lundi 28 avril 2014

Irak : le scrutin des forces de sécurité endeuillé par des attentats

Le scrutin anticipé des forces de sécurité irakiennes a été endeuillé lundi par une série d’attentats qui a fait au moins 20 morts, laissant présager le pire pour les élections générales de mercredi.
Soldats et policiers votent deux jours plus tôt, pour pouvoir surveiller les législatives, les premières depuis le départ des troupes américaines fin 2011. Le précédent scrutin, en 2010, avait été frappé par plusieurs attaques, faisant près de 40 morts et des dizaines de blessés, mais depuis, l’Irak s’est enfoncé dans une nouvelle spirale de violences.
Près de 600 soldats et policiers ont été tués en 2014, et nul ne parvient à contenir les violences, qui ont fait en tout près de 3.000 morts.
Dès l’ouverture des bureaux de vote à 07H00 locales (04H00 GMT), soldats et policiers s’alignaient devant les écoles de Bagdad et du reste du pays, avant de repartir le doigt marqué de la traditionnelle encre violette indiquant "a voté".
"Les Irakiens veulent du changement. Le gouvernement doit changer, car il a échoué dans les grandes largeurs", lance Jawad Kadhem, un sous-officier de police qui attend devant un bureau de vote du centre de Bagdad, sanglé dans son uniforme.
Craignant une escalade à l’approche du vote, les autorités ont décrété 5 jours fériés —de dimanche à jeudi— pour tenter de sécuriser le scrutin, auquel un peu plus de 20 millions d’électeurs sont inscrits. Mais ces élections anticipées entachées de violences, laissent présager un mercredi noir.
A travers le pays, au moins 20 membres des forces de sécurité ont péri.
La majorité des attaques a visé des bureaux de vote, mais des convois de l’armée ont également été pris pour cible, faisant des dizaines de blessés, selon des sources policières et médicales.
L’attaque la plus meurtrière, un attentat suicide contre un bureau de vote dans l’ouest de Bagdad, a tué au moins 7 policiers et blessé 15 personnes. A Kirkouk, un kamikaze a fait détoner sa charge dans un bureau de vote, tuant six policiers, selon des responsables de sécurité. En outre, au moins six journalistes irakiens ont été blessés dans l’attaque du bus qui les transportait vers un bureau de vote de Mossoul.
Plus de 9000 candidats sont en lice pour 328 sièges de députés.
Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, candidat à un troisième mandat, est donné favori, en l’absence d’un véritable challenger et sur fond de divisions dans l’opposition.
Mais dans certaines zones du pays, tombées aux mains d’insurgés dont des jihadistes radicaux, les élections ne pourront probablement pas se tenir. Outre l’insécurité grandissante, les Irakiens sont aussi lassés du chômage, de la corruption et du manque criant de services publics.
"Je suis venu voter pour le bien de l’Irak, et pour chasser ceux qui n’ont pas servi le pays", explique Ahmed, un policier rencontré dans la file d’attente d’un bureau de vote de Bagdad, et qui refuse de donner son nom complet.
"Le Parlement n’a rien fait", renchérit le général de brigade Yahiya Saad Yahyia, 56 ans, un ancien soldat de l’armée de Saddam Hussein désormais employé au ministère de l’Intérieur.
Les députés irakiens n’ont approuvé que très peu de projets de loi depuis 2010.
La spirale de violences a placé la situation sécuritaire au centre des débats, M. Maliki et son parti, l’Alliance pour l’Etat de droit, faisant campagne sur la nécessité de s’unir derrière le gouvernement pour mettre fin au bain de sang.
Il "utilise la crise sécuritaire pour détourner le débat de l’insatisfaction de la population vis-à-vis du gouvernement", explique Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy.
"S’il réussit, la crise sécuritaire pourrait lui être très bénéfique", pronostique M. Knights.
En plus des quelque 800 000 membres des forces de sécurité, les malades hospitalisés, le personnel médical, les prisonniers et leurs gardiens votent également lundi.
Les Irakiens de l’étranger, qui ont commencé à voter dimanche dans 19 pays, ont jusqu’à lundi soir pour se rendre aux urnes.

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