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En progressant vers le sud-ouest du Yémen, les miliciens chiites Houthis, proches de l'Iran, font planer une menace sur le détroit stratégique de Bab al-Mandeb par lequel transite une bonne partie du trafic maritime mondial.
Ce détroit entre la mer Rouge et le Golfe d'Aden qui séparent l'Afrique de la Péninsule arabique est situé à proximité de la grande ville de Taëz, contre laquelle les Houthis ont lancé une offensive ces derniers jours. Et il suffit pour eux de pousser un peu plus vers l'ouest pour parvenir à la côte.
Dimanche déjà, selon des sources de sécurité, des détachements de Houthis faisaient route vers le port de Mocha, à 80 km de Taëz, qui permet un accès direct au détroit de Bab al-Mandeb.
Un tel scénario donnerait une dimension internationale au conflit yéménite, les grandes puissances ne pouvant rester insensibles au fait qu'une force ayant des liens présumés avec l'Iran, pays qui contrôle déjà le détroit stratégique d'Ormuz, prenne pied à Bab al-Mandeb.
"Dans ce cas, l'Iran serait le principal bénéficiaire (...) et aurait en main une carte pour faire pression sur les puissances mondiales dans les négociations sur le nucléaire iranien", affirme l'analyste politique yéménite, Bassem al-Hakimi.
Richard Dalton, ex-ambassadeur britannique en Iran et chercheur à l'institut Chatham House, ne partage pas cet avis. Il n'y a "aucune preuve" d'une quelconque influence iranienne sur les Houthis ou d'une éventuelle intention de Téhéran "d'exercer des pressions" en vue de "perturber" le trafic maritime, dit-il.
"Les Iraniens sont en faveur du libre passage et respectent les règlent", assure M. Dalton. "Il est peu probable que les Iraniens ou le mouvement Houthi cherchent à entraver" le mouvement des navires.
L'Iran a maintes fois rejeté les accusations d'ingérences au Yémen.
En entrant dans Taëz, où ils se sont emparés ce week-end de l'aéroport sans toutefois se rendre maîtres de la cité, les Houthis se trouvent à moins de 180 km d'Aden, la deuxième ville du pays, qui est aussi un grand port, tout au sud.
Le détroit de Bab al-Mandeb est situé quant à lui à 150 km à l'ouest d'Aden. La route entre Aden et Bab al-Mandeb longe la côte et l'armée régulière n'y est que faiblement présente, selon des spécialistes yéménites.
Le détroit revêt une importance stratégique pour d'autres pays, comme l'Egypte et Israël, en plus des grandes puissances.
Parmi celles-ci, les Etats-Unis disposent d'une base à Djibouti, non loin de la rive africaine du détroit, où la France a une présence militaire plus ancienne.
Pour l'Egypte, Bab al-Mandeb, qui donne accès au Canal de Suez, "constitue une ligne rouge", a affirmé son ambassadeur au Yémen, Youssef al-Charkaoui. "Plus de 38% du trafic maritime mondial passent par ce détroit".
"La sécurité nationale du Yémen est intimement liée à celle de la mer Rouge, du Golfe et de Bab al-Mandeb", a dit le diplomate qui a remis la semaine dernière au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi une invitation à participer au sommet arabe fin mars en Egypte.
L'Egypte a fermé son ambassade à Sanaa, comme d'autres pays occidentaux et arabes, après la prise du pouvoir par les Houthis dans la capitale yéménite début février. M. Hadi a ensuite fui Sanaa et s'est réfugié à Aden.
Dimanche, le Conseil de sécurité de l'ONU a réaffirmé son soutien au président Hadi, tout en appelant les Etats membres de l'organisation à "s'abstenir de toute ingérence" au Yémen.
Parmi les pays arabes, les monarchies sunnites du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite frontalière du Yémen, sont à l'avant-garde du soutien à M. Hadi, président "légitime".
La menace potentielle des Houthis sur Bab al-Mandeb est également un sujet d'inquiétude pour Israël, dont le port d'Eilat est situé sur la mer Rouge.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a pas manqué, dans son discours en mars devant le Congrès américain, d'appeler à "stopper la marche terrible de l'Iran". "L'Iran est en train d'avaler plusieurs nations", a-t-il dit en faisant référence notamment au Yémen et au "détroit stratégique à l'entrée de la mer Rouge".
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