Les élections du 17 mars en Israël ne mettent pas
seulement aux prises Benjamin Netanyahu et le reste de la classe
politique, elles opposent aussi deux magnats de la presse: l'un grand
pourfendeur du Premier ministre, l'autre supporter fervent.
D'un côté, Sheldon Adelson, multimilliardaire américain octogénaire; de
l'autre Arnon Moses, patron israélien du plus important groupe de presse
national.
Sheldon Adelson, un des principaux contributeurs du Parti républicain
aux Etats-Unis, s'est mobilisé à fond en faveur du Premier ministre de
droite sortant. Au service de la réélection de son poulain, Israel
Hayom, le quotidien gratuit qu'il a fondé en 2007 et qui est devenu le
journal le plus diffusé du pays.
Celui dont la fortune est estimée à prés de 40 milliards de dollars s'est aussi offert le site d'information israélien NRG.
Arnon Moses, 61 ans, est, lui, à la tête d'un empire de presse
comprenant le populaire site d'information Ynet et le quotidien Yediot
Aharonot, longtemps dominant mais désormais supplanté par Israel Hayom.
"Il s'agit d'un véritable duel entre magnats qui se déroule aussi bien
sur le front économique que politique, car le Yediot Aharonot a adopté
ces dernières années une position très critique vis-à-vis de Bibi", le
surnom de Netanyahu, explique Amit Lavie Dinur, experte en
communications au Centre interdisciplinaire de Herzliya au nord de Tel
Aviv.
En butte à un flot d'informations sur le train de vie dans ses
résidences ou sur la conduite de son épouse, Netanyahu a accusé Arnon
Moses d'être le "cerveau" de cette campagne.
"Les objectifs de cet homme d'affaires qui a le bras long dans les
médias est de faire tomber le gouvernement du Likoud que je dirige, de
provoquer la fermeture d'Israel Hayom et de restaurer le contrôle
qu'exerçait le Yediot Aharonot sur la presse écrite", a proclamé Netanyahu sur les réseaux sociaux.
Nahum Barnea, le commentateur le plus influent du Yediot Aharonot, a
aussitôt diagnostiqué une crise de "paranoïa" de la part de Netanyahu
en suggérant son "hospitalisation dans un asile psychiatrique". Arnon
Moses est resté fidèle à sa discrétion habituelle.
Mais son influence s'est fait sentir au parlement, théâtre en novembre
d'un débat passionné. Malgré la ferme opposition de Netanyahu, les
députés ont procédé au vote préliminaire d'un texte visant à interdire
la diffusion gratuite d'Israel Hayom.
Le vote a été acquis par 43 voix contre 23. Des députés et ministres de
la majorité de droite du Premier ministre ont voté pour, signe que le
journal rallie les détracteurs de tous les côtés.
Le député de l'opposition travailliste Eitan Cabel qui présentait le
texte de loi disait vouloir défendre l'existence des autres journaux,
qui souffrent de la concurrence gratuite d'un "pamphlet se livrant à un
culte de la personnalité digne de la Corée du Nord".
Israel Hayom rafle une bonne partie du marché de la publicité et des
annonces légales et contribue ainsi à la crise des grands quotidiens
nationaux payants.
Le journal avait sèchement répliqué en présentant Eitan Cabel comme un "agent" au service d'Arnon Moses.
Le vote du parlement avait provoqué un coup de sang du Premier ministre.
Moins d'un mois après, il annonçait à la surprise générale la tenue
d'élections anticipées, ce qui a provoqué un report de plusieurs mois de
l'examen en trois lectures de ce texte.
Israel Hayom continue donc à être diffusé gratuitement dans les rues,
les centres commerciaux ou les gares par des distributeurs revêtus de
salopettes rouges qui font désormais partie du paysage.
Un avocat a intenté une action de dernière minute avant les législatives
pour empêcher la diffusion du journal parce qu'il servirait à la
campagne de Netanyahu. La commission électorale a rejeté sa demande
mardi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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