La milice chiite des Houthis affiche sa détermination à poursuivre son
coup de force au Yémen avant un vote à l'ONU sur une résolution la
sommant de lâcher le pouvoir à Sanaa.
"Le peuple yéménite ne cèdera devant aucune menace", a déclaré le
porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, affirmant que sa milice a
engagé le Yémen "dans un processus d'autodétermination, à l'abri de
toute tutelle" étrangère.
Les six monarchies du Golfe ont réclamé, au terme d'une réunion
ministérielle samedi à Ryad, des mesures coercitives immédiates contre
les Houthis sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU.
Ce chapitre permet d'exercer des pressions économiques et même
militaires pour faire appliquer une décision du Conseil de sécurité.
Ce Conseil devrait adopter dimanche une résolution qui met la milice
chiite en demeure de se retirer des institutions qu'elle contrôle, de
libérer les membres du gouvernement détenus, et de négocier, selon des
diplomates.
Le projet de résolution agite une vague menace de sanctions mais il va
moins loin que les mesures coercitives réclamées par les monarchies du
Golfe.
Les miliciens chiites doivent, selon ce projet, "s'impliquer de bonne
foi dans les négociations" de paix menées sous l'égide de l'émissaire de
l'ONU Jamal Benomar. Ils sont également appelés à "libérer le président
(Abd Rabbo Mansour) Hadi, son premier ministre et les membres du
cabinet", assignés à résidence depuis que la milice a pris le pouvoir.
Selon des diplomates occidentaux, la Russie, qui siège au Conseil de
sécurité, est réticente à voter des sanctions depuis qu'elle est
elle-même sous le coup de sanctions américaines et européennes pour son
implication en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.
Les monarchies du Golfe, dirigées par des dynasties sunnites, en ont
appelé à l'ONU car elles redoutent le chaos créé par "le coup d'Etat"
des Houthis au Yémen, un pays menacé par l'essor d'Al-Qaïda et par un
courant séparatiste dans le sud du pays.
Mais les miliciens chiites, qui tentent d'asseoir leur autorité sur le
pays, dont les provinces du sud et du sud-est leur échappent encore,
cherchent à étouffer toute contestation hostile.
Ils usent de la force contre les manifestants et arrêtent des opposants.
L'un d'eux est décédé vendredi après avoir été "torturé" selon sa
famille.
Plusieurs protestataires ont été blessés dimanche à Ibb (centre) lorsque
des miliciens chiites ont tiré en l'air pour disperser des centaines de
manifestants, sortis dans la rue pour réclamer la libération d'un
militant, Ahmed Hazzaa, selon des témoins.
Ce militant, qui dirige le mouvement "Rafdh" (Rejet), né en réaction à
l'entrée des miliciens chiites dans la capitale en septembre, a été
arrêté samedi à Ibb par des Houthis qui l'ont conduit vers une
destination inconnue, selon son groupe.
Face à l'insécurité croissante, neuf pays occidentaux et arabes, dont
les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, ont fermé leur ambassade à Sanaa et
évacué leur personnel diplomatiques, isolant davantage la milice au
pouvoir.
Le porte-parole des Houthis a dénoncé un "chantage provocateur",
estimant que ces ambassades fermées "défendaient les intérêts de leur
pays et non pas celui du peuple" yéménite.
L'émissaire de l'ONU, qui a prévenu jeudi que le Yémen risquait de
"plonger dans la guerre civile", poursuivait ses consultations avec les
forces politiques, y compris les Houthis, qu'il devrait rencontrer de
nouveau dimanche soir avec l'espoir de parvenir à une sortie de crise,
selon son entourage.
Le Yémen est plongé dans le chaos depuis la montée en puissance de la
milice chiite qui s'est emparée fin janvier des bâtiments officiels,
poussant à la démission les chefs de l'Etat et du gouvernement, assignés
à résidence. Elle a ensuite annoncé le 6 février la mise en place de
nouvelles instances dirigeantes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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