Une page Facebook dédiée à la gloire de ce combattant de la milice chiite des Brigades Imam Ali a accumulé plus de 280.000 "J'aime". Sur Twitter, les photos et commentaires élogieux se multiplient.
Originaire de Bagdad, Abou Azraël, de son vrai nom Ayyoub Faleh al-Rubaie, a bâti sa popularité avec son slogan "Illa tahin" par lequel il affirme sa détermination à "broyer" l'EI.
"Je jure devant Dieu que je ne ferai preuve d'aucune clémence à leur égard", affirme à l'AFP Abou Azraël, en faisant référence aux jihadistes.
Un journaliste de l'AFP l'a rencontré sur la base militaire de Speicher près de Tikrit, ville située à 160 km au nord de Bagdad que les forces irakiennes et leurs alliés tentent de reprendre à l'EI. Le groupe s'en était emparée en juin 2014.
Sa main droite a été cassée par une explosion, mais de l'autre Abou Azraël brandit un poignard de combat qu'il agite tout en parlant avec emphase.
Un fusil d'assaut M4 est suspendu à son épaule et les poches de sa veste militaire sont alourdies de munitions et grenades. Son nom de guerre s'affiche sur un écusson.
Pour de nombreux Irakiens, Abou Azraël personnifie la réponse forte et déterminée qu'ils réclament face à l'EI, à l'opposé de la débandade humiliante des forces gouvernementales au début de l'offensive jihadiste durant l'été 2014.
Mais le désir de vengeance combiné à un faible contrôle des milices qui combattent au côté de l'armée peut s'avérer dangereux. Car ces groupes sont régulièrement accusés de violer les droits de l'Homme en menant des exécutions sommaires et des enlèvements.
Abou Azraël affirme avoir affronté l'EI sur une demi-douzaine de champs de bataille.
Il explique avoir acquis son expérience militaire avec l'Armée de Mahdi -- la milice de l'influent chef chiite Moqtada al-Sadr qui luttait contre les forces américaines en Irak -- et en combattant dans la région de Damas contre les rebelles cherchant à renverser le président syrien Bashar al-Assad.
Abou Azraël se souvient d'avoir vu des membres de l'EI "massacrer nos fils avec des haches" dans le secteur d'Amerli, une ville irakienne majoritairement chiite que les jihadistes avaient assiégée en 2014.
"J'ai (sollicité) Dieu le Tout puissant et Dieu m'a accordé mon rêve", dit-il, en expliquant que l'un des responsables de ce "massacre" avait été tué, tandis qu'il en avait déterré d'autres et coupé leur tête.
Il cite un verset du Coran qui affirme: "Attaquez-les comme ils vous ont attaqués".
De telles déclarations séduisent de nombreux Irakiens, qui réclament vengeance pour les atrocités commises par l'EI - décapitations, viols, torture, etc...- et parce que des centaines de milliers d'entre eux ont été contraints de fuir.
Abou Azraël se décrit lui-même comme un "homme simple" avec une "famille simple de quatre filles et un garçon". "Quand je dépose mes enfants à l'école, je suis calme. Mais je montre un autre visage à" l'EI, assure-t-il.
Il affirme aussi ne pas faire "de différences entre sunnites et chiites" car "nous sommes tous un pays: l'Irak".
Et pour cette cause, Abou Azraël se dit prêt à sacrifier sa vie. "Je me considère à 100% comme un martyr, si Dieu le veut. Je suis prêt à mourir, maintenant ou plus tard".
(17-03-2015)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire