jeudi 29 août 2013

Syrie : Obama n’a pas encore pris de décision

Le président Barack Obama a indiqué mercredi qu’il n’avait pas encore pris de décision sur la réaction américaine à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, mais évoqué un "coup de semonce" destiné à en dissuader Damas.
"Je n’ai pas encore pris de décision" sur une action en Syrie, a indiqué le dirigeant à l’antenne de la télévision publique PBS, ses premiers commentaires publics depuis vendredi dernier sur ce dossier.
Pendant le week-end, alors qu’émergeaient les détails de l’attaque qui aurait fait plusieurs centaines de morts le 21 août près de Damas, les Etats-Unis ont considérablement durci le ton contre la Syrie, au point qu’une intervention armée, comme des tirs de missiles de croisière contre des équipements ou symboles du pouvoir de Bashar al-Assad semble désormais probable à court terme.
Le président Obama a toutefois rejeté l’idée d’une intervention américaine destinée à appuyer la rébellion, alors que le pouvoir syrien est en butte à une révolte populaire déclenchée début 2011. Cette dernière s’est militarisée et a dégénéré en guerre civile qui a fait plus de 100 000 morts selon l’ONU.
Un "engagement direct militaire" des Etats-Unis dans la guerre civile "ne serait pas bénéfique à la situation sur le terrain", a-t-il estimé.
L’idée sous-jacente à la réaction des Etats-Unis serait, a-t-il expliqué, que le gouvernement syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu’il ferait mieux de ne pas recommencer".
Obama a indiqué que les Etats-Unis "ont conclu que le gouvernement syrien a bien commis cela, et que donc, il faut qu’il y ait des conséquences internationales".
"Je ne souhaite pas un conflit sans fin en Syrie, mais (...) lorsque des pays violent les règles internationales sur des armes comme des armes chimiques qui pourraient nous menacer, il faut qu’ils rendent des comptes", a-t-il insisté. Punir le gouvernement Assad "ne résoudra pas tous les problèmes de la Syrie. Evidemment, cela ne mettra pas fin aux morts de civils innocents en Syrie", a-t-il concédé.
"Nous espérons qu’une transition se produira en fin de compte en Syrie, et nous sommes prêts à travailler avec tout le monde, les Russes et les autres pour essayer de rassembler les parties pour trouver une solution au conflit", a assuré Obama, alors que les relations avec Moscou, allié indéfectible de Damas, se sont de son propre aveu fortement dégradées depuis le retour à la présidence de Vladimir Poutine en mai 2012.
Mais "nous voulons que le régime Assad comprenne qu’en ayant recours à des armes chimiques à grande échelle contre son propre peuple, contre des femmes, des bébés, des enfants, il ne fait pas que violer les règles internationales et les critères de décence, mais qu’il crée aussi une situation dans laquelle les intérêts nationaux américains sont affectés, et il faut que cela cesse", a-t-il martelé.
Le soutien de la Russie au gouvernement de Damas semble fermer aux Etats-Unis la possibilité de voir le Conseil de sécurité des Nations unies donner un feu vert à une intervention en Syrie, ce qui semble présager une action unilatérale de Washington.
Obama, opposé il y a dix ans à l’invasion de l’Irak par l’administration de son prédécesseur républicain George W. Bush, qui s’était passé de l’autorisation de l’ONU, a rejeté d’avance la comparaison historique. Il a évoqué "une approche limitée, sur-mesure" pour "ne pas nous retrouver entraînés dans un long conflit, pas une répétition de l’Irak, ce qui inquiète beaucoup de monde".
"Si nous envoyons un coup de semonce pour dire +arrêtez+, nous pouvons avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme", a argumenté le président.

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Impasse à l’ONU, pas de frappe avant les résultats de l’enquête
Les membres permanents du Conseil de sécurité ne sont pas parvenus mercredi à s’accorder sur une résolution britannique justifiant une action armée en Syrie, Londres assurant qu’elle n’aurait pas lieu avant que les résultats de l’enquête de l’ONU soient connus.
La ligne de fracture entre ces cinq pays —Chine et Russie d’un côté, France, Royaume-Uni et Etats-Unis de l’autre— reflète fidèlement les positions de chacun sur le conflit qui a fait plus de 100 000 morts et poussé des millions de Syriens à la fuite depuis mars 2011.
Les ambassadeurs russe et chinois ont quitté la salle où se tenaient ces consultations à huis clos au bout d’une heure et quart. Les représentants des trois autres pays sont restés un peu plus longtemps mais sont sortis sans faire de déclaration.
Selon le gouvernement britannique, le texte devait autoriser "toutes les mesures nécessaires en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU pour protéger les civils contre les armes chimiques" en Syrie. Ce chapitre prévoit des mesures coercitives pouvant aller jusqu’à une opération militaire.
Mais pour le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, une frappe provoquerait une "déstabilisation supplémentaire de la situation", tandis que l’Iran, autre allié de Damas, a jugé qu’une action militaire "serait un désastre pour la région".
Peu de temps après la fin de la réunion, le département d’Etat a fait savoir qu’il ne voyait "aucune issue possible" au projet britannique en raison de l’opposition de la Russie.
Londres, pour sa part, a assuré qu’aucune action militaire n’aurait lieu avant la publication des résultats de l’enquête des inspecteurs de l’ONU sur place.
"Le Conseil de sécurité des Nations unies doit avoir l’opportunité d’avoir ce compte-rendu et tous les efforts doivent être faits pour obtenir une résolution du Conseil de sécurité soutenant une action militaire avant qu’une telle action ne soit engagée", indique une motion qui doit être soumise jeudi au Parlement, à Londres.
Selon le patron des Nations unies Ban Ki-moon, les experts ont besoin de quatre jours pour boucler leur mission, avant de procéder à des analyses et de présenter leur rapport.
Ces experts ont mené mercredi leur deuxième visite sur l’un des sites attaqués et effectué des prélèvements sanguins, d’urine et de cheveux auprès de victimes de l’attaque.
Même si une intervention directe de l’Otan n’est pas à l’ordre du jour selon un diplomate, l’Alliance atlantique a elle aussi jugé qu’un recours aux armes chimiques ne pouvait "rester sans réponse", en allusion à l’attaque qui a fait des centaines de morts le 21 août près de Damas selon l’opposition syrienne.

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