jeudi 22 octobre 2015

Tunisie: Le ministre de la Justice limogé après des propos peu "sérieux"

Le ministre tunisien de la Justice a été limogé après des déclarations manquant de "sérieux", dont celles en faveur d'une dépénalisation de l'homosexualité, a affirmé jeudi le porte-parole du gouvernement.
Mohamed Salah Ben Aissa a été démis de ses fonctions mardi sans explication de la part des autorités. L'ancien ministre a fait état auprès de l'AFP de profondes "divergences" avec le Premier ministre, expliquant son limogeage par son opposition à la dernière version d'un projet de loi controversé instaurant un Conseil suprême de la magistrature (CSM).
"Disons qu'il y a des choses qui sont arrivées" avant l'épisode du projet de loi, a finalement indiqué jeudi le porte-parole du gouvernement, Dhafer Néji, sur la radio privée Shems FM.
M. Ben Aissa "a donné plusieurs déclarations qui manquaient de sérieux", et sa position concernant le projet de loi a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a-t-il ajouté, relevant qu'il existait "une ligne rouge concernant le comportement (...) au sein du gouvernement".
Fin septembre, à la suite de la condamnation d'un jeune Tunisien à un an de prison pour pratiques homosexuelles, l'ex-ministre s'était dit favorable à l'abrogation de l'article 230 du Code pénal, qui punit sodomie et lesbianisme de trois ans de prison.
M. Ben Aissa a par ailleurs tenu des propos peu amènes envers l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, ayant eu "le sentiment" que ce diplomate faisait "pression" pour que la Tunisie accélère l'adoption d'une loi contre le trafic d'êtres humains.
Ces déclarations ont "en partie" joué dans la décision de le limoger, a reconnu M. Néji.
Les propos du ministre de la Justice en faveur d'une dépénalisation de l'homosexualité ont été désavoués par le président Béji Caïd Essebsi lors d'un entretien sur la chaîne privée égyptienne CBC. Cette abrogation "n'aura pas lieu, je refuse cela", avait-il assené.
Deux postes sont à ce jour vacants au sein du gouvernement de Habib Essid, le ministre chargé des relations avec le Parlement, Lazhar Akremi, ayant pour sa part démissionné début octobre en évoquant notamment un manque de "volonté" dans la lutte contre la corruption.
Le portefeuille de la Justice a été confié par intérim au ministre de la Défense, Farhat Horchani.

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