(Les environs d'Aden après le bombardement saoudien du vendredi 27 mars 2015. - Afp)
Les avions de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite ont pilonné intensément samedi les positions rebelles à Sanaa, le roi saoudien affirmant au sommet arabe que l'opération se poursuivrait jusqu'au retour de la sécurité au Yémen plongé dans le chaos.
En outre, de violents combats faisaient rage entre les rebelles Houthis et des comités de défense de quartiers à Aden, la grande ville du Sud, où 54 personnes ont été tuées et près de 200 blessées en trois jours, selon le directeur du département de la Santé.
De puissantes explosions dans un dépôt de l'armée yéménite ont également été entendues dans toute la ville d'Aden, ont rapporté des témoins en faisant état de victimes. Des colonnes de fumée s'élevaient du dépôt pris d'assaut par des pilleurs depuis vendredi.
Le royaume sunnite saoudien, qui a une longue frontière avec le Yémen, commande l'intervention arabe qui vise à stopper l'offensive des Houthis liés à l'Iran et les empêcher de prendre le pouvoir dans ce pays pauvre de la péninsule arabique miné par des années d'instabilité.
Depuis septembre 2014, les Houthis se sont emparés de vastes régions dont la capitale Sanaa et avaient dans leur ligne de mire le président Abd Hadi Mansour Rabbo qui a réussi à quitter Aden où il s'était réfugié en février, pour se rendre en Egypte et participer au sommet.
Il est reparti en début d'après-midi pour Ryad.
Au troisième jour de leur opération militaire au Yémen, les avions de la coalition arabe ont bombardé des positions rebelles dans et autour de Sanaa, les raids les plus intenses depuis le début des frappes jeudi, selon des témoins.
"C'était une nuit intense de bombardements" et les "vitres ont tremblé", a rapporté une étrangère travaillant pour une organisation humanitaire. "Des personnes veulent partir, mais il n'y a pas d'avions pour quitter le Yémen".
Selon un photographe de l'AFP, les bombardements n'ont pas cessé de toute la nuit.
D'après des résidents, les frappes ont visé des sites militaires, notamment des positions de la défense anti-aérienne et des dépôts de munitions, autour de la capitale.
Et avant le début de la campagne aérienne, la marine saoudienne a évacué d'Aden, des dizaines de diplomates dont des Saoudiens arrivés samedi en Arabie saoudite.
Intervenant à l'ouverture du sommet, le roi saoudien Salmane Ben Abdel Aziz a affirmé que l'opération "Tempête décisive" durerait "jusqu'au rétablissement de la sécurité" dans ce pays.
Après lui, M. Hadi a souhaité que l'intervention militaire se poursuive jusqu'à la "reddition" des Houthis et leur retrait des villes. Il a ajouté que cette opération constituerait un "test" pour la création d'une force arabe permanente à l'étude au sommet arabe.
En annonçant son intervention militaire au Yémen, l'Arabie saoudite a affirmé vouloir contrer "l'agression" de l'Iran qu'il accuse de soutenir les Houthis et de chercher à "dominer" la région.
L'Iran n'a jamais confirmé aider les Houthis mais il a dénoncé la campagne aérienne impliquant neuf pays arabes.
- Force permanente à l'étude au sommet -
Des responsables diplomatiques du Golfe ont affirmé que la campagne militaire au Yémen pourrait durer jusqu'à six mois, ajoutant s'attendre à des représailles iraniennes sous forme d'actes de déstabilisation.
Selon l'un de ces responsables qui ont requis l'anonymat, citant des estimations, "5.000 Iraniens, (membres du) Hezbollah (libanais) et miliciens irakiens (pro-Téhéran) sont sur le terrain au Yémen".
Ces responsables ont expliqué que Ryad et ses alliés avaient décidé de réagir contre les Houthis quand des images satellite ont montré, selon eux, des mouvements de missiles Scud vers le nord et la frontière saoudienne.
Pour leur part, les Etats-Unis ont annoncé un soutien en logistique et en renseignement à la coalition arabe.
Avec l'aide de l'ex-président Ali Abdallah Saleh qui dispose de puissants relais dans l'armée, les Houthis avaient déferlé de leur fief dans le nord du pays vers le centre et l'est du Yémen, avant de progresser vers le Sud, s'emparant de plusieurs bases et régions.
A l'ouverture du sommet ordinaire arabe, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a affirmé qu'il fallait accélérer la formation d'une force arabe pour "faire face aux menaces sans précédent pour l'identité arabe" que constituent "les groupes terroristes" et la multiplication des conflits dans la région.
Plus que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui sévit dans plusieurs pays arabes, c'est la crainte de voir l'Iran étendre son influence qui pourrait obliger les pays arabes à surmonter leurs dissensions et entériner la création d'une force militaire conjointe.
(28-03-2015)
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