dimanche 22 mai 2016

Israël/Palestine : Valls en Israël, mission impossible ?

Manuel Valls a visité des start-up françaises à Tel-Aviv. Il doit rencontrer son homologue pour entrer dans le vif du sujet lundi.(Afp)

C'est en « ami » que le Premier ministre Manuel Valls est arrivé dimanche en Israël pour convaincre ses interlocuteurs qu'une initiative de Paris pour la paix avec les Palestiniens était dans leur intérêt. Une tâche ardue, pour ne pas dire impossible. En effet, le projet français de réunir une conférence internationale pour relancer l'effort de paix, moribond depuis l'échec de la dernière initiative américaine en 2014, fait face à l'hostilité ouverte du gouvernement israélien. Manuel Valls doit rencontrer son homologue israélien lundi.
Il y a une semaine, Benjamin Netanyahu n'a pas pris de gants : il a mis en doute devant le chef de la diplomatie Jean-Marc Ayrault « l'impartialité française », en brandissant le vote par Paris d'une décision de l'Unesco qui a reconnu l'existence de l'État palestinien. Une décision qui a provoqué la colère israélienne. Comme le chef de la diplomatie française, le Premier ministre a tenu à rassurer ses interlocuteurs sur ce point : il a pris ses distances avec les déclarations faites en janvier par l'ancien chef de la diplomatie Laurent Fabius selon lesquelles la France reconnaîtrait l'État palestinien en cas d'échec de l'initiative. « Dire aujourd'hui quand nous reconnaîtrons l'État palestinien, c'est acter par avance l'échec de notre initiative », a déclaré Manuel Valls. Il a insisté sur le fait qu'il venait en « ami » et a assuré que la France n'avait pas de parti pris parce que la paix est « dans l'intérêt de tous », Israéliens comme Palestiniens. « Le chemin est étroit », a-t-il admis dans le quotidien palestinien Al-Ayyam, et les Français sont « lucides, déterminés et modestes ». Mais lui-même est « confiant », a-t-il dit à des journalistes à Tel-Aviv. Pour le Premier ministre, il ne s'agit « en aucun cas d'imposer quoi que ce soit ». Au bout du compte, même avec une conférence internationale, ce sera aux Israéliens et aux Palestiniens de négocier la paix, a-t-il expliqué.
Mais « entre deux pays amis, il faut de la franchise », a-t-il déclaré aux journalistes. « Plus le temps passe, plus la viabilité d'un État palestinien s'estompe sous l'effet d'une colonisation qui se développe », a-t-il dit à Al-Ayyam. En tant qu'« ami d'Israël », il peut dire « avec encore plus de franchise : oui, la colonisation doit cesser ». « L'arrêt de la colonisation est un impératif. Car on ne peut pas vouloir à la fois discuter de la paix, être sincère dans la négociation et continuer dans le même temps à pratiquer le fait accompli sur le terrain », a-t-il insisté.
La France cherchera à jeter les bases d'une conférence internationale lors d'une réunion ministérielle le 3 juin en présence des grandes puissances et des principaux pays et organisations concernés, mais sans les Israéliens et les Palestiniens. L'objectif est ensuite de réunir la conférence proprement dite avec les deux parties, à l'automne, avant que ne s'achève le deuxième mandat du président américain Barack Obama.
L'arrivée à la tête de la Défense d'Avigdor Lieberman, qui a accusé le gouvernement de manquer de fermeté face à la vague actuelle d'attaques palestiniennes et qui prône de nouvelles colonies en Cisjordanie occupée, cimenterait le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, selon des commentateurs. Mais Benjamin Netanyahu a assuré que son gouvernement élargi continuerait à « aspirer à un processus politique avec les Palestiniens », ajoutant qu'il le ferait avec « l'aide d'acteurs régionaux ». Ce qui semble de facto exclure l'initiative française.
Dimanche après-midi, Manuel Valls devait aller fleurir à Tel-Aviv le mémorial Yitzhak Rabin, sur les lieux de l'assassinat en 1995 du Premier ministre israélien artisan des accords d'Oslo par un ultra-nationaliste israélien. Il participera aussi à une émission le soir sur les chaînes de télévision israélienne i24 et française BFMTV, organisée avec d'autres médias détenus par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi (Libération, L'Express...)

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