Les négociations de gouvernement ont commencé jeudi à Jérusalem par un
premier psychodrame qui en annonce d'autres avant la formation d'un
nouveau cabinet appelé à restaurer les liens avec les Etats-Unis et
faire face aux défis sécuritaires et sociaux.
Les tractations formelles n'avaient pas commencé que l'un des
partenaires primordiaux de Benjamin Netanyahu annulait la première
séance de discussions prévue dans la matinée, ont rapporté les médias
israéliens.
Moshé Kahlon, voué à jouer un rôle clé dans la constitution d'une
coalition gouvernementale, a mal pris que certains postes aient déjà été
attribués à d'autres partis que le sien, Koulanou, ont dit les médias.
Ces postes seraient essentiels à ses yeux pour appliquer sa plateforme
électorale et faire baisser les prix des logements et le coût de la vie.
Ce premier contretemps prélude à des semaines de marchandages politiciens, de menaces et de retournements.
Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, a 28 jours, éventuellement
renouvelables 14 jours, pour former son quatrième gouvernement depuis
que le président Reuven Rivlin lui en a officiellement confié la charge
mercredi soir. Ses émissaires engageaient jeudi les pourparlers avec les
représentants des partis qui lui assurent une claire majorité de droite
de 67 sièges sur 120 au parlement.
Netanyahu devra concilier les exigences contradictoires de Koulanou
(centre droit), des partis nationalistes Foyer juif et Israël Beiteinou,
des formations ultra-orthodoxes Shass et Liste Unifiée de la Torah.
Il lui faudra aussi composer avec son propre parti. Le Likoud (droite)
se sent fort du triomphe de Netanyahu aux élections parlementaires du
17 mars, mais aussi de l'affaiblissement des autres groupes du bloc de
droite.
Les gros portefeuilles sont très convoités. Celui des Finances semble
assuré à M. Kahlon; Moshé Yaalon est favori pour conserver celui de la
Défense et Avigdor Lieberman pourrait finalement garder les Affaires
étrangères.
Au bout du compte, la possibilité demeure d'une autre configuration que
celui d'un gouvernement penchant encore plus à droite que le précédent,
croient certains politologues: celui d'un gouvernement d'unité nationale
incluant les travaillistes que Netanyahu a surclassés.
Netanyahu a exclu un tel gouvernement pendant la campagne. Les
politologues soulignent qu'en Israël les engagements de campagne valent
ce qu'ils valent. Ils rappellent que Netanyahu, par le passé, a pris
soin d'associer des éléments modérés à son gouvernement. Et ils
conjecturent qu'un tel gouvernement permettrait peut-être à Netanyahu
de soulager la pression internationale sur son futur cabinet.
Le prochain gouvernement est en effet appelé à réparer les dégâts causés
aux relations avec la Maison Blanche par la surenchère à laquelle s'est
livré M. Netanyahu pendant la campagne.
Il ne devrait même pas être formé que les Palestiniens prévoient de
lancer la nouvelle vague de leur offensive diplomatique et judiciaire.
Ils devraient déposer mercredi leurs premières plaintes pour crimes de
guerre contre les dirigeants israéliens à la Cour pénale internationale.
En désignant Netanyahu, le président Rivlin lui a assigné trois
tâches: d'abord restaurer les rapports avec la Maison Blanche; rétablir
la stabilité politique; et "panser les blessures" de la campagne.
Chacune de ces tâches couvrait une critique implicite de M. Netanyahu,
relevait le quotidien Yedioth Aharonoth. C'est Netanyahu qui a
provoqué ces élections anticipées. C'est lui qui a pris l'administration
américaine à rebrousse-poil en allant prononcer un discours sur l'Iran
devant le Congrès et en enterrant l'idée d'un Etat palestinien. C'est
lui enfin qui a causé l'émoi en brandissant, le jour même du scrutin, le
spectre d'un vote "en masse" des Arabes israéliens.
Netanyahu s'est dit désolé depuis d'avoir blessé les Arabes
israéliens. "Je me vois comme le Premier ministre de chacun d'entre
vous", a-t-il dit mercredi soir, "je veillerai à combler les fissures
qui se sont creusées" pendant la campagne.
Il a énoncé ses deux priorités: la sécurité et les questions sociales.
Son prochain budget comprendra des mesures pour réduire les prix de
l'immobilier et de l'alimentaire et pour mettre à bas les monopoles,
a-t-il dit. Le Yedioth exprimait son incrédulité devant ce "virage à 180
degrés" par rapport aux discours d'il y a quelques jours.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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