Les États-Unis ont fomellement démenti mardi avoir suspendu leur aide
à l’Égypte, mais le président Barack Obama a rencontré son équipe
rapprochée pour discuter des conséquences de la répression sanglante des
manifestations dans ce pays. "Le président va réunir le Conseil de
sécurité nationale pour parler de cette question" de l’aide à l’Égypte, a
déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest. Il a
toutefois tempéré cette nouvelle en indiquant ne "pas (s)’attendre à une
annonce majeure" à ce sujet.
Un haut responsable de la Maison-Blanche a affirmé que c’était la
politique américaine tout entière vis-à-vis de l’Égypte qui était en
cours d’examen, pas simplement la question de l’aide à ce pays. Mais ce
responsable, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a refusé de
donner davantage de détails sur la teneur de la réunion de mardi.
Auparavant, Josh Earnest, comme son homologue du département d’État, a
passé une grande partie de son point de presse quotidien à rejeter
l’idée selon laquelle Washington avait déjà suspendu le versement annuel
de son aide à l’Égypte.
Depuis le début de la répression de la semaine dernière, et alors que le
bilan des violences s’approche des 900 morts, l’administration du
président Obama s’est retrouvée sous pression pour couper son assistance
au Caire.
Celle-ci s’élève à 1,55 milliard de dollars, dont 1,3
milliard pour l’armée égyptienne et 250 millions d’aide économique. Le
site internet The Daily Beast a assuré mardi que l’aide américaine à
l’Égypte avait été "interrompue en secret" par l’administration Obama.
Un collaborateur du sénateur démocrate Patrick Leahy, responsable de la
sous-commission supervisant l’aide aux pays étrangers, a lui aussi
indiqué que le transfert de l’assistance militaire à l’Égypte avait été
"interrompu".
"C’est une pratique actuelle, pas forcément une politique officielle, et
il n’y a pas d’indices sur la durée" de cette interruption, avait
indiqué ce collaborateur, David Carle. Barack Obama, en condamnant jeudi
dernier la dispersion sanglante des manifestations en faveur du
président islamiste renversé par l’armée Mohamed Morsi et les violences
sous la responsabilité du gouvernement intérimaire égyptien, avait
annoncé l’annulation de manoeuvres militaires conjointes avec Le Caire
et souligné que la poursuite de l’aide faisait l’objet d’un examen.
"J’ai demandé à mon équipe de sécurité nationale d’évaluer les
implications des actes du gouvernement intérimaire et les mesures
supplémentaires que nous pourrions prendre", avait-il expliqué.
"Le passage en revue (de cette aide) n’est pas terminé", a insisté mardi
Josh Earnest. "Les informations publiées qui affirment que l’aide à
l’Égypte a été interrompue sont inexactes", a-t-il dit. L’assistance
"n’est pas un robinet" que l’on peut ouvrir ou fermer, a fait valoir le
porte-parole. Elle est "fournie de façon épisodique, par tranches". Sa
collègue du département d’État, Marie Harf, a enfoncé le clou peu après.
"Nous n’avons pas pris la décision de suspendre notre aide à l’Égypte,
un point, c’est tout. Nous n’avons pas pris la décision de suspendre
toute notre assistance à l’Égypte, ou de la ralentir. Toutes les
informations affirmant le contraire sont tout simplement fausses",
a-t-elle martelé.
Lundi, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel avait laissé
entendre qu’un maintien de la coopération avec Le Caire était
souhaitable en raison des négociations israélo-palestiniennes, qui
viennent de reprendre après trois ans de gel. Mais il avait aussi
reconnu : "Notre capacité à influer sur les événements (en Égypte) est
limitée." L’argument d’une éventuelle suspension de l’aide américaine
versée à l’Égypte a cependant poussé le Premier ministre égyptien par
intérim à proférer des menaces à l’encontre de Washington. Si les
États-Unis devaient cesser leur assistance militaire, "ce serait un
mauvais signal et cela affecterait l’armée pendant un certain temps", a
déclaré Hazem Beblawi dans un entretien à la télévision américaine ABC
News. Mais "n’oublions pas que l’Égypte a vécu avec le soutien militaire
de la Russie et que nous avons survécu. Ce ne se serait donc pas la fin
du monde et nous pouvons vivre dans des circonstances différentes",
a-t-il mis en garde.
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Le pouvoir dit pouvoir faire sans l’aide de Washington
Le Premier ministre égyptien a prévenu mardi les Etats-Unis qu’ils
commettraient une erreur s’ils suspendaient leur aide militaire annuelle
de 1,3 milliard de dollars, affirmant que Le Caire pourrait se
débrouiller sans.
Si Washington devait geler ou couper son assistance militaire à
l’Egypte, "cela serait un mauvais signal et cela affecterait l’armée
pendant un certain temps", a déclaré le chef par intérim du gouvernement
égyptien, Hazem Beblawi, dans un entretien à la télévision américaine
ABC News.
Mais "n’oublions pas que l’Egypte a vécu avec le soutien militaire de la
Russie et que nous avons survécu. Ce ne serait donc pas la fin du monde
et nous pouvons vivre dans des circonstances différentes", a-t-il mis
en garde.
L’Egypte est depuis des décennies une alliée des Etats-Unis qui lui
versent chaque année 1,3 milliard de dollars d’aide militaire et 250
millions de dollars d’assistance économique.
Ces déclarations surviennent en pleine campagne de lobbying de
parlementaires et d’ONG aux Etats-Unis pour que l’administration de
Barack Obama cesse d’aider les autorités égyptiennes en raison de la
répression sanglante des manifestations des supporteurs de l’ancien
président destitué par l’armée, Mohamed Morsi.
Le gouvernement américain a formellement démenti mardi avoir suspendu
cette assistance, mais le président Obama a rencontré son équipe
rapprochée pour discuter des conséquences des troubles civils qui ont
fait 900 morts en une semaine.
M. Beblawi a dit regretter les actuelles tensions entre son pays et
Washington, qui a jugé "lamentable" la répression par les forces de
sécurité égyptiennes. "Il y a beaucoup d’incompréhension et je suis sûr
que le temps passera et sera bénéfique" à l’Egypte et aux Etats-Unis, a
dit le responsable.
A l’instar de la diplomatie américaine qui refuse de parler de "guerre
civile" en Egypte, le Premier ministre égyptien a également assuré "ne
pas craindre une guerre civile" dans son pays, lequel avance "dans la
bonne direction".
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