Israël et les Palestiniens sont revenus à la case départ après la
suspension des négociations de paix parrainées par les Etats-Unis, et la
direction palestinienne va étudier ce week-end ses options pour
répondre à la crise.
Cet échec du processus de paix relancé en juillet 2013 après trois ans
de suspension, était attendu en l’absence de tout progrès avant
l’échéance du 29 avril, et ce malgré le forcing du secrétaire d’Etat
John Kerry.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a décidé jeudi de suspendre les
pourparlers de paix avec l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmud
Abbas et de prendre de nouvelles sanctions contre cette instance après
sa réconciliation avec le mouvement islamiste Hamas, bête noire
d’Israël.
Netanyahu, dans une interview à la BBC, a donné le ton en affirmant
que M. Abbas "peut avoir soit la paix avec Israël soit un pacte avec le
Hamas (mais) il ne peut pas avoir les deux".
"Tant que je suis Premier ministre d’Israël, je ne négocierai jamais
avec un gouvernement palestinien appuyé par les terroristes du Hamas qui
appellent à notre liquidation", a-t-il dit.
Le président Barack Obama, dont le chef de la diplomatie a été l’artisan
de la reprise des négociations, a jugé que l’accord inter-palestinien
"n’aidait pas". Il a souligné la nécessité d’une "pause" dans les
négociations mais affirmé qu’il ne renoncerait pas aux efforts de paix.
Aussi bien les Etats-Unis que l’Union européenne considèrent le Hamas,
qui a chassé du pouvoir à Gaza le Fatah de M. Abbas en 2007, comme une
organisation "terroriste". Le Hamas rejette les négociations de paix et
prône la lutte armée contre Israël. M. Kerry a admis "que la situation a
effectivement atteint un niveau très difficile, et les dirigeants
eux-mêmes doivent prendre des décisions".
"Mais il est trop tôt pour prononcer la mort du processus de paix. Il ne
meurt jamais. C’est comme le rock’n’roll, jamais il ne mourra", a
toutefois jugé Aaron David Miller, vétéran de la diplomatie américaine
et spécialiste du dossier.
Face à la crise, la direction de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP), signataire de l’accord de réconciliation conclu
mercredi, se réunit samedi et dimanche à Ramallah (Cisjordanie), sous la
présidence de M. Abbas.
Le Conseil central de l’OLP va encourager M. Abbas à poursuivre les
démarches unilatérales d’adhésion à des traités et organisations
internationaux, selon des sources palestiniennes.
La formation du cabinet de "consensus national" prévu par l’accord
inter-palestinien et qui sera dirigé par M. Abbas, ainsi que la possible
suspension de la coopération sécuritaire avec Israël seront aussi au
menu des discussions, ont-elles précisé.
Cette coopération sécuritaire, cruciale pour les Israéliens, pourrait en
effet pâtir de la crise. Selon le quotidien Maariv, les forces de
sécurité israéliennes pourraient ne plus pouvoir compter sur leurs
homologues palestiniennes et agir seules en cas de "nécessité
d’élimination ciblée" à Gaza ou en cas de "menace terroriste" en
Cisjordanie.
Des délégués du Hamas assisteront à la réunion de Ramallah. Et le
Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a dit qu’il était prêt à
démissionner si M. Abbas l’estimait nécessaire en vue de la formation
d’un nouveau cabinet, selon l’agence WAFA.
Jeudi, la ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée du dossier des
négociations côté israélien, a affirmé que les mesures punitives
envisagées ne provoqueraient "pas un effondrement de l’Autorité
palestinienne", soutenue à bout de bras par la communauté
internationale.
Israël a déjà gelé le transfert des taxes qu’il perçoit pour le compte
de l’Autorité palestinienne après les récentes demandes d’adhésion à 15
traités et conventions internationaux, au nom de l’Etat de Palestine.
La "rue palestinienne", elle, demeure pessimiste quant aux chances de
réconciliation entre les frères ennemis palestiniens, censée déboucher
d’ici la fin de l’année sur les premières élections législatives depuis
2006.
L’Autorité palestinienne, qui administre les zones autonomes de
Cisjordanie, a déjà signé plusieurs accords de réconciliation avec le
Hamas qui sont restés lettre morte.
"Nous sommes habitués à ce que le Fatah et le Hamas ne tiennent pas
leurs promesses", affirme Anwar Taoufik, un restaurateur de Ramallah,
fataliste.
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