Les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont entamé jeudi
après-midi à New York des consultations à huis clos sur la crise en
Égypte. Cette réunion se tient à la demande conjointe de la France, du
Royaume-Uni et de l’Australie, à la suite de la répression sanglante
mercredi par la police et l’armée égyptiennes des manifestations des
partisans du président déchu Mohamed Morsi, largement dénoncée par la
communauté internationale.
Selon des diplomates, ces consultations ne devraient déboucher sur
aucune déclaration formelle du Conseil. Il s’agit de tenter de définir
"une approche commune visant à promouvoir une désescalade" de cette
crise, a expliqué un diplomate du Conseil sous couvert d’anonymat. Le
Conseil est actuellement présidé par l’Argentine.
Au cours de la réunion, les ambassadeurs des 15 États membres seront
informés des derniers développements de la situation en Égypte par le
vice-secrétaire général de l’ONU Jan Eliasson, en l’absence du
secrétaire général Ban Ki-moon, actuellement en tournée au
Proche-Orient. Le Canada a annoncé la fermeture de son ambassade en
Égypte en raison des violences qui secouent le pays afin d’assurer la
sécurité de son personnel consulaire.
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Laurent Fabius craint les "mouvements extrémistes"
Les violences en Égypte créent "une situation très inquiétante" pour
l’ensemble de la région, avec "le risque que ce soient des mouvements
extrémistes qui récupèrent toute la tension", a déclaré vendredi le chef
de la diplomatie Laurent Fabius. "Quand vous mettez bout à bout, même
s’il ne faut pas tout confondre, ce qui se passe en Syrie, en Égypte, au
Liban, en Irak, et l’incidence que ça peut avoir sur le conflit
israélo-palestinien, c’est effectivement très, très, très inquiétant", a
souligné Laurent Fabius sur la radio RTL.
"L’Égypte est un pays absolument déterminant dans le monde arabe", a
ajouté le ministre. "C’est une raison supplémentaire pour laquelle il
faut demander, comme les Nations unies l’ont demandé à l’appel de la
France hier, une décélération, une retenue maximale. Sinon le risque,
c’est que ce soient des mouvements extrémistes qui récupèrent toute la
tension", a-t-il fait valoir.
Il faut "absolument aller vers une décélération (en Égypte) et que le
pouvoir fasse des gestes, et en même temps les manifestants, eux, ont un
devoir de manifester pacifiquement", a-t-il insisté.
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Les Frères promettent un "vendredi de la colère"
L’Egypte se prépare à une nouvelle journée de violences vendredi en
raison de la volonté des Frères musulmans de faire descendre des
millions de leurs partisans dans les rues deux jours après un assaut
sanglant des forces de l’ordre contre les rassemblements islamistes, qui
a exacerbé les divisions du pays.
Malgré les condamnations des pays occidentaux, au premier rang desquels
les Etats-Unis, le pouvoir égyptien mis en place par l’armée a prévenu
qu’il ouvrirait le feu sur quiconque prendrait pour cible la police ou
les institutions publiques, alors que des manifestants ont incendié un
bâtiment officiel jeudi au Caire.
Il avait déjà proclamé mercredi l’état d’urgence pour un mois et instauré un couvre-feu nocturne dans une partie du pays.
Au moins 623 personnes sont mortes et des milliers d’autres ont été
blessées mercredi lorsque la police a entrepris de démanteler par la
force deux campements érigés au Caire par les Frères musulmans pour
protester contre le renversement par l’armée du président Mohamed Morsi,
issu de leurs rangs.
Même s’ils admettent avoir subi "des coups", les Frères musulmans
refusent de reculer dans leur confrontation avec le chef d’état-major de
l’armée, le général Abdel Fattah al Sissi.
Dans un communiqué, ils disent vouloir organiser un "vendredi de la
colère" en réunissant des millions de partisans à l’issue de la grande
prière hebdomadaire en milieu de journée.
"Malgré la douleur et la peine suscitées par la perte de nos martyrs, le
dernier crime commis par les putschistes a renforcé notre détermination
à en finir avec eux", disent-ils.
La confrérie accuse l’armée d’avoir commis un coup d’Etat en destituant le 3 juillet Mohamed Morsi, élu un an plus tôt.
Ses adversaires affirment en revanche que les militaires n’ont fait que
répondre aux aspirations de millions de manifestants rassemblés en juin
pour accuser les Frères musulmans de verrouiller le pouvoir après avoir
remporté toutes les élections depuis le renversement d’Hosni Moubarak.
Le "vendredi de la colère" a été le nom donné à la journée la plus
violente du soulèvement de janvier-février 2011 ayant abouti à la chute
d’Hosni Moubarak. Ce jour-là, le 28 janvier 2011, les manifestants ont
pris le dessus sur la police, ce qui a amené l’armée à intervenir et à
mettre à l’écart le "raïs".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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