec le capitalisme et pour un pouvoir
populaire anti-impérialiste qui se battra pour le socialisme." etc. Ce
sera le véritable vote des masses populaires.
Aujourd’hui, il faut faire l’effort pour exploiter cette marge
politique et exprimer consciemment l’existence d’une opinion qui rejette
le diktat et les calculs des forces anti-populaires et inféodées à
l’impérialisme, que ce soit le régime en place ou les courants dits
d’opposition qui le combattent.
Demain c’est mener des actions organisées de niveau plus élevé,
grèves politiques générales, manifestations, etc., La lutte continue
quels que soient les résultats de la mascarade électorale.
Poursuivons le combat pour des changements politiques, économiques et
sociaux radicaux, pour l’avènement d’un régime démocratique populaire
qui s’attaque aux positions de la bourgeoisie et des multinationale,
contrôle les grands moyens de production, met fin aux inégalités
sociales et à l’exploitation, satisfait les revendications et les
besoins sociaux des travailleurs, de la petite paysannerie, des couches
qui vivent de leur travail, en un mot un régime qui ouvre la voie à la
révolution socialiste !
PADS (Parti algérien pour la
démocratie et le socialisme),
12 avril 2014
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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