vendredi 16 août 2013

Égypte : le conseil de sécurité de l’ONU se réunit à huis clos

Les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont entamé jeudi après-midi à New York des consultations à huis clos sur la crise en Égypte. Cette réunion se tient à la demande conjointe de la France, du Royaume-Uni et de l’Australie, à la suite de la répression sanglante mercredi par la police et l’armée égyptiennes des manifestations des partisans du président déchu Mohamed Morsi, largement dénoncée par la communauté internationale.
Selon des diplomates, ces consultations ne devraient déboucher sur aucune déclaration formelle du Conseil. Il s’agit de tenter de définir "une approche commune visant à promouvoir une désescalade" de cette crise, a expliqué un diplomate du Conseil sous couvert d’anonymat. Le Conseil est actuellement présidé par l’Argentine.
Au cours de la réunion, les ambassadeurs des 15 États membres seront informés des derniers développements de la situation en Égypte par le vice-secrétaire général de l’ONU Jan Eliasson, en l’absence du secrétaire général Ban Ki-moon, actuellement en tournée au Proche-Orient. Le Canada a annoncé la fermeture de son ambassade en Égypte en raison des violences qui secouent le pays afin d’assurer la sécurité de son personnel consulaire.

**

Laurent Fabius craint les "mouvements extrémistes"
Les violences en Égypte créent "une situation très inquiétante" pour l’ensemble de la région, avec "le risque que ce soient des mouvements extrémistes qui récupèrent toute la tension", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie Laurent Fabius. "Quand vous mettez bout à bout, même s’il ne faut pas tout confondre, ce qui se passe en Syrie, en Égypte, au Liban, en Irak, et l’incidence que ça peut avoir sur le conflit israélo-palestinien, c’est effectivement très, très, très inquiétant", a souligné Laurent Fabius sur la radio RTL.
"L’Égypte est un pays absolument déterminant dans le monde arabe", a ajouté le ministre. "C’est une raison supplémentaire pour laquelle il faut demander, comme les Nations unies l’ont demandé à l’appel de la France hier, une décélération, une retenue maximale. Sinon le risque, c’est que ce soient des mouvements extrémistes qui récupèrent toute la tension", a-t-il fait valoir.
Il faut "absolument aller vers une décélération (en Égypte) et que le pouvoir fasse des gestes, et en même temps les manifestants, eux, ont un devoir de manifester pacifiquement", a-t-il insisté.

**

Les Frères promettent un "vendredi de la colère"
L’Egypte se prépare à une nouvelle journée de violences vendredi en raison de la volonté des Frères musulmans de faire descendre des millions de leurs partisans dans les rues deux jours après un assaut sanglant des forces de l’ordre contre les rassemblements islamistes, qui a exacerbé les divisions du pays.
Malgré les condamnations des pays occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis, le pouvoir égyptien mis en place par l’armée a prévenu qu’il ouvrirait le feu sur quiconque prendrait pour cible la police ou les institutions publiques, alors que des manifestants ont incendié un bâtiment officiel jeudi au Caire.
Il avait déjà proclamé mercredi l’état d’urgence pour un mois et instauré un couvre-feu nocturne dans une partie du pays.
Au moins 623 personnes sont mortes et des milliers d’autres ont été blessées mercredi lorsque la police a entrepris de démanteler par la force deux campements érigés au Caire par les Frères musulmans pour protester contre le renversement par l’armée du président Mohamed Morsi, issu de leurs rangs.
Même s’ils admettent avoir subi "des coups", les Frères musulmans refusent de reculer dans leur confrontation avec le chef d’état-major de l’armée, le général Abdel Fattah al Sissi.
Dans un communiqué, ils disent vouloir organiser un "vendredi de la colère" en réunissant des millions de partisans à l’issue de la grande prière hebdomadaire en milieu de journée.
"Malgré la douleur et la peine suscitées par la perte de nos martyrs, le dernier crime commis par les putschistes a renforcé notre détermination à en finir avec eux", disent-ils.
La confrérie accuse l’armée d’avoir commis un coup d’Etat en destituant le 3 juillet Mohamed Morsi, élu un an plus tôt.
Ses adversaires affirment en revanche que les militaires n’ont fait que répondre aux aspirations de millions de manifestants rassemblés en juin pour accuser les Frères musulmans de verrouiller le pouvoir après avoir remporté toutes les élections depuis le renversement d’Hosni Moubarak.
Le "vendredi de la colère" a été le nom donné à la journée la plus violente du soulèvement de janvier-février 2011 ayant abouti à la chute d’Hosni Moubarak. Ce jour-là, le 28 janvier 2011, les manifestants ont pris le dessus sur la police, ce qui a amené l’armée à intervenir et à mettre à l’écart le "raïs".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire