Le Conseil de sécurité de l'ONU a exigé dimanche des miliciens yéménites
chiites Houthis qu'ils abandonnent le pouvoir à Sanaa, alors que la
milice affichait sa détermination à poursuivre son coup de force.
Dans sa résolution, le Conseil "exige que les Houthis, immédiatement et
sans condition, participent de bonne foi aux négociations" menées sous
l'égide de l'ONU, "qu'ils retirent leurs forces des institutions de
l'Etat" et "cèdent le contrôle des institutions gouvernementales et de
sécurité".
Les miliciens chiites doivent aussi "libérer le président (Abd Rabbo
Mansour) Hadi, son Premier ministre et les membres du cabinet" qui sont
en résidence surveillée, selon le texte.
Le Conseil demande aussi à tous les protagonistes de la crise
"d'accélérer" les négociations et de fixer une date pour un référendum
constitutionnel et des élections.
Cette résolution mise au point par le Royaume-Uni et la Jordanie a été adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil.
"Le peuple yéménite ne cèdera devant aucune menace", avait déclaré plus
tôt le porte-parole des Houthis, Mohamed Abdessalam, affirmant que sa
milice a engagé le Yémen "dans un processus d'autodétermination, à
l'abri de toute tutelle" étrangère.
La communauté internationale s'alarme de plus en plus de la crise au
Yémen, un pays en phase "d'effondrement", selon le secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon.
La résolution va moins loin que ce qui était souhaité par les six
monarchies du Golfe, qui ont réclamé, au terme d'une réunion
ministérielle samedi à Ryad, des mesures coercitives immédiates contre
les Houthis sous le Chapitre 7 de la Charte de l'ONU.
Ce chapitre permet d'exercer des pressions économiques et même
militaires pour faire appliquer une décision du Conseil de sécurité.
Selon des diplomates occidentaux, la Russie, qui siège au Conseil de
sécurité, est réticente à voter des sanctions depuis qu'elle est
elle-même sous le coup de sanctions américaines et européennes pour son
implication en Crimée et dans l'est de l'Ukraine.
Une réunion ministérielle de l'Organisation de la coopération islamique
(OCI) à Jeddah en Arabie saoudite, a dénoncé "le coup d'Etat des
Houthis". Cette organisation, qui réunit 57 membres, a indiqué soutenir
les demandes formulées la veille par les monarchies du Golfe.
La Ligue arabe a pour sa part annoncé une réunion d'urgence mercredi sur le Yémen des chefs de diplomatie des pays membres.
Les monarchies du Golfe, dirigées par des dynasties sunnites, redoutent
le chaos créé par "le coup d'Etat" des Houthis au Yémen, un pays voisin
menacé par l'essor du réseau extrémiste sunnite Al-Qaïda et par un
courant séparatiste dans le sud.
Les miliciens chiites, qui tentent d'asseoir leur autorité sur le Yémen,
dont les provinces du sud et du sud-est, ont rencontré dimanche une
forte résistance de tribus sunnites autour de la ville de Baïda
(centre).
Selon des sources tribales, pas moins de 12 Houthis ont été tués dans de
violents affrontements à l'est de Baïda lors d'accrochages avec des
combattants tribaux, un bilan difficile à confirmer de sources
indépendantes.
Plus au sud, les tribus sunnites de Chabwa ont mis en garde, dans un
communiqué, les Houthis contre toute tentative d'entrer dans leur
région.
Plusieurs manifestants ont été blessés dimanche à Ibb (centre) lorsque
des miliciens chiites ont tiré en l'air pour disperser des centaines de
protestataires, sortis dans la rue pour réclamer la libération d'un
militant, Ahmed Hazzaa, selon des témoins.
Ce militant, qui dirige le mouvement "Rafdh" (Rejet), né en réaction à
l'entrée des miliciens chiites à Sanaa en septembre, a été arrêté samedi
à Ibb, selon son groupe.
Les Houthis usent de la force contre les manifestants et arrêtent des
opposants. L'un d'eux est décédé vendredi après avoir été "torturé",
selon sa famille.
L'émissaire de l'ONU, qui a prévenu jeudi que le Yémen risquait de
"plonger dans la guerre civile", poursuit ses consultations avec les
forces politiques, y compris les Houthis, qu'il devait rencontrer de
nouveau dimanche soir avec l'espoir de parvenir à une sortie de crise,
selon son entourage.
(16-02-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire