lundi 19 août 2013

Égypte : au moins 24 policiers tués dans une attaque au Sinaï

Au moins 24 policiers ont été tués lundi par une attaque à la roquette contre leur convoi dans le Sinaï, l’attentat le plus meurtrier contre les forces de l’ordre depuis des années en Égypte, ont annoncé des sources médicales et de sécurité. Les assaillants, soupçonnés d’appartenir à la mouvance radicale islamiste, ont attaqué les deux minibus de la police alors qu’ils se dirigeaient vers la ville de Rafah, où se trouve le point de passage vers la bande de Gaza, selon ces sources. Cette attaque, la plus meurtrière ayant visé les forces de l’ordre dans cette région depuis plusieurs années, intervient sur fond de grave crise politique en Égypte.
Alors que l’ensemble du pays, placé sous état d’urgence, s’enfonce dans la violence, des groupes islamistes armés avaient auparavant tué 49 membres des forces de l’ordre dans le seul Nord-Sinaï, depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée le 3 juillet. Durant cette même période, l’armée a affirmé avoir tué près de 70 "terroristes" au Sinaï. Cette péninsule essentiellement désertique est majoritairement peuplée de Bédouins aux relations difficiles avec le pouvoir central, et des groupes islamistes radicaux en ont fait une base arrière, tandis que des trafiquants en tout genre tentent de profiter de sa longue frontière avec Israël.
En juillet, l’Égypte avait déployé des forces supplémentaires dans la péninsule pour lutter contre les groupes radicaux.

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Paris fait pression sur Doha et Ryad pour intervenir
Les autorités françaises ont appelé dimanche l’Arabie saoudite et le Qatar à aider à trouver une solution à la crise en Egypte, en recevant successivement les chefs de la diplomatie de ces deux pays rivaux en lutte pour étendre leur influence régionale.
Alors que le Qatar, considéré comme le principal soutien des Frères musulmans, a vivement dénoncé l’intervention de la police égyptienne contre les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, l’Arabie saoudite a proclamé son ferme soutien au nouveau pouvoir égyptien "face au terrorisme".
Recevant le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, le président français François Hollande a invoqué le "devoir" des pays qui ont "une relation de confiance et d’amitié (avec l’Egypte) de tout faire pour que les violences cessent", que "le dialogue politique puisse être engagé".
"Il n’est pas acceptable qu’il y ait dans un grand pays comme l’Egypte des violences de ce niveau", a déclaré le chef de l’Etat français, alors que les heurts entre forces de l’ordre et partisans du président islamiste déchu ont fait au moins 750 morts en quatre jours.
M. Hollande a également évoqué la "commune responsabilité" des "pays arabes, (de) l’Europe et (de) la France" pour que "les autorités politiques égyptiennes prennent la feuille de route (de l’armée, ndlr) comme référence pour les semaines qui viennent et permettent ainsi l’organisation d’élections dans un délai rapide".
Avant lui, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui recevait son homologue qatari, avait lui aussi insisté sur la nécessité d’amener les Egyptiens au dialogue.
"Ce qui est évident pour tous ceux qui suivent la situation en Egypte, c’est combien il faut rapidement arrêter les effusions de sang et pouvoir ouvrir un dialogue inter-égyptien. Ce n’est pas facile mais tous les pays doivent avancer dans ce sens", a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le ministre qatari, Khalid ben Mohammad al-Attiya.
"Il est important que nous mobilisions nos énergies pour qu’une solution soit trouvée par les Egyptiens", a insisté le chef de la diplomatie française.
En réponse, le ministre qatari a lui aussi souligné "la nécessité de parvenir à une solution rapide à la crise et appelé au "dialogue entre tous les Egyptiens". Toutefois, a-t-il insisté "il faut que les détenus politiques soient libérés pour parvenir à une solution".
M. al-Attiya a par ailleurs jugé "erroné" d’accuser le Qatar d’aider les Frères musulmans, affirmant que son pays n’avait "jamais aidé une partie égyptienne ou un parti politique égyptien. L’aide a toujours été fournie à l’Egypte", a-t-il assuré.
De son côté, le chef de la diplomatie saoudienne a jugé qu’il n’était "pas anodin que 30 millions d’Egyptiens soient descendus dans la rue pour demander à leurs autorités de garantir leur sécurité" et d’"organiser des élections anticipées", dans une allusion aux manifestations monstres qui ont conduit à la destitution du président Morsi par l’armée égyptienne.
Evoquant les violences meurtrières de la semaine, le prince Saoud Al-Fayçal a affirmé "très bien comprendre que la liberté de manifester soit un droit garanti" mais a souligné qu’"en contrepartie, les manifestants doivent s’engager à ne pas porter atteinte à la vie des autres citoyens, à la propriété, et à ne pas avoir recours à la violence".
Par ailleurs, tout comme le président français, il a estimé qu’il fallait "travailler à des élections en Egypte" selon la feuille de route.
Evoquant le "réexamen" envisagé par l’Union européenne de ses relations avec l’Egypte, il a cependant estimé que "ce n’est pas par les menaces que l’on peut arriver à quelque chose".
Les ministres européens des Affaires étrangères doivent se réunir d’ici à quelques jours à Bruxelles pour "réexaminer" les relations entre l’UE et l’Egypte après les violences des derniers jours.
Cette réunion aura lieu "sans doute vers le milieu de la semaine", a déclaré M. Fabius, qui s’est refusé à "préjuger des décisions qui seront prises".

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