dimanche 25 août 2013

Égypte : procès de Moubarak et des chefs des Frères musulmans

La justice égyptienne a ajourné dimanche le procès pour "incitation au meurtre" des trois principaux chefs des Frères musulmans, la confrérie du président déchu Mohamed Morsi, ainsi que celui de son prédécesseur Hosni Moubarak, jugé en appel pour "complicité de meurtre" de manifestants en 2011. Le procès du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de ses adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, qui n’étaient pas présents pour des "raisons de sécurité" selon des sources de sécurité, a été ajourné au 29 octobre afin qu’ils puissent y assister.
Les trois dirigeants islamistes encourent avec trois autres membres de leur confrérie la peine de mort pour "incitation au meurtre" et "meurtre" de huit manifestants tués devant le QG des Frères musulmans au Caire le 30 juin, journée de mobilisation monstre contre Mohamed Morsi, sur laquelle l’armée s’est appuyée pour destituer le premier président élu démocratiquement du pays trois jours plus tard. À leurs côtés devaient comparaître 29 autres personnes pour avoir participé directement aux violences ce jour-là.
Le procès des trois principales figures de l’exécutif des Frères musulmans est intervenu alors que le mouvement semble ne plus être en mesure de mobiliser, tant ses principaux activistes ont été décimés et ses dirigeants emprisonnés ces derniers jours. Vendredi, alors qu’ils appelaient à des manifestations de "millions" de personnes contre le "coup d’État" des militaires, les Frères ont mobilisé tout au plus quelques milliers de partisans. Avant le début de la répression mi-août, les pro-Morsi mobilisaient des dizaines, voire des centaines, de milliers de manifestants au Caire et dans les autres grandes villes.
Au même moment, dans un autre tribunal du Caire, Hosni Moubarak, ses deux fils et plusieurs responsables de son régime comparaissaient dans la sixième audience de leur procès en appel. Jugé pour "corruption" et pour "complicité de meurtre" de centaines de manifestants lors de la révolte de janvier-février 2011 qui l’a renversé après trois décennies à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, Hosni Moubarak a vu son procès ajourné au 14 septembre.
Ces audiences ont lieu en plein chaos politique en Égypte, où le nouveau pouvoir dirigé de facto par l’armée réprime dans un bain de sang depuis 10 jours les manifestations organisées par les Frères musulmans. Près de 1 000 personnes ont été tuées, essentiellement des pro-Morsi, et les principaux cadres des Frères ont été arrêtés, en plus de quelque 2 000 partisans du président islamiste. Une centaine de policiers et soldats ont également trouvé la mort, dans les pires violences qu’a connues l’Égypte dans son histoire récente.
Lors de la révolte de début 2011, lancée dans le sillage du Printemps arabe, 850 personnes avaient péri en 18 jours de mobilisation émaillés de violences. Hosni Moubarak, 85 ans, avait été condamné en juin 2012 en première instance à la prison à perpétuité pour "complicité" dans le meurtre de manifestants lors de cette révolte. Il avait fait appel, et la Cour de cassation avait ordonné un nouveau procès. L’ex-dirigeant, à la santé vacillante, est actuellement assigné à résidence dans un hôpital militaire du Caire, après avoir quitté jeudi la prison où sont toujours détenus les chefs des Frères musulmans. Il est apparu dimanche en position assise sur un brancard, derrière les barreaux de la cellule réservée aux accusés au sein du tribunal.

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