Juste avant la reprise des négociations entre l’Autorité
Palestinienne et l’entité sioniste, 26 prisonniers détenus depuis avant
les accords d’Oslo en 1993 ont été libérés. Il ne fait nul doute que le
peuple palestinien, dans toutes ses composantes politiques, les a reçus
comme doivent reçus les héros, qu’ils soient arrivés à Gaza ou en
Cisjordanie. Les familles des prisonniers originaires des territoires
occupés en 1948 et de la ville d’al-Quds, ont cependant reproché à
l’Autorité de n’avoir pas exigé la libération des leurs. En effet, les
autorités de l’occupation ont-elles-mêmes procédé à dresser la liste des
prisonniers « libérables ». Les responsables de l’Autorité promettent
la libération d’autres prisonniers au mois de septembre prochain.
Une étude rapide de la liste des prisonniers libérés montre que sur
la totalité des prisonniers libérés, trois appartiennent au FPLP, deux
au mouvement Hamas, un au FDLP et un au mouvement du Jihad islamique,
tous les autres sont membres du mouvement Fateh. Sur les 26 prisonniers
libérés, 17 étaient condamnés à la perpétuité, un seul d’entre eux est
membre du FPLP, les autres étant du mouvement Fateh. Quant aux autres
prisonniers, ils étaient condamnés à 20, 22, ou 25 ans de détention,
soit libérables dans quelques années. Cette liste établie par les
autorités de l’occupation visait à favoriser le mouvement du Fateh,
seule organisation favorable aux négociations avec l’entité de
l’occupation.
Solidarité avec les prisonniers jordaniens
4 des 5 prisonniers jordaniens ont arrêté la grève de la faim qu’ils
ont mené pendant plus de 100 jours. Le prisonnier Alaa Hammad a refusé
d’arrêter le mouvement. Un accord a été conclu entre les prisonniers et
les autorités de l’occupation : le droit de visite de tous les membres
des familles, régulièrement, pour une durée de 4 heures au début, puis
1h 30 ensuite, le regroupement des prisonniers jordaniens dans une seule
prison et section, et la fin de leur isolement.
Prisonniers grévistes de la faim dans les prisons de l’occupation
Le prisonnier Darrar Abu Sissi, enlevé en Ukraine par les services du
Mossad, en collaboration avec la police ukrainienne, au mois de février
2011, a décidé d’entamer la grève de la faim, le 16 août, réclamant la
fin de son isolement. Depuis son enlèvement, Darrar Abu Sissi, accusé
d’appartenir au mouvement Hamas, est isolé et ne peut voir personne, à
l’exception de la visite rare de son avocat.
Le résistant Darrar Abu Sissi a été transféré au dispensaire de la
prison de Ramleh, suite à la détérioration de son état de santé. Les
prisonniers détenus dans les prisons de Ramon, Nafha, Eshel, Satta,
Gilboa et Haddarim menacent la direction de la prison d’entrer en lutte
et de mener la grève de la faim pour réclamer la fin de son isolement.
Le prisonnier Abdel Majid Khdayrat de Toubas est toujours en grève de
la faim depuis le mois de juillet dernier. Le résistant refuse son
arrestation alors qu’il a été libéré lors de l’accord d’échange en
octobre 2011 et qu’il risque de devoir mener à terme sa condamnation
première.
Au 21 août, les prisonniers en grève de la faim :
Ayman Hamdan, en grève de la faim depuis 114 jours
Ayman Itbeich, en grève de la faim depuis 101 jours
Adel Huraybat, depuis 88 jours
Hussam Matar, depuis 80 jours
Awad Saîdi, depuis 61 jours
Yassin Abu Lafah, depuis 9 jours
Darrar Abu Sissi, depuis 4 jours
Issa Abu Arqub, depuis 3 jours
Le prisonnier résistant, Ayman Daoud, de la ville d’al-Khalil, a
arrêté la grève de la faim, suite à la décision de l’occupation de le
libérer en contrepartie de son expulsion vers la bande de Gaza, pour 10
ans. Il avait mené la grève de la faim pendant 40 jours, pour protester
contre son arrestation, à nouveau, en février 2012 alors qu’il avait été
libéré en octobre 2011 dans le cadre de l’échange. Les autorités de
l’occupation envisageaient de lui imposer de terminer la condamnation
initiative (28 ans de prison).
4 prisonniers libérés lors de l’échange de 2011 ont été arrêtés puis
éloignés vers la bande de Gaza. Mais 15 prisonniers libérés au total par
cet échange ont été de nouveau arrêtés. Les prisonniers libérés puis
arrêtés et expulsés vers Gaza sont : Hana’ Shalabi, qui avait entamé une
grève de la faim de 44 jours, puis Ayman Sharawneh, qui a mené la grève
de la faim pendant 8 mois et demi, puis Iyad Abu Funun, qui a été
arrêté le 20 avril 2012, puis expulsé et Ayman Abu Daoud, récemment.
L’expulsion des prisonniers de la Cisjordanie vers la bande de Gaza est un crime, même s’il s’agit du même pays.
Abolir la détention « administrative »
La détention « administrative » est une forme de torture. Tous les
Palestiniens qui refusent l’occupation de leur pays sont passibles de
cette forme de détention, puisque c’est le Shabak (service de
renseignements) sioniste qui décide qu’un tel Palestinien est une
« menace pour la sécurité de l’Etat ». Arrêté, puis traduit devant le
tribunal, la détention « administrative » est prononcée, pour 4 ou 6
mois, mais cette détention est sans cesse renouvelée, au point que des
Palestiniens ont été maintenus en prison pendant plusieurs années, sur
jugement du Shabak. C’est la torture morale des détenus
« administratifs » qui vivent constamment dans l’incertitude, puisqu’ils
ne savent jamais quand ils seront libérés. C’est pourquoi les détenus
« administratifs » luttent et mènent la grève de la faim pour faire
arrêter cette menace contre le peuple palestinien.
Deux nouveaux prisonniers refusent la détention « administrative » en
menant la grève de la faim. Il s’agit du journaliste Yassin Abu Lafah
et de Issa Abu Arqub, qui ont déclaré entamer la lutte. Yassin est
détenu depuis le mois de juin 2013 et Issa depuis le mois de juillet
dernier.
Le prisonnier résistant Ayman Itbeich, cadre du mouvement du Jihad
islamique dans la ville d’al-Khalil, mène une grève de la faim depuis
son arrestation le 9 mai dernier. Prisonnier libéré, il avait été détenu
pendant 11 ans pour appartenance au Jihad islamique et en tant que
détenu « administratif ». Il refuse d’être à nouveau détenu
« administratif » et réclame sa libération.
Le prisonnier résistant Hussam Matar, en grève de la faim depuis plus
de 80 jours, a été transféré à l’hôpital Barzalay, suite à la
détérioration de sa santé.
Le prisonnier Imad Batrane, gravement malade, en grève de la faim
depuis le 5 mai 2013, a arrêté son mouvement de protestation. Il semble
avoir reçu des promesses quant au non renouvellement de sa détention
« administrative ». Il a été arrêté au mois de novembre 2011 et depuis
cette date, sa détention « administrative » est sans cesse renouvelée.
Il avait refusé de prendre des vitamines, mesure ultime avant de mourir,
afin que la direction sioniste accepte la fin de la détention
« administrative ». Mais la direction a tergiversé, envoyant des
religieux et des psychologues juifs pour le convaincre d’arrêter son
mouvement. L’avocat de Imad Batrane a réussi, semble-t-il, à faire
conclure un accord où Imad serait libéré le 15 novembre 2013.
Libérer les prisonniers malades
Le résistant Thaer Halahla, arrêté le 10 avril 2013 après avoir été
libéré suite à 67 jours de grève de la faim pour réclamer la fin de sa
détention administrative, a été infecté au foie par les services
médicaux de l’occupation. Les autorités refusent toujours de le soigner
ou de laisser une équipe médicale palestinienne s’en charger.
Le CICR s’est dit inquiet à propos de la détérioration de la santé de
7 grévistes de la faim, notamment du prisonnier Imad Batran, qui frôle
la mort depuis plusieurs jours. Le CICR a rappelé aux autorités de
l’occupation le devoir de respecter le choix de grève des prisonniers et
la préservation de leur dignité.
Répression
La direction des prisons a interdit la visite familiale pendant deux
mois, à la section 23 de la prison du Naqab, où se trouvent 120
prisonniers palestiniens. Les résistants avaient mené une vague de
protestation à l’intérieur des cellules, refusant les raids nocturnes
menés par les forces spéciales chargées de la répression dans les
prisons, qui avaient confisqué les affaires personnelles et mis à sac
les cellules.
L’occupation interdit au prisonnier libéré de la ville d’al-Quds,
Alaa Ali, d’entrer en Cisjordanie pendant 6 mois, sous le prétexte de
« préserver la sécurité de l’Etat ». Le résistant Alaa Ali a été libéré
il y a trois mois, après 12 ans d’incarcération dans les prisons de
l’occupation.
4 prisonniers maqdisis entament leur 12ème année d’incarcération :
Wael Mohammad Qassem, 42 ans, condamné à la perpétuité 35 fois + 50 ans,
Alaa Dine Abbassi, 40 ans, condamné à 60 ans de prison, Mohammad Ishaq
Awda, 40 ans, condamné à 9 perpétuités + 40 ans, et Wissam Abbassi, 36
ans, condamné à 26 perpétuités + 40 ans.
Le ministre de « la justice » dans le gouvernement de l’occupation a
déclaré avoir achevé le projet d’une loi visant à casser la grève de la
faim des prisonniers palestiniens et arabes. Cette loi permet aux
tribunaux sionistes de déclarer possible l’alimentation forcée des
prisonniers grévistes, ce qui risque les de tuer. La loi permet
également aux tribunaux d’émettre leurs décisions, même en l’absence du
prisonnier au tribunal.
Libération
Le prisonnier Maher al-Aqqad de Khan Younes a été libéré après 8
années de détention. Deux frères de la bande de Gaza, Shaybub et Nazeh
Halass ont été libérés après 7 ans de détention, pour avoir lancé des
fusées à partir de la bande de Gaza en direction d’objectifs sionistes.
Statistiques
Après l’arrestation de trois militantes actives dans le soutien aux
prisonniers (Myassar Itani, de Nablus, Linan Abu Ghalme, sœur du
prisonnier Ahed Abu Ghalme, et Lina Jawabra) qui avaient « osé » se
rendre en Palestine occupée en 48 pour rendre visite à la prisonnière
libérée Wurud Qassem), le nombre des prisonnières palestiniennes
s’élève, au 21 août, à 12 prisonnières, la plus ancienne étant Lina
Jarbouni, des territoires occupés en 1948, dont l’état de santé s’est à
nouveau détérioré.
20 enfants ont été arrêtés au cours de la première moitié du mois
d’août 2013. Une association de droits de l’homme a déclaré dans son
rapport que la police sioniste a torturé des dizaines d’enfants pour
arracher des « aveux », souvent inventés.
125 Palestiniens parmi les détenus « administratifs » sont des
prisonniers libérés, ayant été détenus pendant des années en tant que
détenus « administratifs » ou condamnés.
Enlèvement
Les forces de l’occupation ont arrêté le frère de deux prisonniers
grévistes de la faim, Ayman et Mohammad Itbieh, du village Kharsa, près
de Doura-al Khalil. Khaled Itbeich (24 ans) a été contraint de se livrer
aux forces de l’occupation après plusieurs raids menés contre la maison
familiale et celles de leur proches.
Elles ont également arrêté Aref Hraybat, et ont failli arrêté le
frère de Imad Batrane, pour arrêter son frère, qui ne se trouvait pas
chez lui. Les autorités de l’occupation arrêtent les membres des
familles des prisonniers en grève de la faim, pour faire pression sur
eux.
Solidarité
Plusieurs mouvements de protestation et de solidarité avec les
prisonniers en lutte ont été menés dans différentes parties de la
Cisjordanie, notamment dans la ville d’al-Bireh, et devant la prison de
Ofer.
(Août, 2013 - "Baladi")
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