samedi 24 août 2013

Syrie : Washington déploie des troupes en Méditerranée

Une attaque militaire américaine contre le régime de Bashar el-Assad se prépare-t-elle ? Non, selon le ministre américain de la Défense Chuck Hagel. En route pour la Malaisie, il a souligné que ces renforts américains, qu’il n’a pas détaillés, ne signifiaient en rien qu’une décision d’intervention avait été prise contre le pouvoir en Syrie. Quelques heures plus tôt, le président Barack Obama avait lui aussi mis en garde contre toute nouvelle intervention militaire des États-Unis au Moyen-Orient. Il a toutefois jugé "profondément inquiétantes" les récentes allégations pesant contre le régime syrien, accusé d’avoir utilisé des armes chimiques ayant fait un grand nombre de victimes mercredi près de Damas.

"Le département de la Défense a la responsabilité de fournir au président toutes les options pour faire face à toutes les éventualités", a justifié Chuck Hagel avant une nouvelle tournée en Asie. Selon un responsable de la défense à Washington, ces moyens comprennent notamment l’envoi en Méditerranée d’un quatrième destroyer équipé de missiles de croisière.
De son côté, la communauté internationale a appelé l’ONU, dont des experts se trouvent en Syrie, à vérifier sur place les accusations de recours aux armes chimiques. Une haute responsable de l’organisation est d’ailleurs attendue samedi dans la capitale syrienne pour négocier les modalités de l’enquête. Mercredi, une offensive a été lancée dans la Ghuta orientale et à Muwadamiyat al-Cham, des secteurs aux mains des rebelles à la périphérie de Damas. L’opposition a évoqué 1 300 morts et a accusé le régime, qui a catégoriquement démenti, d’avoir perpétré l’attaque avec des gaz toxiques. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins, a, lui, comptabilisé 170 morts et n’a pu confirmer l’utilisation d’armes chimiques. L’ONG a cependant affirmé que le régime avait violemment bombardé cette région mercredi, puis jeudi.

Volant une nouvelle fois au secours du régime de Bashar el-Assad, son allié, la Russie a dénoncé une "provocation" des rebelles et a jugé "inacceptables" "les appels de quelques capitales européennes à faire pression sur le Conseil de sécurité et à décider dès maintenant de recourir à la force". Moscou a néanmoins appelé le régime Assad à coopérer avec les experts de l’ONU et a réclamé aux rebelles de "garantir" leur accès aux lieux des attaques.

La veille, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, dont le pays soutient comme les autres occidentaux l’opposition syrienne, a estimé que si l’utilisation d’armes chimiques par le régime était avérée, il fallait "qu’il y ait une réaction" qui "peut prendre la forme d’une réaction de force". Son homologue britannique William Hague a été plus direct, accusant le régime d’Assad d’être responsable de "l’attaque chimique".

La coalition de l’opposition syrienne s’est engagée à "assurer la sécurité" des inspecteurs de l’ONU sur les lieux des attaques présumées à l’arme chimique, mais a jugé "fondamental que l’équipe puisse se rendre dans les 48 heures dans la zone visée". Selon elle, l’armée a tiré au moins trois salves de missiles équipés de têtes chimiques sur des civils. "Nous avons réussi à recueillir des échantillons de cheveux, de sang et d’urine et aussi des débris de missiles, et nous allons les faire sortir de Syrie pour des analyses complémentaires", a annoncé à Istanbul le secrétaire général de la coalition Badr Jamus.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a averti que l’utilisation d’armes chimiques constituerait un "crime contre l’humanité" aux "graves conséquences pour celui qui l’a perpétré". Il a aussi demandé à l’opposition syrienne de coopérer avec la mission d’experts, dirigée par Aake Sellström, arrivés dimanche à Damas avec un mandat se limitant à déterminer si des armes chimiques avaient été utilisées dans le passé à Khan al-Assal (nord), Ataybé (près de Damas) et Homs (centre).

À l’appui de leurs accusations, les militants anti-régime ont diffusé des vidéos de personnes inanimées ne portant aucune trace de sang ou de médecins administrant de l’oxygène à des hommes ou des enfants pour tenter de les aider à respirer. Les enfants paient un lourd tribut dans le conflit en Syrie, qui a fait plus de 100 000 morts dont 7 000 enfants en deux ans et demi, selon l’ONU, et poussé à la fuite des millions de Syriens. L’Unicef estime que le nombre d’enfants syriens réfugiés à l’étranger a atteint un million, tandis que deux autres millions ont été déplacés dans le pays où une révolte populaire en mars 2011 s’est militarisée face à la répression du régime.

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Téhéran évoque l’utilisation d’"agents chimiques" en Syrie
Hassan Rohani a évoqué, samedi, l’utilisation d’"agents chimiques" en Syrie quelques jours après que des centaines de Syriens ont péri dans une attaque près de Damas. "La situation qui domine aujourd’hui en Syrie et la mort d’un certain nombre d’innocents provoquée par des agents chimiques sont très douloureuses", a déclaré le président iranien, selon le site du gouvernement.
L’opposition syrienne a accusé le régime de Bashar el-Assad d’avoir attaqué mercredi à l’arme chimique des secteurs aux mains de la rébellion dans la périphérie de Damas, parlant de plus de 1 000 morts, des allégations rejetées en bloc par Damas. Hassan Rohani n’a accusé personne de l’utilisation présumée de ces armes chimiques, mais le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, avait déclaré jeudi que, si l’information sur l’utilisation d’armes chimiques était confirmée, les rebelles en seraient responsables.
L’Iran est le principal soutien régional de la Syrie et met en garde régulièrement contre le renforcement des groupes extrémistes sunnites liés à al-Qaida dans ce pays. "La République islamique d’Iran, qui a été victime d’armes chimiques (durant la guerre Iran-Irak, NDLR), demande à la communauté internationale de tout faire pour empêcher l’utilisation de telles armes partout dans le monde", a ajouté Hassan Rohani.
Des milliers d’Iraniens ont été tués durant la guerre Iran-Irak (1980-1988) par des armes chimiques utilisées par l’armée irakienne, notamment dans les zones civiles. La communauté internationale souhaite que des experts de l’ONU, présents en Syrie depuis dimanche, puissent aller enquêter au plus vite sur les lieux de l’attaque de mercredi, après les allégations d’utilisation de gaz toxiques.

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