Des inspecteurs de l’Onu ont pu examiner lundi des victimes des gaz
neurotoxiques qui auraient été employés la semaine dernière dans la
banlieue de Damas, après avoir été pris pour cibles par des tireurs
embusqués.
Malgré ces tirs, qui ont endommagé un de leurs véhicules sans faire de
victimes, leur convoi a pu se rendre à Muwadamiya, quartier de la
banlieue sud-ouest de Damas tenu par les rebelles et assiégé par les
forces gouvernementales, a rapporté un médecin syrien présent sur les
lieux.
Après avoir effectué des prélèvements, ils ont regagné sans encombres leur hôtel du centre de Damas.
Tout élément accréditant les allégations des insurgés, qui accusent les
forces gouvernementales d’avoir eu recours à des armes chimiques,
plaiderait en faveur d’une possible intervention militaire à l’étude
dans les chancelleries occidentales, malgré les avertissements de Damas,
de Moscou et de Téhéran.
L’équipe de l’Onu était accompagnée de membres de l’Armée syrienne libre
(ASL), qui fédère les forces hostiles à Bashar al Assad, et du Conseil
local de Muwadamiya, a précisé un opposant.
Selon l’opposition, le gaz neurotoxique employé mercredi dernier à
04h00 du matin a fait 80 morts dans ce quartier. Trois autres localités
de la banlieue de Damas - Irbin, Aïn Tarma et Jobar - auraient été
touchées et le bilan pourrait atteindre le millier de morts.
L’arrivée des inspecteurs a attiré de nombreux habitants désireux de
leur exprimer leur désarroi et leur colère. Les tirs qu’ils ont essuyés
sur le trajet ont mis le véhicule de tête hors d’usage et l’équipe a dû
rebrousser chemin pour en prendre un autre.
"Le premier véhicule de l’équipe d’investigation sur les armes chimiques
a été délibérément pris pour cible à plusieurs reprises par des tireurs
embusqués non identifiés dans la zone tampon", dit l’Onu dans un
communiqué.
La télévision syrienne a imputé les tirs à des "terroristes", tandis que
l’opposition accuse les milices favorables au régime baassiste.
Un report de la mission d’inspection aurait réduit les chances de trouver des éléments confondants.
Les autorités syriennes ont donné leur feu vert dimanche à l’inspection
du site où des gaz neurotoxiques auraient été employés mercredi. Les
Etats-Unis et leurs alliés ont toutefois jugé toutefois que cette
autorisation était trop tardive et craignent que les preuves n’aient
disparu.
Les bruits de bottes gagnent en intensité, mais le secrétaire américain à
la Défense, Chuck Hagel, a souligné que Washington n’interviendrait que
dans un cadre légal et en accord avec la communauté internationale.
"Nous analysons les données des services de renseignement (...) Si une
action doit être entreprise, ce sera de concert avec la communauté
internationale et dans le cadre d’une justification légale", a déclaré
le chef du Pentagone, qui devrait s’entretenir avec ses homologues
français et britannique.
Les chefs d’état-major de plusieurs pays de l’Otan, dont les Etats-Unis,
la Grande-Bretagne et la France, ainsi que d’Etats de la région
hostiles à Bashar al Assad, comme la Turquie et l’Arabie saoudite,
devaient en outre se réunir en Jordanie, selon l’agence de presse Petra.
Dénonçant des allégations mensongères, Bashar al Assad a quant à lui lancé un avertissement aux Etats-Unis.
"Est-ce qu’un Etat emploierait des armes chimiques ou toute autre arme
de destruction massive là où ses propres forces sont concentrées ? Ce
serait contraire à la logique la plus élémentaire. De telles accusations
sont donc entièrement politiques", dit-il dans un entretien publié par
les Izvestia.
"L’échec attend les Etats-Unis, comme dans toutes les autres guerres
qu’ils ont lancées, à commencer par le Vietnam et jusqu’à ce jour",
ajoute-t-il dans les colonnes du quotidien russe.
La Russie soupçonne les insurgés d’avoir eux-mêmes eu recours aux armes
chimiques pour déclencher une réaction internationale et juge que toute
conclusion hâtive en ce qui concerne les auteurs du bombardement de
mercredi serait "une tragique erreur".
Il est illusoire de penser que la destruction des infrastructures
militaires syriennes mettrait fin à la guerre civile, a par ailleurs
averti lundi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
À Washington, on souligne qu’aucune décision n’a été prise. Selon le
sénateur Bob Corker, Barack Obama pourrait demander au Congrès
l’autorisation de recourir à la force à la reprise des travaux
parlementaires, début septembre.
"La décision n’est pas encore prise", a lui aussi déclaré Laurent
Fabius. "Il faut proportionner les réactions, mesurer, agir à la fois
avec détermination et avec sang-froid, et c’est ça qui va être arbitré
au cours des jours qui viennent", a dit le ministre français des
Affaires étrangères.
"La seule option que je n’envisage pas, c’est de ne rien faire", a
poursuivi Laurent Fabius, selon lequel Moscou et Pékin opposeraient
probablement leur veto à toute résolution de l’Onu autorisant le recours
à la force. Pour son homologue britannique, William Hague, un tel
mandat n’est pas requis.
La Turquie, jadis proche d’Assad et aujourd’hui l’un des ses plus
virulents adversaires, a fait savoir qu’elle était prête à s’associer à
une opération militaire internationale.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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