jeudi 29 août 2013

Syrie : Cameron contraint par l’opposition d’attendre le rapport de l’ONU

L’opposition travailliste britannique a décidé jeudi après-midi de voter au Parlement contre une motion du gouvernement qui prévoit le principe d’une intervention militaire en Syrie, a indiqué une source au sein du parti. "Nous avons des doutes croissants concernant la nature opaque de la motion du gouvernement" qui "ne dit rien" sur la nécessité d’avoir des "preuves convaincantes" de l’implication du régime de Bachar el-Assad dans l’attaque chimique présumée du 21 août, avant toute intervention, a ajouté cette source au sein du parti travailliste.
Le parti travailliste, qui compte 257 députés sur les 650 de la Chambre des communes, avait déjà conduit le gouvernement à modifier mercredi soir à la dernière minute sa motion, en annonçant qu’il ne voterait pas en faveur de la motion si une intervention militaire était envisagée avant les résultats de l’enquête de l’ONU.
La motion gouvernementale qui doit être votée dans la soirée à la Chambre des communes condamne "l’usage d’armes chimiques en Syrie le 21 août 2013 par le régime de (Bashar el-) Assad" et "convient qu’une réponse humanitaire forte est requise de la part de la communauté internationale, impliquant si nécessaire une action militaire qui soit légale, proportionnée et destinée à sauver des vies en empêchant tout usage futur d’armes chimiques en Syrie".
Mais pour passer de cet accord de principe, s’il est adopté, au lancement effectif d’une intervention militaire, la motion prévoit un second vote, une fois connus les résultats de l’enquête de l’ONU sur l’attaque présumée aux armes chimiques en Syrie. Jeudi, le gouvernement a révélé les conclusions des services de renseignement britannique qui jugent "hautement probable que le régime (syrien) est responsable des attaques aux armes chimiques du 21 août".

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À Paris, l’opposition syrienne réclame une action armée
Le chef de l’opposition syrienne Ahmad al-Jarba, reçu jeudi par le président français François Hollande, s’est dit convaincu qu’une "punition" internationale allait être infligée à Damas, mais n’a pas obtenu d’engagement clair sur les livraisons d’armes réclamées depuis des mois. Dans un contexte de dramatisation dominé par l’éventualité d’une frappe internationale en Syrie, le chef du principal groupe de l’opposition syrienne, qui avait déjà rencontré François Hollande en juillet, a été reçu pendant un peu moins d’une heure à Paris.
Dans un entretien au journal Le Parisien, il a réclamé que la communauté internationale prenne "la décision courageuse" d’intervenir en Syrie contre le régime de Bashar el-Assad, accusé d’avoir tué des centaines de civils dans une attaque à l’arme chimique le 21 août près de Damas. "Qu’il soit frappé et que ce régime disparaisse", a ajouté M. al-Jarba, se plaignant de la passivité des soutiens internationaux de l’opposition.
"On ne doute pas de leur sincérité, mais cela fait deux ans que l’on attend et qu’ils n’ont rien fait pour nous", a-t-il déploré. Au sortir de son entretien avec M. Hollande, le chef de l’opposition s’est toutefois déclaré certain qu’une "punition serait infligée à ce criminel et à sa machine de mort".
L’ambassadeur en France de la coalition nationale syrienne Monzer Makhous, présent lors de l’entretien, a estimé que la France "avait pris des décisions appropriées". "Le président français est sur le point de concrétiser des mesures très efficaces et va prendre ses responsabilités historiques et morales", a-t-il assuré, évoquant la "combinaison de livraisons d’armes et de frappes militaires en Syrie".
Mais après l’entretien, le chef de l’État français, qui avait annoncé mardi une augmentation du "soutien militaire" de la France à l’opposition syrienne, a évité de s’engager clairement sur les livraisons d’armes réclamées par l’opposition à cor et à cri depuis des mois. M Hollande a souligné que la communauté internationale devait marquer "un coup d’arrêt" à "l’escalade de violence" en Syrie et assuré l’opposition de son soutien.
"Il y a différents groupes dans l’opposition", reconnaît Muhammad Hussein al-Haj Ali, ex-général de l’armée syrienne qui a fait défection en août 2012. Et "malheureusement, nous n’avons pas réussi à unifier tous les officiers qui ont fait défection", a-t-il ajouté jeudi dans un entretien à l’AFP. Une énième réunion des Amis de la Syrie, créée par plusieurs pays occidentaux pour aider l’opposition syrienne à acquérir cette crédibilité, "devrait se tenir prochainement" à Paris, "mais la date n’est pas encore fixée", selon le ministère français des Affaires étrangères.
François Hollande a réaffirmé jeudi à l’Élysée que la communauté internationale devait marquer "un coup d’arrêt" à "l’escalade de violence" en Syrie tout en insistant sur la nécessité d’une "solution politique". Selon le président de la République, qui s’exprimait au côté du chef de l’opposition syrienne Ahmad al-Assi al-Jarba qu’il venait de recevoir, "tout doit être fait pour une solution politique, mais elle ne viendra que si la coalition [de l’opposition] est capable d’apparaître comme une alternative avec la force nécessaire, notamment de son armée". La communauté internationale doit être également "capable de marquer un coup d’arrêt" à "l’escalade de violence" en Syrie par une "réaction appropriée", a-t-il ajouté.
François Hollande, qui a raccompagné son hôte sur le perron de l’Élysée, a réaffirmé le "plein soutien de la France à l’opposition, seule représentante à nos yeux, et aux yeux d’une grande partie de la communauté internationale, du peuple syrien". "La France apportera toute son aide politique, son soutien, comme nous le faisons depuis des mois, mais également son aide humanitaire, matérielle", a-t-il assuré. "Nous utiliserons l’appui que nous avons dans les pays du Golfe pour qu’il y ait cette organisation", a-t-il enchaîné.
Arabie saoudite et Qatar livrent des armes aux rebelles syriens. François Hollande n’a toutefois pas évoqué explicitement un soutien militaire de la France à la rébellion syrienne, qui réclame des armes antichars et antiaériennes pour faire face aux forces du régime. Évoquant l’attaque chimique du 21 août dans la banlieue de Damas, Ahmad al-Jarba, qui préside la Coalition nationale syrienne, a lancé pour sa part : "Ce crime ne doit pas rester impuni." Il a assuré qu’une "punition" serait infligée à Bashar el-Assad et "sa machine de mort".

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