lundi 26 août 2013

Syrie : Bashar el-Assad juge les accusations occidentales "insensées"

Le président syrien Bashar el-Assad a qualifié d’"insensées" les accusations occidentales sur l’attaque chimique perpétrée par son régime et a prévenu les États-Unis que leurs projets d’intervention militaire en Syrie étaient voués à l’"échec" dans une interview au quotidien russe Izvestia. "Les déclarations faites par des hommes politiques aux États-Unis et en Occident sont une insulte au bon sens et témoignent du mépris quant à l’opinion de leur peuple", a-t-il déclaré. "C’est un non-sens : accuser d’abord et recueillir les preuves ensuite", a-t-il poursuivi.
Le secrétaire d’État américain John Kerry a téléphoné dimanche au secrétaire général de l’ONU et à ses homologues britannique, français, canadien et russe pour leur dire avoir "très peu de doutes" quant à l’usage d’armes chimiques par Damas le 21 août. Les experts de l’ONU doivent commencer à enquêter lundi sur les lieux d’une attaque chimique présumée près de Damas, après avoir obtenu un feu vert du régime jugé trop tardif par les pays occidentaux qui étudient une option militaire.
Se basant sur des rapports médicaux, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a comptabilisé plus de 300 morts par gaz toxique, dont des dizaines de rebelles. Le président syrien a par ailleurs mis en garde les États-Unis contre une intervention militaire en Syrie. "Les États-Unis essuieront un échec comme lors de toutes les guerres précédentes qu’ils ont lancées, à commencer par le Vietnam", a-t-il lancé. "L’Amérique a mené plusieurs guerres et n’a jamais atteint les objectifs pour lesquels ces guerres ont été déclarées", a ajouté le président syrien. "Elle n’a pas réussi à convaincre les peuples multiethniques du caractère juste de ces guerres ni d’imposer son idéologie dans ces pays", a-t-il poursuivi.
Il a accusé "certains leaders" occidentaux de "ne pas connaître l’histoire et ne pas en tirer la leçon". "Ont-ils tiré la leçon des 50 dernières années ? Ils auraient dû étudier les documents de leurs prédécesseurs qui ont perdu toutes les guerres à commencer par le Vietnam et jusqu’à nos jours", a-t-il dit dans une claire allusion à l’administration américaine. "N’ont-ils pas compris que toutes ces guerres n’ont apporté rien d’autre que la ruine et l’instabilité au Proche-Orient et dans d’autres régions du monde", a poursuivi le président syrien.
Bashar el-Assad, qui a déclaré lutter "contre les terroristes" en Syrie, a aussi mis en garde les Occidentaux contre le fait que "le terrorisme n’(était) pas une carte qu’on joue une fois et (qu’)on oublie ensuite". "On ne peut pas être pour le terrorisme en Syrie et contre le terrorisme au Mali. On ne peut pas soutenir le terrorisme en Tchétchénie et lutter contre en Afghanistan", a-t-il souligné. "Personne ne réussira à transformer la Syrie en une marionnette des Occidentaux", a-t-il conclu.

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Intervention en Syrie : Moscou met en garde Washington
La Russie a mis lundi en garde les États-Unis contre les conséquences "extrêmement graves" d’une possible intervention militaire en Syrie au cours d’un entretien téléphonique entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry. "Sergueï Lavrov a attiré l’attention de son interlocuteur sur les conséquences extrêmement graves d’une possible intervention militaire pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord où des pays comme l’Irak ou la Libye sont toujours déstabilisés", selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
La Russie "est très inquiète" par les récentes déclarations américaines selon lesquelles Washington est prêt à "intervenir" dans le conflit syrien, a souligné le chef de la diplomatie russe. Le secrétaire d’État américain John Kerry a téléphoné dimanche au secrétaire général de l’ONU et à ses homologues britannique, français, canadien et russe pour leur dire avoir "très peu de doutes" quant à l’usage d’armes chimiques par Damas le 21 août. Après cette attaque meurtrière près de la capitale, où l’opposition syrienne affirme, malgré les nombreux démentis de Damas, que le régime a utilisé des armes chimiques pour tuer des centaines de civils, l’ONU a envoyé ses experts qui doivent commencer à enquêter lundi sur les lieux.
Dans ce contexte, "la Russie appelle à s’abstenir de faire pression sur Damas, ne pas céder aux provocations et tenter de créer des conditions normales pour que la mission de l’ONU puisse mener une enquête minutieuse et impartiale sur place", selon le communiqué. Se basant sur des rapports médicaux, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a comptabilisé plus de 300 morts par gaz toxique, dont des dizaines de rebelles. La Russie est l’un des derniers soutiens du régime du président Bachar el-Assad, auquel elle vend des armes.

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Des djihadistes vengent l’attaque chimique
Le Front Al-Nosra, affilié à al-Qaida et qui combat le régime syrien, a revendiqué l’assassinat dimanche du gouverneur de Hama (centre), affirmant se venger de l’attaque chimique présumée menée par l’armée près de Damas. "Dans le cadre de l’opération oeil pour oeil, le gouverneur de Hama et certains de ses gardes ont été tués par les lions du Front Al-Nosra à Hama par une voiture piégée. Que Dieu soit loué", affirme le groupe djihadiste sur son compte Twitter.
Dans un message audio diffusé dimanche, le chef d’Al-Nosra, Mohammad al-Jolani, avait promis de se venger après l’attaque chimique présumée menée par les troupes du président Bashar el-Assad près de Damas selon l’opposition, qui soutient que des centaines de personnes y ont péri. Il avait précisé que les attaques de son groupe commenceraient dès dimanche. Quelques heures plus tard, les médias officiels annonçaient l’assassinat d’Anas Abdel Razzaq al-Naëm, gouverneur de Hama, dans un attentat à la voiture piégée dans un quartier de la ville.
Le chef d’Al-Nosra avait en particulier promis d’attaquer en guise de représailles les villages alaouites, branche du chiisme à laquelle appartient le président el-Assad. Lundi, le groupe a également revendiqué l’assassinat d’un dignitaire alaouite dans la ville côtière de Lattaquié (ouest), bastion du régime. "Dans le cadre de l’opération oeil pour oeil lancée par le cheikh Mohammad al-Jolani, les djihadistes d’Al-Nosra ont liquidé Badr Wahib Ghazal, chef de la communauté alaouite, dans la ville de Lattaquié", indique le texte tweeté par le groupe.
La page du texte montre également une photo présumée du dignitaire "sous interrogatoire" et une autre avec sa tête décapitée. Inconnu avant la révolte en Syrie, le groupe sunnite extrémiste Al-Nosra s’est rallié aux rebelles voulant renverser le régime syrien et a revendiqué de nombreux attentats-suicides et à la voiture piégée à travers le pays.

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Fabius : "Il y a un devoir de réagir"
Laurent Fabius tape du poing sur la table. Dans une interview à la radio Europe 1, le ministre des Affaires étrangères a promis une réponse occidentale "arbitrée dans les jours qui viennent" après l’attaque chimique présumée survenue mercredi dans la banlieue de Damas. "Il y a un devoir de réagir", a-t-il indiqué. Le chef de la diplomatie française a toutefois assuré que la décision d’une intervention militaire en Syrie n’était "pas encore prise". "Toutes les options sont ouvertes", a-t-il souligné sur Europe 1.
"Il y a un massacre chimique qui est établi", a assuré Laurent Fabius, affirmant qu’à titre personnel il avait la conviction de la responsabilité de Damas.

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