Au moins 24 policiers ont été tués lundi par une attaque à la
roquette contre leur convoi dans le Sinaï, l’attentat le plus meurtrier
contre les forces de l’ordre depuis des années en Égypte, ont annoncé
des sources médicales et de sécurité. Les assaillants, soupçonnés
d’appartenir à la mouvance radicale islamiste, ont attaqué les deux
minibus de la police alors qu’ils se dirigeaient vers la ville de Rafah,
où se trouve le point de passage vers la bande de Gaza, selon ces
sources. Cette attaque, la plus meurtrière ayant visé les forces de
l’ordre dans cette région depuis plusieurs années, intervient sur fond
de grave crise politique en Égypte.
Alors que l’ensemble du pays, placé sous état d’urgence, s’enfonce dans
la violence, des groupes islamistes armés avaient auparavant tué 49
membres des forces de l’ordre dans le seul Nord-Sinaï, depuis la
destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée le 3
juillet. Durant cette même période, l’armée a affirmé avoir tué près de
70 "terroristes" au Sinaï. Cette péninsule essentiellement désertique
est majoritairement peuplée de Bédouins aux relations difficiles avec le
pouvoir central, et des groupes islamistes radicaux en ont fait une
base arrière, tandis que des trafiquants en tout genre tentent de
profiter de sa longue frontière avec Israël.
En juillet, l’Égypte avait déployé des forces supplémentaires dans la péninsule pour lutter contre les groupes radicaux.
***
Paris fait pression sur Doha et Ryad pour intervenir
Les autorités françaises ont appelé dimanche l’Arabie saoudite et le
Qatar à aider à trouver une solution à la crise en Egypte, en recevant
successivement les chefs de la diplomatie de ces deux pays rivaux en
lutte pour étendre leur influence régionale.
Alors que le Qatar, considéré comme le principal soutien des Frères
musulmans, a vivement dénoncé l’intervention de la police égyptienne
contre les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi,
l’Arabie saoudite a proclamé son ferme soutien au nouveau pouvoir
égyptien "face au terrorisme".
Recevant le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud
Al-Fayçal, le président français François Hollande a invoqué le "devoir"
des pays qui ont "une relation de confiance et d’amitié (avec l’Egypte)
de tout faire pour que les violences cessent", que "le dialogue
politique puisse être engagé".
"Il n’est pas acceptable qu’il y ait dans un grand pays comme l’Egypte
des violences de ce niveau", a déclaré le chef de l’Etat français, alors
que les heurts entre forces de l’ordre et partisans du président
islamiste déchu ont fait au moins 750 morts en quatre jours.
M. Hollande a également évoqué la "commune responsabilité" des "pays
arabes, (de) l’Europe et (de) la France" pour que "les autorités
politiques égyptiennes prennent la feuille de route (de l’armée, ndlr)
comme référence pour les semaines qui viennent et permettent ainsi
l’organisation d’élections dans un délai rapide".
Avant lui, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui
recevait son homologue qatari, avait lui aussi insisté sur la nécessité
d’amener les Egyptiens au dialogue.
"Ce qui est évident pour tous ceux qui suivent la situation en Egypte,
c’est combien il faut rapidement arrêter les effusions de sang et
pouvoir ouvrir un dialogue inter-égyptien. Ce n’est pas facile mais tous
les pays doivent avancer dans ce sens", a-t-il déclaré à l’issue d’un
entretien avec le ministre qatari, Khalid ben Mohammad al-Attiya.
"Il est important que nous mobilisions nos énergies pour qu’une solution
soit trouvée par les Egyptiens", a insisté le chef de la diplomatie
française.
En réponse, le ministre qatari a lui aussi souligné "la nécessité de
parvenir à une solution rapide à la crise et appelé au "dialogue entre
tous les Egyptiens". Toutefois, a-t-il insisté "il faut que les détenus
politiques soient libérés pour parvenir à une solution".
M. al-Attiya a par ailleurs jugé "erroné" d’accuser le Qatar d’aider les
Frères musulmans, affirmant que son pays n’avait "jamais aidé une
partie égyptienne ou un parti politique égyptien. L’aide a toujours été
fournie à l’Egypte", a-t-il assuré.
De son côté, le chef de la diplomatie saoudienne a jugé qu’il n’était
"pas anodin que 30 millions d’Egyptiens soient descendus dans la rue
pour demander à leurs autorités de garantir leur sécurité" et
d’"organiser des élections anticipées", dans une allusion aux
manifestations monstres qui ont conduit à la destitution du président
Morsi par l’armée égyptienne.
Evoquant les violences meurtrières de la semaine, le prince Saoud
Al-Fayçal a affirmé "très bien comprendre que la liberté de manifester
soit un droit garanti" mais a souligné qu’"en contrepartie, les
manifestants doivent s’engager à ne pas porter atteinte à la vie des
autres citoyens, à la propriété, et à ne pas avoir recours à la
violence".
Par ailleurs, tout comme le président français, il a estimé qu’il
fallait "travailler à des élections en Egypte" selon la feuille de
route.
Evoquant le "réexamen" envisagé par l’Union européenne de ses relations
avec l’Egypte, il a cependant estimé que "ce n’est pas par les menaces
que l’on peut arriver à quelque chose".
Les ministres européens des Affaires étrangères doivent se réunir d’ici à
quelques jours à Bruxelles pour "réexaminer" les relations entre l’UE
et l’Egypte après les violences des derniers jours.
Cette réunion aura lieu "sans doute vers le milieu de la semaine", a
déclaré M. Fabius, qui s’est refusé à "préjuger des décisions qui seront
prises".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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