lundi 26 août 2013

Syrie : La Syrie prête à affronter tous les scénarios

Le régime syrien est prêt à faire face "à tous les scénarios", au moment où les puissances occidentales étudient des options militaires après une attaque chimique présumée près de Damas, a affirmé lundi un haut responsable au sein des services de sécurité. "Les menaces occidentales de frappe contre la Syrie entrent dans le cadre des pressions psychologiques et politiques sur la Syrie, mais dans tous les cas nous sommes prêts à faire face à tous les scénarios", a-t-il dit.
"Nous espérons que ceux qui tentent de pousser vers une action militaire se montrent raisonnables. Nous sommes convaincus que la sortie de la crise ne sera que politique", a-t-il ajouté. "Tout problème, dans quelque point que ce soit, aura des impacts sur toute la région, car la situation en Syrie est complexe et compliquée", a-t-il encore dit. Le président syrien Bashar el-Assad a prévenu Washington que toute intervention militaire contre son régime serait vouée "à l’échec", qualifiant d’"insensées" les accusations occidentales sur l’usage d’armes chimiques par son régime.

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Les enquêteurs de l’ONU visés par des tireurs embusqués
Les experts chargés par l’ONU d’enquêter sur l’éventuel usage d’armes chimiques en Syrie ont été lundi la cible de tireurs embusqués non identifiés, les forçant à suspendre leur mission près de Damas, a annoncé un porte-parole des Nations unies.
"Le premier véhicule de l’équipe d’enquête sur les armes chimiques a été délibérément touché à plusieurs reprises par des tirs de snipers non identifiés", a déclaré Martin Nesirky dans un communiqué. Il n’a fait état d’aucun blessé.

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Londres juge "possible" d’intervenir sans unité à l’Onu
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a estimé lundi qu’il était "possible" de répondre à l’usage d’armes chimiques en Syrie "sans unité complète au Conseil de sécurité de l’ONU", tout en refusant de "détailler les options militaires" envisagées.
"Est-il possible de répondre à l’usage d’armes chimiques sans unité complète au Conseil de sécurité de l’ONU ? Je dirais que oui", a déclaré William Hague, dans une interview à la BBC, alors que la Russie et la Chine bloquent toute condamnation du régime syrien.
Redisant sa conviction que le régime de Bashar al-Assad avait utilisé des armes chimiques lors de l’attaque du 21 août près de Damas, le ministre des Affaires étrangères a estimé qu’il était possible d’agir pour des motifs "humanitaires". "Nous avons essayé les autres méthodes, les méthodes diplomatiques, et nous continuerons à les employer, mais elles ont jusqu’ici échoué", a-t-il encore déclaré.
"Nous, les Etats-Unis et d’autres pays comme la France, sommes très clairs sur le fait que nous ne pouvons pas permettre au 21ème siècle que des armes chimiques soient utilisées en toute impunité mais je ne peux pas détailler les options militaires pour le moment", a-t-il dit.
Interrogé sur la possibilité de frappes militaires cette semaine, le ministre s’est refusé à "spéculer là-dessus publiquement". Il a répété que les enquêteurs de l’ONU qui pourront procéder à partir de ce lundi en Syrie à des vérifications sur l’emploi d’armes chimiques arrivaient "très tard".
La Chine a préconisé lundi la "prudence, afin d’éviter toute ingérence" en ajoutant que seule une "solution politique" était envisageable pour résoudre la crise syrienne.
"Seule une solution politique peut résoudre la crise syrienne", a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, dans un communiqué officiel, tandis que des pays occidentaux étudient une option militaire contre le régime de Damas.
La Turquie est prête à rejoindre une coalition internationale dirigée contre la Syrie, même en l’absence de consensus à l’ONU, a affirmé lundi son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu.
"Si une coalition est formée contre la Syrie lors de ce processus, la Turquie en fera partie", a déclaré M. Davutoglu dans un entretien accordé au quotidien Milliyet paru lundi.

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Le Drian au Qatar et aux Émirats
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, actuellement en visite au Qatar, se rendra mardi aux Émirats arabes unis (EAU) à la demande de François Hollande pour s’entretenir de la crise syrienne avec les responsables émiratis, a-t-on appris lundi dans son entourage. À Doha, Jean-Yves Le Drian devait s’entretenir lundi matin avec le ministre de la Défense du Qatar, le général Al Attiyah. Il se rendra mardi à Abu Dhabi "pour des entretiens politiques" avec le prince héritier, Cheick Mohammed, vice-commandant suprême des forces armées.
"Compte tenu de l’accélération de la crise, le président de la République a souhaité que Jean-Yves Le Drian ait des entretiens politiques réservés uniquement à la question de la crise syrienne et régionale avec le Qatar et les Émirats, qui sont en première ligne sur le sujet et avec lesquels il est intéressant que nous ayons une position rapprochée", a-t-on précisé de même source. Il s’agit du 4e déplacement aux Émirats du ministre de la Défense, et son 3e au Qatar, depuis son entrée en fonction en mai 2012.
"Ce sont des pays qui interviennent diplomatiquement très fortement sur la question syrienne, avec lesquels nous avons une coopération stratégique très affirmée", souligne-t-on dans l’entourage du ministre : "Il est absolument nécessaire qu’on ait une conversation avec eux sur le sujet." Selon les experts, le Qatar et les EAU sont en pointe pour aider concrètement sur le terrain la rébellion syrienne face à l’armée du régime de Bashar el-Assad. Le déplacement au Qatar de Jean-Yves Le Drian devait à l’origine être centré uniquement sur la coopération bilatérale en matière de défense.

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Réunion militaire internationale à Amman
Les chefs d’état-major de plusieurs pays occidentaux et musulmans commencent ce lundi à Amman une réunion de deux jours pour examiner les retombées du conflit en Syrie, selon un responsable jordanien.
D’intenses consultations à haut niveau ont eu lieu ces derniers jours entre les capitales occidentales à propos de l’utilisation présumée d’armes chimiques par le régime syrien, alors que l’armée américaine assurait préparer ses options.
Vendredi, un responsable jordanien avait annoncé la tenue dans les prochains jours d’une réunion à Amman à l’invitation du chef d’état-major jordanien Mechaal Mohamed el-Zeben et du chef du Centcom, le commandement américain chargé de 20 pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale, le général Lloyd Austin.
Cité par l’agence officielle Pétra, ce responsable non identifié du commandement des forces armées jordaniennes faisait état de la participation du général Dempsey, chef d’état-major interarmées, ainsi que des chefs d’état-major d’Arabie saoudite, du Qatar, de Turquie, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, d’Italie et du Canada.
Un responsable du gouvernement jordanien a affirmé que cette réunion se tiendrait lundi et mardi à Amman.
"Les participants sont en train d’arriver à Amman. Un communiqué officiel sera diffusé au moment du début de la réunion", a-t-il dit sans autre précisions.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères Nasser Jawdeh avait indiqué dimanche que cette réunion était "prévue depuis des mois".
La réunion "discutera de la situation et des scénarios sur le terrain, tout particulièrement après les récents développements dangereux. Les chefs d’état major doivent avoir des discussions complètes", avait-il dit.
L’annonce de cette réunion survient alors qu’une équipe de l’ONU s’apprête à enquêter sur une utilisation présumée d’armes chimiques mercredi dernier près de Damas imputée par l’opposition et des pays européens au régime de Bashar al-Assad.
La semaine dernière, le patron du Pentagone Chuck Hagel avait annoncé le déploiement de moyens militaires afin de fournir des "options" au président s’il devait donner l’ordre d’une intervention en Syrie.

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Syrie : la France doit prendre l’initiative politique (PCF)
Selon Washington, toutes les options sont sur la table concernant la Syrie. Cependant, plus les heures passent, plus c’est l’option d’une intervention militaire de quelques puissances, dont la France, qui se précise.
L’escalade de la confrontation militaire provoquée par le régime syrien suscite de très graves inquiétudes.
Les bombardements à l’arme chimique, dont la responsabilité est attribuée au régime de Bachar Al Assad, ont fait franchir un pas spécifique et particulièrement criminel dans l’horreur. Il faut encore que toute la lumière soit faite sur ces bombardements… Mais les États-Unis, qui auraient déjà formé près de trois cents combattants de commandos pour l’ASL (armée syrienne libre) au cours de ces dernières semaines, ont maintenant renforcé leur flotte de guerre armée de missiles de croisière en Méditerranée.
La crise syrienne est devenue dans les faits une crise géo-politique internationale. Le bilan de cette confrontation est effroyable : environ 100 000 morts, plusieurs millions de réfugiés dont un million d’enfants, un pays dévasté, des villes en cours de destruction, une société pulvérisée par une violence et des affrontements internes directement soutenus par des États et différents acteurs politiques de la région. Il faut arrêter ça ! Les affrontements avaient déjà franchi le seuil de l’inhumanité avec des exactions d’une sauvagerie rarement égalée, comme ces civils égorgés vivants par des groupes salafistes se situant dans l’opposition.
Aujourd’hui, une intervention militaire de Washington et de ses alliés constituerait un degré supplémentaire dans l’inacceptable, dans cette escalade sans issue. Bombarder la Syrie serait ajouter la guerre à la guerre. Avec les risques rarement égalés d’un embrasement au Moyen-Orient, notamment d’une explosion du Liban où les attentats, les représailles et les vengeances se succèdent.
Laurent Fabius, qui prétend faire de la France "une puissance repère", appelle hier à une réaction de force. Il dit aujourd’hui que la solution "reste politique"... La France doit maintenant parler clair et prendre une forte initiative.
Le Parti communiste français appelle les autorités françaises à prendre l’initiative d’une réunion au sommet des belligérants et des principales puissances impliquées, les États-Unis et la Russie bien sûr, mais aussi la Turquie et l’Iran, afin de définir les conditions d’un arrêt de l’escalade dans la confrontation militaire, et d’une transition démocratique en Syrie. Il faut reprendre l’esprit et l’ambition de la deuxième conférence de Genève qui aurait dû tracer la voie d’une telle solution il y a déjà des mois. Il faut aussi obtenir l’engagement du Secrétaire général de l’ONU pour que l’exigence d’une solution politique l’emporte contre les menaces qui pèsent sur la sécurité internationale.
Chacun doit maintenant mesurer sérieusement la responsabilité qu’il doit prendre. Il y a urgence.

Parti communiste français
Paris, le 26 août 2013.

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