Le principal rival d’Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle algérienne
du 17 avril, Ali Benflis, a affirmé mardi qu’il ne se tairait pas en
cas de fraude en faveur du président sortant. "Si jamais les élections
sont truquées, je ne me tairai pas", a martelé lors d’une conférence de
presse M. Benflis, qui n’a eu de cesse de dénoncer les risques de fraude
tout au long de la campagne qui s’est achevée dimanche. "Ne pas se
taire", a-t-il expliqué, "c’est protester, ne pas accepter le viol de la
volonté populaire". "Comment vais-je faire avec ces millions de gens
qui ont voté pour moi, qui s’aperçoivent que les P-V ont été (...)
trafiqués ?" s’est encore demandé M. Benflis en se disant "confiant" en
sa victoire.
Il a indiqué avoir mis en place "une armée" d’observateurs du scrutin,
forte de "60 000 personnes, pour la plupart des jeunes (...) armés
jusqu’aux dents par leurs convictions". "La fraude est devenue pour moi
un ennemi et c’est pour cela que je la dénonce et la combats. La fraude
est immorale et dégrade et déshonore tous ceux qui y ont recours",
a-t-il insisté. M. Benflis a par ailleurs jugé "irresponsable"
l’accusation de "terrorisme" porté contre lui par M. Bouteflika.
En recevant samedi le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel
Garcia-Margallo, le président sortant avait accusé M. Benflis d’avoir
appelé à la violence pendant la campagne, osant même le terme de
"terrorisme".
Le chef d’un parti islamiste, Abderezak Mokri, a estimé pour sa part
mardi que les "signes de la fraude" étaient "perceptibles" pour le
scrutin de jeudi.
M. Bouteflika "ne peut pas gagner sans la fraude",
a estimé lors d’une conférence de presse M. Mokri, qui a appelé au
boycottage de l’élection. Son parti, le Mouvement de la société pour la
paix (MSP), faisait partie de la coalition gouvernementale, avant de la
quitter en janvier 2012. "Les élections seront truquées et le président
sera élu pour un 4e mandat", a-t-il pronostiqué. Il a en outre accusé
les autorités d’avoir "contraint" les travailleurs à se rendre aux
meetings des émissaires de M. Bouteflika, qui n’a pas mené lui-même sa
campagne en raison de ses ennuis de santé.
Le président sortant a été victime d’un AVC l’an dernier qui a nécessité
une hospitalisation de près de trois mois à Paris. Il est toujours en
rééducation, mais sa santé "s’améliore de jour en jour", assure son
entourage. Ces déclarations rassurantes n’ont pas empêché M. Mokri de
parier sur les divergences qui ne manqueront pas, selon lui,
d’apparaître "au sein du pouvoir, après les élections, sur qui va
gouverner à la place du président malade". M. Mokri a également annoncé
que des équipes de son parti seraient "dans les bureaux de vote pour
relever l’affluence et avoir une idée claire du boycottage". Le MSP fait
partie d’une coalition de cinq partis d’opposition qui appellent au
boycott du scrutin et à une "transition démocratique" après le 17 avril.
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