La Tunisie restait plongée lundi dans sa crise politique, ni
l’opposition ni les islamistes au pouvoir ne cédant sur leurs
revendications après près d’un mois d’impasse et malgré de premiers
pourparlers directs depuis l’assassinat d’un député. Le conseil de la
Choura, le parlement interne du parti islamiste Ennahda, a indiqué tard
dimanche soir après deux jours de réunion avoir entériné les positions
du chef du mouvement Rached Ghannouchi, qui refuse la mise en place d’un
gouvernement apolitique réclamé par ses détracteurs et propose un
cabinet de coalition élargie.
"Nous restons attachés à notre approche (...), nous sommes pour un
gouvernement d’unité nationale présidé par Ennahda", a indiqué lors
d’une conférence de presse Fethi Ayadi, le président de la Choura. Il a
dit que son parti soutenait l’idée d’un "dialogue national", sous le
parrainage du puissant syndicat UGTT, qui réclame un cabinet
gouvernemental apolitique, et de la présidence de la république, qui
soutient les positions d’Ennahda. Dimanche, les islamistes avaient admis
avoir participé à des pourparlers directs avec l’un des principaux
dirigeant de l’opposition, Beji Caïd Essebsi, chef du parti Nidaa
Tounès, ex-Premier ministre post-révolutionnaire. Cette rencontre n’a
néanmoins pas permis de percée, aucun des deux camps n’ayant changé de
position.
Le Front de salut national (FSN), hétéroclite coalition d’opposition
allant du centre droit à l’extrême gauche qui organise la contestation
depuis l’assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, du député Mohamed
Brahmi le 25 juillet, a néanmoins prévu une réunion lundi après-midi.
Le chef d’Ennahda et celui de l’UGTT, Houcine Abassi, doivent aussi se
rencontrer dans la journée. Le parti Ettakatol (centre gauche, allié
d’Ennahda) a pour sa part confirmé être pour un "gouvernement
non-partisan". Il n’a cependant pas annoncé pour autant son retrait du
cabinet actuel.
Le chef de ce mouvement et président de l’Assemblée nationale
constituante, Mustapha Ben Jaafar, avait annoncé le 6 août le gel des
travaux de l’ANC jusqu’au début d’un dialogue, et il n’a jusqu’à présent
pas annoncé de date de reprise des séances. La coalition d’opposition,
qui organise toujours de petites manifestations quotidiennes à Tunis,
réclame, outre la mise en place d’un gouvernement apolitique, la
dissolution de la Constituante. Le gouvernement est accusé d’avoir
failli sur le plan sécuritaire face à l’essor de la mouvance salafiste,
mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications
sociales étaient au coeur de la révolution de janvier 2011.
Un premier gouvernement dirigé par Ennahda avait déjà été poussé à la
démission après l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd en février.
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