mercredi 11 mai 2016

Egypte : Quatre jeunes arrêtés pour une vidéo raillant le gouvernement

Quatre jeunes Egyptiens ont été arrêtés et placés en détention provisoire pour s'être moqués du gouvernement dans une vidéo satirique diffusée sur les réseaux sociaux, ont indiqué mardi des sources judiciaires.
Les ONG de défense des droits de l'Homme accusent le président Abdel Fattah al-Sissi de diriger un régime ultra-autoritaire et répressif depuis qu'il a destitué en 2013 son prédécesseur islamiste démocratiquement élu, Mohamed Morsi.
Les quatre jeunes arrêtés sont membres d'un groupe se faisant appeler Street Children (Enfants des rues) qui diffuse régulièrement des vidéos satiriques, raillant les décisions du gouvernement et l'accusant d'"emprisonner la jeunesse".
Mohamed Adel, Mohamed Gabr, Mohamed al-Dessouki et Mohamed Yehya ont été arrêtés lundi soir alors qu'ils se trouvaient chez un ami dans le centre du Caire, selon leur avocat Mahmoud Othman.
Mardi, ils ont été placés 15 jours en détention provisoire par le parquet, selon M. Othman et un responsable judiciaire.
Dans leur dernière vidéo, le groupe tourne en dérision dans une chanson la dévaluation de la livre égyptienne et la rétrocession à l'Arabie saoudite de deux îles de la mer Rouge, des sujets qui ont déclenché de vives protestations.
Ils sont notamment accusés d'avoir "fait la promotion d'idées appelant à commettre des actes terroristes à travers une vidéo sur les réseaux sociaux et YouTube", mais aussi "d'incitation au renversement du régime" et de "diffusion de fausses informations pour troubler l'ordre public", a précisé M. Othman.
Ils sont également soupçonnés "d'incitation à participer à des manifestations troublant l'ordre public" et d'avoir "incité à des attroupements et des actions hostiles envers les institutions de l'Etat", selon l'avocat.
Un tribunal du Caire a toutefois ordonné la mise en liberté contre une caution de 10.000 livres égyptiennes (environ 990 euros) d'un cinquième membre du groupe, Ezzedine Khaled, arrêté samedi à son domicile.
Il est accusé d'"incitation à participer à des manifestations" et de "diffusion d'une vidéo insultant les institutions de l'Etat".
"Nous avons payé la caution et attendons qu'il soit relâché", a précisé M. Othman.
Le mois dernier, la police avait dispersé au Caire et à Alexandrie des manifestations contre la rétrocession des deux îles, interpellant des dizaines de personnes pour avoir participé aux rassemblements ou avoir appelé à manifester.
Depuis, les autorités égyptiennes ont intensifié leur violente campagne de répression contre toute voix critique, qui vise non seulement les islamistes pro-Morsi, mais aussi la jeunesse laïque et libérale, des blogueurs, des avocats et des journalistes.

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